Nuits d'émeutes

KrAvEn a écrit:

Résilient a écrit:

chaton-laveur a écrit:Curieux. Corrézien de départ (haute-corrèze) toutefois né à Coujoux, j'avais l'impression que ça bouchonnait pour le moins sur l'A 89.

Je n'ai pas pris l'A89 récemment, mais je pensais que les gars se rassemblaient aussi au niveau des entrées d'autoroutes. Et là, il n'y a rien.
Ils doivent s'organiser autrement.

Ils prennent les ronds points ces canaillous.
Colère des agriculteurs : le point sur les blocages ce vendredi matin en Limousin
La Corrèze subit le raide paysan et le rillant portail du midi est tombé ce matin.
Le Blitzkrieg fourragé.

Oui : ils ont pris le rond-point de Saint-Angel ce matin.

Comme certains le savent déjà ici, j'ai grandi dans une ferme et j'ai passé le BPREA (le truc, là, qu'il te faut pour devenir chef d'exploitation et t'installer). 
En formation, il y a ce formateur de la chambre d'agriculture qui est venu nous faire son petit topo pro PAC. La tête qu'il a fait quand je lui ai dit que, ok, la PAC avait révolutionné l'agriculture mais qu'il y a avait de moins en moins de paysans, du coup. "C'est bien que l'on puisse discuter", qu'il m'a répondu.
J'ai eut droit à ma petite proposition d'aide à l'installation, que je ne n'ai pas saisi (me rappelle plus combien, 40 000 euros, il me semble). Une aide que l'on pouvait utiliser comme on le voulait. On pouvait même faire construire une piscine avec, qu'ils nous ont dit. Véridique. 
J'ai un voisin qui s'est pendu ; pas à cause des difficultés liées à l'exploitation. Non. C'était un retraité dépressif, dû au fait qu'il n'avait plus d'activité et autres blems perso. 
Mes parents m'ont toujours dit "c'est le dernier des métiers !", ""un métier de merde". Textuellement. 
Aujourd'hui, l'exploitation est louée à un voisin ; le plus gros du coin. Les gros bouffent les petits. Pas moyen de vivre sur une petite exploitation + taf 7 jours sur 7, à 60 heures semaine, pour un revenus moins élevé que le RSA. 
Les primes ? Ca paie la MSA (assurance maladie), en ce qui concerne les petites exploitations. 
A l'heure de la globalisation heureuse, ce n'est pas près de changer. Quoi que, on assiste à une contraction de la globalisation. 
Ce métier tu le fais par passion, par conflit de loyauté (tu ne veux pas être celui qui va laisser tomber le métier et l'héritage pro familial), parce que tu es né dedans et que tu n'oses/peux pas faire autre chose...
Je leur souhaite bon courage et d'arrêter d'être naïfs et de croire au père Noël des subventions.

Dernière rumeur en date : les pro russes créés en masse des faux compte pro manifs agricoles. Les russes, partout, everywhere ! 
Pinaise ! Encore un coup des russes contre le Mozart de la politique agricole commune. 

Désolé de déplaire mais en regardant les infos sur le sujet, j'ai l'impression de voir le bal des hypocrites.

Les petits exploitants agricoles sont mis avant et les gros céréaliers (que je connais un peu) sont mis de coté.
Ce sont pourtant eux les premiers bénéficiaires de la PAC.
J'ai plusieurs histoires drôles à leur sujet. Ils ne sont ni ouverts ni écolos.

Le petit paysan qui entretient la nature peut crever la gueule ouverte.
Il ne sent bon qu'une fois par an au salon de l'agriculture.

Soucis :
- l'agriculteur qui traite pas ou peu aura de plus faibles rendements et donc un coût de produits plus élevé. Personne ne veut payer sa pomme de terre plus cher.
- l'éleveur qui élève en plein champ aura un coût de revient supérieur à celui qui élève en batterie. Il est impossible d'élever des cochons en plein air et d'avoir des cotes de porc à 3€ le kilo.
Faut choisir.

Les gouvernements choisissent le consommateur et pas le producteur.
L'idée fait plaisir lorsque l'on consomme mais quand on produit ?

Dire que sans la PAC il n'y aurait pas de subventions est du foutage de gueule !
La France est contributrice net au budget européen.

