[Fiction] Journal de bord bug +145
2 participants
Olduvaï :: Ateliers (réservé aux membres s'étant présentés) :: Ateliers d'écriture (affranchi de la règle 2 de la charte)
Page 2 sur 2
Page 2 sur 2 • 1, 2
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
25 - Accident
Nous roulions depuis un long moment évitant au maximum les villes et les villages. Notre départ avait du être annoncé sur les ondes radio
sécurisées de l'armée.
Le dossier D était une bombe pour les médias et pouvait faire tomber les membres impliqués du Gouvernement.
Nous devions arriver dans notre village natal dans la soirée si le réservoir de la jeep pouvait nous porter jusque là-bas ou si nous étions encore vivants.
Par deux fois, nous essuyâmes des tirs. Au vue des impacts, Vincent et moi même, nous savions que c'était des armes de chasseurs à cause des plombs.À chaque fois, Vincent ne cherchait pas à s'arrêter. On fonçait vent-du-cul-dans-la-plaine, comme ils disent par chez moi.
Les plombs ne traversaient pas le blindage du véhicule militaire. Heureusement pour nous.Mais on se demandait vraiment pourquoi des gens nous tiraient dessus. On ne ressemblait pas à des pillards. C'était sans doute le symbole de l'Autorité qui était visé. Il allait falloir changer rapidement de voiture et de tenue avant de se faire lyncher.
Notre village se trouvait non loin du camp 1, à une petite vingtaine de kilomètres à vol d'oiseaux. La nuit arrivait lentement et la route traversait une forêt, l'obscurité devint plus dense. Vincent ne ralentit pas l'allure que l'on avait et continua dans sa lancée. Les vitres ouvertes, je goûtais l'odeur fraîche du bois. Cette odeur qui me rappelait mon enfance et celle de mon village qui se trouvait non loin de là.
Nous avions quasiment réussi, j'annonçai à Vincent que le premier verre serait pour moi. Ma cave était bien remplie et nous allions pouvoir déguster une bonne bouteille de champagne. Vincent me répondit que ses parents devaient bien avoir une bouteille de rosé du sud au frais.
-"Va pour les deux" fis-je en tapotant une main dehors sur la portière.
C'est alors que nous entendîmes très nettement le bruit caractéristiques de rafales de fusil d'assaut. Selon le plan de Vincent, ils semblaient provenir du Camp 1.
-"Bordel,qu'est ce qui s'y passe?" murmura-t-il en regardant dans la direction des coups de feu.
-"Attention !!" hurlai-je.
Un grand brocard surgit d'un buisson et traversa la route. Vincent ne le vit qu'au dernier moment et braqua son volant d'un coup. Le véhicule dans son élan, poursuivit son chemin en dehors de la route, percuta le bord du fossé et effectua plusieurs tonneaux avant de s'immobiliser contre un arbre dans un terrible fracas.
Lors des tonneaux, tout vola autour de moi, j'entendis un craquement lorsque la voiture se coucha de mon coté. Je fus assaillis par une douleur à l'épaule droite. Puis, je n'eus plus la sensation de mon bras. Un liquide gicla dans l'habitacle. Vincent hurlait les deux mains sur le volant. Ses cris s'ajoutaient au vacarme ambiant.
Le paysage devint rouge autour de nous et la jeep s'arrêta contre
l'arbre sur le toit.
Je me retrouvai bloqué dessous. Du sang coulait partout. Le mien ou celui de Vincent je ne savais pas. C'est alors que je vis non loin dans l'herbe quelque chose. En y prêtant plus attention, je découvris avec horreur que c'était un bras. Chose étrange, mon bracelet était sur celui-ci. Je me retournai pour le dire à Vincent.
Celui-ci était méconnaissable. Des morceaux de pare-brise étaient enfoncés dans son visage. Ou du moins, dans ce qui en restait.
Le silence me surprit. Tout juste entrecoupé par le bruit d'une des roues qui tournait dans le vide.
Le dossier rouge avec la lettre D dessus était juste à mes cotés, à portée de bras. Je voulus tendre le mien pour le ramasser mais rien n'y fit. Le sang coulait sur mon visage et recouvrait mes yeux. Mon ventre me faisait horriblement mal. L'odeur infecte de déjections me monta au nez.
Cela devait arriver. Je m'étais fait dessus.
La Douleur reprit le dessus sur mes pensées et me fit hurler.
En regardant mieux, je voyais bien que c'était mon bras qui était par terre. Mes larmes se mélangèrent avec le sang. La fatigue me gagnait de plus en plus. Mes paupières devenaient lourdes. Si je dormais, je pourrais sûrement reprendre assez de forces pour quitter cette carcasse de voiture. Avant de fermer les yeux, je vis un couple sortir de la lisière du bois.
Un homme et une femme qui semblaient me dévisager tout en restant aux aguets. Je voulus les appeler mais rien ne vint. Les dernières choses que je vis avant de m'endormir fut qu'ils avançaient vers le véhicule.
Nous roulions depuis un long moment évitant au maximum les villes et les villages. Notre départ avait du être annoncé sur les ondes radio
sécurisées de l'armée.
Le dossier D était une bombe pour les médias et pouvait faire tomber les membres impliqués du Gouvernement.
Nous devions arriver dans notre village natal dans la soirée si le réservoir de la jeep pouvait nous porter jusque là-bas ou si nous étions encore vivants.
Par deux fois, nous essuyâmes des tirs. Au vue des impacts, Vincent et moi même, nous savions que c'était des armes de chasseurs à cause des plombs.À chaque fois, Vincent ne cherchait pas à s'arrêter. On fonçait vent-du-cul-dans-la-plaine, comme ils disent par chez moi.
Les plombs ne traversaient pas le blindage du véhicule militaire. Heureusement pour nous.Mais on se demandait vraiment pourquoi des gens nous tiraient dessus. On ne ressemblait pas à des pillards. C'était sans doute le symbole de l'Autorité qui était visé. Il allait falloir changer rapidement de voiture et de tenue avant de se faire lyncher.
Notre village se trouvait non loin du camp 1, à une petite vingtaine de kilomètres à vol d'oiseaux. La nuit arrivait lentement et la route traversait une forêt, l'obscurité devint plus dense. Vincent ne ralentit pas l'allure que l'on avait et continua dans sa lancée. Les vitres ouvertes, je goûtais l'odeur fraîche du bois. Cette odeur qui me rappelait mon enfance et celle de mon village qui se trouvait non loin de là.
Nous avions quasiment réussi, j'annonçai à Vincent que le premier verre serait pour moi. Ma cave était bien remplie et nous allions pouvoir déguster une bonne bouteille de champagne. Vincent me répondit que ses parents devaient bien avoir une bouteille de rosé du sud au frais.
-"Va pour les deux" fis-je en tapotant une main dehors sur la portière.
C'est alors que nous entendîmes très nettement le bruit caractéristiques de rafales de fusil d'assaut. Selon le plan de Vincent, ils semblaient provenir du Camp 1.
-"Bordel,qu'est ce qui s'y passe?" murmura-t-il en regardant dans la direction des coups de feu.
-"Attention !!" hurlai-je.
Un grand brocard surgit d'un buisson et traversa la route. Vincent ne le vit qu'au dernier moment et braqua son volant d'un coup. Le véhicule dans son élan, poursuivit son chemin en dehors de la route, percuta le bord du fossé et effectua plusieurs tonneaux avant de s'immobiliser contre un arbre dans un terrible fracas.
Lors des tonneaux, tout vola autour de moi, j'entendis un craquement lorsque la voiture se coucha de mon coté. Je fus assaillis par une douleur à l'épaule droite. Puis, je n'eus plus la sensation de mon bras. Un liquide gicla dans l'habitacle. Vincent hurlait les deux mains sur le volant. Ses cris s'ajoutaient au vacarme ambiant.
Le paysage devint rouge autour de nous et la jeep s'arrêta contre
l'arbre sur le toit.
Je me retrouvai bloqué dessous. Du sang coulait partout. Le mien ou celui de Vincent je ne savais pas. C'est alors que je vis non loin dans l'herbe quelque chose. En y prêtant plus attention, je découvris avec horreur que c'était un bras. Chose étrange, mon bracelet était sur celui-ci. Je me retournai pour le dire à Vincent.
Celui-ci était méconnaissable. Des morceaux de pare-brise étaient enfoncés dans son visage. Ou du moins, dans ce qui en restait.
Le silence me surprit. Tout juste entrecoupé par le bruit d'une des roues qui tournait dans le vide.
Le dossier rouge avec la lettre D dessus était juste à mes cotés, à portée de bras. Je voulus tendre le mien pour le ramasser mais rien n'y fit. Le sang coulait sur mon visage et recouvrait mes yeux. Mon ventre me faisait horriblement mal. L'odeur infecte de déjections me monta au nez.
