Faire un mi-bois

Je vais vous présenter ici la technique du mi-bois avec cheville, technique bien connue des scouts et des menuisiers. Elle demande un peu d'outils mais est très pratique pour assembler deux troncs sans corde ni clous. C'est notamment utile pour bâtir un camp de base dans les bois. On peut fabriquer grâce à cette technique des tables, toilettes, cabanes, plate-formes... etc.
Ici sur les photos je fais un mi-bois en diagonale car je bâtissais des toilettes et j'ai donc fait deux "X" parallèles et verticaux reliés par deux perches horizontales afin de faire une sorte de banc. Mais on peut aussi faire un mi-bois à angle droit, selon ce que l'on cherche à construire.
Les outils nécessaires sont:
-Une scie
-Un marteau
-Un ciseau à bois
-Une tarière à bois (si chevillage)


On commence par placer ses deux morceaux de bois l'un sur l'autre et on fait des marques à la scie. On fait de même sur l'autre morceau en dessous, au couteau ou en retournant le tout (attention à ne pas se tromper d'orientation du trait de coupe sur le deuxième morceau en retournant vos perches). Faites vos marques au plus près, il vaut mieux avoir vu trop étroit que trop large car on peut rattraper l'un mais pas l'autre.


On utilise ensuite la scie pour faire deux entailles parallèles, allant jusqu'à la moitié du diamètre du morceau de bois.



Au ciseau à bois, on retire la partie entre les deux entailles. (on tape sur le cul du ciseau à bois au marteau pour ceux qui ne suivent pas   ).


Pour info on tient le ciseau avec la partie plate sur le dessus. On voit l'outil de profil sur cette photo.


Quand c'est fini ça devrait ressembler à ça.


On emboîte les deux morceaux, et on perce à la tarière. C'est parfois un peu long, il faut bien appuyer.


Ensuite le secret c'est de tailler une cheville de section carrée dans un morceau de bois vert, et de la forcer au marteau dans le trou rond fait par la tarière. Ensuite on scie ce qui dépasse de cheville, et voilà ! 

Variantes:
On peut se passer de la cheville et faire un brelage carré à la corde pour bloquer le mi-bois.

Ou faire cheville + brelage
Ou même utiliser une tige filetée métallique (dont le diamètre doit faire un millimètre de moins que celui de votre tarière).

Voilà, j'espère que cela vous sera utile  

Salut!

Merci pour ce topo!

Wanamingo a écrit:Au ciseau à bois, on retire la partie entre les deux entailles. (on tape sur le cul du ciseau à bois au marteau pour ceux qui ne suivent pas   ).

Normalement, avec un ciseau à bois correctement affûté, ça ne devrait pas être la peine de taper dessus.¹ Il devrait être tenu à plat par rapport à son plan de coupe donc, à part au début, il vaut mieux le tenir parallèle aux entailles faites à la scie et couper avec de fins copeaux (sans faire levier).
Dans les rares cas où il peut falloir taper sur le ciseau (ciseau large, bois dur), c'est une hérésie de le faire au marteau: Il faut soit taper à la main (gants!), soit utiliser un maillet!
Un maillet en bois me semblerait d’ailleurs également plus approprié pour enfoncer la cheville.

¹: Non, un ciseau à bois neuf n'est pas correctement affûté.

Bravo pour le topo et le rétex avec les photos très claires.

Seule fausse note, c'est vrai qu'on ne tape pas sur un ciseau à bois avec un marteau. Pour autant, je tempère ce que dit cyrus : dans les techniques de froissartage, on ne fait pas trop dans la dentelle. L'objectif est de faire sauter la moitié du mi-bois. Donc, on va taper sur le ciseau à bois (au maillet, d'accord, ou d'ailleurs avec une bûche de bois (bâtonnage) si on n'a pas de maillet), pour aller plus vite. Le ciseau à bois qui est dans la caisse d'outils "froissartage" est généralement un gros modèle, et peut-être n'est-il pas très bien affûté... C'est pas grave, c'est pas pour faire de la sculpture ni de l'ébénisterie fine.

Sur des mi-bois un peu plus larges que sur la photo, et à angle droit, on peut même utiliser la hachette, en bâtonnant sur l'arrière du fer, pour faire sauter plus vite toute la moitié du mi-bois. On fignolera au ciseau pour aplanir le fond du mi-bois.