Un début de préférence nationale sur l'agricole ne serait pas stupide.
Je préfère faire gagner sa vie à un pécore Français plutôt qu'à un Ukrainien. C'est méchant mais c'est mon choix.

Le consommateur est également coupable; personne n'est obligé d'acheter des haricots verts du Kenya ou des cerises chiliennes.

L'absurdistan, en 20 min. Compensation écolo ; une usine de 1000 ha de batteries doit compenser en gérant une forêt de 1000 ha, par ex. Taxe tracteur neuf, taxe supplémentaire sur le gazole, nouvelle PAC (jachères, rotations des cultures).
Au final, une volonté de détruire l'agriculteur et d'en garder quelques uns pour gérer le paysage. 
Un paysan cotise, aujourd'hui pour 2 à la retraite. 
La majorité des paysans qui s'installe aujourd'hui l'est sur une petite exploitation. Because ça coute trop cher pour un salaire de misère. 

voilavoila a écrit:en regardant les infos sur le sujet, j'ai l'impression de voir le bal des hypocrites.

Mais il n'y a tout simplement pas un seul monde paysan, mais plusieurs. Plusieurs classes, en fait. On n'a pas tous le même niveau de vie et pas tous le même standing. On a même notre mafia : la SAFER ; lieu de toutes les corruptions et cooptations entre gros exploitants.

voilavoila a écrit:Les petits exploitants agricoles sont mis avant et les gros céréaliers (que je connais un peu) sont mis de coté.
Ce sont pourtant eux les premiers bénéficiaires de la PAC.

Les gros exploitants sont les barons du monde agricole. On les retrouve en politique, dans l'industrie et le commerce.
Ce n'est pas le même monde.

voilavoila a écrit:Les gouvernements choisissent le consommateur et pas le producteur.
L'idée fait plaisir lorsque l'on consomme mais quand on produit ?

L'état a choisi la globalisation, les industries, l'UE (une courroie de transmission de la globalisation)... Alors, oui, ça profite indirectement au consommateur de payer moins cher sa malbouffe, mais il paie par derrière, via ses impôts, cet argent gratuit pour les subventions. Ca permet d'avoir de la bouffe moins cher dans le caddie, mais ça engraisse surtout les intermédiaires et les industriels/hypers et les gros exploitants qui profitent le plus des primes.
Le paysan, c'est celui qui produit à bas coût et toute la société de sur consommation est basée sur les ressources à bas coût.

voilavoila a écrit:Le consommateur est également coupable; personne n'est obligé d'acheter des haricots verts du Kenya ou des cerises chiliennes.

Le consommateur va au plus pratique et facile. Il ne veut pas se compliquer la vie, alors on la lui facilite pour mieux le faire aller où on veut qu'il aille.

Résilient a écrit:
Oui : ils ont pris le rond-point de Saint-Angel ce matin.

Ça me rappelle le temps lointain de l'Épervier...

Je vais te dire, aussi, pourquoi les médias parlent surtout des petits paysans.
D'abord parce que ce sont eux qui sont à bout, en difficulté et qui manifestent.
Ensuite parce que dans l'imaginaire collectif et, surtout, les pubs, ce sont les petits paysans qui produisent, les bottes dans le fumier, des produits de "qualité", sur de belles petites fermes à l'ancienne. En réalité, l'agriculture c'est de plus en plus une industrie... très éloignée du bon sens paysan et de la nature.
Enfin, et je ne vais pas me faire que des amis, le paysan écolo c'est de plus en plus une vaste farce. Ceux que je connais ont leurs propres décharges sauvages (bombes désinfectantes, pots de peinture, laine de roche (support à tomates), sacs de ciment pourris, palettes...) et n'hésitent pas à combler les trous (l'eau qui ravine), ou les anciennes mares d'eau avec des vieilles tôles fibrociment, des films plastique, ou (vu) des vieux frigos.