Cela devait arriver. Je m'étais fait dessus.
La Douleur reprit le dessus sur mes pensées et me fit hurler.
En regardant mieux, je voyais bien que c'était mon bras qui était par terre. Mes larmes se mélangèrent avec le sang. La fatigue me gagnait de plus en plus. Mes paupières devenaient lourdes. Si je dormais, je pourrais sûrement reprendre assez de forces pour quitter cette carcasse de voiture. Avant de fermer les yeux, je vis un couple sortir de la lisière du bois.
Un homme et une femme qui semblaient me dévisager tout en restant aux aguets. Je voulus les appeler mais rien ne vint. Les dernières choses que je vis avant de m'endormir fut qu'ils avançaient vers le véhicule.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
chapitre 26 : retour dans le Quartier
26 - Retour dans le Quartier
-- Sergent, on ne peut plus avancer de ce coté là.
-- Comment ça ? Vous n'avez pas entendu les ordres du 'pitaine ? On traverse cette putain d'avenue et on nettoie cette barre d'immeubles, gueula le sergent Champétre du troisième peloton de la compagnie C.
La dizaine de soldats qui l'entourait, était plaquée derrière un muret. Ils étaient tous couvert de cendres, de poussières et de sueurs. Leurs visages cachés par un masque à gaz portaient les stigmates de la fatigue, de la faim et de la soif. Une fumée épaisse et étouffante recouvrait l'esplanade et les entourait. Elle provenait d'un barrage de plusieurs véhicules et de pneus que les gars des citées avaient incendié.
Au début de l'opération « D », les militaires avaient fait reculer les délinquants au delà de plusieurs quartiers et barrages. Mais ils comprirent qu'ils étaient tombés dans un piège quand de nombreux véhicules prirent feu tout autour d'eux et que certains tombèrent dans des pièges explosifs ou des tirs de snipers. Des rafales de fusil d'assaut avaient cueilli les premiers militaires et plus rien ne ressemblait aux délicats plans des hautes autorités.
Ces plans qui avaient été écrits par les soit-disants experts. Ces plans qui expliquaient le type de fusils d'assaut que l'on pouvait trouver dans ces quartiers dit sensibles. Ces plans où il était écrit que les militaires allaient rencontrer une bande de gamins faciles à terroriser et à interpeller. Ces plans où les caches d'armes devaient être démantelées rapidement.
Mais les experts n'avaient pas prévu ce que les militaires allaient trouver dans ces quartiers longtemps abandonnés par le Système.
Les barres d'immeubles avaient été reliées entre elles par des tunnels creusés par la délinquance locale. Autrefois pour échapper à la Police puis utilisés pour se cacher avec leur famille lors de l'envoi du Gaz ; et maintenant pour effectuer des manœuvres de guerre contre l'Armée.
Dés que les premiers pelotons s'étaient aventurés dans les différents quartiers, ils avaient été attendus et beaucoup de militaires étaient tombés.
Peu de temps après le Bug, Samir, la Fouine et ceux qui avaient survécu à l'assaut des militaires non loin du Commissariat étaient revenus rapidement dans le quartier.
Les Sonnettes avaient tinté rapidement comme pour les grandes descentes de flics. Les familles des délinquants avaient été évacuées dans les souterrains, garages et parking en moins d'une heure. Samir avait organisé les défenses rapidement. Il exécutait juste les différents points qu'il avait organisé avec Diégo, Max et bien d'autre.
Ils ne savaient pas comment étaient organisés les autres quartiers mais des trêves avaient été pactisées et beaucoup étaient prêts pour des affrontements contre l'Autorité. Les armes d'assaut avaient été sorties des caches. Des voitures et des camions avaient été poussées sur la chaussée sur les différents axes prévus. Des snipers s'étaient mis en place dans les appartements qui avaient les meilleurs points de vue sur le quartier et ses abords. Des Sonnettes étaient parties en avant dans les rues et avenues voisines.
Lorsque le gaz enveloppa la ville, les préparatifs étaient à leur comble. Ceux qui étaient dehors et non équipés de masque tombèrent les premiers avertissant ainsi certaines Sonnettes du danger ; alors tous les parkings sous-terrains, tunnels, garages furent fermés hermétiquement.
La population du quartier fatiguée car tirée du lit attendait, inquiète des jours avenirs. Samir et la Fouine et ceux équipés de masque à gaz attendaient, cachés prés des fenêtres de certains appartements.
- Qu'est ce que c'est que tout ce bordel ? murmura la Fouine en voyant arriver un détachement de soldats d'une avenue. Il les avaient vus peu de temps avant le gaz, embarquer dans des camions des familles entières du Quartier et des environs. Ils semblait que les militaires voulaient que tout le monde quitte la ville.
- Je pense qu'ils veulent nous faire sortir de notre trou, lança Samir en épaulant sa carabine. Une belle carabine de chasse en calibre 223 avec lunette et silencieux. Un vrai truc de Braco de Dingue, comme il aimait dire. Une pure merveille de sniper. Tous ses gars attendaient le signal. Après ce qui s'était passé près du Commissariat, ils n'allaient pas laisser le Système leur enlever leur Quartier. Dans sa lunette, le visage d'un gradé se retrouva dans le réticule de visée. Il respira doucement, coupa son souffle et appuya sur la détente.
Le premier mort tomba.
Puis la bataille commença. Des cocktails molotov tombèrent sur les véhicules militaires et les voitures qui avaient servi de barrage. Les fusils d'assaut firent pleuvoir un nuage mortel sur les militaires qui ripostèrent rapidement en se mettant à couvert.
La première nuit fut très éprouvante pour les deux camps. Des drones et des hélicoptères passèrent durant la deuxième journée au dessus du Quartier. Deux tombèrent sous le tir conjugué de plusieurs lance-roquettes prévus au départ pour les véhicules blindés des policiers. Le troisième jour, les nouvelles des autres quartiers affluèrent rapidement. La Guerre contre l'État était engagé. Des commerces avaient déjà été pillés. Des réfugiés revenaient des camps militaires où ils devaient normalement se sentir protégés. Ils apprirent que des fusillades avaient eu lieu et qu'il y avait eu de nombreux morts.
Le Sergent Champètre et son peloton ne pouvaient ni avancer ni reculer. Ils avaient été pris dans un affreux piège et le commandement ne daignait plus répondre à la radio. Le deuxième et quatrième peloton ne répondaient pas non plus. Ils semblaient encerclés de toutes parts. Les balles ricochaient sans arrêt autour d'eux à un rythme effrayant. Aucun soutient aérien ne venait depuis la nuit passée. Ils entendirent alors le lourd et puissant rugissement du moteur d'un véhicule blindé. Tous les soldats se sourirent heureux de pouvoir enfin voir la fin de cette fusillade. À travers la fumée, ils virent le véhicule blindé percuter plusieurs carcasses de voitures. Il était couvert d'impact de balles de différents calibres. Sur celui-ci un tee-shirt au couleur du Quartier flottait accrocher à l'antenne. Le véhicule s'arrêta à leur hauteur. Le moteur cala dans un affreux bruit de métal. Il venait enfin de rendre l'âme après être arrivé à destination. L'écoutille s'ouvrit et un Max tout souriant, en sortit pour se positionner à la mitrailleuse de bord. Diégo apparut derrière lui.
Les tirs provenant des barres d'immeubles aux alentours cessèrent aussitôt. Un silence implacable s'abattit sur le Quartier.
- Hé les Bidasses, interpella Diégo. Déposez vos armes et barrez-vous de mon Quartier. Si vous avez de la chance, vous pourrez rejoindre le reste de vos copains qui désertent la ville.
-- Sergent, on ne peut plus avancer de ce coté là.
-- Comment ça ? Vous n'avez pas entendu les ordres du 'pitaine ? On traverse cette putain d'avenue et on nettoie cette barre d'immeubles, gueula le sergent Champétre du troisième peloton de la compagnie C.
La dizaine de soldats qui l'entourait, était plaquée derrière un muret. Ils étaient tous couvert de cendres, de poussières et de sueurs. Leurs visages cachés par un masque à gaz portaient les stigmates de la fatigue, de la faim et de la soif. Une fumée épaisse et étouffante recouvrait l'esplanade et les entourait. Elle provenait d'un barrage de plusieurs véhicules et de pneus que les gars des citées avaient incendié.
Au début de l'opération « D », les militaires avaient fait reculer les délinquants au delà de plusieurs quartiers et barrages. Mais ils comprirent qu'ils étaient tombés dans un piège quand de nombreux véhicules prirent feu tout autour d'eux et que certains tombèrent dans des pièges explosifs ou des tirs de snipers. Des rafales de fusil d'assaut avaient cueilli les premiers militaires et plus rien ne ressemblait aux délicats plans des hautes autorités.