Je précise que l'objectif du mi-bois est que les deux parties soient si bien ajustées qu'elles s'assemblent en frottant, c'est à dire que ça tienne presque sans la cheville ou le brelage, qui ne sont là que pour finir de tenir l'assemblage. Ca nécessite de prendre des tracés aussi précis que possible. Parce que trop large, c'est trop tard, et trop étroit, c'est super chiant à reprendre (enlever une fine tranche de bois de bout à l'intérieur d'un mi-bois... ça se fait mais c'est un peu la punition).

Barnabé a écrit:trop étroit, c'est super chiant à reprendre (enlever une fine tranche de bois de bout à l'intérieur d'un mi-bois... ça se fait mais c'est un peu la punition).

C'est là qu'un ciseau à bois bien affûté se montre précieux!

Cette technique me rappelle des souvenirs. J'en ai fait une palanquée il y a une 20aine d'année (putain... 20 ans!).
Et oui, on ne gênait pas pour taper au cul du ciseau à bois.

Semper parati !

Tant qu'on est à raconter sa vie :
On faisait des mi-bois très grossiers, bien larges, avec 0,5 à 3 cm de jeu. L'idée étant qu'il valait mieux plus (ça rentre) que pas assez (faut reprendre et c'est trop chiant). Après, un brelage avec beaucoup de ficelle, et ça tenait. Même les chefs les plus compétents en la matière faisaient ça, en tout cas dans notre groupe et dans ceux qu'on avait pu observer en action.

Et puis, un beau week-end, on a eu une formation au froissartage avec un instructeur. Et là, on a enfin compris : ah, c'est donc ça un mi-bois correctement réalisé !

Ah oui vous avez tout à fait raison pour le maillet, mais je trimballe plutôt un marteau arrache-clou c'est plus polyvalent. Ou alors le top c'est de fabriquer son maillet sur place  

D'où le couteau de camp assez long pour en user comme d'une plane, afin de faire le manche de la tarière à oeil...

Cyrus, j'suis aussi un peu accro à l'affutage, mais dans certaines conditions d'humidité et de transport peu sensible, on perd vite l'envie et le besoin d'affutage rasoir pour ses ciseaux... Perso, c'est ponceuse à bande + pierre (démorfilage) pour ceux qui en bavent, ça permet de gagner du temps...

Et puis, plutôt que de reprendre les entailles pour 5 mm, autant tailler les bords du chant de l'autre partie... Et si c'est trop court, des méplats sur les bords de chant et des coincoins feront l'affaire... Pas besoin de se casser la tête plus que ça non plus...

J'ai appris à bosser la charpente plutôt pas trop mal, mais j'ai aussi eu à faire bosser avec des sagouins et à composer avec, d'où les magouilles.

Ash a écrit:D'où le couteau de camp assez long pour en user comme d'une plane

Oui, et en même temps assez épais et solide pour qu'on ne craigne pas de l'utiliser comme levier dans du bois.

Ash a écrit:dans certaines conditions d'humidité et de transport peu sensible, on perd vite l'envie et le besoin d'affutage rasoir pour ses ciseaux

C'est vrai aussi. Il faudrait les huiler légèrement après chaque usage. Pour la protection du bout, si on perd celle en général fournie d'origine, le Sugru est pratique pour en refaire une, mais, dans l'idéal pour un usage nomade, il faudrait probablement un vrai étui (cuir, kydex, ...), comme pour un couteau.

Ash a écrit:Perso, c'est ponceuse à bande + pierre (démorfilage) pour ceux qui en bavent, ça permet de gagner du temps...

Rhô? Tu n'apprécies pas de passer de longues heures pour rattraper un ciseau qui a quelques encoches dans son tranchant?
Perso, quand affûtage à la maison, c'est touret pour enlever le gros si nécessaire (en prenant soin de ne pas chauffer trop le métal - même problème avec la ponceuse j'imagine) et affûtage réel à la meule à eau.

C'est tout à fait le même problème avec la ponceuse à bande, j'en ai vu enrouler un chiffon humide autour de la lame (pas à son extrémité bien sûr) pour le refroidir et vérifier sa température (avec l'évaporation du chiffon), mais perso, c'est quelques secondes de ponceuse et hop, dans un bac d'eau ou d'huile, suivant ce que j'ai sous la main et c'est reparti...

idem pour tous les gros trucs à rattraper, j'évite la meuleuse d'angle, trop chaud, enfin, on s'éloigne du sujet là...