Les faits divers dans les JT : toujours plus

Salut,

C'est en lisant cet article http://www.leblogdesrapportshumains.fr/trop-dinfos-peuvent-nuire-a-votre-sante/
que j'ai découvert ces statistiques éloquentes établies par l'INA dans son "baromètre thématique des journaux télévisés".

De 1191 sujets en 2003 à 2062 sujets en 2012, la rubrique faits divers enregistre une augmentation quasi constante sur la période, passant en 10ans,de3,6% à 6,1% de l’offre globale d’information, soit en moyenne de 3 faits divers par jour à 5.

En 2012, ce sont surtout les atteintes aux personnes qui alimentent la rubrique avec en moyenne près de 3 sujets par jour relatant agressions, meurtres, enlèvements, viols etc, soit plus de la moitié des faits divers(1041 sujets), une part en progression de +15% par rapport à 2008

Au sein de ce flot de faits divers, rares sont les bonnes nouvelles: seuls 113 sujets sur l’ensemble relatent un événement heureux ou une issue positive, par exemple l’enlèvement puis la libération de Chloé (36 sujets).

http://www.institut-national-audiovisuel.fr/presse/pdf/906.pdf

et l'analyse qu'en fait l'auteur .

Quelles conséquences possibles pour les rapports humains ?


Extraits:

Une stimulation excessive

Pour autant, cette diffusion grandissante de messages que je considère comme anxiogènes, possède un effet pervers sur le long terme.
Celui de stimuler à outrance la fibre émotionnelle des individus p(r)ostés devant leur télé.
Ce n’est d’ailleurs pas vraiment un hasard si les faits divers impliquant des enfants ou des adolescents occupent 30% de la rubrique en question (soit quatre fois plus qu’en 2011).
Quoi de plus efficace en effet que de jouer sur la fibre parentale ? Nous sommes nombreux à avoir un enfant, un neveu, une nièce, dans notre entourage. Les projections vont alors bon train et l’impact émotionnel est garanti.
Cette sur-stimulation des émotions maintient celui qui y est exposé dans un état de stress quasi permanent.
Les études sur le stress sont légions et il est désormais reconnus que c’est l’exposition prolongée au stress qui est nuisible; pas le stress en lui-même qui est une réponse adaptée pour maintenir notre intégrité.

En 2006 déjà, le psychiatre Michel Lejoyeux (il porte bien son nom ) écrivait ceci : “L’actualité nous donne à chaque heure de nouvelles raisons de rester en situation de vigilance inquiète. [...] Certains d’entre nous font de ces peurs transmises par les médias une obsession. Ils y pensent sans cesse, ne parlent que d’elles et suivent plusieurs fois par jour les informations à leur sujet”. *
Il y en a qui se sentent visés ?

Et La distorsion de la réalité

La réalité étant avant tout une question de perception, les faits divers qui nous sont présentés voire imposés lors des JT, seront filtrés au travers de la grille de nos croyances et idées préconçues.
De fait, nous ne retiendrons “que” ce qui colle avec nos convictions; le reste étant purement zappé par notre conscience.
La valorisation de l’esprit critique est alors mis aux oubliettes.
En gros, nous ne sommes plus face à la formule de St Thomas qui dit “Je crois ce que je vois”, mais plutôt face à la formule de bibi qui vous propose “Je vois ce que je crois”.
Le résultat de cette mécanique de tri et un phénomène d’amplification du fait divers lui-même

Pour finir ce billet, je voudrais contrebalancer mes idées en affirmant qu’il ne s’agit pas non plus de faire l'autruche en ignorant ce qui se passe autour de nous...[..]Sans cet “effort” de prise de recul, la digestion risque d’être difficile.