Ces plans qui avaient été écrits par les soit-disants experts. Ces plans qui expliquaient le type de fusils d'assaut que l'on pouvait trouver dans ces quartiers dit sensibles. Ces plans où il était écrit que les militaires allaient rencontrer une bande de gamins faciles à terroriser et à interpeller. Ces plans où les caches d'armes devaient être démantelées rapidement.
Mais les experts n'avaient pas prévu ce que les militaires allaient trouver dans ces quartiers longtemps abandonnés par le Système.
Les barres d'immeubles avaient été reliées entre elles par des tunnels creusés par la délinquance locale. Autrefois pour échapper à la Police puis utilisés pour se cacher avec leur famille lors de l'envoi du Gaz ; et maintenant pour effectuer des manœuvres de guerre contre l'Armée.
Dés que les premiers pelotons s'étaient aventurés dans les différents quartiers, ils avaient été attendus et beaucoup de militaires étaient tombés.
Peu de temps après le Bug, Samir, la Fouine et ceux qui avaient survécu à l'assaut des militaires non loin du Commissariat étaient revenus rapidement dans le quartier.
Les Sonnettes avaient tinté rapidement comme pour les grandes descentes de flics. Les familles des délinquants avaient été évacuées dans les souterrains, garages et parking en moins d'une heure. Samir avait organisé les défenses rapidement. Il exécutait juste les différents points qu'il avait organisé avec Diégo, Max et bien d'autre.
Ils ne savaient pas comment étaient organisés les autres quartiers mais des trêves avaient été pactisées et beaucoup étaient prêts pour des affrontements contre l'Autorité. Les armes d'assaut avaient été sorties des caches. Des voitures et des camions avaient été poussées sur la chaussée sur les différents axes prévus. Des snipers s'étaient mis en place dans les appartements qui avaient les meilleurs points de vue sur le quartier et ses abords. Des Sonnettes étaient parties en avant dans les rues et avenues voisines.
Lorsque le gaz enveloppa la ville, les préparatifs étaient à leur comble. Ceux qui étaient dehors et non équipés de masque tombèrent les premiers avertissant ainsi certaines Sonnettes du danger ; alors tous les parkings sous-terrains, tunnels, garages furent fermés hermétiquement.
La population du quartier fatiguée car tirée du lit attendait, inquiète des jours avenirs. Samir et la Fouine et ceux équipés de masque à gaz attendaient, cachés prés des fenêtres de certains appartements.
- Qu'est ce que c'est que tout ce bordel ? murmura la Fouine en voyant arriver un détachement de soldats d'une avenue. Il les avaient vus peu de temps avant le gaz, embarquer dans des camions des familles entières du Quartier et des environs. Ils semblait que les militaires voulaient que tout le monde quitte la ville.
- Je pense qu'ils veulent nous faire sortir de notre trou, lança Samir en épaulant sa carabine. Une belle carabine de chasse en calibre 223 avec lunette et silencieux. Un vrai truc de Braco de Dingue, comme il aimait dire. Une pure merveille de sniper. Tous ses gars attendaient le signal. Après ce qui s'était passé près du Commissariat, ils n'allaient pas laisser le Système leur enlever leur Quartier. Dans sa lunette, le visage d'un gradé se retrouva dans le réticule de visée. Il respira doucement, coupa son souffle et appuya sur la détente.
Le premier mort tomba.
Puis la bataille commença. Des cocktails molotov tombèrent sur les véhicules militaires et les voitures qui avaient servi de barrage. Les fusils d'assaut firent pleuvoir un nuage mortel sur les militaires qui ripostèrent rapidement en se mettant à couvert.
La première nuit fut très éprouvante pour les deux camps. Des drones et des hélicoptères passèrent durant la deuxième journée au dessus du Quartier. Deux tombèrent sous le tir conjugué de plusieurs lance-roquettes prévus au départ pour les véhicules blindés des policiers. Le troisième jour, les nouvelles des autres quartiers affluèrent rapidement. La Guerre contre l'État était engagé. Des commerces avaient déjà été pillés. Des réfugiés revenaient des camps militaires où ils devaient normalement se sentir protégés. Ils apprirent que des fusillades avaient eu lieu et qu'il y avait eu de nombreux morts.
Le Sergent Champètre et son peloton ne pouvaient ni avancer ni reculer. Ils avaient été pris dans un affreux piège et le commandement ne daignait plus répondre à la radio. Le deuxième et quatrième peloton ne répondaient pas non plus. Ils semblaient encerclés de toutes parts. Les balles ricochaient sans arrêt autour d'eux à un rythme effrayant. Aucun soutient aérien ne venait depuis la nuit passée. Ils entendirent alors le lourd et puissant rugissement du moteur d'un véhicule blindé. Tous les soldats se sourirent heureux de pouvoir enfin voir la fin de cette fusillade. À travers la fumée, ils virent le véhicule blindé percuter plusieurs carcasses de voitures. Il était couvert d'impact de balles de différents calibres. Sur celui-ci un tee-shirt au couleur du Quartier flottait accrocher à l'antenne. Le véhicule s'arrêta à leur hauteur. Le moteur cala dans un affreux bruit de métal. Il venait enfin de rendre l'âme après être arrivé à destination. L'écoutille s'ouvrit et un Max tout souriant, en sortit pour se positionner à la mitrailleuse de bord. Diégo apparut derrière lui.
Les tirs provenant des barres d'immeubles aux alentours cessèrent aussitôt. Un silence implacable s'abattit sur le Quartier.
- Hé les Bidasses, interpella Diégo. Déposez vos armes et barrez-vous de mon Quartier. Si vous avez de la chance, vous pourrez rejoindre le reste de vos copains qui désertent la ville.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
27 - Adieu
Où suis-je ?
Je ne sens rien... il me semble flotter, comme dans un éther confortable.
Mon esprit est engourdi, lent et grippé. Je pense ouvrir les yeux, mais le noir est partout. Je pense les fermer, mais rien ne change. Je sais que je dois analyser ce qui est en train de m'arriver, mais les informations s'engorgent et se percutent, bribes mélangées, éclats de conscience au rabais finalement incontrôlables. Je sais cela, je le sens, mais c'est apaisé, sans passion.
Je ne me pose pas la question sur «qui je suis», ça je le sais et là n'est pas mon inquiétude, mais où, quand, comment suis-je ! Car le noir est partout, autours de moi et en moi. Suis-je mort pour être à ce point déconnecté de mes sens physiques ? Suis-je dans le coma ? Je n'arrive pas à obtenir ce genre d'informations, je suis comme débranché de mon système sensitif...
Pourtant, il me semble que la lumière revient lentement, si lentement... je ne la ressens pas mais je perçois des couleurs qui dans un mélange venu du flou prennent netteté et contours, c'est brusque mais sans violence, c'est fugace mais collant, comme la projection saccadée d'un vieux film de pellicule en cellulose... qu'est-ce donc ? Je vois sans comprendre, entre les lueurs rémanentes qui passent devant moi et s'empilent dans mon esprit, si proches pourtant insaisissables et les images auxquelles ma conscience tente de se raccrocher... images en boucles, échos photographiques.
Comme si cela avait un sens ! Comme si je devais trouver le moyen ou une raison pour passer à la séquence suivante. Je suis prisonnier d'un kaléidoscope mémoriel car ce que je vois défiler sur l'écran pale de mon esprit, ce sont bien des souvenirs... même ces images qui commencent à devenir bien nettes et colorées échappent à ma volonté.
Victime d'un projectionniste, tortionnaire intime et sélectif.
Je crois que j'ai mal... mais en ce moment, seule cette rétine imaginaire souffre sous le stroboscope de ce que je pense être mes dernières heures de vivant. Sans doute suis-je mort ou en passe de l'être, sans doute suis-je en train de vivre là, s'il m'est encore permi d'utiliser le mot "vivre", mon départ de ce monde à l'aide de ce défilé vertigineux de cartes postales lumineuses et animées.
Je vois, un corps d'enfant, écrasé sur des pierres, je vois des bras, sans doute mes bras, s'en saisir et je vois le chemin défiler vers le haut, je vois une silhouette qui tente de m'agripper, qui m'aide à porter ce funeste fardeau, je vois des arbres, tout va très vite, tout se répète, je revois ce corps d'enfant, je sens que je marche, que je monte vers la forêt. Cette succession d'images fait mal, ça va vite, ça percute une pseudo rétine, ça percute une pseudo raison, car je sais que j'ai mal, mais je ne ressens rien et je ne peux rien stopper, comme une chute dans un puits d'images photographiées par mes yeux.
Je vois des mains qui posent ce corps d'enfant près d'un chemin, je vois défiler des ombres et de la lumière à travers les feuilles... je me vois tomber, rouler au bas d'une pente et percuter violemment une souche, je vois un visage affolé se pencher vers cet objectif invisible que je devine avoir été mes yeux, il me regarde, je sais que je connais ce visage, cette femme, il y a de la bonté dans son regard... elle me parle, mais nul son ne me parvient... je vois l'affolement et la peur, je me sens traîné sous un arbre mort, caché, je ne vois plus rien et je sais que le choc m'empêche de respirer, les images redeviennent floues.
