[Fiction] Journal de bord bug +145
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Olduvaï :: Ateliers (réservé aux membres s'étant présentés) :: Ateliers d'écriture (affranchi de la règle 2 de la charte)
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[Fiction] Journal de bord bug +145
1 - jour 145
Aujourd'hui, c'est mon avant dernière feuille et il me reste presque 25 stylos...
Je dois faire bref, mais j'ai besoin de raconter, de vider ma tête trop pleine de paradoxes. j'arrive difficilement à me faire à cette nouvelle vie... ou plutôt, demi-vie, sous-vie même.
Dans la nuit d'hier, je suis allé à presque 3 km de ma cache. Dans l'ancien "quartier du Lila". J'ai dû encore une fois me cacher avec ma combinaison camouflage de boîtes en carton grises. Les guetteurs sont de plus en plus vigilants et tirent à la moindre suspicion. Ce déguisement fait merveille et s'accommode bien avec la lenteur obligatoire de déplacement. J'ai changé la couleur des faces de mes cartons pour me permettre en les faisant tourner, de m'adapter à l'environnement de ruines et de gravats qui caractérise ma ville... enfin... ville... gros tas de décombres plutôt...
J'ai réussi à trouver un appartement encore intact, en forcer l'accès et j'ai pu trouver de la nourriture et des objets utiles. Conserves, pâtes, produits de toilette, de nettoyage, vin, des armoires pleines de vêtements, couvertures... et surtout médicaments. Une abondance surréaliste. Je vais le refermer, le rendre invisible, car j'y reviendrai prendre le reste.
Je n'ai pas trouvé d'armes ni de quoi en faire d'efficaces, rien d'utile dans ce fatras...
J'ai tout empaqueté pour que rien ne bouge ni ne fasse du bruit, ni se casse dans mes sacs. Je suis reparti tout content avec mon butin.
Je pourrai enfin faire des échanges un peu plus intéressants, ce sera moi le sollicité ce coup-ci !
Le retour fut interminable, tant la nuit est devenue propice aux déplacements. C'est compréhensible, plus d'électricité, un chaos sans nom, une obscurité malsaine, tout le monde tente de l'utiliser pour se mouvoir sans se faire tirer dessus et tout le monde va chercher dans les ruines de quoi survivre. ce soir, le chanceux, c'est moi.
Les clans qui se sont formés sont secrets, personne ne sait qui fait partie de quoi ou qui marche avec qui, gardent leurs territoires de pillages.
La nuit il n'y a que des ennemis... partout.
Les ruines sont devenues une mine à ciel ouvert, et loin d'être épuisée, la ville est une immense réserve ouverte aux audacieux, aux crocheteurs, aux acrobates, aux "monte en l'air"... aux voleurs.
Le seul moment de pause, c'est la période du "marché", enfin du troc. Là, il n'y a plus de clans, de milice. Tout le monde semble observer la trêve du "marché". Seule tolérance, les règlements de compte en cas de vol troublent cet ordre tacite de cesser le feu.
L'eau commence à être rare. Il faut aller la chercher dans les endroits les plus reculés, tuyau, chauffe-eau, canalisation... et même là, la "bonne" devient introuvable. Il n'y a plus de pigeons, ces braves bêtes trop dégénérées par une acclimatation urbaine en ont perdu leurs réflexes de base et ont servi de repas les premières semaines d'après le bug. Pareil pour les animaux de compagnie... bien souvent mangés par leur propre maître. Les chats sont plus chanceux car on en croise parfois, tels des ombres fuyant en silence toute approche. Mais eux aussi ont faim et se prennent parfois aux pièges mis par milliers dans les décombres. Les rats ont presque tous disparus, terminés à la broche sur des milliers de petits feux nocturnes...
Heureusement qu'il reste quelques appartements encore pleins, laissés dans l'état grâce à l'ordre d'évacuation lancé la veille du bug... pour une fois, les mensonges des autorités ont servi à quelque chose, rien n'a été détruit avant le bug puisque l'alerte lancée n'avait rien à voir avec sa nature.
C'est quelques jours après, quand ils ont compris que ceux qui sont revenus ont commencé à piller, saccager, brûler, détruire. Les affrontements ont étés d'une rare violence.
La lutte pour les "territoires", ces quartiers qui avant le bug étaient considérés comme aisés... a fait de très nombreuses victimes et les cadavres ont répandu de multiples fléaux sur une population affaiblie et déboussolée. Les feux "préventifs" qui étaient censés brûler ces charognes pourrissantes ont finalement causé le second mal les incendies contagieux interminables...
La lutte pour la survie s'est durcie. Les plus faibles physiquement, les dépendants aux médicaments, les vieux... ça a été une hécatombe.
Tout est désorganisé et seuls les clans arrivent à bloquer les accès à certaines zones. Mais sans préparation, sans énergie, la nuit est à tous et rien ni personne ne protège efficacement. Et certains cherchent encore de l'argent dans les décombres...
Alors, on se cache, on cache ses affaires, on s'enterre... il faut se rendre invisible. Le pire, c'est que personne ne sait comment les choses se passent ailleurs. La sortie de la ville est trop dangereuse, on est trop vite à découvert... peu arrivent à passer les barrages érigés avant le bug par les autorités. Les rumeurs les plus folles circulent...
Personne n'était prêt pour ce qui est arrivé. J'ai dû mon salut à ma préparation. J'avais préparé du matériel, des cartes, des itinéraires, de la nourriture, pas mal de choses en fait... et surtout des scenarii. Je ne peux pas dire que j'ai été surpris et mis en état de faiblesse comme les 99% de la population. Je n'ai pas eu besoin de me faire frôler par une balle pour comprendre que j'étais devenu, comme tous les autres, une proie. Et je sais ce qui risque de se passer si la situation perdure. C'est presque amusant de voir que ma survie n'a tenu qu'à ce que les autres, ma famille, mes proches qualifiaient de "douce-dinguerie-paranoïaque". Avec ce que j'avais appris, j'ai pu faire face, bien mieux qu'eux...
J'ai essayé de sauver, d'aider chaque fois que cela a été possible. Mais quand les gens ne peuvent pas changer, quand leur esprit n'arrive pas à penser différemment... c'est peine perdue.
J'ai décidé de me mettre des limites. Une fois atteintes, je partirai hors de la ville. Il va encore une fois falloir mesurer, calculer, "sentir" le bon moment et évacuer. Je dois encore me préparer à un autre inconnu dans l'urgence et l'inconfort. Ma réalité, c'est ce que je peux emporter avec moi et ma capacité à utiliser toutes les ressources disponibles avec humanité. C'est aussi ce à quoi je m'étais préparé. Lutter aussi contre le chaos de l'esprit. Je vais tenter de rejoindre l'endroit lointain que j'avais préparé "au cas où" et y tenter si possible un nouveau départ.
Tout le reste n'est que souvenir qui s'accroche et alourdit ma marche.
Aujourd'hui, c'est mon avant dernière feuille et il me reste presque 25 stylos...
Je dois faire bref, mais j'ai besoin de raconter, de vider ma tête trop pleine de paradoxes. j'arrive difficilement à me faire à cette nouvelle vie... ou plutôt, demi-vie, sous-vie même.
Dans la nuit d'hier, je suis allé à presque 3 km de ma cache. Dans l'ancien "quartier du Lila". J'ai dû encore une fois me cacher avec ma combinaison camouflage de boîtes en carton grises. Les guetteurs sont de plus en plus vigilants et tirent à la moindre suspicion. Ce déguisement fait merveille et s'accommode bien avec la lenteur obligatoire de déplacement. J'ai changé la couleur des faces de mes cartons pour me permettre en les faisant tourner, de m'adapter à l'environnement de ruines et de gravats qui caractérise ma ville... enfin... ville... gros tas de décombres plutôt...
J'ai réussi à trouver un appartement encore intact, en forcer l'accès et j'ai pu trouver de la nourriture et des objets utiles. Conserves, pâtes, produits de toilette, de nettoyage, vin, des armoires pleines de vêtements, couvertures... et surtout médicaments. Une abondance surréaliste. Je vais le refermer, le rendre invisible, car j'y reviendrai prendre le reste.
Je n'ai pas trouvé d'armes ni de quoi en faire d'efficaces, rien d'utile dans ce fatras...
J'ai tout empaqueté pour que rien ne bouge ni ne fasse du bruit, ni se casse dans mes sacs. Je suis reparti tout content avec mon butin.
Je pourrai enfin faire des échanges un peu plus intéressants, ce sera moi le sollicité ce coup-ci !
Le retour fut interminable, tant la nuit est devenue propice aux déplacements. C'est compréhensible, plus d'électricité, un chaos sans nom, une obscurité malsaine, tout le monde tente de l'utiliser pour se mouvoir sans se faire tirer dessus et tout le monde va chercher dans les ruines de quoi survivre. ce soir, le chanceux, c'est moi.
Les clans qui se sont formés sont secrets, personne ne sait qui fait partie de quoi ou qui marche avec qui, gardent leurs territoires de pillages.
La nuit il n'y a que des ennemis... partout.
Les ruines sont devenues une mine à ciel ouvert, et loin d'être épuisée, la ville est une immense réserve ouverte aux audacieux, aux crocheteurs, aux acrobates, aux "monte en l'air"... aux voleurs.
Le seul moment de pause, c'est la période du "marché", enfin du troc. Là, il n'y a plus de clans, de milice. Tout le monde semble observer la trêve du "marché". Seule tolérance, les règlements de compte en cas de vol troublent cet ordre tacite de cesser le feu.
L'eau commence à être rare. Il faut aller la chercher dans les endroits les plus reculés, tuyau, chauffe-eau, canalisation... et même là, la "bonne" devient introuvable. Il n'y a plus de pigeons, ces braves bêtes trop dégénérées par une acclimatation urbaine en ont perdu leurs réflexes de base et ont servi de repas les premières semaines d'après le bug. Pareil pour les animaux de compagnie... bien souvent mangés par leur propre maître. Les chats sont plus chanceux car on en croise parfois, tels des ombres fuyant en silence toute approche. Mais eux aussi ont faim et se prennent parfois aux pièges mis par milliers dans les décombres. Les rats ont presque tous disparus, terminés à la broche sur des milliers de petits feux nocturnes...
Heureusement qu'il reste quelques appartements encore pleins, laissés dans l'état grâce à l'ordre d'évacuation lancé la veille du bug... pour une fois, les mensonges des autorités ont servi à quelque chose, rien n'a été détruit avant le bug puisque l'alerte lancée n'avait rien à voir avec sa nature.
C'est quelques jours après, quand ils ont compris que ceux qui sont revenus ont commencé à piller, saccager, brûler, détruire. Les affrontements ont étés d'une rare violence.
La lutte pour les "territoires", ces quartiers qui avant le bug étaient considérés comme aisés... a fait de très nombreuses victimes et les cadavres ont répandu de multiples fléaux sur une population affaiblie et déboussolée. Les feux "préventifs" qui étaient censés brûler ces charognes pourrissantes ont finalement causé le second mal les incendies contagieux interminables...
La lutte pour la survie s'est durcie. Les plus faibles physiquement, les dépendants aux médicaments, les vieux... ça a été une hécatombe.
Tout est désorganisé et seuls les clans arrivent à bloquer les accès à certaines zones. Mais sans préparation, sans énergie, la nuit est à tous et rien ni personne ne protège efficacement. Et certains cherchent encore de l'argent dans les décombres...
Alors, on se cache, on cache ses affaires, on s'enterre... il faut se rendre invisible. Le pire, c'est que personne ne sait comment les choses se passent ailleurs. La sortie de la ville est trop dangereuse, on est trop vite à découvert... peu arrivent à passer les barrages érigés avant le bug par les autorités. Les rumeurs les plus folles circulent...
Personne n'était prêt pour ce qui est arrivé. J'ai dû mon salut à ma préparation. J'avais préparé du matériel, des cartes, des itinéraires, de la nourriture, pas mal de choses en fait... et surtout des scenarii. Je ne peux pas dire que j'ai été surpris et mis en état de faiblesse comme les 99% de la population. Je n'ai pas eu besoin de me faire frôler par une balle pour comprendre que j'étais devenu, comme tous les autres, une proie. Et je sais ce qui risque de se passer si la situation perdure. C'est presque amusant de voir que ma survie n'a tenu qu'à ce que les autres, ma famille, mes proches qualifiaient de "douce-dinguerie-paranoïaque". Avec ce que j'avais appris, j'ai pu faire face, bien mieux qu'eux...
J'ai essayé de sauver, d'aider chaque fois que cela a été possible. Mais quand les gens ne peuvent pas changer, quand leur esprit n'arrive pas à penser différemment... c'est peine perdue.
J'ai décidé de me mettre des limites. Une fois atteintes, je partirai hors de la ville. Il va encore une fois falloir mesurer, calculer, "sentir" le bon moment et évacuer. Je dois encore me préparer à un autre inconnu dans l'urgence et l'inconfort. Ma réalité, c'est ce que je peux emporter avec moi et ma capacité à utiliser toutes les ressources disponibles avec humanité. C'est aussi ce à quoi je m'étais préparé. Lutter aussi contre le chaos de l'esprit. Je vais tenter de rejoindre l'endroit lointain que j'avais préparé "au cas où" et y tenter si possible un nouveau départ.
Tout le reste n'est que souvenir qui s'accroche et alourdit ma marche.
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"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
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Emploi : :iolpmE
Loisirs : :srisioL
Date d'inscription : 29/10/2010
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
2 - Premier soir
Avant que le temps n'altère le souvenir de cette tragédie, je vais écrire comment cela a commencé.
La grande récession était à nos portes... la misère déjà entrée.
La population, ruinée par la crise économique sans précédent due principalement à l'effondrement du système bancaire s'est très vite retrouvé submergée. Tous les besoins artificiellement crées, tous ces petits conforts achetés à crédit, toute cette façon de vivre au royaume de l'objet, tout ce qui pouvait au mieux définir ce qu'était la vie du citoyen "moderne-matérialiste" consommateur insatiable du 21ème siècle... tout cela était comme une drogue et le peuple était en manque... et le "manque" allait s'exprimer.
Cela a commencé par les casses systématiques des voitures pour en piller l'intérieur, y voler le carburant, par une explosion du nombre des braquages, tous commerces et personnes confondus... et bien entendu les entrepôts et grandes surfaces. Des groupes violents de plus en plus organisés se sont formés et ont gagné en puissance, se nourrissant de la peur, du manque de solidarité et de l'incrédulité des "longs à la détente"... sans jeux de mots malheureusement... l'économie parallèle du vol était en place.
Les forces de l'ordre étaient complètement submergées, dans tout le pays l'Etat se disloquait devant l'organisation de ces bandes de pillards.
C'est alors que les autorités eurent l'idée...
Bien sûr, j'ai compris bien plus tard et je ne sais pas si cela a été appliqué partout, à savoir les grandes villes du pays et les endroits où les bandes organisées étaient devenues un ennemi intérieur en passe de prendre trop de pouvoir.
Un soir, il y a eu une explosion... un EMP. Presque dans la même heure, des véhicules militaires ont sillonné la ville en diffusant des messages via des hauts-parleurs.
Le message était le suivant : "ordre était donné à tous les habitants d'évacuer la ville dans les 2 heures, la ville étant attaquée par une organisation terroriste. Alerte NRBC".
Ils ont même assez bien fait les choses, chaque portion de la ville avait un itinéraire et un lieu de repli précis. Dans certaines rues, commençait à apparaître des fumées colorées et les trainards tombaient comme des mouches... parfois secourus par des hommes en tenue NBC. Nous avons tous évacués et comme toujours les premiers ont été avantagés...
La ville fut complètement isolée par la construction de murs, de pose de barbelés, de barrages "check-points". Trois jours plus tard, nul n'y entrait, nul n'en sortait...
La population avait été évacuée "en l'état" et parquée dans des camps de tentes plus ou moins habitables. Ce fut la contrainte de trop...
Une émeute éclata le troisième soir. Les militaires durent tirer sur la foule jusqu'à ce qu'ils soient submergés et prennent la fuite ou soient tués. Il y eu de très nombreux morts... Le chaos s'installait. Il fallut que deux officiers soient capturés avec des documents dans leur véhicule pour qu'enfin nous sachions la vérité.
Le plan du gouvernement vacillant était simple. Faire croire à une attaque terroriste sur toutes les grandes villes du pays pour désorganiser puis démanteler les bandes de pillards armés et ainsi reprendre "pacifiquement" le contrôle sur la population. Pour cela ils ont utilisé des EMP pour couper les communications et l'usage de l'électronique en général. Ordinateurs, téléphone, voitures...
Ensuite, ils ont forcé l'évacuation pour diviser et contrôler la population. Ils ont gazé la ville entière avec un puissant soporifique de grande rémanence pour récupérer les retardataires, les cachés et les rebelles... pour les cueillir plutôt, trouver les repaires des bandes armées, les vider et les détruire. En un mot, nettoyer et sécuriser la ville.
Je fus parmi les premiers à y retourner et comprendre ce qu'il allait se passer... tout le monde reviendrait en masse pour récupérer ses biens et se livrer au plus grand pillage de l'histoire de l'humanité.
Les plus habiles et sans scrupules utilisèrent les armes volées aux militaires contre la population et se montèrent (ou remontèrent) en bandes, en clans, pour se réserver un territoire et piller le reste...
Voilà tout ce que je pense savoir de l'histoire, le reste je l'ai déjà écrit.
Et je viens d'atteindre la bas de ma page...
Avant que le temps n'altère le souvenir de cette tragédie, je vais écrire comment cela a commencé.
La grande récession était à nos portes... la misère déjà entrée.
La population, ruinée par la crise économique sans précédent due principalement à l'effondrement du système bancaire s'est très vite retrouvé submergée. Tous les besoins artificiellement crées, tous ces petits conforts achetés à crédit, toute cette façon de vivre au royaume de l'objet, tout ce qui pouvait au mieux définir ce qu'était la vie du citoyen "moderne-matérialiste" consommateur insatiable du 21ème siècle... tout cela était comme une drogue et le peuple était en manque... et le "manque" allait s'exprimer.
Cela a commencé par les casses systématiques des voitures pour en piller l'intérieur, y voler le carburant, par une explosion du nombre des braquages, tous commerces et personnes confondus... et bien entendu les entrepôts et grandes surfaces. Des groupes violents de plus en plus organisés se sont formés et ont gagné en puissance, se nourrissant de la peur, du manque de solidarité et de l'incrédulité des "longs à la détente"... sans jeux de mots malheureusement... l'économie parallèle du vol était en place.
Les forces de l'ordre étaient complètement submergées, dans tout le pays l'Etat se disloquait devant l'organisation de ces bandes de pillards.
C'est alors que les autorités eurent l'idée...
Bien sûr, j'ai compris bien plus tard et je ne sais pas si cela a été appliqué partout, à savoir les grandes villes du pays et les endroits où les bandes organisées étaient devenues un ennemi intérieur en passe de prendre trop de pouvoir.
Un soir, il y a eu une explosion... un EMP. Presque dans la même heure, des véhicules militaires ont sillonné la ville en diffusant des messages via des hauts-parleurs.
Le message était le suivant : "ordre était donné à tous les habitants d'évacuer la ville dans les 2 heures, la ville étant attaquée par une organisation terroriste. Alerte NRBC".
Ils ont même assez bien fait les choses, chaque portion de la ville avait un itinéraire et un lieu de repli précis. Dans certaines rues, commençait à apparaître des fumées colorées et les trainards tombaient comme des mouches... parfois secourus par des hommes en tenue NBC. Nous avons tous évacués et comme toujours les premiers ont été avantagés...
La ville fut complètement isolée par la construction de murs, de pose de barbelés, de barrages "check-points". Trois jours plus tard, nul n'y entrait, nul n'en sortait...
La population avait été évacuée "en l'état" et parquée dans des camps de tentes plus ou moins habitables. Ce fut la contrainte de trop...
Une émeute éclata le troisième soir. Les militaires durent tirer sur la foule jusqu'à ce qu'ils soient submergés et prennent la fuite ou soient tués. Il y eu de très nombreux morts... Le chaos s'installait. Il fallut que deux officiers soient capturés avec des documents dans leur véhicule pour qu'enfin nous sachions la vérité.
Le plan du gouvernement vacillant était simple. Faire croire à une attaque terroriste sur toutes les grandes villes du pays pour désorganiser puis démanteler les bandes de pillards armés et ainsi reprendre "pacifiquement" le contrôle sur la population. Pour cela ils ont utilisé des EMP pour couper les communications et l'usage de l'électronique en général. Ordinateurs, téléphone, voitures...
Ensuite, ils ont forcé l'évacuation pour diviser et contrôler la population. Ils ont gazé la ville entière avec un puissant soporifique de grande rémanence pour récupérer les retardataires, les cachés et les rebelles... pour les cueillir plutôt, trouver les repaires des bandes armées, les vider et les détruire. En un mot, nettoyer et sécuriser la ville.
Je fus parmi les premiers à y retourner et comprendre ce qu'il allait se passer... tout le monde reviendrait en masse pour récupérer ses biens et se livrer au plus grand pillage de l'histoire de l'humanité.
Les plus habiles et sans scrupules utilisèrent les armes volées aux militaires contre la population et se montèrent (ou remontèrent) en bandes, en clans, pour se réserver un territoire et piller le reste...
Voilà tout ce que je pense savoir de l'histoire, le reste je l'ai déjà écrit.
Et je viens d'atteindre la bas de ma page...
Dernière édition par MonteRosso le Sam 22 Jan 2011 - 17:38, édité 1 fois
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
3 - Le départ :
Je ne sais pas vraiment ce qui m'a poussé à rester ici.
Depuis 160 jours... bien des choses se sont passées et depuis seulement quelques nuits, je sens un changement... comme on sent l'air du printemps bien avant sa venue...
Je suis chez moi, ou plutôt sur ce qu'il en reste... En parcourant des yeux ce qui m'entoure je ne peux que très difficilement me détacher des souvenirs de ce soir là...
Dés que l'évacuation commença, juste après le "black-out", la tombée du "grand Noir" comme on l'appelle désormais, tout était plongé dans les ténèbres, les lieux... mais surtout les esprits.
Je m'étais un peu conditionné pour qu'en cas de "problème" faisant fi de mon affolement, je puisse me rabattre sur une "procédure" sans réfléchir. Simple liste que j'avais écrite et peaufinée mille fois et qui devait me permettre, si suivie "stricto sensu", de tout faire au mieux malgré l'incapacité causée par l'état d'immanquable panique...
Je suivis la procédure... son début...
Allumage de bougies et contrôles tout azimuts.
Plus aucun appareil ne fonctionnait...plus d'électricité... mais chose étrange, plus rien ne fonctionnait sur batterie non plus... je mis quelques instants à donner du crédit à l'idée qui s'imposait malgré moi : EMP !
Je suis alors entré dans un état second cédant à la panique... plus causé par la prise de conscience globale de l'évènement que pour ses effets sur ma petite personne.
Où en étions-nous arrivés pour se prendre un EMP sur la tête... quel ennemi inconnu avait osé nous envoyer ça... et sans sommations, sans déclaration de guerre... Et cet ennemi devait quand même être assez proche et puissant... un européen ? cela était inconcevable...
Ce moment de panique fût une véritable torture, revivions nous un "Pearl Harbor" moderne ? Et quand on sait à quoi sert un EMP... qu'allait donc être la suite de cette offensive... après la destruction des circuits électroniques, celle des organismes vivants allait-elle arriver ? le fer... la chimie... le microbe... l'atome...
horreur... horreur... horreur...
Bien que "préparé", je restais une éternité en proie à la sidération du "pourquoi"... le "Quis ? Quid ? Ubi ? Quibus auxiliis ? Cur ? Quomodo ? Quando ?" de Quintillien... en boucle et en version nucléaire !
Dés que mon cerveau m'en laissa la possibilité, je le mis en "mode urgence" .
Relire la procédure que j'avais préparée et perfectionnée pendant des années...
prendre ma montre mécanique, la mettre à l'heure approximativement...couper des énergies... stocker de l'eau... fermer les issues autre que la porte d'entrée, barricader tout le reste... vite... ouverture de la boîte à biscuit métallique qui contenait mes appareils électroniques de secours... prendre la frontale, enfin y voir... vite... m'habiller en fonctionnel civil passe partout... multipoches... sortir le sac à dos, le remplir avec le matériel listé... prendre les documents les plus importants... de l'argent... cacher le reste de mon gros matériel, mes armes, sous le plancher d'un placard à vêtements... vite... vite... prendre des provisions... être le plus prêt possible...
La situation n'obligeait pas à envisager l'auto-défense comme première priorité... zut ! ... il fallait trier ma liste d'urgence... se préparer au retour... envisager l'imprévu... je me suis maudit cent fois de ne pas avoir été plus rigoureux... plus prévoyant... panique... douleur... confusion sous contrôle...
Comme un automate, je me voyais mentalement biffer les lignes exécutées... les unes après les autres... efficace... bluffant même car mon esprit continuait ses élucubrations sur le pourquoi du comment... je me dédoublais... un moment de schizophrénie contrôlée... je commençais même à ressentir un état euphorique tant je jugeais ma maîtrise inhumaine face à la gravité de l'évènement... comme une impression de gagner sans combattre... enivrant...
Ce n'est qu'au bout de cinq minutes que je me rendis compte que l'on tambourinait avec force à ma porte d'entrée... et que je n'étais qu'au début de ma liste...
Je ne sais pas vraiment ce qui m'a poussé à rester ici.
Depuis 160 jours... bien des choses se sont passées et depuis seulement quelques nuits, je sens un changement... comme on sent l'air du printemps bien avant sa venue...
Je suis chez moi, ou plutôt sur ce qu'il en reste... En parcourant des yeux ce qui m'entoure je ne peux que très difficilement me détacher des souvenirs de ce soir là...
Dés que l'évacuation commença, juste après le "black-out", la tombée du "grand Noir" comme on l'appelle désormais, tout était plongé dans les ténèbres, les lieux... mais surtout les esprits.
Je m'étais un peu conditionné pour qu'en cas de "problème" faisant fi de mon affolement, je puisse me rabattre sur une "procédure" sans réfléchir. Simple liste que j'avais écrite et peaufinée mille fois et qui devait me permettre, si suivie "stricto sensu", de tout faire au mieux malgré l'incapacité causée par l'état d'immanquable panique...
Je suivis la procédure... son début...
Allumage de bougies et contrôles tout azimuts.
Plus aucun appareil ne fonctionnait...plus d'électricité... mais chose étrange, plus rien ne fonctionnait sur batterie non plus... je mis quelques instants à donner du crédit à l'idée qui s'imposait malgré moi : EMP !
Je suis alors entré dans un état second cédant à la panique... plus causé par la prise de conscience globale de l'évènement que pour ses effets sur ma petite personne.
Où en étions-nous arrivés pour se prendre un EMP sur la tête... quel ennemi inconnu avait osé nous envoyer ça... et sans sommations, sans déclaration de guerre... Et cet ennemi devait quand même être assez proche et puissant... un européen ? cela était inconcevable...
Ce moment de panique fût une véritable torture, revivions nous un "Pearl Harbor" moderne ? Et quand on sait à quoi sert un EMP... qu'allait donc être la suite de cette offensive... après la destruction des circuits électroniques, celle des organismes vivants allait-elle arriver ? le fer... la chimie... le microbe... l'atome...
horreur... horreur... horreur...
Bien que "préparé", je restais une éternité en proie à la sidération du "pourquoi"... le "Quis ? Quid ? Ubi ? Quibus auxiliis ? Cur ? Quomodo ? Quando ?" de Quintillien... en boucle et en version nucléaire !
Dés que mon cerveau m'en laissa la possibilité, je le mis en "mode urgence" .
Relire la procédure que j'avais préparée et perfectionnée pendant des années...
prendre ma montre mécanique, la mettre à l'heure approximativement...couper des énergies... stocker de l'eau... fermer les issues autre que la porte d'entrée, barricader tout le reste... vite... ouverture de la boîte à biscuit métallique qui contenait mes appareils électroniques de secours... prendre la frontale, enfin y voir... vite... m'habiller en fonctionnel civil passe partout... multipoches... sortir le sac à dos, le remplir avec le matériel listé... prendre les documents les plus importants... de l'argent... cacher le reste de mon gros matériel, mes armes, sous le plancher d'un placard à vêtements... vite... vite... prendre des provisions... être le plus prêt possible...
La situation n'obligeait pas à envisager l'auto-défense comme première priorité... zut ! ... il fallait trier ma liste d'urgence... se préparer au retour... envisager l'imprévu... je me suis maudit cent fois de ne pas avoir été plus rigoureux... plus prévoyant... panique... douleur... confusion sous contrôle...
Comme un automate, je me voyais mentalement biffer les lignes exécutées... les unes après les autres... efficace... bluffant même car mon esprit continuait ses élucubrations sur le pourquoi du comment... je me dédoublais... un moment de schizophrénie contrôlée... je commençais même à ressentir un état euphorique tant je jugeais ma maîtrise inhumaine face à la gravité de l'évènement... comme une impression de gagner sans combattre... enivrant...
Ce n'est qu'au bout de cinq minutes que je me rendis compte que l'on tambourinait avec force à ma porte d'entrée... et que je n'étais qu'au début de ma liste...
Dernière édition par Johann le Mar 15 Mar 2011 - 1:27, édité 6 fois
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
4 - Réveil
Le son du réveil est une aiguille qui perce le sommeil pour se piquer dans nos cerveaux... non... en fait, c'est un harpon... planté il nous remonte douloureusement vers le monde des réveillés.
Ma porte d'entrée, paranoïaquement blindée depuis quelques mois, résonnait comme un o-daiko sous les coups extérieurs.
Je compris alors ma première grosse erreur... ma préparation n'avait pas assez pris en compte le fait que j'étais dans un immeuble, en étage, que j'avais des voisins, que ceux-ci seraient dans un état de crise si ce n'est égal, surement supérieur au mien, que cet immeuble avait d'autres étages qui avaient d'autres habitants qui aussi avaient d'autres voisins... autant de blocages à l'engrenage pourtant huilé de ma procédure d'évacuation.
Bien qu'insignifiant à la marche du Monde, celui-ci ne voulait manifestement pas me laisser suivre mon petit plan égoïste.
J'allais ouvrir et je vis ce que mon cerveau avait pour moi seul occulté et contrôlé jusqu'à cette seconde, s'exprimer avec horreur sur les autres.... la peur.
Dans la cage d'escalier, le faisceau de ma frontale me révélait comme mélangées, les pièces grotesques d'un puzzle lumineux. Des personnes à moitié dévêtues, passées en un instant du sommeil à l'angoisse, du rêve au cauchemar, tentaient dans l'obscurité de descendre les escaliers pour leur nombre trop étroits...
Instantanément tous les visages se tournèrent vers moi, ou plutôt, vers la source de cette lumière providentielle... je vis ces visages... figés dans la grimace... incrédules, pupilles dilatées, bouches tordues, blêmes, hagards... mais ce qui me frappa le plus ce n'est pas que je n'y reconnus personne mais que sur ces visages, j'y vis de la méchanceté.
Je ne sais plus ce que j'avais à la main juste avant d'ouvrir ma satané porte... mais je crois bien que par chance c'était ma pelle pliante militaire... mon bras soudain autonome alla l'écraser sur le haut de la silhouette qui se jetait sur moi sans que je n'en réalise le mouvement... c'est à ce moment là que je compris que le feu qui ravageait mes oreilles n'était que le vacarme de cette horde hurlante... Bosh aurait certainement ajouté un panneau à droite de son triptyque avec cette vision là.
"Lumière.... lumière..." voilà les seuls mots qui sortaient intelligibles de ce torrent de hurlements. Des mains hargneuses se dirigeaient vers moi, les ongles allongés par les ombres et aiguisés par ma peur... je cédais à la panique.
J'éteignis ma frontale, fermais ma porte par réflexe et me jetais dehors vers l'angle en retrait du mur pour enlever et glisser ma lampe sous ma veste, je voulais me soustraire à ces démons... me cacher...
Les cris redoublèrent au retour de l'obscurité... comme si c'était possible...
Il semblait que la lumière disparue, les tortionnaires invisibles reprenaient sur la foule leur insupportable besogne... mes sens étaient saturés et à l'image de mes semblables, je me retrouvais dans le flot incontrôlable qui descendait vers le rez-de-chaussée. Je ne fus pas le dernier à rendre les coups reçus.. et même plus peut-être... plus, oui, sans doutes plus... rien n'existait plus... descendre, coute que coute... sortir... juste la rue... atteindre la rue... l'air manquait, parfois trouée par la flamme d'un briquet qui révélait les maléfiques rictus l'obscurité dilatait le temps... dégager l'obstacle fût-il humain, mais non à part moi, il n'y avait plus rien d'humain ici... vertige... chute libre et désormais consentante dans le terrifiant abîme de l'abandon aux terreurs primitives...
Je ne sais pas comment ni au bout de combien de temps je me retrouvais dans la rue, meurtri, battu... exténué... regardant sans réagir la porte d'entrée continuer à vomir ses humains rétrogradés au niveau de leur cerveau reptilien... le froid, l'oxygène, le brusque arrêt du bruit... je reprenais conscience... nous reprenions conscience... je me surpris à m'inquiéter de l'état de ces corps qu'il y a peu j'écrasais et rudoyais... je fixais bêtement la porte qui espaçait ses rejets...
Je dus attendre encore un peu que le remord et la honte soient plus fort que mon stress et ma fatigue. Je retournais dans l'immeuble...
En occultant la lumière de ma frontale, j'arrivais à trouver l'escalier rapidement. Une fois la montée commencée, c'était logique et géométrique, je pouvais rester dans le noir. Je trébuchais sur des corps... l'angoisse revenait de plus belle...m'arrêtais, cherchant la confirmation que la vie était là, je leur parlais, tentais de les rassurer en espérant ne pas avoir été parmi les causes de leur état... les exhortais à descendre le plus rapidement possible... peine perdue, leurs esprits étaient toujours coincés dans la spirale de l'affolement et leur corps ne les portait plus.
J'allumais ma lampe et quatre à quatre, je remontais les marches vers mon domicile. J'avais perdu ma pelle mais mon autre main, étrangement crispée tenait toujours mon trousseau de clef, je ne verrai que plus tard qu'elles étaient pleines de sang.
Je rentrais chez moi, les bougies n'avaient pas tant baissé que cela... le temps élastique...
Je pris les bougies allumées, je pris toutes les autres aussi... je sortis et refermais proprement ma porte.
Je montais tout en haut de la cage d'escalier. J'allumais une bougie que je fixais contre la rampe de manière à baliser au mieux le chemin vers la sortie... je fis de même sur chaque palier en redescendant. L'escalier était maintenant bien visible et utilisable et la lumière commençait à ramener à la réalité les assommés, les effondrés... seule ma voix que je voulu ferme et rassurante fut nécessaire à la récupération de leurs esprits... juste assez pour que leur marche laborieuse les amène à l'extérieur.
Je décidais de passer en revue tous les appartements pour être sûr de la complète évacuation des lieux.
Je sais maintenant, que ma motivation d'alors venait plus de ma honte, que du soucis et du bien des autres... ces autres qui avaient fichu mon plan à l'eau... je découvris que l'orgueil et la vanité sont de puissants carburants. je devais découvrir deux autres choses par la suite, deux choses fondamentales.
Je tambourinais à mon tour à la porte des appartements... rien... étage après étage, je découvrais parfois des portes ouvertes que je refermais après avoir lancé des "Il y a quelqu"un ici " et plusieurs fois balayé l'intérieur de ma lumière... rien... l'immeuble semblait vidé.. sauf au troisième...
Le son du réveil est une aiguille qui perce le sommeil pour se piquer dans nos cerveaux... non... en fait, c'est un harpon... planté il nous remonte douloureusement vers le monde des réveillés.
Ma porte d'entrée, paranoïaquement blindée depuis quelques mois, résonnait comme un o-daiko sous les coups extérieurs.
Je compris alors ma première grosse erreur... ma préparation n'avait pas assez pris en compte le fait que j'étais dans un immeuble, en étage, que j'avais des voisins, que ceux-ci seraient dans un état de crise si ce n'est égal, surement supérieur au mien, que cet immeuble avait d'autres étages qui avaient d'autres habitants qui aussi avaient d'autres voisins... autant de blocages à l'engrenage pourtant huilé de ma procédure d'évacuation.
Bien qu'insignifiant à la marche du Monde, celui-ci ne voulait manifestement pas me laisser suivre mon petit plan égoïste.
J'allais ouvrir et je vis ce que mon cerveau avait pour moi seul occulté et contrôlé jusqu'à cette seconde, s'exprimer avec horreur sur les autres.... la peur.
Dans la cage d'escalier, le faisceau de ma frontale me révélait comme mélangées, les pièces grotesques d'un puzzle lumineux. Des personnes à moitié dévêtues, passées en un instant du sommeil à l'angoisse, du rêve au cauchemar, tentaient dans l'obscurité de descendre les escaliers pour leur nombre trop étroits...
Instantanément tous les visages se tournèrent vers moi, ou plutôt, vers la source de cette lumière providentielle... je vis ces visages... figés dans la grimace... incrédules, pupilles dilatées, bouches tordues, blêmes, hagards... mais ce qui me frappa le plus ce n'est pas que je n'y reconnus personne mais que sur ces visages, j'y vis de la méchanceté.
Je ne sais plus ce que j'avais à la main juste avant d'ouvrir ma satané porte... mais je crois bien que par chance c'était ma pelle pliante militaire... mon bras soudain autonome alla l'écraser sur le haut de la silhouette qui se jetait sur moi sans que je n'en réalise le mouvement... c'est à ce moment là que je compris que le feu qui ravageait mes oreilles n'était que le vacarme de cette horde hurlante... Bosh aurait certainement ajouté un panneau à droite de son triptyque avec cette vision là.