J'ai oublié de parler, aussi, des fonctionnaires de l'agriculture (chambres d'agriculture, labels...). De mémoire, il y a un fonctionnaire qui travaille dans le domaine agricole pour 16 paysans.
J'ai oublié de parler des labels, aussi. En bio, parce que c'est l'exploitant qui paie son contrôle, les dits contrôles sont très, très souples. Pareil dans le label lait, par ex ; on te demande de tout noter au gramme près (poudre de lait, pour les veaux, par ex) mais, bon, tu marques ce que tu veux ; ils savent bien que c'est trop contraignant pour être appliqué sur le terrain. Et le contrôle ? Le contrôle il se passe souvent dans la cuisine, devant un petit café, sans mettre un pied sur l'exploitation. La dernière fois, on a passé notre rencontre à examiner mes vieilles pièces de monnaie (le gars était collectionneur) pour en évaluer la valeur.

(ça me rappelle tellement le monde de la ch(i)asse ... / "normal" me direz-vous c'est peu ou prou les mêmes ...).

Allez, une petite anecdote pour ceux qui pensent être accueillis à bras ouverts par les paysans.

Je discutais avec un client, agriculteur, qui me parlait de son voisin qui s'était marié avec "une femme qui n'était pas d'ici".
J'imaginais le voisin être parti se fournir à Madagascar ou aux Philippines.
Et bien, pas du tout, la femme du voisin, fille d'exploitant agricole aussi, venait du département d'à coté. A peine 40 km.

Vous les voyez toujours ouverts ?

Cette histoire vraie est à moduler par le fait que ce client était déjà un peu âgé.
Les plus jeunes sont plus ouverts.
Ils sont de moins en moins paysans et de plus en plus chefs d'entreprise.
Son entreprise devait valoir 2 gros millions d'euros. Un pov' paysan !

voilavoila a écrit:Je discutais avec un client, agriculteur, qui me parlait de son voisin qui s'était marié avec "une femme qui n'était pas d'ici".
J'imaginais le voisin être parti se fournir à Madagascar ou aux Philippines.
Et bien, pas du tout, la femme du voisin, fille d'exploitant agricole aussi, venait du département d'à coté. A peine 40 km.

On n'a pas la même conception des choses chez les ploucs. Pas d'ici ça veut dire pas née ici ; ben ouais ! Les culs terreux c'est enraciné. Des générations qu'ils vivent sur les mêmes terres et qu'ils se les transmettent.
AMHA faut pas se formaliser. Rien de xénophobe là dedans ; juste une autre conception de l'ici et du ailleurs (l'autre village).
Pareil pour le voisin. Le voisin c'est pas le mec dont la maison est collée à la tienne. Le voisin il peut être à 5m, comme à 500m ou 5 kms (valable pour les grands espaces australiens, etc).
Bah ! Sont pas plus fermés que les "civilisés" des villes. C'est une autre vie. Enfin, bon, ça c'était avant. Ca change. Hé oui ! Le plouc aussi veut prendre des vacances, s'encanaillé au cap d'Agde (mon voisin, lol !), etc.

Les miens partaient au ski.
Ils sont un peu en roue libre l'hiver.

KrAvEn a écrit: Hé oui ! Le plouc aussi veut prendre des vacances, s'encanailler au cap d'Agde (mon voisin, lol !), etc.

  Chez les nudistes  Les nudistes qui jouent au petit train parait-il

Philippe-du-75013 a écrit:

KrAvEn a écrit: Hé oui ! Le plouc aussi veut prendre des vacances, s'encanailler au cap d'Agde (mon voisin, lol !), etc.

  Chez les nudistes  Les nudistes qui jouent au petit train parait-il

Si l'on croise un nudiste avec juste des bottes en caoutchouc, on lui parle de KRaven ?

Philippe-du-75013 a écrit:Chez les nudistes  Les nudistes qui jouent au petit train parait-il

Eleveur de cochons à la retraite et échangiste, oui. Normal, monsieur tout le monde, quoi ! Les culs terreux 2.0. Il a un cabanon, là bas.
Après, le grand père était le chaud lapin du village ; avec ça il est venu à plus de 100 ans le vieux.

voilavoila a écrit:Si l'on croise un nudiste avec juste des bottes en caoutchouc, on lui parle de KRaven ?

Nan ! C'est un sans gène (sans jeu de mots). Il a fini par divorcer et piquer la femme du voisin (un autre voisin), qui n'était pas échangiste, lui.

Syndrome des gilets jaunes : l'amour est dans le près.
Quant à savoir si c'est réellement fini...

 Attal est super bon. 

A un moment j'ai cru qu'il était avec les agriculteurs contre le gouvernement. 

