Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
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papapoilut
Wanamingo
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Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
Bon, le titre est un peu pompeux mais je souhaite vous faire part de quelques observations personnelles sur le Chili, pays où j'ai vécu un certain temps. Beaucoup ici réfléchissent aux conséquences d'un déclin économique. Je pense que le Chili est un bon cas d'étude car contrairement aux idées reçues ce n'est pas un pays sous-développé (quoi que cela puisse vouloir dire). C'est sûrement plus le futur que le passé amha. Je ne vais pas vous faire un résumé de La Stratégie du Choc de Naomi Klein, ce serait un peu fastidieux même si très intéressant.
Dans les années 60, le Chili bénéficiait à peu près de la même qualité de vie que la France d'alors. Le coup d'état de Pinochet et les mesures ultra-libérales des Chicago Boys l'ont mis à genoux et l'ont fait régresser. Vingt ans après la fin de la dictature, la société civile n'est toujours pas remise et les choses ne sont pas rentrées dans l'ordre. Je vais faire bref encore mais disons que le pays est toujours un état policier, gouverné par une poignée de familles. Le gouvernement de la Concertacion (équivalent du PS) a même été jusqu'à privatiser la mer, dynamiter des glaciers, etc.
Je pourrais parler longuement de toussa, mais revenons à l'essentiel qui nous intéresse: la vie quotidienne et la consommation.
Le salaire minimum tourne autour de 300€. Soit le prix d'un mois d'université. Le manque de ressources est pallié par une utilisation intensive des cartes de crédit (les vraies cartes de crédit, pas de débit) et des hypothèques (vu en 2009: "Hypothéquez votre maison et gagnez une télé plasma pour voir le mondial de foot" )
Chaque chaîne de magasin vous incite a acheter à crédit avec une carte idoine, même l'alimentation. En plus de fournir votre numéro de carte d'identité dans les magasins pour accumuler des "points". En cas de contentieux (genre renégociation unilatérale du taux) sur vos dettes, vous pouvez aller en justice mais les avoués sont des étudiants de dernière année gérant des centaines de dossiers, et les procès s'étalent sur des années. Donc vous êtes b**sés si vous ne pouvez pas vous payer un avocat de luxe. Ce qui incite les gens à se laisser entuber face aux frais d'un procès.
Les hôpitaux publics sont dangereux pour votre santé. Comptez une centaine d'euros (négociables!) pour 5 points de suture en clinique. La pharmacie est un commerce florissant aux mains de trois chaînes. Tellement florissant que les pharmaciens n'ont pas honte de vous vendre des produits dont la lecture de la notice vous apprend que c'est tout sauf ce dont vous avez besoin, au contraire. Impossible de trouver un autre désinfectant que l'eau oxygénée, la povidoine ou l'alcool médical. Les préservatifs coûtent le triple. On trouve des Kellog's a côté des couches.
Au niveau de la consommation, une première remarque importante qui ne va pas de soi pour nous:
Les biens importés de marques internationales sont vendus à un prix international (en dollars), et ceci dans toute l'Amérique du Sud. C'est à dire que l'électronique, la photo, le matériel de camping, les vêtements de marque, et à peu près tout ce qui peut être un brin spécialisé ou professionnel est vendu au même prix qu'en Occident. (mais le salaire minimum est 5 fois inférieur).
Il est relativement dur de trouver ce que l'on cherche. Un ami a investi un tiers de son salaire dans une carte mère car il savait qu'il ne la retrouverait jamais.
Beaucoup de commerce de proximité très charmant, même en électronique.
Les produits nationaux (alimentation, alcool...) sont relativement peu cher. La troisième catégorie serait les importations chinoises (genre Gifi) qui ont un grand succès.
Beaucoup d'ateliers de réparation de tout et n'importe quoi et de couture.
Au niveau de l'énergie: sauf dans les quartiers bourgeois, les habitations ne sont pas chauffées (enfin relativisons car le pays est plus grand que la distance Lisbonne-Moscou avec des climats allant du Sahara au Spitzberg). Les gens utilisent des chauffages d'appoint pour réchauffer les chambres l'hiver, principalement au gaz ou au pétrole. Les chauffages d'appoint électriques consommant trop de watts. Dans le sud les gens utilisent beaucoup les poêles et les gazinières à bois du fait du froid et de l'abondance des forêts. Les gens utilisent le gaz en bouteille que ce soit pour la cuisinière ou pour le chauffe-eau. Le chauffe-eau est le coeur capricieux du confort domestique. On l'allume uniquement avant de prendre une douche. La lessive et la vaisselle sont faites à l'eau froide. J'adore çà en fait, mon ptit calefon qui tombe presque pas en panne. Tellement stupide de laisser brûler la veilleuse !