"Lumière.... lumière..." voilà les seuls mots qui sortaient intelligibles de ce torrent de hurlements. Des mains hargneuses se dirigeaient vers moi, les ongles allongés par les ombres et aiguisés par ma peur... je cédais à la panique.
J'éteignis ma frontale, fermais ma porte par réflexe et me jetais dehors vers l'angle en retrait du mur pour enlever et glisser ma lampe sous ma veste, je voulais me soustraire à ces démons... me cacher...
Les cris redoublèrent au retour de l'obscurité... comme si c'était possible...
Il semblait que la lumière disparue, les tortionnaires invisibles reprenaient sur la foule leur insupportable besogne... mes sens étaient saturés et à l'image de mes semblables, je me retrouvais dans le flot incontrôlable qui descendait vers le rez-de-chaussée. Je ne fus pas le dernier à rendre les coups reçus.. et même plus peut-être... plus, oui, sans doutes plus... rien n'existait plus... descendre, coute que coute... sortir... juste la rue... atteindre la rue... l'air manquait, parfois trouée par la flamme d'un briquet qui révélait les maléfiques rictus l'obscurité dilatait le temps... dégager l'obstacle fût-il humain, mais non à part moi, il n'y avait plus rien d'humain ici... vertige... chute libre et désormais consentante dans le terrifiant abîme de l'abandon aux terreurs primitives...
Je ne sais pas comment ni au bout de combien de temps je me retrouvais dans la rue, meurtri, battu... exténué... regardant sans réagir la porte d'entrée continuer à vomir ses humains rétrogradés au niveau de leur cerveau reptilien... le froid, l'oxygène, le brusque arrêt du bruit... je reprenais conscience... nous reprenions conscience... je me surpris à m'inquiéter de l'état de ces corps qu'il y a peu j'écrasais et rudoyais... je fixais bêtement la porte qui espaçait ses rejets...
Je dus attendre encore un peu que le remord et la honte soient plus fort que mon stress et ma fatigue. Je retournais dans l'immeuble...
En occultant la lumière de ma frontale, j'arrivais à trouver l'escalier rapidement. Une fois la montée commencée, c'était logique et géométrique, je pouvais rester dans le noir. Je trébuchais sur des corps... l'angoisse revenait de plus belle...m'arrêtais, cherchant la confirmation que la vie était là, je leur parlais, tentais de les rassurer en espérant ne pas avoir été parmi les causes de leur état... les exhortais à descendre le plus rapidement possible... peine perdue, leurs esprits étaient toujours coincés dans la spirale de l'affolement et leur corps ne les portait plus.
J'allumais ma lampe et quatre à quatre, je remontais les marches vers mon domicile. J'avais perdu ma pelle mais mon autre main, étrangement crispée tenait toujours mon trousseau de clef, je ne verrai que plus tard qu'elles étaient pleines de sang.
Je rentrais chez moi, les bougies n'avaient pas tant baissé que cela... le temps élastique...
Je pris les bougies allumées, je pris toutes les autres aussi... je sortis et refermais proprement ma porte.
Je montais tout en haut de la cage d'escalier. J'allumais une bougie que je fixais contre la rampe de manière à baliser au mieux le chemin vers la sortie... je fis de même sur chaque palier en redescendant. L'escalier était maintenant bien visible et utilisable et la lumière commençait à ramener à la réalité les assommés, les effondrés... seule ma voix que je voulu ferme et rassurante fut nécessaire à la récupération de leurs esprits... juste assez pour que leur marche laborieuse les amène à l'extérieur.
Je décidais de passer en revue tous les appartements pour être sûr de la complète évacuation des lieux.
Je sais maintenant, que ma motivation d'alors venait plus de ma honte, que du soucis et du bien des autres... ces autres qui avaient fichu mon plan à l'eau... je découvris que l'orgueil et la vanité sont de puissants carburants. je devais découvrir deux autres choses par la suite, deux choses fondamentales.
Je tambourinais à mon tour à la porte des appartements... rien... étage après étage, je découvrais parfois des portes ouvertes que je refermais après avoir lancé des "Il y a quelqu"un ici " et plusieurs fois balayé l'intérieur de ma lumière... rien... l'immeuble semblait vidé.. sauf au troisième...
Dernière édition par Johann le Mar 15 Mar 2011 - 1:21, édité 5 fois
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"Garde toi, je me garde"
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Date d'inscription : 29/10/2010
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
5 - Silhouette
Au troisième dans l'appartement de gauche vivait un couple de vieux très sympathiques, dans celui de droite vivait Lisa, Lisa et son petit chien...
Lisa me plaisait beaucoup, cette jeune femme à mon goût très discrète était mon petit fantasme domestique.
Hasard des horaires, nous nous retrouvions parfois monter ensemble l'escalier. Moi, pour entretenir ma forme, elle les siennes...
C'était très agréable de côtoyer ainsi son ondulante et sensuelle silhouette. Mis à part ceux incontrôlables de mon imagination, nos rencontres restaient sur l'unique mode "politesse distante", malheureusement sans aucunes traces ni possibilité de séduction.
Seule la persistance de son parfum prolongeait quelques instants encore ma rêverie, devenue malgré moi, au fil du temps un peu plus érotique.
En m'approchant de la porte du côté droit de cet étage, je n'étais alors pas conscient du numéro du palier. Ma démarche était encore une fois, celle d'une procédure automatique qui s'accommodait parfaitement du peu de ressources qui me restait alors : "check appartements - évacuation immeuble - ok"
Laconique, sec, tranchant... mais efficace.
Je devais me prouver que ma préparation était utile... et ce par n'importe quel moyen.
J'allai taper contre la porte (plus d'une fois, j'avais aussi "sonné"... réflexe...)... dans la rue, repassait encore le véhicule militaire et ses mégaphones " Message aux habitants... Ordre d'évacuer la ville immédiat...prenez le strict minimum et rassemblez-vous au croisement le plus proche le plus rapidement possible... menace d'attaque NRBC imminente..." j'écoutais, comme à nouveau pétrifié, le message en boucle jusqu'à ce qu'il devienne inaudible... le silence revenu me permit alors d'entendre le faible bruit derrière la porte.
Je tapais plus doucement, saisi par l'angoisse subitement remontée de 50 à 95... j'ai dû bredouiller quelques mots, reprenant à mon compte le message d'évacuation précédemment diffusé... "Il y a quelqu'un ?...Ouvrez... il faut évacuer... s'il vous plait...". Comme je l'avais fait quelques minutes auparavant avec les blessés dans la cage d'escalier, je forçai ma voix à être rassurante claire et autoritaire... feindre la maîtrise est un dur exercice quand on est soi-même si proche de la panique...
Le verrou tourna, la porte s'ouvrit alors par à-coups lentement...
Je ne voulais pas commettre les mêmes erreurs et coupai ma frontale, espérant que dans mon dos la lueur de la bougie proche me serait suffisante pour y voir et agir.
J'aidai doucement la porte à s'ouvrir en grand, la peur au ventre, le feu des efforts passés surchauffait toujours ma poitrine, j'y sentais maintenant couler ma sueur, elle était glacée...
Il y avait des bougies qui éclairaient l'intérieur, c'était enfin presque rassurant... en ombre chinoise je vis la silhouette finir d'ouvrir la porte, à moitié à genoux sur le sol froid. Le bras maigre lâcha la poignée et retomba, comme abandonné. Mes yeux commençaient à s'habituer à ce faible contre éclairage... je devinais, une personne recroquevillée, en partie dévêtue, entourée par un sac de voyage éventré, des affaires éparpillées pêle-mêle... un morceau de corde cassé encore autours de son poignet pendait lamentablement... tout comme sa tête baissée...
Elle sanglotait au dessus d'une petite forme inerte dont j'aperçus la fourrure maculée... tout dans ce tableau traduisait la résignation... l'abandon... la mort.
Une Pietà iconoclaste sans même le panache du tragique. Et cela m'était insupportable...
Comment pouvait-on, en de telles circonstances, se laisser si vite sombrer ainsi dans cette déconnexion, réduire l'évènement historique et dramatique à cette attitude égocentrique et lâche, illustration ridicule du repli sur soi... de la perte d'un animal... dénaturé de surcroit... c'était donc là ce qui restait de l'univers de cette silhouette ? et son combat pour la Vie alors ?... sa vie n'était donc qu'un pas grand chose proche d'un rien ?
J'eu du mépris, de la répulsion... presque du dégoût...envie de reculer, de laisser à son pathétique tableau de demi mort cette demi-créature... être déjà ainsi réduite... sans combattre... méritait-elle d'être secourue ?
Je crois que c'est la logique du moment qui me fit malgré moi doucement enlever l'animal mort de ses genoux, retirer ma veste pour la lui passer sur les épaules et cacher sa nudité, commencer doucement avec des paroles rassurantes à lui prendre les bras sous les épaules pour l'attirer contre moi et la relever doucement... dans le mouvement ses seins durcis par le froid s'écrasèrent sur ma poitrine et mon visage dans l'effort se cala dans son cou... et je sentis ce parfum... dans mes bras et qui maintenant s'y réfugiait avec force... Lisa.
Quelques minutes plus tard, une éternité... je me retrouvais assis à l'arrière d'un camion d'évacuation, sans sac à dos, sans affaires, sans veste... mais avec une "enfant" de 26 ans qui dans les spasmes du sanglot s'accrochait toujours à moi. La route défilait dans le froid, le noir, le drame... je ne pensais pourtant qu'à une chose : m'avait-elle reconnu ?
Au troisième dans l'appartement de gauche vivait un couple de vieux très sympathiques, dans celui de droite vivait Lisa, Lisa et son petit chien...
Lisa me plaisait beaucoup, cette jeune femme à mon goût très discrète était mon petit fantasme domestique.
Hasard des horaires, nous nous retrouvions parfois monter ensemble l'escalier. Moi, pour entretenir ma forme, elle les siennes...
C'était très agréable de côtoyer ainsi son ondulante et sensuelle silhouette. Mis à part ceux incontrôlables de mon imagination, nos rencontres restaient sur l'unique mode "politesse distante", malheureusement sans aucunes traces ni possibilité de séduction.
Seule la persistance de son parfum prolongeait quelques instants encore ma rêverie, devenue malgré moi, au fil du temps un peu plus érotique.
En m'approchant de la porte du côté droit de cet étage, je n'étais alors pas conscient du numéro du palier. Ma démarche était encore une fois, celle d'une procédure automatique qui s'accommodait parfaitement du peu de ressources qui me restait alors : "check appartements - évacuation immeuble - ok"
Laconique, sec, tranchant... mais efficace.
Je devais me prouver que ma préparation était utile... et ce par n'importe quel moyen.
J'allai taper contre la porte (plus d'une fois, j'avais aussi "sonné"... réflexe...)... dans la rue, repassait encore le véhicule militaire et ses mégaphones " Message aux habitants... Ordre d'évacuer la ville immédiat...prenez le strict minimum et rassemblez-vous au croisement le plus proche le plus rapidement possible... menace d'attaque NRBC imminente..." j'écoutais, comme à nouveau pétrifié, le message en boucle jusqu'à ce qu'il devienne inaudible... le silence revenu me permit alors d'entendre le faible bruit derrière la porte.
Je tapais plus doucement, saisi par l'angoisse subitement remontée de 50 à 95... j'ai dû bredouiller quelques mots, reprenant à mon compte le message d'évacuation précédemment diffusé... "Il y a quelqu'un ?...Ouvrez... il faut évacuer... s'il vous plait...". Comme je l'avais fait quelques minutes auparavant avec les blessés dans la cage d'escalier, je forçai ma voix à être rassurante claire et autoritaire... feindre la maîtrise est un dur exercice quand on est soi-même si proche de la panique...
Le verrou tourna, la porte s'ouvrit alors par à-coups lentement...
Je ne voulais pas commettre les mêmes erreurs et coupai ma frontale, espérant que dans mon dos la lueur de la bougie proche me serait suffisante pour y voir et agir.
J'aidai doucement la porte à s'ouvrir en grand, la peur au ventre, le feu des efforts passés surchauffait toujours ma poitrine, j'y sentais maintenant couler ma sueur, elle était glacée...
Il y avait des bougies qui éclairaient l'intérieur, c'était enfin presque rassurant... en ombre chinoise je vis la silhouette finir d'ouvrir la porte, à moitié à genoux sur le sol froid. Le bras maigre lâcha la poignée et retomba, comme abandonné. Mes yeux commençaient à s'habituer à ce faible contre éclairage... je devinais, une personne recroquevillée, en partie dévêtue, entourée par un sac de voyage éventré, des affaires éparpillées pêle-mêle... un morceau de corde cassé encore autours de son poignet pendait lamentablement... tout comme sa tête baissée...
Elle sanglotait au dessus d'une petite forme inerte dont j'aperçus la fourrure maculée... tout dans ce tableau traduisait la résignation... l'abandon... la mort.
Une Pietà iconoclaste sans même le panache du tragique. Et cela m'était insupportable...
Comment pouvait-on, en de telles circonstances, se laisser si vite sombrer ainsi dans cette déconnexion, réduire l'évènement historique et dramatique à cette attitude égocentrique et lâche, illustration ridicule du repli sur soi... de la perte d'un animal... dénaturé de surcroit... c'était donc là ce qui restait de l'univers de cette silhouette ? et son combat pour la Vie alors ?... sa vie n'était donc qu'un pas grand chose proche d'un rien ?
J'eu du mépris, de la répulsion... presque du dégoût...envie de reculer, de laisser à son pathétique tableau de demi mort cette demi-créature... être déjà ainsi réduite... sans combattre... méritait-elle d'être secourue ?
Je crois que c'est la logique du moment qui me fit malgré moi doucement enlever l'animal mort de ses genoux, retirer ma veste pour la lui passer sur les épaules et cacher sa nudité, commencer doucement avec des paroles rassurantes à lui prendre les bras sous les épaules pour l'attirer contre moi et la relever doucement... dans le mouvement ses seins durcis par le froid s'écrasèrent sur ma poitrine et mon visage dans l'effort se cala dans son cou... et je sentis ce parfum... dans mes bras et qui maintenant s'y réfugiait avec force... Lisa.
Quelques minutes plus tard, une éternité... je me retrouvais assis à l'arrière d'un camion d'évacuation, sans sac à dos, sans affaires, sans veste... mais avec une "enfant" de 26 ans qui dans les spasmes du sanglot s'accrochait toujours à moi. La route défilait dans le froid, le noir, le drame... je ne pensais pourtant qu'à une chose : m'avait-elle reconnu ?
________________________________________________________
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
6 - Regard
Autours de moi, sous la protection des militaires, les langues de mes voisins se déliaient... Leurs paroles, leurs cris ne me heurtaient pas, ne m'agressaient pas. J'en saisissais le sens, sans l'angoisse ni la hargne... j'étais heureux. Merci Lisa.
Notre véhicule, devait avoir un trajet précis car à intervalles réguliers, d'autres passagers étaient ramassés. En plus ou moins piteux état...
Tous ne pouvaient s'empêcher de raconter leur histoire. Personne n'écoutait personne et tous parlaient sans pause, frénétiquement. Certains avaient étés agressés chez eux... d'autres chassés par les militaires, d'autres avaient vu des feux prendre dans la foule suite à l'utilisation de torches improvisées... d'autres encore, ceux pour qui l'évacuation s'était passée plus calmement allaient de spéculations en spéculations, "qui, quoi.... mais enfin..." crédulité, ton péremptoire des "je sais tout"... et les critiques fusaient... certains même disaient qu'une attaque ennemie et le soutien de l'armée mettrait forcément fin à cette situation de crise et de violence... brouhaha... bruit...
Si on pouvait donner un pourcentage de vie à nos parties du corps, je crois que la langue resterait toujours à 100%, les oreilles, elles finalement peu utilisées se contenteraient d'un 5% largement suffisant.
A être ainsi prise en charge... leur intelligence semblait se remettre "en roue libre" car un autre pédalait... Eternel Panurge aux non moins éternels ovins.
Je savais où nous étions car j'avais préparé et testé maintes et maintes fois des itinéraires d'évacuation. D'après les cartes, les photos satellite...en voiture, vélo ou à pied, je me savais incollable sur cet aspect des choses. Même si la ville, plongée dans les ténèbres se métamorphosait en un labyrinthe silencieux, la faible lueur de la lune suffisait à ma vue.
Etonnement, les rues n'étaient pas bouchonnées par les véhicules en panne... pas de chaos version cinématographique. La majorité, moteur freiné et stoppé par la vitesse enclenchée, étaient là, comme posés presque "normalement". J'étais insensible aux scènes qui parfois défilaient devant mes yeux, elle ressemblaient tant à celle que je venais de vivre... J'avais mal à la tête et je devais moi aussi décompenser... je vis quelques appartements en flamme...
Lisa à mes côtés était maintenant calme. Mon étreinte devenait malgré moi plus tendre que protectrice... j'étais mal à l'aise, je ne voulais pas profiter de la situation... J'avais froid, mais auprès d'elle, je cherchais plus que sa chaleur... Concrètement, je ne savais pas quoi dire... mon rôle de "sauveteur" avait pris fin, ainsi que ses prérogatives. Je me retrouvais comme avant... lorsque je la croisais dans l'escalier, le sang aux joues, silencieux, avec un seul sourire pour les mille mots maladroits coincés dans ma gorge.
A chaque fois qu'elle bougeait, j'avais peur que remise elle ne se détache de moi... j'essayais de rester moi même immobile pour que dure à jamais cette promiscuité. Un soldat, passa parmi nous et nous tendit des couvertures. Je l'aurais tué... je failli refuser mais j'acceptai et j'essayai de nous en recouvrir quand Lisa se redressa. Il dû y avoir un rayon de lune à ce moment là car quand son visage se redressa et se tourna vers moi... je vis ses yeux... jamais je n'oublierai.
Je sais qu'entendre n'est pas écouter, que voir n'est pas regarder... mais là, elle me fixait. Je fus tant saisi par son regard de louve que je restais paralysé... et je dus faire des efforts pour réaliser qu'avec un sourire elle avait prononcé mon nom, suivi d'un tendre "merci".
Un autre sourire accueillit alors avec tendresse les douze mots qui sortirent en un seul de ma bouche confuse. Je ne pourrai jamais évaluer la puissance du bonheur de cet instant.
Même maintenant en écrivant sur ce cahier "neuf" emprunté pour une longue durée à une chambre d'enfant désertée... je ne sais quels mots je voulus dire à ce moment là. J'en rigolerais presque si...
Mes craintes étaient infondées... la couverture nous rapprocha plus encore... et mieux, je savais maintenant Lisa consciente. Je ne profitais donc pas d'une situation pour imaginer... autours de ma taille ses bras s'étaient lovés et sa figure sur ma poitrine s'appuyait avec confiance.
Je considérais dés lors que par ce geste de Lisa nous étions liés... sans autre signification pour autant. Rassuré, je pouvais me remettre à "calculer"... calculer pour deux.
Nous sortions de la ville. Les silhouettes géométriques avaient disparu, remplacées par celle des arbres... toujours dans la pénombre, ici enfin naturelle. J'étais sûr que nous nous dirigions vers le plateau d' Elban, d'après mon analyse, le seul à distance correcte et disposition adaptée.
Ma poitrine se mit à alors vibrer sur la voix de Lisa qui se mit à me raconter son histoire...
Autours de moi, sous la protection des militaires, les langues de mes voisins se déliaient... Leurs paroles, leurs cris ne me heurtaient pas, ne m'agressaient pas. J'en saisissais le sens, sans l'angoisse ni la hargne... j'étais heureux. Merci Lisa.
Notre véhicule, devait avoir un trajet précis car à intervalles réguliers, d'autres passagers étaient ramassés. En plus ou moins piteux état...
Tous ne pouvaient s'empêcher de raconter leur histoire. Personne n'écoutait personne et tous parlaient sans pause, frénétiquement. Certains avaient étés agressés chez eux... d'autres chassés par les militaires, d'autres avaient vu des feux prendre dans la foule suite à l'utilisation de torches improvisées... d'autres encore, ceux pour qui l'évacuation s'était passée plus calmement allaient de spéculations en spéculations, "qui, quoi.... mais enfin..." crédulité, ton péremptoire des "je sais tout"... et les critiques fusaient... certains même disaient qu'une attaque ennemie et le soutien de l'armée mettrait forcément fin à cette situation de crise et de violence... brouhaha... bruit...
Si on pouvait donner un pourcentage de vie à nos parties du corps, je crois que la langue resterait toujours à 100%, les oreilles, elles finalement peu utilisées se contenteraient d'un 5% largement suffisant.
A être ainsi prise en charge... leur intelligence semblait se remettre "en roue libre" car un autre pédalait... Eternel Panurge aux non moins éternels ovins.
Je savais où nous étions car j'avais préparé et testé maintes et maintes fois des itinéraires d'évacuation. D'après les cartes, les photos satellite...en voiture, vélo ou à pied, je me savais incollable sur cet aspect des choses. Même si la ville, plongée dans les ténèbres se métamorphosait en un labyrinthe silencieux, la faible lueur de la lune suffisait à ma vue.
Etonnement, les rues n'étaient pas bouchonnées par les véhicules en panne... pas de chaos version cinématographique. La majorité, moteur freiné et stoppé par la vitesse enclenchée, étaient là, comme posés presque "normalement". J'étais insensible aux scènes qui parfois défilaient devant mes yeux, elle ressemblaient tant à celle que je venais de vivre... J'avais mal à la tête et je devais moi aussi décompenser... je vis quelques appartements en flamme...
Lisa à mes côtés était maintenant calme. Mon étreinte devenait malgré moi plus tendre que protectrice... j'étais mal à l'aise, je ne voulais pas profiter de la situation... J'avais froid, mais auprès d'elle, je cherchais plus que sa chaleur... Concrètement, je ne savais pas quoi dire... mon rôle de "sauveteur" avait pris fin, ainsi que ses prérogatives. Je me retrouvais comme avant... lorsque je la croisais dans l'escalier, le sang aux joues, silencieux, avec un seul sourire pour les mille mots maladroits coincés dans ma gorge.
A chaque fois qu'elle bougeait, j'avais peur que remise elle ne se détache de moi... j'essayais de rester moi même immobile pour que dure à jamais cette promiscuité. Un soldat, passa parmi nous et nous tendit des couvertures. Je l'aurais tué... je failli refuser mais j'acceptai et j'essayai de nous en recouvrir quand Lisa se redressa. Il dû y avoir un rayon de lune à ce moment là car quand son visage se redressa et se tourna vers moi... je vis ses yeux... jamais je n'oublierai.
Je sais qu'entendre n'est pas écouter, que voir n'est pas regarder... mais là, elle me fixait. Je fus tant saisi par son regard de louve que je restais paralysé... et je dus faire des efforts pour réaliser qu'avec un sourire elle avait prononcé mon nom, suivi d'un tendre "merci".
Un autre sourire accueillit alors avec tendresse les douze mots qui sortirent en un seul de ma bouche confuse. Je ne pourrai jamais évaluer la puissance du bonheur de cet instant.
Même maintenant en écrivant sur ce cahier "neuf" emprunté pour une longue durée à une chambre d'enfant désertée... je ne sais quels mots je voulus dire à ce moment là. J'en rigolerais presque si...
Mes craintes étaient infondées... la couverture nous rapprocha plus encore... et mieux, je savais maintenant Lisa consciente. Je ne profitais donc pas d'une situation pour imaginer... autours de ma taille ses bras s'étaient lovés et sa figure sur ma poitrine s'appuyait avec confiance.
Je considérais dés lors que par ce geste de Lisa nous étions liés... sans autre signification pour autant. Rassuré, je pouvais me remettre à "calculer"... calculer pour deux.
Nous sortions de la ville. Les silhouettes géométriques avaient disparu, remplacées par celle des arbres... toujours dans la pénombre, ici enfin naturelle. J'étais sûr que nous nous dirigions vers le plateau d' Elban, d'après mon analyse, le seul à distance correcte et disposition adaptée.
Ma poitrine se mit à alors vibrer sur la voix de Lisa qui se mit à me raconter son histoire...
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"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
7 - Héros
Lisa se mit à parler. Posément. Le sens de ses paroles contrastait tant avec son calme apparent... Ses mots prononcés avec humanité ne trahissaient aucun ressentiment, aucune haine... je ne comprenais pas...
Elle était au lit quand elle perçut la détonation et que le courant se coupa. Plongée dans un roman qui parlait d'aventure, de découverte.
Sans paniquer, elle alla prendre et allumer des bougies, sa lampe torche étonnamment déchargée ne fonctionnait plus... plus de téléphone, tout semblait s'être arrêté.
Elle fit le tour de son appartement, intriguée par le "bizarre" de cette détonation et des effets qu'elle n'arrivait pas à relier.
Les pillards auraient-ils détruit un poste électrique ? Cela couperait forcément les alarmes si embêtantes pour leurs projets... A la fenêtre, elle vit la nuit, partout la ville était plongée dans le noir, plus de bruits... plus une seule voiture ne roulait et le silence lui parvint comme "déplacé".
Aux fenêtres et balcons voisins commençait le refrain des étonnements sonores.
Depuis des semaines, elle voyait se dégrader son monde. Cela avait touché son univers d'assez près lorsque son père s'était fait attaquer en voiture, stoppé et dépouillé à un feu rouge. Elle avait décidé de partir, loin de cet enfer urbain, dans lequel la prison de chacun devenait la prison de tous. Elle avait préparé ses affaires, était presque prête à quitter sa vie citadine pour, dans l'arrière pays, perdue dans la campagne, retrouver un peu la paix de sa maison familiale.
Les militaires passés, elle commença à paniquer à l'écoute du message d'évacuation. Rapidement, elle mit son pantalon, ses chaussures de sport, mit sa veste de randonnée par dessus sa chemise de nuit, prit des bougies et alla chez ses voisins de paliers s'assurer de leur état et de leur réaction suite au consignes d'évacuation. Elle leur apporta la lumière les réconforta et remplaça un moment la présence de leur fille absente, située, par les hasards de la vie à 800 km de là. Elle les aida à se préparer mais déjà dans l'escalier le bruit de l'affolement commençait à se faire entendre. Par des fenêtres certains commençaient à jeter leurs affaires dans la rue...
Elle donna les consignes à ses voisins et retourna chez elle. La lueur de sa bougie provoqua un vif mouvement parmi le petit attroupement affolé, perdu sur le palier dans le noir et les cris. On lui réclamait la lumière, forcément les affaires des autres étaient bien plus importantes et cruciales que les siennes... elle tendit la bougie qui, prise et alors disputée avec trop de violence s'éteignit... renvoyant à leurs ténèbres ces pauvres personnages... on s'insultait, on la bousculait, frappait même, elle, l'imbécile incapable de garder une bougie allumée... crime... lèse Majesté...
Elle arriva à rentrer chez elle grâce à sa maîtrise dans l'obscurité... et sa veste, qui laissée à ses poursuivants lui avait donné le temps nécessaire à sa fuite.
Son chien, n'arrêtait pas d'aboyer, réceptif à la peur et au stress comme le sont les animaux.
Dans la cage d'escalier, le bruit devenait tonnerre. Il fallait quitter l'immeuble au plus vite avant que ses occupants les plus paniqués ne le rendent hermétique par leur affolement. Ça criait sur le palier, hurlait même... des prénoms, des ordres, des insultes... on appelait à l'aide...
Elle avait pris son chien sous le bras, son sac de voyage et résolue avait ouvert la porte. La lueur de ses bougies devenue visible avait rendu hystériques les personnes qui dans le noir de la cage d'escalier se noyaient. Une vague déferlait sur elle. Dans cet état paroxystique, la force de dix valait la force de vingt... et une jeune femme seule n'avait que bien peu de chances... Son chien avait bondi pour défendre sa maîtresse, donné de féroces coups de dents, arraché d'autres cris, profitant du noir pour paraître molosse, lui, humble teckel à poil ras... avait favorisé la retraite de sa maitresse qui dans le chaos n'avait pas entendu les hurlements de son animal alors piétiné...
Des mains s'étaient abattues sur elle, arrachant tout le fragile sur leurs passages... tissus, cheveux, peau... espérance... dans un maëlstrom sonore...
Donnant des pieds et du poing, elle avait reculé, tiré la laisse de son animal pour fuir ensemble cette sauvagerie. Elle avait réussi à rentrer chez elle et refermer sa porte... elle ne savait même pas comment... juste aperçu une vive lueur venant d'étages supérieurs qui avait figé la foule la seconde nécessaire.
La laisse était cassée, à ses pieds son animal gémissait tandis que de son flanc ouvert coulait un peu de sang...
Elle aussi avait pris des coups et ne pouvait plus respirer, son cerveau en ébullition s'étouffait. Le bruit insupportable avait apporté la panique... les coups, la douleur, la peur... maintenant la tristesse... elle perdait les commandes... elle n'entendit pas le dernier soupir de son compagnon, tendre petit héros discret...
Choquée, elle sombra alors dans un état second... jusqu'à ce que je n'arrive pour, selon ses mots, "la sauver".
Elle raconta bien plus encore, sans colère, sans envie de pure vengeance... mais avec révolte contre ce "plus grand" que notre misérable humanité, contre la marche des choses que chacun voyait parcellaire alors que c'était pourtant un tout... elle comprenait, sans excuser, elle comprenait... Elle pensait à ses voisins de palier, ses connaissances de l'immeuble... qui sait pensai-je, peut-être ses bourreaux... elle pensait à son chien...
Tournée vers les autres, jamais il ne fut question d'elle. Pas une plainte, pas un mot perdu...
Moi, qui au fil de son récit avait été consumé par la rage et la vindicte, me retrouvais terrassé par cette compassion. Repensant à ma propre vision des choses et à ma conduite, je me trouvais subitement encore plus pitoyable, minable et ridicule, égoïste... pourtant à ses yeux, ce soir, c'était moi le sauveur.
Face à nous dans le camion, la dernière personne récupérée disait avoir vu des vapeurs comme du gaz et des gens tomber, raides morts... la réalité se rappelait à nous.
Nous avions donc à faire à une attaque chimique...
Lisa se mit à parler. Posément. Le sens de ses paroles contrastait tant avec son calme apparent... Ses mots prononcés avec humanité ne trahissaient aucun ressentiment, aucune haine... je ne comprenais pas...
Elle était au lit quand elle perçut la détonation et que le courant se coupa. Plongée dans un roman qui parlait d'aventure, de découverte.
Sans paniquer, elle alla prendre et allumer des bougies, sa lampe torche étonnamment déchargée ne fonctionnait plus... plus de téléphone, tout semblait s'être arrêté.
Elle fit le tour de son appartement, intriguée par le "bizarre" de cette détonation et des effets qu'elle n'arrivait pas à relier.
Les pillards auraient-ils détruit un poste électrique ? Cela couperait forcément les alarmes si embêtantes pour leurs projets... A la fenêtre, elle vit la nuit, partout la ville était plongée dans le noir, plus de bruits... plus une seule voiture ne roulait et le silence lui parvint comme "déplacé".
Aux fenêtres et balcons voisins commençait le refrain des étonnements sonores.
Depuis des semaines, elle voyait se dégrader son monde. Cela avait touché son univers d'assez près lorsque son père s'était fait attaquer en voiture, stoppé et dépouillé à un feu rouge. Elle avait décidé de partir, loin de cet enfer urbain, dans lequel la prison de chacun devenait la prison de tous. Elle avait préparé ses affaires, était presque prête à quitter sa vie citadine pour, dans l'arrière pays, perdue dans la campagne, retrouver un peu la paix de sa maison familiale.
Les militaires passés, elle commença à paniquer à l'écoute du message d'évacuation. Rapidement, elle mit son pantalon, ses chaussures de sport, mit sa veste de randonnée par dessus sa chemise de nuit, prit des bougies et alla chez ses voisins de paliers s'assurer de leur état et de leur réaction suite au consignes d'évacuation. Elle leur apporta la lumière les réconforta et remplaça un moment la présence de leur fille absente, située, par les hasards de la vie à 800 km de là. Elle les aida à se préparer mais déjà dans l'escalier le bruit de l'affolement commençait à se faire entendre. Par des fenêtres certains commençaient à jeter leurs affaires dans la rue...
Elle donna les consignes à ses voisins et retourna chez elle. La lueur de sa bougie provoqua un vif mouvement parmi le petit attroupement affolé, perdu sur le palier dans le noir et les cris. On lui réclamait la lumière, forcément les affaires des autres étaient bien plus importantes et cruciales que les siennes... elle tendit la bougie qui, prise et alors disputée avec trop de violence s'éteignit... renvoyant à leurs ténèbres ces pauvres personnages... on s'insultait, on la bousculait, frappait même, elle, l'imbécile incapable de garder une bougie allumée... crime... lèse Majesté...
Elle arriva à rentrer chez elle grâce à sa maîtrise dans l'obscurité... et sa veste, qui laissée à ses poursuivants lui avait donné le temps nécessaire à sa fuite.
Son chien, n'arrêtait pas d'aboyer, réceptif à la peur et au stress comme le sont les animaux.
Dans la cage d'escalier, le bruit devenait tonnerre. Il fallait quitter l'immeuble au plus vite avant que ses occupants les plus paniqués ne le rendent hermétique par leur affolement. Ça criait sur le palier, hurlait même... des prénoms, des ordres, des insultes... on appelait à l'aide...
Elle avait pris son chien sous le bras, son sac de voyage et résolue avait ouvert la porte. La lueur de ses bougies devenue visible avait rendu hystériques les personnes qui dans le noir de la cage d'escalier se noyaient. Une vague déferlait sur elle. Dans cet état paroxystique, la force de dix valait la force de vingt... et une jeune femme seule n'avait que bien peu de chances... Son chien avait bondi pour défendre sa maîtresse, donné de féroces coups de dents, arraché d'autres cris, profitant du noir pour paraître molosse, lui, humble teckel à poil ras... avait favorisé la retraite de sa maitresse qui dans le chaos n'avait pas entendu les hurlements de son animal alors piétiné...
Des mains s'étaient abattues sur elle, arrachant tout le fragile sur leurs passages... tissus, cheveux, peau... espérance... dans un maëlstrom sonore...
Donnant des pieds et du poing, elle avait reculé, tiré la laisse de son animal pour fuir ensemble cette sauvagerie. Elle avait réussi à rentrer chez elle et refermer sa porte... elle ne savait même pas comment... juste aperçu une vive lueur venant d'étages supérieurs qui avait figé la foule la seconde nécessaire.
La laisse était cassée, à ses pieds son animal gémissait tandis que de son flanc ouvert coulait un peu de sang...
Elle aussi avait pris des coups et ne pouvait plus respirer, son cerveau en ébullition s'étouffait. Le bruit insupportable avait apporté la panique... les coups, la douleur, la peur... maintenant la tristesse... elle perdait les commandes... elle n'entendit pas le dernier soupir de son compagnon, tendre petit héros discret...
Choquée, elle sombra alors dans un état second... jusqu'à ce que je n'arrive pour, selon ses mots, "la sauver".
Elle raconta bien plus encore, sans colère, sans envie de pure vengeance... mais avec révolte contre ce "plus grand" que notre misérable humanité, contre la marche des choses que chacun voyait parcellaire alors que c'était pourtant un tout... elle comprenait, sans excuser, elle comprenait... Elle pensait à ses voisins de palier, ses connaissances de l'immeuble... qui sait pensai-je, peut-être ses bourreaux... elle pensait à son chien...
Tournée vers les autres, jamais il ne fut question d'elle. Pas une plainte, pas un mot perdu...
Moi, qui au fil de son récit avait été consumé par la rage et la vindicte, me retrouvais terrassé par cette compassion. Repensant à ma propre vision des choses et à ma conduite, je me trouvais subitement encore plus pitoyable, minable et ridicule, égoïste... pourtant à ses yeux, ce soir, c'était moi le sauveur.
Face à nous dans le camion, la dernière personne récupérée disait avoir vu des vapeurs comme du gaz et des gens tomber, raides morts... la réalité se rappelait à nous.
Nous avions donc à faire à une attaque chimique...
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
8 - Horreur
Malgré les propos alarmants du dernier venu, la fatigue commençait à m'envahir. Parmi mes voisins, voisins dont je n'arrivais pas à voir le visage, les commentaires allaient bon train et les idées les plus folles trouvaient crédit dans des oreilles déboussolées. Chacun avait quelque chose à dire. Sa version de l'évacuation, sa vision de l'attaque. Une conversation de comptoir façon cours d'art dramatique.
Je commençais à être bercé par ce fond sonore qui se superposait avec rudesse aux bruits du moteur du camion. Je restais en retrait, préférant écouter plus que parler. Lisa contre moi, restait elle aussi silencieuse. La route obscure tournait dans l'inconnu. Et je commençais à me demander pourquoi le camion avait choisi cet itinéraire, bien plus long pour atteindre le plateau. Comment ce dernier monté avait-il pu voir dans l'obscurité des hommes tomber à terre et mourir, sans lui même avoir été atteint ? L'attaque chimique serait-elle déjà en place ailleurs ? Dans les villes que nous aurions dû traverser ? Que pouvait-être une attaque chimique ? neuro toxiques ? plus que probable vu le mythe du gaz de combat.
Sur le bord de la route, les silhouettes devinées des arbres devenaient hypnotiques, fatigué, j'accusais le contre-coup des évènements de cette soirée. Les conversations me berçaient...
Un détail commençait à me préoccuper, je sentais une odeur âcre qui, peu à peu irritait mon nez et ma gorge. Les silhouettes dans le camion, commençaient à s'agiter étrangement. J'y voyais mieux, bien mieux.
Je discernais alors mon voisin d'en face, le bavard... il se tenait le visage et semblait s'enlever des morceaux de chair. Il expliquait que c'était un effet du gaz... un gaz mangeur de chair... Pour en stopper les effets, il fallait de la lumière disait-il d'une voix métallique. "Lumière ! lumière ! " scandait-il maintenant...
