Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides
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Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides
Salut,
Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides
En l’absence d’un cadre juridique clair, de nombreux cours d’eau sont déclassés sous l’influence de la FNSEA, qui cherche à contourner la loi sur l’eau. Des milliers de ruisseaux sont ainsi en train d’être purement et simplement rayés de la carte de France.
L’eau potable, une denrée bientôt rare.
À l’automne dernier, l’UFC Que choisir se faisait le héraut de nos rivières : « Les pesticides sont désormais massivement présents et dépassent la norme définie pour l’eau potable, dans la moitié des cours d’eau et dans le tiers des nappes phréatiques. »
Résultat : près de deux millions de Français ont été exposés à une eau polluée.
« L’accès à une eau de qualité pour la majorité des Français se fait au prix de coûteuses dépollutions », conclut l’association.
Une situation « alarmante », qui pourrait encore se dégrader : loin des radars médiatiques, des milliers de cours d’eau sont en train d’être purement et simplement rayés de la carte de France.
Sous la pression de la profession agricole, ruisseaux, rus et ruisselets perdent tour à tour leur dénomination de cours d’eau pour devenir fossé, canal ou ravine.
Or, sans ce statut protecteur, ces innombrables petits bras aquatiques se retrouvent hors des normes limitant les épandages phytosanitaires, les travaux de calibrage, les constructions et autres barrages hydrauliques.[...]
https://reporterre.net/Des-milliers-de-cours-d-eau-sont-rayes-de-la-carte-de-France-et-s-ouvrent-aux
Course contre la montre pour sauver les cours d’eau
Qu’est-ce qui est une rivière, qu’est-ce qui ne l’est pas ?
Derrière cette question se cache un enjeu majeur pour la qualité des eaux car la réglementation concernant l’épandage de pesticides en dépend.
Alors que la carte officielle pourrait s’établir au rabais, les défenseurs de la nature se mobilisent sur le terrain. Reportage en Ariège.
https://reporterre.net/Course-contre-la-montre-pour-sauver-les-cours-d-eau
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C'est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S'il se passe un truc moche, on boit pour essayer d'oublier; s'il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s'il ne se passe rien, on boit pour qu'il se passe quelque chose.
Re: Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides
C'est-à-dire que les débits baissent aussi dramatiquement... Actuellement, le ruisseau qui passe chez moi a plutôt le débit d'un ru, en fait...
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Re: Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides
c'est particulièrement inquiétant , d'autant que pour certains cours d'eau ou rivières il n'y avait guère de considérations de la part de certains pro agriculteurs!
"...L’eau potable, une denrée bientôt rare.
À l’automne dernier, l’UFC Que choisir se faisait le héraut de nos rivières : « Les pesticides sont désormais massivement présents et dépassent la norme définie pour l’eau potable, dans la moitié des cours d’eau et dans le tiers des nappes phréatiques. »
Résultat : près de deux millions de Français ont été exposés à une eau polluée.
« L’accès à une eau de qualité pour la majorité des Français se fait au prix de coûteuses dépollutions », conclut l’association.
Une situation « alarmante », qui pourrait encore se dégrader : loin des radars médiatiques, des milliers de cours d’eau sont en train d’être purement et simplement rayés de la carte de France.
Sous la pression de la profession agricole, ruisseaux, rus et ruisselets perdent tour à tour leur dénomination de cours d’eau pour devenir fossé, canal ou ravine.
Or, sans ce statut protecteur, ces innombrables petits bras aquatiques se retrouvent hors des normes limitant les épandages phytosanitaires, les travaux de calibrage, les constructions et autres barrages hydrauliques.[...]"
https://reporterre.net/Des-milliers-de-cours-d-eau-sont-rayes-de-la-carte-de-France-et-s-ouvrent-aux
"...L’eau potable, une denrée bientôt rare.
