[FICTION, Nouvelle] Désolation
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[FICTION, Nouvelle] Désolation
©copyright : texte sous copyright, copie aimablement autorisé par les Editions l'Antre Du Khaos.
1- REVEIL
- Lache moi Steiner ! Bon sang, qu'est-ce que tu pues de la gueule.
Josef « Jo » Staffel repoussa d'un geste de la main le chien qui l'avait réveillé en lui léchant le visage. Ses yeux s'ouvrirent et se refermèrent aussitôt devant la forte luminosité ambiante. Le soleil était au zénith. Il les rouvrit doucement. Le ciel était d'un bleu profond sans nuages. Sans aucune trace de passage d'un avion. De toute façon, cela faisait longtemps qu'aucun aéronef ne traversait l'espace aérien.
Les cimes des arbres vacillaient lentement au rythme d'une légère brise. Elle caressait ses joues mal rasées et lui apportait aussi l'odeur du cochon qui était mort non loin de lui. Jo tourna enfin la tête de droite à gauche doucement. Il ne ressentait aucun tiraillement dans son cou. Il aperçut son fusil sur sa gauche à portée de sa main. Ses doigts bougèrent lentement et sa main se déplaça vers la crosse de l'arme. Une douleur à l'épaule le lança et le fit grimacer. Non ce n'était rien. Sûrement une ecchymose, rien ne semblait être cassé à ce niveau-là.
Il ramena le tout contre sa poitrine et inspecta l'arme avant d'engager une cartouche dans la chambre en actionnant la pompe. À part sa tête, son corps ne le faisait pas souffrir. Il avait un puissant mal de crâne. Il décida enfin à bouger. Il se mit assis et scruta les environs. Ses souvenirs revenaient en place au fur et à mesure de ce qu'il voyait.
Le bord du ravin d'une hauteur de dix mètres d'où il avait chuté. La clairière où il se trouvait entouré de vieux chênes et bouleaux à la frondaison verdoyante. Le cochon sauvage d'au moins deux cent cinquante kilogrammes avec trois hampes cassées de pieux en bois enfoncé dans le corps qui gisait dans une mare de sang. Sa gorge avait été broyée par les puissantes mâchoires de son chien.
Justement, celui-ci allait de son maître au gibier en reniflant de temps en temps l'air. C'était un molosse ayant appartenu à la famille des rottweillers, mais les mutations dues aux divers bouleversements mondiaux avaient transformé la descendance de nombreux animaux de l'ancienne Époque. Steiner possédait donc, une dentition digne d'un requin. Son grand gabarit et sa masse de cent vingt kilos lui permettaient de stopper n'importe quels gros gibiers.
Josef se releva fusil épaulé. Un vertige le fit tomber à genoux. Sa tête lui faisait un de ces mal de chien. Il se passa la main derrière le crâne. Du sang séché adhérait à son cuir chevelu. Il sentit les bords de la blessure. Une petite estafilade.
Il avait eu de la chance, pensa Josef Ervan Staffel en revoyant la dernière scène avant le trou noir. Le cochon qu'il suivait depuis deux jours était tombé dans son piège. Les trois pieux auraient dû le stopper, mais c'était sans compter sur la résistance à la douleur et la peau épaisse de l'animal. De chasseur, il était devenu gibier lorsqu'il avait trébuché devant la bête. Il avait senti le souffle chaud de celle-ci sur la nuque. Il avait entendu Steiner aboyer. Il avait ressenti l'impact derrière sa tête et son dos. Le vol dans les airs et il avait eu le temps de se voir chuter des dix mètres dans les fourrés en contre bas.
Josef sortit de son gilet de combat une compresse et un tube de désinfectant. Il se soigna le crâne tout en tournant autour du cochon sauvage. Il réfléchissait en même temps à la meilleure découpe de l'animal.
Des hurlements au loin lui firent prendre une décision rapide. Il posa son fusil prés de lui et empoigna sa machette qui pendait de son ceinturon. Il se décida à trancher les deux pattes avant et arrière de la bête le plus rapidement possible. Cette fois-ci, il n'allait pas pouvoir retirer plus de viande avant l'arrivée probable d'une meute de clébards errants ou d'autres dangereux prédateurs.
Dès que les gigues furent tranchées. Il les ficela avec célérité par deux et les mit sur ses épaules. Il ramassa son fusil à pompe, siffla son chien qui dévorait le ventre du gros gibier. Ils s'enfoncèrent rapidement dans la forêt.
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--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [FICTION, Nouvelle] Désolation
2- le Silo
- Bouge pas Steiner, murmura Jo Staffel en flattant d'une main la tête de son compagnon.
De son poste d'observation, caché dans des buissons à l'orée de la forêt, il scrutait à l'aide de ses jumelles l'environnement immédiat de plusieurs bâtisses composées d'un grand silo à grain et de hangars. Les seules structures plus ou moins intactes d'une usine de céréales qui avaient été détruites plusieurs années auparavant.
Un groupe de corbeaux picoraient les restes d'un cadavre d'un animal mort. Josef se désintéressa rapidement de la pagaille que faisaient les volatiles. Il chercha ses marques de présence. Il repéra le premier. Un poteau électrique en béton sectionné à mi-hauteur par une explosion. Des boites de conserve avaient été disposées dans les interstices du pilier. Ceux-ci étaient reliés à des fils placés à vingt centimètres de hauteur sur un petit secteur. Toutes les boites étaient présentes. Personne n'était passé par là. La deuxième et troisième marque de présence étaient situées trois cents mètres plus loin. C'étaient deux arbres morts. Des canettes en verre vide y étaient suspendues. Elles produisaient un son étrange voir lugubre lorsque le vent soufflait. Mais, seulement trois bouteilles sur la dizaine étaient reliées à un fin fil de pêche tendu dans les environs immédiats.
Un animal, une personne ou n'importe quoi qui marchait dessus faisait chuter une des bouteilles.
Les marques de présence comme les désignait Josef Staffel, lui permettait de savoir si des intrus s'étaient approchés de son campement.
Par le passé, il avait déjà eu affaire à des bandits et autres animaux mutants.
Il n'avait vu que très peu de pillards et ils n'avaient jamais été très nombreux. Ils voyageaient souvent par groupe de deux à cinq personnes. Ils n'avaient jamais eu l'occasion d'observer une grosse troupe. Il avait détecté leur présence par la fumée de leur campement aux abords du hangar le plus proche de son silo. Josef les avait surveillés durant deux heures en se demandant si effectivement, ils appartenaient à la catégorie des pillards ou à celle des marcheurs. La limite entre les deux types d'individu était souvent mince. Lorsqu'il les avait vu sortir de leur sac des morceaux de corps humains pour les manger, Josef Ervan Staffel sut aussitôt de quels bords ils étaient. C'étaient des cannibales.
Leurs cadavres étaient maintenant crucifiés à des arbres aux alentours des ruines de l'usine de céréales. Les charognards avaient plus ou moins bien nettoyé les carcasses.
Pour l'instant, Josef Staffel savait que rien n'avait ébranlé son dispositif de détection de présence. Il se coula silencieusement en compagnie de son gros chien dans les herbes et se dirigea vers des tôles cachées derrière de la végétation.
Suspicieux, il vérifia que le piège à l'entrée composé de branches tendues et de pointes n'avait pas été activé. Il fit rentrer Steiner et après avoir inspecté une dernière fois les alentours d'un coup de jumelles, referma sur lui la plaque en fer. Il inséra alors des madriers en place et posa enfin une tige en acier pour bloquer ceux-ci. Le court tunnel dans lequel ils se trouvaient rejoignait le hangar à côté du haut silo. Il alluma sa lampe torche après avoir tourné une manivelle pendant une dizaine de secondes. La lumière blafarde lui permit de marcher tranquillement sur un sol couvert de vieilles palettes en bois.
Steiner, le rottweiller mutant, était déjà couché sur sa paillasse lorsque son maître entra dans la grande pièce qui lui servait de maison.