De même les chiliens utilisent une sorte de plaque trouée doublée d'une grille qui se met sur le feu du gaz pour toaster leur pain.
Il y a énormément de vendeurs de rue. Le tout dans un flou juridique allant du vendeur de pansements et de bonbons dans le bus à la mère face à son stand sauvage de chaussettes à la pompeuse foire micro entrepreneuriale municipale qui est à peu près la même chose mais en légal. Très peu de répression policière car ces expédients permettent à des millions de personnes de survivre.
Les gens vendent essentiellement de la nourriture à emporter ou des sucreries et boissons gazeuses. Puis des chaussettes et sous vêtements, des produits d'hygiène (pq, lessive), jusque devant la porte des super marchés. Des grossistes normaux les fournissent. Grand succès des radios et lampes à dynamos après la dernière secousse.
La foire du dimanche est un concentré de tous ces vendeurs et vendeuses ambulants. On y trouve de tout. Donc ce n'est pas vraiment la brocante d'antiquités: Vêtements, vitamines et anti-douleurs, attelles souples, croquettes et colliers pour chiens, quincaillerie, petit électronique, nourriture, décoration, chinoiseries... je ne vais plus que là bas !
Au niveau de l'urbanisme: pas de jolies machines qui polissent le pavé à 6h du mat mais une armée de balayeurs qui n'arrivent cependant pas à décoller la suie qui couvre inexorablement sols et façades. Grosse anarchie des fils électriques. Plutôt un par fenêtre que un par bâtiment. Grilles omniprésentes aux fenêtres du rez de chaussée. Enclaves bourgeoises aux standards occidentaux (malls , résidences, condominiums etc)
Donc quotidiennement des scènes révoltantes du genre un père de famille avec sa chemise cravate assis sur le trottoir a chanter une chanson pour gagner des piécettes. Pas aussi terrible que la Bolivie mais plus étrangement proche.
Au niveau de la sécurité: les forces de police paramilitaires suréquipées ont comme moindre mal d'avoir la réputation d'être incorruptibles. La délinquance n'utilise presque pas d'armes à feu, même si j'ai entendu parler d'armes à feu auto-construites. Jamais rien eu de grave.
Un ptit point sur les chiens: j'ai lu ici et là des inquiétudes sur les chiens sauvages. Ici ils sont nombreux mais ce sont des peluches qui vous raccompagnent chez vous lorsque vous êtes seuls la nuit, vous font des léchouilles et n'ont qu'un seul ennemi: les taxis ! Sur lesquels ils aboient copieusement, je ne sais toujours pas pourquoi. Meutes de 5-6 au maximum.
Voilà pour ce qui me trotte par la tête, je posterai si j'ai plus d'idées. En tout cas que ce portrait ne vous dresse pas une mauvaise image du pays, je n'ai pas écris ici toutes les raisons qui me font l'aimer ! çà prendrait surement plus de lignes
Dans les années 60, le Chili bénéficiait à peu près de la même qualité de vie que la France d'alors. Le coup d'état de Pinochet et les mesures ultra-libérales des Chicago Boys l'ont mis à genoux et l'ont fait régresser. Vingt ans après la fin de la dictature, la société civile n'est toujours pas remise et les choses ne sont pas rentrées dans l'ordre. Je vais faire bref encore mais disons que le pays est toujours un état policier, gouverné par une poignée de familles. Le gouvernement de la Concertacion (équivalent du PS) a même été jusqu'à privatiser la mer, dynamiter des glaciers, etc.
Je pourrais parler longuement de toussa, mais revenons à l'essentiel qui nous intéresse: la vie quotidienne et la consommation.
Le salaire minimum tourne autour de 300€. Soit le prix d'un mois d'université. Le manque de ressources est pallié par une utilisation intensive des cartes de crédit (les vraies cartes de crédit, pas de débit) et des hypothèques (vu en 2009: "Hypothéquez votre maison et gagnez une télé plasma pour voir le mondial de foot" )
Chaque chaîne de magasin vous incite a acheter à crédit avec une carte idoine, même l'alimentation. En plus de fournir votre numéro de carte d'identité dans les magasins pour accumuler des "points". En cas de contentieux (genre renégociation unilatérale du taux) sur vos dettes, vous pouvez aller en justice mais les avoués sont des étudiants de dernière année gérant des centaines de dossiers, et les procès s'étalent sur des années. Donc vous êtes b**sés si vous ne pouvez pas vous payer un avocat de luxe. Ce qui incite les gens à se laisser entuber face aux frais d'un procès.
