Lire avec un regard "Oldu" : Les raisins de la colère (John Steinbeck)

Lecture de l'été : « Les raisins de la colère » de John Steinbeck accompagné d'un ouvrage scolaire/universitaire d'analyse et d'explications contextuelles d'un texte datant de 1939 et se déroulant encore un peu plus tôt. En passant, je recommande chaudement ce type de pratique quand c'est possible, alors que plus personne n'y pense passé l'âge du lycée.

Le livre contient de nombreuses allusions bibliques communes dans l’Amérique des années 30 et plus du tout comprise en Europe aujourd'hui. Notamment le titre qui n'a aucun rapport avec une colère de vendangeurs... Cet ouvrage de contextualisation est vraiment un plus.

Pilier d'Oldu depuis fort longtemps, en mode survie en temps de crise à la grecque et non «Je défends ma BAD avec mon AR15», je lis avec un regard différent lorsque le texte s'y prête.

Pour résumer ce qui peut-être en lien avec ce forum: C'est la migration vers la Californie de cultivateurs chassés de leurs terres du centre des USA par une crise climatique qui les avait conduit à s'endetter jusqu'à en perdre leurs exploitation agricole. La Californie et ses gros besoins de main d’œuvre agricole saisonnière, mais besoins surévalués volontairement pour provoque un dumping à la baisse des salaires horaires.

Vous trouverez un bon résumé analytique du roman sur Wikipédia, je relève juste ce qui nous intéresse ici.

La famille Joad brade ses derniers biens pour investir dans une vieille et grosse voiture qu'ils transforment en pick-up. Transformation possible alors avec l’extrême simplicité des voitures des années 20 mais plus de mise aujourd'hui et même d'ailleurs depuis longtemps. Néanmoins cela souligne l'importance des savoir-faire manuels accumulés. L'un de membres de la famille a des capacités en mécanique presque professionnelles mais au fil du temps et des réparations fréquentes est gêné par un manque d'outils criant chez ces agriculteurs qui avaient encore des chevaux ou des mules et non un tracteur.

La faim est récurrente, en fait la famille Joad est sur le fil et y échappe de peu mais pas à la malnutrition en se nourrissant de beignets gras à la poêle sans œufs ni sucre. Ils ont donc un peu de saindoux (bon marché mais pas très sain) et de farine. L'achat de lard (la viande la moins chère) et de café est un véritable investissement pour se donner de l'énergie quand du travail est trouvé.


Le livre n'a pas vraiment de fin, il y a encore quelques récoltes d'automne prévisibles mais ensuite plus rien ... au lecteur d'imaginer!

Je n'ai pas encore lu ce livre ; il est dans ma pile des romans à lire. Par contre, j'ai vu son adaptation en film, par le très grand John Ford, lorsque j'étais ado, pour la première fois. Assez fidèle au roman, il parait et c'est un excellent classique du 7ième art. Un film qui m'a profondément marqué.
J'ai lu, du même auteur, l'excellentissime "des souris et des hommes", qui se déroule aussi durant la grande dépression, dans ce même milieu social. Un de mes 5 romans préférés de tous les temps. Lui aussi adapté en un excellent film.
Ces 2 films (et romans) sont d'une noirceur, d'une poésie, d'une cruauté et d'une beauté sans nom.





On a du mal à nous représenter ce que fut cette époque et que, dans cette période de l'histoire, blancs comme noirs, amérindiens comme latinos, des classes populaires, ont vécu dans une misère sombre.

Pour ceux qui ont connu et apprécié Tex Avery,  celui-ci s'est pas mal inspiré du roman "des souris et des hommes" pour certains de ses courts.

KrAvEn a écrit:
J'ai lu, du même auteur, l'excellentissime "des souris et des hommes", qui se déroule aussi durant la grande dépression, dans ce même milieu social. Un de mes 5 romans préférés de tous les temps. Lui aussi adapté en un excellent film.

Ces deux livres forment une trilogie avec ""un combat douteux"" qui est du coup le premier écrit par l'auteur  

Pour ce qui est des raisins de la colère, en effet, aujourd'hui on qualifierait de zombies ces réfugiés de l'Oklahoma, mais si les mêmes conditions arrivaient aujourd'hui pas sûr que les gens aient les mêmes réactions. Les mentalités ont changés, l'état providence doit tout tout le temps, les sacrifices ne sont plus d'actualités.

Il n'y a pas beaucoup de romans, de films et de séries sur cette époque.
Le film le plus connu, sur cette époque, c'est probablement les "temps modernes", de Charlie Chaplin.
L'un des plus beau et poétiques : "la vie est belle", de Franck Capra. Bonnie and Clyde. O' Brother des frères Cohen
Sinon l'excellente série "the Carnivale" :

Dans ce livre sur le livre si je puis dire ... On fait référence à "La jungle" d'Upton Sinclair" publié en 1906 sur le scandale ses abattoirs industriel à Chicago. Livre qui fut si scandaleux qu'il mena l'Amérique pourtant ultra libérale à de profondes réformes. Je viens de l'acheter, ce sera sans doute ma prochaine lecture après le livre que j'ai en route.