L'homme avait organisé sa vie dans une partie du hangar de l'usine de céréales. C'était plus précisément dans les anciens bureaux qui se trouvaient là. Il avait calfeutré chaque ouverture avec les plaques en fibrociment des toitures. Puis au fil du temps, il avait positionné dans l'entrepôt, tout autour de la zone habitable, des pièges, des tôles, des débris de bétons, d'acier, des restes de mobiliers ou de véhicules divers. Il s'était construit comme il se le disait son petit bunker. Des lucarnes étaient disséminées de-ci de-là lui offrant une vision sur l'extérieur de son antre. Il avait récupéré dans l'usine en ruine des parties du système de séchage et de ventilation qu'il avait ensuite rassemblées, montées et cachées entre son logement et la grande tour du silo, créant ainsi un tunnel dissimulé des yeux extérieurs.
Dans ledit silo, il avait fabriqué un assemblage de cordage lui permettant ainsi de grimper sur le toit et d'avoir une vue sur les alentours de l'usine. Il s'y hissait au moins une fois par jour avec son bien le plus précieux : une carabine provenant d'une des manufactures italiennes Beretta sur laquelle était montée une puissante lunette de visée. Cette arme résultait de son ancienne existence avant ce que les survivants nommaient maintenant le Black day. Le jour sombre.
La moindre fumée était le signe d'une présence humaine. Josef Staffel allait alors à leur rencontre et après avoir pris un temps d'observation pour savoir si c'était des marcheurs ou autre chose. Il se réservait ensuite le droit de marchander ou de tuer.
Josef Ervan Staffel posa les quartiers du cochon sauvage sur la table et son fusil à pompe contre un bureau qui croulait sous des piles d'anciens livres et journaux ramassés au fil des ans. Il appuya ensuite sur l'interrupteur. Une vieille ampoule nue s'illumina. L’électricité provenait de plusieurs panneaux solaires qu'il avait retirés des lampadaires cassés de la ville la plus proche. Il les avait installés à plusieurs endroits sur le toit du hangar et avait camouflé les câbles jusqu'à son abri pour charger d'archaïques batteries.
Il arrivait ainsi à avoir un peu d'électricité pour s'éclairer et pour faire fonctionner la radioémettrice posée sur un autre bureau en fer. Il actionna le bouton de celui-ci et laissa grésiller les ondes à faible volume. Il lança la fonction scan automatique. Il regarda défiler les ondes une par une pendant une trentaine de secondes puis il se dirigea vers la cuve à eau placée dans un coin de la pièce.
Il enleva son gilet d'assaut et déposa son ceinturon et le holster de son pistolet sur une chaise à côté de son unique table.
Josef Staffel ouvrit le robinet et fit couler l'eau dans un vieux saladier en verre. Il chercha ensuite un linge propre dans un placard et se lava la plaie qu'il avait derrière la tête. Le liquide était frais et sentait légèrement le chlore qu'il avait rajouté. De toute façon, l'eau de pluie qu'il récupérait dans la cuve n'était pas radioactive.
Il s'en assurait régulièrement avec son compteur Geiger. Elle l'aurait été dix ans en arrière dans certains endroits du globe. Il examina ensuite la plaie dans un miroir. Il n'aurait pas besoin de la recoudre. La blessure était superficielle par contre pour le mal de tête, il allait devoir vivre avec jusqu'à ce que celui-ci parte. Il n'avait plus d'antalgique depuis deux ans.
Il tapota la cuve du bout des doigts et regarda le niveau. Il n'avait pas plu depuis plus d'une semaine, mais il avait de quoi tenir encore un bon mois. De toute façon, il ne pensait pas faire sa lessive avec cette eau.
Josef Ervan Staffel s'empara de son couteau et entreprit de découper les deux morceaux de viande en fines tranches qu'il posa dans un sceau. Il reprit sa lampe torche et fit fonctionner la manivelle. Dés que la batterie fut chargée et que l'ampoule s'illumina, il éteignit alors celle du plafond. Il se dirigea vers le silo en passant par le tunnel qu'il avait confectionné. Il jeta un œil à Steiner. Le chien leva le museau puis reposa sa truffe entre ses pattes. Jo Staffel parcourut les vingt mètres de canalisations, courbé en deux en faisant un minimum de bruit. Il se rappela comment il en avait bavé à installer des dalles de caoutchouc découpé dans des pneus de toutes sortes. En tout cas, elles amortissaient le son de ses pas.
Au bout du tunnel, il souleva une plaque de fer qui interdisait l'entrée. La structure immense était vide. Plusieurs années auparavant, bien avant les jours sombres, des céréales y avaient été entreposées. De temps en temps, l'odeur des blés flottait encore dans l'air frais de l'endroit. Josef avait tendu de nombreux fils à hauteur d'homme. Il y accrochait les fines tranches de viande découpées dans les gibiers chassés dans les bois alentour. Le Fixeur n'y mettait que le strict nécessaire. La bidoche pouvait y rester durant une petite semaine sans craindre qu'elle pourrisse et soit immangeable.
Jo posa le seau par terre et suspendit minutieusement les morceaux de sanglier.
Il se rappela ses débuts de Fixeur quand il s'était approprié le silo et les environs après plusieurs mois à être un marcheur. Il avait trouvé dans le village fantôme situé à côté de l'usine, plusieurs kilogrammes de gros sel. Les premiers quartiers de viande avaient été salés puis laissé durant plusieurs jours le temps que celle-ci fasse son jus. Ils les avaient nettoyés avec l'eau de sa réserve puis il les avait fait sécher. Josef Ervan Staffel avait eu ainsi ses premiers jambons.
Maintenant le sel était une denrée rare et la viande se conservait beaucoup moins bien. Il avait déjà pensé à la fumée, mais ses expériences n'ont pas été concluantes. Josef Ervan Staffel ne chassait alors que le strict nécessaire et surtout ne gaspillait pas la nourriture. Surtout la viande.
Il regarda sa montre. Vingt heures. Le soleil allait se coucher dans une heure. Il grimpa alors la grande échelle qui menait en haut du silo après avoir mis en bandoulière sa carabine de sniper. Un des seuls liens avec son travail avant les jours sombres du Black day.
L'astre du jour accueillit Josef Staffel. Les rayons de l'été étaient encore chauds. Le Fixeur se hissa vers la cache qu'il s'était aménagée. La structure était plate au sommet. Josef Staffel avait démonté l'échelle extérieure empêchant ainsi toute intrusion externe. Il se cala contre le bord du parapet. Il sortit des jumelles d'un sac plastique. C'était une vieille paire qui avait appartenu à un pillard qui s'était trop rapproché du silo. Jo inspecta les environs. De sa hauteur, il avait une vue sur des anciens champs en friche depuis le grand Désordre. Les arbres et les broussailles avaient repris du terrain sur la plupart des pâturages et des prés. Dans une centaine d'années, si tout évoluait comme maintenant, il y aurait de nouveau une immense forêt avec sa faune sauvage.
Il inspecta ensuite le village voisin. Il était en majorité en ruine et plus personne n'y habitait depuis les jours sombres. Il se trouvait à trois kilomètres de sa position. Un canal et un cours d'eau traversaient le bourg. Il ne connaissait pas le nom de celui-ci et c'est pour cela qu'il l'avait tout bonnement appelé « le Village ». Il s'attarda sur les restes d'une maison en particulier placée non loin d'un pont puis continua son inspection. Sur sa droite, en direction de l'ouest, il distinguait par temps clair, l'Autoroute.
Plus aucun véhicule ne roulait depuis longtemps. La pénurie de carburant sans doute. Les guerres dans les pays pétrolifères sûrement.
- Bouge pas Steiner, murmura Jo Staffel en flattant d'une main la tête de son compagnon.
De son poste d'observation, caché dans des buissons à l'orée de la forêt, il scrutait à l'aide de ses jumelles l'environnement immédiat de plusieurs bâtisses composées d'un grand silo à grain et de hangars. Les seules structures plus ou moins intactes d'une usine de céréales qui avaient été détruites plusieurs années auparavant.
