[Livre/Roman] "La route" de Cormac McCarthy
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[Livre/Roman] "La route" de Cormac McCarthy
J'ai avalé LA ROUTE de Cormac McCarthy hier soir, d'une seule traite.
250 pages et un prix Pulitzer pour... pas grand chose. L'histoire d'une famille d'après l'apocalypse. La femme se suicide avant le début du livre, pour échapper par anticipation au viol et aux cannibales ; le père et le gamin prennent la route pour aller plus au sud, où l'hiver sera plus facile à affronter. Et sur la route, ils goûtent aux joies du survivalisme nomade.
Rien de bien nouveau à se mettre sous la dent donc. Le thème a déjà été traité de la même manière de nombreuses fois, et la partie philosophique se résume à ranger l'humanité en Gentils (ceux qui ne bouffent pas leur prochain) et en Méchants (ceux qui bouffent les Gentils).
On retiendra l'absence totale d'animaux. La mer pleine de pétrole. Et le caddie customisé avec balais chasse-cailloux devant, et rétroviseur au guidon pour surveiller les arrières.
La Route -le livre- est juste un os à ronger en attendant le film dont la réalisation sauvera peut-être un scénario à ras des pâquerettes en cendres...
250 pages et un prix Pulitzer pour... pas grand chose. L'histoire d'une famille d'après l'apocalypse. La femme se suicide avant le début du livre, pour échapper par anticipation au viol et aux cannibales ; le père et le gamin prennent la route pour aller plus au sud, où l'hiver sera plus facile à affronter. Et sur la route, ils goûtent aux joies du survivalisme nomade.
Rien de bien nouveau à se mettre sous la dent donc. Le thème a déjà été traité de la même manière de nombreuses fois, et la partie philosophique se résume à ranger l'humanité en Gentils (ceux qui ne bouffent pas leur prochain) et en Méchants (ceux qui bouffent les Gentils).
On retiendra l'absence totale d'animaux. La mer pleine de pétrole. Et le caddie customisé avec balais chasse-cailloux devant, et rétroviseur au guidon pour surveiller les arrières.
La Route -le livre- est juste un os à ronger en attendant le film dont la réalisation sauvera peut-être un scénario à ras des pâquerettes en cendres...
Stalker- Membre Premium
- Nombre de messages : 396
Date d'inscription : 29/07/2008
Re: [Livre/Roman] "La route" de Cormac McCarthy
Stalker a écrit:
La Route -le livre- est juste un os à ronger en attendant le film dont la réalisation sauvera peut-être un scénario à ras des pâquerettes en cendres...
Lu depuis environ 6 mois (d'une seule traite aussi).
Pas du tout du même avis que toi. L'ambiance y est pesante, pas mal de petits détails qui font réfléchir, le rapport père-fils etc...
Pour moi, un bon livre.
Merci Stalker de l'avoir signalé, j'avais zappé!
Petrus.
Petrus16- Membre Premium
- Nombre de messages : 1695
Age : 52
Date d'inscription : 14/02/2007
Re: [Livre/Roman] "La route" de Cormac McCarthy
Oui à la réflexion, Petrus, ce n'est pas un mauvais bouquin.
Peut-être qu'après la médiatisation dont il a fait l'objet j'en attendais un peu trop tout simplement ; et qu'après tout ce que j'ai déjà vu et lu, la nouveauté se fait rare
La possibilité d'une île de Houellebec, ou les derniers pavés de Dantec apportent au moins, malgré un positionnement très S-F, une certaine vision et un fond de réflexion plus riche.
Dans La route, TOUT tourne autour de la recherche de nourriture. Ok, c'est un thème essentiel, mais il en faut plus pour nourrir mon appétit littéraire !
Peut-être qu'après la médiatisation dont il a fait l'objet j'en attendais un peu trop tout simplement ; et qu'après tout ce que j'ai déjà vu et lu, la nouveauté se fait rare
La possibilité d'une île de Houellebec, ou les derniers pavés de Dantec apportent au moins, malgré un positionnement très S-F, une certaine vision et un fond de réflexion plus riche.