À l’automne dernier, l’UFC Que choisir se faisait le héraut de nos rivières : « Les pesticides sont désormais massivement présents et dépassent la norme définie pour l’eau potable, dans la moitié des cours d’eau et dans le tiers des nappes phréatiques. »
Résultat : près de deux millions de Français ont été exposés à une eau polluée.
« L’accès à une eau de qualité pour la majorité des Français se fait au prix de coûteuses dépollutions », conclut l’association.
Une situation « alarmante », qui pourrait encore se dégrader : loin des radars médiatiques, des milliers de cours d’eau sont en train d’être purement et simplement rayés de la carte de France.
Sous la pression de la profession agricole, ruisseaux, rus et ruisselets perdent tour à tour leur dénomination de cours d’eau pour devenir fossé, canal ou ravine.
Or, sans ce statut protecteur, ces innombrables petits bras aquatiques se retrouvent hors des normes limitant les épandages phytosanitaires, les travaux de calibrage, les constructions et autres barrages hydrauliques.[...]"
https://reporterre.net/Des-milliers-de-cours-d-eau-sont-rayes-de-la-carte-de-France-et-s-ouvrent-aux
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Re: Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides
article du Monde:
"...Des points d’eau ont été effacés des cartes IGN pour ne pas avoir à les protéger des pesticides
Des sources intermittentes ou petits ruisseaux, autour desquels il est interdit d’épandre des pesticides, ont été gommés à la faveur d’une révision du réseau hydrographique.
Redoutable pour la vie aquatique, dommageable pour la santé des humains et les coûts des unités de production d’eau potable, la contamination généralisée des cours d’eau par les pesticides est aussi embarrassante vis-à-vis de l’Union européenne. La France s’est en effet engagée à restaurer le bon état de ses ressources hydriques. Or non seulement le recours aux produits phytosanitaires ne baisse pas (sauf dans les parcs et jardins), mais il augmente (+ 12 % encore en 2017), essentiellement dans l’agriculture.
Un rapport sur la protection des points d’eau, commandé par le gouvernement en septembre 2018, publié sur le site du Conseil général de l’environnement et du développement durable le 1er juillet, lève une partie du voile sur les mécanismes qui conduisent à cette absence de progrès. Un nouveau moyen de réduire les superficies sans pesticides est en effet récemment apparu : recenser officiellement moins de points ou de cours d’eau.
Depuis 2005, en effet, rivières et ruisseaux sont protégés des pollutions diffuses par une zone d’au moins cinq mètres enherbée ou plantée de haies, exempte de tout pesticide. Actuellement, les autorisations de près de 500 produits exigent une bande sans épandage plus large (de 10, 50, 100 mètres ou plus). Mais les règles sont loin d’être respectées. De plus, à l’occasion d’une mise à jour du réseau hydrographique menée depuis 2015 sous la houlette des préfets, des sources intermittentes, des cours d’eau – même dotés d’un nom –, des rus de fond de parcelle ont été gommés ou requalifiés en fossés – qui eux ne nécessitent qu’une protection d’un mètre, voire de 30 centimètres par endroits.
Le travail de recensement a entraîné une mobilisation importante, « en particulier des services de l’Etat et des organisations agricoles », selon les deux inspecteurs. Mais « dans de nombreux départements, le jeu d’acteurs et les rapports de force locaux ont conduit à une réduction, parfois forte par comparaison au nouveau référentiel national, du réseau hydrographique protégé par des zones non traitées », observent-ils.
Autrement dit, des cours d’eau figurant sur les cartes de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) ont tout bonnement disparu..."
...abonnés:
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/06/comment-des-points-d-eau-proteges-des-pesticides-ont-disparu-des-cartes-ign_5485995_3244.html?fbclid=IwAR2W1lytgEKH1kZ-g_3mFwStdGwEjSHJ5Xh84U7xLgR5LYDcxKlOpX6YMHY
"...Des points d’eau ont été effacés des cartes IGN pour ne pas avoir à les protéger des pesticides
Des sources intermittentes ou petits ruisseaux, autour desquels il est interdit d’épandre des pesticides, ont été gommés à la faveur d’une révision du réseau hydrographique.