Un groupe de corbeaux picoraient les restes d'un cadavre d'un animal mort. Josef se désintéressa rapidement de la pagaille que faisaient les volatiles. Il chercha ses marques de présence. Il repéra le premier. Un poteau électrique en béton sectionné à mi-hauteur par une explosion. Des boites de conserve avaient été disposées dans les interstices du pilier. Ceux-ci étaient reliés à des fils placés à vingt centimètres de hauteur sur un petit secteur. Toutes les boites étaient présentes. Personne n'était passé par là. La deuxième et troisième marque de présence étaient situées trois cents mètres plus loin. C'étaient deux arbres morts. Des canettes en verre vide y étaient suspendues. Elles produisaient un son étrange voir lugubre lorsque le vent soufflait. Mais, seulement trois bouteilles sur la dizaine étaient reliées à un fin fil de pêche tendu dans les environs immédiats.
Un animal, une personne ou n'importe quoi qui marchait dessus faisait chuter une des bouteilles.
Les marques de présence comme les désignait Josef Staffel, lui permettait de savoir si des intrus s'étaient approchés de son campement.
Par le passé, il avait déjà eu affaire à des bandits et autres animaux mutants.
Il n'avait vu que très peu de pillards et ils n'avaient jamais été très nombreux. Ils voyageaient souvent par groupe de deux à cinq personnes. Ils n'avaient jamais eu l'occasion d'observer une grosse troupe. Il avait détecté leur présence par la fumée de leur campement aux abords du hangar le plus proche de son silo. Josef les avait surveillés durant deux heures en se demandant si effectivement, ils appartenaient à la catégorie des pillards ou à celle des marcheurs. La limite entre les deux types d'individu était souvent mince. Lorsqu'il les avait vu sortir de leur sac des morceaux de corps humains pour les manger, Josef Ervan Staffel sut aussitôt de quels bords ils étaient. C'étaient des cannibales.
Leurs cadavres étaient maintenant crucifiés à des arbres aux alentours des ruines de l'usine de céréales. Les charognards avaient plus ou moins bien nettoyé les carcasses.
Pour l'instant, Josef Staffel savait que rien n'avait ébranlé son dispositif de détection de présence. Il se coula silencieusement en compagnie de son gros chien dans les herbes et se dirigea vers des tôles cachées derrière de la végétation.
Suspicieux, il vérifia que le piège à l'entrée composé de branches tendues et de pointes n'avait pas été activé. Il fit rentrer Steiner et après avoir inspecté une dernière fois les alentours d'un coup de jumelles, referma sur lui la plaque en fer. Il inséra alors des madriers en place et posa enfin une tige en acier pour bloquer ceux-ci. Le court tunnel dans lequel ils se trouvaient rejoignait le hangar à côté du haut silo. Il alluma sa lampe torche après avoir tourné une manivelle pendant une dizaine de secondes. La lumière blafarde lui permit de marcher tranquillement sur un sol couvert de vieilles palettes en bois.
Steiner, le rottweiller mutant, était déjà couché sur sa paillasse lorsque son maître entra dans la grande pièce qui lui servait de maison.
L'homme avait organisé sa vie dans une partie du hangar de l'usine de céréales. C'était plus précisément dans les anciens bureaux qui se trouvaient là. Il avait calfeutré chaque ouverture avec les plaques en fibrociment des toitures. Puis au fil du temps, il avait positionné dans l'entrepôt, tout autour de la zone habitable, des pièges, des tôles, des débris de bétons, d'acier, des restes de mobiliers ou de véhicules divers. Il s'était construit comme il se le disait son petit bunker. Des lucarnes étaient disséminées de-ci de-là lui offrant une vision sur l'extérieur de son antre. Il avait récupéré dans l'usine en ruine des parties du système de séchage et de ventilation qu'il avait ensuite rassemblées, montées et cachées entre son logement et la grande tour du silo, créant ainsi un tunnel dissimulé des yeux extérieurs.
Dans ledit silo, il avait fabriqué un assemblage de cordage lui permettant ainsi de grimper sur le toit et d'avoir une vue sur les alentours de l'usine. Il s'y hissait au moins une fois par jour avec son bien le plus précieux : une carabine provenant d'une des manufactures italiennes Beretta sur laquelle était montée une puissante lunette de visée. Cette arme résultait de son ancienne existence avant ce que les survivants nommaient maintenant le Black day. Le jour sombre.
La moindre fumée était le signe d'une présence humaine. Josef Staffel allait alors à leur rencontre et après avoir pris un temps d'observation pour savoir si c'était des marcheurs ou autre chose. Il se réservait ensuite le droit de marchander ou de tuer.
Josef Ervan Staffel posa les quartiers du cochon sauvage sur la table et son fusil à pompe contre un bureau qui croulait sous des piles d'anciens livres et journaux ramassés au fil des ans. Il appuya ensuite sur l'interrupteur. Une vieille ampoule nue s'illumina. L’électricité provenait de plusieurs panneaux solaires qu'il avait retirés des lampadaires cassés de la ville la plus proche. Il les avait installés à plusieurs endroits sur le toit du hangar et avait camouflé les câbles jusqu'à son abri pour charger d'archaïques batteries.
Il arrivait ainsi à avoir un peu d'électricité pour s'éclairer et pour faire fonctionner la radioémettrice posée sur un autre bureau en fer. Il actionna le bouton de celui-ci et laissa grésiller les ondes à faible volume. Il lança la fonction scan automatique. Il regarda défiler les ondes une par une pendant une trentaine de secondes puis il se dirigea vers la cuve à eau placée dans un coin de la pièce.
Il enleva son gilet d'assaut et déposa son ceinturon et le holster de son pistolet sur une chaise à côté de son unique table.
Josef Staffel ouvrit le robinet et fit couler l'eau dans un vieux saladier en verre. Il chercha ensuite un linge propre dans un placard et se lava la plaie qu'il avait derrière la tête. Le liquide était frais et sentait légèrement le chlore qu'il avait rajouté. De toute façon, l'eau de pluie qu'il récupérait dans la cuve n'était pas radioactive.
Il s'en assurait régulièrement avec son compteur Geiger. Elle l'aurait été dix ans en arrière dans certains endroits du globe. Il examina ensuite la plaie dans un miroir. Il n'aurait pas besoin de la recoudre. La blessure était superficielle par contre pour le mal de tête, il allait devoir vivre avec jusqu'à ce que celui-ci parte. Il n'avait plus d'antalgique depuis deux ans.
Il tapota la cuve du bout des doigts et regarda le niveau. Il n'avait pas plu depuis plus d'une semaine, mais il avait de quoi tenir encore un bon mois. De toute façon, il ne pensait pas faire sa lessive avec cette eau.
Josef Ervan Staffel s'empara de son couteau et entreprit de découper les deux morceaux de viande en fines tranches qu'il posa dans un sceau. Il reprit sa lampe torche et fit fonctionner la manivelle. Dés que la batterie fut chargée et que l'ampoule s'illumina, il éteignit alors celle du plafond. Il se dirigea vers le silo en passant par le tunnel qu'il avait confectionné. Il jeta un œil à Steiner. Le chien leva le museau puis reposa sa truffe entre ses pattes. Jo Staffel parcourut les vingt mètres de canalisations, courbé en deux en faisant un minimum de bruit. Il se rappela comment il en avait bavé à installer des dalles de caoutchouc découpé dans des pneus de toutes sortes. En tout cas, elles amortissaient le son de ses pas.
Au bout du tunnel, il souleva une plaque de fer qui interdisait l'entrée. La structure immense était vide. Plusieurs années auparavant, bien avant les jours sombres, des céréales y avaient été entreposées. De temps en temps, l'odeur des blés flottait encore dans l'air frais de l'endroit. Josef avait tendu de nombreux fils à hauteur d'homme. Il y accrochait les fines tranches de viande découpées dans les gibiers chassés dans les bois alentour. Le Fixeur n'y mettait que le strict nécessaire. La bidoche pouvait y rester durant une petite semaine sans craindre qu'elle pourrisse et soit immangeable.