Dans La route, TOUT tourne autour de la recherche de nourriture. Ok, c'est un thème essentiel, mais il en faut plus pour nourrir mon appétit littéraire !
Stalker- Membre Premium
- Nombre de messages : 396
Date d'inscription : 29/07/2008
Re: [Livre/Roman] "La route" de Cormac McCarthy
Salut stalker,
Clairement d'accord avec toi sur le manichéisme de l'histoire (méchants contre gentils) ; toutefois, on peut prendre, à mon sens, ce manichéisme pour une prise de partie des protagonistes : l’histoire est vue à travers les yeux d’un enfant et de son père ; père qui tente de rassurer son enfant et de le préserver des horreurs de la situation. Il y a un dialogue, dans le roman, où le fils demande au père s’ils sont les gentils (histoire de la lumière/aura qu’ils portent) ; la vision manichéenne que le père offre au fils peut être vue comme un moyen de préserver ce dernier (garder son innocence) de l'horreur et de la folie. Mais il est vrai que les méchants sont réellement déshumanisés (comme dans les contes de fées). Seule exception le vieux Eli, qui bien que méprisable est traité de manière plus complexe.
Par contre, pour le côté philosophique, je pense plutôt que le roman de mc carthy s'apparente beaucoup à ces vieux contes mythologiques ou aux contes de fée ; le côté philosophique n'y apparaît pas directement (n‘est pas revendiqué), mais en filigrane (il imbibe le roman sans apparaître au grand jour : agit de manière subconsciente). C’est toute l’histoire des vieux contes, tout y est symbolique (exemple : l‘hivers éternel, un monde mourrant, la faune éteinte (et les sources de protéines avec elle), les hommes qui mangent leurs propres enfants, au risque de voir éteindre leur lignée, même le nom d'Eli (seul personnage ayant un nom dans le roman) n'est pas choisi au hazard (Eli : prophète de la bible et du coran ayant survécu, lors d'une longue pérégrination, à la faim grâce à l‘aide des animaux sauvages, etc.).
Ce n’est pas le scénario du siècle, mais il est empreint d’une poésie et d’une symbolique qui le rende universel.
Pas grand-chose à retenir en ce qui concerne la survie (ce n’est pas un livre de survie) pour tout lecteur de ce forum, mais un récit mythologique qui parle plus au "coeur" qu’à l’esprit.
Bref, la route a toute l'apparence d'un roman simpliste (il a l'apparente simplicité des contes pour enfant), mais, dans l'absolu, il atteint (à mon sens) l'universalité des contes (il parle au subconscient).
Bon, enfin, c’est comme ça que je l’ai vu (et c’est le miracle des bons romans, chacun y voit un roman différent de celui des autres : un reflet de lui-même ).
Bon, je l'ai bien vendu ce bouquin ?
@+
Le minimalisme (côté très dépouillé) du récit est, me semble t-il, clairement assumé par l'auteur.Stalker a écrit:Rien de bien nouveau à se mettre sous la dent donc. Le thème a déjà été traité de la même manière de nombreuses fois, et la partie philosophique se résume à ranger l'humanité en Gentils (ceux qui ne bouffent pas leur prochain) et en Méchants (ceux qui bouffent les Gentils).
Clairement d'accord avec toi sur le manichéisme de l'histoire (méchants contre gentils) ; toutefois, on peut prendre, à mon sens, ce manichéisme pour une prise de partie des protagonistes : l’histoire est vue à travers les yeux d’un enfant et de son père ; père qui tente de rassurer son enfant et de le préserver des horreurs de la situation. Il y a un dialogue, dans le roman, où le fils demande au père s’ils sont les gentils (histoire de la lumière/aura qu’ils portent) ; la vision manichéenne que le père offre au fils peut être vue comme un moyen de préserver ce dernier (garder son innocence) de l'horreur et de la folie. Mais il est vrai que les méchants sont réellement déshumanisés (comme dans les contes de fées). Seule exception le vieux Eli, qui bien que méprisable est traité de manière plus complexe.