Les autres passagers commençaient à se tordre devant moi. Il portaient leurs mains vers leurs visages en geignant. Je restais complètement figé. Que faisaient-ils ? Eux aussi semblaient être en train de s'arracher le visage... Horrifié, je ne pouvais plus bouger d'un millimètre. La panique commençait encore à m'envahir, étais-je moi aussi en train de subir les effets du gaz ? un gaz incapacitant mangeait mon système nerveux !
A bord du camion, les silhouettes s'étaient levées et agglutinées s'écorchaient les unes les autres, répandant les lambeaux sanguinolents à leurs pieds comme des épluchures. "Lumière... lumière..." leurs voix s'unissaient à former comme un son d'orgue désaccordé...maléfique.
Soudain, contre moi, je sentis Lisa bouger doucement. Elle s'écartait lentement et dans de troublants gémissements, portait ses mains sur son visage. Je la voyais, horrifié, elle aussi commencer à s'arracher les joues, le nez, les paupières... mais je n'arrivais pas à en croire mes propres yeux... contrairement aux autres, son visage se déformait. Son nez s'allongeait et comme des poils commençaient à pousser sur son visage sans peau...
Je ne pouvais toujours pas bouger, je ne pouvais même plus détourner mon regard de cette terrible transformation. Les dents de Lisa poussaient sur sa mâchoire qui elle aussi s'allongeait. Elle se mit à genoux et commença à émettre des cris rauques, comme des cris d'animal.
Les autres n'avaient plus de visages. Mais je savais que c'est vers moi qu'ils tournaient, comme des spectres, leur silhouette. Ils se rapprochaient lentement, j'en étais sûr, ils venaient vers moi. Leur refrain devenait lancinant " Lumière... lumière..." La cruauté de leur chant était bien supérieure à mon courage.
Les voix n'étaient plus humaines... je commençais à étouffer. Lisa était maintenant au sol, son visage complètement déformé n'exprimait plus que de la douleur silencieuse. Et je ne pouvais toujours pas bouger. J'étouffais...
Les spectres étaient à quelques centimètres de moi, et je voyais Lisa se faire piétiner en silence. Seul son visage implorant me regardait... mais je ne la reconnaissais plus dans cette créature... Il ne restait maintenant plus rien de son corps.
C'est alors que je me mis à éclairer. Mes yeux devinrent deux phares qui devant moi, projetaient des rayons blancs. Je vis alors un spectre sans visage étendre son bras écorché vers moi, et avec horreur planter ses doigts sanglants dans mon épaule en prononçant des mots étranges... incompréhensibles... je devais me concentrer pour comprendre, je connaissais cette langue, elle m'était familière. Ce n'est qu'au bout de quelques instants qu'enfin, après de nombreux efforts, j'en compris le sens : "Réveille-toi, nous sommes arrivés"
Malgré les propos alarmants du dernier venu, la fatigue commençait à m'envahir. Parmi mes voisins, voisins dont je n'arrivais pas à voir le visage, les commentaires allaient bon train et les idées les plus folles trouvaient crédit dans des oreilles déboussolées. Chacun avait quelque chose à dire. Sa version de l'évacuation, sa vision de l'attaque. Une conversation de comptoir façon cours d'art dramatique.
Je commençais à être bercé par ce fond sonore qui se superposait avec rudesse aux bruits du moteur du camion. Je restais en retrait, préférant écouter plus que parler. Lisa contre moi, restait elle aussi silencieuse. La route obscure tournait dans l'inconnu. Et je commençais à me demander pourquoi le camion avait choisi cet itinéraire, bien plus long pour atteindre le plateau. Comment ce dernier monté avait-il pu voir dans l'obscurité des hommes tomber à terre et mourir, sans lui même avoir été atteint ? L'attaque chimique serait-elle déjà en place ailleurs ? Dans les villes que nous aurions dû traverser ? Que pouvait-être une attaque chimique ? neuro toxiques ? plus que probable vu le mythe du gaz de combat.
Sur le bord de la route, les silhouettes devinées des arbres devenaient hypnotiques, fatigué, j'accusais le contre-coup des évènements de cette soirée. Les conversations me berçaient...
Un détail commençait à me préoccuper, je sentais une odeur âcre qui, peu à peu irritait mon nez et ma gorge. Les silhouettes dans le camion, commençaient à s'agiter étrangement. J'y voyais mieux, bien mieux.
Je discernais alors mon voisin d'en face, le bavard... il se tenait le visage et semblait s'enlever des morceaux de chair. Il expliquait que c'était un effet du gaz... un gaz mangeur de chair... Pour en stopper les effets, il fallait de la lumière disait-il d'une voix métallique. "Lumière ! lumière ! " scandait-il maintenant...
Les autres passagers commençaient à se tordre devant moi. Il portaient leurs mains vers leurs visages en geignant. Je restais complètement figé. Que faisaient-ils ? Eux aussi semblaient être en train de s'arracher le visage... Horrifié, je ne pouvais plus bouger d'un millimètre. La panique commençait encore à m'envahir, étais-je moi aussi en train de subir les effets du gaz ? un gaz incapacitant mangeait mon système nerveux !
A bord du camion, les silhouettes s'étaient levées et agglutinées s'écorchaient les unes les autres, répandant les lambeaux sanguinolents à leurs pieds comme des épluchures. "Lumière... lumière..." leurs voix s'unissaient à former comme un son d'orgue désaccordé...maléfique.
Soudain, contre moi, je sentis Lisa bouger doucement. Elle s'écartait lentement et dans de troublants gémissements, portait ses mains sur son visage. Je la voyais, horrifié, elle aussi commencer à s'arracher les joues, le nez, les paupières... mais je n'arrivais pas à en croire mes propres yeux... contrairement aux autres, son visage se déformait. Son nez s'allongeait et comme des poils commençaient à pousser sur son visage sans peau...
Je ne pouvais toujours pas bouger, je ne pouvais même plus détourner mon regard de cette terrible transformation. Les dents de Lisa poussaient sur sa mâchoire qui elle aussi s'allongeait. Elle se mit à genoux et commença à émettre des cris rauques, comme des cris d'animal.
Les autres n'avaient plus de visages. Mais je savais que c'est vers moi qu'ils tournaient, comme des spectres, leur silhouette. Ils se rapprochaient lentement, j'en étais sûr, ils venaient vers moi. Leur refrain devenait lancinant " Lumière... lumière..." La cruauté de leur chant était bien supérieure à mon courage.
Les voix n'étaient plus humaines... je commençais à étouffer. Lisa était maintenant au sol, son visage complètement déformé n'exprimait plus que de la douleur silencieuse. Et je ne pouvais toujours pas bouger. J'étouffais...
Les spectres étaient à quelques centimètres de moi, et je voyais Lisa se faire piétiner en silence. Seul son visage implorant me regardait... mais je ne la reconnaissais plus dans cette créature... Il ne restait maintenant plus rien de son corps.
C'est alors que je me mis à éclairer. Mes yeux devinrent deux phares qui devant moi, projetaient des rayons blancs. Je vis alors un spectre sans visage étendre son bras écorché vers moi, et avec horreur planter ses doigts sanglants dans mon épaule en prononçant des mots étranges... incompréhensibles... je devais me concentrer pour comprendre, je connaissais cette langue, elle m'était familière. Ce n'est qu'au bout de quelques instants qu'enfin, après de nombreux efforts, j'en compris le sens : "Réveille-toi, nous sommes arrivés"
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9 - Arrivée
Lisa m'avait réveillé quelques minutes avant notre entrée dans le camp d'accueil. Force était de constater qu'elle avait l'esprit vif et de la suite dans les idées.
Passé les effets collants de ce rêve cathartique et libérateur, mon cerveau, purifié par cette vidange inconsciente m'apparaissait étrangement opérationnel.
Un autre camion nous suivait et de la généreuse lumière de ses phares, mes yeux se repaissaient. Je fis un inventaire méthodique et complet des personnes assises à nos côtés. Beaucoup portaient sur leur visage des traces visibles de lutte. Gonflements, ecchymoses, plaies séchées par l'air de notre vitesse. J'essayais de mettre un type sur chaque passager, agressif, passif, perdu, calculateur... j'arrivai sur le visage de Lisa.
Elle était vraiment belle... contraste incompréhensible.
Etait-ce la déformation causée par mes propres sentiments naissants à son égard ? j'y voyais une ombre de réciprocité... je ne pouvais regarder autre chose. Mon regard était capturé et je dus faire de violents efforts pour m'en libérer et redonner à mon cerveau toute la puissance nécessaire à sa tâche : observer, analyser et prévoir.
Impression étrange, le dernier monté semblait avoir disparu. Lisa me le confirma.
Durant mon sommeil, le camion s'était arrêté pour une petite pause et l'homme avait prétexté retrouver des membres de sa famille qui devaient être dans le camion suivant et nous avait alors quitté.
Notre véhicule stoppa à quelques centaines de mètres des installations militaires de l'entrée du camp. Nous attendions l'ordre de descendre.
Le camp se laissait deviner devant nous.
Des dizaines de tentes étaient alignées sur plusieurs rangées et colonnes, par unités de 5 par 5 elles formaient des groupes séparés par des allées plus larges. Du personnel partout travaillait à la lueur des frontales et des éclairages de véhicules de terrassement du Génie militaire. Cette disposition me fit penser aux images de reconstitution d'antiques camps romains. A côté des unités médicales bien reconnaissables avec leurs croix rouges, des citernes géantes, des containers par dizaines, comme alignés au cordeau.
Des générateurs commençaient à ronronner et alimentaient maintenant des unités de lampadaires mobiles. Une fourmilière que je devinais camouflée adaptait avec efficacité le plateau à l'accueil des évacués. Il n'y avait pas de clôture mais un entonnoir, à l'entrée, divisait les arrivants suivant une logique pour le moment inconnue. Il y avait plusieurs sas d'importante longueur que je supposais être ceux de la décontamination. Au loin, il me semblait distinguer des blindés lourds, en lisière de la proche forêt. Des 4x4 armés allaient et venaient dans une chorégraphie poussiéreuse. Les radios crépitaient en suivant un code sec.
Devant nous seulement deux camions, le premier commençait à libérer ses passagers. Nous étions donc parmi les premiers arrivés.
L'attente allait commencer.
L'infrastructure militaire était malgré tout rassurante. Tous semblait pour le moment, vu de notre position, efficace et maîtrisé.
Un gradé s'approcha alors de nous et de sa lampe, balaya nos figures sans manières. "Qui a besoin de soins, d'affaires ?"
La lampe s'attarda sur moi, je ne compris pas pourquoi et hébété je n'arrivais pas à donner un sens aux paroles du militaire... et je pensais mon cerveau opérationnel...
Lisa me tira encore une fois de mon état second en me répétant les paroles du soldat : "Quand nous descendrons il faudra suivre cet homme, tu dois te faire soigner".
Je compris alors l'origine du mal de tête que je tenais depuis un moment déjà, j'avais une plaie derrière l'oreille et la tempe. Elle avait saigné et séché, me donnant un drôle d'aspect caparaçonné sur une moitié du crâne. Sous la lumière directe, Lisa me confirmait avoir besoin de soins, je devais y aller avant que les autres camions n'arrivent. Il y eu ensuite entre le chauffeur de notre camion et un officier, un long conciliabule. Par bonheur, notre point de ramassage en ville n'était pas en zone critique et nous dispensait de passer par les sas de décontamination. Nous évitions donc l'interminable procédure des douches et autres réjouissances...
Suite à la proposition du gradé, Lisa demanda si elle pouvait avoir de quoi se vêtir décemment afin de pouvoir me rendre ma veste vu la température assez froide de cette nuit surréaliste et mon seul t-shirt. Elle reçut un pull-over à col montant et une chaude veste coupe vent beige. Elle se changea rapidement sous la couverture qu'elle me demanda de tenir pour la soustraire aux regards des autres. Je devinais alors, dans la pénombre, des contours gourmands qui manifestement sans se montrer, de moi ne se cachaient pas pour autant.
Je crois que Lisa s'était moqué de moi quand, ma veste rendue, je l'avais inconsciemment approchée de mon visage pour dans le reste de chaleur prisonnière des fibres chercher son parfum. Se hissant sur la pointe des pieds, elle m'avait alors doucement embrassé sur la joue avec un "merci pour ça aussi". J'étais très mal à l'aise, que je sois selon ses mots son "sauveur" j'acceptais sans réserves, mais je ne voulais pas être son ami, j'avais besoin de bien plus... et dans ce domaine l'ami tue l'amoureux possible sans pitié.
Au signe d'un des militaires du check-point d'entrée, nous descendîmes du camion et enfin, nos pieds engourdis foulèrent la terre fraîchement disciplinée du camp.
Ma veste comme à contre-cœur recouvrait à nouveau mes épaules et ce n'est qu'en passant sous le portique que je me rendis compte que depuis notre descente du camion Lisa me tenait fermement par la main.
Au loin de nombreuses lumières et un grondement croissant indiquaient l'arrivée maintenant imminente d'un important groupe de camions.
Emmené par un militaire je rentrais sous une tente médicale et la crampe au ventre laissais malgré moi Lisa dehors. A ce moment là, trop de pensées, trop d'émotions... seuls mes yeux durent parler en la regardant disparaître derrière la porte de toile car ma bouche encore une fois, ne le fit.
J'étais le premier à utiliser cette tente médicalisée. Le nettoyage de ma plaie était entrecoupé par des centaines de questions, et je dus par le menu raconter la soirée. Je voulais hâter les choses mais ma blessure était un peu profonde et son nettoyage douloureux. Je reçus aussi des piqures "en prévention". Le médecin ne voulait pas prendre le risque d'une complication quand le nombre des évacués rendrait le respect des règles d'hygiène difficile, voire impossible. Toute plaie était une infection en puissance me racontait-il. Il avait effectué des campagnes sanitaires et médicalisé des camps de réfugiés partout dans le monde. De son expérience africaine, il avait gardé amertume et frustration. Il avait sauvé cent vies et aurait pu en sauver mille s'il avait eu le temps, les moyens... Il savait ce qu'immanquablement devenaient les camps dans la durée, de la violence, des épidémies, de l'inéluctable pervertion. Il me regarda soudain, sachant avoir trop parlé... il rectifia le tir, parla de la maîtrise et de la sûreté des installations européennes, de l'absence de risque... je jouais le jeu pour abréger moi aussi ce moment qui trainait en longueur.
Les bruits du dehors traversaient maintenant la toile des tentes avec facilité. Les camions arrivaient et avec eux la cohorte des évacués. J'entendais des sifflets, des ordres, et l'horrible cacophonie de la foule qui se rapproche. Enfin libre, je me ruai dehors, regardais avec angoisse à droite, à gauche...personne.
Lisa avait disparu.
Lisa m'avait réveillé quelques minutes avant notre entrée dans le camp d'accueil. Force était de constater qu'elle avait l'esprit vif et de la suite dans les idées.
Passé les effets collants de ce rêve cathartique et libérateur, mon cerveau, purifié par cette vidange inconsciente m'apparaissait étrangement opérationnel.
Un autre camion nous suivait et de la généreuse lumière de ses phares, mes yeux se repaissaient. Je fis un inventaire méthodique et complet des personnes assises à nos côtés. Beaucoup portaient sur leur visage des traces visibles de lutte. Gonflements, ecchymoses, plaies séchées par l'air de notre vitesse. J'essayais de mettre un type sur chaque passager, agressif, passif, perdu, calculateur... j'arrivai sur le visage de Lisa.
Elle était vraiment belle... contraste incompréhensible.
Etait-ce la déformation causée par mes propres sentiments naissants à son égard ? j'y voyais une ombre de réciprocité... je ne pouvais regarder autre chose. Mon regard était capturé et je dus faire de violents efforts pour m'en libérer et redonner à mon cerveau toute la puissance nécessaire à sa tâche : observer, analyser et prévoir.
Impression étrange, le dernier monté semblait avoir disparu. Lisa me le confirma.
Durant mon sommeil, le camion s'était arrêté pour une petite pause et l'homme avait prétexté retrouver des membres de sa famille qui devaient être dans le camion suivant et nous avait alors quitté.
Notre véhicule stoppa à quelques centaines de mètres des installations militaires de l'entrée du camp. Nous attendions l'ordre de descendre.
Le camp se laissait deviner devant nous.
Des dizaines de tentes étaient alignées sur plusieurs rangées et colonnes, par unités de 5 par 5 elles formaient des groupes séparés par des allées plus larges. Du personnel partout travaillait à la lueur des frontales et des éclairages de véhicules de terrassement du Génie militaire. Cette disposition me fit penser aux images de reconstitution d'antiques camps romains. A côté des unités médicales bien reconnaissables avec leurs croix rouges, des citernes géantes, des containers par dizaines, comme alignés au cordeau.
Des générateurs commençaient à ronronner et alimentaient maintenant des unités de lampadaires mobiles. Une fourmilière que je devinais camouflée adaptait avec efficacité le plateau à l'accueil des évacués. Il n'y avait pas de clôture mais un entonnoir, à l'entrée, divisait les arrivants suivant une logique pour le moment inconnue. Il y avait plusieurs sas d'importante longueur que je supposais être ceux de la décontamination. Au loin, il me semblait distinguer des blindés lourds, en lisière de la proche forêt. Des 4x4 armés allaient et venaient dans une chorégraphie poussiéreuse. Les radios crépitaient en suivant un code sec.
Devant nous seulement deux camions, le premier commençait à libérer ses passagers. Nous étions donc parmi les premiers arrivés.
L'attente allait commencer.
L'infrastructure militaire était malgré tout rassurante. Tous semblait pour le moment, vu de notre position, efficace et maîtrisé.
Un gradé s'approcha alors de nous et de sa lampe, balaya nos figures sans manières. "Qui a besoin de soins, d'affaires ?"
La lampe s'attarda sur moi, je ne compris pas pourquoi et hébété je n'arrivais pas à donner un sens aux paroles du militaire... et je pensais mon cerveau opérationnel...
Lisa me tira encore une fois de mon état second en me répétant les paroles du soldat : "Quand nous descendrons il faudra suivre cet homme, tu dois te faire soigner".
Je compris alors l'origine du mal de tête que je tenais depuis un moment déjà, j'avais une plaie derrière l'oreille et la tempe. Elle avait saigné et séché, me donnant un drôle d'aspect caparaçonné sur une moitié du crâne. Sous la lumière directe, Lisa me confirmait avoir besoin de soins, je devais y aller avant que les autres camions n'arrivent. Il y eu ensuite entre le chauffeur de notre camion et un officier, un long conciliabule. Par bonheur, notre point de ramassage en ville n'était pas en zone critique et nous dispensait de passer par les sas de décontamination. Nous évitions donc l'interminable procédure des douches et autres réjouissances...
Suite à la proposition du gradé, Lisa demanda si elle pouvait avoir de quoi se vêtir décemment afin de pouvoir me rendre ma veste vu la température assez froide de cette nuit surréaliste et mon seul t-shirt. Elle reçut un pull-over à col montant et une chaude veste coupe vent beige. Elle se changea rapidement sous la couverture qu'elle me demanda de tenir pour la soustraire aux regards des autres. Je devinais alors, dans la pénombre, des contours gourmands qui manifestement sans se montrer, de moi ne se cachaient pas pour autant.
Je crois que Lisa s'était moqué de moi quand, ma veste rendue, je l'avais inconsciemment approchée de mon visage pour dans le reste de chaleur prisonnière des fibres chercher son parfum. Se hissant sur la pointe des pieds, elle m'avait alors doucement embrassé sur la joue avec un "merci pour ça aussi". J'étais très mal à l'aise, que je sois selon ses mots son "sauveur" j'acceptais sans réserves, mais je ne voulais pas être son ami, j'avais besoin de bien plus... et dans ce domaine l'ami tue l'amoureux possible sans pitié.
Au signe d'un des militaires du check-point d'entrée, nous descendîmes du camion et enfin, nos pieds engourdis foulèrent la terre fraîchement disciplinée du camp.
Ma veste comme à contre-cœur recouvrait à nouveau mes épaules et ce n'est qu'en passant sous le portique que je me rendis compte que depuis notre descente du camion Lisa me tenait fermement par la main.
Au loin de nombreuses lumières et un grondement croissant indiquaient l'arrivée maintenant imminente d'un important groupe de camions.
Emmené par un militaire je rentrais sous une tente médicale et la crampe au ventre laissais malgré moi Lisa dehors. A ce moment là, trop de pensées, trop d'émotions... seuls mes yeux durent parler en la regardant disparaître derrière la porte de toile car ma bouche encore une fois, ne le fit.
J'étais le premier à utiliser cette tente médicalisée. Le nettoyage de ma plaie était entrecoupé par des centaines de questions, et je dus par le menu raconter la soirée. Je voulais hâter les choses mais ma blessure était un peu profonde et son nettoyage douloureux. Je reçus aussi des piqures "en prévention". Le médecin ne voulait pas prendre le risque d'une complication quand le nombre des évacués rendrait le respect des règles d'hygiène difficile, voire impossible. Toute plaie était une infection en puissance me racontait-il. Il avait effectué des campagnes sanitaires et médicalisé des camps de réfugiés partout dans le monde. De son expérience africaine, il avait gardé amertume et frustration. Il avait sauvé cent vies et aurait pu en sauver mille s'il avait eu le temps, les moyens... Il savait ce qu'immanquablement devenaient les camps dans la durée, de la violence, des épidémies, de l'inéluctable pervertion. Il me regarda soudain, sachant avoir trop parlé... il rectifia le tir, parla de la maîtrise et de la sûreté des installations européennes, de l'absence de risque... je jouais le jeu pour abréger moi aussi ce moment qui trainait en longueur.
Les bruits du dehors traversaient maintenant la toile des tentes avec facilité. Les camions arrivaient et avec eux la cohorte des évacués. J'entendais des sifflets, des ordres, et l'horrible cacophonie de la foule qui se rapproche. Enfin libre, je me ruai dehors, regardais avec angoisse à droite, à gauche...personne.
Lisa avait disparu.
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
10 - Evolution
Dans la poussière et la lumière des phares, les abord de l'entrée du camp semblaient comme dévorés par une gélatine fluorescente de laquelle sortaient des silhouettes noirâtres. Leur nombre devenait important et dans ce halo, même le bruit se propageait étrangement. J'avais l'impression de regarder une invasion d'ectoplasmes translucides aux contours flous...
Dans le reste du camp dont le vide était désormais en sursis, mon regard s'était perdu. Peu m'importait la légion blafarde qui arrivait, je n'avais de préoccupations que pour l'être imaginaire dont j'avais, sans son accord, habité le corps charnel de Lisa. Où était-elle ?
Je me sentis alors plus fragile et ma force bien éphémère semblait être tributaire d'un autre carburant que celui de ma propre volonté. Comme un besoin vital indissociable de la bonne marche de ma pensée. Ceux dont je jugeais pitoyable la vie et molle la silhouette devaient partager cette faiblesse... raison de leurs échecs, malheurs et disgrâce.
Encore une pensée néfaste à mon besoin de force.
Je dois être Moi. Voir et connaître mes faiblesses, mais leur commander le repli, le recul... Je suis en cette seconde, mon premier ennemi. Enfin, j'avais ma liste de priorités : me vaincre et recommencer. Me relever pour me vêtir de cette nouvelle enveloppe libérée des scories perverses que sont la vision égoïste et sa maléfique compagne, la peur du manque. Je suis fait des atomes de cet univers, en moi l'infini et cette chose indéfinissable due au Hasard : la vie.
Et la vie allait enfin se battre.
En quelques secondes, j'avais évolué. Et j'aurai pu voir juste derrière moi, mon ancienne personnalité disparaître, aussi stupide et faible que celle des autres qui, maintenant prenaient possession du camp sans réaliser que notre monde, ce soir avait pris fin.
Lisa n'était plus cet être irréel qu'avait créé mon esprit faible, alors affamé de certitudes rassurantes, en cruel manque de sûreté... au point de s'inventer une réalité et de s'y construire tout en la sachant artificielle, fragile et éphémère.
Il me fallait bouger. Je vis une file de personnes devant un point de distribution. Je commençai à m'y diriger.
Mes premiers pas furent hésitants, comme si je redécouvrais mon intégrité physique, me réappropriais mon corps. Et très vite, je pris conscience du potentiel incroyable que donnait à présent mon mental ressuscité.
Jouer selon les règles, les changer quand change le jeu, gagner, imposer les siennes.
J'avais même peur de ne pas savoir ce que ma nouvelle personnalité avait prévu, tant la force de cette nouvelle logique était puissante. L'adaptation était depuis le Commencement la clef de la survie. Je l'avais juste oublié. Le drame qui se jouait était aussi la fin de mon monde, désormais consentant.
Je commençais à m'habituer à la disposition des lieux et je constatai que des nouveaux arrivants, aucun ne transitait par la voie de décontamination. Des petits groupes passaient devant moi, des familles qui, de leur nombre, tirant le réconfort nécessaire pour contenir leur panique, investissaient en désordre les tentes barnum.
Les stigmates de leur évacuation, parfois bien visibles, orientaient leur propriétaires vers les unités médicalisées désormais saturées.
Il y avait des files devant des postes où l'on distribuait du minimum vital. Vêtements, couvertures, eau... tickets pour la nourriture. C'était organisé, plutôt, bien organisé. Je ne pensais pas nos structures si bien préparées à faire face à de l'évacuation de masse... n'était-ce point la malédiction des pays du tiers-monde ?
Il y avait quand même quelque chose de discordant... Une attaque à l'EMP sur la troisième ville du pays, une évacuation massive de toute une population, des témoignages d'attaque au gaz, des visions de morts...
Combien de victimes seraient comptées et attribuées aux effets des EMP ? Combien de malades sous assistance respiratoire, de personnes tributaires de l'électronique pour vivre, pacemakers, insulino-dépendants, dialysés, handicapés... sans parler des coincés et oubliés dans les ascenseurs, les trains, les avions... je réalisais avec horreur, que le "pire" attendu par la vraie attaque censée être au gaz n'était pas à comparer aux bilans mortels des EMP déjà supposés faramineux.
Des bruits courraient, beaucoup de décès seraient survenus dans l'heure suivant le grand noir, tout était passé en revue, hypothèses les plus farfelues et raisonnements pervers s'alimentaient à la peur et panique ambiantes. On criait, se cherchait, errait, la désorganisation de masse était en train de s'établir. Plus de doutes, la foule était maintenant maitresse des lieux.
Je me hâtais vers la longue file qui serpentait devant le point de retrait de tickets de nourriture. Longeant la file, je sentis soudain une main me tirer violemment au milieu de la foule. Lisa était parmi les premières personnes de cette file et avait prévenu que son "mari" devait la rejoindre après sa sortie de l'unité médicale. Seuls ceux qui derrière n'avaient pas été informés se pensant spoliés, nous jetèrent insultes et menaces. La tension montait. Par bonheur, le pansement blanc bien visible sur mon crâne confirmait sans doutes possibles les raisons invoquées par Lisa.
Arrivés devant le personnel, elle se tourna vers moi, me regarda intensément et à haute voix me demanda si les enfants étaient bien gardés par leur grand mère. Ce coup-ci, je captais son message invisible et devinais ses intentions. Avec un talent de comédien que je ne me connaissais pas, je répondis que c'était la dixième fois qu'elle posait la question et que "oui !", en sortant du bloc médical, j'avais été les voir et qu' il n'y avait pas de problèmes, juste que grand-mère devait se reposer. Rassurée, avec un aplomb incroyable elle demanda donc 5 tickets pour notre famille au complet en reprenant l'explication. Cela a fonctionné... il était en effet impossible de contrôler quoi que ce soit dans le chaos de l'installation des évacués. Cela devait se jouer à la "bonne tête" et aux indices visibles, au jeu de la comédie de la bonne foi... et du charme évident de Lisa. J'adoptais moi aussi l'attitude du parent abattu et inquiet, impatient de retrouver ses enfants. Sortis du stand, comme un couple, aux yeux du monde nous partîmes avec les cinq tickets retrouver notre famille, imaginairement située hors de la vue du personnel militaire que nous venions de quitter.
A ma grande surprise, Lisa avait manifestement aussi changé ses règles. Et désormais, quelque chose de vrai, fonctionnait bien entre nous.
Avant l'évacuation, la vie était dure, le climat social fortement dégradé avait favorisé l'émergence d'une délinquance violente prête à tout. Elle arrivait aussi dans le camp.Des conflits éclataient, bagarre, incivilités, vol de vêtements...Je pris Lisa par la main et la tirai dans une tente presque vide juste à côté de l'entrée du camp toujours noyé dans la poussière.
Il nous fallait maintenant préciser certaines choses de la plus haute importance.
En écrivant cette page de mon journal, je ne peux m'empêcher de sourire. Ce que Lisa m'avait raconté cette nuit là, dans cette tente poussiéreuse avait été mon EMP personnel.
Les vélos sont encore passés aujourd'hui, je dois rassembler mes affaires...
Dans la poussière et la lumière des phares, les abord de l'entrée du camp semblaient comme dévorés par une gélatine fluorescente de laquelle sortaient des silhouettes noirâtres. Leur nombre devenait important et dans ce halo, même le bruit se propageait étrangement. J'avais l'impression de regarder une invasion d'ectoplasmes translucides aux contours flous...
Dans le reste du camp dont le vide était désormais en sursis, mon regard s'était perdu. Peu m'importait la légion blafarde qui arrivait, je n'avais de préoccupations que pour l'être imaginaire dont j'avais, sans son accord, habité le corps charnel de Lisa. Où était-elle ?
Je me sentis alors plus fragile et ma force bien éphémère semblait être tributaire d'un autre carburant que celui de ma propre volonté. Comme un besoin vital indissociable de la bonne marche de ma pensée. Ceux dont je jugeais pitoyable la vie et molle la silhouette devaient partager cette faiblesse... raison de leurs échecs, malheurs et disgrâce.
Encore une pensée néfaste à mon besoin de force.
Je dois être Moi. Voir et connaître mes faiblesses, mais leur commander le repli, le recul... Je suis en cette seconde, mon premier ennemi. Enfin, j'avais ma liste de priorités : me vaincre et recommencer. Me relever pour me vêtir de cette nouvelle enveloppe libérée des scories perverses que sont la vision égoïste et sa maléfique compagne, la peur du manque. Je suis fait des atomes de cet univers, en moi l'infini et cette chose indéfinissable due au Hasard : la vie.
Et la vie allait enfin se battre.
En quelques secondes, j'avais évolué. Et j'aurai pu voir juste derrière moi, mon ancienne personnalité disparaître, aussi stupide et faible que celle des autres qui, maintenant prenaient possession du camp sans réaliser que notre monde, ce soir avait pris fin.
Lisa n'était plus cet être irréel qu'avait créé mon esprit faible, alors affamé de certitudes rassurantes, en cruel manque de sûreté... au point de s'inventer une réalité et de s'y construire tout en la sachant artificielle, fragile et éphémère.
Il me fallait bouger. Je vis une file de personnes devant un point de distribution. Je commençai à m'y diriger.
Mes premiers pas furent hésitants, comme si je redécouvrais mon intégrité physique, me réappropriais mon corps. Et très vite, je pris conscience du potentiel incroyable que donnait à présent mon mental ressuscité.
Jouer selon les règles, les changer quand change le jeu, gagner, imposer les siennes.
J'avais même peur de ne pas savoir ce que ma nouvelle personnalité avait prévu, tant la force de cette nouvelle logique était puissante. L'adaptation était depuis le Commencement la clef de la survie. Je l'avais juste oublié. Le drame qui se jouait était aussi la fin de mon monde, désormais consentant.
Je commençais à m'habituer à la disposition des lieux et je constatai que des nouveaux arrivants, aucun ne transitait par la voie de décontamination. Des petits groupes passaient devant moi, des familles qui, de leur nombre, tirant le réconfort nécessaire pour contenir leur panique, investissaient en désordre les tentes barnum.
Les stigmates de leur évacuation, parfois bien visibles, orientaient leur propriétaires vers les unités médicalisées désormais saturées.
Il y avait des files devant des postes où l'on distribuait du minimum vital. Vêtements, couvertures, eau... tickets pour la nourriture. C'était organisé, plutôt, bien organisé. Je ne pensais pas nos structures si bien préparées à faire face à de l'évacuation de masse... n'était-ce point la malédiction des pays du tiers-monde ?
Il y avait quand même quelque chose de discordant... Une attaque à l'EMP sur la troisième ville du pays, une évacuation massive de toute une population, des témoignages d'attaque au gaz, des visions de morts...
Combien de victimes seraient comptées et attribuées aux effets des EMP ? Combien de malades sous assistance respiratoire, de personnes tributaires de l'électronique pour vivre, pacemakers, insulino-dépendants, dialysés, handicapés... sans parler des coincés et oubliés dans les ascenseurs, les trains, les avions... je réalisais avec horreur, que le "pire" attendu par la vraie attaque censée être au gaz n'était pas à comparer aux bilans mortels des EMP déjà supposés faramineux.
Des bruits courraient, beaucoup de décès seraient survenus dans l'heure suivant le grand noir, tout était passé en revue, hypothèses les plus farfelues et raisonnements pervers s'alimentaient à la peur et panique ambiantes. On criait, se cherchait, errait, la désorganisation de masse était en train de s'établir. Plus de doutes, la foule était maintenant maitresse des lieux.
Je me hâtais vers la longue file qui serpentait devant le point de retrait de tickets de nourriture. Longeant la file, je sentis soudain une main me tirer violemment au milieu de la foule. Lisa était parmi les premières personnes de cette file et avait prévenu que son "mari" devait la rejoindre après sa sortie de l'unité médicale. Seuls ceux qui derrière n'avaient pas été informés se pensant spoliés, nous jetèrent insultes et menaces. La tension montait. Par bonheur, le pansement blanc bien visible sur mon crâne confirmait sans doutes possibles les raisons invoquées par Lisa.
Arrivés devant le personnel, elle se tourna vers moi, me regarda intensément et à haute voix me demanda si les enfants étaient bien gardés par leur grand mère. Ce coup-ci, je captais son message invisible et devinais ses intentions. Avec un talent de comédien que je ne me connaissais pas, je répondis que c'était la dixième fois qu'elle posait la question et que "oui !", en sortant du bloc médical, j'avais été les voir et qu' il n'y avait pas de problèmes, juste que grand-mère devait se reposer. Rassurée, avec un aplomb incroyable elle demanda donc 5 tickets pour notre famille au complet en reprenant l'explication. Cela a fonctionné... il était en effet impossible de contrôler quoi que ce soit dans le chaos de l'installation des évacués. Cela devait se jouer à la "bonne tête" et aux indices visibles, au jeu de la comédie de la bonne foi... et du charme évident de Lisa. J'adoptais moi aussi l'attitude du parent abattu et inquiet, impatient de retrouver ses enfants. Sortis du stand, comme un couple, aux yeux du monde nous partîmes avec les cinq tickets retrouver notre famille, imaginairement située hors de la vue du personnel militaire que nous venions de quitter.
A ma grande surprise, Lisa avait manifestement aussi changé ses règles. Et désormais, quelque chose de vrai, fonctionnait bien entre nous.
Avant l'évacuation, la vie était dure, le climat social fortement dégradé avait favorisé l'émergence d'une délinquance violente prête à tout. Elle arrivait aussi dans le camp.Des conflits éclataient, bagarre, incivilités, vol de vêtements...Je pris Lisa par la main et la tirai dans une tente presque vide juste à côté de l'entrée du camp toujours noyé dans la poussière.
Il nous fallait maintenant préciser certaines choses de la plus haute importance.
En écrivant cette page de mon journal, je ne peux m'empêcher de sourire. Ce que Lisa m'avait raconté cette nuit là, dans cette tente poussiéreuse avait été mon EMP personnel.
Les vélos sont encore passés aujourd'hui, je dois rassembler mes affaires...
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
11 - Confidences
Depuis quelques semaines, il semblerait que l'organisation des clans de pilleurs se soit durcie. Ils se sont équipés de vélo tout terrain, sont armés et par groupes, sillonnent méthodiquement les rues désertes. Il est impressionnant de voir à quelle vitesse leurs esprits pervers s'adaptent pour conserver leur potentiel de prédation. Comme si l'application du mal était un moteur au vice d'une certaine créativité. Il est aussi étrange de voir leur méthodes quasi militaires.
Etrange ? non, sans doute pas !
Comparé à leur impunité d'avant le "grand noir", ils essuient maintenant eux aussi des tirs de ripostes nourris et sont donc obligés de se soumettre aux lois de la progression militaire en terrain hostile. Pour le moment, rien de sérieux ne les stoppe, mais leur courage a bien baissé maintenant qu'ils sont aussi "vulnérables".
Le seul problème pour moi, c'est de gérer leurs "explorations" rapides et imprévisibles. Je ne peux plus me contenter de cacher mes affaires, je dois maintenant surveiller constamment. J'ai réussi à trouver un truc qui pour le moment les fait fuir : un sifflet improvisé dans un capuchon de stylo retaillé !
A chaque fois que j'en aperçois les éclaireurs, je siffle comme pour donner l'alerte à des amis imaginaires.
Et pour le moment ça marche.
Depuis ma mésaventure avec ma frontale, je cache mon équipement au maximum. Paraître faible, démuni, inintéressant... au point de ne pas paraître du tout ! Cela avait été la clef de ma survie jusqu'à ce jour. J'avais réalisé tout cela grâce à Lisa.
Jamais je n'oublierai ce qu'elle m'avait raconté lors de notre première nuit dans la tente du camp du plateau d'Elbon.
Nous nous étions réfugiés dans une des tentes prises dans les nuages de poussière causés par le va et vient des camions. C'était un bon choix car elle était quasiment vide. Nous nous étions choisi les deux sommiers le plus au fond, les plus cachés.