Jo posa le seau par terre et suspendit minutieusement les morceaux de sanglier.
Il se rappela ses débuts de Fixeur quand il s'était approprié le silo et les environs après plusieurs mois à être un marcheur. Il avait trouvé dans le village fantôme situé à côté de l'usine, plusieurs kilogrammes de gros sel. Les premiers quartiers de viande avaient été salés puis laissé durant plusieurs jours le temps que celle-ci fasse son jus. Ils les avaient nettoyés avec l'eau de sa réserve puis il les avait fait sécher. Josef Ervan Staffel avait eu ainsi ses premiers jambons.
Maintenant le sel était une denrée rare et la viande se conservait beaucoup moins bien. Il avait déjà pensé à la fumée, mais ses expériences n'ont pas été concluantes. Josef Ervan Staffel ne chassait alors que le strict nécessaire et surtout ne gaspillait pas la nourriture. Surtout la viande.
Il regarda sa montre. Vingt heures. Le soleil allait se coucher dans une heure. Il grimpa alors la grande échelle qui menait en haut du silo après avoir mis en bandoulière sa carabine de sniper. Un des seuls liens avec son travail avant les jours sombres du Black day.
L'astre du jour accueillit Josef Staffel. Les rayons de l'été étaient encore chauds. Le Fixeur se hissa vers la cache qu'il s'était aménagée. La structure était plate au sommet. Josef Staffel avait démonté l'échelle extérieure empêchant ainsi toute intrusion externe. Il se cala contre le bord du parapet. Il sortit des jumelles d'un sac plastique. C'était une vieille paire qui avait appartenu à un pillard qui s'était trop rapproché du silo. Jo inspecta les environs. De sa hauteur, il avait une vue sur des anciens champs en friche depuis le grand Désordre. Les arbres et les broussailles avaient repris du terrain sur la plupart des pâturages et des prés. Dans une centaine d'années, si tout évoluait comme maintenant, il y aurait de nouveau une immense forêt avec sa faune sauvage.
Il inspecta ensuite le village voisin. Il était en majorité en ruine et plus personne n'y habitait depuis les jours sombres. Il se trouvait à trois kilomètres de sa position. Un canal et un cours d'eau traversaient le bourg. Il ne connaissait pas le nom de celui-ci et c'est pour cela qu'il l'avait tout bonnement appelé « le Village ». Il s'attarda sur les restes d'une maison en particulier placée non loin d'un pont puis continua son inspection. Sur sa droite, en direction de l'ouest, il distinguait par temps clair, l'Autoroute.
Plus aucun véhicule ne roulait depuis longtemps. La pénurie de carburant sans doute. Les guerres dans les pays pétrolifères sûrement.
Dernière édition par lyam dickinson le Sam 11 Jan 2014 - 11:30, édité 1 fois
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Re: [FICTION, Nouvelle] Désolation
3- LE PLAN
L'immense désordre du Black Day avait modifié considérablement la terre en de nombreux points. Il ne les connaissaient pas tous, mais il savait que les pays européens avaient tellement souffert que la population avait été divisée par mille voir par cent mille.
Comment tout cela était arrivé ?
Josef Ervan Staffel en maitrisait les grandes lignes.
Il avait fait partie du Plan initial.
Il avait été un des éléments de ce Plan. Un des pions qui aurait dû mourir comme bien d'autre.
Son pays avait décidé d'éradiquer les violences de gangs, la montée perverse de la délinquance, des délits et autres crimes.
Le Plan avait été simple. Des véhicules contenant une bombe électromagnétique avaient été placés dans toutes les grandes agglomérations. À l'heure H, elles saturèrent les villes d'ondes qui grillèrent tous les systèmes électroniques et électriques aux alentours.
La population alertée par l'armée fut évacuée des zones urbaines vers des camps montés à plusieurs dizaines de kilomètres de distance dans les campagnes.
Des gaz somnifères embarqués dans des bonbonnes cachés dans d'autres camionnettes furent diffusés pour expulser les récalcitrants sans heurts.
Tous ses éléments devaient faire croire au citoyen lambda qu'il était la proie d'attentats terroristes. Par la suite, les militaires devaient promptement nettoyer les cités des gangs de malfrats.
C'est là que ça a coincé.
Dès les premiers accrochages, certains gangs très bien armés contrèrent les soldats et tinrent bon dans des batailles urbaines sanglantes qui durèrent plusieurs jours alors que l'opération ne devait se poursuivre pas plus de vingt-quatre heures.
La population parquée dans les camps se révolta assez rapidement contre leur maintien dans ceux-ci. Des fusillades provoquèrent de nombreux morts.
Le Gouvernement fut vite débordé par les événements. Les organisateurs du Plan apprirent qu'en fait, ils appartenaient à un complot encore plus grand, où ils n'avaient été que des pions supplémentaires. Au lieu des deux cent cinquante bombes IEM, mille cinq cent quatre-vingts explosions furent déclarées sur tout le territoire national et dans des endroits non prévus. Les pays frontaliers furent impactés par les impulsions électromagnétiques.
Des réfugiés arrivèrent en masse aux différentes frontières pensant trouver de l'aide. Ils y furent stoppés par les autres nations. Les pillages commencèrent partout.
Les centrales nucléaires furent laissées à l'abandon et des accidents survinrent rapidement. Les grands laboratoires où les souches de virus meurtrier étaient présentes perdirent peu à peu leur défense contre l'extérieur; immanquablement des maladies se propagèrent. Elles emportèrent autant de morts que les meurtres et les violences.
Certaines villes ou quartiers se barricadèrent en forteresse.
L'armée fut impuissante pour endiguer tous ces fléaux en même temps. Des ordres furent donnés trop tard et il n'y eut plus que le Chaos.
Et ça, ce n'était qu'en France. Le Moyen-Orient s'enflamma pour des causes allant de la possession des terres saintes et surtout pour le pétrole qui devenait une denrée rare à travers le globe. Les premiers missiles atomiques furent lancés. L'escalade s'engagea dans le monde. La Terre s'embrasa sous des nuages nocifs d'agents chimiques, bactériologiques ou nucléaires.
Personne ne sut vraiment qui avait ourdi cet infâme complot.
Jo y était presque parvenu avant l'effondrement total.
Ses ordres avaient été d'éliminer le groupe terroriste qui avait fomenté les attentats. Celui-ci s'avéra être en fait une deuxième unité d'opérations spéciales qui avait été elle aussi utilisée par les immondes comploteurs.
Avec sa section, il avait poursuivi l'autre chef d'unité accompagné d'un couple de civil jusqu'à la fin du monde. Le duo lui dévoila la vérité en lui montrant qu'il avait obéi à un ordre donné par un des organisateurs du complot.
Il comprit alors que l'abjecte manipulation l'avait fait tuer un de ces amis et frères d'armes.
Suite à ça, il avait marché à travers la désolation qu'était devenue la France et l'Europe. Des restes de l'Humanité tentaient de se relever. Il rencontra d'autres Marcheurs, des Fixeurs, des groupes qui essayaient de reprendre vie à travers les ruines, des pillards et des cannibales.
Il avait longtemps marché jusqu'à ce qu'il tombe sur le silo et qu'il y fixe sa propre demeure.
L'immense désordre du Black Day avait modifié considérablement la terre en de nombreux points. Il ne les connaissaient pas tous, mais il savait que les pays européens avaient tellement souffert que la population avait été divisée par mille voir par cent mille.
Comment tout cela était arrivé ?
Josef Ervan Staffel en maitrisait les grandes lignes.
Il avait fait partie du Plan initial.
Il avait été un des éléments de ce Plan. Un des pions qui aurait dû mourir comme bien d'autre.