Allez, une autre anecdote:

Un brave paysan avait un chemin de terre eu milieu de ses terres. (on dit chemin communal ?)
Une année, il a labouré le chemin, hop un hectare de gagné, 6/7.000 € de bonus. Y a pas de petit bénéfice.
Il était membre du conseil municipal de son bled, personne ne lui a rien dit.

(...) "Allez, une autre anecdote:
Un brave paysan avait un chemin de terre eu milieu de ses terres. (on dit chemin communal ?)
Une année, il a labouré le chemin, hop un hectare de gagné, 6/7.000 € de bonus. Y a pas de petit bénéfice.
Il était membre du conseil municipal de son bled, personne ne lui a rien dit."

Euh, c'est pas une anecdote c'est une règle tacite ...

Wasicun a écrit:
Un brave paysan avait un chemin de terre eu milieu de ses terres. (on dit chemin communal ?)

Une servitude ? Un chemin de servitude ?

Admirez la mise en scène : costard cravate hors de prix et pupitre en bottes de foin.  



Admirez la tentative de corruption de la république pour étouffer le mouvement :



Le "je vous ait compris" gaullien :



Dire que les ploucs ont une armée, qu'ils pourraient faire plier la république vendue à la bourgeoisie financière et à la globalisation heureuse et qu'ils utilisent cette force quasi insurrectionnelle pour des promesses. 
Ca me tue. Même si eux n'arrivent pas à faire plier l'hyper caste, avec leur gros engins, personne ne le pourra. Y'aura plus qu'à attendre que tout s'effondre tout seul. 

Et le pire du pire, dans tout ça, c'est que l'on n'a même pas affaire à des génies du mal, en face, chez les délinquants à cols blancs. Même pas des Mozart de la manipulation et de la dissimulation ; non, des amateurs.

Krav a écrit:Dire que les ploucs ont une armée, qu'ils pourraient faire plier la république vendue à la bourgeoisie financière et à la globalisation heureuse 

Pourquoi voudraient-ils tuer un système qui les nourrit ? Ils demandent simplement (mais un peu plus fort que les autres) à être mieux payés...

Résilient a écrit:

Krav a écrit:Dire que les ploucs ont une armée, qu'ils pourraient faire plier la république vendue à la bourgeoisie financière et à la globalisation heureuse 

Pourquoi voudraient-ils tuer un système qui les nourrit ? Ils demandent simplement (mais un peu plus fort que les autres) à être mieux payés...

L'état maman qui lève ses impôts et ses taxes (notre pays est parmi les plus taxé, avec des services qui se pètent la gueule), pour les redistribuer à qui lui plait, pour acheter la paix sociale, pour rincer les copains et les assos et journalistes aux ordres. C'est sûr, ça fonctionne bien.
Par contre concernant les ploucs, ce qui est en train de se passer et de s'accélérer, c'est la destruction, pure et simple, des petites exploitations au profit des grosses, des industriels et de la globalisation qui importe à bas coût.
Les dindons de la farce : les petites exploitations. 
Au final, les subventions rendent dépendants et aliènent, tandis que l'autonomie rend libre et responsable. 

Sinon, oui, je sais ils aiment leur système, au fond et je le redis, ils vont se faire avoir et la république globaliste et européenne (pléonasme) va la leur faire à l'envers, quoi qu'il en soit.
La seule solution (celle pour les petits), celle que j'ai choisi, perso, sortir de ce bourbier.

Sincèrement, et je ne les juge pas en écrivant ça, mais quand je vois à quel point toute la production agricole (du choix des semences aux "prix de marché" en passant par la fameuse question des haies...) n'est pilotée qu'à coups de subventions depuis des décennies, et considérant quie tous les agriculteurs en exercice aujourd'hui (ainsi que leurs parents, bien souvent) n'ont connu que ce système inauguré par la PAC, on peut se demander s'il existe encore des paysans en France. 

Des entrepreneurs en agricultures, spécialistes du remplissage de dossiers de subventions, oui. Mais les vrais paysans capables de raisonner sur le thème "l'autonomie rend libre et responsable", ils sont morts depuis longtemps. 


C'est bien pour ça qu'on est copieusement dans la merde, d'ailleurs.

Jean-Louis pousse un coup de gueule ; c'est un ancien, il a tout compris, mais ce n'est plus son monde.