Par contre, pour le côté philosophique, je pense plutôt que le roman de mc carthy s'apparente beaucoup à ces vieux contes mythologiques ou aux contes de fée ; le côté philosophique n'y apparaît pas directement (n‘est pas revendiqué), mais en filigrane (il imbibe le roman sans apparaître au grand jour : agit de manière subconsciente). C’est toute l’histoire des vieux contes, tout y est symbolique (exemple : l‘hivers éternel, un monde mourrant, la faune éteinte (et les sources de protéines avec elle), les hommes qui mangent leurs propres enfants, au risque de voir éteindre leur lignée, même le nom d'Eli (seul personnage ayant un nom dans le roman) n'est pas choisi au hazard (Eli : prophète de la bible et du coran ayant survécu, lors d'une longue pérégrination, à la faim grâce à l‘aide des animaux sauvages, etc.).
Tout à fait d’accord, le scénario ne vaut pas réellement plus que celui d’un conte comme le petit chaperon rouge, mais c’est la manière dont il est emmené et développé, notamment à travers cette relation père fils et la quête initiatique du petit, qui rendent le récit intéressant et captivant (comme moi, tu l’as lu d’une traite ).La Route -le livre- est juste un os à ronger en attendant le film dont la réalisation sauvera peut-être un scénario à ras des pâquerettes en cendres...
Ce n’est pas le scénario du siècle, mais il est empreint d’une poésie et d’une symbolique qui le rende universel.
Pas grand-chose à retenir en ce qui concerne la survie (ce n’est pas un livre de survie) pour tout lecteur de ce forum, mais un récit mythologique qui parle plus au "coeur" qu’à l’esprit.
Bref, la route a toute l'apparence d'un roman simpliste (il a l'apparente simplicité des contes pour enfant), mais, dans l'absolu, il atteint (à mon sens) l'universalité des contes (il parle au subconscient).
Bon, enfin, c’est comme ça que je l’ai vu (et c’est le miracle des bons romans, chacun y voit un roman différent de celui des autres : un reflet de lui-même ).
Bon, je l'ai bien vendu ce bouquin ?
@+
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Aussi audacieux soit-il d'explorer l'inconnu, il l'est plus encore de remettre le connu en question ! (Kaspar) - In Shadow, A Modern Odyssey - Ozymandias - La grande implosion/Rapport sur l'effondrement de l'Occident (Pierre Thuillier) - Mon scénario - Echoes
[roman] "La route" de Cormac McCarthy
« La Route »
(Hors détails pour survivre, qui nous sont familiers. )
C’est une longue route que nous parcourons dans ce livre, sans un seul chapitre.
1 - la Filiation : étrange, cette dénomination « l’enfant » ou « le petit » pendant le 1er tiers du livre ; certes, le petit dit « papa », à un moment donné, ce qui n’est pas gage de la paternité de l’homme. Puis vient l’évocation de « maman », et enfin le bref récit du souvenir de la naissance de l’enfant, et alors est prononcé le mot de « père ».
Comme si l’homme se bridait lui-même de cette paternité, compte-tenu de ses projets vis à vis du garçon en cas de malheur.
2 – La quête de l’homme : sauver l’enfant.
Le vagabond, symbole du « vieux sage » des contes, qui est censé indiquer la voie sous forme d’énigme, délivre un message de désespoir, mais de façon assez surréaliste. Ce qu’il dit sur la mort peut faire penser à la lumière dans l’obscurité : si personne n’est là pour voir la lumière, qui peut dire qu’elle existe ?
Ce passage du vagabond est un régal pour les philosophes (et les amateurs de Jung).
C’est pourquoi je pense qu’il est un « vieux sage » pour l’homme, pas pour l’enfant. Si le père meurt : il ne saura plus si son enfant survit ou pas : message qu’il n’est pas prêt à entendre.
3 - La quête de l’enfant : trouver une famille.
L’enfant sait qu’il va perdre son père. Son questionnement incessant sur « les gentils & les méchants » montre sa recherche de repère : à qui pourra-t-il faire confiance ?