Sinon en relisant ce livre 50 ans après une première incomplète (lycée) et à peine moins après une lecture complète où trop jeune je n'avais pas compris le message, je me suis fait une remarque, un truc évident pas mentionné non plus dans le livre critique:

On mentionne à plusieurs reprise des anecdotes de la jeunesse aventureuse du grand-père Joad qui meurt d’ailleurs dès le début du voyage: De ces anecdotes on déduit facilement que les Joad qui se font évincer par les banques  pour un crédit impayé sont eux même entré en possession de cette terre au temps de la jeunesse du grand père (1880 à la louche) au détriment des indigènes qui ne sont pas laissé faire. Les combats de l'ancien contre les indiens mécontents qu'on les expulse de leur terrain de chasse étant vécu par ces gens eux-mêmes chassés 50 ans plus tard comme une bonne farce...

KrAvEn a écrit:Il n'y a pas beaucoup de romans, de films et de séries sur cette époque.
Le film le plus connu, sur cette époque, c'est probablement les "temps modernes", de Charlie Chaplin.
L'un des plus beau et poétiques : "la vie est belle", de Franck Capra. Bonnie and Clyde. O' Brother des frères Cohen
Sinon l'excellente série "the Carnivale"

Objection Votre Honneur ! Ton éducation cinématographique est à revoir, Boss...

Les premiers films parlants sont tournés dès 1929, et plusieurs ont pour toile de fond l'Amérique de la Grande Dépression, par exemple One Good Turn avec Laurel et Hardy.


La crise est moins présente dans les oeuvres d'autres stars hollywoodiennes des années 30 car il faut malgré tout vendre du rêve, mais elle reste perceptible en toile de fond. Et dans les décennies suivantes, le thème refait régulièrement surface. Quelques titres en vrac, souvent inspirés de romans et biographies...

La Nuit du Chasseur, mythique !


On Achève Bien les Chevaux


Bertha Boxcar, de Scorsese, avec David "Kung Fu" Carradine !


Notre Pain Quotidien


De l'Ombre à la Lumière, sur la boxe !


Les Sentiers de la Perdition, faut aimer Tom Hanks...


La Ligne Verte


L’Empereur du Nord, avec Lee Marvin en clodo !


Rammstein

La sortie de "La nuit du chasseur" c'est 1955 . Effectivement l'action de ce film  se passe  pendant la grande dépression 25 ans plus tôt.

Chacun ses "classiques", moi ma référence de l'époque c'est plutôt Metropolis de F. Lang ...

Philippe-du-75013 a écrit:Dans ce livre sur le livre si je puis dire ... On fait référence à "La jungle" d'Upton Sinclair" publié en 1906 sur le scandale ses abattoirs industriel à Chicago. Livre qui fut si scandaleux qu'il mena l'Amérique pourtant ultra libérale à de profondes réformes. Je viens de l'acheter, ce sera sans doute ma prochaine lecture après le livre que j'ai en route.

J'ai donc entrepris de lire "La Jungle". J'en suis à un peu plus de la moitie. C'est un livre qui peut paraitre extrêmement choquant et désespérant mais moins qu'il ne pourrait l’être car finalement il décrit une vie très éloignée dans le temps. Alors qu'il est bien plus dur que "The Grapes of Wrath*" il est moins choquant car plus distancié - du moins pour moi. 




*Wrath signifie colère mais c'est un mot très vieilli même à l'époque où le livre fut écrit. Un américain de l'époque même moyennement instruit** saisissait immédiatement qu'il devait s'agir d'une citation biblique (c'était la minute culturelle)  un peu comme le terme airain pour désigner du bronze en français signe un texte poétique ou littéraire antique ou se voulant inspiré de l'antique.  


** En pratique en milieu rural l'instruction basique incluait l'école du dimanche c'est à dire le catéchisme protestant pendant que les parents assistaient au culte entre adultes.

Rammstein a écrit:Objection Votre Honneur ! Ton éducation cinématographique est à revoir, Boss...    

Yep !   Surtout concernant les vieux films en noir et blancs.

Rammstein a écrit:La Nuit du Chasseur, mythique !

Oui. Mythique. Un de mes films et romans cultes. "Pendi, pendi, pendant!" Poétique à souhait. C'est ça qui me manque dans les films actuels : la poésie.

Rammstein a écrit:Les Sentiers de la Perdition, faut aimer Tom Hanks...  

Vu, mais ne me rappelle plus de rien.

Rammstein a écrit:La Ligne Verte

Un grand classique ; amha la meilleure adaptation d'un roman de Stephen King (avec les évadés et Shining).

J'ai enchainé avec "En un combat douteux" qui est en fait le premier de la trilogie sociale mais moins connu et moins lu. C'est une grève d'ouvriers agricoles vue de l'intérieur.

  J'en suis aux 2/3 à peu près. Le récit tourne autour de deux militants communistes - Un vieux routard (Mac) et un néophyte (Jim) qui organisent une grève au départ spontanée, Mac au passage formant le militant néophyte Jim. Intéressant mais moins talentueux, les deux héros sont trop stéréotypés, attendus et parfaits dans leur rôle. Pour l'instant je trouve ce livre plus documentaire qu'autre chose.  (photo prise sur le net)