Son pays avait décidé d'éradiquer les violences de gangs, la montée perverse de la délinquance, des délits et autres crimes.
Le Plan avait été simple. Des véhicules contenant une bombe électromagnétique avaient été placés dans toutes les grandes agglomérations. À l'heure H, elles saturèrent les villes d'ondes qui grillèrent tous les systèmes électroniques et électriques aux alentours.
La population alertée par l'armée fut évacuée des zones urbaines vers des camps montés à plusieurs dizaines de kilomètres de distance dans les campagnes.
Des gaz somnifères embarqués dans des bonbonnes cachés dans d'autres camionnettes furent diffusés pour expulser les récalcitrants sans heurts.
Tous ses éléments devaient faire croire au citoyen lambda qu'il était la proie d'attentats terroristes. Par la suite, les militaires devaient promptement nettoyer les cités des gangs de malfrats.
C'est là que ça a coincé.
Dès les premiers accrochages, certains gangs très bien armés contrèrent les soldats et tinrent bon dans des batailles urbaines sanglantes qui durèrent plusieurs jours alors que l'opération ne devait se poursuivre pas plus de vingt-quatre heures.
La population parquée dans les camps se révolta assez rapidement contre leur maintien dans ceux-ci. Des fusillades provoquèrent de nombreux morts.
Le Gouvernement fut vite débordé par les événements. Les organisateurs du Plan apprirent qu'en fait, ils appartenaient à un complot encore plus grand, où ils n'avaient été que des pions supplémentaires. Au lieu des deux cent cinquante bombes IEM, mille cinq cent quatre-vingts explosions furent déclarées sur tout le territoire national et dans des endroits non prévus. Les pays frontaliers furent impactés par les impulsions électromagnétiques.
Des réfugiés arrivèrent en masse aux différentes frontières pensant trouver de l'aide. Ils y furent stoppés par les autres nations. Les pillages commencèrent partout.
Les centrales nucléaires furent laissées à l'abandon et des accidents survinrent rapidement. Les grands laboratoires où les souches de virus meurtrier étaient présentes perdirent peu à peu leur défense contre l'extérieur; immanquablement des maladies se propagèrent. Elles emportèrent autant de morts que les meurtres et les violences.
Certaines villes ou quartiers se barricadèrent en forteresse.
L'armée fut impuissante pour endiguer tous ces fléaux en même temps. Des ordres furent donnés trop tard et il n'y eut plus que le Chaos.
Et ça, ce n'était qu'en France. Le Moyen-Orient s'enflamma pour des causes allant de la possession des terres saintes et surtout pour le pétrole qui devenait une denrée rare à travers le globe. Les premiers missiles atomiques furent lancés. L'escalade s'engagea dans le monde. La Terre s'embrasa sous des nuages nocifs d'agents chimiques, bactériologiques ou nucléaires.
Personne ne sut vraiment qui avait ourdi cet infâme complot.
Jo y était presque parvenu avant l'effondrement total.
Ses ordres avaient été d'éliminer le groupe terroriste qui avait fomenté les attentats. Celui-ci s'avéra être en fait une deuxième unité d'opérations spéciales qui avait été elle aussi utilisée par les immondes comploteurs.
Avec sa section, il avait poursuivi l'autre chef d'unité accompagné d'un couple de civil jusqu'à la fin du monde. Le duo lui dévoila la vérité en lui montrant qu'il avait obéi à un ordre donné par un des organisateurs du complot.
Il comprit alors que l'abjecte manipulation l'avait fait tuer un de ces amis et frères d'armes.
Suite à ça, il avait marché à travers la désolation qu'était devenue la France et l'Europe. Des restes de l'Humanité tentaient de se relever. Il rencontra d'autres Marcheurs, des Fixeurs, des groupes qui essayaient de reprendre vie à travers les ruines, des pillards et des cannibales.
Il avait longtemps marché jusqu'à ce qu'il tombe sur le silo et qu'il y fixe sa propre demeure.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [FICTION, Nouvelle] Désolation
4- RENCONTRE
La rue était calme. Silencieuse.
Jo Staffel avança doucement le long d'une haie. Le bitume de la route était à moitié recouvert par la terre et la végétation. La nature reprenait ses droits sur le monde transformé par l'humanité. Steiner était deux mètres devant lui. Il marchait silencieusement. Ses oreilles se dressaient aux moindres bruits. Les deux amis entrèrent sous le porche d'une maison abandonnée.
Josef Staffel caressa son chien qui s'allongea. Il posa son fusil à pompe à portée de main et prit ses jumelles pour scruter les environs.
La Ville se situait à une quinzaine de kilomètres du silo. Tous les habitants avaient évacué les lieux lors de la nuit du bug. Certains étaient revenus et avaient tenté de rester en s'appropriant les biens des autres. Ils avaient fui devant la guerre, les pillards et les maladies. Maintenant, c'était une agglomération morte comme de nombreuses à travers le pays et le reste du monde.
Un renard s'arrêta au milieu d'un carrefour, les oreilles dressées. Il n'était pas maigre, remarqua Jo Staffel. La faune avait vraisemblablement proliféré avec l'absence humaine. Plus de chasseurs pour la réguler, plus de pesticides ou d'agriculture intensive qui détruisait grand et petit gibier. Et ça, depuis de très nombreuses années. Les attaques chimiques, bactériologiques ou nucléaires avaient nettoyé d'immenses zones de sa faune et sa flore. La nature ne baissait pas facilement les bras et elle avait reconquis de nouveau ses territoires.
Le renard quitta le carrefour en trottinant à la recherche d'une proie. Josef Staffel sortit son carnet d'une des poches de son gilet de combat. Il déplia la carte de la ville et lut en même temps les dernières annotations. Il l'avait trouvé trois ans plutôt et il y noté toutes les maisons visitées, les postes pour des embuscades ou les pièges qu'il laissait pour le gibier ou les pillards.
– Bon mon vieux Steiner, qu'allons-nous dénicher d'intéressant dans ce quartier ?
Le gros chien leva son museau en direction de son maître puis resta aux aguets en scrutant la rue.
Jo s'approcha des débris de la porte d'entrée. Le vent avait apporté de nombreuses feuilles, mousses et autres sur le pas-de-porte. Personne n'était entré ici depuis longtemps.
La demeure était un pavillon de plain-pied. Une partie du toit s'était effondrée. L'exploration allait être rapide. La cuisine et le salon étaient sous les décombres. De vieux posters jaunis d'un groupe de hard rock étaient punaisés contre le mur d'une des chambres. Il y trouva quelques livres qu'il emporta dans son sac. Dans la deuxième, dans une armoire, il découvrit une ceinture cartouchière vide.
Pas intéressant, jugea Jo en reprenant sa quête.
Le sol était encore recouvert de vêtements et de papiers. Tous les tiroirs avaient été jetés à terre. L'oeuvre de pillards durant les années de catastrophe. Il dénicha tout de même des bidons de produits de nettoyage et des boites en plastiquent.
Ça, c'était intéressant. Les objets furent déposés dans son sac. Il ne découvrit aucune denrée et quitta la maison. Elle se situait dans une grande zone pavillonnaire en nord-ouest de la ville. Jo Staffel l'avait rejointe par les chemins parallèles à la route nationale. Il mettait moins de deux heures en trottinant avec son chien et en tractant une petite remorque à main.
Il la cachait derrière une haie sous des branchages puis il la remplissait de ce qu'il trouvait.
Durant la matinée, il fouilla plusieurs maisons. Il empila dans la remorque deux pulls en bon état, les boites en plastiques, quelques livres, cinq bouteilles de vin, une trousse à outils, des ampoules, une grosse chaîne et quelques couteaux de cuisine. Sa plus belle trouvaille fut un vélo tout terrain laissé à l'abandon dans un garage. Certes, des pointes de rouilles le couvraient de-ci de-là, mais sur place, il avait déniché des petits bidons de graisses et d'huiles. Il allait pouvoir lui rendre son état fonctionnel dés son retour.