Le poète l'avait repéré avant le scientifique  :

Jacques Higelin a écrit:Moi, j'arrose les roses au fond de mon jardin
J'lis plus les journaux, alors j'ai peur de rien

Le poète, qui n'est pas très scientifique et un peu trop engagé pour être intellectuellement neutre et objectif, rajoute également :

La télé, la radio, c'est qu'du mou d'veau pour les chiens
C'est la fin des asticots, y'a trop d'gens sur l'carreau
La faute à la crise mondiale, tout l'monde veut savoir où on va
Ça s'arrangera pas d'sitôt, va falloir montrer les crocs
Avant qu'ils nous serrent la laisse autour du garrot.

Cette seconde partie non vérifiable par des sources scientifiques n'est qu'une suite de supputations peu compatibles avec la charte du forum dont chacun fera ce qu'il voudra...
(Extrait de "Valse MF" de l'album "Coup de Foudre", Jacques Higelin 2010)
Cordialement

Fokeltok

fokeltok a écrit:LLe poète, qui n'est pas très scientifique et un peu trop engagé pour être intellectuellement neutre et objectif, rajoute également :

La télé, la radio, c'est qu'du mou d'veau pour les chiens
C'est la fin des asticots, ..............

Boris Vian ingénieur de l'Ecole centrale promotion 1942

Je m'incline, devant ton savoir et devant les deux grands personnages précédemment cités...  

Salut !

Les médias de masse n'ont jamais reflété la réalité. Ils font comme nous tous ; ils l'interprètent et, parfois, l'instrumentalisent.
Ils ne constituent pas réellement un contre pouvoir, mais un instrument élitiste - via la cooptation de leurs employés sur des critères d'adhésion à une ligne éditoriale souvent idéologisée et de formatage au sein d'écoles de journalisme peu hétérogènes - d'influence. 
La presse papier est plus que jamais subventionnée par l'état, donc par le premier pouvoir (politique) et possédée par de gros groupes puissants et influents, voir tenus par le portefeuille par leurs annonceurs qu'ils peinent à critiquer.
Plus que jamais l'info est marchandisée et les journaux sommés de faire du chiffre (audimat et tirages), notamment en créant des unes accrocheuses et ceci afin d'obtenir de leurs sponsors des fonds au proratas de leur audience.
Majoritairement ils se font le simple relais d'organismes, peu nombreux, fournisseurs de nouvelles (AFP, etc).
Idéologiquement parlant leur personnel n'est pas représentatif de la diversité politique nationale. Etc, etc.

Bref, pour ces relais publicitaires et d'influence, l'appel à la peur a toujours été efficace pour augmenter les tirages. Ainsi les thèmes sur "ces sociétés secrètes qui dirigent la France", "la fin du monde", "la grippe machin", etc, font-ils recette.

En ce qui concerne les faits divers, la presse régionale est bien plus exhaustive que la presse nationale et rend compte de tous les faits divers commis et, bien entendu, déclarés.
Par contre, toutes deux (presses nationale et régionale) tendent à travestir certains faits afin de coller à une super-morale (politiquement correct et bienpensance), à nier certaines des causes qui sont relatives à certains faits et à relativiser - via la création du terme "sentiment d'insécurité", par exemple - le constat qu'elles dressent elles-mêmes. Ainsi la novlangue chère à Orwell se met à fleurir dans la presse (crime devient fait divers, gang mafieux devient bande de jeunes, égorgement devient blessure au cou fatale, violence devient incivilité, agression raciste devient agression gratuite, etc, etc).

Quoi qu'il en soit, si les medias de masse, du fait de l'immédiate diffusion de l'info à l'échelle globale, quasiment en temps réel, donnent le sentiment que chaque jour donne naissance à son lot d'hyper-violence, il y a bien, selon les statistiques, une réalité qu'il est de plus en plus difficile de nier et que nombre de personnes vivent dans leur chaire et qui rend compte d'une augmentation de phénomènes nouveaux et inquiétants (montée des groupes mafieux, corruption aux plus hauts échelons, multiplication et impunité des gangs, laxisme judiciaire, explosion de la récidive, etc).

