[Bidouille] Improvisation d'un répulsif anti-tique / anti-moustique naturel

Préambule

Au coup de sifflet, Artyom posa la grosse scie contre une souche et extirpa une blague en cuir de la poche de sa telogreika. Prestement il l'ouvrit et en sortit un morceau de papier journal, au milieu duquel il plaça une grosse pincée de tabac noir grossièrement coupé. Il roula sa papirossa d'un geste routinier, humecta de la langue le bord du papier pour refermer le cylindre, puis se dirigea d'un pas décidé vers le feu. Artyom montra sa cigarette au gardien, qui l'autorisa d'un signe de tête à l'allumer. Sa clope au bec, Artyom se plongea dans ses pensées. Depuis 14 ans il vivait au rythme du camp, affecté à la brigade la plus dure, chargée de l'exploitation forestière. Du printemps à l'automne, ses compagnons d'infortune et lui arpentaient les forêts des environs et procédaient à des coupes à blanc au coeur de la taiga. Abattage, ébranchage, découpe... lorsque son équipe en avait terminé avec un secteur, elle était affectée à un autre. En Sibérie, ce ne sont pas les arbres qui manquent !



Artyom était tombé pour 3 assassinats, 3 membres de la pègre moscovite qui avaient une dette de sang envers son patron. Exécuteur de basses oeuvres : c'est le seul job qu'il avait trouvé en débarquant à Moscou, désoeuvré qu'il était après son long passage en Afghanistan. Les vétérans expérimentés étaient déjà très demandés, alors... Maintenant il purgeait sa peine de travaux forcés à perpétuité.

La vie au camp était très dure, surtout dans sa brigade. Les jeunes délinquants sans autre expérience que celle de la rue ne faisaient pas long feu. Même les criminels les plus violents et associaux finissaient par se blesser ou attraper une maladie, quand ils ne devenaient pas fous face aux nuées de moustiques. En hiver, c'est le froid qui minait les esprits et épuisait les corps...



Artyom connaissait tout les pièges de la taiga sibérienne : il avait grandi ici, loin de tout, initié aux secrets de la forêt par sa grand-mère. Et c'est à elle qu'il devait sa longévité depuis toutes ces années de détention.

Du coin de l'oeil, Artyom vit le gardien compulser sa montre. C'était le signal : Artyom se dirigea d'un pas décidé vers le monticule récupérer son chiffon, le trempa rapidement dans une des nombreuses flaques parsemant la coupe, puis bifurqua en direction de son poste de travail et de sa chère scie tout en se frictionnant la nuque et le visage avec son chiffon mouillé. Un nouveau coup de sifflet marqua la fin de la pause. Artyom rangea son chiffon dans la poche, éteignit son mégot, le glissa soigneusement dans sa blague à tabac, et reprit le travail...




Introduction

Au sècle dernier, à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, les recettes de grand-mère avaient encore le vent en poupe et l'usage de répulsif anti-insecte demeurait marginal. Ayant grandi dans les années 70 et 80, j'ai eu l'inénarrable privilège de goûter à ces recettes. Ainsi, pendant la saison estivale, ma mère se faisait un devoir de m'enduire de vinaigre de la tête aux pieds, avant de me laisser sortir affronter les vampires ailés et rampants assoifés de sang. Faut dire que les populations d'insectes étaient alors autrement plus conséquentes qu'actuellement !  

Le vinaigre, en plus d'être un anti-moustique naturel, présente l'avantage d'être également un antiseptique, et donc de calmer les démangeaisons en cas de piqûre.

Si le vinaigre marche contre les moustiques, quid des autres bestioles piqueuses et tout aussi dangereuses, à commencer par les tiques qui sont une véritable calamité d'ampleur biblique en Teutonie méridionale où je réside ? Et comment se protéger si pénurie de vinaigre il y a ? Il est d'autant plus légitime de se poser ces questions, que moustiques et tiques sont les propagateurs de maux exotiques jusqu'alors inconnus sous nos latitudes, ou alors rarement observés il y a encore quelques décennies : chikungunya, maladie de Lyme, Zika, dengue, paludisme...  