Nous étions grisés par notre récente complicité et les cinq tickets en notre possession étaient la preuve tangible que pour nous deux, rien n'était impossible. Nous avons alors rapproché nos deux lits de camp et après avoir ôté et protégé nos chaussures, nous nous sommes allongés sous la couverture.
Nous étions deux collégiens en fugue... malgré la situation, un frisson d'excitation nous électrisait constamment. Comme si la chose était évidente, je me penchai et embrassai Lisa. Cela dénotait avec notre disposition adolescente vis à vis de la situation globale mais cette poignée de seconde valait bien une ville dévastée. J'étais Néron, Lisa mon violon... au loin la ville en flamme. Et je jouais de plus belle.
Lisa fut quand même surprise de mon geste et de mon assurance pour elle paralysante. Tant que le second fut à son initiative. Et sa voix soudain illuminée par la joie et l'envie de rire commençait à parler de moi.
J'avoue avoir rougi jusqu'à me cramoisir et sans les ténèbres environnantes pour protéger ma pudeur, j'aurais sans doute regretté mon geste.
Lisa qui me croisait souvent dans l'escalier me pensait : égoïste, immature, coincé, frustré. préférant fantasmer en cachette, profitant de monter moins vite pour lui regarder les fesses, calculant même pour se retrouver dans l'escalier, sans aucun courage... je ne pouvais m'empêcher de rire aussi, j'en pleurais même tant finalement cela était proche de la vérité. Et quand je le lui ai dit, nous sommes entrés dans un fou rire irrépressible que jamais nous n'oublierions.
Comment pouvons-nous vivre à côté de nous mêmes sans le réaliser, pas une seule fois être libre, coincés dans un paraître, dans ce rôle social qu'un autre a décidé pour vous... coincés dans les spirales d'un escalier interminable.
Je crois bien me souvenir que nous avons parlé, longuement, de tout, de rien, refait le monde cent fois au moins. A nous deux, nous allions jouer une comédie pour que rien ni personne ne vienne plus jamais contrer nos plans. Nous tenions notre vie par les mors. Nous ne lâcherions plus ! Jamais!
Le passé était mort.
Des nouveaux venus commençaient à entrer dans la tente et leur brouhaha signait la fin de ce moment sonore de complicité amoureuse, inoubliable.
Il était tard et la fatigue prenait possession de nos corps. Tout en nous se calmait peu à peu et seuls nos yeux, profitant des dernières lueurs extérieures continuaient à se parler d'Amour.
Fatigue.
Malgré notre besoin de repos, nous ne pouvions nous empêcher d'écouter une voix qui, quelque par dans le noir poussiéreux de la tente racontait avec vie et réalisme une bien étrange histoire...
Depuis quelques semaines, il semblerait que l'organisation des clans de pilleurs se soit durcie. Ils se sont équipés de vélo tout terrain, sont armés et par groupes, sillonnent méthodiquement les rues désertes. Il est impressionnant de voir à quelle vitesse leurs esprits pervers s'adaptent pour conserver leur potentiel de prédation. Comme si l'application du mal était un moteur au vice d'une certaine créativité. Il est aussi étrange de voir leur méthodes quasi militaires.
Etrange ? non, sans doute pas !
Comparé à leur impunité d'avant le "grand noir", ils essuient maintenant eux aussi des tirs de ripostes nourris et sont donc obligés de se soumettre aux lois de la progression militaire en terrain hostile. Pour le moment, rien de sérieux ne les stoppe, mais leur courage a bien baissé maintenant qu'ils sont aussi "vulnérables".
Le seul problème pour moi, c'est de gérer leurs "explorations" rapides et imprévisibles. Je ne peux plus me contenter de cacher mes affaires, je dois maintenant surveiller constamment. J'ai réussi à trouver un truc qui pour le moment les fait fuir : un sifflet improvisé dans un capuchon de stylo retaillé !
A chaque fois que j'en aperçois les éclaireurs, je siffle comme pour donner l'alerte à des amis imaginaires.
Et pour le moment ça marche.
Depuis ma mésaventure avec ma frontale, je cache mon équipement au maximum. Paraître faible, démuni, inintéressant... au point de ne pas paraître du tout ! Cela avait été la clef de ma survie jusqu'à ce jour. J'avais réalisé tout cela grâce à Lisa.
Jamais je n'oublierai ce qu'elle m'avait raconté lors de notre première nuit dans la tente du camp du plateau d'Elbon.
Nous nous étions réfugiés dans une des tentes prises dans les nuages de poussière causés par le va et vient des camions. C'était un bon choix car elle était quasiment vide. Nous nous étions choisi les deux sommiers le plus au fond, les plus cachés.
Nous étions grisés par notre récente complicité et les cinq tickets en notre possession étaient la preuve tangible que pour nous deux, rien n'était impossible. Nous avons alors rapproché nos deux lits de camp et après avoir ôté et protégé nos chaussures, nous nous sommes allongés sous la couverture.
Nous étions deux collégiens en fugue... malgré la situation, un frisson d'excitation nous électrisait constamment. Comme si la chose était évidente, je me penchai et embrassai Lisa. Cela dénotait avec notre disposition adolescente vis à vis de la situation globale mais cette poignée de seconde valait bien une ville dévastée. J'étais Néron, Lisa mon violon... au loin la ville en flamme. Et je jouais de plus belle.
Lisa fut quand même surprise de mon geste et de mon assurance pour elle paralysante. Tant que le second fut à son initiative. Et sa voix soudain illuminée par la joie et l'envie de rire commençait à parler de moi.
J'avoue avoir rougi jusqu'à me cramoisir et sans les ténèbres environnantes pour protéger ma pudeur, j'aurais sans doute regretté mon geste.
Lisa qui me croisait souvent dans l'escalier me pensait : égoïste, immature, coincé, frustré. préférant fantasmer en cachette, profitant de monter moins vite pour lui regarder les fesses, calculant même pour se retrouver dans l'escalier, sans aucun courage... je ne pouvais m'empêcher de rire aussi, j'en pleurais même tant finalement cela était proche de la vérité. Et quand je le lui ai dit, nous sommes entrés dans un fou rire irrépressible que jamais nous n'oublierions.
Comment pouvons-nous vivre à côté de nous mêmes sans le réaliser, pas une seule fois être libre, coincés dans un paraître, dans ce rôle social qu'un autre a décidé pour vous... coincés dans les spirales d'un escalier interminable.
Je crois bien me souvenir que nous avons parlé, longuement, de tout, de rien, refait le monde cent fois au moins. A nous deux, nous allions jouer une comédie pour que rien ni personne ne vienne plus jamais contrer nos plans. Nous tenions notre vie par les mors. Nous ne lâcherions plus ! Jamais!
Le passé était mort.
Des nouveaux venus commençaient à entrer dans la tente et leur brouhaha signait la fin de ce moment sonore de complicité amoureuse, inoubliable.
Il était tard et la fatigue prenait possession de nos corps. Tout en nous se calmait peu à peu et seuls nos yeux, profitant des dernières lueurs extérieures continuaient à se parler d'Amour.
Fatigue.
Malgré notre besoin de repos, nous ne pouvions nous empêcher d'écouter une voix qui, quelque par dans le noir poussiéreux de la tente racontait avec vie et réalisme une bien étrange histoire...
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Bug +145 jours : histoire de Luc
12 - BUG : H-10min
– Par là. Vite..prends à gauche. On va leur tomber dessus de ce coté là. La B.A.C (Brigade AntiCriminalité) arrive par l'autre coté.
Les pneus du Ford transit de la Gendarmerie crissèrent lorsque le conducteur freina brutalement au croisement. Je lançais les ordres rapidement.
– Ludo tu restes au volant et tu bloques la circulation. Fred et Seb vous me suivez. Onn'en prends un deux si possible.. pas plus.
Les Gendarmes AdjointsVolontaire formaient la patrouille du PSIG (Peloton de Surveillance et d'Intervention de la Gendarmerie) avec moi me dirent qu'ils avaient compris.Le Centre Opérationnelde la Gendarmerie du Département nous avaient signalé une tentative de vol de véhicule sur le secteur proche. À la bonne heure pour nous qui discutions avec un équipage de la Bac, nous allions pouvoir prendre les voleurs en tenaille.Selon l'appelant, il devait y avoir entre trois et cinq individus. On était assez nombreux avec l'équipage policier pour en arrêter un maximum en
Flag.
Mon cœur palpitait d'impatience.
– Ils sont là bas,hurla Ludo en appuyant sur l'accélérateur.
Le Ford bondit en avant.A la lumière des lampadaires ont pouvaient voir trois personnes qui tournaient autour d'une camionnette. Un autre tentait de faire céder le cadenas de la porte arrière.
– On sort, hurlais-je.
Les gyrophares flashaient dans la nuit et alertèrent les voleurs de notre venu. Le véhicule de la B.A.C arriva de l'autre coté de la rue pour bloquer toute retraite.
Je bondis suivit par Fred et Seb. Ludo appelait le Centre Opérationnel sur la radio pour dire que l'on était sur place et que l'on aurait besoin de renfort.
Une envolée de moineaux.
Des cris fusèrent detoute part : Attention Taser, Gendarmerie Nationale, Police,ARRETEZ-VOUS. ATTENTION Je vais taser. Police, va niquer ta mère.Mange tes morts. Halte.
Le conflit ne dura pas longtemps. Deux hommes étaient à terre. Menottes aux poignets. Un avait pris la fuite. Le dernier était monté sur la camionnette et était invectivé par Fred et un des agents de la BAC. Ludo arriva vers moi. « Jeannot arrive avec les autres ». Jeannot le maitre chien allait être déçu de ne pas avoir été de la fête. Je le vis arriver à toute allure dans notre direction.
Et c'est là que tout arriva.
On entendit distinctement une explosion. Pas de l'explosion qui fait secouer toute une ville. Non une explosion quelques parts sans que je puisse déterminer un endroit approximatif.
Puis ce fut le Blackout.
– Par là. Vite..prends à gauche. On va leur tomber dessus de ce coté là. La B.A.C (Brigade AntiCriminalité) arrive par l'autre coté.
Les pneus du Ford transit de la Gendarmerie crissèrent lorsque le conducteur freina brutalement au croisement. Je lançais les ordres rapidement.
– Ludo tu restes au volant et tu bloques la circulation. Fred et Seb vous me suivez. Onn'en prends un deux si possible.. pas plus.
Les Gendarmes AdjointsVolontaire formaient la patrouille du PSIG (Peloton de Surveillance et d'Intervention de la Gendarmerie) avec moi me dirent qu'ils avaient compris.Le Centre Opérationnelde la Gendarmerie du Département nous avaient signalé une tentative de vol de véhicule sur le secteur proche. À la bonne heure pour nous qui discutions avec un équipage de la Bac, nous allions pouvoir prendre les voleurs en tenaille.Selon l'appelant, il devait y avoir entre trois et cinq individus. On était assez nombreux avec l'équipage policier pour en arrêter un maximum en
Flag.
Mon cœur palpitait d'impatience.
– Ils sont là bas,hurla Ludo en appuyant sur l'accélérateur.
Le Ford bondit en avant.A la lumière des lampadaires ont pouvaient voir trois personnes qui tournaient autour d'une camionnette. Un autre tentait de faire céder le cadenas de la porte arrière.
– On sort, hurlais-je.
Les gyrophares flashaient dans la nuit et alertèrent les voleurs de notre venu. Le véhicule de la B.A.C arriva de l'autre coté de la rue pour bloquer toute retraite.
Je bondis suivit par Fred et Seb. Ludo appelait le Centre Opérationnel sur la radio pour dire que l'on était sur place et que l'on aurait besoin de renfort.
Une envolée de moineaux.
Des cris fusèrent detoute part : Attention Taser, Gendarmerie Nationale, Police,ARRETEZ-VOUS. ATTENTION Je vais taser. Police, va niquer ta mère.Mange tes morts. Halte.
Le conflit ne dura pas longtemps. Deux hommes étaient à terre. Menottes aux poignets. Un avait pris la fuite. Le dernier était monté sur la camionnette et était invectivé par Fred et un des agents de la BAC. Ludo arriva vers moi. « Jeannot arrive avec les autres ». Jeannot le maitre chien allait être déçu de ne pas avoir été de la fête. Je le vis arriver à toute allure dans notre direction.
Et c'est là que tout arriva.
On entendit distinctement une explosion. Pas de l'explosion qui fait secouer toute une ville. Non une explosion quelques parts sans que je puisse déterminer un endroit approximatif.
Puis ce fut le Blackout.
Dernière édition par lyam dickinson le Sam 19 Fév 2011 - 14:31, édité 1 fois
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--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
journal de bord bug +145 jours : histoire de Luc
13 - BUG +15 minutes
Les lampadaires s'éteignirent subitement en même temps que tous les gyrophares. Je ne vis plus le véhicule du maître chien. Mais je l'entendis clairement lorsqu'il percuta plusieurs automobiles garées sur le coté. Seuls les étincelles illuminèrent l'obscurité ambiante.
– Oh Bordel, hurlais-je. Planquez-vous.
Le véhicule fou fini sa course dans une Opel à quelques mètres de nous.
A la lumière de la lune, je vis Jeannot sortir rapidement en gueulant et ouvrir la porte arrière de son fourgon pour voir son chien. Son adjoint indemne sortait de l'autre coté.
C'était le blackout total tout autour de nous....
Nos lampes tactiques ne fonctionnaient pas et il n'y avait pas que cela. Les véhicules, les radios, les téléphones portables et même mon taser, il se passait quelques choses et je n'aimais pas cela.
On redressa les deux prisonniers que l'on avait sous la main. Le dernier qui se trouvait sur le toit de la camionnette avait profité de l'accident et de l'obscurité pour se carapater.
– Le commissariat est à deux pas d'ici. On va les amener là bas et on voit par la suite.
Nous récupérâmes nos sacs dans nos véhicules ainsi que l'armement de patrouille constituait de deux HK UMP. Les policiers avaient avec leur flash ball, un fusil à pompe.
Notre petit groupe s'enfonça dans l'obscurité. Les hypothèses fusèrent durant le trajet: des radiations d'une météorite, une attaque terroriste, etc. L'un des policiers suggéra les effets d'un IEM.
Un autre utilisa son briquet de temps en temps pour se repérer. La lune nous aidait grandement. Elle nous permis de nous diriger facilement.Tout autour de nous nous entendîmes des cris dans les immeubles. Des bougies commencèrent à éclairer certains appartements. La population se réveillait peu à peu et tous comprenaient que quelque chose d'anormal était arrivé. Il doit nous rester cinq cent mètres avant de voir le commissariat lança un des policiers de la BAC.
C'est alors que nous entendîmes des pas de course.
– Ils sont là, hurla quelqu'un dans le noir. Lâchez-les.
Un coup de feu partit nous dûmes tous nous mettre à couvert.
Puis la rue s'illumina sous l'éclatement de plusieurs cocktails molotof. Nous étions pris à parti par les amis de nos prisonniers. Un policier usa de son flash ball. La balle percuta un pare brise et se perdit dans la nuit. Leur riposte fut plus dur. Une rafale fut lâchée. Je me réfugiais à terre
derrière une voiture. Des débris de verre volèrent dans tous les sens. Fred usa de son HK. Le policier au fusil à pompe fit de même.
Fred s'écroula à coté de moi dans un râle. Jeannot gardait son chien à ses cotés.
On ne faisait pas les fiers face aux armes d'assaut adverse... encore une fois, le délinquant était mieux armé que le policier.
On ne pouvait ni avancer, ni reculer. Je m'attendais à la fin, mon pistolet à la main.
Ce fut l'arrivée providentielle d'un véhicule blindé de l'Armée de Terre qui changea la donne. Arrivant tous phares allumés et des hauts parleurs qui crachaient un rassemblement de la population, le VAB déboula d'une rue derrière les voyous. Le mitrailleur ouvrit le feu sans sommation.
Policiers, gendarmes et prisonniers restèrent à terre jusqu'à la fin des hostilités. Nous sortîmes dés que l'ordre fut donné par un des militaires. Sous les feux d'un projecteur, nous pûmes sortirent et nous identifier et constater aussi les dégâts.
Fred était mort, sa tête éclaté par une balle. Ludo et un policier de la BAC étaient absents. Un des prisonniers avaient des coupures dues aux éclats de verre.
– Montez dans les camions qui arrivent ! Évacuation immédiate de la ville. Nous ordonna un Capitaine qui sortit du véhicule blindé.
– Non, on va au commissariat. On a des mises en causes d'un Flag et nous devons prendre contact avec nos supérieurs.
– Comme vous voulez. L'hotel de police va de toute façon être évacué selon le plan.
Le Capitaine tapota un dossier du bout d'un de ses doigts tout en rentrant dans son blindé.
J'eus le temps de voir la couverture du dit dossier. Il était de couleur rouge avait deux inscriptions un grand « D » stylisé et un tampon « Secret Defense ».
« Le plan ? » quelque chose me chiffonnait sur tout cela mais quoi? Qu'est ce qui a bien pu ce passer. Je ne pus lui poser des questions supplémentaire. Les projecteurs du commissariat s'illuminèrent et éclairèrent les rues aux alentours. Des policiers équipés de gilet lourd de protection étaient montés sur le toit et surveillaient les environs.
Quelques instants après nous pénétrâmes dans l'hotel de Police. Des grilles anti-emeutes descendirent derrière nous. Tout cela avait été mis en place suite à la hausse grandissante de la délinquance. Les commissariats devenaient dans certaines villes de véritable bunker en apparence. Car comme pour tout, le gouvernement avait tenté de débloquer de l'argent pour la sécurité mais rien n'était arrivé comme il le
fallait. Les générateurs de secours fonctionnaient bien et fournissaient assez d'électricité pour
l'éclairage de service, les projecteurs de toit et les différentes radios de secours. Tout le reste avait semble t-il grillé.
J'appris par la suite qu'aucune communication n'avait pu être passée avec la Gendarmerie.
Les lampadaires s'éteignirent subitement en même temps que tous les gyrophares. Je ne vis plus le véhicule du maître chien. Mais je l'entendis clairement lorsqu'il percuta plusieurs automobiles garées sur le coté. Seuls les étincelles illuminèrent l'obscurité ambiante.
– Oh Bordel, hurlais-je. Planquez-vous.
Le véhicule fou fini sa course dans une Opel à quelques mètres de nous.
A la lumière de la lune, je vis Jeannot sortir rapidement en gueulant et ouvrir la porte arrière de son fourgon pour voir son chien. Son adjoint indemne sortait de l'autre coté.
C'était le blackout total tout autour de nous....
Nos lampes tactiques ne fonctionnaient pas et il n'y avait pas que cela. Les véhicules, les radios, les téléphones portables et même mon taser, il se passait quelques choses et je n'aimais pas cela.
On redressa les deux prisonniers que l'on avait sous la main. Le dernier qui se trouvait sur le toit de la camionnette avait profité de l'accident et de l'obscurité pour se carapater.
– Le commissariat est à deux pas d'ici. On va les amener là bas et on voit par la suite.
Nous récupérâmes nos sacs dans nos véhicules ainsi que l'armement de patrouille constituait de deux HK UMP. Les policiers avaient avec leur flash ball, un fusil à pompe.
Notre petit groupe s'enfonça dans l'obscurité. Les hypothèses fusèrent durant le trajet: des radiations d'une météorite, une attaque terroriste, etc. L'un des policiers suggéra les effets d'un IEM.
Un autre utilisa son briquet de temps en temps pour se repérer. La lune nous aidait grandement. Elle nous permis de nous diriger facilement.Tout autour de nous nous entendîmes des cris dans les immeubles. Des bougies commencèrent à éclairer certains appartements. La population se réveillait peu à peu et tous comprenaient que quelque chose d'anormal était arrivé. Il doit nous rester cinq cent mètres avant de voir le commissariat lança un des policiers de la BAC.
C'est alors que nous entendîmes des pas de course.
– Ils sont là, hurla quelqu'un dans le noir. Lâchez-les.
Un coup de feu partit nous dûmes tous nous mettre à couvert.
Puis la rue s'illumina sous l'éclatement de plusieurs cocktails molotof. Nous étions pris à parti par les amis de nos prisonniers. Un policier usa de son flash ball. La balle percuta un pare brise et se perdit dans la nuit. Leur riposte fut plus dur. Une rafale fut lâchée. Je me réfugiais à terre
derrière une voiture. Des débris de verre volèrent dans tous les sens. Fred usa de son HK. Le policier au fusil à pompe fit de même.
Fred s'écroula à coté de moi dans un râle. Jeannot gardait son chien à ses cotés.
On ne faisait pas les fiers face aux armes d'assaut adverse... encore une fois, le délinquant était mieux armé que le policier.
On ne pouvait ni avancer, ni reculer. Je m'attendais à la fin, mon pistolet à la main.
Ce fut l'arrivée providentielle d'un véhicule blindé de l'Armée de Terre qui changea la donne. Arrivant tous phares allumés et des hauts parleurs qui crachaient un rassemblement de la population, le VAB déboula d'une rue derrière les voyous. Le mitrailleur ouvrit le feu sans sommation.
Policiers, gendarmes et prisonniers restèrent à terre jusqu'à la fin des hostilités. Nous sortîmes dés que l'ordre fut donné par un des militaires. Sous les feux d'un projecteur, nous pûmes sortirent et nous identifier et constater aussi les dégâts.
Fred était mort, sa tête éclaté par une balle. Ludo et un policier de la BAC étaient absents. Un des prisonniers avaient des coupures dues aux éclats de verre.
– Montez dans les camions qui arrivent ! Évacuation immédiate de la ville. Nous ordonna un Capitaine qui sortit du véhicule blindé.
– Non, on va au commissariat. On a des mises en causes d'un Flag et nous devons prendre contact avec nos supérieurs.
– Comme vous voulez. L'hotel de police va de toute façon être évacué selon le plan.
Le Capitaine tapota un dossier du bout d'un de ses doigts tout en rentrant dans son blindé.
J'eus le temps de voir la couverture du dit dossier. Il était de couleur rouge avait deux inscriptions un grand « D » stylisé et un tampon « Secret Defense ».
« Le plan ? » quelque chose me chiffonnait sur tout cela mais quoi? Qu'est ce qui a bien pu ce passer. Je ne pus lui poser des questions supplémentaire. Les projecteurs du commissariat s'illuminèrent et éclairèrent les rues aux alentours. Des policiers équipés de gilet lourd de protection étaient montés sur le toit et surveillaient les environs.
Quelques instants après nous pénétrâmes dans l'hotel de Police. Des grilles anti-emeutes descendirent derrière nous. Tout cela avait été mis en place suite à la hausse grandissante de la délinquance. Les commissariats devenaient dans certaines villes de véritable bunker en apparence. Car comme pour tout, le gouvernement avait tenté de débloquer de l'argent pour la sécurité mais rien n'était arrivé comme il le
fallait. Les générateurs de secours fonctionnaient bien et fournissaient assez d'électricité pour
l'éclairage de service, les projecteurs de toit et les différentes radios de secours. Tout le reste avait semble t-il grillé.
J'appris par la suite qu'aucune communication n'avait pu être passée avec la Gendarmerie.
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--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
14 - Contagion
Le récit que nous venions d'entendre ne laissait de place ni au calme ni à l'espoir.
IEM, (ou EMP pour les anglo-saxons)... deux termes pour une même calamité : la mort de l'électronique. Je n'étais donc pas le seul à l'avoir envisagé !
J'en touchais alors un mot à Lisa, j'expliquais ce à quoi nous devions nous attendre en cas de retour en ville.
Il était clair que le talon d'Achille de nos civilisations technologiques était l'électronique. Tout était électronique, de nos droits à nos vies par procurations sur les réseaux sociaux... notre passé, notre science, notre mémoire, notre argent, notre savoir et le pire de tous : notre vie réelle. Nous en étions totalement dépendants.
Mettre à terre un pays moderne ? IEM sur ses infrastructures principales !
Lisa me fit remarquer un fait intrigant : les aéroports, en pleine crise économique s'étaient tous mis en grève deux jours avant ce fameux soir.
Plus rien n'avait ni décollé ni atterri dans les aéroports des grandes villes du pays. Les trains, prétextant de ruptures de câbles électrique, étaient restés en gare le matin même... en fait, elle en était presque sûre, l'ensemble des transports en commun était aussi stoppé ce jour là, bus, métro mais aussi taxi.
Et selon ses souvenirs, tout cela au niveau national. Certes la situation économique catastrophique avait rendu ces mouvements sociaux courants mais, réaliser cela et en constater l'ampleur et la concomitance était en effet très troublant.
Cela plantait un bien étrange décors pour qui pouvait encore recouper les informations et les analyser.
De cette conversation espionnée, il ressortait deux choses : les autorités semblaient avoir été prises au dépourvu et malgré la démission de l'Etat, certaines personnes et certaines structures tenaient bon et défendaient bec et ongle les valeurs sur lesquelles notre société s'était bâtie. D'un autre côté, Il y avait des signes contradictoires qui donnaient à penser que ces attaques à l'Implusion Electro Magnétique étaient, sinon prévues, au moins fortement envisagées.
La vitesse relative de l'entrée en scène des militaires et de la procédure d'évacuation semblait maintenant tout aussi suspecte. Trop efficace, trop discordante en regard de la déstructuration globale du pays...
Il y avait comme une odeur malsaine de mise en scène inachevée, de trucage manifeste.
Je devais obtenir plus de renseignements de cet homme que je qualifiais "in petto" de "source sûre".
J'allais me lever et dans la pénombre chercher la personne qui venait de parler quand brusquement, de vives lueurs envahirent la tente.
Un groupe de militaires venait d'entrer avec fracas et précipitation. Leurs silhouettes ramassées montraient clairement sous l'éclat de leurs frontales leurs équipements tactiques.
A la lueur des lampes, je pus aussi distinguer ceux vers qui ils se dirigeaient : des gendarmes en uniforme. Ceux-là même dont j'espérai obtenir d'autres informations.
Leur conversation se fit sur le mode confidence, mais, mon oreille aiguisée parvint à en percevoir la teneur.
Le camp d'évacués, dit camp numéro deux, était situé sur la plaine de Tonde, à presque 600 kilomètres d'ici. La tension là-bas y était très vive et les personnels militaires en sous-nombre y craignaient un débordement. Il y avait eu des regroupements parmi les réfugiés, regroupements qui dés les premières heures s'étaient clairement opposés à l'autorité pourtant on ne peut plus douce des militaires.
Les nouveaux venus repartirent rapidement, suivis des gendarmes qui montraient de vif signes d'inquiétudes en prenant les armes de guerre que leur tendaient les militaires.
Un véhicule démarra et emporta au loin le petit groupe et avec lui mon unique source d'information.
La situation globale semblait dégénérer... J'expliquais alors à Lisa le fond de ma pensée et je pu voir ses yeux regarder dans le vague avec inquiétude le futur déduit de mes paroles...
Des bruits au dehors commençaient à gagner en volume... Manifestement, dans la tente d'à côté il y avait de l'agitation.
Des cris de femme, des insultes... à nouveau des cris, des bruits de fuite, de bousculade.
La toile de l'entrée s'ouvrit encore et un homme traversa la tente avec rapidité, renversa deux lits ainsi que leurs occupants et en trombe ressortit de l'autre côté pour s'enfuir dans la forêt proche.
L'agitation se répandait parmi nous. A la faible lueur des lampes, je vis le désordre dans la poussière. Sans que je puisse réaliser, deux autres personnes entraient et à la faveur de l'éclairage, s'emparèrent de sacs et de vêtements, comme si le diable était à leurs trousses, ils sautèrent entre les lits de camps et semblant suivre l'itinéraire du premier homme, s'enfuirent à sa suite dans la forêt.
Je fus aussi renversé et le nez dans la poussière, j'inventais de nouvelles insultes...
Désormais les cris venaient aussi de notre tente, comme un écho malsain à ceux des tentes d'à côté.
Je me relevais avec rage quand, un groupe de militaire entra dans la tente. Armés et équipés, ils posèrent quelques questions rapides et fusèrent à la poursuite des voleurs.
Et c'était bien de cela dont il s'agissait. Ils avaient aussi volé trois sac à de pauvres gens de la tente voisine. Sacs qui contenaient le peu d'affaires sauvées lors de la procédure d'évacuation : papiers, médicaments, argent... J'étais outré et une colère sourde montait en moi. Qui pouvait ainsi profiter de cette situation pour voler de la sorte? L'évacuation avait-elle aussi évacué des membres de ces bandes armées qui depuis des mois mettaient la ville à sac ? Je fus vexé de ne pas l'avoir pris en compte dans ma récente réflexion.
Une femme était en pleurs, elle criait à l'injustice... elle n'avait désormais plus rien. Un homme resté à terre souffrait manifestement de la cheville, écrasée par la chute de son lit de camp et sans doute aussi d'avoir été piétinée. Du personnel médical arriva et emporta sur une civière l'homme blessé. Avant que la femme en pleurs ne fut à son tour amenée, Lisa eut le temps de lui donner deux de nos tickets de ravitaillement avec quelques mots de réconfort.
Au loin, une rafale d'arme automatique venait d'être lâchée et l'écho en nous parvenant, nous rappela la gravité de notre situation. La colère me fit souhaiter ces balles, mortelles...
Que la réaction des militaires soit si vive, que les gendarmes aient été réquisitionnés, que des voleurs soient si peu scrupuleux...toutes ces constatations formaient un tissu d'une bien étrange trame.
Lisa prit ma main et commençât à me dire qu'il nous faudrait quitter la camp. Il n'était désormais plus sûr pour y rester à l'abri.
Le son d'une radio se fit alors entendre. Je compris bien vite qu'à côté de notre tente se tenait un véhicule de commandement et que celui-ci était en liaison radio avec le groupe de militaires partis à la poursuite des voleurs.
Dehors, l'aube commençait à teinter les visages de bleu. Les cernes aussi...
Peu d'entre nous avaient dormi et l'état d'excitation général n'était guère propice au repos. Notre tente ainsi que sa voisine se vidèrent, comme si le vol y avait laissé sa malédiction. Nous n'avions pas bougé. Il nous fallait écouter les échanges radios entre les militaires. Cela pourrait bien nous aider si nous décidions à un moment ou à un autre de quitter le camp.
Le récit que nous venions d'entendre ne laissait de place ni au calme ni à l'espoir.
IEM, (ou EMP pour les anglo-saxons)... deux termes pour une même calamité : la mort de l'électronique. Je n'étais donc pas le seul à l'avoir envisagé !
J'en touchais alors un mot à Lisa, j'expliquais ce à quoi nous devions nous attendre en cas de retour en ville.
Il était clair que le talon d'Achille de nos civilisations technologiques était l'électronique. Tout était électronique, de nos droits à nos vies par procurations sur les réseaux sociaux... notre passé, notre science, notre mémoire, notre argent, notre savoir et le pire de tous : notre vie réelle. Nous en étions totalement dépendants.
Mettre à terre un pays moderne ? IEM sur ses infrastructures principales !
Lisa me fit remarquer un fait intrigant : les aéroports, en pleine crise économique s'étaient tous mis en grève deux jours avant ce fameux soir.
Plus rien n'avait ni décollé ni atterri dans les aéroports des grandes villes du pays. Les trains, prétextant de ruptures de câbles électrique, étaient restés en gare le matin même... en fait, elle en était presque sûre, l'ensemble des transports en commun était aussi stoppé ce jour là, bus, métro mais aussi taxi.
Et selon ses souvenirs, tout cela au niveau national. Certes la situation économique catastrophique avait rendu ces mouvements sociaux courants mais, réaliser cela et en constater l'ampleur et la concomitance était en effet très troublant.
Cela plantait un bien étrange décors pour qui pouvait encore recouper les informations et les analyser.
De cette conversation espionnée, il ressortait deux choses : les autorités semblaient avoir été prises au dépourvu et malgré la démission de l'Etat, certaines personnes et certaines structures tenaient bon et défendaient bec et ongle les valeurs sur lesquelles notre société s'était bâtie. D'un autre côté, Il y avait des signes contradictoires qui donnaient à penser que ces attaques à l'Implusion Electro Magnétique étaient, sinon prévues, au moins fortement envisagées.
La vitesse relative de l'entrée en scène des militaires et de la procédure d'évacuation semblait maintenant tout aussi suspecte. Trop efficace, trop discordante en regard de la déstructuration globale du pays...
Il y avait comme une odeur malsaine de mise en scène inachevée, de trucage manifeste.
Je devais obtenir plus de renseignements de cet homme que je qualifiais "in petto" de "source sûre".
J'allais me lever et dans la pénombre chercher la personne qui venait de parler quand brusquement, de vives lueurs envahirent la tente.
Un groupe de militaires venait d'entrer avec fracas et précipitation. Leurs silhouettes ramassées montraient clairement sous l'éclat de leurs frontales leurs équipements tactiques.
A la lueur des lampes, je pus aussi distinguer ceux vers qui ils se dirigeaient : des gendarmes en uniforme. Ceux-là même dont j'espérai obtenir d'autres informations.
Leur conversation se fit sur le mode confidence, mais, mon oreille aiguisée parvint à en percevoir la teneur.
Le camp d'évacués, dit camp numéro deux, était situé sur la plaine de Tonde, à presque 600 kilomètres d'ici. La tension là-bas y était très vive et les personnels militaires en sous-nombre y craignaient un débordement. Il y avait eu des regroupements parmi les réfugiés, regroupements qui dés les premières heures s'étaient clairement opposés à l'autorité pourtant on ne peut plus douce des militaires.
Les nouveaux venus repartirent rapidement, suivis des gendarmes qui montraient de vif signes d'inquiétudes en prenant les armes de guerre que leur tendaient les militaires.
Un véhicule démarra et emporta au loin le petit groupe et avec lui mon unique source d'information.
La situation globale semblait dégénérer... J'expliquais alors à Lisa le fond de ma pensée et je pu voir ses yeux regarder dans le vague avec inquiétude le futur déduit de mes paroles...
Des bruits au dehors commençaient à gagner en volume... Manifestement, dans la tente d'à côté il y avait de l'agitation.
Des cris de femme, des insultes... à nouveau des cris, des bruits de fuite, de bousculade.
La toile de l'entrée s'ouvrit encore et un homme traversa la tente avec rapidité, renversa deux lits ainsi que leurs occupants et en trombe ressortit de l'autre côté pour s'enfuir dans la forêt proche.
L'agitation se répandait parmi nous. A la faible lueur des lampes, je vis le désordre dans la poussière. Sans que je puisse réaliser, deux autres personnes entraient et à la faveur de l'éclairage, s'emparèrent de sacs et de vêtements, comme si le diable était à leurs trousses, ils sautèrent entre les lits de camps et semblant suivre l'itinéraire du premier homme, s'enfuirent à sa suite dans la forêt.
Je fus aussi renversé et le nez dans la poussière, j'inventais de nouvelles insultes...
Désormais les cris venaient aussi de notre tente, comme un écho malsain à ceux des tentes d'à côté.
Je me relevais avec rage quand, un groupe de militaire entra dans la tente. Armés et équipés, ils posèrent quelques questions rapides et fusèrent à la poursuite des voleurs.
Et c'était bien de cela dont il s'agissait. Ils avaient aussi volé trois sac à de pauvres gens de la tente voisine. Sacs qui contenaient le peu d'affaires sauvées lors de la procédure d'évacuation : papiers, médicaments, argent... J'étais outré et une colère sourde montait en moi. Qui pouvait ainsi profiter de cette situation pour voler de la sorte? L'évacuation avait-elle aussi évacué des membres de ces bandes armées qui depuis des mois mettaient la ville à sac ? Je fus vexé de ne pas l'avoir pris en compte dans ma récente réflexion.
Une femme était en pleurs, elle criait à l'injustice... elle n'avait désormais plus rien. Un homme resté à terre souffrait manifestement de la cheville, écrasée par la chute de son lit de camp et sans doute aussi d'avoir été piétinée. Du personnel médical arriva et emporta sur une civière l'homme blessé. Avant que la femme en pleurs ne fut à son tour amenée, Lisa eut le temps de lui donner deux de nos tickets de ravitaillement avec quelques mots de réconfort.
Au loin, une rafale d'arme automatique venait d'être lâchée et l'écho en nous parvenant, nous rappela la gravité de notre situation. La colère me fit souhaiter ces balles, mortelles...
Que la réaction des militaires soit si vive, que les gendarmes aient été réquisitionnés, que des voleurs soient si peu scrupuleux...toutes ces constatations formaient un tissu d'une bien étrange trame.
Lisa prit ma main et commençât à me dire qu'il nous faudrait quitter la camp. Il n'était désormais plus sûr pour y rester à l'abri.
Le son d'une radio se fit alors entendre. Je compris bien vite qu'à côté de notre tente se tenait un véhicule de commandement et que celui-ci était en liaison radio avec le groupe de militaires partis à la poursuite des voleurs.
Dehors, l'aube commençait à teinter les visages de bleu. Les cernes aussi...
Peu d'entre nous avaient dormi et l'état d'excitation général n'était guère propice au repos. Notre tente ainsi que sa voisine se vidèrent, comme si le vol y avait laissé sa malédiction. Nous n'avions pas bougé. Il nous fallait écouter les échanges radios entre les militaires. Cela pourrait bien nous aider si nous décidions à un moment ou à un autre de quitter le camp.
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RADIO
15 - RADIO
Le spécialiste transmission enclencha quelques touches et appuya sur la pédale de la radio longue portée.
─ Camp 1 de camp 2 pour liaison hiérarchique.
─ Camp 2 de camp 1 je vous reçois cinq sur cinq. À vous.
─ Pour transmission codée. Le militaire le doigt sur une page d'un carnet énuméra : quarante-quatre, trois haut, cinq. À Vous.
─ Bien reçu camp 1. Passage en canal sécurisé.
Le militaire tourna une molette.