Sa quête de la vérité aussi (tandis que l’homme s’attache à dire la réalité, ce qui n’est pas exactement la même chose).
Partout, au gré des rares rencontres, il voudrait garder les autres avec lui (l’enfant, le vieillard foudroyé, le vagabond).
Sa rencontre finale avec une famille n’est pas le message d’espoir : on ne sait pas ce qu’il en sera de leur route, en fait, la route continue.
4 – Le message d’espoir est discret et subtil.
Un peu comme la colombe qui ramène enfin un rameau d’olivier à Noé, au moment où le père s’affaiblit, ils voient un espace avec des fougères et des plantes sauvages qui ont résisté.
Alors que jamais jusqu’ici ils n’ont pas rencontré de végétaux vivants.
5 – Les « figures » du récit, j’en ai parlé un peu, à partir de la façon dont ce même récit se structure.
On remarquera la forme des dialogues homme/enfant : courtes phrases, inspir/expir de leur respiration dans la marche.
(Hors détails pour survivre, qui nous sont familiers. )
C’est une longue route que nous parcourons dans ce livre, sans un seul chapitre.
1 - la Filiation : étrange, cette dénomination « l’enfant » ou « le petit » pendant le 1er tiers du livre ; certes, le petit dit « papa », à un moment donné, ce qui n’est pas gage de la paternité de l’homme. Puis vient l’évocation de « maman », et enfin le bref récit du souvenir de la naissance de l’enfant, et alors est prononcé le mot de « père ».
Comme si l’homme se bridait lui-même de cette paternité, compte-tenu de ses projets vis à vis du garçon en cas de malheur.
2 – La quête de l’homme : sauver l’enfant.
Le vagabond, symbole du « vieux sage » des contes, qui est censé indiquer la voie sous forme d’énigme, délivre un message de désespoir, mais de façon assez surréaliste. Ce qu’il dit sur la mort peut faire penser à la lumière dans l’obscurité : si personne n’est là pour voir la lumière, qui peut dire qu’elle existe ?
Ce passage du vagabond est un régal pour les philosophes (et les amateurs de Jung).
C’est pourquoi je pense qu’il est un « vieux sage » pour l’homme, pas pour l’enfant. Si le père meurt : il ne saura plus si son enfant survit ou pas : message qu’il n’est pas prêt à entendre.
3 - La quête de l’enfant : trouver une famille.
L’enfant sait qu’il va perdre son père. Son questionnement incessant sur « les gentils & les méchants » montre sa recherche de repère : à qui pourra-t-il faire confiance ?
Sa quête de la vérité aussi (tandis que l’homme s’attache à dire la réalité, ce qui n’est pas exactement la même chose).
Partout, au gré des rares rencontres, il voudrait garder les autres avec lui (l’enfant, le vieillard foudroyé, le vagabond).
Sa rencontre finale avec une famille n’est pas le message d’espoir : on ne sait pas ce qu’il en sera de leur route, en fait, la route continue.
4 – Le message d’espoir est discret et subtil.
Un peu comme la colombe qui ramène enfin un rameau d’olivier à Noé, au moment où le père s’affaiblit, ils voient un espace avec des fougères et des plantes sauvages qui ont résisté.
Alors que jamais jusqu’ici ils n’ont pas rencontré de végétaux vivants.
5 – Les « figures » du récit, j’en ai parlé un peu, à partir de la façon dont ce même récit se structure.
On remarquera la forme des dialogues homme/enfant : courtes phrases, inspir/expir de leur respiration dans la marche.
________________________________________________________
Il est un temps—court--pour tomber,
et un temps--très long--pour se relever.
.
BOB de Mado
mado- Modérateur
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Age : 70
Localisation : Aquitaine - France
Emploi : Retraitée
Date d'inscription : 10/08/2008
Re: [Livre/Roman] "La route" de Cormac McCarthy
Manu Larcenet a adapté "la route" de McCarthy en BD. https://www.dargaud.com/bd/la-route/la-route-la-route-bda5512960
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