Bref, il y a à boire et à manger dans ce que les médias nous servent et il est parfois intéressant de s'attabler à des tables plus modestes et servant des plats moins prédigérés, des tables souvent décrites par la concurrence mainstream comme malfamées, pour avoir un autre son de cloche et un autre regard sur la question. Un livre fort décrié et mis au pilori par tout ce que les médias mainstreams comptent comme indignés professionnels, par exemple, brosse un constat assez sombre de la situation ; un livre écrit par un journaliste indiscipliné et dont le titre fait référence à un roman adapté au cinéma par feu Stanley Kubrik et qui est devenu emblématique de ce qu'est l'hyper-violence.

Salut,
(Mode humour on)Ce fil c'est du n'importe quoi!! On passe des faits divers au jeu "questions pour un champion" (Mode humour off)   

Philippe-du-75013 a écrit:

fokeltok a écrit:LLe poète, qui n'est pas très scientifique et un peu trop engagé pour être intellectuellement neutre et objectif, rajoute également :

La télé, la radio, c'est qu'du mou d'veau pour les chiens
C'est la fin des asticots, ..............

Boris Vian ingénieur de l'Ecole centrale promotion 1942

Kraveunn a écrit:Un livre fort décrié et mis au pilori par tout ce que les médias mainstreams comptent comme indignés professionnels, par exemple, brosse un constat assez sombre de la situation ; un livre écrit par un journaliste indiscipliné et dont le titre fait référence à un roman adapté au cinéma par feu Stanley Kubrik et qui est devenu emblématique de ce qu'est l'hyper-violence.

Lu,l'"ensauvagement" ce mot (entre autres..) ne pouvait que soulever un tollé (ou un ollé pour d'autres!!).

Passage auto-modéré ..
Mais bon terrain glissant,autant continuer à soupirer midi et soir devant les exactions répétées,la violence banalisée,l'impunité relative cela permet de discuter avec bobonne quand on a rien à se raconter,de s'indigner au café avec les potes et de se dire "bon pour l'instant tout va bien ,je suis passé au travers..."

C'est pas plutôt "La France orange mécanique" dont parle Kraveunn ?

Oui trop d'info tue l'info et rien que faire le tri est presque un travail en soi. Je vois pour l'économie à laquelle je m'intéresse vraiment depuis 2-3 ans au début j'étais boulimique d'info sur ce sujet puis à force de lire tout et son contraire et me retourner le cerveau en permanence j'ai fait une overdose, maintenant je me suis auto recadré sur ce que je considère comme primordiale et à la base/clef de tout, c'est à dire le pétrole.

Pour les faits divers j'y prête à peine attention, tout comme la politique politicienne, un meurtre de plus à Marseille : rien à foutre ; machin de gauche s'est indigné de la dernière déclaration de machin de droite : rien à foutre.

Catharing a écrit:l'"ensauvagement" ce mot (entre autres..) ne pouvait que soulever un tollé (ou un ollé pour d'autres!!).

Yep ! Quoi que ces autres, qui partagent son constat et désirent mettre des applications politiques sur les maux qui le concerne, en prennent aussi pour leur grade et ne constituent pas, pour l'auteur, une alternative crédible.
Mais, amha, ce n'est pas tant le terme d'ensauvagement et autres termes fleuris qui ont soulevés ce tollé ; c'est le constat que l'auteur dresse, en lui-même et le lien de cause à effet qu'il établit entre la sous-socialisation de certaines catégories de personnes et la politique angéliste et relativiste qui l'alimente, ainsi que le déni de réalité des politiques et médias qu'il met en lumière, qui a provoqué une contre réaction des élites mainstream. Le succès imprévisible du bouquin est aussi probablement en cause ; car n'ayant pu l'étouffer en ne parlant surtout pas de lui, donc en ne lui faisant pas de pub, les intellos mainstream cooptés entre eux se sont sentis obligés de le descendre en flamme.  Bon, tout n'est pas parfait dans ce livre ; il a toutefois le mérite d'offrir un peu de réelle diversité informative au sein d'un monde informationnel somme toute très consensuel.