─ Camp 1 de Camp 2. à Vous
─ Camp 2 de camp 1 pour la transmission : « radieux »
Le militaire lu alors le mot qui se situait deux lignes plus bas.
─ « tension »
─ Camp 1 de camp 2. Officier présent pour transmission.
─ Camp 2 de camp 1. Officier présent pour transmission. A vous.
Le militaire passa le combiné à son supérieur qui était assis à coté de lui.
Le commandant du Camp 2 était le Colonel Pastor, un vieil officier en fin de carrière dont le Plan l'avait mis pour chef du Camp 2.
─ Salut Deforet comment ça va par chez vous.
─ On est passé en alerte 2. Nous avons eu des bagarres et des vols sur le camp. Mais ce n'est pas le plus grave.
– Comment cela?
– j'ai eu plusieurs déserteurs parmi les réservistes et quelques soldats d'actives. La plus part veulent retrouver leur famille.
– Je n'ai pas encore eu le cas dans mon camp.
– Cela ne saurait tarder. Les désertions ont commencé lorsque nous avons appris qu'il commençait à avoir des pillards dans certaines villes. Il y a eu des fusillades avec des villageois non loin du camp. Ça ne sent pas bon du tout tout ça.
– Deforet, est ce que tu es arrivé à prendre contact avec la hiérarchie?
– Non, personne ne répond. Cela fait plus de deux heures que je n'ai plus aucune liaison radio.
– nous aussi. T'es le seul avec qui j'arrive à entrer en contact.
– Çà tombe mal, je devais les avertir que l'on m'a volé le dossier « D ».
– Le Dossier? Comment cela est il possible?
– Mon aide de camp a fuit avec. J'ai une patrouille a sa poursuite mais ce n'est pas gagné.
– Courage Deforet. Mon vieux camarade, tiens bon car je ne suis pas sûr que nous pourrons tenir la semaine comme prévu.
– A toi aussi, bon courage. Fin de communication.
L'opérateur radio attendit que les dernières leds s'éteignent avant de changer de canal et de revenir sur celle de communication d'urgence donnée par le plan du dossier "D". Il remit son casque et attendit de recevoir une transmission.
Le colonel Pastor se releva l'air grave. Rien ne se passait comme le définissait le Plan. Quelqu'un là-haut avait du faire un mauvais calcul quelque part et cela n'allait pas arranger tout le monde.. bon sang! que ne ferait-il pas pour être sur son petit bateau à pêcher plutôt que de rester là à attendre les ordres qui ne venaient pas.
Le spécialiste transmission enclencha quelques touches et appuya sur la pédale de la radio longue portée.
─ Camp 1 de camp 2 pour liaison hiérarchique.
─ Camp 2 de camp 1 je vous reçois cinq sur cinq. À vous.
─ Pour transmission codée. Le militaire le doigt sur une page d'un carnet énuméra : quarante-quatre, trois haut, cinq. À Vous.
─ Bien reçu camp 1. Passage en canal sécurisé.
Le militaire tourna une molette.
─ Camp 1 de Camp 2. à Vous
─ Camp 2 de camp 1 pour la transmission : « radieux »
Le militaire lu alors le mot qui se situait deux lignes plus bas.
─ « tension »
─ Camp 1 de camp 2. Officier présent pour transmission.
─ Camp 2 de camp 1. Officier présent pour transmission. A vous.
Le militaire passa le combiné à son supérieur qui était assis à coté de lui.
Le commandant du Camp 2 était le Colonel Pastor, un vieil officier en fin de carrière dont le Plan l'avait mis pour chef du Camp 2.
─ Salut Deforet comment ça va par chez vous.
─ On est passé en alerte 2. Nous avons eu des bagarres et des vols sur le camp. Mais ce n'est pas le plus grave.
– Comment cela?
– j'ai eu plusieurs déserteurs parmi les réservistes et quelques soldats d'actives. La plus part veulent retrouver leur famille.
– Je n'ai pas encore eu le cas dans mon camp.
– Cela ne saurait tarder. Les désertions ont commencé lorsque nous avons appris qu'il commençait à avoir des pillards dans certaines villes. Il y a eu des fusillades avec des villageois non loin du camp. Ça ne sent pas bon du tout tout ça.
– Deforet, est ce que tu es arrivé à prendre contact avec la hiérarchie?
– Non, personne ne répond. Cela fait plus de deux heures que je n'ai plus aucune liaison radio.
– nous aussi. T'es le seul avec qui j'arrive à entrer en contact.
– Çà tombe mal, je devais les avertir que l'on m'a volé le dossier « D ».
– Le Dossier? Comment cela est il possible?
– Mon aide de camp a fuit avec. J'ai une patrouille a sa poursuite mais ce n'est pas gagné.
– Courage Deforet. Mon vieux camarade, tiens bon car je ne suis pas sûr que nous pourrons tenir la semaine comme prévu.
– A toi aussi, bon courage. Fin de communication.
L'opérateur radio attendit que les dernières leds s'éteignent avant de changer de canal et de revenir sur celle de communication d'urgence donnée par le plan du dossier "D". Il remit son casque et attendit de recevoir une transmission.
Le colonel Pastor se releva l'air grave. Rien ne se passait comme le définissait le Plan. Quelqu'un là-haut avait du faire un mauvais calcul quelque part et cela n'allait pas arranger tout le monde.. bon sang! que ne ferait-il pas pour être sur son petit bateau à pêcher plutôt que de rester là à attendre les ordres qui ne venaient pas.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
journal de bord bug +145 jours : histoire de Luc
16 - BUG + 1h00
Comment se redresser après tout cela. Je revins des toilettes après y avoir vomi mon diner de la veille. Le corps de Fred ainsi que de ces tueurs avaient été ramassé et ramené par les militaires au commissariat.Ils étaient allongés sous des draps dans un bureau en attendant que l'on puisse rapidement s'occuper d'eux.
Il y avait en fait une forte agitation qui ne m'avait pas vraiment surpris à notre arrivé.
Maintenant que l'adrénaline était tombée, que mon cœur avait cessé de battre la chamade et que tout le reste de mon corps ne tremblait plus, je vis les militaires. Des soldats, il y en avait partout.
Je pourrais dire que moi aussi je suis encore militaire en tant que Gendarme. Mais là, il y en avait plus que les policiers qui avaient été mis de coté.
Leur organisation était impeccable. Chaque soldat savait exactement ce qu'il devait faire et il le faisait avec célérité.
Mes hommes et moi-même avions été mis de coté à cause de l'état de choc dans lequel nous sommes arrivés après l'affrontement à l'arme d'assaut.
Un policier vint vers moi et me tendit une tasse.
─ Qu'est ce qui s'est passé en ville ?demandais-je.
─ Une bombe terroriste à Impulsion Electro-Magnétique, me répondit le gars. C'est les militaires qui en ont parlé lorsqu'ils ont installé leurs
générateurs électriques.
─ Des terroristes ? Je bus une gorgée de café qui m'enleva le goût de dégueulis. Au moins il était chaud.
─ Ouais, et ils semblent qu'ils en ont fait péter un peu partout en France. Surtout dans les grandes villes. Une évacuation est prévue pour protéger la population contre des attaques NBC.
– Des attaques NBC? Mais mince alors, c'est qui ces terroristes? A-Quaida? Ou quelque chose comme ça?
– Je n'ai pas la réponse et je n'ai pas d'autres informations. Les radios sont HS et la télé aussi. Aucune information de l'extérieur.
– C'est vraiment le bazar alors. Ils viennent d'où? Questionnais-je en montrant les bidasses.
– je ne sais pas ils n'ont même pas d'écusson.
Sur ces mots, le policier me quitta pour rejoindre quelques uns de ses amis.
Je me rapprochais de mes gendarmes adjoints.
– Alors comment allez-vous?
– Dur, rien ne passe. Les téléphones sont grillés? Je ne sais pas si ma copine va bien.
– Pareil pour moi les gars. Je ne peux pas savoir si ma femme et mes enfants vont bien. Et impossible d'avoir une liaison avec la Compagnie ou le Centre Opérationnel. Pour l'instant, on est seul avec les policiers. On verra à l'aube comment cela se présente.
Je pris mon sac sur les épaules et montrais un bureau beaucoup plus calme pour se poser. La nuit allait être longue et personne avait besoin de nous.
C'est là, à ce moment que j'aurais du me méfier. Les militaires étaient nerveux. Certains le montraient en regardant leur montre toutes les quinze secondes.
Le cri, ou l'ordre vint : « GAZ!! »
Tout le monde mis son masque à gaz.
Tout le monde, non, sauf les policiers et nous.
Comment se redresser après tout cela. Je revins des toilettes après y avoir vomi mon diner de la veille. Le corps de Fred ainsi que de ces tueurs avaient été ramassé et ramené par les militaires au commissariat.Ils étaient allongés sous des draps dans un bureau en attendant que l'on puisse rapidement s'occuper d'eux.
Il y avait en fait une forte agitation qui ne m'avait pas vraiment surpris à notre arrivé.
Maintenant que l'adrénaline était tombée, que mon cœur avait cessé de battre la chamade et que tout le reste de mon corps ne tremblait plus, je vis les militaires. Des soldats, il y en avait partout.
Je pourrais dire que moi aussi je suis encore militaire en tant que Gendarme. Mais là, il y en avait plus que les policiers qui avaient été mis de coté.
Leur organisation était impeccable. Chaque soldat savait exactement ce qu'il devait faire et il le faisait avec célérité.
Mes hommes et moi-même avions été mis de coté à cause de l'état de choc dans lequel nous sommes arrivés après l'affrontement à l'arme d'assaut.
Un policier vint vers moi et me tendit une tasse.
─ Qu'est ce qui s'est passé en ville ?demandais-je.
─ Une bombe terroriste à Impulsion Electro-Magnétique, me répondit le gars. C'est les militaires qui en ont parlé lorsqu'ils ont installé leurs
générateurs électriques.
─ Des terroristes ? Je bus une gorgée de café qui m'enleva le goût de dégueulis. Au moins il était chaud.
─ Ouais, et ils semblent qu'ils en ont fait péter un peu partout en France. Surtout dans les grandes villes. Une évacuation est prévue pour protéger la population contre des attaques NBC.
– Des attaques NBC? Mais mince alors, c'est qui ces terroristes? A-Quaida? Ou quelque chose comme ça?
– Je n'ai pas la réponse et je n'ai pas d'autres informations. Les radios sont HS et la télé aussi. Aucune information de l'extérieur.
– C'est vraiment le bazar alors. Ils viennent d'où? Questionnais-je en montrant les bidasses.
– je ne sais pas ils n'ont même pas d'écusson.
Sur ces mots, le policier me quitta pour rejoindre quelques uns de ses amis.
Je me rapprochais de mes gendarmes adjoints.
– Alors comment allez-vous?
– Dur, rien ne passe. Les téléphones sont grillés? Je ne sais pas si ma copine va bien.
– Pareil pour moi les gars. Je ne peux pas savoir si ma femme et mes enfants vont bien. Et impossible d'avoir une liaison avec la Compagnie ou le Centre Opérationnel. Pour l'instant, on est seul avec les policiers. On verra à l'aube comment cela se présente.
Je pris mon sac sur les épaules et montrais un bureau beaucoup plus calme pour se poser. La nuit allait être longue et personne avait besoin de nous.
C'est là, à ce moment que j'aurais du me méfier. Les militaires étaient nerveux. Certains le montraient en regardant leur montre toutes les quinze secondes.
Le cri, ou l'ordre vint : « GAZ!! »
Tout le monde mis son masque à gaz.
Tout le monde, non, sauf les policiers et nous.
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
17 -Installation
Le bruit du moteur et le crissement des pneus terminèrent à leur manière cet échange radio. Seule la toile de la tente, symbolique shoji, avait préservé le mystère, pour chacun de ses deux côtés.
Je restais immobile, essayant de réordonner rapidement en éléments distincts les informations entendues.
Bagarres et vols dans les camps, désertion de militaires, fusillades avec des villageois, pillages en villes contaminées, perte de contact avec la hiérarchie...
Et par dessus tout, des documents volés au sujet d'un dossier "D".
"D", comme quoi ?... comme Décontamination ?... comme Destruction ?... comme... Déportation...
Lisa était blême et j'étais sans doute moi aussi livide. Avant que nos angoisses ne se nourrissent l'une l'autre, nous étions sortis, enfin à la lumière rassurante d'un soleil désormais rayonnant. Au moins quelque chose qui n'avait pas changé!
Nous étions tout à l'entrée du camp, près des barricades et des postes militaires. Devant nous s'étendaient maintenant des centaines de tentes. La perspective les rendait à perte de vue...
Toute la nuit, les engins avaient terrassé, les hommes monté des tentes, repoussé au loin, presque à l'horizon, l'autre limite du camp. La situation ne prêtait pas à la contemplation, mais, devant les alignements impeccables, devant cet espace géométrique né de la puissance humaine en seulement une nuit, nous étions restés comme saisis d'un mélange de fierté, de force et pour un court instant, de calme.
La seconde impression fut bien plus ambigüe car la noria des camions d'évacués ne s'était pas interrompue de la nuit. Les nouveaux continuaient à affluer avec ces mêmes visages hagards, comme si lâchés dans un gigantesque jeu ils n'en connaissaient aucune des règles et pire, pas même leur rôle. Ils cherchaient comme désespérément quelque chose, d'un regard lourd, anxieux, usé... Je n'avais jamais eu l'occasion de voir cet état de fatigue intégrale. Congruence délétère. Ils avançaient, cherchaient, mais ne trouvaient que leurs semblables, tout autant déboussolés.
Entre les blocs de tentes, de véritables files de silhouettes claudicantes soulevaient la poussière lumineuse. Comme un film au ralenti.
Le son était comme l'image. Un vrombissement hypnotique. Ils se cherchaient, posant à aussi ignorant qu'eux les mêmes questions confuses, imprécises, incomplètes... On sentait leur peur qui, comme la poussière, collait à tout ce sur quoi elle retombait.
Autours de nous, la structure répétée du camp était bien visible. Un rectangle de dix tentes semblait former une unité. Presque sur le bord, une tente sanitaire avec eau, lavabos, douches et toilettes. Au centre, une tente ouverte genre barnum protégeait du soleil une grande table métallique. A ce qui semblait être l'entrée de ce bloc, une pancarte avec des informations affichées, un haut mat et un drapeau vert avec deux caractères noirs "A1". Le bloc suivant, basé sur la même structure était le "A2" toujours vert. A notre gauche, au début d'une autre rangée, un bloc identique "A1" mais à drapeau jaune, plus loin, un bleu, encore plus loin, un rouge, puis un orange... A y regarder plus attentivement, le camp était réellement immense et à voir au loin les nuages causés par le terrassement, il croissait encore. A quelle couleur et numérotation arriveraient-ils ?
L'impression de force rassurante était bien vite passée, laissant sa place encore chaude à l'angoisse, encore. Le gigantisme du camp était à la mesure de la gigantesque catastrophe.
Un militaire vint vers nous et nous demanda d'attacher à nos poignets deux larges colliers auto-serrant de couleur verte, numérotés "A1-1-1/24" et "A1-1-2/24". "Rangée vert, bloc A1, tente 1, personnel 1 sur 24"... pour la logistique et le repérage dans le camp nous précisa-t'il, non sans une petite gène. Nous devions rester consignés là jusqu'à midi, heure à laquelle nous serait donné un repas. De nouveaux venus arrivèrent dans la tente "A1-1". Ils nous assaillirent de questions mais nous ne savions quoi répondre à cette détresse polymorphe.
Pour Lisa et moi, c'était très clair. Apprendre le plus de choses afin d'évaluer nos chances de survie. Nous ne doutions pas que la nuit à venir serait à nouveau le théâtre d'autres vols et violences. Vu l'état des arrivants, il ne faudrait compter sur aucune aide pour instaurer dans la tente un tour de garde. Pour mettre au point un roulement de surveillance.
Pire, une étrange ambiance était en train de naître. Les nouveaux venus commençaient à montrer des signes d'agressivité à notre égard. Je ne sais si le fait de porter un gros bandage sur la tête, d'être avec une jolie femme, d'être là bien avant eux ne nous rendait pas redevables face à leurs propre malheur. Comme si nous avions jouis d'avantages illégitimes, pire... usurpés. "Premiers arrivés, premiers servis" nous cria hargneusement une femme courroucée de ne rien trouver de profitable dans la tente.
L'arrivée d'un groupe de soldat baissa un peu la tension et quand les bracelets furent posés sur les nouveaux arrivants, l'annonce fut faite concernant le repas de midi. Une distribution d'eau et de vêtements finit par calmer les esprits. Je dis bien calmer, car l'embryon de haine continuait dans le silence son abjecte gestation. Les regards ne trompaient pas. Il faudrait désormais lutter et payer sa place. Des groupes se formaient déjà, unis par le partage d'une nuit d'angoisse, prêts à en découdre... maudit besoin d'exutoire.
Un son d'une puissance phénoménale ébranla l'immensité du camp. Des centaines de haut-parleurs venaient d'être branchés et une mire son en testait l'efficacité quelque seconde. Le plateau en fut secoué. Une voix de femme se fit alors entendre. Il était demandé de faire le plus rapidement le silence, le président de la République allait s'adresser par radio au pays entier dans quelques secondes.
Le silence se fit rapidement, comme par un sortilège tout se figea en quelques secondes. Sans m'en rendre compte, je serrai Lisa fort contre moi, elle tremblait autant que moi de peur et d'excitation. Allait-on enfin savoir ?
Les hauts-parleurs crachotèrent, le son arrivait un peu saccadé, l'écho du camp donnait une dimension surréaliste aux paroles que nous commencions à entendre.
"Mes chers compatriotes...
Le bruit du moteur et le crissement des pneus terminèrent à leur manière cet échange radio. Seule la toile de la tente, symbolique shoji, avait préservé le mystère, pour chacun de ses deux côtés.
Je restais immobile, essayant de réordonner rapidement en éléments distincts les informations entendues.
Bagarres et vols dans les camps, désertion de militaires, fusillades avec des villageois, pillages en villes contaminées, perte de contact avec la hiérarchie...
Et par dessus tout, des documents volés au sujet d'un dossier "D".
"D", comme quoi ?... comme Décontamination ?... comme Destruction ?... comme... Déportation...
Lisa était blême et j'étais sans doute moi aussi livide. Avant que nos angoisses ne se nourrissent l'une l'autre, nous étions sortis, enfin à la lumière rassurante d'un soleil désormais rayonnant. Au moins quelque chose qui n'avait pas changé!
Nous étions tout à l'entrée du camp, près des barricades et des postes militaires. Devant nous s'étendaient maintenant des centaines de tentes. La perspective les rendait à perte de vue...
Toute la nuit, les engins avaient terrassé, les hommes monté des tentes, repoussé au loin, presque à l'horizon, l'autre limite du camp. La situation ne prêtait pas à la contemplation, mais, devant les alignements impeccables, devant cet espace géométrique né de la puissance humaine en seulement une nuit, nous étions restés comme saisis d'un mélange de fierté, de force et pour un court instant, de calme.
La seconde impression fut bien plus ambigüe car la noria des camions d'évacués ne s'était pas interrompue de la nuit. Les nouveaux continuaient à affluer avec ces mêmes visages hagards, comme si lâchés dans un gigantesque jeu ils n'en connaissaient aucune des règles et pire, pas même leur rôle. Ils cherchaient comme désespérément quelque chose, d'un regard lourd, anxieux, usé... Je n'avais jamais eu l'occasion de voir cet état de fatigue intégrale. Congruence délétère. Ils avançaient, cherchaient, mais ne trouvaient que leurs semblables, tout autant déboussolés.
Entre les blocs de tentes, de véritables files de silhouettes claudicantes soulevaient la poussière lumineuse. Comme un film au ralenti.
Le son était comme l'image. Un vrombissement hypnotique. Ils se cherchaient, posant à aussi ignorant qu'eux les mêmes questions confuses, imprécises, incomplètes... On sentait leur peur qui, comme la poussière, collait à tout ce sur quoi elle retombait.
Autours de nous, la structure répétée du camp était bien visible. Un rectangle de dix tentes semblait former une unité. Presque sur le bord, une tente sanitaire avec eau, lavabos, douches et toilettes. Au centre, une tente ouverte genre barnum protégeait du soleil une grande table métallique. A ce qui semblait être l'entrée de ce bloc, une pancarte avec des informations affichées, un haut mat et un drapeau vert avec deux caractères noirs "A1". Le bloc suivant, basé sur la même structure était le "A2" toujours vert. A notre gauche, au début d'une autre rangée, un bloc identique "A1" mais à drapeau jaune, plus loin, un bleu, encore plus loin, un rouge, puis un orange... A y regarder plus attentivement, le camp était réellement immense et à voir au loin les nuages causés par le terrassement, il croissait encore. A quelle couleur et numérotation arriveraient-ils ?
L'impression de force rassurante était bien vite passée, laissant sa place encore chaude à l'angoisse, encore. Le gigantisme du camp était à la mesure de la gigantesque catastrophe.
Un militaire vint vers nous et nous demanda d'attacher à nos poignets deux larges colliers auto-serrant de couleur verte, numérotés "A1-1-1/24" et "A1-1-2/24". "Rangée vert, bloc A1, tente 1, personnel 1 sur 24"... pour la logistique et le repérage dans le camp nous précisa-t'il, non sans une petite gène. Nous devions rester consignés là jusqu'à midi, heure à laquelle nous serait donné un repas. De nouveaux venus arrivèrent dans la tente "A1-1". Ils nous assaillirent de questions mais nous ne savions quoi répondre à cette détresse polymorphe.
Pour Lisa et moi, c'était très clair. Apprendre le plus de choses afin d'évaluer nos chances de survie. Nous ne doutions pas que la nuit à venir serait à nouveau le théâtre d'autres vols et violences. Vu l'état des arrivants, il ne faudrait compter sur aucune aide pour instaurer dans la tente un tour de garde. Pour mettre au point un roulement de surveillance.
Pire, une étrange ambiance était en train de naître. Les nouveaux venus commençaient à montrer des signes d'agressivité à notre égard. Je ne sais si le fait de porter un gros bandage sur la tête, d'être avec une jolie femme, d'être là bien avant eux ne nous rendait pas redevables face à leurs propre malheur. Comme si nous avions jouis d'avantages illégitimes, pire... usurpés. "Premiers arrivés, premiers servis" nous cria hargneusement une femme courroucée de ne rien trouver de profitable dans la tente.
L'arrivée d'un groupe de soldat baissa un peu la tension et quand les bracelets furent posés sur les nouveaux arrivants, l'annonce fut faite concernant le repas de midi. Une distribution d'eau et de vêtements finit par calmer les esprits. Je dis bien calmer, car l'embryon de haine continuait dans le silence son abjecte gestation. Les regards ne trompaient pas. Il faudrait désormais lutter et payer sa place. Des groupes se formaient déjà, unis par le partage d'une nuit d'angoisse, prêts à en découdre... maudit besoin d'exutoire.
Un son d'une puissance phénoménale ébranla l'immensité du camp. Des centaines de haut-parleurs venaient d'être branchés et une mire son en testait l'efficacité quelque seconde. Le plateau en fut secoué. Une voix de femme se fit alors entendre. Il était demandé de faire le plus rapidement le silence, le président de la République allait s'adresser par radio au pays entier dans quelques secondes.
Le silence se fit rapidement, comme par un sortilège tout se figea en quelques secondes. Sans m'en rendre compte, je serrai Lisa fort contre moi, elle tremblait autant que moi de peur et d'excitation. Allait-on enfin savoir ?
Les hauts-parleurs crachotèrent, le son arrivait un peu saccadé, l'écho du camp donnait une dimension surréaliste aux paroles que nous commencions à entendre.
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
18 - Discours
...."Que tous ceux qui entendent ce message, montent le son de leur récepteur radio au maximum afin que chaque fenêtre ouverte puisse relayer ma voix et ainsi dans tout le pays, diffuser mon message.
Que tous ceux d'entre-vous qui le peuvent prennent des notes afin de transmettre fidèlement mes paroles aux absents qui n'auront pas été en mesure de m'entendre.
Que l'ennemi aussi écoute, qu'il ne doute pas un instant de notre détermination et de notre riposte à venir.
Citoyens et citoyennes, touristes, étrangers, c'est à vous tous qui êtes actuellement sur le sol de notre pays, que par ma voix, le gouvernement s'adresse.
Hier soir, frappé par un ennemi venu de l'intérieur, par un ennemi invisible encore inconnu, notre pays a subi une attaque de très grande envergure. Dans chaque ville de plus de 20 000 habitants des explosions électromagnétiques d'origine criminelle ont détruit la quasi totalité des infrastructures et des équipements électriques et électroniques. Dans ces villes, tout ce qui utilisait de l'énergie est maintenant hors service. En une fraction de seconde, notre vie moderne bouleversée, plongée dans le noir et la stupéfaction. Des milliers de personnes se sont retrouvées en situation de danger et malheureusement le compte des blessés et des décédés ne cesse de croitre.
Les secours ont été paralysés, même les bonnes volontés si nombreuses dans notre pays se sont retrouvées dans l'incapacité totale d'action.
C'est grâce à la rapidité de nos forces armées, au courage et a l'efficacité de nos militaires que nous avons pu déclencher si rapidement une procédure d'évacuation de nos concitoyens vers des camps d'accueil temporaires. Camps que nos unités du Génie continuent à l'heure actuelle d'installer.
Nous n'avons encore aucune information ni sur l'identité de notre ennemi, ni sur ses intentions mais toutes nos ressources militaires et policières sont mobilisées pour le connaître ainsi que pour vous assurer protection et sécurité.
Nos services de renseignements et groupes anti-terroristes sont en ce moment même en alerte maximale suite à la découverte de bombes chimiques dans les villes attaquées. Tout laisse à penser que leur nombre est important et qu'elles sont bien dissimulées prêtes à exploser.
Les équipes de décontamination sont à l'œuvre. Dans chaque ville, chaque recoin peut cacher un de ces engins mortels, chaque cave, chaque toit... l'ampleur de la tâche est colossale et sans l'aide des équipes spécialisées de nos voisins, pays amis et alliés, cela s'avèrerait impossible.
Soyez assurés qu'en ce moment même, tous nos efforts sont mobilisés pour secourir ceux qui ont été blessés durant la nuit, pour loger ceux qui se retrouvent sans toit, pour nourrir ceux qui ne possèdent plus rien. Mais aussi pour trouver cet ennemi dont la lâcheté n'a d'égal que la cruauté.
En ce jour de deuil, de catastrophe, je fais solennellement appel à la solidarité nationale, à la solidarité citoyenne, appel à vous tous mes compatriotes.
Que ceux qui habitent hors des zones sinistrées contactent au plus vite les Mairies pour recevoir des instructions, nous avons plus que jamais besoin de vous. Que ceux qui cultivent, ceux qui élèvent du bétail, que ceux qui peuvent par leur capacité de transport ou de réparation aider à reconstruire le pays se fassent connaître au plus vite.
A tous les autres, victimes des attaques urbaines, je vous demande 30 jours.
30 jours pour trouver et désamorcer toutes les bombes chimiques
30 jours pour rendre nos villes à nouveau habitables
30 jours pour trouver notre ennemi et le défaire
30 jours pour vous permettre de retourner chez vous en toute sécurité.
30 jours de confiance dans les forces de notre pays
pour ceux qui souffrent, je souhaite le courage
pour ceux qui dans le deuil, pleurent leurs disparus, je présente mes sincères condoléances
pour ceux qui ont tout perdu, je souhaite l'espérance
pour ceux qui sont dans les camps d'accueil, je souhaite la patience
Et à vous tous, citoyens de notre cher et beau pays, je donne l'espoir, je donne la certitude que nous nous relèverons, plus haut, bien plus forts qu'avant.
Nous reconstruirons avec pour ciment, nos valeurs, notre unité et notre volonté de peuple libre.
Mes cher compatriotes, les 30 prochains jours seront décisifs et je suis persuadé qu'avec les efforts, la volonté et le travail de chacun nous triompherons.
Ensemble...pour nos enfants.
Vive la République..."
Que tous ceux d'entre-vous qui le peuvent prennent des notes afin de transmettre fidèlement mes paroles aux absents qui n'auront pas été en mesure de m'entendre.
Que l'ennemi aussi écoute, qu'il ne doute pas un instant de notre détermination et de notre riposte à venir.
Citoyens et citoyennes, touristes, étrangers, c'est à vous tous qui êtes actuellement sur le sol de notre pays, que par ma voix, le gouvernement s'adresse.
Hier soir, frappé par un ennemi venu de l'intérieur, par un ennemi invisible encore inconnu, notre pays a subi une attaque de très grande envergure. Dans chaque ville de plus de 20 000 habitants des explosions électromagnétiques d'origine criminelle ont détruit la quasi totalité des infrastructures et des équipements électriques et électroniques. Dans ces villes, tout ce qui utilisait de l'énergie est maintenant hors service. En une fraction de seconde, notre vie moderne bouleversée, plongée dans le noir et la stupéfaction. Des milliers de personnes se sont retrouvées en situation de danger et malheureusement le compte des blessés et des décédés ne cesse de croitre.
Les secours ont été paralysés, même les bonnes volontés si nombreuses dans notre pays se sont retrouvées dans l'incapacité totale d'action.
C'est grâce à la rapidité de nos forces armées, au courage et a l'efficacité de nos militaires que nous avons pu déclencher si rapidement une procédure d'évacuation de nos concitoyens vers des camps d'accueil temporaires. Camps que nos unités du Génie continuent à l'heure actuelle d'installer.
Nous n'avons encore aucune information ni sur l'identité de notre ennemi, ni sur ses intentions mais toutes nos ressources militaires et policières sont mobilisées pour le connaître ainsi que pour vous assurer protection et sécurité.
Nos services de renseignements et groupes anti-terroristes sont en ce moment même en alerte maximale suite à la découverte de bombes chimiques dans les villes attaquées. Tout laisse à penser que leur nombre est important et qu'elles sont bien dissimulées prêtes à exploser.
Les équipes de décontamination sont à l'œuvre. Dans chaque ville, chaque recoin peut cacher un de ces engins mortels, chaque cave, chaque toit... l'ampleur de la tâche est colossale et sans l'aide des équipes spécialisées de nos voisins, pays amis et alliés, cela s'avèrerait impossible.
Soyez assurés qu'en ce moment même, tous nos efforts sont mobilisés pour secourir ceux qui ont été blessés durant la nuit, pour loger ceux qui se retrouvent sans toit, pour nourrir ceux qui ne possèdent plus rien. Mais aussi pour trouver cet ennemi dont la lâcheté n'a d'égal que la cruauté.
En ce jour de deuil, de catastrophe, je fais solennellement appel à la solidarité nationale, à la solidarité citoyenne, appel à vous tous mes compatriotes.
Que ceux qui habitent hors des zones sinistrées contactent au plus vite les Mairies pour recevoir des instructions, nous avons plus que jamais besoin de vous. Que ceux qui cultivent, ceux qui élèvent du bétail, que ceux qui peuvent par leur capacité de transport ou de réparation aider à reconstruire le pays se fassent connaître au plus vite.
A tous les autres, victimes des attaques urbaines, je vous demande 30 jours.
30 jours pour trouver et désamorcer toutes les bombes chimiques
30 jours pour rendre nos villes à nouveau habitables
30 jours pour trouver notre ennemi et le défaire
30 jours pour vous permettre de retourner chez vous en toute sécurité.
30 jours de confiance dans les forces de notre pays
pour ceux qui souffrent, je souhaite le courage
pour ceux qui dans le deuil, pleurent leurs disparus, je présente mes sincères condoléances
pour ceux qui ont tout perdu, je souhaite l'espérance
pour ceux qui sont dans les camps d'accueil, je souhaite la patience
Et à vous tous, citoyens de notre cher et beau pays, je donne l'espoir, je donne la certitude que nous nous relèverons, plus haut, bien plus forts qu'avant.
Nous reconstruirons avec pour ciment, nos valeurs, notre unité et notre volonté de peuple libre.
Mes cher compatriotes, les 30 prochains jours seront décisifs et je suis persuadé qu'avec les efforts, la volonté et le travail de chacun nous triompherons.
Ensemble...pour nos enfants.
Vive la République..."
Les haut-parleurs coupés, un silence glacial pesait sur le camp. Les rares commentaires commençaient à se grouper en un murmure général qui enflait lentement... le volume augmentait et dans ce futur vacarme, il était difficile de comprendre la fin d'une phrase entendue.
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19 - le camp n°2
"Ma tête me tournait lorsque je me réveillais et j'avais une envie de gerber phénoménale.
Un homme était penché vers moi.
─ T'inquiète pas mon gars. T'es en sécurité ici.
Ici, c'était l’arrière d'un camion militaire. J'étais entouré par des policiers en tenue et d'autres en civil. Certains semblaient dormir et d'autres étaient éveillés.
La bâche arrière était levée et le soleil de l'aube naissante dardait ses rayons au-dessus des arbres.
D'autres camions suivaient celui où je me trouvais. Aucun des gendarmes de ma patrouille n'était dans le
véhicule. J'appris qu'ils devaient être dans les autres camions.
Nous avions été gazés par une attaque terroriste selon mes premières informations. C'est le militaire qui était assis près de la sortie qui le disait à tout le monde. Un mélange de gaz fumigène et soporifique. La provenance était inconnue mais c'était sûrement dans la continuité de l'action des terroristes.
La file de camions avançait lentement, presque au pas. je vis de temps en temps des personnes qui sautaient des camions et s'enfuyaient rapidement à travers les champs ou les bois. Des militaires en jeep et équipés de haut-parleur leur demandaient de revenir aux véhicules pour leur sécurité mais rien n'y faisait.
Je m'emparai de mon sac et vérifiai mon matériel. Comme les autres policiers présents dans le camion, je
possédais encore mes armes de dotation : mon pistolet, ses cartouches,mon bâton de défense et ma bombe lacrymogène. Je pris la seule barre de céréale entreposée dans mon sac et la mangeai doucement sous les yeux des autres passagers. Par la suite, je leur proposai de boire ensemble mon litre d'eau de ma gourde.
Nous arrivâmes enfin à destination au petit matin.
– Nous voilà arrivés au camps 2 de la plaine de Tonde, lança le militaire en nous montrant du doigt des alignements de tentes.
Elles recouvraient la plaine. Des véhicules appartenant au génie militaire et à la sécurité civile effectuaient des va-et-vient sans discontinuité. Une multitude de personnels militaires et civils travaillaient d'arrache-pied au montage du campement.
A l'arrêt du camion, nous descendîmes de celui-ci et nous rejoignîmes une tente sous la direction d'un militaire.
Je retrouvai d'autres gendarmes à l'intérieur. Enfin, je me retrouvai moins seul et j'allai peut-être avoir d'autres informations sur tout ce bazar.
Au bout d'une heure, je n'étais pas plus avancé. J'étais à deux cents kilomètres de chez moi dans le département d'à coté. Les gendarmes présents travaillaient depuis le matin sans aucune communication téléphonique avec le reste du monde. Seuls des radios fonctionnaient à plein régime entre différents camps. Nous étions dans le 2° camp. Il y en avait d'autres à travers le pays. Le Gouvernement avait réussit à quitter la Capitale pour s'installer dans le Creuton, département peuplé et qui n'avait semble-t-il pas été touché par les attaques terroristes. Le Président était arrivé par hélicoptère de son voyage d'Espagne.
Au niveau international, j'appris que certaines villes frontalières étrangères avaient été atteintes par les dégâts des IEM. Des réfugiés frontaliers fuyaient en dehors du pays. Par contre, on ne savait rien d'autres au niveau des autres nations et de l'aide qu'ils allaient nous octroyer.
Une demi-journée plus tard, j'eus ma place dans une tente avec les membres retrouvés de mon unité.Tous les Gendarmes présents étaient affectés à la surveillance du camp par secteur. On nous avait remis des radios portatives par binôme pour être en liaison avec le poste de commandement sécurité.
Ma prochaine patrouille devait être effectuée durant le premier quart de la nuit.
Ce qui m'inquiétait le plus était de ne pas connaître la situation de ma famille. Ma femme devait être morte d'inquiétude et je n'avais aucun moyen de la contacter. J'appris qu'il me serait impossible de revenir
dans mon village ou mon unité avant une bonne semaine tant que l'armée n'avait pas fait le nettoyage des villes.
« 30 jours.. 30 jours décisif » a annoncé le Président de la République en début de soirée.Je ne peux pas attendre 30 jours pour savoir si ma femme et mes enfants vont bien.
Beaucoup de monde dans le camp était dans le même état d'esprit et cela n'allait pas arranger les choses. Une Tension était perceptible dans tout le camp. Des bagarres, des vols s'étaient déclarés un peu partout. Et ces problèmes de plus en plus fréquents ne se limitaient pas à notre seul camp.
C'est Vincent qui me l'a dit.
Vincent, un vieux copain d'école, de collège, de lycée, de bals, de bars, de fêtes que par le plus grand des hasards, j'ai retrouvé près des postes de commandement. Il appartenait à l'unité militaire qui chapeautait le camp. Jeune capitaine plein d'avenir, il était le bras-droit du Colonel Deforet, l'aide de camp. Celui qui porte le café sans sucre avec toutes les transmissions.
Et c'est Vincent qui m'a parlé de ce dossier « D ». Le fameux dossier rouge estampillé de la lettre « D » que j'avais vu entre les mains du Capitaine qui nous avait sauvé de la fusillade en ville.
Certaines choses n'étaient pas claires et le dossier contenait énormément de données. C'est comme cela que j'ai su que le Commandement était au courant pour les attaques terroristes et avait décidé de se préparer à ramasser la population désemparée au lieu de la protéger en tentant de trouver ces bombes.
Le dossier rouge dans mes mains était en fin de compte une bombe à lui tout seul. Une sacrée Putain de Bombe médiatique. Le Gouvernement avait fait une boulette, une grosse même et rien qu'avec cela je pouvais l'arrêter.