Redoutable pour la vie aquatique, dommageable pour la santé des humains et les coûts des unités de production d’eau potable, la contamination généralisée des cours d’eau par les pesticides est aussi embarrassante vis-à-vis de l’Union européenne. La France s’est en effet engagée à restaurer le bon état de ses ressources hydriques. Or non seulement le recours aux produits phytosanitaires ne baisse pas (sauf dans les parcs et jardins), mais il augmente (+ 12 % encore en 2017), essentiellement dans l’agriculture.
Un rapport sur la protection des points d’eau, commandé par le gouvernement en septembre 2018, publié sur le site du Conseil général de l’environnement et du développement durable le 1er juillet, lève une partie du voile sur les mécanismes qui conduisent à cette absence de progrès. Un nouveau moyen de réduire les superficies sans pesticides est en effet récemment apparu : recenser officiellement moins de points ou de cours d’eau.
Depuis 2005, en effet, rivières et ruisseaux sont protégés des pollutions diffuses par une zone d’au moins cinq mètres enherbée ou plantée de haies, exempte de tout pesticide. Actuellement, les autorisations de près de 500 produits exigent une bande sans épandage plus large (de 10, 50, 100 mètres ou plus). Mais les règles sont loin d’être respectées. De plus, à l’occasion d’une mise à jour du réseau hydrographique menée depuis 2015 sous la houlette des préfets, des sources intermittentes, des cours d’eau – même dotés d’un nom –, des rus de fond de parcelle ont été gommés ou requalifiés en fossés – qui eux ne nécessitent qu’une protection d’un mètre, voire de 30 centimètres par endroits.
Possibilité d’interprétations locales
C’est ce que constatent Bruno Cinotti et Anne Dufour, les deux inspecteurs mandatés par le ministère de la transition écologique et solidaire et par celui de l’agriculture et de l’alimentation pour prendre la mesure d’une situation particulièrement conflictuelle. En moins de deux ans, la nouvelle carte de l’eau a suscité des protestations dans 45 départements où les associations de défense de la nature ont formulé 38 recours gracieux, les organisations agricoles 14, les fédérations de pêche 6 ; de plus 39 recours contentieux ont été déposés devant les tribunaux administratifs de 28 départements.Le travail de recensement a entraîné une mobilisation importante, « en particulier des services de l’Etat et des organisations agricoles », selon les deux inspecteurs. Mais « dans de nombreux départements, le jeu d’acteurs et les rapports de force locaux ont conduit à une réduction, parfois forte par comparaison au nouveau référentiel national, du réseau hydrographique protégé par des zones non traitées », observent-ils.
Autrement dit, des cours d’eau figurant sur les cartes de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) ont tout bonnement disparu..."
...abonnés:
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/06/comment-des-points-d-eau-proteges-des-pesticides-ont-disparu-des-cartes-ign_5485995_3244.html?fbclid=IwAR2W1lytgEKH1kZ-g_3mFwStdGwEjSHJ5Xh84U7xLgR5LYDcxKlOpX6YMHY
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Re: Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides
@kerkallog
la PAC n'a pas encore mis en place la zone des 5m dans tous les départements ... ça devrait prendre encore 2 ou 3ans . Du coup pas possible de ne pas faire la bande enherbée , déjà plus de primes pac pour cette bande et contrôles .
Ceci étant c'est clair que si le ruisseau n'est plus marqué sur les cartes telePAC ....
la PAC n'a pas encore mis en place la zone des 5m dans tous les départements ... ça devrait prendre encore 2 ou 3ans . Du coup pas possible de ne pas faire la bande enherbée , déjà plus de primes pac pour cette bande et contrôles .
Ceci étant c'est clair que si le ruisseau n'est plus marqué sur les cartes telePAC ....
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Cela aussi passera
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Re: Des milliers de cours d’eau sont rayés de la carte de France, et s’ouvrent aux pesticides
"...