Tout fut empilé minutieusement dans la remorque. Lorsque ce fut fait, il mangea la viande qu'il avait cuite avant de partir et en donna à Steiner. Quelques carottes cultivées dans un potager caché dans le bois proche du silo complétèrent son maigre repas. Il dinerait mieux chez lui. Il trouvait de moins en moins de conserves lors de ses sorties. Elles lui avaient permis d'améliorer son quotidien durant un long moment et surtout le temps que son jardin lui fournisse ses premières récoltes.
Le soleil haut dans le ciel réchauffait l’atmosphère. Jo se laissa couler contre sa remorque et profita de cet instant pour se reposer.
Ses pensées vagabondèrent sur son ancienne vie, sur le monde avant les années sombres, avant la fin de la civilisation qu'il avait connue.
Ce fut Steiner, son molosse qui le sortit de sa rêverie. En ouvrant les yeux, il découvrit son chien planté sur ses pattes en train de grogner, les oreilles dressées, les babines retroussées ainsi que le poil hérissé. Josef Staffel s'empara de son fusil et enleva la sûreté. Il se leva doucement sans un son et écouta.
Steiner regarda son maître et s'approcha de lui. L'homme lui flatta la tête et lui fit signe de la main de ne pas bouger. Il entendit un raclement puis un bruit de course.
Ce n'était pas un gibier.
Steiner était dressé et ne faisait plus de bruit.
Là, c'était autre chose, pensa Jo en épaulant son fusil prêt à ouvrir le feu sur une potentielle menace. Au son, c'était un être humain en train de courir. Le bruit recommença de plus belle puis s’arrêta de nouveau.
Oui, un humain qui va d'un couvert à un autre.
Josef se redressa doucement. Ses instincts et réflexes militaires reprirent les rênes de son existence. Il jeta un œil au coin du mur. La végétation était dense de ce côté là, mais il pouvait voir la rue dans son ensemble. Un homme en tenue de combat tenait dans une main une longue machette et dans l'autre un pistolet. Il tituba et s'affala sur le flanc en poussant un gémissement. Le Fixeur s’aperçut que l'individu était blessé au ventre et semblait effrayer.
Qui pouvait-il être ? Un pillard ?
Non, peut être pas. Son uniforme portait des symboles qu'il ne connaissait pas. Un militaire, alors ? Ou bien un Marcheur. Il en avait rencontré bien avant. Lui-même avait fait partie des Marcheurs jusqu'à ce qu'il découvre le silo et s'y établisse.
L'homme se releva difficilement en s'aidant de sa machette et se retourna. Son regard était fiévreux, terrifié, nota Jo.
Qu'est-ce qui pouvait autant terrifier ce militaire.
Un cri inhumain déchira le silence. Les poils de Steiner se hérissèrent et il remontra les crocs. Jo eut du mal à le retenir par son collier de chaîne.
– Bouge pas, mon gars, lui murmura-t-il à l'oreille. Ça, ce n’est pas normal.
Le hurlement retentit de nouveau.
L'homme s’arrêta sur place au milieu de la chaussée puis tourna sur lui même en scrutant les alentours. Se tenant l'abdomen de la main qui empoignait le pistolet, il claudiqua vers l'un des pavillons du quartier résidentiel.
– Et merde, jura Josef Staffel en reculant sous le porche où il se trouvait.
Le militaire marcha à moins de cinq mètres de lui et pénétra dans la maison par le garage ouvert. Jo s'engouffra par la porte d'entrée. Il entendit l'individu fouillait les décombres et autres débris. Le Fixeur épaula son fusil. Son chien resta sur ses talons. Ils passèrent par une cuisine dont tout ce qui se trouvait auparavant dans les meubles était éparpillé sur le sol. Les fenêtres étaient brisées. Des ronces avaient envahi une partie des lieux. La porte qui devait donner sur le garage s'ouvrit brusquement. Jo redressa le canon de son arme et mit en joue l'homme.
Il devait avoir une trentaine d'années. Sa barbe ne devait pas avoir plus de trois jours et il semblait bien nourri, nota Jo. Son uniforme
– Ne bouge pas, souffla-t-il. Tu n'es pas en position de faire quoi que ce soit.
La bouche du canon pointait sur son visage, le militaire ne fit pas mine de lever son arme.
– Ce n'est pas de moi que vous devriez avoir peur, répondit-il la douleur crispant chacun de ses mots. La chose qui me poursuit sera là d'un moment à l'autre.
– Je ne compte pas te tuer. J'ai bien entendu le hurlement. Deux questions : C'est quoi et t'es qui ?
– l'invention génétique d'un professeur qui les a appelés les golems. Je suis un membre de la Nouvelle Lutèce, répliqua-t-il en désignant l'écusson qu'il arborait sur son bras.
Celui-ci représentait la tour Eiffel croisée avec deux épées.
– Mouais, maugréa Josef Staffel en reculant .
– La Nouvelle Lutèce est située dans le centre de l'ancien Paris au milieu de la Seine. Nous sommes nombreux et nous acceptons toujours les nouvelles têtes.
L'homme grimaça. La douleur au ventre le plia en deux. Le sang coulait le long de ses jambes jusqu'au sol.
– Mauvaise blessure, jaugea Staffel d'un coup d'oeil. Je connais un Fixeur qui pourra peut-être te soigner, mais c'est à une vingtaine de kilomètres.
– On n'y arrivera jamais. Le Golem qui est à mes trousses sera bientôt là. Il veut ma peau et ne la lâchera pas de si tôt.
– C'est quoi exactement, questionna Jo en abaissant légèrement son arme.
Le hurlement retentit de nouveau.
Cette fois, il était proche, trop proche, jugea Jo en sentant son corps prêt pour l'action.
– Une expérience biogénétique.
La porte d'entrée vola en éclat. Un nuage de débris s'éleva dans le couloir.
Le soldat et Jo levèrent leur flingue dans la direction du nouveau venu.
– Fuyez tant qu'il en est encore temps, cria le militaire.
Une grande forme humanoïde se trouvait sur le palier. La poussière empêchait de le voir clairement. Elle sembla se ramasser sur elle-même, poussa un cri effroyable et bondit en avant. Les deux hommes ne se concertèrent pas. Ils firent pleuvoir une grêle de plombs. Ce fut sûrement les balles à ailettes du fusil de Jo qui stoppa net l'intrus que celles de neuf millimètres du bidasse. Josef Staffef rechargea son arme rapidement avec des gestes précis et sûrs acquis au cours de ses nombreuses années au sein de son unité spéciale.
La poussière retombait doucement. La chose avait quelque chose d'humain. Son corps semblait avoir été gonflé aux anabolisants. Les muscles saillants et énormes étaient protégés par une matière fibreuse tressée dont la couleur ressemblait à de l'acier. Le visage était en partie caché par un masque qui ne laissait voir qu'une bouche sans lèvre avec une dentition acérée en métal. Des tubes blindés sortaient de sa gorge et de son organisme pour se rejoindre dans une sorte de sac à dos riveté à même la peau. Le plus incroyable était les membres de l'être. Les bras étaient coupés au niveau du coude. À la place se trouvaient des pinces longues et tranchantes. Des symboles étaient gravés ou dessinés sur le masque. Des ouvertures semblables à des objectifs d'appareils photographiques remplaçaient les yeux. L'un d'eux avait été détruit par un des projectiles tirés.
– Qu'est ce que c'est que cette merde ? Maugréa Josef Staffel.
– Dans la Nouvelle Lutece, on appelle cela un golem. Une créature sortie du laboratoire d'un fou ou d'un centre d'expérience militaire avant la grande catastrophe. On ne sait pas d'où ils viennent, mais ils sont apparus il y a quelques années. Il faut quitter les lieux, car il y en a d'autre dans le coin.
– Quoi ?