Vincent et moi-même avions toujours été révolutionnaires dans l'âme. Notre passé nous avait rattrapé. Notre carrière allait en prendre un coup. Mais ce n'est pas cela qui nous motiva le plus.
C'était nos familles. Nous étions tous les deux du même village et ses parents pour qui il s'inquiétait, demeuraient non loin de chez moi.
Prendre le dossier a été simple, le cacher encore plus et la jeep pas un problème. Nous passâmes le poste d'entrée sans être trop inquiétés. Vincent expliqua au chef des sentinelles, que nous allions effectuer une recherche dans le secteur. Les militaires étaient bien trop occupés à comptabiliser les camions et les réfugiés qui entraient dans le camp.
La jeep s'enfonça dans l'obscurité. Nous avions lâché notre poste et nous serions sûrement considérés comme des déserteurs mais si on gardait notre longueur d'avance, on pourrait bien s'en sortir. "
"Ma tête me tournait lorsque je me réveillais et j'avais une envie de gerber phénoménale.
Un homme était penché vers moi.
─ T'inquiète pas mon gars. T'es en sécurité ici.
Ici, c'était l’arrière d'un camion militaire. J'étais entouré par des policiers en tenue et d'autres en civil. Certains semblaient dormir et d'autres étaient éveillés.
La bâche arrière était levée et le soleil de l'aube naissante dardait ses rayons au-dessus des arbres.
D'autres camions suivaient celui où je me trouvais. Aucun des gendarmes de ma patrouille n'était dans le
véhicule. J'appris qu'ils devaient être dans les autres camions.
Nous avions été gazés par une attaque terroriste selon mes premières informations. C'est le militaire qui était assis près de la sortie qui le disait à tout le monde. Un mélange de gaz fumigène et soporifique. La provenance était inconnue mais c'était sûrement dans la continuité de l'action des terroristes.
La file de camions avançait lentement, presque au pas. je vis de temps en temps des personnes qui sautaient des camions et s'enfuyaient rapidement à travers les champs ou les bois. Des militaires en jeep et équipés de haut-parleur leur demandaient de revenir aux véhicules pour leur sécurité mais rien n'y faisait.
Je m'emparai de mon sac et vérifiai mon matériel. Comme les autres policiers présents dans le camion, je
possédais encore mes armes de dotation : mon pistolet, ses cartouches,mon bâton de défense et ma bombe lacrymogène. Je pris la seule barre de céréale entreposée dans mon sac et la mangeai doucement sous les yeux des autres passagers. Par la suite, je leur proposai de boire ensemble mon litre d'eau de ma gourde.
Nous arrivâmes enfin à destination au petit matin.
– Nous voilà arrivés au camps 2 de la plaine de Tonde, lança le militaire en nous montrant du doigt des alignements de tentes.
Elles recouvraient la plaine. Des véhicules appartenant au génie militaire et à la sécurité civile effectuaient des va-et-vient sans discontinuité. Une multitude de personnels militaires et civils travaillaient d'arrache-pied au montage du campement.
A l'arrêt du camion, nous descendîmes de celui-ci et nous rejoignîmes une tente sous la direction d'un militaire.
Je retrouvai d'autres gendarmes à l'intérieur. Enfin, je me retrouvai moins seul et j'allai peut-être avoir d'autres informations sur tout ce bazar.
Au bout d'une heure, je n'étais pas plus avancé. J'étais à deux cents kilomètres de chez moi dans le département d'à coté. Les gendarmes présents travaillaient depuis le matin sans aucune communication téléphonique avec le reste du monde. Seuls des radios fonctionnaient à plein régime entre différents camps. Nous étions dans le 2° camp. Il y en avait d'autres à travers le pays. Le Gouvernement avait réussit à quitter la Capitale pour s'installer dans le Creuton, département peuplé et qui n'avait semble-t-il pas été touché par les attaques terroristes. Le Président était arrivé par hélicoptère de son voyage d'Espagne.
Au niveau international, j'appris que certaines villes frontalières étrangères avaient été atteintes par les dégâts des IEM. Des réfugiés frontaliers fuyaient en dehors du pays. Par contre, on ne savait rien d'autres au niveau des autres nations et de l'aide qu'ils allaient nous octroyer.
Une demi-journée plus tard, j'eus ma place dans une tente avec les membres retrouvés de mon unité.Tous les Gendarmes présents étaient affectés à la surveillance du camp par secteur. On nous avait remis des radios portatives par binôme pour être en liaison avec le poste de commandement sécurité.
Ma prochaine patrouille devait être effectuée durant le premier quart de la nuit.
Ce qui m'inquiétait le plus était de ne pas connaître la situation de ma famille. Ma femme devait être morte d'inquiétude et je n'avais aucun moyen de la contacter. J'appris qu'il me serait impossible de revenir
dans mon village ou mon unité avant une bonne semaine tant que l'armée n'avait pas fait le nettoyage des villes.
« 30 jours.. 30 jours décisif » a annoncé le Président de la République en début de soirée.Je ne peux pas attendre 30 jours pour savoir si ma femme et mes enfants vont bien.
Beaucoup de monde dans le camp était dans le même état d'esprit et cela n'allait pas arranger les choses. Une Tension était perceptible dans tout le camp. Des bagarres, des vols s'étaient déclarés un peu partout. Et ces problèmes de plus en plus fréquents ne se limitaient pas à notre seul camp.
C'est Vincent qui me l'a dit.
Vincent, un vieux copain d'école, de collège, de lycée, de bals, de bars, de fêtes que par le plus grand des hasards, j'ai retrouvé près des postes de commandement. Il appartenait à l'unité militaire qui chapeautait le camp. Jeune capitaine plein d'avenir, il était le bras-droit du Colonel Deforet, l'aide de camp. Celui qui porte le café sans sucre avec toutes les transmissions.
Et c'est Vincent qui m'a parlé de ce dossier « D ». Le fameux dossier rouge estampillé de la lettre « D » que j'avais vu entre les mains du Capitaine qui nous avait sauvé de la fusillade en ville.
Certaines choses n'étaient pas claires et le dossier contenait énormément de données. C'est comme cela que j'ai su que le Commandement était au courant pour les attaques terroristes et avait décidé de se préparer à ramasser la population désemparée au lieu de la protéger en tentant de trouver ces bombes.
Le dossier rouge dans mes mains était en fin de compte une bombe à lui tout seul. Une sacrée Putain de Bombe médiatique. Le Gouvernement avait fait une boulette, une grosse même et rien qu'avec cela je pouvais l'arrêter.
Vincent et moi-même avions toujours été révolutionnaires dans l'âme. Notre passé nous avait rattrapé. Notre carrière allait en prendre un coup. Mais ce n'est pas cela qui nous motiva le plus.
C'était nos familles. Nous étions tous les deux du même village et ses parents pour qui il s'inquiétait, demeuraient non loin de chez moi.
Prendre le dossier a été simple, le cacher encore plus et la jeep pas un problème. Nous passâmes le poste d'entrée sans être trop inquiétés. Vincent expliqua au chef des sentinelles, que nous allions effectuer une recherche dans le secteur. Les militaires étaient bien trop occupés à comptabiliser les camions et les réfugiés qui entraient dans le camp.
La jeep s'enfonça dans l'obscurité. Nous avions lâché notre poste et nous serions sûrement considérés comme des déserteurs mais si on gardait notre longueur d'avance, on pourrait bien s'en sortir. "
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
journal de bord bug +145 jours : rapport de Benjamin « Vipére-Bleue », force-spec Alpha
Chapitre 20 : fin de préparation
Plan « D » H-1h00
Lorsque j'arrivais dans le hangar,Steeve « Scorpion-Rouge », Guillaume « Crotale-Noir »,Michel « Couleuvre-Blanc » et Jonathan « Boa-Jaune »
étaient présents.Nous avions pu nous retrouver malgré l'ordre du Plan de ne jamais nous revoir après que la dernière disposition ait été mise en place. Je venais de déposer le dernier camion dans le quartier de la ZUP nord. La minuterie fonctionnerait dans les temps prévus par le Plan.L'équipe était presque au complet. Il ne manquait plus que Thomas « Mamba-Vert » qui devait garer son propre camion dans le quartier résidentiel à l'ouest de la ville. Il devait être sur le trajet du retour. Il devrait même être ici.
Au moment venu, le gaz soporifique fera son effet une à deux heures après l'attaque IEM.
Il leur avait fallut une vingtaine de jours pour mettre en place les camions dans toutes les grandes villes du pays. Les emplacements des véhicules qui devait être positionnés ne leur était donnés qu'au dernier moment par un Email crypté. Dans chaque camion, se trouvait ensuite l'endroit où le véhicule devait être garé. Dés que cela était fait, nous avions juste un bouton sous le siège a enclencher.
La mission était simple et le nombre de personnes au courant de la suite était très limité. Seul, un membre de notre hiérarchie était informé. Le dossier était « Top-Secret-ultra-confidentiel» code « Vermillion » ce qui sous entendait que seul le Président, et une poignée de
personnes devaient être au courant de ce qui se tramait. L'équipe Serpent n'avait posé aucune question. On n'en pose aucune. C'est la règle. Mais cela ne veut pas dire que l'on ne doit pas couvrir nos arrière.
Et c'est exactement ce que l'on faisait en ce moment. Après chaque transport, on se retrouvait dans un endroit choisit et on effectuait un rassemblement de données que l'on redonnait à chacun. C'était notre carte de sortie, si le Gouvernement essayait quelque chose contre notre Unité. Un vieux truc que m'avait refilé mon père : « Toujours avoir une porte de sortie » ou « garde une carte dans ta manche ». Je ne savais plus quel était exactement le dicton qu'il me disait mais ces deux là en avait l'esprit.
─ Alors,où est ce que l'on en est ? demandais-je en m'approchant de la petite table où se trouvaient les ordinateurs du groupe.
─ On attendait tes coordonnées, répondit Couleuvre-Blanc en me tendant la main.
─ Les voici.
Je lui remis ma clé USB. Ill'inséra dans le port de l'ordinateur et ouvrit un dossier. Du bout de son index, il déplaça un document dans celui-ci.
─ Et voilà c'est parti, lança Couleuvre-Blanc. Le dossier est entrain de se copier.
Les autres membres de l'Unité Serpent rangeaient leur matériel dans leur sac.
─ Il ne manque plus que Mamba et ses coordonnées, poursuivit Couleuvre.
─ Normalement, c'était la dernière mission, déclara Scorpion-Rouge. Vipère, quel est la suite du plan ?
─ On se quitte et on attend l'appel dans un mois.
─ Franchement,je voudrais savoir pourquoi on a placé ces camions.
─ La seule information que j'ai eu était que c'était pour un exercice national.
─ C'est du flanc, lâcha Crotale-Noir. Je ne le sens pas ce plan. Ça fait tout de même un paquet de camionnettes à travers tout le territoire. Il se prépare quelque chose de plus grave.
─ C'est pour cela que nous faisons tout cela, continuais-je. En montrant la petite table et l'ordinateur sur lequel travaillait Couleuvre-Blanc.
Mon téléphone vibra dans ma poche de chemise. Je décrochais et reconnu la voix.
─ Feu de prairie, hurla Thomas "Mamba-Vert" à l'autre bout du fil.
Puis il y eu une détonation.
─ Feu de prairie, hurlais-je aux autres.
─ Deux secondes,répliqua Couleuvre-Blanc en pianotant sur l'ordinateur.
Les autres membres de l'Unité s'emparèrent de leurs armes et de leurs affaires.
« Feu de prairie » était le mot d'ordre pour l'évacuation immédiate de notre retraite. On avait été joués ou repérés. Je ne parlais pas du coup de feu entendu aux autres membres. Chacun savait ce qu'il avait affaire et tout le monde devait quitter les lieux rapidement.
─ Prend ta clé, me lança Couleuvre-Blanc. On n'a pas le temps de faire une copie pour tout le monde.
J'attrapais au vol ma clé USB et la plaça dans une petiote boite en métal dans ma poche de veste. J'eus le temps de voir le point rouge d'un désignateur laser. La tête de Couleuvre-Blanc explosa dans un bruit mou. Son corps s'effondra sans vie.
J'eus le temps de plonger derrière des tonneaux en fer. Des impacts de balles criblèrent la petite table. Crotale-noir et Scorpion-rouge ouvrirent le feu à l'aveuglette leur pistolet mitrailleur à bout de bras. Boa-jaune lança deux grenades fumigènes dans le hangar et couru se réfugier derrière sa voiture. Il ne l'atteignit pas son corps fut criblé de balles. Sa main lâcha sa dernière grenade à fragmentation.
L'explosion fut assourdissante. Scorpion-rouge vola dans les airs. Sonné, je fonçai vers un recoin du hangar et me retrouvais prés des bureaux désaffectés. Le plâtre autour de moi vola dans les airs. Je reçus des débris de bétons et de verres provenant des alentours. Nos agresseurs étaient invisibles. Je plongeai derrière un mobilier en ferraille. Des explosions de grenades retentirent de nouveau.Ma seule issue fut la fenêtre qui était non loin de moi. Je ne devais pas trainer. Les fumigènes lancés par Boa se diffusaient dans le hangar. Des rayons rouges des
lasers balayaient la fumée. Je bondis en avant et pulvérisai la vitre. De l'autre côté, l'asphalte était dur et je me réceptionnais sur du verre. Je ressentis de nombreuses coupures sur les mains. N'y prêtant pas attention, je fonçai rapidement à couvert. Un tir me frôla la joue.
Les enfoirés devaient être nombreux. En me retournant, je vis un homme en tenue de combat noir à une centaine de mètres. Il me tenait en joue. Il sembla hésiter. J'en profitais pour courir derrière le coin de la bâtisse. Je ne sais pas comment je rejoignis sain et sauf mon véhicule. Mais j'étais vivant. Peut être le seul de l'unité. Je ne le saurais pas. Ma mission était terminée ici. Je devais me dépêcher de quitter les lieux.
Une sirène de gendarmerie me fit me retourner. Une équipe canine fonçait sur l'avenue où était garé mon Renault Master et tourna dans une ruelle. J'entendis distinctement d'autre sirènes. Il devait y avoir quelque chose par là. J'ouvris l'arrière et entrai. Le Master était équipé
pour ce qui allait se passer par la suite sur le Plan « D ». Des grandes feuilles d'aluminium allaient protéger la moto tout terrain et les différents petits matériels électroniques qui s'y trouvaient.L'explosion survint à l'heure H comme prévu. Tout avait l'air de fonctionner.
J'ouvris les portes et poussai le tout terrain dehors. La ville était dans le noir complet. La moto démarra tout de même au quart de tour. Je ne savais pas qui étaient mes poursuivants mais je ne devais pas rester ici. Je pris mes dernières affaires rangées dans un sac à dos, enfourchai la moto et partis.
Loup-Alpha retourna le cadavre del'homme tué dans le hangar. Il en était sûr, maintenant, ses hommes et lui avaient exécuté les membres de l'Unité Alpha ou Unité Serpent. Loup-bravo, lui confirma que tous les hommes étaient morts.
Non pas tous pensa Loup-Alpha. Il avait bien reconnu Benjamin dans son viseur. Le problème était que leur mission désignait un regroupement de Terroristes et qu'en fait c'était des militaires appartenant aux forces spéciales. Il ne savait pas dans quoi trempait Benjamin mais il allait devoir l'arrêter à tout-prix.
Plan « D » H-1h00
Lorsque j'arrivais dans le hangar,Steeve « Scorpion-Rouge », Guillaume « Crotale-Noir »,Michel « Couleuvre-Blanc » et Jonathan « Boa-Jaune »
étaient présents.Nous avions pu nous retrouver malgré l'ordre du Plan de ne jamais nous revoir après que la dernière disposition ait été mise en place. Je venais de déposer le dernier camion dans le quartier de la ZUP nord. La minuterie fonctionnerait dans les temps prévus par le Plan.L'équipe était presque au complet. Il ne manquait plus que Thomas « Mamba-Vert » qui devait garer son propre camion dans le quartier résidentiel à l'ouest de la ville. Il devait être sur le trajet du retour. Il devrait même être ici.
Au moment venu, le gaz soporifique fera son effet une à deux heures après l'attaque IEM.
Il leur avait fallut une vingtaine de jours pour mettre en place les camions dans toutes les grandes villes du pays. Les emplacements des véhicules qui devait être positionnés ne leur était donnés qu'au dernier moment par un Email crypté. Dans chaque camion, se trouvait ensuite l'endroit où le véhicule devait être garé. Dés que cela était fait, nous avions juste un bouton sous le siège a enclencher.
La mission était simple et le nombre de personnes au courant de la suite était très limité. Seul, un membre de notre hiérarchie était informé. Le dossier était « Top-Secret-ultra-confidentiel» code « Vermillion » ce qui sous entendait que seul le Président, et une poignée de
personnes devaient être au courant de ce qui se tramait. L'équipe Serpent n'avait posé aucune question. On n'en pose aucune. C'est la règle. Mais cela ne veut pas dire que l'on ne doit pas couvrir nos arrière.
Et c'est exactement ce que l'on faisait en ce moment. Après chaque transport, on se retrouvait dans un endroit choisit et on effectuait un rassemblement de données que l'on redonnait à chacun. C'était notre carte de sortie, si le Gouvernement essayait quelque chose contre notre Unité. Un vieux truc que m'avait refilé mon père : « Toujours avoir une porte de sortie » ou « garde une carte dans ta manche ». Je ne savais plus quel était exactement le dicton qu'il me disait mais ces deux là en avait l'esprit.
─ Alors,où est ce que l'on en est ? demandais-je en m'approchant de la petite table où se trouvaient les ordinateurs du groupe.
─ On attendait tes coordonnées, répondit Couleuvre-Blanc en me tendant la main.
─ Les voici.
Je lui remis ma clé USB. Ill'inséra dans le port de l'ordinateur et ouvrit un dossier. Du bout de son index, il déplaça un document dans celui-ci.
─ Et voilà c'est parti, lança Couleuvre-Blanc. Le dossier est entrain de se copier.
Les autres membres de l'Unité Serpent rangeaient leur matériel dans leur sac.
─ Il ne manque plus que Mamba et ses coordonnées, poursuivit Couleuvre.
─ Normalement, c'était la dernière mission, déclara Scorpion-Rouge. Vipère, quel est la suite du plan ?
─ On se quitte et on attend l'appel dans un mois.
─ Franchement,je voudrais savoir pourquoi on a placé ces camions.
─ La seule information que j'ai eu était que c'était pour un exercice national.
─ C'est du flanc, lâcha Crotale-Noir. Je ne le sens pas ce plan. Ça fait tout de même un paquet de camionnettes à travers tout le territoire. Il se prépare quelque chose de plus grave.
─ C'est pour cela que nous faisons tout cela, continuais-je. En montrant la petite table et l'ordinateur sur lequel travaillait Couleuvre-Blanc.
Mon téléphone vibra dans ma poche de chemise. Je décrochais et reconnu la voix.
─ Feu de prairie, hurla Thomas "Mamba-Vert" à l'autre bout du fil.
Puis il y eu une détonation.
─ Feu de prairie, hurlais-je aux autres.
─ Deux secondes,répliqua Couleuvre-Blanc en pianotant sur l'ordinateur.
Les autres membres de l'Unité s'emparèrent de leurs armes et de leurs affaires.
« Feu de prairie » était le mot d'ordre pour l'évacuation immédiate de notre retraite. On avait été joués ou repérés. Je ne parlais pas du coup de feu entendu aux autres membres. Chacun savait ce qu'il avait affaire et tout le monde devait quitter les lieux rapidement.
─ Prend ta clé, me lança Couleuvre-Blanc. On n'a pas le temps de faire une copie pour tout le monde.
J'attrapais au vol ma clé USB et la plaça dans une petiote boite en métal dans ma poche de veste. J'eus le temps de voir le point rouge d'un désignateur laser. La tête de Couleuvre-Blanc explosa dans un bruit mou. Son corps s'effondra sans vie.
J'eus le temps de plonger derrière des tonneaux en fer. Des impacts de balles criblèrent la petite table. Crotale-noir et Scorpion-rouge ouvrirent le feu à l'aveuglette leur pistolet mitrailleur à bout de bras. Boa-jaune lança deux grenades fumigènes dans le hangar et couru se réfugier derrière sa voiture. Il ne l'atteignit pas son corps fut criblé de balles. Sa main lâcha sa dernière grenade à fragmentation.
L'explosion fut assourdissante. Scorpion-rouge vola dans les airs. Sonné, je fonçai vers un recoin du hangar et me retrouvais prés des bureaux désaffectés. Le plâtre autour de moi vola dans les airs. Je reçus des débris de bétons et de verres provenant des alentours. Nos agresseurs étaient invisibles. Je plongeai derrière un mobilier en ferraille. Des explosions de grenades retentirent de nouveau.Ma seule issue fut la fenêtre qui était non loin de moi. Je ne devais pas trainer. Les fumigènes lancés par Boa se diffusaient dans le hangar. Des rayons rouges des
lasers balayaient la fumée. Je bondis en avant et pulvérisai la vitre. De l'autre côté, l'asphalte était dur et je me réceptionnais sur du verre. Je ressentis de nombreuses coupures sur les mains. N'y prêtant pas attention, je fonçai rapidement à couvert. Un tir me frôla la joue.
Les enfoirés devaient être nombreux. En me retournant, je vis un homme en tenue de combat noir à une centaine de mètres. Il me tenait en joue. Il sembla hésiter. J'en profitais pour courir derrière le coin de la bâtisse. Je ne sais pas comment je rejoignis sain et sauf mon véhicule. Mais j'étais vivant. Peut être le seul de l'unité. Je ne le saurais pas. Ma mission était terminée ici. Je devais me dépêcher de quitter les lieux.
Une sirène de gendarmerie me fit me retourner. Une équipe canine fonçait sur l'avenue où était garé mon Renault Master et tourna dans une ruelle. J'entendis distinctement d'autre sirènes. Il devait y avoir quelque chose par là. J'ouvris l'arrière et entrai. Le Master était équipé
pour ce qui allait se passer par la suite sur le Plan « D ». Des grandes feuilles d'aluminium allaient protéger la moto tout terrain et les différents petits matériels électroniques qui s'y trouvaient.L'explosion survint à l'heure H comme prévu. Tout avait l'air de fonctionner.
J'ouvris les portes et poussai le tout terrain dehors. La ville était dans le noir complet. La moto démarra tout de même au quart de tour. Je ne savais pas qui étaient mes poursuivants mais je ne devais pas rester ici. Je pris mes dernières affaires rangées dans un sac à dos, enfourchai la moto et partis.
Loup-Alpha retourna le cadavre del'homme tué dans le hangar. Il en était sûr, maintenant, ses hommes et lui avaient exécuté les membres de l'Unité Alpha ou Unité Serpent. Loup-bravo, lui confirma que tous les hommes étaient morts.
Non pas tous pensa Loup-Alpha. Il avait bien reconnu Benjamin dans son viseur. Le problème était que leur mission désignait un regroupement de Terroristes et qu'en fait c'était des militaires appartenant aux forces spéciales. Il ne savait pas dans quoi trempait Benjamin mais il allait devoir l'arrêter à tout-prix.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
21 : Mouvement
Loin d'avoir l'effet escompté, le discours présidentiel, fût perçu comme un cocktail molotov jeté via les haut-parleurs. Un temps tournoyant dans les airs, il venait de s'écraser dans la foule et d'y embraser les esprits.
Pêle-mêle, des mots lancés plus haut que d'autres s'échouaient dans nos oreilles pourtant saturées par les décibels ambiants : "Insensé... Il est bien protégé lui... foutage de gueule... scandale... sacrifice de la population... vol organisé... expropriation... mensonge... arnaque... génocide... faiblesse... révolte... "
Comme répondant à un même ordre silencieux, les petits groupes déjà formés s'assemblaient en une foule compacte et agressive.
Les haut-parleurs diffusaient des messages d'appel au calme... personne n'écoutait. De ce que nous pouvions voir, tout le monde était debout dans une posture agressive.
Lisa et moi étions sidérés. Cette foule qui quelques secondes encore avant le discours était molle, désorientée, complètement abattue, venait en un instant de muer en miura prêt au combat. Sans raison, sans modération, sans contrôle.
Certains cris, certaines revendications étaient à la mesure du drame en train de se jouer. D'autres discours, plus étranges, semblaient rebondir sur des évocations bien plus troubles. Il y avait chez certains, comme de la provocation, le souffle de leurs paroles attisait le feu de l'affolement, de la rébellion.
Les haut-parleurs crachèrent à nouveau leur décibels "Merci de vous présenter aux blocs d'approvisionnement, La distribution de nourriture commencera à 12h30"
L'effet fut immédiat, la foule tel un puzzle jeté à terre, se disloqua. Les harangues finirent dans les gorges, laissant aux bouches l'obsession du vide à l'évocation du mot "nourriture".
Je n'étais pas dupe. Combien de temps ce jouet allait-il calmer les estomacs, calmer la foule ? D'autres appétits, plus vils, produisaient sans relâche des sucs bien plus corrosifs.
La vie d'avant le Grand Noir n'était pas facile. Nombreuses étaient les heures d'attente pour obtenir des denrées de qualité. La population urbaine en était déjà à éprouver les vicissitudes de l'approvisionnement en temps de crise. Les réflexes étaient à moitié pris... bousculades, agressivité, égoïsme, violences. Alors maintenant que plus rien n'était à perdre, les limites sautaient... mais pour le moment, "distribution de nourriture" était l'abracadabra qui utilisait la liaison magique ventre-cerveau avec succès.
De multiples files plus ou moins indisciplinées se créaient devant chaque point de distribution. Malgré la tension palpable, un calme relatif était revenu. De jeunes femmes en uniforme de l'Aide Civile distribuaient avec efficacité des pochettes contenant de la nourriture, de l'eau, un nécessaire de toilette, un mémo sur l'organisation à avoir dans le camp.
Comme les autres, nous étions allés prendre notre sac et grâce aux tickets restants, nous en avions eu quatre.
Notre projet était bien de fuir le camp avant que cela ne dégénère.
Ce qui était le plus choquant c'était la soudaineté des phénomènes. La foule amorphe devenait très agressive en quelques secondes mais l'inverse était tout aussi vrai. Nous avions déjà vécu la folie le soir de l'évacuation et maintenant dans l'air du camp montait le même parfum.
En essayant de rester les plus discrets possible, nous avions caché les sacs supplémentaires sous nos vestes tout en recopiant les attitudes des autres, nous étions retournés vers notre bloc "A1 vert". Par chance, les poches de ma veste étaient encore pleines... pleines du soir de l'évacuation. je pensais qu'il faudrait que je regarde ce qu'en état second, j'avais bien pu y mettre. Mais seul, seul avec Lisa. Ne pas exciter la curiosité ni la convoitise. Se cacher de tout et de tous. Nous avions retenu la leçon. Amèrement.
Devant la tente centrale, un attroupement. Les premiers revenus avec leurs sacs de nourriture avaient vu des silhouettes sortir de la tente et s'enfuir en courant. Après inspection, ils avaient trouvé toutes les ampoules de veilleuse casées. La nuit à venir serait donc noire pour le bloc "A1-vert". Tout le monde s'interrogeait, mais nous, pour avoir vécu hier soir notre première nuit ici, savions ce que cela pouvait signifier. Notre tente avait sans doute été choisie pour être "visitée" cette nuit.
De toutes les personnes désormais résidentes du bloc "A1 vert", on pouvait faire l'inventaire. Sur qui pouvoir tacitement compter ? de qui se méfier ? à qui parler ? avec qui se taire... De tout ce qui pouvait représenter une menace voire un danger, c'est encore une fois notre voisin qui avait le premier rôle. Homo homini lupus... il faudra s'y faire.
Depuis leur arrivée, tous les évacués parlaient. Sans arrêts, sans parfois prendre le temps d'écouter l'autre. Comme si parler était devenu la seule preuve de vie. Parler ou ne plus exister. Disparaître...
Beaucoup cherchaient un moyen de communiquer, de téléphoner, d'avoir et donner des nouvelles à ses proches, cherchaient à acheter un téléphone en état ou à faire réparer le sien. Vieux, jeunes, tous semblaient abattus par cet isolement que les habitudes numériques avaient fait disparaître avant... hier soir. Nous étions revenus un siècle dans le passé avec cependant des besoins modernes.
Déjà, des visiteurs de blocs voisins entraient pour proposer leur sac de nourriture contre des cigarettes, contre de l'alcool... des piles pour les lecteurs musicaux, même du maquillage. Certains proposaient leurs services pour de l'argent ou de la nourriture, d'autres proposaient leur montre (cassée), les costauds leurs services de "garde du corps", les nantis des bijoux, tout et rien contre tout et autre chose.
Pour se rassurer, savoir que l'on possède toujours la possibilité, le pouvoir, le pouvoir d'achat...
Très vite, bien trop vite, apparaissait comme un système parallèle. Loin de récupérer une situation délicate, ces attitudes semblaient en précipiter la chute. Cela s'était produit avant et, au fil du temps cela avait engendré ces bandes armées qui telle une mafia urbaine tentaient de prendre le pas sur les forces de l'ordre en combat ouvert dans l'univers fermé du labyrinthe urbain.
Bien sûr, il devait y avoir des personnes censées, pondérées, bien conscientes de ce qui se déroulait sous leurs yeux rougis par la fatigue. Mais, comme nous, leur sagesse devait ordonner le silence et la discrétion.
La tension montait dans le camp à une vitesse vertigineuse.
Notre but était maintenant évident, nous ne pourrions pas rester parmi cette majorité hallucinée, déconnectée du réel, celui d'une catastrophe sociale, politique et maintenant humaine.
Des choix ? pas vraiment. Fuir ou rester et affronter une version concentrée de ce que peut produire une foule en délire.
Le seul échappatoire acceptable était dans ces bois qui de leurs feuilles poussiéreuse cacheraient notre présence. Le plateau d'Elbon ne m'était pas inconnu. J'y avais randonné et bivouaqué à de multiples reprises.
Si nous gardions nos bracelets d'identification, sans doute, si la situation redevenait acceptable, pourrions-nous revenir dans le camp y attendre ces 30 maudits jours. Mais pas maintenant, pas cette nuit, pas demain.
Nous disposions de 4 sacs de ravitaillement. Lisa avait pu récupérer 3 bouteilles vides qu'elle avait lavées et remplies d'eau potable. J'avais pu troquer un jeu de produit d'hygiène contre deux boîtes de sardines à l'huile. Nous comptions emporter nos couvertures et récupérer des sangles et de la corde sur un tas de toiles déchirées et mises au rebut. Autant dire une bonne semaine d'autonomie en se rationnant raisonnablement.
Il était aussi temps de voir ce que contenaient les poches de ma veste et regarder l'état de ma blessure sous ces bandages maintenant sales et terreux.
Nous ne voulions plus nous séparer, cela pouvait être trop difficile pour la suite de notre programme. Nous nous étions dirigés vers la tente médicale la plus proche et après avoir constaté que la file des blessés s'étirait jusqu'au dehors, qu'elle était maintenant principalement composée de victimes d'agressions ayant eu lieu dans le camp, nous avions fait demi-tour. Il n'était pas possible de se laisser coincer dans une foule si imprévisible, mais je devais au moins changer mes pansements.
Au culot, je me dirigeai vers la tente militaire non loin de la notre et j'y demandai un kit de pansement, vu que ma femme savait nettoyer une plaie, je laissais bien volontiers ma place en tente médicale à plus amoché que moi. Le militaire que je reconnus comme celui nous ayant attaché les bracelets, sembla aussi me reconnaître. Un instant plus tard, il revint me donner trois kits complets pour trois pansements moyen et quelques cachets anti-douleur, car me dit-il avec un sourire compatissant et sincère, "ça doit lancer" et de regarder ma tête...
Avec un franc "merci" je lui serrai chaleureusement la main pour lui exprimer ma gratitude. J'étais mal à l'aise d'avoir employé ce petit subterfuge auprès de cet homme simplement "gentil". Et c'est après un "faite attention à vous" amical et respectueux, sorti de ma bouche malgré moi, que nous étions retournés vers notre bloc.
Au loin, une rumeur grondait, son écho en faussait la localisation, mais nul doute, ça bougeait... et fort.
Rassembler le plus discrètement possible notre petit équipement, boire et quitter le camp sans plus attendre. Et ce fut vite fait, notre tente était presque déserte, il ne restait que des femmes et quelques très jeunes enfants. Tous les autres étaient plus au milieu du camp, aux avants postes de l'émeute en préparation. Nous nous étions faufilés contre la limite du camp. Entre nous et la forêt, plusieurs centaines de mètres, totalement à découvert, mais à première vue, personne.
Trois véhicules blindés munis de grillages anti-émeutes passèrent rapidement à côté de nous en direction du milieu du camp. Profitant de cette bruyante diversion, nous étions partis... la peur au ventre, en courant,vers les bois.
Comme deux enfants,nous ne touchions plus le sol, au rythme de notre course, oublié le danger, oublié le contexte, nous étions deux gosses en train de faire une escapade, une bêtise, une farce... à notre grande surprise, personne ne se souciait de nous, pas de poursuites, pas de coup de feu.. rien. Nous aurions aussi bien pu partir en marchant... nous rigolions de plus belle tant nos spéculations avaient été délirantes et notre imaginaire débridé teint par mille scènes de films catastrophe. Hors d'haleine, portant notre barda improvisé serré tout contre nous, nous avions franchi la limite entre le civilisé et le sauvage, sans plus savoir finalement qui était qui...
Ce n'est que bien à l'abris sous les frondaisons que nous avions, haletants et couverts de sueur, ralenti puis stoppé notre course folle. Nous étions contents d'être là, ensemble et partagions le même sourire stupide mais heureux. Le danger et la peur laissés quelques centaines de mètres, loin derrière. Seul le vacarme humain nous parvenait, comme un lointain bruit de machine.
Profitant d'un creux bien caché entre un rocher et un arbre mort, nous nous étions assis pour reprendre notre souffle. Il n'était plus nécessaire de courir. Le sang tapait dans ma tête sur ma blessure. Il faudrait refaire le pansement rapidement.
Je commençais à vider mes poches sur un morceau de toile mis par terre, à la vue de ce que je déposais, Lisa se mit à rigoler de plus belle, elle pouffait et même poussait des petits cris, j'avais aussi envie de partir dans un fou rire que je pressentais incontrôlable.
Loin d'avoir l'effet escompté, le discours présidentiel, fût perçu comme un cocktail molotov jeté via les haut-parleurs. Un temps tournoyant dans les airs, il venait de s'écraser dans la foule et d'y embraser les esprits.
Pêle-mêle, des mots lancés plus haut que d'autres s'échouaient dans nos oreilles pourtant saturées par les décibels ambiants : "Insensé... Il est bien protégé lui... foutage de gueule... scandale... sacrifice de la population... vol organisé... expropriation... mensonge... arnaque... génocide... faiblesse... révolte... "
Comme répondant à un même ordre silencieux, les petits groupes déjà formés s'assemblaient en une foule compacte et agressive.
Les haut-parleurs diffusaient des messages d'appel au calme... personne n'écoutait. De ce que nous pouvions voir, tout le monde était debout dans une posture agressive.
Lisa et moi étions sidérés. Cette foule qui quelques secondes encore avant le discours était molle, désorientée, complètement abattue, venait en un instant de muer en miura prêt au combat. Sans raison, sans modération, sans contrôle.
Certains cris, certaines revendications étaient à la mesure du drame en train de se jouer. D'autres discours, plus étranges, semblaient rebondir sur des évocations bien plus troubles. Il y avait chez certains, comme de la provocation, le souffle de leurs paroles attisait le feu de l'affolement, de la rébellion.
Les haut-parleurs crachèrent à nouveau leur décibels "Merci de vous présenter aux blocs d'approvisionnement, La distribution de nourriture commencera à 12h30"
L'effet fut immédiat, la foule tel un puzzle jeté à terre, se disloqua. Les harangues finirent dans les gorges, laissant aux bouches l'obsession du vide à l'évocation du mot "nourriture".
Je n'étais pas dupe. Combien de temps ce jouet allait-il calmer les estomacs, calmer la foule ? D'autres appétits, plus vils, produisaient sans relâche des sucs bien plus corrosifs.
La vie d'avant le Grand Noir n'était pas facile. Nombreuses étaient les heures d'attente pour obtenir des denrées de qualité. La population urbaine en était déjà à éprouver les vicissitudes de l'approvisionnement en temps de crise. Les réflexes étaient à moitié pris... bousculades, agressivité, égoïsme, violences. Alors maintenant que plus rien n'était à perdre, les limites sautaient... mais pour le moment, "distribution de nourriture" était l'abracadabra qui utilisait la liaison magique ventre-cerveau avec succès.
De multiples files plus ou moins indisciplinées se créaient devant chaque point de distribution. Malgré la tension palpable, un calme relatif était revenu. De jeunes femmes en uniforme de l'Aide Civile distribuaient avec efficacité des pochettes contenant de la nourriture, de l'eau, un nécessaire de toilette, un mémo sur l'organisation à avoir dans le camp.
Comme les autres, nous étions allés prendre notre sac et grâce aux tickets restants, nous en avions eu quatre.
Notre projet était bien de fuir le camp avant que cela ne dégénère.
Ce qui était le plus choquant c'était la soudaineté des phénomènes. La foule amorphe devenait très agressive en quelques secondes mais l'inverse était tout aussi vrai. Nous avions déjà vécu la folie le soir de l'évacuation et maintenant dans l'air du camp montait le même parfum.