Querelle des bassines: Dans la Sèvre Niortaise, la guerre de l’eau a déjà commencé
REPORTAGE Dans cette partie du marais poitevin, l’eau vient à manquer désormais presque chaque été. Les agriculteurs veulent créer 16 retenues d’eau, de plusieurs hectares chacune, pour sécuriser leurs cultures. Et ça ne plaît pas à tout le monde
Fabrice Pouliquen
Publié le 12/07/19 à 17h09 — Mis à jour le 14/07/19
Julien Leguet, à gauche, et Cédric, autre membres du collectif, en haut de «la tour de guet» installé par «Bassines non, merci». Dans les Deux-Sèvres, le collectif est opposé au projet de création de 16 bassines d'eau porté par les agriculteurs pour sécuriser leurs cultures. — F.Pouliquen/20Minutes
Du haut de la tour de guet improvisée, la vue est imprenable sur le champ de blé qui s’étend jusqu’à la haie au loin. Julien Le Guet pointe justement cette ligne. « La bassine ira jusqu’à là-bas, lance-t-il. L’emprise au sol sera de cinq hectares. »
« Bassine » disent les opposants au projet. Dans le camp d’en face, les agriculteurs préfèrent « retenues d’eau ». Les deux mots décrivent une même réalité : la création de réserves d’eau pour des usages agricoles dans le bassin de la Sèvre Niortaise, sur une partie du Marais poitevin. Entourées de digues et profondes de dix mètres pour les plus grandes, elles stockeront l’eau puisée dans les nappes et les cours d’eau par des points de captages à proximité.
Le projet, portée par la Coop de l’eau, une société coopérative fondée par des agriculteurs, prévoit de construire 16 bassines, majoritairement dans le sud des Deux-Sèvres. Elles alimenteront en eau 230 exploitations de la région.
La ZAD prend forme peu à peu à peu à Mauzé-sur-le-Mignon. - F.Pouliquen/20Minutes
Les premiers coups de pelleteuses sont attendus vers mars 2020. Mais « Bassine non merci » se tient déjà prêt. D’où cette tour de guet que complète une ZAD (zone à défendre), à quelques pas de là, occupée depuis le 30 juin.
« C’est un début, assure le collectif. Des ZAD pourraient ouvrir à proximité des six bassines de la première tranche dans les prochaines semaines ». « Ils n’ont pas intérêt à occuper des champs », rétorque Thierry Boudaud, agriculteur à Amuré et président de la Coop de l’eau. Ambiance.
C’est toute la promesse, alors, de ces bassines, selon la Coop de l’eau. Elles permettront de sécuriser les cultures tout en en limitant les prélèvements dans les nappes l’été. Comment ? En remplissant ces bassines l’hiver, lorsque les pluies sont abondantes. « Aujourd’hui, on la laisse filer jusqu’à l’océan sans aucune valorisation », déplore Thierry Boudaud.
Sur le papier, les calculs des porteurs du projet sont enthousiasmants. « Début des années 2000, sur le bassin de la Sèvre Niortaise, nous prélevions annuellement 24 millions m³ d’eau, tout en été, reprend le président de la Coop de l’eau. Nous avons déjà fortement réduit cette consommation et, pour ce projet de retenues d’eau, le volume de référence d’eau prélevable sur l’année est fixé à 12,7 millions de m³, dont 7,5 millions en hiver. »
Face aux critiques, la Coop de l’eau a revu sa copie. De 19 bassines, le projet est passé à 16 et le volume d’eau prélevable demandé, donc, de 16,8 millions m³ à 12,7. Surtout, Thierry Boudaud parle du protocole d’accord signé le 18 décembre dernier avec les pouvoirs publics** et des associations environnementales. Le document acte le principe de la construction des bassines, en contrepartie de quoi les agriculteurs irriguant s’engagent à modifier leurs pratiques. « Déjà dans la gestion de l’eau, commence Thierry Boudaud. Nous avons réduit nos besoins ces dernières années, en investissant dans des technologies d’irrigation plus précises, ce qui limite les gaspillages, ou en nous orientant vers des cultures moins gourmandes en eau. La culture du maïs a par exemple baissé dans la région. Ces efforts se poursuivront. » Des engagements ont aussi été pris sur la diminution des produits phytosanitaires sur les parcelles ou sur la replante de haies et la protection des zones humides.