Les hôpitaux publics sont dangereux pour votre santé. Comptez une centaine d'euros (négociables!) pour 5 points de suture en clinique. La pharmacie est un commerce florissant aux mains de trois chaînes. Tellement florissant que les pharmaciens n'ont pas honte de vous vendre des produits dont la lecture de la notice vous apprend que c'est tout sauf ce dont vous avez besoin, au contraire. Impossible de trouver un autre désinfectant que l'eau oxygénée, la povidoine ou l'alcool médical. Les préservatifs coûtent le triple. On trouve des Kellog's a côté des couches.
Au niveau de la consommation, une première remarque importante qui ne va pas de soi pour nous:
Les biens importés de marques internationales sont vendus à un prix international (en dollars), et ceci dans toute l'Amérique du Sud. C'est à dire que l'électronique, la photo, le matériel de camping, les vêtements de marque, et à peu près tout ce qui peut être un brin spécialisé ou professionnel est vendu au même prix qu'en Occident. (mais le salaire minimum est 5 fois inférieur).
Il est relativement dur de trouver ce que l'on cherche. Un ami a investi un tiers de son salaire dans une carte mère car il savait qu'il ne la retrouverait jamais.
Beaucoup de commerce de proximité très charmant, même en électronique.
Les produits nationaux (alimentation, alcool...) sont relativement peu cher. La troisième catégorie serait les importations chinoises (genre Gifi) qui ont un grand succès.
Beaucoup d'ateliers de réparation de tout et n'importe quoi et de couture.
Au niveau de l'énergie: sauf dans les quartiers bourgeois, les habitations ne sont pas chauffées (enfin relativisons car le pays est plus grand que la distance Lisbonne-Moscou avec des climats allant du Sahara au Spitzberg). Les gens utilisent des chauffages d'appoint pour réchauffer les chambres l'hiver, principalement au gaz ou au pétrole. Les chauffages d'appoint électriques consommant trop de watts. Dans le sud les gens utilisent beaucoup les poêles et les gazinières à bois du fait du froid et de l'abondance des forêts. Les gens utilisent le gaz en bouteille que ce soit pour la cuisinière ou pour le chauffe-eau. Le chauffe-eau est le coeur capricieux du confort domestique. On l'allume uniquement avant de prendre une douche. La lessive et la vaisselle sont faites à l'eau froide. J'adore çà en fait, mon ptit calefon qui tombe presque pas en panne. Tellement stupide de laisser brûler la veilleuse !
De même les chiliens utilisent une sorte de plaque trouée doublée d'une grille qui se met sur le feu du gaz pour toaster leur pain.
Il y a énormément de vendeurs de rue. Le tout dans un flou juridique allant du vendeur de pansements et de bonbons dans le bus à la mère face à son stand sauvage de chaussettes à la pompeuse foire micro entrepreneuriale municipale qui est à peu près la même chose mais en légal. Très peu de répression policière car ces expédients permettent à des millions de personnes de survivre.
Les gens vendent essentiellement de la nourriture à emporter ou des sucreries et boissons gazeuses. Puis des chaussettes et sous vêtements, des produits d'hygiène (pq, lessive), jusque devant la porte des super marchés. Des grossistes normaux les fournissent. Grand succès des radios et lampes à dynamos après la dernière secousse.
La foire du dimanche est un concentré de tous ces vendeurs et vendeuses ambulants. On y trouve de tout. Donc ce n'est pas vraiment la brocante d'antiquités: Vêtements, vitamines et anti-douleurs, attelles souples, croquettes et colliers pour chiens, quincaillerie, petit électronique, nourriture, décoration, chinoiseries... je ne vais plus que là bas !