Un hurlement provenant de l'extérieur répondit à sa question. Un bruit d'éclat de verre retentit dans la maison. Les deux hommes levèrent leurs armes. Le soldat pliait en deux par la douleur avait du mal à soulever la sienne. Jo entendit des pas rapides venant sur sa droite. Une forme sombre et tout en muscle percuta le militaire. Le pistolet claqua une fois. Le hurlement qui survint à ce moment-là fut humain ; il fut cependant très bref. Le golem se releva de sur le cadavre. La tête de sa proie entre ses griffes. Elle tomba à côté du reste du corps. Le monstre se rapprocha alors de Jo en faisant grincer ses longues lames entre elles. Steiner, le poil hérissé, bondit dans le dos de la créature qui vint s'écraser sur le sol. Jo épaula aussitôt en s'avançant. Il visa ce qu'il voyait.
La tête du golem vola en éclat. Le corps trembla nerveusement durant quelques secondes puis se raidit.
– Ne restons pas là, Steiner.
Le molosse lâcha sa proie et suivit son maître en trottinant.
Josef laissa les cadavres sur place. À part le pistolet dont le chargeur contenait encore deux cartouches, il ne trouva rien d'autre sur le militaire. Dehors, il récupéra son chariot. Il a avait fait de belles trouvailles et après un bon nettoyage, il allait pouvoir utiliser le vélo pour ses prochains voyages.
La rue était calme. Silencieuse.
Jo Staffel avança doucement le long d'une haie. Le bitume de la route était à moitié recouvert par la terre et la végétation. La nature reprenait ses droits sur le monde transformé par l'humanité. Steiner était deux mètres devant lui. Il marchait silencieusement. Ses oreilles se dressaient aux moindres bruits. Les deux amis entrèrent sous le porche d'une maison abandonnée.
Josef Staffel caressa son chien qui s'allongea. Il posa son fusil à pompe à portée de main et prit ses jumelles pour scruter les environs.
La Ville se situait à une quinzaine de kilomètres du silo. Tous les habitants avaient évacué les lieux lors de la nuit du bug. Certains étaient revenus et avaient tenté de rester en s'appropriant les biens des autres. Ils avaient fui devant la guerre, les pillards et les maladies. Maintenant, c'était une agglomération morte comme de nombreuses à travers le pays et le reste du monde.
Un renard s'arrêta au milieu d'un carrefour, les oreilles dressées. Il n'était pas maigre, remarqua Jo Staffel. La faune avait vraisemblablement proliféré avec l'absence humaine. Plus de chasseurs pour la réguler, plus de pesticides ou d'agriculture intensive qui détruisait grand et petit gibier. Et ça, depuis de très nombreuses années. Les attaques chimiques, bactériologiques ou nucléaires avaient nettoyé d'immenses zones de sa faune et sa flore. La nature ne baissait pas facilement les bras et elle avait reconquis de nouveau ses territoires.
Le renard quitta le carrefour en trottinant à la recherche d'une proie. Josef Staffel sortit son carnet d'une des poches de son gilet de combat. Il déplia la carte de la ville et lut en même temps les dernières annotations. Il l'avait trouvé trois ans plutôt et il y noté toutes les maisons visitées, les postes pour des embuscades ou les pièges qu'il laissait pour le gibier ou les pillards.
– Bon mon vieux Steiner, qu'allons-nous dénicher d'intéressant dans ce quartier ?
Le gros chien leva son museau en direction de son maître puis resta aux aguets en scrutant la rue.
Jo s'approcha des débris de la porte d'entrée. Le vent avait apporté de nombreuses feuilles, mousses et autres sur le pas-de-porte. Personne n'était entré ici depuis longtemps.
La demeure était un pavillon de plain-pied. Une partie du toit s'était effondrée. L'exploration allait être rapide. La cuisine et le salon étaient sous les décombres. De vieux posters jaunis d'un groupe de hard rock étaient punaisés contre le mur d'une des chambres. Il y trouva quelques livres qu'il emporta dans son sac. Dans la deuxième, dans une armoire, il découvrit une ceinture cartouchière vide.
Pas intéressant, jugea Jo en reprenant sa quête.
Le sol était encore recouvert de vêtements et de papiers. Tous les tiroirs avaient été jetés à terre. L'oeuvre de pillards durant les années de catastrophe. Il dénicha tout de même des bidons de produits de nettoyage et des boites en plastiquent.
Ça, c'était intéressant. Les objets furent déposés dans son sac. Il ne découvrit aucune denrée et quitta la maison. Elle se situait dans une grande zone pavillonnaire en nord-ouest de la ville. Jo Staffel l'avait rejointe par les chemins parallèles à la route nationale. Il mettait moins de deux heures en trottinant avec son chien et en tractant une petite remorque à main.
Il la cachait derrière une haie sous des branchages puis il la remplissait de ce qu'il trouvait.
Durant la matinée, il fouilla plusieurs maisons. Il empila dans la remorque deux pulls en bon état, les boites en plastiques, quelques livres, cinq bouteilles de vin, une trousse à outils, des ampoules, une grosse chaîne et quelques couteaux de cuisine. Sa plus belle trouvaille fut un vélo tout terrain laissé à l'abandon dans un garage. Certes, des pointes de rouilles le couvraient de-ci de-là, mais sur place, il avait déniché des petits bidons de graisses et d'huiles. Il allait pouvoir lui rendre son état fonctionnel dés son retour.
Tout fut empilé minutieusement dans la remorque. Lorsque ce fut fait, il mangea la viande qu'il avait cuite avant de partir et en donna à Steiner. Quelques carottes cultivées dans un potager caché dans le bois proche du silo complétèrent son maigre repas. Il dinerait mieux chez lui. Il trouvait de moins en moins de conserves lors de ses sorties. Elles lui avaient permis d'améliorer son quotidien durant un long moment et surtout le temps que son jardin lui fournisse ses premières récoltes.
Le soleil haut dans le ciel réchauffait l’atmosphère. Jo se laissa couler contre sa remorque et profita de cet instant pour se reposer.
Ses pensées vagabondèrent sur son ancienne vie, sur le monde avant les années sombres, avant la fin de la civilisation qu'il avait connue.
Ce fut Steiner, son molosse qui le sortit de sa rêverie. En ouvrant les yeux, il découvrit son chien planté sur ses pattes en train de grogner, les oreilles dressées, les babines retroussées ainsi que le poil hérissé. Josef Staffel s'empara de son fusil et enleva la sûreté. Il se leva doucement sans un son et écouta.
Steiner regarda son maître et s'approcha de lui. L'homme lui flatta la tête et lui fit signe de la main de ne pas bouger. Il entendit un raclement puis un bruit de course.
Ce n'était pas un gibier.
Steiner était dressé et ne faisait plus de bruit.
Là, c'était autre chose, pensa Jo en épaulant son fusil prêt à ouvrir le feu sur une potentielle menace. Au son, c'était un être humain en train de courir. Le bruit recommença de plus belle puis s’arrêta de nouveau.
Oui, un humain qui va d'un couvert à un autre.
Josef se redressa doucement. Ses instincts et réflexes militaires reprirent les rênes de son existence. Il jeta un œil au coin du mur. La végétation était dense de ce côté là, mais il pouvait voir la rue dans son ensemble. Un homme en tenue de combat tenait dans une main une longue machette et dans l'autre un pistolet. Il tituba et s'affala sur le flanc en poussant un gémissement. Le Fixeur s’aperçut que l'individu était blessé au ventre et semblait effrayer.
Qui pouvait-il être ? Un pillard ?
Non, peut être pas. Son uniforme portait des symboles qu'il ne connaissait pas. Un militaire, alors ? Ou bien un Marcheur. Il en avait rencontré bien avant. Lui-même avait fait partie des Marcheurs jusqu'à ce qu'il découvre le silo et s'y établisse.
L'homme se releva difficilement en s'aidant de sa machette et se retourna. Son regard était fiévreux, terrifié, nota Jo.
Qu'est-ce qui pouvait autant terrifier ce militaire.