Le protocole est clair pour ce dernier : le versement des aides publiques est conditionné à l’engagement de ces bonnes pratiques « et nous pouvons, au moindre écart, sortir de l’accord ». « Bassines non merci » n’y croit pas. « Les contreparties listées ne vont pas assez loin et l’agriculteur n’a besoin de s’engager que sur l’une d’entre elles pour accéder à l’eau des bassines », fustige Julien Le Guet.
Quoi qu’il en soit, pour les collectifs, ces 16 bassines sont la dernière solution à envisager pour gérer la ressource en eau. Il y a bien d’autres pistes à explorer en amont, estiment-ils. A commencer par soutenir et financer des mesures agroécologiques capables de conserver l’eau dans le sol, tout en mettant en valeur les productions locales. »
https://www.20minutes.fr/planete/2562879-20190712-querelle-bassines-sevre-niortaise-guerre-eau-deja-commence
Querelle des bassines: Dans la Sèvre Niortaise, la guerre de l’eau a déjà commencé
REPORTAGE Dans cette partie du marais poitevin, l’eau vient à manquer désormais presque chaque été. Les agriculteurs veulent créer 16 retenues d’eau, de plusieurs hectares chacune, pour sécuriser leurs cultures. Et ça ne plaît pas à tout le monde
Fabrice Pouliquen
Publié le 12/07/19 à 17h09 — Mis à jour le 14/07/19
Julien Leguet, à gauche, et Cédric, autre membres du collectif, en haut de «la tour de guet» installé par «Bassines non, merci». Dans les Deux-Sèvres, le collectif est opposé au projet de création de 16 bassines d'eau porté par les agriculteurs pour sécuriser leurs cultures. — F.Pouliquen/20Minutes
- La tension monte peu à peu dans la Sèvre Niortaise autour d’un projet de 16 bassines d’eau, de plusieurs hectares chacune, que veut construire une coopérative agricole pour faire face au manque d’eau qui survient désormais presque chaque été.
- Les agriculteurs assurent que ces retenues d’eau, financées à 70 % par de l’argent public, permettront une gestion plus durable de la ressource, en stockant l’eau l’hiver pour moins en prélever l’été.
- De son côté, « Bassines, non merci » dénonce la fuite en avant d’un système agricole intensif. Pour le collectif d’opposants, la priorité est de réduire encore les besoins agricoles en eau, qui ont fortement augmenté après 1980.
Du haut de la tour de guet improvisée, la vue est imprenable sur le champ de blé qui s’étend jusqu’à la haie au loin. Julien Le Guet pointe justement cette ligne. « La bassine ira jusqu’à là-bas, lance-t-il. L’emprise au sol sera de cinq hectares. »
« Bassine » disent les opposants au projet. Dans le camp d’en face, les agriculteurs préfèrent « retenues d’eau ». Les deux mots décrivent une même réalité : la création de réserves d’eau pour des usages agricoles dans le bassin de la Sèvre Niortaise, sur une partie du Marais poitevin. Entourées de digues et profondes de dix mètres pour les plus grandes, elles stockeront l’eau puisée dans les nappes et les cours d’eau par des points de captages à proximité.
Le projet, portée par la Coop de l’eau, une société coopérative fondée par des agriculteurs, prévoit de construire 16 bassines, majoritairement dans le sud des Deux-Sèvres. Elles alimenteront en eau 230 exploitations de la région.