Au niveau de l'urbanisme: pas de jolies machines qui polissent le pavé à 6h du mat mais une armée de balayeurs qui n'arrivent cependant pas à décoller la suie qui couvre inexorablement sols et façades. Grosse anarchie des fils électriques. Plutôt un par fenêtre que un par bâtiment. Grilles omniprésentes aux fenêtres du rez de chaussée. Enclaves bourgeoises aux standards occidentaux (malls , résidences, condominiums etc)
Donc quotidiennement des scènes révoltantes du genre un père de famille avec sa chemise cravate assis sur le trottoir a chanter une chanson pour gagner des piécettes. Pas aussi terrible que la Bolivie mais plus étrangement proche.
Au niveau de la sécurité: les forces de police paramilitaires suréquipées ont comme moindre mal d'avoir la réputation d'être incorruptibles. La délinquance n'utilise presque pas d'armes à feu, même si j'ai entendu parler d'armes à feu auto-construites. Jamais rien eu de grave.
Un ptit point sur les chiens: j'ai lu ici et là des inquiétudes sur les chiens sauvages. Ici ils sont nombreux mais ce sont des peluches qui vous raccompagnent chez vous lorsque vous êtes seuls la nuit, vous font des léchouilles et n'ont qu'un seul ennemi: les taxis ! Sur lesquels ils aboient copieusement, je ne sais toujours pas pourquoi. Meutes de 5-6 au maximum.
Voilà pour ce qui me trotte par la tête, je posterai si j'ai plus d'idées. En tout cas que ce portrait ne vous dresse pas une mauvaise image du pays, je n'ai pas écris ici toutes les raisons qui me font l'aimer ! çà prendrait surement plus de lignes
Wanamingo- Animateur
- Nombre de messages : 1392
Date d'inscription : 27/07/2011
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
merci pour le retour, intéressant. De l'exterieur cela resemble aux films américain post apo dans les villes "civilisés".
La police incorruptibles c'est déjà un point pour avancer et ne pas reculer surtout
La police incorruptibles c'est déjà un point pour avancer et ne pas reculer surtout
________________________________________________________
"Le Gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins."
"Il est plus désirable de cultiver le respect du bien que le respect de la loi."[la désobéissance civile]
Henry David Thoreau
http://www.clicanimaux.com/
papapoilut- Membre Premium
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Age : 36
Localisation : 28, proche 91
Emploi : prestataire, mea maxima culpa!
Date d'inscription : 30/09/2011
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
Merci pour ce topo.
Une question : Internet est-il présent dans la société chilienne ?
Je veux dire, il y a des pays dans lesquels on a accès à des services web, que ce soit par téléphone portable ou depuis le cybercafé de la rue, qui facilitent le troc, les petits boulots, etc... Dans certains pays, des sites du genre du Bon Coin sont au coeur d'une économie de survie. Es-ce le cas au Chili, ou bien le web reste t-il un truc récréatif cantonné aux quartiers bourgeois ?
Une question : Internet est-il présent dans la société chilienne ?
Je veux dire, il y a des pays dans lesquels on a accès à des services web, que ce soit par téléphone portable ou depuis le cybercafé de la rue, qui facilitent le troc, les petits boulots, etc... Dans certains pays, des sites du genre du Bon Coin sont au coeur d'une économie de survie. Es-ce le cas au Chili, ou bien le web reste t-il un truc récréatif cantonné aux quartiers bourgeois ?
Stalker- Membre Premium
- Nombre de messages : 396
Date d'inscription : 29/07/2008
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
C'est une bonne question Stalker mais je dois défaire une idée tout d'abord: le Chili, tout comme l'Argentine, est un pays "développé". Les gens ont à peu près tout comme en France: cinéma, téléphone portable, internet, voiture... J'ai peut être dressé un portrait un peu trop noir.
Mais il y a ici une différence de classe plus forte, un ingénieur gagne 10 000€ mensuel ou plus. Un sénateur le triple.
Les étudiants s'achètent ici aussi des ordinateurs portables et des appareils numériques... mais à crédit. Leur prêt étudiant, ils le remboursent entre 15 et 20 ans après leur diplôme.
En fait c'est même encore plus fourbe car ici encore plus posséder est un signe de réussite sociale, donc de développement. Les gens sont entièrement tournés vers le mythe du progrès.
Sur les prêts d'ailleurs les universités (jusqu'à une loi très très récente) avaient leur propre banque et faisaient redoubler des étudiants en avant dernière année d'études pour renégocier leur dette et faire augmenter leur taux.