Enfin bref, même si les médias utilisent les faits divers pour doper l'audimat, donc leurs recettes publicitaires et fournir à leurs lecteurs une explication de ces faits qui correspond à leur grille de lecture - grille de lecture qui entretien un consensus social en faveur des élites - il est un fait que les invisibles - ceux qui n'existent pas, ou qui ne sont que des statistiques et dont l'opinion n'est pas visible, car non relayée à travers les médias - apprennent de plus en plus à décoder les infos. Pas trop le choix non plus, quand l'info devient à ce point instrument d'influence. Ce sont les anciens soviets qui doivent bien rigoler, aujourd'hui, en constatant l'état d'asservissement dans lequel le quatrième pouvoir se retrouve, à l'ouest.

Edit pour faute : en constatant et non en constant. Satané correcteur automatique.

Les médias me paraissent un peut trop "brûlants" quand on les observe directement, un peu comme le soleil. J'aime bien utiliser des filtres :
-j'écoute des revues presse à la radio pour entendre ce qu'un journaliste traduit d'un autre journaliste...
-je lis des agrégateur de news sur internet, mais souvent des médias commentant d'autres médias...
-je n'ai pas la télé, j'en écoute les commentaires sur les radios et dans la presse écrite...
C'est moins violent. En sachant qui parle de qui, on a une idée assez distanciée, on croise les nuances, les subterfuges de langage des uns et des autres, les couleurs politiques, etc.
Et ça fait moins mal au cerveau que de se le prendre en direct !
C'est un peu contradictoire avec l'idée d'être "au plus proche des sources" pour avoir la vérité, mais je ne crois pas à cette "vérité" de l'information. Un journaliste traite un fait selon un angle, un point de vue, et cela devient une information. Ce n'est déjà plus un "fait" au sens ou je l'entends. Par contre j'aime bien comprendre comment mes semblables "lisent" le monde qui les entourent ou voudraient nous le faire lire, en fonction de la place qu'ils occupent. Cela m'apporte plus au quotidien.

D'où ma citation initiale...

Cordialement
Fokeltok

j'aimerai bien arriver à prendre aussi le large sur l'info . Bravo tu y es arrivé , pourtant en étant comme maintenant sur le web , on s'en prend plein la gueule quand même

En sevrage d infos depuis quelques mois : plus d'infos à la TV , plus de journal , juste la page actualités de google , je me sens bien. Bon les faits d'hivers morbides , je les ai toujours ,mais c'est pour le travail , j'y peux rien .

Par contre lire tout et son contraire , en permanence , et ceci sur tous les sujets , c'est quelque chose qui prend la tête et qui oblige à faire un tri intellectuel après. Je prends un exemple concret : le projet  d'aéroport de Nantes , même si j'ai mon idée perso sur l'avenir de cette infrastructure , on a droit à un ou deux articles tous les jours sur le pour et le contre. Les chiffres ont déjà dit 3 fois tout ce qu'on pouvait leur faire dire .

Une "technique" pour avoir de l'info plus détaillée et donc éviter l'info flash abrutisante et trop brûlante comme dit Fokeltok c'est aussi  tout simplement de privilégier des émissions longues avec débat, commentaires et longue argumentation via plusieurs intervenants.

Ca n'empêche pas la manipulation ni une certaine orientation politique suivant le média choisi mais je trouve ça toujours plus "profond" et intéressant que le mitraillage d'infos.

Perso j'écoute de temps en temps les podcast de la radio Méridien zéro (antenne francophone de radio Bandera nerra), je vous le dis tout de suite c'est très métapolitique "droite" identitaire, mais je trouve les débats et thèmes abordés souvent intéressants.

Petite info: Voici une vidéo sympa sur la frénésie médiatique autour de la fin du monde du 21 décembre 2012 et de la soi disant base extra terrestre de Bugarach. Ou comment des journalistes de cinquante pays se sont retrouvés face à un non événement. Assez sympa à voir.
http://www.rue89.com/zapnet/2013/12/20/mediapocalypse-a-bugarach-chronique-dune-fin-monde-avortee-248509

et 1 an après la démonstration de leur vacuité, ils font un sujet sur le néant...