A nouveau ces images reviennent, le corps, la fuite, la chute, le choc... avec d'autres détails, je vois les étoiles, je vois des éclairs rayer la nuit, je vois un véhicule jaillir dans les airs et après une éternité à planer s'écraser près de moi, je ne peux sortir de la boucle de ces images, je commence à ressentir la douleur. Je vois un homme, un militaire, démembré, couvert de sang, tendre vers moi son visage constellé de verre, chaque éclat est un diamant rayonnant de la lumière des flammes du feu naissant, mortelle parure. Je vois une main crispée se tendre vers une pochette rouge, je vois cet homme mourir, mourir sans s'en rendre compte... sans doute a-t'il vu ce que je vois moi même en ce moment. Suis-je comme lui un vivant coincé entre la vie et son abandon ? un presque cadavre dont le cerveau moribond se vide de son électricité en ravivant d'une dernière décharge des connexions mémorielles... je ne peux pas penser tant mes visions sont fortes et autoritaires, comme Alex DeLarge, je ne peux me soustraire à ce traitement « Ludovico ».
Je vois la femme, se diriger vers les corps, elle est affolée, elle panique, puis elle change de comportement, elle cherche, observe, je la vois prendre la pochette rouge, je la vois lire, tourner les pages avec angoisse et frénésie, je la vois me regarder, surveiller les alentours, lire encore à la lumière du moteur en flamme. Je ne comprends pas bien ses actes, elle garde la pochette, elle semble se baisser sur les corps sans vie, les retourne, semble ramasser des choses, en charger les poches de sa veste, ce moment semble durer, elle fouille, remue... mes yeux imaginaires me brûlent. La femme reviens vers moi, je la connais, je vois ses lèvres bouger, mais le son n'existe plus dans mon monde, elle me secoue, tire ma veste, me bouscule, me parle encore et encore... le sentier défile à nouveau, je le connais, nous redescendons vers notre point de départ, là où l'enfant est mort, je vois une entrée, noire, froide, à nouveau ce visage de femme en face de moi, elle parle, elle répète, elle pleure, elle me montre des choses, la pochette, des feuilles, un stylo, un objet noir en métal, des cartes... c'est confus, je sens l'importance du moment mais je ne peux que la regarder, pas la comprendre, je vois la silhouette s'éloigner, se retourner à de multiples reprises, je vois des larmes sur ce visage que je trouve beau et qui me déchirent un peu plus... j'aimerai tant comprendre... mais quelque chose change, les images viennent de disparaître et le noir ne l'est plus autant.
Devant moi, je devine une clarté, c'est nouveau et c'est différent, je la ressens en moi, pas autours.
Je crois que j'ai peur.
Serait-ce La clarté ? Le mythologique tunnel de lumière fin de toute vie humaine ? l'entrée du monde inconnu que chacun devra franchir ? Comme cette lumière aveuglante au bout du ventre maternel... une naissance... encore... ou seulement un Styx de photons vers un monde si redouté ? Ignoble Charron, je n'ai pas de pièces !
Je vois, je vois de mes yeux... j'en suis sûr ! Je vois enfin ce que tout homme a toujours cherché voir... je vois le bout du tunnel.
C'est bleu, c'est profond, c'est infini, c'est bleu et ça devient doré, doucement, doré et puissant, les contours commencent à se laisser deviner, c'est anguleux, c'est comme un tunnel de pierre, c'est un tunnel de pierre vers le ciel, vers les couleurs de l'aube... oui, je vois une branche au bout du tunnel, elle se dessine sur un ciel blanchi par les nuages sur la clarté du matin.
Je commence à bouger et la douleur finit par me réveiller complètement. Tout est bien là et vivant. Plus j'ai mal plus je vis...
Il me faut vite comprendre ce que j'ai vu durant mon rêve... vite avant que les images ne s'estompent, surtout ne pas oublier, mais ai-je vraiment rêvé ? Je me lève et mes yeux cherchent quelque chose malgré moi, un point dans ma gorge qui se serre seule, une sensation de froid intense dans mon ventre, un tremblement sur mes lèvres qui pourtant depuis quelques minutes murmurent : Lisa....
Il a fallut que j'entende ma propre voix murmurer pour que tout me revienne. La mort de l'enfant, la remontée du corps, ma chute, l'accident du véhicule militaire et... Lisa qui est partie.
Je suis retombé comme un sac sur le sol poudreux de la grotte... anéanti. J'aurais bien laissé ma vie me fuir pour ce coup ci emprunter le vrai tunnel des âmes...
Lisa, pourquoi ? Qu'as-tu fait ? Qu'as-tu voulu me dire ? Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi m'as-tu laissé ? Pourquoi me donnes tu la pire de mes douleurs ?
Je suis resté là, prostré et ce n'est que lorsque la lumière du jour, rayonnant sur les parois de la grotte a atteint le petit tas de feuilles posé là, juste à côté que mon regard à pu lire : Etat major des Armées – Dossier « D » Phase 1 « Murmures » .
Sans comprendre, j'ai saisi ces feuilles et commencé à les lire. J'espérai trouver un message de Toi.
J'étais loin de me douter du contenu...
Je ne sens rien... il me semble flotter, comme dans un éther confortable.
Mon esprit est engourdi, lent et grippé. Je pense ouvrir les yeux, mais le noir est partout. Je pense les fermer, mais rien ne change. Je sais que je dois analyser ce qui est en train de m'arriver, mais les informations s'engorgent et se percutent, bribes mélangées, éclats de conscience au rabais finalement incontrôlables. Je sais cela, je le sens, mais c'est apaisé, sans passion.
Je ne me pose pas la question sur «qui je suis», ça je le sais et là n'est pas mon inquiétude, mais où, quand, comment suis-je ! Car le noir est partout, autours de moi et en moi. Suis-je mort pour être à ce point déconnecté de mes sens physiques ? Suis-je dans le coma ? Je n'arrive pas à obtenir ce genre d'informations, je suis comme débranché de mon système sensitif...
Pourtant, il me semble que la lumière revient lentement, si lentement... je ne la ressens pas mais je perçois des couleurs qui dans un mélange venu du flou prennent netteté et contours, c'est brusque mais sans violence, c'est fugace mais collant, comme la projection saccadée d'un vieux film de pellicule en cellulose... qu'est-ce donc ? Je vois sans comprendre, entre les lueurs rémanentes qui passent devant moi et s'empilent dans mon esprit, si proches pourtant insaisissables et les images auxquelles ma conscience tente de se raccrocher... images en boucles, échos photographiques.
Comme si cela avait un sens ! Comme si je devais trouver le moyen ou une raison pour passer à la séquence suivante. Je suis prisonnier d'un kaléidoscope mémoriel car ce que je vois défiler sur l'écran pale de mon esprit, ce sont bien des souvenirs... même ces images qui commencent à devenir bien nettes et colorées échappent à ma volonté.
Victime d'un projectionniste, tortionnaire intime et sélectif.
Je crois que j'ai mal... mais en ce moment, seule cette rétine imaginaire souffre sous le stroboscope de ce que je pense être mes dernières heures de vivant. Sans doute suis-je mort ou en passe de l'être, sans doute suis-je en train de vivre là, s'il m'est encore permi d'utiliser le mot "vivre", mon départ de ce monde à l'aide de ce défilé vertigineux de cartes postales lumineuses et animées.
Je vois, un corps d'enfant, écrasé sur des pierres, je vois des bras, sans doute mes bras, s'en saisir et je vois le chemin défiler vers le haut, je vois une silhouette qui tente de m'agripper, qui m'aide à porter ce funeste fardeau, je vois des arbres, tout va très vite, tout se répète, je revois ce corps d'enfant, je sens que je marche, que je monte vers la forêt. Cette succession d'images fait mal, ça va vite, ça percute une pseudo rétine, ça percute une pseudo raison, car je sais que j'ai mal, mais je ne ressens rien et je ne peux rien stopper, comme une chute dans un puits d'images photographiées par mes yeux.
Je vois des mains qui posent ce corps d'enfant près d'un chemin, je vois défiler des ombres et de la lumière à travers les feuilles... je me vois tomber, rouler au bas d'une pente et percuter violemment une souche, je vois un visage affolé se pencher vers cet objectif invisible que je devine avoir été mes yeux, il me regarde, je sais que je connais ce visage, cette femme, il y a de la bonté dans son regard... elle me parle, mais nul son ne me parvient... je vois l'affolement et la peur, je me sens traîné sous un arbre mort, caché, je ne vois plus rien et je sais que le choc m'empêche de respirer, les images redeviennent floues.