Donc internet est présent, en wifi, en 3G dans les villes... En fait la téléphonie mobile est un énorme business. Les abonnements cependant sont seulement pris par des professionnels ou des possesseurs de smartphone. La majorité des gens utilise des téléphones pré-payés que l'on peut recharger à coût de mitraille dans une multitude de commerces (épiceries, pharmacies, voir hommes sandwiches dédiés dans le métro de Santiago). Un téléphone N*kia de base sans APN mais avec une led lampe torche et radio FM coûte 15€ avec 10€ préchargés, le tout sans aucune formalité bureaucratique. Ni même donner son nom.
Mais je crois que c'est pareil en Asie à ce que m'on m'a dit. Même les plus pauvres ont un téléphone.
Les jeunes utilisent beaucoup internet pour vendre leurs affaires quand ils ont besoin de se refinancer, surtout sur facebook. Après il y a d'autres sites comme mercadolibre je crois, un équivalent de la baie. Mais je dirais que ce phénomène touche principalement les jeunes éduqués.
Petit point qui pourra vous intéresser aussi: il y a une multitude de boutique de vente d'Or ici, et bien avant 2008.
En Argentine il y a eu une expérience très intéressante dans les années 2000: la "red de trueque" ou réseau de troc. C'est un mouvement national qui a été lancé après la crise de 2001 et qui a rassemblé jusqu'à 6 millions de personnes. Cette initiative a été inventée par un psychiatre confronté aux souffrances de ses clients liées aux problèmes pécuniers. Il a donc réfléchi et mis sur point un réseau national décentralisé de foires de trocs avec sa propre monnaie au taux d'intéret négatif pour éviter la spéculation et la thésaurisation. Ce réseau a atteint un succès monstre et permis a des millions de gens de survivre. On pouvait y acheter 5 kilos de framboise le matin et revenir vendre de la confiture l'après midi. Ce réseau a impulsé toute une économie, et la foi en sa monnaie était plus grande qu'en la monnaie nationale (qui avait d'ailleurs explosés en plusieurs monnaies régionales). Les gens y vendaient même leur voiture contre services ou denrées.
Mais la situation de l'Argentine était très spécifique.
En tout cas ce réseau a été torpillé au fait de sa gloire par une contrefaçon de sa monnaie (pourtant de haute sécurité) et des holds ups sur ses dépots. Tous les regards vont vers les barbouses du gouvernement central !
L'Argentine à la même époque a vu se développer des Assemblées populaires de quartier qui menaient de front la survie des communautés locales, des récupérations d'usines en faillite par leurs travailleurs (voir le film The Take) et des mouvements paysans et de chômeurs assez fous. Certaines de ces assemblées ont même repris en main des services publics comme l'eau ou les bus.
Mais il y a ici une différence de classe plus forte, un ingénieur gagne 10 000€ mensuel ou plus. Un sénateur le triple.
Les étudiants s'achètent ici aussi des ordinateurs portables et des appareils numériques... mais à crédit. Leur prêt étudiant, ils le remboursent entre 15 et 20 ans après leur diplôme.
En fait c'est même encore plus fourbe car ici encore plus posséder est un signe de réussite sociale, donc de développement. Les gens sont entièrement tournés vers le mythe du progrès.
Sur les prêts d'ailleurs les universités (jusqu'à une loi très très récente) avaient leur propre banque et faisaient redoubler des étudiants en avant dernière année d'études pour renégocier leur dette et faire augmenter leur taux.
Donc internet est présent, en wifi, en 3G dans les villes... En fait la téléphonie mobile est un énorme business. Les abonnements cependant sont seulement pris par des professionnels ou des possesseurs de smartphone. La majorité des gens utilise des téléphones pré-payés que l'on peut recharger à coût de mitraille dans une multitude de commerces (épiceries, pharmacies, voir hommes sandwiches dédiés dans le métro de Santiago). Un téléphone N*kia de base sans APN mais avec une led lampe torche et radio FM coûte 15€ avec 10€ préchargés, le tout sans aucune formalité bureaucratique. Ni même donner son nom.
Mais je crois que c'est pareil en Asie à ce que m'on m'a dit. Même les plus pauvres ont un téléphone.
Les jeunes utilisent beaucoup internet pour vendre leurs affaires quand ils ont besoin de se refinancer, surtout sur facebook. Après il y a d'autres sites comme mercadolibre je crois, un équivalent de la baie. Mais je dirais que ce phénomène touche principalement les jeunes éduqués.
Petit point qui pourra vous intéresser aussi: il y a une multitude de boutique de vente d'Or ici, et bien avant 2008.