Jusqu’à 15 hectares à Amuré
Celle que montre Julien Le Guet, du collectif d’opposants « Bassines non merci », est la n°17, prévue à Mauzé-sur-le-Mignon. Ce n’est pas la plus grande. « La bassine d’Amuré, à quelques kilomètres de là, est prévue pour faire 15 hectares [emprise au sol] », précise-t-il. Mais c’est pour l’instant l’épicentre de la lutte. Parce que Mauzé-sur-le-Mignon est concernée, à elle seule, par trois réserves. Et parce que cette bassine 17 fait partie de la première tranche de retenues d’eau que la Coop de l’eau veut construire.La ZAD prend forme peu à peu à peu à Mauzé-sur-le-Mignon. - F.Pouliquen/20Minutes
Les premiers coups de pelleteuses sont attendus vers mars 2020. Mais « Bassine non merci » se tient déjà prêt. D’où cette tour de guet que complète une ZAD (zone à défendre), à quelques pas de là, occupée depuis le 30 juin.
« C’est un début, assure le collectif. Des ZAD pourraient ouvrir à proximité des six bassines de la première tranche dans les prochaines semaines ». « Ils n’ont pas intérêt à occuper des champs », rétorque Thierry Boudaud, agriculteur à Amuré et président de la Coop de l’eau. Ambiance.
« Sécuriser les cultures en limitant les prélèvements l’été »
Des deux côtés, pourtant, le constat de départ est le même. Dans ce marais poitevin, deuxième zone humide de France, l’eau manque désormais presque chaque été, nécessitant de restreindre les usages pour les agriculteurs comme pour les particuliers. C'est encore le cas ces jours-ci. « Ici, vous ne trouverez pas de climatosceptiques, prévient Thierry Boudaud. Le constat est implacable : on se rapproche des climats méditerranéens l’été, avec des pics de chaleurs de plus en plus fréquents. Nous n’avons pas changé la date de plantation des semis. En revanche, en une génération, les récoltes ont été avancées d’une semaine. C’est énorme. »C’est toute la promesse, alors, de ces bassines, selon la Coop de l’eau. Elles permettront de sécuriser les cultures tout en en limitant les prélèvements dans les nappes l’été. Comment ? En remplissant ces bassines l’hiver, lorsque les pluies sont abondantes. « Aujourd’hui, on la laisse filer jusqu’à l’océan sans aucune valorisation », déplore Thierry Boudaud.
Sur le papier, les calculs des porteurs du projet sont enthousiasmants. « Début des années 2000, sur le bassin de la Sèvre Niortaise, nous prélevions annuellement 24 millions m³ d’eau, tout en été, reprend le président de la Coop de l’eau. Nous avons déjà fortement réduit cette consommation et, pour ce projet de retenues d’eau, le volume de référence d’eau prélevable sur l’année est fixé à 12,7 millions de m³, dont 7,5 millions en hiver. »
« Quand on se baignait l’été dans le Mignon »
Julien Le Guet dénonce une escroquerie sur les chiffres, qui permettrait aux agriculteurs de consommer plus d’eau qu’ils ne le font aujourd’hui. « La Coop de l’eau a estimé ses besoins en prenant comme base sa consommation sur les quinze dernières années, commence-t-il. Or, sur cette période, il y a eu de mauvaises saisons avec des prélèvements de l’ordre de 25 millions de m³ les pires années. Dans le projet initial, la Coop de l’eau demandait une autorisation de prélèvement de 18 millions m³. Certes, le volume a été ramené à 12,7. C’est trop, sachant que leur consommation, ces dernières années, s’établissait autour de 10 millions de m³, ce qui est déjà supérieur à ce que le milieu peut supporter aujourd’hui. Et il faut ajouter encore les futurs impacts liés au changement climatique ».A « Bassines non merci », on regrette alors l’ancien temps, « lorsqu’on cultivait des lentilles dans le marais, qu’on se baignait l’été dans le Mignon [l’un des affluents de la Sèvre Niortaise] et lorsque les prélèvements en eau à des fins agricoles étaient minimes dans le bassin », décrit Jean-Jacques Guillet. L’ancien maire d’Amuré, autre porte-parole du collectif, situe le début de la dégringolade au début des années 1980. « On s’est mis à planter du maïs à tout va, majoritairement destinée à l’export, raconte-t-il. La culture est très rentable pour l’agriculteur, mais elle est aussi très gourmande en eau l’été. »"A table", "On veut du homard et de l'eau dans nos rivières" scandent les anti-bassines à côté de la Préfecture des #DeuxSèvres où doit arriver Francois de #Rugy le ministre de l'Écologie https://t.co/QueJ3sHMuS pic.twitter.com/KWGZ9Yj45E