Au hasard d'une lecture j'étais tombé sur la recette décrite ci-dessous sans vraiment percuter, et c'est finalement l'ami Lars de Survival Russia qui s'est chargé de la piqûre de rappel dans une de ses dernières vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=P15UrD5sMeQ

A l'instar des groupes humains, le monde des insectes est également façonné par les rivalités de toutes sortes, que ce soit pour le territoire, les ressources, la suprématie... De fait : les insectes parasites assoifés de sang - tels les moustiques et les tiques - ne supportent pas les laborieuses fourmis, et surtout les phéromones et l'acide formique qu'elles secrètent, ce dernier étant employé avec succès comme arme de destruction massive. Cette aversion peut avantageusement être mise à profit pour élaborer à peu de frais un répulsif anti-moustique et anti-tique réellement efficace, 100% naturel et non polluant. Ce répulsif peut s'improviser avec les moyens du bord au cours d'une promenade par exemple, ou alors de façon plus systématique dans une optique d'autonomie et de prise de distance par rapport à l'industrie chimique.  


Matériel nécessaire

La liste des ingrédients et outils nécessaires à cette bidouille est ridiculement courte ! Il vous faut un morceau de tissu quelconque (ici un mouchoir), un peu d'eau (issue de ma fidèle gourde), et éventuellement un récipient quelconque (un sac de congélation) pour conserver votre répulsif :



Enfin, et surtout, il vous faut une fourmilière !  

L'eau d'une flaque peut également faire l'affaire. De même, vous pouvez choisir de traiter une partie de votre habillement de cette façon, en évitant toutefois le contact direct avec la peau car l'acide formique peut facilement l'irriter. Evitez par contre les mouchoirs en papier et autres objets à base de cellulose, les fourmis se faisant un plaisir d'exploiter ce matériau de choix !  


Mode opératoire

De façon générale, il est toujours particulièrement utile de connaître les emplacements des fourmilières dans votre environnement immédiat. Dans un contexte de disette, les fourmis sont en effet une source de protéines très appréciable. Leur manie du nettoyage peut accessoirement rendre service, par exemple pour nettoyer des os... Enfin les fourmis servent de matière première pour l'extraction de l'acide méthanoique, plus connu sous l'appellation d'acide formique, une substance aux multiples usages et donc elle aussi digne d'intérêt en contexte dégradé. Supposons donc que vous ayez une fourmilière sous la main :



Posez délicatement votre chiffon sur la fourmilière, en prenant soin de ne pas endommager la structure de cette dernière :





Aussitôt les fourmis passent à l'attaque, mordent et pulvérisent de l'acide formique et des phéromones (molécules olfactives) d'alarme et d'agression sur le corps étranger. Patientez une demi-heure le temps de boire quelques bières, puis récupérez votre morceau de tissu et secouez-le vigoureusement pour vous débarasser des quelques fourmis s'y accrochant. Humidifiez ensuite votre mouchoir avec un peu d'eau, et votre répulsif est prêt à l'emploi !  



Il suffit alors simplement de l'appliquer sur les zones à protéger :



Si vous souhaitez effectuer ultérieurement d'autres applications, le chiffon humide peut facilement se conserver un ou 2 jours dans un sac plastique fermé ou tout autre récipient étanche.




Conclusion

Cette petite recette ancestrale sans prétention est réputée très efficace contre les moustiques et les tiques. On appréciera en tout cas son coût modique, sa rapidité de mise en oeuvre, le recours à des ressources 100% naturelles, renouvelables et non polluantes, et enfin le peu de matériel qu'elle requiert. On peut facilement préparer son répulsif un ou 2 jours à l'avance, ou bien l'improviser au cours d'une balade.

Notez tout de même que cette bidouille n'est pas du tout végane : la matière première est issue en effet du monde animal. Des fourmis risquent en outre d'être estropiées - ou pire : tuées ! - lors de la collecte de la matière première. Et donc en guise de conclusion : choisis ton camp, camarade !  

Rammstein

Merci pour l'info. 

"Patientez une demi-heure le temps de boire quelques bières"

Et avec le soleil qui tape tu t'endors fin bourré sur la fourmilière!

troisgriffes a écrit:"Patientez une demi-heure le temps de boire quelques bières"

Et avec le soleil qui tape tu t'endors fin bourré sur la fourmilière!

Ouais. Et c'est là qu'on sait si t'es un homme ou pas....



Merci pour l'astuce Ram !