En Argentine il y a eu une expérience très intéressante dans les années 2000: la "red de trueque" ou réseau de troc. C'est un mouvement national qui a été lancé après la crise de 2001 et qui a rassemblé jusqu'à 6 millions de personnes. Cette initiative a été inventée par un psychiatre confronté aux souffrances de ses clients liées aux problèmes pécuniers. Il a donc réfléchi et mis sur point un réseau national décentralisé de foires de trocs avec sa propre monnaie au taux d'intéret négatif pour éviter la spéculation et la thésaurisation. Ce réseau a atteint un succès monstre et permis a des millions de gens de survivre. On pouvait y acheter 5 kilos de framboise le matin et revenir vendre de la confiture l'après midi. Ce réseau a impulsé toute une économie, et la foi en sa monnaie était plus grande qu'en la monnaie nationale (qui avait d'ailleurs explosés en plusieurs monnaies régionales). Les gens y vendaient même leur voiture contre services ou denrées.
Mais la situation de l'Argentine était très spécifique.
En tout cas ce réseau a été torpillé au fait de sa gloire par une contrefaçon de sa monnaie (pourtant de haute sécurité) et des holds ups sur ses dépots. Tous les regards vont vers les barbouses du gouvernement central !
L'Argentine à la même époque a vu se développer des Assemblées populaires de quartier qui menaient de front la survie des communautés locales, des récupérations d'usines en faillite par leurs travailleurs (voir le film The Take) et des mouvements paysans et de chômeurs assez fous. Certaines de ces assemblées ont même repris en main des services publics comme l'eau ou les bus.
Wanamingo- Animateur
- Nombre de messages : 1392
Date d'inscription : 27/07/2011
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
Wanamingo a écrit:Un téléphone N*kia de base sans APN mais avec une led lampe torche et radio FM coûte 15€ avec 10€ préchargés, le tout sans aucune formalité bureaucratique. Ni même donner son nom.
Mais je crois que c'est pareil en Asie à ce que m'on m'a dit. Même les plus pauvres ont un téléphone.
Je confirme pour les Philippines où tu as des marchands de téléphone d'occasion par millier et où tu vas au drugstore du coin ou au vendeur dans la rue pour acheter ta carte sim ou des cartes prépayés avec des "load" comme ils disent commençant à "5 SMS et zéro minute de communication" pour attirer même les plus démunis.
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
Intéressant pour l'avenir ce retex du Chili, je vois une version de ça en France. Est-ce qu'il y a beaucoup de violence contre le gens pour les vols? Pour les maisons tu parles de fenêtres grillagées systématiquement, c'est clair. Les armes à feu en sont pas autorisées au Chili? Ne circulent pas?
Invité- Invité
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
très intéressant, les gens ont-ils quitté les ville pour la campagne? les boutiques d'or on ouvert pour vendre ou pour avoir pignon sur rue et acheter?
diantre- Membre
- Nombre de messages : 91
Date d'inscription : 19/05/2012
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
Petite mise au point: Attention aux clichés, ce n'est pas un coupe gorge non plus. Par contre Rio oui, enfin sauf les quartiers riches, et accessoirement un certain nombre d'endroits de Colombie ou du Venezuela.
La règle internationale c'est d'éviter les gares et les ports après minuit. Très important. Accessoirement se fier à son instinct et ne pas atterrir dans n'importe quel quartier mais pour çà ya peu de raisons.
Les vols sont généralement dus à un manque total de conscience des touristes. Genre exemple réels: l'ordi portable devant la fenêtre au rez de chausse sur rue: oui mais il y a une grille, oui mais il passe verticalement à travers la grille !
Ou "oh on m'a volé ma veste ! quel dommage je l'avais pourant posée sur un siège dans la boite de nuit avec tous mes papiers, ma cb et mon APN dedans !"
Sinon le bon vieux vol à l'arrachée, ou la menace, ou la fourberie et le jeu de rôle (le meilleur).
Ma super technique secrète tient en une petite pochette en tissu noir de la taille d'un passeport qui ferme avec zip et a un passant pour ceinture au dessus. Je met ma cb et mon passeport dedans, et je fourre tout çà dans le pantalon. Quand je fais des retraits, souvent de sommes conséquentes à cause des frais, je met tout dedans. J'ai un deuxième petit portefeuille de touriste ou je met les 15€ en cours qui va lui dans ma poche. Si on me braque je donne celui la et je ne sors jamais de grosse liasse ainsi. Les pochettes tour de cou c'est de la m*rde car çà se grille a un kilomètre, surtout quand on est en t-shirt. Un vrai pousse au crime. J'ai même un pote qui se l'est fait vider pendant qu'il dormait dans un bus !