— France Bleu Poitou (@Bleu_Poitou) July 11, 2019
Conditionner l’eau des bassines à de bonnes pratiques environnementales
Pour les opposants, ces seize bassines symbolisent la fuite en avant de l’agriculture intensive. « Ce système est celui d’une minorité seulement d’agriculteurs du bassin qui cherche toujours autant à se goinfrer d’eau, peste Jean-Jacques Guillet. Et les politiques approuvent. Le projet – estimé à 60 millions d’euros – est assuré à 70 % par de l’argent public. »Face aux critiques, la Coop de l’eau a revu sa copie. De 19 bassines, le projet est passé à 16 et le volume d’eau prélevable demandé, donc, de 16,8 millions m³ à 12,7. Surtout, Thierry Boudaud parle du protocole d’accord signé le 18 décembre dernier avec les pouvoirs publics** et des associations environnementales. Le document acte le principe de la construction des bassines, en contrepartie de quoi les agriculteurs irriguant s’engagent à modifier leurs pratiques. « Déjà dans la gestion de l’eau, commence Thierry Boudaud. Nous avons réduit nos besoins ces dernières années, en investissant dans des technologies d’irrigation plus précises, ce qui limite les gaspillages, ou en nous orientant vers des cultures moins gourmandes en eau. La culture du maïs a par exemple baissé dans la région. Ces efforts se poursuivront. » Des engagements ont aussi été pris sur la diminution des produits phytosanitaires sur les parcelles ou sur la replante de haies et la protection des zones humides.
Les associations environnementales partagées
Ce protocole d’accord a laissé des traces à « Bassines non merci ». Des associations autrefois soutiens du collectif l’ont signé. C’est le cas de Deux Sèvres Naure Environnement. « L’accord permettra de poursuivre la dynamique engagée ces dernières années dans le bassin, en amenant les agriculteurs les plus irriguant, ceux encore en retard sur les questions de la gestion de l’eau ou de la biodiversité, à revoir leurs pratiques, justifie Yannick Maufras, son président.Le protocole est clair pour ce dernier : le versement des aides publiques est conditionné à l’engagement de ces bonnes pratiques « et nous pouvons, au moindre écart, sortir de l’accord ». « Bassines non merci » n’y croit pas. « Les contreparties listées ne vont pas assez loin et l’agriculteur n’a besoin de s’engager que sur l’une d’entre elles pour accéder à l’eau des bassines », fustige Julien Le Guet.
Quoi qu’il en soit, pour les collectifs, ces 16 bassines sont la dernière solution à envisager pour gérer la ressource en eau. Il y a bien d’autres pistes à explorer en amont, estiment-ils. A commencer par soutenir et financer des mesures agroécologiques capables de conserver l’eau dans le sol, tout en mettant en valeur les productions locales. »
Une lutte qui en appelle d’autres ?
S’il a perdu des forces en décembre, le collectif assure ne pas avoir perdu la partie et cherche des soutiens bien au-delà de la Sèvre Niortaise. Le week-end dernier, ils étaient sur la ZAD de Notre-Dame des Landes pour y nouer des contacts. Le collectif regarde aussi du côté des autres régions où des agriculteurs portent des projets. En Picardie, en région Centre, dans le Morbihan… « La liste de ces conflits s’allongera encore à mesure que la ressource se fera de plus en plus rare », prédit Julien Le Guet...."https://www.20minutes.fr/planete/2562879-20190712-querelle-bassines-sevre-niortaise-guerre-eau-deja-commence
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