En essayant de rester les plus discrets possible, nous avions caché les sacs supplémentaires sous nos vestes tout en recopiant les attitudes des autres, nous étions retournés vers notre bloc "A1 vert". Par chance, les poches de ma veste étaient encore pleines... pleines du soir de l'évacuation. je pensais qu'il faudrait que je regarde ce qu'en état second, j'avais bien pu y mettre. Mais seul, seul avec Lisa. Ne pas exciter la curiosité ni la convoitise. Se cacher de tout et de tous. Nous avions retenu la leçon. Amèrement.
Devant la tente centrale, un attroupement. Les premiers revenus avec leurs sacs de nourriture avaient vu des silhouettes sortir de la tente et s'enfuir en courant. Après inspection, ils avaient trouvé toutes les ampoules de veilleuse casées. La nuit à venir serait donc noire pour le bloc "A1-vert". Tout le monde s'interrogeait, mais nous, pour avoir vécu hier soir notre première nuit ici, savions ce que cela pouvait signifier. Notre tente avait sans doute été choisie pour être "visitée" cette nuit.
De toutes les personnes désormais résidentes du bloc "A1 vert", on pouvait faire l'inventaire. Sur qui pouvoir tacitement compter ? de qui se méfier ? à qui parler ? avec qui se taire... De tout ce qui pouvait représenter une menace voire un danger, c'est encore une fois notre voisin qui avait le premier rôle. Homo homini lupus... il faudra s'y faire.
Depuis leur arrivée, tous les évacués parlaient. Sans arrêts, sans parfois prendre le temps d'écouter l'autre. Comme si parler était devenu la seule preuve de vie. Parler ou ne plus exister. Disparaître...
Beaucoup cherchaient un moyen de communiquer, de téléphoner, d'avoir et donner des nouvelles à ses proches, cherchaient à acheter un téléphone en état ou à faire réparer le sien. Vieux, jeunes, tous semblaient abattus par cet isolement que les habitudes numériques avaient fait disparaître avant... hier soir. Nous étions revenus un siècle dans le passé avec cependant des besoins modernes.
Déjà, des visiteurs de blocs voisins entraient pour proposer leur sac de nourriture contre des cigarettes, contre de l'alcool... des piles pour les lecteurs musicaux, même du maquillage. Certains proposaient leurs services pour de l'argent ou de la nourriture, d'autres proposaient leur montre (cassée), les costauds leurs services de "garde du corps", les nantis des bijoux, tout et rien contre tout et autre chose.
Pour se rassurer, savoir que l'on possède toujours la possibilité, le pouvoir, le pouvoir d'achat...
Très vite, bien trop vite, apparaissait comme un système parallèle. Loin de récupérer une situation délicate, ces attitudes semblaient en précipiter la chute. Cela s'était produit avant et, au fil du temps cela avait engendré ces bandes armées qui telle une mafia urbaine tentaient de prendre le pas sur les forces de l'ordre en combat ouvert dans l'univers fermé du labyrinthe urbain.
Bien sûr, il devait y avoir des personnes censées, pondérées, bien conscientes de ce qui se déroulait sous leurs yeux rougis par la fatigue. Mais, comme nous, leur sagesse devait ordonner le silence et la discrétion.
La tension montait dans le camp à une vitesse vertigineuse.
Notre but était maintenant évident, nous ne pourrions pas rester parmi cette majorité hallucinée, déconnectée du réel, celui d'une catastrophe sociale, politique et maintenant humaine.
Des choix ? pas vraiment. Fuir ou rester et affronter une version concentrée de ce que peut produire une foule en délire.
Le seul échappatoire acceptable était dans ces bois qui de leurs feuilles poussiéreuse cacheraient notre présence. Le plateau d'Elbon ne m'était pas inconnu. J'y avais randonné et bivouaqué à de multiples reprises.
Si nous gardions nos bracelets d'identification, sans doute, si la situation redevenait acceptable, pourrions-nous revenir dans le camp y attendre ces 30 maudits jours. Mais pas maintenant, pas cette nuit, pas demain.
Nous disposions de 4 sacs de ravitaillement. Lisa avait pu récupérer 3 bouteilles vides qu'elle avait lavées et remplies d'eau potable. J'avais pu troquer un jeu de produit d'hygiène contre deux boîtes de sardines à l'huile. Nous comptions emporter nos couvertures et récupérer des sangles et de la corde sur un tas de toiles déchirées et mises au rebut. Autant dire une bonne semaine d'autonomie en se rationnant raisonnablement.
Il était aussi temps de voir ce que contenaient les poches de ma veste et regarder l'état de ma blessure sous ces bandages maintenant sales et terreux.
Nous ne voulions plus nous séparer, cela pouvait être trop difficile pour la suite de notre programme. Nous nous étions dirigés vers la tente médicale la plus proche et après avoir constaté que la file des blessés s'étirait jusqu'au dehors, qu'elle était maintenant principalement composée de victimes d'agressions ayant eu lieu dans le camp, nous avions fait demi-tour. Il n'était pas possible de se laisser coincer dans une foule si imprévisible, mais je devais au moins changer mes pansements.
Au culot, je me dirigeai vers la tente militaire non loin de la notre et j'y demandai un kit de pansement, vu que ma femme savait nettoyer une plaie, je laissais bien volontiers ma place en tente médicale à plus amoché que moi. Le militaire que je reconnus comme celui nous ayant attaché les bracelets, sembla aussi me reconnaître. Un instant plus tard, il revint me donner trois kits complets pour trois pansements moyen et quelques cachets anti-douleur, car me dit-il avec un sourire compatissant et sincère, "ça doit lancer" et de regarder ma tête...
Avec un franc "merci" je lui serrai chaleureusement la main pour lui exprimer ma gratitude. J'étais mal à l'aise d'avoir employé ce petit subterfuge auprès de cet homme simplement "gentil". Et c'est après un "faite attention à vous" amical et respectueux, sorti de ma bouche malgré moi, que nous étions retournés vers notre bloc.
Au loin, une rumeur grondait, son écho en faussait la localisation, mais nul doute, ça bougeait... et fort.
Rassembler le plus discrètement possible notre petit équipement, boire et quitter le camp sans plus attendre. Et ce fut vite fait, notre tente était presque déserte, il ne restait que des femmes et quelques très jeunes enfants. Tous les autres étaient plus au milieu du camp, aux avants postes de l'émeute en préparation. Nous nous étions faufilés contre la limite du camp. Entre nous et la forêt, plusieurs centaines de mètres, totalement à découvert, mais à première vue, personne.
Trois véhicules blindés munis de grillages anti-émeutes passèrent rapidement à côté de nous en direction du milieu du camp. Profitant de cette bruyante diversion, nous étions partis... la peur au ventre, en courant,vers les bois.
Comme deux enfants,nous ne touchions plus le sol, au rythme de notre course, oublié le danger, oublié le contexte, nous étions deux gosses en train de faire une escapade, une bêtise, une farce... à notre grande surprise, personne ne se souciait de nous, pas de poursuites, pas de coup de feu.. rien. Nous aurions aussi bien pu partir en marchant... nous rigolions de plus belle tant nos spéculations avaient été délirantes et notre imaginaire débridé teint par mille scènes de films catastrophe. Hors d'haleine, portant notre barda improvisé serré tout contre nous, nous avions franchi la limite entre le civilisé et le sauvage, sans plus savoir finalement qui était qui...
Ce n'est que bien à l'abris sous les frondaisons que nous avions, haletants et couverts de sueur, ralenti puis stoppé notre course folle. Nous étions contents d'être là, ensemble et partagions le même sourire stupide mais heureux. Le danger et la peur laissés quelques centaines de mètres, loin derrière. Seul le vacarme humain nous parvenait, comme un lointain bruit de machine.
Profitant d'un creux bien caché entre un rocher et un arbre mort, nous nous étions assis pour reprendre notre souffle. Il n'était plus nécessaire de courir. Le sang tapait dans ma tête sur ma blessure. Il faudrait refaire le pansement rapidement.
Je commençais à vider mes poches sur un morceau de toile mis par terre, à la vue de ce que je déposais, Lisa se mit à rigoler de plus belle, elle pouffait et même poussait des petits cris, j'avais aussi envie de partir dans un fou rire que je pressentais incontrôlable.
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"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
22 : Mouvement 2
A mes pieds, sur un carré de toile plié, je venais de déposer une paire d'épais collants de femme, à côté, j'avais mis trois tampons périodiques, juste à droite, un tube de vaseline... Au rire de Lisa, je réalisai combien l'association de ces "accessoires" pouvait selon le contexte plonger son propriétaire dans l'eau glaciale et pégueuse de la confusion.
J'étais cramoisi, à la fois en proie à ce fou rire enfantin irrépressible et à la honte de n'avoir pas pensé au delà de mon point de vue. Ce fut le briquet, preuve tangible venue à ma rescousse qui me rendit l'assurance nécessaire pour prononcer : "oui, c'est mon matériel pour faire du feu... " évident !
Lisa, bien plus fine, ne changeait pas d'attitude et un soupçon d'ironie et d'incrédulité plissait volontairement son oeil gauche et accentuait sa commissure droite.
Elle ne put s'empêcher de dire un "Et les bas ? c'est pour faire monter la température ? je ne te connaissais pas ce talent..."
Je ne me sentis pas la force de rentrer dans ce combat verbal tant tout pouvait être avec et contre moi. Je laissais la rigolade gagner.
Chaque crise de rire drainait toutes ces sensations négatives jusqu'alors accumulées et nous en avions vraiment besoin.
Je crois que nous avons profité de ce moment de réelle détente jusqu'à la dernière seconde, ambiance brisée par l'écho de rafales d'armes automatiques tirées derrière nous, plus loin... vraisemblablement dans le camp.
Soudain refroidis, je vidai rapidement mes poches sous le regard maintenant tendu de Lisa.
En vrac devant nous, mes clefs, mon porte feuille, mon téléphone hors d'usage, ma frontale, des lacets de rechange, un couteau multifonctions, le nécessaire à feu, deux bas de nylon fort, une boussole topographique, deux vielles barres énergétiques au céréales et deux paquets de mouchoirs entamés.
Qu'avais-je donc fait le soir de l'évacuation ? je restais un moment incrédule.
Il me semblait avoir passé un long moment à suivre ma liste de procédure d'urgence. J'en étais sûr, j'avais scrupuleusement suivi un à un les points méthodiquement écrits... Il était inconcevable que le seul équipement emporté soit celui, ridiculement restreint, étalé à nos pieds. Où était mon équipement préparé si longtemps à l'avance ?
Avais-je perdu des choses durant tout ces événements ? oui à coup sûr... je ne pouvais pas en avoir emporté si peu. Même ma pochette, celle qui contenait une mini trousse médicale, une lampe loupe sifflet et qui ne me quittait jamais, manquait à l'appel. Sans doute aurais-je dû améliorer la fermeture des poches de ma veste, quel imbécile j'étais.
Ce n'était pas rien non plus. Lisa semblait plutôt rassurée à la vue de cet équipement minimal. Au moins, nous aurions le basique : éclairer, couper, chauffer.
Grâce à ce que nous avions pu prendre dans le camp, nous pouvions aussi nous protéger des intempéries avec la toile de tente et les couvertures, avec les longs morceaux de corde nylon tressée, nous avions aussi de quoi attacher.
La lumière maintenant oblique dorait notre cachette de feuilles. Le soir arrivait vite...et la pénombre et la nuit suivraient.
A partir de maintenant, tout devait être calculé. Rien ne serait plus fait sans raisons et sans avoir déterminé la séquence d'actions suivantes.
Il fallait aménager notre abri pour la nuit. Sans doute se préserver de la rosée matinale autant que d'une pluie d'un printemps si long à venir, se protéger des autres aussi.
J'allais chercher des branches mortes pour faire un toit sommaire sur lequel étendre la toile protectrice. Il ne fallait pas laisser de traces de notre passage et encore moins de notre occupation des lieux. Je ne coupais rien et laissais en place les pierres, la mousse et les feuilles mortes. Ce n'est que loin de notre tanière improvisée que j'allais avec soin ramasser les feuilles et les branches pour camoufler la toile.
Que d'énergie pour rien quand j'y repense... à cette époque, je ne savais pas évaluer une situation et je la dépensais inconsidérément.
Quand notre cachette fut prête, Lisa refit mon pansement. Ce ne fut pas agréable, ni pour moi, ni pour elle. La sueur s'était mêlée aux fluides de la plaie pour former une croute molle qui s'était étalée sur toute l'étendue de la blessure. Un terrain de prédilection pour les germes infectieux. La magie des mains de femme avec les accessoires du kit médical firent merveille. Juste avant le crépuscule.
Au loin la machine du camp, continuait son sourd vrombissement, parfois complété par des coups de feu. Des rafales sporadiques au rôle certainement dissuasif.
La nuit était tombée et le froid apportait des odeurs de bois, de mousse, de champignon. Il y avait de l'humidité.
Dire que la nuit est calme est une douce folie. La nuit, c'est le royaume du bruit, le règne des fantômes animaux peu discrets. La forêt vit la nuit.
Lisa était tendue, sans cesse aux aguets elle sursautait à chaque cri ou bruit qu'elle localisait comme proche. Et je fus très touché de voir que mes explications, teintes de magie et de poésie, la rassurait. Souris, martres, chouettes... le bestiaire fantastique des bruyantes créatures invisibles était désormais notre ami.
Seuls dans ce petit abris, nous avions alors parlé, presque toute la nuit. Nous avions causé de nous, de notre passé surtout. Comme un besoin de mieux se connaître, sans jugements. Lisa m'avait parlé de sa maison de famille et son unique souhait était d'y aller vivre. J'étais invité.
Je ne connaissais pas vraiment l'endroit décrit mais Lisa m'y guiderait. Elle m'y emmènerait, quoi qu'il arrive. Son ton soudain grave m'avait marqué au point qu'aujourd'hui encore je me demande si j'ai vraiment compris le sens de ses paroles ce soir là.
Notre premier réveil fut dur. Il manquait des heures de repos et le sol incomplètement préparé nous avait rempli de douleurs. Mais c'est le bruit, ce bruit lointain de roulement grave et de détonations qui nous avait alors forcé à reprendre nos esprits. Les coups de feu étaient bien plus fréquents et les rafales tirées, trop irrégulières pour n'être "que" dissuasives. Nous étions même presque sûrs malgré la distance de discerner des cris affolés.
Avant que nous n'ayons pu bouger et sortir de notre cachette, nous avions entendu un bruit de course qui se rapprochait de nous. Immobiles, comme tétanisés, nous avions vu plus d'une dizaine de personnes passer à vive allure sans nous voir. Les plus rapides bondissaient entre les pièges végétaux et les plus lentes, s'arrêtaient régulièrement pour s'appuyer contre un arbre en se tenant les côtes, la respiration saccadée. C'était des fugitifs, comme nous. Des mots parfois nous parvenaient et " il ont tiré sur nous"... fut la seule phrase sans équivoques. Les bruits entendus ne mentaient donc pas.
Notre situation venait de changer... encore une fois.
De nouveaux fuyards étaient passés à quelque mètres de notre cachette. Et une femme hors d'haleine criait pour elle même "ils sont tous devenus fous..." tout en progressant de plus en plus difficilement entre les branches et les buissons. Aucun des fuyards n'avait de sac ni d'affaires... leur fuite avait dû être instantanée.
Je repassais mentalement en revue toutes les informations dont je disposais sur le plateau d'Elbon. Où étaient les zones à couvert, où trouver de l'eau, des vieilles granges, comment rester en dehors des sentiers trop visibles.
Si le camp se vidait, ce serait vers les directions "faciles". Mieux valait pour nous rester discrets et préférer la difficulté du terrain, l'utiliser comme alliée. Je venais de me souvenir des grottes. Très peu connues, dangereuses et quasiment invisibles, elles seraient un abri bien plus éloigné et sûr que ces bois désormais trop fréquentés.
A nouveaux des bruits de course se rapprochaient. Un petit groupe d'hommes venait de passer devant nous. Ils avaient des sacs et semblaient beaucoup moins affolés que les fugitifs précédents, presque organisés... l'un d'eux avait un fusil d'assaut en main.
J'étais cramoisi, à la fois en proie à ce fou rire enfantin irrépressible et à la honte de n'avoir pas pensé au delà de mon point de vue. Ce fut le briquet, preuve tangible venue à ma rescousse qui me rendit l'assurance nécessaire pour prononcer : "oui, c'est mon matériel pour faire du feu... " évident !
Lisa, bien plus fine, ne changeait pas d'attitude et un soupçon d'ironie et d'incrédulité plissait volontairement son oeil gauche et accentuait sa commissure droite.
Elle ne put s'empêcher de dire un "Et les bas ? c'est pour faire monter la température ? je ne te connaissais pas ce talent..."
Je ne me sentis pas la force de rentrer dans ce combat verbal tant tout pouvait être avec et contre moi. Je laissais la rigolade gagner.
Chaque crise de rire drainait toutes ces sensations négatives jusqu'alors accumulées et nous en avions vraiment besoin.
Je crois que nous avons profité de ce moment de réelle détente jusqu'à la dernière seconde, ambiance brisée par l'écho de rafales d'armes automatiques tirées derrière nous, plus loin... vraisemblablement dans le camp.
Soudain refroidis, je vidai rapidement mes poches sous le regard maintenant tendu de Lisa.
En vrac devant nous, mes clefs, mon porte feuille, mon téléphone hors d'usage, ma frontale, des lacets de rechange, un couteau multifonctions, le nécessaire à feu, deux bas de nylon fort, une boussole topographique, deux vielles barres énergétiques au céréales et deux paquets de mouchoirs entamés.
Qu'avais-je donc fait le soir de l'évacuation ? je restais un moment incrédule.
Il me semblait avoir passé un long moment à suivre ma liste de procédure d'urgence. J'en étais sûr, j'avais scrupuleusement suivi un à un les points méthodiquement écrits... Il était inconcevable que le seul équipement emporté soit celui, ridiculement restreint, étalé à nos pieds. Où était mon équipement préparé si longtemps à l'avance ?
Avais-je perdu des choses durant tout ces événements ? oui à coup sûr... je ne pouvais pas en avoir emporté si peu. Même ma pochette, celle qui contenait une mini trousse médicale, une lampe loupe sifflet et qui ne me quittait jamais, manquait à l'appel. Sans doute aurais-je dû améliorer la fermeture des poches de ma veste, quel imbécile j'étais.
Ce n'était pas rien non plus. Lisa semblait plutôt rassurée à la vue de cet équipement minimal. Au moins, nous aurions le basique : éclairer, couper, chauffer.
Grâce à ce que nous avions pu prendre dans le camp, nous pouvions aussi nous protéger des intempéries avec la toile de tente et les couvertures, avec les longs morceaux de corde nylon tressée, nous avions aussi de quoi attacher.
La lumière maintenant oblique dorait notre cachette de feuilles. Le soir arrivait vite...et la pénombre et la nuit suivraient.
A partir de maintenant, tout devait être calculé. Rien ne serait plus fait sans raisons et sans avoir déterminé la séquence d'actions suivantes.
Il fallait aménager notre abri pour la nuit. Sans doute se préserver de la rosée matinale autant que d'une pluie d'un printemps si long à venir, se protéger des autres aussi.
J'allais chercher des branches mortes pour faire un toit sommaire sur lequel étendre la toile protectrice. Il ne fallait pas laisser de traces de notre passage et encore moins de notre occupation des lieux. Je ne coupais rien et laissais en place les pierres, la mousse et les feuilles mortes. Ce n'est que loin de notre tanière improvisée que j'allais avec soin ramasser les feuilles et les branches pour camoufler la toile.
Que d'énergie pour rien quand j'y repense... à cette époque, je ne savais pas évaluer une situation et je la dépensais inconsidérément.
Quand notre cachette fut prête, Lisa refit mon pansement. Ce ne fut pas agréable, ni pour moi, ni pour elle. La sueur s'était mêlée aux fluides de la plaie pour former une croute molle qui s'était étalée sur toute l'étendue de la blessure. Un terrain de prédilection pour les germes infectieux. La magie des mains de femme avec les accessoires du kit médical firent merveille. Juste avant le crépuscule.
Au loin la machine du camp, continuait son sourd vrombissement, parfois complété par des coups de feu. Des rafales sporadiques au rôle certainement dissuasif.
La nuit était tombée et le froid apportait des odeurs de bois, de mousse, de champignon. Il y avait de l'humidité.
Dire que la nuit est calme est une douce folie. La nuit, c'est le royaume du bruit, le règne des fantômes animaux peu discrets. La forêt vit la nuit.
Lisa était tendue, sans cesse aux aguets elle sursautait à chaque cri ou bruit qu'elle localisait comme proche. Et je fus très touché de voir que mes explications, teintes de magie et de poésie, la rassurait. Souris, martres, chouettes... le bestiaire fantastique des bruyantes créatures invisibles était désormais notre ami.
Seuls dans ce petit abris, nous avions alors parlé, presque toute la nuit. Nous avions causé de nous, de notre passé surtout. Comme un besoin de mieux se connaître, sans jugements. Lisa m'avait parlé de sa maison de famille et son unique souhait était d'y aller vivre. J'étais invité.
Je ne connaissais pas vraiment l'endroit décrit mais Lisa m'y guiderait. Elle m'y emmènerait, quoi qu'il arrive. Son ton soudain grave m'avait marqué au point qu'aujourd'hui encore je me demande si j'ai vraiment compris le sens de ses paroles ce soir là.
Notre premier réveil fut dur. Il manquait des heures de repos et le sol incomplètement préparé nous avait rempli de douleurs. Mais c'est le bruit, ce bruit lointain de roulement grave et de détonations qui nous avait alors forcé à reprendre nos esprits. Les coups de feu étaient bien plus fréquents et les rafales tirées, trop irrégulières pour n'être "que" dissuasives. Nous étions même presque sûrs malgré la distance de discerner des cris affolés.
Avant que nous n'ayons pu bouger et sortir de notre cachette, nous avions entendu un bruit de course qui se rapprochait de nous. Immobiles, comme tétanisés, nous avions vu plus d'une dizaine de personnes passer à vive allure sans nous voir. Les plus rapides bondissaient entre les pièges végétaux et les plus lentes, s'arrêtaient régulièrement pour s'appuyer contre un arbre en se tenant les côtes, la respiration saccadée. C'était des fugitifs, comme nous. Des mots parfois nous parvenaient et " il ont tiré sur nous"... fut la seule phrase sans équivoques. Les bruits entendus ne mentaient donc pas.
Notre situation venait de changer... encore une fois.
De nouveaux fuyards étaient passés à quelque mètres de notre cachette. Et une femme hors d'haleine criait pour elle même "ils sont tous devenus fous..." tout en progressant de plus en plus difficilement entre les branches et les buissons. Aucun des fuyards n'avait de sac ni d'affaires... leur fuite avait dû être instantanée.
Je repassais mentalement en revue toutes les informations dont je disposais sur le plateau d'Elbon. Où étaient les zones à couvert, où trouver de l'eau, des vieilles granges, comment rester en dehors des sentiers trop visibles.
Si le camp se vidait, ce serait vers les directions "faciles". Mieux valait pour nous rester discrets et préférer la difficulté du terrain, l'utiliser comme alliée. Je venais de me souvenir des grottes. Très peu connues, dangereuses et quasiment invisibles, elles seraient un abri bien plus éloigné et sûr que ces bois désormais trop fréquentés.
A nouveaux des bruits de course se rapprochaient. Un petit groupe d'hommes venait de passer devant nous. Ils avaient des sacs et semblaient beaucoup moins affolés que les fugitifs précédents, presque organisés... l'un d'eux avait un fusil d'assaut en main.
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"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
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ch 23 : Diégo, Délinquant et fier de l'être
23 - Diego délinquant et fier de l'être..
BUG – 24 heures.
─ Diego, viens vite. Viens regarder ça. Grouille toi.
Le jeune homme se leva du banc du parc où il se trouvait. Le Parc était un bien grand mot. Un terrain qui avait eu de la verdure bien des années auparavant et qui était entouré par quelques platanes quasiment mort suite à une infection due à un champignon. Il l'avait connu vert durant sa petite enfance, ses parents espagnoles de racine l'emmenaient jouer. Maintenant, les employées communaux n'osaient plus venir dans le quartier alors les arbres n'avaient pas été coupés. Le parc était ensuite entouré par les grandes barres de béton où logeaient les habitants du quartier.
Son quartier, son domaine, son repaire.
Diego avec son bon mètre quatre-vingt dix et son presque quintal de poids marcha à la suite de Max, son bras-droit. Max, était lui plus petit et plus fin. Il ne payait pas de mine avec son visage coupé à la serpe mais il n'avait pas son pareil pour dégotter la moindre chose, la moindre
information, le moindre brin d'Herbe à fumer et aussi reconnaître et trouver les fouineurs de la Police.
Ils rejoignirent rapidement Samir le Marocain qui les attendait dans sa voiture, une grosse berline dont l'intérieur avait été blindé avec des plaques d'acier et des arceaux de rallye. Diego s'installa à l'arrière. Max pris la place à coté du conducteur. La voiture démarra dans un crissement de pneus.
─ Qu'est ce que c'est que ce merdier, lança Diego en s'approchant de la camionnette volée qui était garé dans le petit entrepôt.
Les portes arrières du fourgon blanc étaient ouvertes. Un gros cadenas avaient été tronçonné à la disqueuse.
À l’intérieur, quatre grandes bombonnes étaient fixées à la structure de la caisse. Des tuyauteries de différentes grandeurs étaient accompagnées par des systèmes électroniques et informatiques. Tout l'intérieur du camion était couvert de grandes feuilles d'aluminium. Le petit truc en plus était cette espèce de cheminée qui ressortait au dessus.
– Putain, qu'est ce que c'est que cette merde ? Rugit Diego en tenant une des portières du camion. Qui a amené ça ici ?
─ On ne sait pas, répondit Max. Mais il est là depuis la nuit dernière. La Fouine en a vu un autre dans une rue dans le centre ville. Le même avec cette petite cheminée dessus. C'est en voyant celui là ici, qu'il s'est posé la question.
La Fouine qui était pas trop loin du groupe hochait la tête à chaque mot.
─ Pas de marquage, rien qui puisse l'identifier. Que dalle !
─ C'est un coup du gouvernement, lança Samir.
─ Peut être. Diego se gratta le menton où poussait une barbe de quelques jours. Max, Ce soir, avec la Fouine, et trois autres vous iraient récupérer l'autre camionnette. Je demanderai à mon frère Sanchez d'être de la partie. Samir, vois avec Mustapha et Karim pour planquer cette camionnette loin du quartier dans un endroit tranquille. Il faut que l'on sache ce que c'est cette merde. Prend un max de photos et de vidéos, on va passer sur le Net, demain. Si c'est un coup des condés ou du Gouvernement, on va leur montrer qu'on ne la fait pas aux gars des citées.
BUG – 2 minutes.
Diego et Samir assis sur le banc du parc attendait les nouvelles. Ils se passaient un joint et bavardaient tranquillement de choses et d'autres. Samir montrait des photographies prises avec son téléphone portable de la camionnette. Son frère et son cousin l'avaient planqué dans un des entrepôts prêts des quais. Il y en avait plusieurs et beaucoup était désaffecté. Une aubaine pour les petits gangs comme le leur. Ils attendaient la deuxième camionnette que Sanchez et ses amis devaient ramener dans un petit quart d'heure. Un de ses contacts devait venir dans deux jours avec un ami scientifique ou bien c'était un technicien en explosif ou autre... Son contact ne le lui avait pas décrit mais il lui avait affirmé qu'il pouvait s'occuper de ce qui pouvait se trouver dans le véhicule.
La petite musique aigrelette du téléphone portable se fit entendre. Diego regarda l'écran tactile et décrocha.
– Ouais, Max. qu'est ce qu'il y a ?
Son bras-droit semblait essouffler à l'autre bout du fil.
– les flics, ils ont eu ton frère.
Diego jura en se levant du banc.
– Qu'est ce que tu as dit ?
La réponse ne vint pas. Samir et Diego entendirent une explosion puis les lumières des lampadaires et celles des immeubles autour de lui s'éteignirent.
– Merde, qu'est ce que c'est ? Gueula Samir en se levant aussi et en s'emparant de son pistolet coincé dans son pantalon. Les condés nous font une manœuvre,continua-t-il.
– Le téléphone ne fonctionne plus, déclara Diego en regardant l'écran noir qui ne voulait plus redémarrer. Viens mon frère s'est fait prendre.
À la lumière du ciel étoilé, ils s’approchèrent de la berline de Samir. Celui-ci ouvrit le coffre et tous les deux extirpèrent à la lumière de leur briquet deux fusils d'assaut kalachnikov, leurs chargeurs et leurs munitions.
BUG + 15
La berline de Samir et les véhicules des autres membres du gang n'avaient pas voulu démarrer. À une quinzaine, ils avaient remontés l'avenue et les rues qui allaient les mener à la deuxième camionnette. Au loin, ils virent un groupe de personnes entrain de marcher rapidement en direction du commissariat.
– C'est eux, murmura Diego en épaulant son Ak47.
A ses cotés, trois personnes préparèrent leurs cocktails Molotov.
Samir arme au poing avança de l'autre coté de la rue suivi par cinq autres jeunes.
« Les flics vont en prendre plein leur gueule », songea Diego si ils ne relâchaient pas son frère.
A bonne distance, Diego reconnu la démarche de Sanchez, son frère et de La fouine.
– Ils sont là. Relâchez-les,hurla-t-il en tirant un coup de Kalachnikov.
Deux cocktails volèrent dans la direction du groupe et illuminèrent la rue. La riposte policière fut très légère. Une rafale fut tirer et les balles ricochèrent loin sur sa droite. Derrière le coffre d'une voiture, Diego lâcha une longue rafale.
– Ils n'ont rien pour riposter,cria-t-il à Samir. On les tient.
Son ami ne put lui répondre. Un ricochet l'avait atteint en pleine tête.
Diego rechargea son fusil d'assaut et après avoir visé, tira de nouveau.
BUG+ 1h00.
Caché derrière une porte cochère, Diego rangea son pistolet dans son pantalon et se remémora les derniers évènements.
L'arrivé des militaires l'avait empêché de récupérer son frère et avait stoppé tous les belligérants. Ils n'avaient pas pu se replier efficacement et sur les quinze partis il n'en avait vu que trois autres réussir à fuir poursuivi par un véhicule tout terrain blindé. Il avait du son salut à une porte cochère ouverte où il avait pu s'y cacher en attendant la suite des événements. Il était entré dans un immeuble dont les habitants commençaient à descendre vers la rue site aux appels des militaires. Il se mit dans un coin et fit semblant de refaire ses lacets et attendis qu'il y ait beaucoup de monde pour sortir du bâtiment.
Tout autour de lui, les habitants de la ville étaient affolés, se demandaient ce qui s'était passé et comment leur vie allait changer. La plus part était hagards et avançait en direction des camions dont les projecteurs étaient les seuls lumières de la ville. Des papillons, pensa Diego. Des
papillons qui avancent vers la lumière de la bougie.
D'un coup d'œil, il vit que tous les carrefours étaient emplis de militaires. Il lui serait impossible de passer au travers pour rejoindre son quartier. Les habitants montaient dans les camions bariolés sans être fouillé. Un bon point, pensa Diego, en grimpant à la suite des autres.
Camp 1, plateau d'Elbon
le discours du Président lui avait laissé un goût morbide dans la bouche. Que des foutaise, pensait Diégo. Des Foutaises, des meurtres et un complot contre les gars des cités. Voilà, où en était le Gouvernement. Il voulait leur faire la Misère en envoyant les bidasses nettoyer les cités. Cela n'allait pas se passer comme le Gouvernement voulait.
Diégo voulait rentrer chez lui retrouver les camionnettes et montrer au reste du monde que ce Gouvernement n'était constitué que d'assassins. Ce Gouvernement qui par de belles paroles au fil des différents mandats avait laissé pourrir la situation. Pour certains comme Diégo cela n'avait pas été une mauvaise chose. Son Business était florissant et il était craint et respecté dans le quartier. Respect qui était venu en s'occupant de la vie dudit quartier. Le nettoyage des rues que les employés communaux ne faisaient plus, était fait par des jeunes payés par l'argent des trafics. Ces jeunes qui servaient alors de Sifflet à la moindre présence policière.
Il retrouva Max sous la tente que leur avait affecté les militaires.
– il faut que l'on quitte cette merde et que l'on rejoigne notre quartier.
– T'as entendu ce que ce Connard de Président à dit, lança Max.
– Ouais très bien, et cela ne présage rien de bon pour la bande.
– Que comptes tu faire ? T'as une idée, pour fuir d'ici ?
– Oui, j'ai toujours mon Gun, répondit Diégo en soulevant sa chemise.
– Qu'est ce que vous manigancez,vous deux ? Demanda un homme en veston cravate assis sur un des lits pliants.
Max et Diégo le toisèrent d'un regard mauvais. Cet homme allait les dénoncer aux autorités.
-- Qu'est ce qu'il y a pauvre nase? demanda Max en se levant.
-- Vous ne me faites pas peur, je fais du Kempo depuis mon enfance.
Max ne le laissa pas se mettre en garde. Le couteau qu'il cachait dans sa main, frappa le visage. la plaie au dessus du front fit ruisseler beaucoup de sang. L'homme surpris recula en criant. la lame trancha de nouveau au niveau des poignets puis une autre fois au niveau du cou. la carotide sectionnait laissa s'échapper le précieux liquide vitale par saccade. l'homme tomba sur ses genoux avant de s’effondrer face contre terre. Dans le quartier, Max était connu pour ses combats au couteau et sa pratique du systema russe.
-- Il faut se barrer d'ici, annonça Diègo en entrouvrant la port de la tente
Dehors, la colère grondait entre les arrivants et les personnels de l'état. des insultes montaient malgré l'appel au calme des hauts parleurs et l'annonce de la distribution de nourriture. Diégo reconnu des administrés de la ville et des opposants aux gouvernements. c'était eux qui faisait monter la pression face aux militaires. Derrière lui, Max avait pris des affaires qui trainaient et avait tout mis dans un sac à dos. Diègo n'avait pas eu le temps de lui demander où il se l'était procurer mais connaissant Max, cela devait s'être fait en douce comme tout le reste.
Un militaire monté sur une jeep tentait de calmer la foule avec son haut parleur. Personne ne l'écoutait. Tout le monde hurlait.
-- Je vais mettre plus de bordel à tout cela, murmura Diégo en sortant son pistolet. il visa et tira.
la tête du militaire vola en arrière. la détonation fit hurler les émeutiers qui ne comprirent pas d'où venait le tir. les militaires épaulèrent leur fusil d'assaut et tirèrent par rafale.
Diègo tira une nouvelle fois lançant cette fois ci une vague de terreur parmi tout le monde. Puis profitant de la cohue, il se rua vers la frontière du camp talonné de prés par Max son bras droit.
A un coin d'une tente, il vit un militaire qui ralliait ses camarades. Un tir bien précis et il chuta dans une mare de sang. Max et Diégo n'eut le temps que de lui prendre ses armes et chargeurs avant de fuir le camps en direction de la forêt proche.
A la lisière du bois, ils se retournèrent et se cachèrent à couvert de la végétation. La débandade était sans nom. Des gens courraient par tout pour se cacher ou pour fuir la fusillade.
C'était un beau bazar et cela allait couvrir leur fuite. ils allaient enfin pouvoir rejoindre la Ville et leur quartier. Diégo ruminait déjà et voulait reprendre sa revanche sur le Gouvernement.
BUG – 24 heures.
─ Diego, viens vite. Viens regarder ça. Grouille toi.
Le jeune homme se leva du banc du parc où il se trouvait. Le Parc était un bien grand mot. Un terrain qui avait eu de la verdure bien des années auparavant et qui était entouré par quelques platanes quasiment mort suite à une infection due à un champignon. Il l'avait connu vert durant sa petite enfance, ses parents espagnoles de racine l'emmenaient jouer. Maintenant, les employées communaux n'osaient plus venir dans le quartier alors les arbres n'avaient pas été coupés. Le parc était ensuite entouré par les grandes barres de béton où logeaient les habitants du quartier.
Son quartier, son domaine, son repaire.
Diego avec son bon mètre quatre-vingt dix et son presque quintal de poids marcha à la suite de Max, son bras-droit. Max, était lui plus petit et plus fin. Il ne payait pas de mine avec son visage coupé à la serpe mais il n'avait pas son pareil pour dégotter la moindre chose, la moindre
information, le moindre brin d'Herbe à fumer et aussi reconnaître et trouver les fouineurs de la Police.
Ils rejoignirent rapidement Samir le Marocain qui les attendait dans sa voiture, une grosse berline dont l'intérieur avait été blindé avec des plaques d'acier et des arceaux de rallye. Diego s'installa à l'arrière. Max pris la place à coté du conducteur. La voiture démarra dans un crissement de pneus.
─ Qu'est ce que c'est que ce merdier, lança Diego en s'approchant de la camionnette volée qui était garé dans le petit entrepôt.
Les portes arrières du fourgon blanc étaient ouvertes. Un gros cadenas avaient été tronçonné à la disqueuse.
À l’intérieur, quatre grandes bombonnes étaient fixées à la structure de la caisse. Des tuyauteries de différentes grandeurs étaient accompagnées par des systèmes électroniques et informatiques. Tout l'intérieur du camion était couvert de grandes feuilles d'aluminium. Le petit truc en plus était cette espèce de cheminée qui ressortait au dessus.
– Putain, qu'est ce que c'est que cette merde ? Rugit Diego en tenant une des portières du camion. Qui a amené ça ici ?
─ On ne sait pas, répondit Max. Mais il est là depuis la nuit dernière. La Fouine en a vu un autre dans une rue dans le centre ville. Le même avec cette petite cheminée dessus. C'est en voyant celui là ici, qu'il s'est posé la question.
La Fouine qui était pas trop loin du groupe hochait la tête à chaque mot.
─ Pas de marquage, rien qui puisse l'identifier. Que dalle !
─ C'est un coup du gouvernement, lança Samir.