A nouveau ces images reviennent, le corps, la fuite, la chute, le choc... avec d'autres détails, je vois les étoiles, je vois des éclairs rayer la nuit, je vois un véhicule jaillir dans les airs et après une éternité à planer s'écraser près de moi, je ne peux sortir de la boucle de ces images, je commence à ressentir la douleur. Je vois un homme, un militaire, démembré, couvert de sang, tendre vers moi son visage constellé de verre, chaque éclat est un diamant rayonnant de la lumière des flammes du feu naissant, mortelle parure. Je vois une main crispée se tendre vers une pochette rouge, je vois cet homme mourir, mourir sans s'en rendre compte... sans doute a-t'il vu ce que je vois moi même en ce moment. Suis-je comme lui un vivant coincé entre la vie et son abandon ? un presque cadavre dont le cerveau moribond se vide de son électricité en ravivant d'une dernière décharge des connexions mémorielles... je ne peux pas penser tant mes visions sont fortes et autoritaires, comme Alex DeLarge, je ne peux me soustraire à ce traitement « Ludovico ».
Je vois la femme, se diriger vers les corps, elle est affolée, elle panique, puis elle change de comportement, elle cherche, observe, je la vois prendre la pochette rouge, je la vois lire, tourner les pages avec angoisse et frénésie, je la vois me regarder, surveiller les alentours, lire encore à la lumière du moteur en flamme. Je ne comprends pas bien ses actes, elle garde la pochette, elle semble se baisser sur les corps sans vie, les retourne, semble ramasser des choses, en charger les poches de sa veste, ce moment semble durer, elle fouille, remue... mes yeux imaginaires me brûlent. La femme reviens vers moi, je la connais, je vois ses lèvres bouger, mais le son n'existe plus dans mon monde, elle me secoue, tire ma veste, me bouscule, me parle encore et encore... le sentier défile à nouveau, je le connais, nous redescendons vers notre point de départ, là où l'enfant est mort, je vois une entrée, noire, froide, à nouveau ce visage de femme en face de moi, elle parle, elle répète, elle pleure, elle me montre des choses, la pochette, des feuilles, un stylo, un objet noir en métal, des cartes... c'est confus, je sens l'importance du moment mais je ne peux que la regarder, pas la comprendre, je vois la silhouette s'éloigner, se retourner à de multiples reprises, je vois des larmes sur ce visage que je trouve beau et qui me déchirent un peu plus... j'aimerai tant comprendre... mais quelque chose change, les images viennent de disparaître et le noir ne l'est plus autant.
Devant moi, je devine une clarté, c'est nouveau et c'est différent, je la ressens en moi, pas autours.
Je crois que j'ai peur.
Serait-ce La clarté ? Le mythologique tunnel de lumière fin de toute vie humaine ? l'entrée du monde inconnu que chacun devra franchir ? Comme cette lumière aveuglante au bout du ventre maternel... une naissance... encore... ou seulement un Styx de photons vers un monde si redouté ? Ignoble Charron, je n'ai pas de pièces !
Je vois, je vois de mes yeux... j'en suis sûr ! Je vois enfin ce que tout homme a toujours cherché voir... je vois le bout du tunnel.
C'est bleu, c'est profond, c'est infini, c'est bleu et ça devient doré, doucement, doré et puissant, les contours commencent à se laisser deviner, c'est anguleux, c'est comme un tunnel de pierre, c'est un tunnel de pierre vers le ciel, vers les couleurs de l'aube... oui, je vois une branche au bout du tunnel, elle se dessine sur un ciel blanchi par les nuages sur la clarté du matin.
Je commence à bouger et la douleur finit par me réveiller complètement. Tout est bien là et vivant. Plus j'ai mal plus je vis...
Il me faut vite comprendre ce que j'ai vu durant mon rêve... vite avant que les images ne s'estompent, surtout ne pas oublier, mais ai-je vraiment rêvé ? Je me lève et mes yeux cherchent quelque chose malgré moi, un point dans ma gorge qui se serre seule, une sensation de froid intense dans mon ventre, un tremblement sur mes lèvres qui pourtant depuis quelques minutes murmurent : Lisa....
Il a fallut que j'entende ma propre voix murmurer pour que tout me revienne. La mort de l'enfant, la remontée du corps, ma chute, l'accident du véhicule militaire et... Lisa qui est partie.
Je suis retombé comme un sac sur le sol poudreux de la grotte... anéanti. J'aurais bien laissé ma vie me fuir pour ce coup ci emprunter le vrai tunnel des âmes...
Lisa, pourquoi ? Qu'as-tu fait ? Qu'as-tu voulu me dire ? Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi m'as-tu laissé ? Pourquoi me donnes tu la pire de mes douleurs ?
Je suis resté là, prostré et ce n'est que lorsque la lumière du jour, rayonnant sur les parois de la grotte a atteint le petit tas de feuilles posé là, juste à côté que mon regard à pu lire : Etat major des Armées – Dossier « D » Phase 1 « Murmures » .
Sans comprendre, j'ai saisi ces feuilles et commencé à les lire. J'espérai trouver un message de Toi.
J'étais loin de me douter du contenu...
________________________________________________________
"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
- Nombre de messages : 1570
Localisation : :noitasilacoL
Emploi : :iolpmE
Loisirs : :srisioL
Date d'inscription : 29/10/2010
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
28 - Murmures
Pour m'emparer des documents j'ouvris rapidement la couverture sale, maculée de tâches que je devinais être du sang séché, abîmée d'accrocs et de traces de brûlures. Le sang d'un autre m'a toujours dégouté. Répugnant.
Il n'y avait que quelques pages imprimées sur du papier filigrané et encore certaines étaient déchirées. Manifestement, le dossier était incomplet et seules trois feuilles dépassaient, celle dont j'avais lu le haut, comme mises en évidence. Dans mes souvenirs confus, je me rappelai bien que Lisa avait agité ces feuilles devant moi. J'en commençais la lecture, avide de tout détail pouvant faire taire cette sourde douleur dans ma poitrine, dans mon cœur.
Opération "Murmure" annexe finale
Référence:[i]196-6042-8
Phase préparatoire plan "D".
Pollution systématique des canaux de communication du cyber espace. Mise en place de vecteurs contrôlés via des communautés virtuelles.
Moyen humain : Dimitri Drönner - Helena Kosliapolos
Moyens techniques : grid700 - 8,2 petaflops
Localisation : salle 5 ème niveau construction A441 (capitale secteur 4)
Planification : J-40 à j0 H0 (J : 28 avril H 23h30 GMT)
Note : Sujet devenu incontrôlable, possibilité de fuite trop élevé. Sujet éliminé (voir pièce en annexe - tentative d'envoi de mail crypté via réseau parasite) j0 H-2
Classification N55 - TOP SECRET -
Message capté :
Note de l'opérateur de surveillance "Murmure" :
Alerte niveau 1 : compromission de l'opération.
Installation neutralisée J0 - H-1 par lancement de procédure de déclenchement incendie et neutralisation au Halon.
Mail intercepté et consigné.
Personnel neutralisé : deux - incinération immédiate
Phase "Murmures" terminée.
Note additionnelle de l'opérateur de surveillance : DD : Dead Dimitri !
Ma crâne était en ébullition... Je relus trois fois le document, à chaque lecture, je remettais en doute ce que mes yeux venaient de lire, J'en venais à douter de tout ! Aurait-on sacrifié deux militaires pour que ce document tombe entre nos mains ? Etait-ce deux déserteurs fuyant avec des papiers compromettants ? Ou bien juste une évacuation du camp soudain en insurrection ? Comme un cordon de cuir humide, un chapelet de "pourquoi" étranglait mes pensées.
Ainsi donc, le "Grand Noir" avait été mis en place et planifié depuis au minimum 40 jours ! Ainsi donc, une "certaine agence gouvernementale" ayant d'énormes moyens malgré cette crise ravageuse, avait déjà agit, sans aucun respect de la vie humaine. Ainsi donc depuis 40 jours, l'accès internet était totalement sous contrôle et pire, filtré et "remplacé"... ainsi donc depuis 40 jour la population était manipulée ! mais le suis-je en ce moment même ?
Je jetais un regard aux autres feuilles déchirées mais mis à part une mention sur le "confinement militaire" des villes, il me semblait que les parties importantes avaient été arrachées. J'avais le sentiment de ne voir qu'une infime partie de ce qui était maintenant une gigantesque opération.
Plus je regardai les documents et plus en surimpression, je voyais le visage de Lisa remuer les lèvres sans qu'aucun son ne me parvienne... mon imaginaire lui donnait maintenant un visage douloureux, comme si elle me lançait un message d'adieu derrière une vitre trop épaisse. J'étais triste à en crever mais vexé aussi, mon Amour-propre souffrait à nouveau le martyre.
