Entretien des rivières

Johann a écrit:A vrai dire, je pensai surtout aux trucs à éviter ou préférer pour la bonne santé d'une rivière, comment apprécier cette dite santé (ok, y'a les poissons, mais...).

Voilà, si ça ne te dérange pas!

Bon...on va commencer...accroches-toi !

La "gestion" de la nature, c'est avant tout de la philosophie. La science vient après...et encore...

Principe de base: la nature est bien faite ! Si !

bon, d'accord, elle a fait l'homme, mais bon on fait tous des erreurs... (là, c'est le pompon).

Donc, tu l'auras tout de suite compris, le premier truc bien pour une rivière, c'est lui foutre la paix !

Mais les endroits où les rivières peuvent vagabonder sont ceux où l'homme ne peut pas vivre (et encore, il va y construire des trucs et des machins qui gachent tout...mais faut bien pouvoir brancher les ordis pour accéder à internet !).

Dans les années 90, quand la loi sur l'eau est sortie en France (1992), on "découvrait" l'entretien des rivières. Du coup, on a troquer les bulldozers et les pelleteuses contre des tracteurs forestiers et des tronçonneuses. C'était un peu moins grave, mais comme à chaque fois qu'on "invente" un nouveau concept, on le systématise. Du coup, trop de travaux, trop d'abatages...pu assez de place pour le sauvage.

il a fallu quelques illuminés (dont je fais parti) qui ont oeuvré dans des colloques, des séminaires et tout un tas de réunions à la c.. où il a fallu convaincre les collectivités, les ministères etc, que l'entretien d'une rivière ce pouvait être autre chose.

Je vais pas te gaver avec plein de théories, passons maintenant au "pratique".

Première chose, de quelle rivière parle-t-on ? Il faut apprendre à la connaître avant de savoir (le cas échéant) de quoi elle peut bien avoir besoin. Une étude rapide de la flore et de la faune (terrestre et aquatique) donne une première idée de son état de santé.

Si l'Indice Biologique Global Normalisé est supérieur à 15/20 (déterminé par les larves d'espèces d'insectes aquatiques (en gros), en variété et en nombre), on touche pas ! on regarde et on profite ! Il existe maintenant un nouveau système d'évaluation de la qualité des milieux qui intègre non seulement la qualité physico-chimique, mais également biologique et géomorphologique. (ps: une bonne connaissance des larves d'insectes permet de déterminer la potabilité d'une eau de source...ça peut être utile...quand on a plus de pillules de décontamination).

attention, on ne parle pas de n'importe quelles espèces. il existe des espèces polluosensibles et d'autres très tolérantes à la pollution...mais là encore, tout dépend de la pollution...y'en a quand même pas beaucoup qui résistent à une bonne dose de cyanure...Tu trouves tout ça dans la bibliographie spécialisée qui est assez au point maintenant et officiellement reconnue.

Il n'y a pas vraiment de "rivière idéale" mais il y a des rivières en harmonie avec les paysages qui les entourent, les milieux qu'elles traversent, pour peu qu'elles ne subissent pas trop de pressions (rejets, prélèvements, endiguements etc ...etc...).

Les critères d'esthétique classique n'ont guère de place ici, sauf si on aime le bor... ! ! ! (j'exagère un peu, mais c'est pour illustrer !). Une belle rivière est souvent sauvage, difficilement accessible, un peu encombrée...idéale pour une sortie en survie, galère pour un pique-nique en famille.

les maîtres mots sont liberté (de divaguer, éroder, inonder) et diversité (des courants, des essences d'arbres qui couvrent les berges...etc).

Cela n'est cependant pas possible partout car il faut parfois composer avec les activités humaines. Là, c'est plus délicat, mais une chose est sûre...tôt ou tard, c'est la rivière qui a le dernier mot...même si c'est très long !

Les hommes ont tentés de dompter la Loire, il aura fallu des dizaines d'inondations mortelles au cours des sciècles pour qu'ils renoncent enfin. Mais c'est un exemple un peu extrême.

Il faut avant tout comprendre les causes avant de chercher des solutions aux effets. Appréhender également la gestion sur le long terme, savoir que la non intervention est aussi un mode de gestion tant qu'il consiste en une observation et une acquisition de connaissances (rêve pas, on reste pas à glander au bord avec une canne à pêche entre les orteils ! ).

Cas pratique d'une berge qui s'effondre:
1) c'est en pleine nature -> on laisse faire
2) c'est au bord d'un champ -> et alors ! bon, au pire, on fait une petite protection de pied pour limiter la casse, mais le plus simple est encore d'éloigner un peu la culture et le passage des engins qui fragilisent la berge.
3) c'est au bout de mon jardin -> ben c'est comme ça quand on vit au bord d'une rivière ! là encore, on peut faire un petit aménagement tout doux tout cool avec des plantations, des herbacées...enfin...faut voir les caractéristiques du site.
4) c'est au bord d'une route importante...pfff, t'as décidé de m'emm..... ! ! ! Bon, ben comme le reste, sauf qu'il va falloir être un peu plus technique histoire de pas retrouver les véhicules dans la dite rivière !


Sur la question de l'entretien courant (élagage, abattage d'arbres dépérissant, déchaussés, menaçant de tomber et provoquer une inondation), tout est question de localisation. Un arbre qui tombe dans la Dordogne...pas grave, ça fait des abris pour les poissons. Le même arbres tombe dans l'Ouche dans la traversée de Dijon Aïe Aïe Aïe ! ! ! branle bas de combat, sutout en cas de hautes eaux car ça peut vite tourner au vinaigre...

Voilà quelques infos jetées vite fait, je ne sais pas si c'est ce que tu attendais. Dis-moi ! Si tu as des questions plus précises (ou moins !), pas de soucis.

Aller hop ! moi, j'vais au lit !

A+

Pour ce qui est de l'évaluation biologique des cours d'eau sur base des macroinvertébrés en Belgique, la méthode et la clef de détermination de référence éditée dans le probio (tous les biologistes et prof de bio belges connaissent ) a servi de base à l'élaboration du site http://www.insektor.be avec notamment la Clef de détermination en ligne

Une étude rapide de la flore et de la faune
(terrestre et aquatique) donne une première idée de son état de santé.

(ps: une bonne connaissance des larves
d'insectes permet de déterminer la potabilité d'une eau de source...ça
peut être utile...quand on a plus de pillules de décontamination).

Ben... je pense que là t'as trouvé mes questions! Il y a la librairie spécialisée, oui, mais... seul un humain peut opérer une synthèse, voir un moustique...

Pour le reste, merci de l'info!!

on en recause bientôt ! c'est pas si compliqué....faut juste un peu de pratique et de "sens".

A+