Je ne connais pas la législation mais il y a très peu d'armes en circulation ici.
On ne peut pas vraiment dire que les gens retournent à la campagne, enfin c'est même l'inverse. Il n'y a pas une crise, la vie est une crise. Ou alors vivre dans un pays néolibéral, çà c'est la crise
Les jeunes qui ont besoin d'argent vont au nord travailler dans les villes minières du désert, ou à la capitale. Les autres qui ont peu d'argent mais cherchent une vie plus riche vont dans les vertes et humides contrées du Sud. Où le lien social est plus fort, et où l'on peut se trouver un chouette petit chalet pour son couple.
Les boutiques d'or ont pignon sur rue pour acheter, mais çà c'est développé en France aussi ces dernières années avec la flambée des prix.
La règle internationale c'est d'éviter les gares et les ports après minuit. Très important. Accessoirement se fier à son instinct et ne pas atterrir dans n'importe quel quartier mais pour çà ya peu de raisons.
Les vols sont généralement dus à un manque total de conscience des touristes. Genre exemple réels: l'ordi portable devant la fenêtre au rez de chausse sur rue: oui mais il y a une grille, oui mais il passe verticalement à travers la grille !
Ou "oh on m'a volé ma veste ! quel dommage je l'avais pourant posée sur un siège dans la boite de nuit avec tous mes papiers, ma cb et mon APN dedans !"
Sinon le bon vieux vol à l'arrachée, ou la menace, ou la fourberie et le jeu de rôle (le meilleur).
Ma super technique secrète tient en une petite pochette en tissu noir de la taille d'un passeport qui ferme avec zip et a un passant pour ceinture au dessus. Je met ma cb et mon passeport dedans, et je fourre tout çà dans le pantalon. Quand je fais des retraits, souvent de sommes conséquentes à cause des frais, je met tout dedans. J'ai un deuxième petit portefeuille de touriste ou je met les 15€ en cours qui va lui dans ma poche. Si on me braque je donne celui la et je ne sors jamais de grosse liasse ainsi. Les pochettes tour de cou c'est de la m*rde car çà se grille a un kilomètre, surtout quand on est en t-shirt. Un vrai pousse au crime. J'ai même un pote qui se l'est fait vider pendant qu'il dormait dans un bus !
Je ne connais pas la législation mais il y a très peu d'armes en circulation ici.
On ne peut pas vraiment dire que les gens retournent à la campagne, enfin c'est même l'inverse. Il n'y a pas une crise, la vie est une crise. Ou alors vivre dans un pays néolibéral, çà c'est la crise
Les jeunes qui ont besoin d'argent vont au nord travailler dans les villes minières du désert, ou à la capitale. Les autres qui ont peu d'argent mais cherchent une vie plus riche vont dans les vertes et humides contrées du Sud. Où le lien social est plus fort, et où l'on peut se trouver un chouette petit chalet pour son couple.
Les boutiques d'or ont pignon sur rue pour acheter, mais çà c'est développé en France aussi ces dernières années avec la flambée des prix.
Wanamingo- Animateur
- Nombre de messages : 1392
Date d'inscription : 27/07/2011
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
Ma pochette est une version maison de celle-ci: http://www.auvieuxcampeur.fr/nos-produits/bagage/sacoches-et-pochettes/secret-soie-pochette-cacher.html
Je donne le lien pour illustrer
Je donne le lien pour illustrer
Wanamingo- Animateur
- Nombre de messages : 1392
Date d'inscription : 27/07/2011
Re: Enseignements d'un contexte économique dégradé: le Chili
Le Chili, grand souvenir. Nous sommes allées à Punta Arena depuis l'Argentine. Une région sauvage merveilleuse !
Par contre n'y allez pas si vous aimez les climats chauds lol
Les gens très gentils, la plupart des habitants sont d'origine européenne dans ces endroits. On n'est pas dépaysés.
Par contre n'y allez pas si vous aimez les climats chauds lol
Les gens très gentils, la plupart des habitants sont d'origine européenne dans ces endroits. On n'est pas dépaysés.
survivor42- Membre
- Nombre de messages : 11
Date d'inscription : 26/05/2012
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