J'essayais de me calmer, d'endiguer le flot assassin de mes trop nombreuses pensées, tsunami étouffant d'hypothèses paralysantes. Trop d'idées tue l'idée.
Tel un médium, je tentais de mettre en place un rituel pour réactiver cet oeil intérieur et retourner dans mon proche passé vivre à nouveau mes heures oubliées et parler à l'Absente. Il me fallait des accessoires !
Je repensais alors aux objets que Lisa m'avait montré dans ma vision souvenir.
Je retrouvais le stylo, un stylo bille, mais il était vide et ne pouvait plus écrire, j'étalai ensuite les feuilles devant moi. Il me manquait quelque chose... je trouvais les cartes à quelque mètres et bien pliée, une veste de treillis avec grades et bande patronymique, posé dessus, un objet en métal noir... un 9mm automatique et trois chargeurs.
Les clefs d'un code, la solution d'une énigme !
Voilà donc les objets qui, je le pensais fortement, agencés et invoqués correctement ouvriraient obligatoirement le passé et me livreraient le message de Lisa.
L'opération "Murmures"... les cartes... la veste de treillis... le pistolet... le stylo ! Stéganographie perverse.
Plus je tentais de faire le vide en moi et plus de nouvelles idées venaient me polluer, j'étais certes, très fatigué et le choc contre la souche lors de ma chute devait m'avoir fêlé ou cassé quelques côtes, il était dés lors presque impossible de laisser à mon esprit un vide suffisant pour cette méditation à rebours tant j'étais mal disposé, physiquement et mentalement.
Une chose était certaine, j'étais trop confus pour y arriver, trop faible, trop distrait. les images gardèrent leurs secrets et ma tête était sous pression.
Je décidais alors d'inspecter chaque objet, le décortiquer pour comprendre pourquoi il avait eu une place particulière dans le message de Lisa ; j'étudiais chaque feuille, une à une, méticuleusement, cherchant des lettres marquées, soulignées, des indices... rien !
Je démontais le stylo à bille... rien !
Je fouillai le treillis ; poches, coutures, rabats... rien ! Le grade, la bande patronymique... pourquoi ?
Je regardais longuement le pistolet, enlevai une à une chaque balle des chargeurs, tentant de démonter l'arme à la recherche d'un message roulé sur un petit morceau de papier... mais rien !
Je regardais les cartes et au bout de longues minutes, j'y vis des trous à cinq endroits... j'avais enfin trouvé quelque chose, mais au lieu de m'éclaircir, ces cinq trous, à la périphérie de la ville dans laquelle j'habitais... nous habitions... ne faisaient qu'augmenter mon affolement. Sans autre information, ils n'étaient qu'interrogations de plus ! Sans doute cette carte était punaisée au mur avec d'autres éléments nécessaire à la compréhension des "trous".
Pourquoi m'avoir montré tout cela si je n'arrivais pas à trouver ton message... Maudite Lisa !
Je décidais ensuite d'explorer tout mon environnement immédiat. Tel un archéologue, je quadrillais le sol à l'aide d'une brindille, et carré par carré j'inspectais, je cherchais un signe, un indice... soulevant chaque pierre, creusant chaque mini-tumulus. J'allais même jusqu'à l'endroit maudit où l'enfant s'était écrasé.
Rien...absolument rien, désespérément rien.
J'étais frustré, victime d'une colère négative, celle qui accapare les sens au lieu de les laisser à la perception des choses matérielles et immatérielles, au lieu de les laisser à la pure logique, à la déduction. Telles des billes en acier tournant à toute vitesse dans l'espace hermétique de mon esprit, les interrogations me paralysaient. Leur vacarme était insupportable. Les idées sont du bruit cérébral.
Je me fixais deux jours ! Oui, deux jours pour trouver le message de Lisa. Deux jours qui, délai donné et indiscutable, me permettraient de ne pas me poser de question sur ce qui "devait être" ce qui correspondait à une "norme" acceptable. Non, deux jours ! Je pourrai douter de tout et de rien, sauf de la durée impartie à la recherche du message de Lisa.
Et pourtant, c'était là, devant moi...
Pour m'emparer des documents j'ouvris rapidement la couverture sale, maculée de tâches que je devinais être du sang séché, abîmée d'accrocs et de traces de brûlures. Le sang d'un autre m'a toujours dégouté. Répugnant.
Il n'y avait que quelques pages imprimées sur du papier filigrané et encore certaines étaient déchirées. Manifestement, le dossier était incomplet et seules trois feuilles dépassaient, celle dont j'avais lu le haut, comme mises en évidence. Dans mes souvenirs confus, je me rappelai bien que Lisa avait agité ces feuilles devant moi. J'en commençais la lecture, avide de tout détail pouvant faire taire cette sourde douleur dans ma poitrine, dans mon cœur.
Opération "Murmure" annexe finale
Référence:[i]196-6042-8
Phase préparatoire plan "D".
Pollution systématique des canaux de communication du cyber espace. Mise en place de vecteurs contrôlés via des communautés virtuelles.
Moyen humain : Dimitri Drönner - Helena Kosliapolos
Moyens techniques : grid700 - 8,2 petaflops
Localisation : salle 5 ème niveau construction A441 (capitale secteur 4)
Planification : J-40 à j0 H0 (J : 28 avril H 23h30 GMT)
Note : Sujet devenu incontrôlable, possibilité de fuite trop élevé. Sujet éliminé (voir pièce en annexe - tentative d'envoi de mail crypté via réseau parasite) j0 H-2
Classification N55 - TOP SECRET -
Message capté :
- Code:
Salut les Kiddies !
C'est moi, ]DD[, alias ]Device Dumper[, alias Dimitri Drönner le roi du hackdergoundZ.
Ça fait maintenant 40 jours que je suis au fond de ce foutu bunker. Franchement, l'air pollué de la surface me manque... merde aux filtres ! au recyclage !!! je veux m'intoxiquer aux rejets des bagnoles, des bus, des scoots, marcher sur du goudron puant et voir le soleil !
Vous vous demandez certainement pourquoi j'ai disparu depuis tout ce temps ?
Moi DD, [i]Discret Dimitri[/i] !
Hé bien, c'est simple, je n'ai pas pu résister à l'offre d'une société gouvernementale ! Moi le farouche combattant de l'autorité ! Ah je m'imagine bien vos yeux humides et votre face décomposée devant vos écrans ! Moi, passé du côté obscur de la force ! Lol !
Quelle offre ? hmmm devinez...
Si je vous disais que je suis dans un endroit qui contient un cluster de 672 nodes ? massivement multipross... j'ai mon petaflop personnel !!! Et je ne parle même pas de mon compte en banque, magiquement plein et mystérieusement transféré à l'étranger ! là ou fiscal rime avec légal
DD aka [i]Démoniaque Dimitri[/i] !
Allez, bavez, bavez sur vos claviers !!!
Mais il y a mieux !
Je ne suis pas seul, je suis avec Helena ! hé oui Helena la Bomba ! tas de geek aux hormones ! je ne suis pas comme vous, bande de lamerz ! J'ai même demandé un banc aux U.V et je l'ai eu ! Et entre Helena et moi, déjà que trois jours après notre enfermement elle n'en pouvait déjà plus, les ports sont bien ouverts ! on formatte jour et nuit ! pas du cyber mais du flesh-Sex, Real-Orgasmic process ! funzzzz !
DD aka[i] Débauché Dimitri[/i] !
Mais le plus génial, c'est le pourquoi du comment !
Savez-vous ce que je fais ?
Je vous espionne ! A moi tout seul, avec ma légion de procos, je scanne la toile pour chaque mot, chaque expression correspondant à un pattern défini ! Mais , oui, Echelon... pffff la préhistoire ! J'ai développé l'algo le plus puissant d'analyse de trame et de remplacement en temps réel. Tout ce qui se dit dans notre beau pays passe par moi, tout ce qui se montre passe par moi sans que personne jamais ne puisse le savoir... je suis le Maître du cyberespace ! Je loggue, taggue, fake, sniffe donc je suis ! Et j'ai du neuf dans ma tête, un projet Kolossal à reléguer vos meilleurs codes au niveau de scripts kiddies.
DD aka [i]Digital Dimitr[/i]i !
Je raconterai à celui qui, une fois sorti, m'offrira un tonneau de kriek lambic et les clefs de sa bécane le détail des choses et vous comprendrez à quel point je suis génial !