─ Peut être. Diego se gratta le menton où poussait une barbe de quelques jours. Max, Ce soir, avec la Fouine, et trois autres vous iraient récupérer l'autre camionnette. Je demanderai à mon frère Sanchez d'être de la partie. Samir, vois avec Mustapha et Karim pour planquer cette camionnette loin du quartier dans un endroit tranquille. Il faut que l'on sache ce que c'est cette merde. Prend un max de photos et de vidéos, on va passer sur le Net, demain. Si c'est un coup des condés ou du Gouvernement, on va leur montrer qu'on ne la fait pas aux gars des citées.
BUG – 2 minutes.
Diego et Samir assis sur le banc du parc attendait les nouvelles. Ils se passaient un joint et bavardaient tranquillement de choses et d'autres. Samir montrait des photographies prises avec son téléphone portable de la camionnette. Son frère et son cousin l'avaient planqué dans un des entrepôts prêts des quais. Il y en avait plusieurs et beaucoup était désaffecté. Une aubaine pour les petits gangs comme le leur. Ils attendaient la deuxième camionnette que Sanchez et ses amis devaient ramener dans un petit quart d'heure. Un de ses contacts devait venir dans deux jours avec un ami scientifique ou bien c'était un technicien en explosif ou autre... Son contact ne le lui avait pas décrit mais il lui avait affirmé qu'il pouvait s'occuper de ce qui pouvait se trouver dans le véhicule.
La petite musique aigrelette du téléphone portable se fit entendre. Diego regarda l'écran tactile et décrocha.
– Ouais, Max. qu'est ce qu'il y a ?
Son bras-droit semblait essouffler à l'autre bout du fil.
– les flics, ils ont eu ton frère.
Diego jura en se levant du banc.
– Qu'est ce que tu as dit ?
La réponse ne vint pas. Samir et Diego entendirent une explosion puis les lumières des lampadaires et celles des immeubles autour de lui s'éteignirent.
– Merde, qu'est ce que c'est ? Gueula Samir en se levant aussi et en s'emparant de son pistolet coincé dans son pantalon. Les condés nous font une manœuvre,continua-t-il.
– Le téléphone ne fonctionne plus, déclara Diego en regardant l'écran noir qui ne voulait plus redémarrer. Viens mon frère s'est fait prendre.
À la lumière du ciel étoilé, ils s’approchèrent de la berline de Samir. Celui-ci ouvrit le coffre et tous les deux extirpèrent à la lumière de leur briquet deux fusils d'assaut kalachnikov, leurs chargeurs et leurs munitions.
BUG + 15
La berline de Samir et les véhicules des autres membres du gang n'avaient pas voulu démarrer. À une quinzaine, ils avaient remontés l'avenue et les rues qui allaient les mener à la deuxième camionnette. Au loin, ils virent un groupe de personnes entrain de marcher rapidement en direction du commissariat.
– C'est eux, murmura Diego en épaulant son Ak47.
A ses cotés, trois personnes préparèrent leurs cocktails Molotov.
Samir arme au poing avança de l'autre coté de la rue suivi par cinq autres jeunes.
« Les flics vont en prendre plein leur gueule », songea Diego si ils ne relâchaient pas son frère.
A bonne distance, Diego reconnu la démarche de Sanchez, son frère et de La fouine.
– Ils sont là. Relâchez-les,hurla-t-il en tirant un coup de Kalachnikov.
Deux cocktails volèrent dans la direction du groupe et illuminèrent la rue. La riposte policière fut très légère. Une rafale fut tirer et les balles ricochèrent loin sur sa droite. Derrière le coffre d'une voiture, Diego lâcha une longue rafale.
– Ils n'ont rien pour riposter,cria-t-il à Samir. On les tient.
Son ami ne put lui répondre. Un ricochet l'avait atteint en pleine tête.
Diego rechargea son fusil d'assaut et après avoir visé, tira de nouveau.
BUG+ 1h00.
Caché derrière une porte cochère, Diego rangea son pistolet dans son pantalon et se remémora les derniers évènements.
L'arrivé des militaires l'avait empêché de récupérer son frère et avait stoppé tous les belligérants. Ils n'avaient pas pu se replier efficacement et sur les quinze partis il n'en avait vu que trois autres réussir à fuir poursuivi par un véhicule tout terrain blindé. Il avait du son salut à une porte cochère ouverte où il avait pu s'y cacher en attendant la suite des événements. Il était entré dans un immeuble dont les habitants commençaient à descendre vers la rue site aux appels des militaires. Il se mit dans un coin et fit semblant de refaire ses lacets et attendis qu'il y ait beaucoup de monde pour sortir du bâtiment.
Tout autour de lui, les habitants de la ville étaient affolés, se demandaient ce qui s'était passé et comment leur vie allait changer. La plus part était hagards et avançait en direction des camions dont les projecteurs étaient les seuls lumières de la ville. Des papillons, pensa Diego. Des
papillons qui avancent vers la lumière de la bougie.
D'un coup d'œil, il vit que tous les carrefours étaient emplis de militaires. Il lui serait impossible de passer au travers pour rejoindre son quartier. Les habitants montaient dans les camions bariolés sans être fouillé. Un bon point, pensa Diego, en grimpant à la suite des autres.
Camp 1, plateau d'Elbon
le discours du Président lui avait laissé un goût morbide dans la bouche. Que des foutaise, pensait Diégo. Des Foutaises, des meurtres et un complot contre les gars des cités. Voilà, où en était le Gouvernement. Il voulait leur faire la Misère en envoyant les bidasses nettoyer les cités. Cela n'allait pas se passer comme le Gouvernement voulait.
Diégo voulait rentrer chez lui retrouver les camionnettes et montrer au reste du monde que ce Gouvernement n'était constitué que d'assassins. Ce Gouvernement qui par de belles paroles au fil des différents mandats avait laissé pourrir la situation. Pour certains comme Diégo cela n'avait pas été une mauvaise chose. Son Business était florissant et il était craint et respecté dans le quartier. Respect qui était venu en s'occupant de la vie dudit quartier. Le nettoyage des rues que les employés communaux ne faisaient plus, était fait par des jeunes payés par l'argent des trafics. Ces jeunes qui servaient alors de Sifflet à la moindre présence policière.
Il retrouva Max sous la tente que leur avait affecté les militaires.
– il faut que l'on quitte cette merde et que l'on rejoigne notre quartier.
– T'as entendu ce que ce Connard de Président à dit, lança Max.
– Ouais très bien, et cela ne présage rien de bon pour la bande.
– Que comptes tu faire ? T'as une idée, pour fuir d'ici ?
– Oui, j'ai toujours mon Gun, répondit Diégo en soulevant sa chemise.
– Qu'est ce que vous manigancez,vous deux ? Demanda un homme en veston cravate assis sur un des lits pliants.
Max et Diégo le toisèrent d'un regard mauvais. Cet homme allait les dénoncer aux autorités.
-- Qu'est ce qu'il y a pauvre nase? demanda Max en se levant.
-- Vous ne me faites pas peur, je fais du Kempo depuis mon enfance.
Max ne le laissa pas se mettre en garde. Le couteau qu'il cachait dans sa main, frappa le visage. la plaie au dessus du front fit ruisseler beaucoup de sang. L'homme surpris recula en criant. la lame trancha de nouveau au niveau des poignets puis une autre fois au niveau du cou. la carotide sectionnait laissa s'échapper le précieux liquide vitale par saccade. l'homme tomba sur ses genoux avant de s’effondrer face contre terre. Dans le quartier, Max était connu pour ses combats au couteau et sa pratique du systema russe.
-- Il faut se barrer d'ici, annonça Diègo en entrouvrant la port de la tente
Dehors, la colère grondait entre les arrivants et les personnels de l'état. des insultes montaient malgré l'appel au calme des hauts parleurs et l'annonce de la distribution de nourriture. Diégo reconnu des administrés de la ville et des opposants aux gouvernements. c'était eux qui faisait monter la pression face aux militaires. Derrière lui, Max avait pris des affaires qui trainaient et avait tout mis dans un sac à dos. Diègo n'avait pas eu le temps de lui demander où il se l'était procurer mais connaissant Max, cela devait s'être fait en douce comme tout le reste.
Un militaire monté sur une jeep tentait de calmer la foule avec son haut parleur. Personne ne l'écoutait. Tout le monde hurlait.
-- Je vais mettre plus de bordel à tout cela, murmura Diégo en sortant son pistolet. il visa et tira.
la tête du militaire vola en arrière. la détonation fit hurler les émeutiers qui ne comprirent pas d'où venait le tir. les militaires épaulèrent leur fusil d'assaut et tirèrent par rafale.
Diègo tira une nouvelle fois lançant cette fois ci une vague de terreur parmi tout le monde. Puis profitant de la cohue, il se rua vers la frontière du camp talonné de prés par Max son bras droit.
A un coin d'une tente, il vit un militaire qui ralliait ses camarades. Un tir bien précis et il chuta dans une mare de sang. Max et Diégo n'eut le temps que de lui prendre ses armes et chargeurs avant de fuir le camps en direction de la forêt proche.
A la lisière du bois, ils se retournèrent et se cachèrent à couvert de la végétation. La débandade était sans nom. Des gens courraient par tout pour se cacher ou pour fuir la fusillade.
C'était un beau bazar et cela allait couvrir leur fuite. ils allaient enfin pouvoir rejoindre la Ville et leur quartier. Diégo ruminait déjà et voulait reprendre sa revanche sur le Gouvernement.
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--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
23 - la peur
C'est stupide à écrire, mais aujourd'hui, je sais ce que je sais.
Non, ce n'est pas un savoir théorique émaillé de mises en situations et de déductions empiriques. C'est différent. Bien plus profond, bien plus sincère aussi. Comme une musique intérieure trop longtemps assourdie, une lueur jusqu'alors occultée.
Je sais qu'en écrivant cette page de ce journal, je ne peux pas être fidèle à mes sentiments et impressions d'alors.
Je sais que le temps a joué son rôle de générateur de souvenirs digérés et revécus malgré moi.
Mes souvenirs sont comme une odeur, je ne peux pas la recréer, pourtant j'en ai décodé toutes les fragrances.
Quand dans notre abri, juste après notre fuite du camp et notre première nuit en forêt nous avions vu ce petit groupe d'hommes armés, quelque chose s'était réveillé en moi. Une prise de conscience nette et tranchante, non, bien plus encore... et ce, malgré tout ce que je venais de vivre.
J'avais vu et vécu la violence de l'affolement le soir de l'évacuation, la peur et l'inquiétude de l'ignorance, les ravages intérieurs du questionnement, subi l'arrivée au camp, subi les autres, subi la folie de la foule, vu s'exprimer une fois encore les bas instincts, la faiblesse, la détresse. Je sais que tout cela, bien qu'inimaginable, ne m'a pas ébranlé autant que la vision de ce fusil d'assaut dans les mains de cet homme.
Là, tout vacillait. Ce "petit" détail pourtant déductible, logique et prévisible venait d'engluer mon cerveau.
A la vitesse de la lumière, je venais de comprendre que cet homme incarnait et incarnerait désormais l'ennemi. Mon ennemi !
Celui pour qui mon existence était celle d'un parasite, ma vie, une injure, mes possessions, une convoitise... mon chemin, mon destin, une aberration insupportable, dont l'élimination procurerait un plaisir maléfique sans limites.
La peur abstraite venait enfin de prendre sa forme tangible, cet homme !
Celui qui mettait sa vie avant celle des autres, lui seul digne de vivre, celui dont l'existence même signifie : "je veux ce qui est à toi et de toute façon, c'est toi ou moi et n'espère même pas une seconde, je suis plus fort".
Le visage de cet homme resterait pour toujours la représentation vivante du prédateur. A chaque fois qu'un danger invisible me menacerait c'est ce visage qui en serait l'incarnation, la cause. Et loin d'exprimer la bêtise, la force bestiale, ce visage était fin, vif, respirait l'intelligence, suintait le vice efficace et la froide détermination. Pas un atome d'humanité, de bonté, rien. Juste la promesse d'une confrontation "sine missione"
Je restais alors caché, comme paralysé, comme un faon qui a vu le tigre. Je n'avais pas eu à penser quoi faire, à analyser le pourquoi de ma conduite, fuir ou combattre, exister et s'affirmer, lutter pour sa propre estime de soi. Non, du plus profond de ma mémoire humaine, mon premier ancêtre venait bien me faire comprendre ce que signifiait le mot "proie". Et mon esprit venait de l'accepter sans rechigner, sans combattre. Sortir et faire face, hydromel de mon orgueil m'aurait couté au mieux une humiliation insupportable, au pire ma vie. J'étais le faible, le vaincu... sans combattre.
J'oubliais Lisa, j'oubliais tout.
Juste espérer, espérer que cet homme parte sans me voir. Juste passer ces secondes sans y laisser la vie.
La goutte eu le temps de couler lentement de mon front, laissant sa trainée brillante sécher sur ma joue, mon menton. C'est quand elle s'écrasa sur mon poignet blanchi par la crispation et déjà trempé par les dizaines d'autres gouttes que je pus revenir enfin à la réalité et reprendre possession de mon esprit et de mon corps. Les hommes étaient partis depuis quelques minutes mais dans l'air la présence maléfique stagnait, bien présente. Ma respiration était rauque et saccadée, mon cœur ? des grêlons sur la tôle de ma poitrine.
Je vis alors le visage de Lisa, les yeux exorbités, figée. Elle me regardait, blême et tremblante, victime de ma propre peur... je ne pouvais même pas l'aider.
Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, immobile, tétanisé. Sans pouvoir bouger, sans oser... on ne sort pas indemne de cette descente aux âges sombres et farouches de la lutte primordiale pour la vie. Comme souillé par la terreur.
Fini les idées du héros romantique parfumé à l'héroïsme et à l'abnégation, fini aussi l'immensité de l'imaginaire orgueilleux. Reste juste la confrontation binaire : vie-mort... choix-résultat... action-réaction.
Je venais "enfin" de connaître la peur.
Evoquer à nouveau ce souvenir me vide de tout espoir... pourtant la suite de l'histoire allait encore une fois basculer ma vie.
C'est stupide à écrire, mais aujourd'hui, je sais ce que je sais.
Non, ce n'est pas un savoir théorique émaillé de mises en situations et de déductions empiriques. C'est différent. Bien plus profond, bien plus sincère aussi. Comme une musique intérieure trop longtemps assourdie, une lueur jusqu'alors occultée.
Je sais qu'en écrivant cette page de ce journal, je ne peux pas être fidèle à mes sentiments et impressions d'alors.
Je sais que le temps a joué son rôle de générateur de souvenirs digérés et revécus malgré moi.
Mes souvenirs sont comme une odeur, je ne peux pas la recréer, pourtant j'en ai décodé toutes les fragrances.
Quand dans notre abri, juste après notre fuite du camp et notre première nuit en forêt nous avions vu ce petit groupe d'hommes armés, quelque chose s'était réveillé en moi. Une prise de conscience nette et tranchante, non, bien plus encore... et ce, malgré tout ce que je venais de vivre.
J'avais vu et vécu la violence de l'affolement le soir de l'évacuation, la peur et l'inquiétude de l'ignorance, les ravages intérieurs du questionnement, subi l'arrivée au camp, subi les autres, subi la folie de la foule, vu s'exprimer une fois encore les bas instincts, la faiblesse, la détresse. Je sais que tout cela, bien qu'inimaginable, ne m'a pas ébranlé autant que la vision de ce fusil d'assaut dans les mains de cet homme.
Là, tout vacillait. Ce "petit" détail pourtant déductible, logique et prévisible venait d'engluer mon cerveau.
A la vitesse de la lumière, je venais de comprendre que cet homme incarnait et incarnerait désormais l'ennemi. Mon ennemi !
Celui pour qui mon existence était celle d'un parasite, ma vie, une injure, mes possessions, une convoitise... mon chemin, mon destin, une aberration insupportable, dont l'élimination procurerait un plaisir maléfique sans limites.
La peur abstraite venait enfin de prendre sa forme tangible, cet homme !
Celui qui mettait sa vie avant celle des autres, lui seul digne de vivre, celui dont l'existence même signifie : "je veux ce qui est à toi et de toute façon, c'est toi ou moi et n'espère même pas une seconde, je suis plus fort".
Le visage de cet homme resterait pour toujours la représentation vivante du prédateur. A chaque fois qu'un danger invisible me menacerait c'est ce visage qui en serait l'incarnation, la cause. Et loin d'exprimer la bêtise, la force bestiale, ce visage était fin, vif, respirait l'intelligence, suintait le vice efficace et la froide détermination. Pas un atome d'humanité, de bonté, rien. Juste la promesse d'une confrontation "sine missione"
Je restais alors caché, comme paralysé, comme un faon qui a vu le tigre. Je n'avais pas eu à penser quoi faire, à analyser le pourquoi de ma conduite, fuir ou combattre, exister et s'affirmer, lutter pour sa propre estime de soi. Non, du plus profond de ma mémoire humaine, mon premier ancêtre venait bien me faire comprendre ce que signifiait le mot "proie". Et mon esprit venait de l'accepter sans rechigner, sans combattre. Sortir et faire face, hydromel de mon orgueil m'aurait couté au mieux une humiliation insupportable, au pire ma vie. J'étais le faible, le vaincu... sans combattre.
J'oubliais Lisa, j'oubliais tout.
Juste espérer, espérer que cet homme parte sans me voir. Juste passer ces secondes sans y laisser la vie.
La goutte eu le temps de couler lentement de mon front, laissant sa trainée brillante sécher sur ma joue, mon menton. C'est quand elle s'écrasa sur mon poignet blanchi par la crispation et déjà trempé par les dizaines d'autres gouttes que je pus revenir enfin à la réalité et reprendre possession de mon esprit et de mon corps. Les hommes étaient partis depuis quelques minutes mais dans l'air la présence maléfique stagnait, bien présente. Ma respiration était rauque et saccadée, mon cœur ? des grêlons sur la tôle de ma poitrine.
Je vis alors le visage de Lisa, les yeux exorbités, figée. Elle me regardait, blême et tremblante, victime de ma propre peur... je ne pouvais même pas l'aider.
Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, immobile, tétanisé. Sans pouvoir bouger, sans oser... on ne sort pas indemne de cette descente aux âges sombres et farouches de la lutte primordiale pour la vie. Comme souillé par la terreur.
Fini les idées du héros romantique parfumé à l'héroïsme et à l'abnégation, fini aussi l'immensité de l'imaginaire orgueilleux. Reste juste la confrontation binaire : vie-mort... choix-résultat... action-réaction.
Je venais "enfin" de connaître la peur.
Evoquer à nouveau ce souvenir me vide de tout espoir... pourtant la suite de l'histoire allait encore une fois basculer ma vie.
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"Garde toi, je me garde"
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Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
24 - Premier mort
C'est ce jour là que j'ai tué, pour la première fois.
Cela me paraît toujours irréel... bien que provoqué, vu et vérifié, ma conscience n'arrive toujours pas à admettre que je puisse... moi, tuer mon semblable.
J'étais trempé... j'avais l'impression d'être à la fois gelé et brûlant quand enfin, je pus sortir de notre cachette. D'autres fugitifs sont passés pas très loin, sans autre regard que celui porté vers leur chemin de fuite... sans faire attention à nous. Je ne sais pas ce que Lisa a bien pu penser tout ce temps, mais elle avait forcément dû se construire une hypothèse recevable pour ne pas poser de questions et accepter ce moment si intense et inexplicable. Et je lui en serai toujours redevable.
Derrière nous, les rafales d'armes automatiques s'intensifiaient et les bois alentours commençaient à vraiment se peupler. La distance entre les événements et les limites physiques se matérialisait là, sous nos yeux. Trop de courses ralentissaient "juste" ici, donnant à cet endroit l'image d'un rivage sur lequel des demi-noyés venaient s'échouer, à bout de forces. Un jeune garçon toujours vêtu d'un pyjama sur lequel pendait un anorak bleu bien trop grand fit mine de venir vers nous, son regard affolé et perdu trahissait une telle détresse que je lui lançait un "fout le camp, casse-toi, il ne faut pas rester ici !" avec une voix que je ne reconnus pas être mienne. Pauvre garçon perdu, à lui seul illustration crève-cœur de ce que nous venions de vivre ces dernières heures...
Je reprenais le contrôle, mes muscles saturés d'acide lactique commençaient à répondre un peu mieux à mes sollicitations. Plus je bougeais, plus je redevenais moi même. Sans pouvoir analyser ce que je venais de vivre, sans même vouloir y réfléchir, je me rendais bien compte que j'éprouvais sur le moment un immense sentiment de honte mêlé à une culpabilité égoïste.
Bouger avait remis mon image en fonction et cette image ne tolérait pas ce qui venait de se passer. Pris d'un besoin irrépressible de faire quelque chose pour me prouver que je n'étais pas cet agneau dans une peau de loup, mais bien un loup en devenir. Je devais agir vite, renouer avec la prise de décision, montrer à moi même que je peux moi aussi trouver plus faible que moi sur lequel régner, moi aussi avec, cruauté et froideur... pourquoi pas.
"Il faut partir nous aussi"... voilà le résultat verbal d'une concentration intense pour sortir de la gangue de la sidération. Mon champ visuel revenait à sa normale, je sortais enfin de l'effet tunnel.
Toujours tremblants, nous avions récupéré notre "petit" matériel et sans autre parole, nous sommes partis. Par chance, la réflexion précédente sur "où aller" était toujours vive dans mon esprit et c'est sur un mode quasi automatique que nous avions pris la direction des grottes. J'espérait pouvoir les atteindre, pouvoir m'y cacher, me laver quand bien même l'eau serait glaciale, nettoyer mon corps de cette sueur âcre et acide, de l'odeur de ma peur.
Inconsciemment, je marchais en zigzag et stoppais souvent à l'abris de buissons. Cette marche tactique était réflexe et utilisait chaque parcelle d'expérience, tirait bénéfice de toutes les informations accumulées depuis mon adolescence, depuis que je m'étais préparé... préparé...
Cette façon de progresser était fatigante, elle cassait le rythme et donnait à Lisa bien des difficultés. Mon besoin d'accumuler les gestes victorieux était si intense que chaque pas accompli, chaque effort contre la fatigue, le terrain, était une victoire et j'en avais une faim d'ogre. L'agneau devait régner sur l'herbe en la ravageant de ses pas.
Je devais marcher à un train d'enfer... Lisa suivait difficilement. Le sang à mes tempes tambourinait la cadence d'abordage à mes pieds désormais galériens.
Nous nous étions arrêtés pour de courtes pauses et marché si vite que nous étions arrivés dans ce petit talweg au pied de la grande montée vers la faille aux grottes juste avant le noir de la nuit. Nous avions stoppé pour boire et prendre un peu de nourriture et c'est là que nous nous sommes rendus compte que nous n'étions pas seuls à cet endroit pourtant en dehors des flux de fuite du camp.
Des bruits à quelques dizaines de mètres trahissaient une présence. Nous avions donc écourté notre pause pour avec les ailes de la peur gravir les éboulis boisés menant à la faille.
Nos brusques arrêts avaient prouvé, par un écho à notre marche et confirmé l'existence de poursuivants qui pour le moment restaient invisibles. Les pierres roulaient sous nos pieds, d'autres roulaient plus bas, sous d'autres chaussures...
La nuit arrivait trop vite et même si nous avions un peu augmenté la distance entre nos poursuivants, l'arrivée devant le gouffre serait une confrontation inévitable tant le chemin menant aux grottes était malaisé à trouver, étroit et dangereux. Mais le moment n'était pas encore à cette réflexion. La peur dictait la conduite à avoir : avancer toujours plus vite et semer ces poursuivants.
La chance était quand même de notre côté par la simple possession d'une frontale... ma frontale ! Je la pris en main pour laisser entre mes doigts passer un rai de lumière rouge, juste éclairer les quelques mètres devant nous, surtout rien d'autre, ne pas se faire repérer des poursuivants. Je serai toujours à temps de voir la pancarte de danger indiquant le gouffre et la détruire. J'empêcherai nos poursuivants de nous rattraper, je les perdrais, je les bloquerai grâce au gouffre. Sans lampe impossible de trouver le chemin vers les grottes... trop petit, trop dangereux. Voilà mon plan : les attirer vers le gouffre et ses dangers, infranchissable dans le noir. Les obliger à nous penser ailleurs, à nous chercher ailleurs.
Je tenais la main de Lisa et je m'efforçait de la guider comme un aveugle entre les broussailles épineuses qui près du sommet se densifiaient. Notre allure était telle que je manquai rater la pancarte d'avertissement et passer l'entrée du petit chemin du gouffre. Sans ma lumière, nous passions à côté. Ma lampe avait retrouvé une valeur positive.
Je cassais d'un coup de pied la pancarte de bois et la jetai loin devant moi dans le trou supposé du gouffre salvateur.
Derrière nous,le bruit se faisait plus frénétique dans les buissons. Ils approchaient...
Nous avions commencé à descendre vers l'entrée des grottes, modeste passage en corniche de quelque dizaines de centimètres de large en dévers du chemin. Nous étions presque collés à la paroi tant la tension et la fatigue étaient grandes, nous avions besoin d'utiliser toutes les prises possibles car j'avais éteins la lampe par peur d'être repérés. Et seules nos mains avaient des yeux.
Je fis malencontreusement rouler une grosse pierre qui dévala lourdement et s'écrasa avec un bruit sourd au fond du gouffre quelques dizaines de mètres plus bas. Quelle poisse ! je venais d'indiquer notre position.
Nous nous étions alors totalement collés à la paroi. Plus un mouvement, rien, silence... expirer en silence, faire taire son cœur, écouter... tous mes sens dans mon oreille pour voir dans ma tête ce que mes yeux inutiles cherchaient pourtant frénétiquement sans succès.
Des pierres roulèrent encore, plus haut au dessus de nos têtes. Immobilité... comme il y a peu sous notre abris de feuilles... encore une fois, rester invisibles... mais vivants.
Un bruit étrange de raclement mélangé à un cri rageur venait à nouveau de déclencher une chute de pierres au dessus de nos têtes immédiatement suivi d'un bruit plus indéfinissable de froissement et d'un choc mou à quelques distance en contre-bas. Le bruit se propageait ricochant sur les parois du gouffre lui donnant une dimension fantastique. Le silence revint subitement.
Plus un bruit... plus un cri d'animal, pas même les grillons... un silence épais.
Dans ce noir Lisa et moi nous étions regardés, cherchant sans succès nos yeux dans l'obscurité. Y trouver une réponse, trouver chez l'autre ce que l'on ne trouvait pas chez soi... encore ce besoin existentiel de réponse au "pourquoi". Nous avions alors chuchoté à la limite de l'audible, posé mille questions, quoi faire ? c'est un piège ? chut.. mais il faut voir... moins fort... qui ce sera... attendons, surveillons, piégeons le piégeur... Se rassurer l'un l'autre était une force fantastique.
Et nous avons attendus, longtemps.
Les minutes furent heures, les heures infinies.
Les créatures nocturnes étaient revenues à leur vacarme. Aucun bruit suspect, rien ne trahissait une présence, pas même la nôtre. Il fallait être patient, et rester cachés, lézards nocturnes parasites de cette paroi minérale. Nous aurions l'ennemi par la patience, c'est l'arme du faible et du pauvre, mais c'est aussi une arme et à ce jeu là, seul importe de gagner.
Nous ne pouvions pas dormir et l'immobilité torturait nos corps. A voir la situation d'une autre manière, nous étions soit sauvés... soit piégés. L'aube dirait...
Le jour s'annonçait par le réveil de certaines odeurs, le changement de bruit, enfin la clarté sur la masse des pierres. Ce n'est que peu de temps après que la lumière ait envahi la faille que nous avions discerné une forme tapie au fond du gouffre. La couleur est arrivée quelques instants après, chassant avec nos doutes le gris bleuté du matin.
La forme était immobile. On commençait à distinguer un bras, une jambe, un corps. Lisa se détacha de la parois et put en quelques enjambées douloureuses rejoindre le cadavre. Ecrasé entre deux pierres saillantes, il gisait là, membres tordus. Son visage déjà figé par le froid de la nuit avait deux beaux yeux grand-ouverts regardant vers le ciel les dernières étoiles disparaître.
Dans les branches cassées au dessus de lui, déchiré, un anorak bleu, bien trop grand.
C'est ce jour là que j'ai tué, pour la première fois.
Cela me paraît toujours irréel... bien que provoqué, vu et vérifié, ma conscience n'arrive toujours pas à admettre que je puisse... moi, tuer mon semblable.
J'étais trempé... j'avais l'impression d'être à la fois gelé et brûlant quand enfin, je pus sortir de notre cachette. D'autres fugitifs sont passés pas très loin, sans autre regard que celui porté vers leur chemin de fuite... sans faire attention à nous. Je ne sais pas ce que Lisa a bien pu penser tout ce temps, mais elle avait forcément dû se construire une hypothèse recevable pour ne pas poser de questions et accepter ce moment si intense et inexplicable. Et je lui en serai toujours redevable.
Derrière nous, les rafales d'armes automatiques s'intensifiaient et les bois alentours commençaient à vraiment se peupler. La distance entre les événements et les limites physiques se matérialisait là, sous nos yeux. Trop de courses ralentissaient "juste" ici, donnant à cet endroit l'image d'un rivage sur lequel des demi-noyés venaient s'échouer, à bout de forces. Un jeune garçon toujours vêtu d'un pyjama sur lequel pendait un anorak bleu bien trop grand fit mine de venir vers nous, son regard affolé et perdu trahissait une telle détresse que je lui lançait un "fout le camp, casse-toi, il ne faut pas rester ici !" avec une voix que je ne reconnus pas être mienne. Pauvre garçon perdu, à lui seul illustration crève-cœur de ce que nous venions de vivre ces dernières heures...
Je reprenais le contrôle, mes muscles saturés d'acide lactique commençaient à répondre un peu mieux à mes sollicitations. Plus je bougeais, plus je redevenais moi même. Sans pouvoir analyser ce que je venais de vivre, sans même vouloir y réfléchir, je me rendais bien compte que j'éprouvais sur le moment un immense sentiment de honte mêlé à une culpabilité égoïste.
Bouger avait remis mon image en fonction et cette image ne tolérait pas ce qui venait de se passer. Pris d'un besoin irrépressible de faire quelque chose pour me prouver que je n'étais pas cet agneau dans une peau de loup, mais bien un loup en devenir. Je devais agir vite, renouer avec la prise de décision, montrer à moi même que je peux moi aussi trouver plus faible que moi sur lequel régner, moi aussi avec, cruauté et froideur... pourquoi pas.
"Il faut partir nous aussi"... voilà le résultat verbal d'une concentration intense pour sortir de la gangue de la sidération. Mon champ visuel revenait à sa normale, je sortais enfin de l'effet tunnel.
Toujours tremblants, nous avions récupéré notre "petit" matériel et sans autre parole, nous sommes partis. Par chance, la réflexion précédente sur "où aller" était toujours vive dans mon esprit et c'est sur un mode quasi automatique que nous avions pris la direction des grottes. J'espérait pouvoir les atteindre, pouvoir m'y cacher, me laver quand bien même l'eau serait glaciale, nettoyer mon corps de cette sueur âcre et acide, de l'odeur de ma peur.
Inconsciemment, je marchais en zigzag et stoppais souvent à l'abris de buissons. Cette marche tactique était réflexe et utilisait chaque parcelle d'expérience, tirait bénéfice de toutes les informations accumulées depuis mon adolescence, depuis que je m'étais préparé... préparé...
Cette façon de progresser était fatigante, elle cassait le rythme et donnait à Lisa bien des difficultés. Mon besoin d'accumuler les gestes victorieux était si intense que chaque pas accompli, chaque effort contre la fatigue, le terrain, était une victoire et j'en avais une faim d'ogre. L'agneau devait régner sur l'herbe en la ravageant de ses pas.
Je devais marcher à un train d'enfer... Lisa suivait difficilement. Le sang à mes tempes tambourinait la cadence d'abordage à mes pieds désormais galériens.
Nous nous étions arrêtés pour de courtes pauses et marché si vite que nous étions arrivés dans ce petit talweg au pied de la grande montée vers la faille aux grottes juste avant le noir de la nuit. Nous avions stoppé pour boire et prendre un peu de nourriture et c'est là que nous nous sommes rendus compte que nous n'étions pas seuls à cet endroit pourtant en dehors des flux de fuite du camp.
Des bruits à quelques dizaines de mètres trahissaient une présence. Nous avions donc écourté notre pause pour avec les ailes de la peur gravir les éboulis boisés menant à la faille.
Nos brusques arrêts avaient prouvé, par un écho à notre marche et confirmé l'existence de poursuivants qui pour le moment restaient invisibles. Les pierres roulaient sous nos pieds, d'autres roulaient plus bas, sous d'autres chaussures...
La nuit arrivait trop vite et même si nous avions un peu augmenté la distance entre nos poursuivants, l'arrivée devant le gouffre serait une confrontation inévitable tant le chemin menant aux grottes était malaisé à trouver, étroit et dangereux. Mais le moment n'était pas encore à cette réflexion. La peur dictait la conduite à avoir : avancer toujours plus vite et semer ces poursuivants.
La chance était quand même de notre côté par la simple possession d'une frontale... ma frontale ! Je la pris en main pour laisser entre mes doigts passer un rai de lumière rouge, juste éclairer les quelques mètres devant nous, surtout rien d'autre, ne pas se faire repérer des poursuivants. Je serai toujours à temps de voir la pancarte de danger indiquant le gouffre et la détruire. J'empêcherai nos poursuivants de nous rattraper, je les perdrais, je les bloquerai grâce au gouffre. Sans lampe impossible de trouver le chemin vers les grottes... trop petit, trop dangereux. Voilà mon plan : les attirer vers le gouffre et ses dangers, infranchissable dans le noir. Les obliger à nous penser ailleurs, à nous chercher ailleurs.
Je tenais la main de Lisa et je m'efforçait de la guider comme un aveugle entre les broussailles épineuses qui près du sommet se densifiaient. Notre allure était telle que je manquai rater la pancarte d'avertissement et passer l'entrée du petit chemin du gouffre. Sans ma lumière, nous passions à côté. Ma lampe avait retrouvé une valeur positive.
Je cassais d'un coup de pied la pancarte de bois et la jetai loin devant moi dans le trou supposé du gouffre salvateur.
Derrière nous,le bruit se faisait plus frénétique dans les buissons. Ils approchaient...
Nous avions commencé à descendre vers l'entrée des grottes, modeste passage en corniche de quelque dizaines de centimètres de large en dévers du chemin. Nous étions presque collés à la paroi tant la tension et la fatigue étaient grandes, nous avions besoin d'utiliser toutes les prises possibles car j'avais éteins la lampe par peur d'être repérés. Et seules nos mains avaient des yeux.
Je fis malencontreusement rouler une grosse pierre qui dévala lourdement et s'écrasa avec un bruit sourd au fond du gouffre quelques dizaines de mètres plus bas. Quelle poisse ! je venais d'indiquer notre position.
Nous nous étions alors totalement collés à la paroi. Plus un mouvement, rien, silence... expirer en silence, faire taire son cœur, écouter... tous mes sens dans mon oreille pour voir dans ma tête ce que mes yeux inutiles cherchaient pourtant frénétiquement sans succès.
Des pierres roulèrent encore, plus haut au dessus de nos têtes. Immobilité... comme il y a peu sous notre abris de feuilles... encore une fois, rester invisibles... mais vivants.
Un bruit étrange de raclement mélangé à un cri rageur venait à nouveau de déclencher une chute de pierres au dessus de nos têtes immédiatement suivi d'un bruit plus indéfinissable de froissement et d'un choc mou à quelques distance en contre-bas. Le bruit se propageait ricochant sur les parois du gouffre lui donnant une dimension fantastique. Le silence revint subitement.
Plus un bruit... plus un cri d'animal, pas même les grillons... un silence épais.
Dans ce noir Lisa et moi nous étions regardés, cherchant sans succès nos yeux dans l'obscurité. Y trouver une réponse, trouver chez l'autre ce que l'on ne trouvait pas chez soi... encore ce besoin existentiel de réponse au "pourquoi". Nous avions alors chuchoté à la limite de l'audible, posé mille questions, quoi faire ? c'est un piège ? chut.. mais il faut voir... moins fort... qui ce sera... attendons, surveillons, piégeons le piégeur... Se rassurer l'un l'autre était une force fantastique.
Et nous avons attendus, longtemps.
Les minutes furent heures, les heures infinies.
Les créatures nocturnes étaient revenues à leur vacarme. Aucun bruit suspect, rien ne trahissait une présence, pas même la nôtre. Il fallait être patient, et rester cachés, lézards nocturnes parasites de cette paroi minérale. Nous aurions l'ennemi par la patience, c'est l'arme du faible et du pauvre, mais c'est aussi une arme et à ce jeu là, seul importe de gagner.
Nous ne pouvions pas dormir et l'immobilité torturait nos corps. A voir la situation d'une autre manière, nous étions soit sauvés... soit piégés. L'aube dirait...
Le jour s'annonçait par le réveil de certaines odeurs, le changement de bruit, enfin la clarté sur la masse des pierres. Ce n'est que peu de temps après que la lumière ait envahi la faille que nous avions discerné une forme tapie au fond du gouffre. La couleur est arrivée quelques instants après, chassant avec nos doutes le gris bleuté du matin.
La forme était immobile. On commençait à distinguer un bras, une jambe, un corps. Lisa se détacha de la parois et put en quelques enjambées douloureuses rejoindre le cadavre. Ecrasé entre deux pierres saillantes, il gisait là, membres tordus. Son visage déjà figé par le froid de la nuit avait deux beaux yeux grand-ouverts regardant vers le ciel les dernières étoiles disparaître.
Dans les branches cassées au dessus de lui, déchiré, un anorak bleu, bien trop grand.
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