Un cri inhumain déchira le silence. Les poils de Steiner se hérissèrent et il remontra les crocs. Jo eut du mal à le retenir par son collier de chaîne.
– Bouge pas, mon gars, lui murmura-t-il à l'oreille. Ça, ce n’est pas normal.
Le hurlement retentit de nouveau.
L'homme s’arrêta sur place au milieu de la chaussée puis tourna sur lui même en scrutant les alentours. Se tenant l'abdomen de la main qui empoignait le pistolet, il claudiqua vers l'un des pavillons du quartier résidentiel.
– Et merde, jura Josef Staffel en reculant sous le porche où il se trouvait.
Le militaire marcha à moins de cinq mètres de lui et pénétra dans la maison par le garage ouvert. Jo s'engouffra par la porte d'entrée. Il entendit l'individu fouillait les décombres et autres débris. Le Fixeur épaula son fusil. Son chien resta sur ses talons. Ils passèrent par une cuisine dont tout ce qui se trouvait auparavant dans les meubles était éparpillé sur le sol. Les fenêtres étaient brisées. Des ronces avaient envahi une partie des lieux. La porte qui devait donner sur le garage s'ouvrit brusquement. Jo redressa le canon de son arme et mit en joue l'homme.
Il devait avoir une trentaine d'années. Sa barbe ne devait pas avoir plus de trois jours et il semblait bien nourri, nota Jo. Son uniforme
– Ne bouge pas, souffla-t-il. Tu n'es pas en position de faire quoi que ce soit.
La bouche du canon pointait sur son visage, le militaire ne fit pas mine de lever son arme.
– Ce n'est pas de moi que vous devriez avoir peur, répondit-il la douleur crispant chacun de ses mots. La chose qui me poursuit sera là d'un moment à l'autre.
– Je ne compte pas te tuer. J'ai bien entendu le hurlement. Deux questions : C'est quoi et t'es qui ?
– l'invention génétique d'un professeur qui les a appelés les golems. Je suis un membre de la Nouvelle Lutèce, répliqua-t-il en désignant l'écusson qu'il arborait sur son bras.
Celui-ci représentait la tour Eiffel croisée avec deux épées.
– Mouais, maugréa Josef Staffel en reculant .
– La Nouvelle Lutèce est située dans le centre de l'ancien Paris au milieu de la Seine. Nous sommes nombreux et nous acceptons toujours les nouvelles têtes.
L'homme grimaça. La douleur au ventre le plia en deux. Le sang coulait le long de ses jambes jusqu'au sol.
– Mauvaise blessure, jaugea Staffel d'un coup d'oeil. Je connais un Fixeur qui pourra peut-être te soigner, mais c'est à une vingtaine de kilomètres.
– On n'y arrivera jamais. Le Golem qui est à mes trousses sera bientôt là. Il veut ma peau et ne la lâchera pas de si tôt.
– C'est quoi exactement, questionna Jo en abaissant légèrement son arme.
Le hurlement retentit de nouveau.
Cette fois, il était proche, trop proche, jugea Jo en sentant son corps prêt pour l'action.
– Une expérience biogénétique.
La porte d'entrée vola en éclat. Un nuage de débris s'éleva dans le couloir.
Le soldat et Jo levèrent leur flingue dans la direction du nouveau venu.
– Fuyez tant qu'il en est encore temps, cria le militaire.
Une grande forme humanoïde se trouvait sur le palier. La poussière empêchait de le voir clairement. Elle sembla se ramasser sur elle-même, poussa un cri effroyable et bondit en avant. Les deux hommes ne se concertèrent pas. Ils firent pleuvoir une grêle de plombs. Ce fut sûrement les balles à ailettes du fusil de Jo qui stoppa net l'intrus que celles de neuf millimètres du bidasse. Josef Staffef rechargea son arme rapidement avec des gestes précis et sûrs acquis au cours de ses nombreuses années au sein de son unité spéciale.
La poussière retombait doucement. La chose avait quelque chose d'humain. Son corps semblait avoir été gonflé aux anabolisants. Les muscles saillants et énormes étaient protégés par une matière fibreuse tressée dont la couleur ressemblait à de l'acier. Le visage était en partie caché par un masque qui ne laissait voir qu'une bouche sans lèvre avec une dentition acérée en métal. Des tubes blindés sortaient de sa gorge et de son organisme pour se rejoindre dans une sorte de sac à dos riveté à même la peau. Le plus incroyable était les membres de l'être. Les bras étaient coupés au niveau du coude. À la place se trouvaient des pinces longues et tranchantes. Des symboles étaient gravés ou dessinés sur le masque. Des ouvertures semblables à des objectifs d'appareils photographiques remplaçaient les yeux. L'un d'eux avait été détruit par un des projectiles tirés.
– Qu'est ce que c'est que cette merde ? Maugréa Josef Staffel.
– Dans la Nouvelle Lutece, on appelle cela un golem. Une créature sortie du laboratoire d'un fou ou d'un centre d'expérience militaire avant la grande catastrophe. On ne sait pas d'où ils viennent, mais ils sont apparus il y a quelques années. Il faut quitter les lieux, car il y en a d'autre dans le coin.
– Quoi ?
Un hurlement provenant de l'extérieur répondit à sa question. Un bruit d'éclat de verre retentit dans la maison. Les deux hommes levèrent leurs armes. Le soldat pliait en deux par la douleur avait du mal à soulever la sienne. Jo entendit des pas rapides venant sur sa droite. Une forme sombre et tout en muscle percuta le militaire. Le pistolet claqua une fois. Le hurlement qui survint à ce moment-là fut humain ; il fut cependant très bref. Le golem se releva de sur le cadavre. La tête de sa proie entre ses griffes. Elle tomba à côté du reste du corps. Le monstre se rapprocha alors de Jo en faisant grincer ses longues lames entre elles. Steiner, le poil hérissé, bondit dans le dos de la créature qui vint s'écraser sur le sol. Jo épaula aussitôt en s'avançant. Il visa ce qu'il voyait.
La tête du golem vola en éclat. Le corps trembla nerveusement durant quelques secondes puis se raidit.
– Ne restons pas là, Steiner.
Le molosse lâcha sa proie et suivit son maître en trottinant.
Josef laissa les cadavres sur place. À part le pistolet dont le chargeur contenait encore deux cartouches, il ne trouva rien d'autre sur le militaire. Dehors, il récupéra son chariot. Il a avait fait de belles trouvailles et après un bon nettoyage, il allait pouvoir utiliser le vélo pour ses prochains voyages.
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--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [FICTION, Nouvelle] Désolation
5- RETOUR
Sur le chemin du retour, il songea à tous les événements qui venaient de se passer.
L'humanité semblait se reconstruire selon les dires du militaire et il y avait donc un espoir pour que la civilisation revienne malgré l'apparition de créatures mutantes.
Au détour d'un virage bordé de ronces, le silo apparut. Jo but plusieurs gorgées d'eau. Le trajet l'avait vraiment fatigué. Il avait besoin de se reposer.
Un hurlement strident retentit en provenance de la vieille usine de céréales. Les poils de Steiner se hérissèrent.
– Bordel, la journée n'est pas encore finie, jura Jo en prenant son fusil à pompe. Il y a encore du nettoyage à faire, conclut-il en engageant une cartouche d'un mouvement sec.
Sur le chemin du retour, il songea à tous les événements qui venaient de se passer.
L'humanité semblait se reconstruire selon les dires du militaire et il y avait donc un espoir pour que la civilisation revienne malgré l'apparition de créatures mutantes.
Au détour d'un virage bordé de ronces, le silo apparut. Jo but plusieurs gorgées d'eau. Le trajet l'avait vraiment fatigué. Il avait besoin de se reposer.
Un hurlement strident retentit en provenance de la vieille usine de céréales. Les poils de Steiner se hérissèrent.
– Bordel, la journée n'est pas encore finie, jura Jo en prenant son fusil à pompe. Il y a encore du nettoyage à faire, conclut-il en engageant une cartouche d'un mouvement sec.
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