Ce soir, c'est le grand soir, à 23h31 pétantes je sortirai enfin à l'air libre. Helena restera avec moi. Helena ? Ha oui, vous vous demandez ce qu'elle fout là ? Mais Helena... c'est la reine de la communauté virtuelle, c'est la déesse de la fausse vie ! Grâce à un autre de mes code, elle a créé des communautés virtuelles, des milliers de pseudos, des centaines de forums, de blogs, de sites communautaires... peuplés à 90% de h-bot comme elle les appelle, ses créations : human-bots ! Des identités artificielles qui se parlent les unes les autres, se répondent, croisent leurs messages de faux blogs en faux forums... au final ? presque 60% de vrais internautes sont venus se noyer dans le discours artificiel des h-bots d'Helena. Et pire, elle a réussi à faire exécuter certaines chose à certains membres ! Je contrôle ce qui transite, elle contrôle ce qui se répand ! Finalement, je dirige le monde, si je veux ! Mon employeur est aux anges !
J'ai le pouvoir de rassembler les geeks, un message et les no-life se feront berner par leurs smart-phones, leurs PDA et leurs tablettes, pensant avec leurs cerveaux atrophiés que ce qui est lu plus de quatre fois à plus de quatre endroits est forcément vrai ! ! Pathétiques moutons d'Oncle Silicone. Ecoutez le pipo de Panurge. Et si je vous disais que j'ai créé un DNS-bot ??? Fléau futur des gouvernements !
DD aka [i]Dictateur Dimitri[/i] !!
Je sais que je suis épié par mon donneur d'ordre, mais il est loin de se douter que j'ai mis en place un ver qui va me permettre de vous envoyer ce mail qui sera immunisé contre mes propres spy-bots et fake-bots... Il vous arrivera en bon état, tout propre...
DD aka [i]Distingué Dimitri[/i] !!
Je sais que ce travail est ma consécration ! Et je sais que je vais faire de grandes choses par la suite. Je ré-écrirai un Manifesto et ++Mentor++ sera bien fier de voir qu'un de ses premiers disciples est devenu si puissant.
Vivement l'air libre !!
Vivement 23h31 !
So long my friendz , c u au HackKonTest prochain !
A toi 666VlaD666, mon frère emprisonné dans des geôles humides, victime de ton génie, je te dédie mon retour, je reviens et ça va faire mal, aussi en ton nom !
]DD[ bientôt aka [i]Dimitri Délivré[/i]... Divin Dimitri aka Destructeur Dimitri !!!
Note de l'opérateur de surveillance "Murmure" :
Alerte niveau 1 : compromission de l'opération.
Installation neutralisée J0 - H-1 par lancement de procédure de déclenchement incendie et neutralisation au Halon.
Mail intercepté et consigné.
Personnel neutralisé : deux - incinération immédiate
Phase "Murmures" terminée.
Note additionnelle de l'opérateur de surveillance : DD : Dead Dimitri !
Ma crâne était en ébullition... Je relus trois fois le document, à chaque lecture, je remettais en doute ce que mes yeux venaient de lire, J'en venais à douter de tout ! Aurait-on sacrifié deux militaires pour que ce document tombe entre nos mains ? Etait-ce deux déserteurs fuyant avec des papiers compromettants ? Ou bien juste une évacuation du camp soudain en insurrection ? Comme un cordon de cuir humide, un chapelet de "pourquoi" étranglait mes pensées.
Ainsi donc, le "Grand Noir" avait été mis en place et planifié depuis au minimum 40 jours ! Ainsi donc, une "certaine agence gouvernementale" ayant d'énormes moyens malgré cette crise ravageuse, avait déjà agit, sans aucun respect de la vie humaine. Ainsi donc depuis 40 jours, l'accès internet était totalement sous contrôle et pire, filtré et "remplacé"... ainsi donc depuis 40 jour la population était manipulée ! mais le suis-je en ce moment même ?
Je jetais un regard aux autres feuilles déchirées mais mis à part une mention sur le "confinement militaire" des villes, il me semblait que les parties importantes avaient été arrachées. J'avais le sentiment de ne voir qu'une infime partie de ce qui était maintenant une gigantesque opération.
Plus je regardai les documents et plus en surimpression, je voyais le visage de Lisa remuer les lèvres sans qu'aucun son ne me parvienne... mon imaginaire lui donnait maintenant un visage douloureux, comme si elle me lançait un message d'adieu derrière une vitre trop épaisse. J'étais triste à en crever mais vexé aussi, mon Amour-propre souffrait à nouveau le martyre.
J'essayais de me calmer, d'endiguer le flot assassin de mes trop nombreuses pensées, tsunami étouffant d'hypothèses paralysantes. Trop d'idées tue l'idée.
Tel un médium, je tentais de mettre en place un rituel pour réactiver cet oeil intérieur et retourner dans mon proche passé vivre à nouveau mes heures oubliées et parler à l'Absente. Il me fallait des accessoires !
Je repensais alors aux objets que Lisa m'avait montré dans ma vision souvenir.
Je retrouvais le stylo, un stylo bille, mais il était vide et ne pouvait plus écrire, j'étalai ensuite les feuilles devant moi. Il me manquait quelque chose... je trouvais les cartes à quelque mètres et bien pliée, une veste de treillis avec grades et bande patronymique, posé dessus, un objet en métal noir... un 9mm automatique et trois chargeurs.
Les clefs d'un code, la solution d'une énigme !
Voilà donc les objets qui, je le pensais fortement, agencés et invoqués correctement ouvriraient obligatoirement le passé et me livreraient le message de Lisa.
L'opération "Murmures"... les cartes... la veste de treillis... le pistolet... le stylo ! Stéganographie perverse.
Plus je tentais de faire le vide en moi et plus de nouvelles idées venaient me polluer, j'étais certes, très fatigué et le choc contre la souche lors de ma chute devait m'avoir fêlé ou cassé quelques côtes, il était dés lors presque impossible de laisser à mon esprit un vide suffisant pour cette méditation à rebours tant j'étais mal disposé, physiquement et mentalement.
Une chose était certaine, j'étais trop confus pour y arriver, trop faible, trop distrait. les images gardèrent leurs secrets et ma tête était sous pression.
Je décidais alors d'inspecter chaque objet, le décortiquer pour comprendre pourquoi il avait eu une place particulière dans le message de Lisa ; j'étudiais chaque feuille, une à une, méticuleusement, cherchant des lettres marquées, soulignées, des indices... rien !
Je démontais le stylo à bille... rien !
Je fouillai le treillis ; poches, coutures, rabats... rien ! Le grade, la bande patronymique... pourquoi ?
Je regardais longuement le pistolet, enlevai une à une chaque balle des chargeurs, tentant de démonter l'arme à la recherche d'un message roulé sur un petit morceau de papier... mais rien !
Je regardais les cartes et au bout de longues minutes, j'y vis des trous à cinq endroits... j'avais enfin trouvé quelque chose, mais au lieu de m'éclaircir, ces cinq trous, à la périphérie de la ville dans laquelle j'habitais... nous habitions... ne faisaient qu'augmenter mon affolement. Sans autre information, ils n'étaient qu'interrogations de plus ! Sans doute cette carte était punaisée au mur avec d'autres éléments nécessaire à la compréhension des "trous".
Pourquoi m'avoir montré tout cela si je n'arrivais pas à trouver ton message... Maudite Lisa !
Je décidais ensuite d'explorer tout mon environnement immédiat. Tel un archéologue, je quadrillais le sol à l'aide d'une brindille, et carré par carré j'inspectais, je cherchais un signe, un indice... soulevant chaque pierre, creusant chaque mini-tumulus. J'allais même jusqu'à l'endroit maudit où l'enfant s'était écrasé.
Rien...absolument rien, désespérément rien.
J'étais frustré, victime d'une colère négative, celle qui accapare les sens au lieu de les laisser à la perception des choses matérielles et immatérielles, au lieu de les laisser à la pure logique, à la déduction. Telles des billes en acier tournant à toute vitesse dans l'espace hermétique de mon esprit, les interrogations me paralysaient. Leur vacarme était insupportable. Les idées sont du bruit cérébral.
Je me fixais deux jours ! Oui, deux jours pour trouver le message de Lisa. Deux jours qui, délai donné et indiscutable, me permettraient de ne pas me poser de question sur ce qui "devait être" ce qui correspondait à une "norme" acceptable. Non, deux jours ! Je pourrai douter de tout et de rien, sauf de la durée impartie à la recherche du message de Lisa.
Et pourtant, c'était là, devant moi...
________________________________________________________
"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
- Nombre de messages : 1570
Localisation : :noitasilacoL
Emploi : :iolpmE
Loisirs : :srisioL
Date d'inscription : 29/10/2010
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
29 - Course contre le temps.
BUG +1 heures 12 minutes.
─ Bordel. Où est elle passée ? Hurla Loup-Alpha dans son micro.
Son masque à gaz déformait sa voix mais pas son mécontentement. Son poing frappa rageusement le tableau de bord du véhicule blindé.
─ Je n'en sais rien en tout cas elle n'est pas ici, lui répondit-on.
─ Et les dossiers ?
─ Ils ont été brulés dans la salle de bain. On a trouvé un masque à gaz.
─ Le matériel informatique ?
─ Les ordinateurs ont été neutralisés par l'EMP. Nous n'avons rien trouvé d'autre dans son appartement.
Loup-Alpha regardait le plan de l'immeuble. La jeune femme vivait dans un studio qu'elle louait. Elle ne possédait pas de cave, pas de garage et pas de voiture. Le bureau où elle travaillait avait été fouillé de fond en comble. Un détail amusant lors de cette opération avait été qu'un gros porc travaillait encore au même étage et qu'il ne s'était rendu compte de rien.
─ Pas de trace de la femme ni de l'endroit où elle aurait pu aller ?
─ Non, juste son chien ensanglanté qui est mort dans un coin de l'entrée. Il semble qu'il y ait eu du grabuge devant l'appartement.
─ Mais bon sang elle est passée où ?
─ Elle a du quitter les lieux avec un des convois militaires.
─ Elle n'a pas suivit le plan. Elle devait surement se douter de quelque chose.
─ Je le pense aussi, ajouta Loup-Bravo. Tout le studio a été fouillé minutieusement. Nous n'avons rien trouvé pas même une clé USB. On redescend.
Loup-Alpha scrutait les rues désertes. Le gaz avait fait son office. Quelques corps étaient étendus de ci de là. Les véhicules légers blindées militaires avançaient doucement. Les soldats ramassaient les corps et les couchaient dans des camions.
Loup-Alpha examina la carte IGN qu'il avait posé sur ses genoux. Les deux camps les plus proches où la population de la ville allait être parquée, étaient notés par des symboles. Ils pourraient rapidement les atteindre avec leur hélicoptère.
Il pestait intérieurement, tout ne se déroulait pas comme il le fallait. Son équipe devait éliminer la fille et une équipe de terroriste. Les terroristes étaient en fait l'équipe Alpha et la fille aurait du être, normalement, ici entrain de les attendre selon les derniers messages envoyés par le pion « Héléna ».
Rien ne se passait comme il le fallait et il n'osait pas imaginer la sentence de son supérieur.
─ Il faut les retrouver coute que coute, gueula-t-il à toute la section réunit dans le véhicule blindé. On rejoint l'hélico et on fouille les deux camps les plus proches.
Tous ses hommes lui firent un signe de compréhension.
Le véhicule blindé bondit alors dans la nuit. Tout en contemplant la lune dans le ciel, Loup-Alpha était dans ses pensées. « Où est ce que tu te planques Benjamin la Vipére? »
BUG + 36 heures : Camp Un
Les trois soldats des forces spéciales coururent à la rencontre de leur chef.
Loup-Alpha les laissa monter à sa rencontre. Il avait posté l'hélicoptère en haut d'une colline non loin du camp Un. Des coups de feu retentissait sporadiquement du camp qui était la proie des flammes.
─ Que se passe t'il ? Questionna Loup-Alpha.
─ Une manifestation qui s'est transformée en une émeute armée, répondit Loup-Charly en lui tendant une feuille.
─ La fille a bien été enregistrée ici en compagnie d'un homme. Nous avons fouillé la tente où ils avaient été affectés sans rien trouvé. Les forces de l'ordre encore présentes nous ont dit que la majorité des émeutiers et de la population ont quitté le camp dés les premiers coups de feu. La panique fut générale et des soldats ont même déserté.
Loup-Alpha emmagasina toutes les informations reçues tout en lisant la liste des réfugiés.
Il trouva Lisa sur la troisième feuille et le nom de l'homme. Leurs options allaient être mince. Ils ne devaient pas avoir fuit bien loin. Tout n'était donc pas perdu même avec une avance d'au moins une journée.
Il s'éloigna du groupe et pris le téléphone satellite. Après quelques manipulations, la sonnerie retentis à l'autre bout.
─ Oui ?
─ Monsieur, on a retrouvé la trace de la fille.
─ Et celle du chef de l'équipe Alpha ?
─ Pas encore. J'ai une équipe au Creton. Si il va là bas, il serra intercepté.
─ Il faut les arrêter à tout prix. La suite des futures opérations en dépendent.
─ Oui, monsieur, cela sera fait.
Sa phrase ne fut pas terminé lorsqu'il entendit que son interlocuteur avait déjà raccroché.
─ Pauvre con, jura Loup-Alpha en rangeant l'appareil dans sa poche de gilet. Allez les gars, on repart. On retourne au camp Wolf-un pour le ravitaillement.
L'homme regardait encore le téléphone qui trônait sur le bureau à coté de la pile de dossiers. Ces imbéciles qui se disaient être les meilleurs de l'Armée n'avaient pas été foutus d'éliminer tous les témoins gênants. L'Opération « sommeil éternel » du plan « D » n'était pas un succés et risquait de lui revenir dans la gueule un jour ou l'autre si ces connards trainaient. il allait devoir continuer la procédure du plan « D » avec ces petites imperfections.
Quelqu'un frappa à la porte.
─ Oui, maugréa-t-il.
La porte s'ouvrit. Monsieur Sanders, son porte serviette, entra avec un bloc à la main.
─ Monsieur le Ministre, le Président vous attend pour la réunion journalière. Il semble que l'opération « D » a crée de nouvelles difficultés qui n'avaient pas été pris en compte.
─ Comment ça ?
─ Je n'ai pas encore toutes les informations mais, il semble qu'une des centrales nucléaires ait eu un problème à cause du manque d'effectif.
─ Bordel, manquait plus que ça, jura le ministre en se levant.
BUG +1 heures 12 minutes.
─ Bordel. Où est elle passée ? Hurla Loup-Alpha dans son micro.
Son masque à gaz déformait sa voix mais pas son mécontentement. Son poing frappa rageusement le tableau de bord du véhicule blindé.
─ Je n'en sais rien en tout cas elle n'est pas ici, lui répondit-on.
─ Et les dossiers ?
─ Ils ont été brulés dans la salle de bain. On a trouvé un masque à gaz.
─ Le matériel informatique ?
─ Les ordinateurs ont été neutralisés par l'EMP. Nous n'avons rien trouvé d'autre dans son appartement.
Loup-Alpha regardait le plan de l'immeuble. La jeune femme vivait dans un studio qu'elle louait. Elle ne possédait pas de cave, pas de garage et pas de voiture. Le bureau où elle travaillait avait été fouillé de fond en comble. Un détail amusant lors de cette opération avait été qu'un gros porc travaillait encore au même étage et qu'il ne s'était rendu compte de rien.
─ Pas de trace de la femme ni de l'endroit où elle aurait pu aller ?
─ Non, juste son chien ensanglanté qui est mort dans un coin de l'entrée. Il semble qu'il y ait eu du grabuge devant l'appartement.
─ Mais bon sang elle est passée où ?
─ Elle a du quitter les lieux avec un des convois militaires.
─ Elle n'a pas suivit le plan. Elle devait surement se douter de quelque chose.
─ Je le pense aussi, ajouta Loup-Bravo. Tout le studio a été fouillé minutieusement. Nous n'avons rien trouvé pas même une clé USB. On redescend.
Loup-Alpha scrutait les rues désertes. Le gaz avait fait son office. Quelques corps étaient étendus de ci de là. Les véhicules légers blindées militaires avançaient doucement. Les soldats ramassaient les corps et les couchaient dans des camions.
Loup-Alpha examina la carte IGN qu'il avait posé sur ses genoux. Les deux camps les plus proches où la population de la ville allait être parquée, étaient notés par des symboles. Ils pourraient rapidement les atteindre avec leur hélicoptère.
Il pestait intérieurement, tout ne se déroulait pas comme il le fallait. Son équipe devait éliminer la fille et une équipe de terroriste. Les terroristes étaient en fait l'équipe Alpha et la fille aurait du être, normalement, ici entrain de les attendre selon les derniers messages envoyés par le pion « Héléna ».
Rien ne se passait comme il le fallait et il n'osait pas imaginer la sentence de son supérieur.
─ Il faut les retrouver coute que coute, gueula-t-il à toute la section réunit dans le véhicule blindé. On rejoint l'hélico et on fouille les deux camps les plus proches.
Tous ses hommes lui firent un signe de compréhension.
Le véhicule blindé bondit alors dans la nuit. Tout en contemplant la lune dans le ciel, Loup-Alpha était dans ses pensées. « Où est ce que tu te planques Benjamin la Vipére? »
BUG + 36 heures : Camp Un
Les trois soldats des forces spéciales coururent à la rencontre de leur chef.
Loup-Alpha les laissa monter à sa rencontre. Il avait posté l'hélicoptère en haut d'une colline non loin du camp Un. Des coups de feu retentissait sporadiquement du camp qui était la proie des flammes.
─ Que se passe t'il ? Questionna Loup-Alpha.
─ Une manifestation qui s'est transformée en une émeute armée, répondit Loup-Charly en lui tendant une feuille.
─ La fille a bien été enregistrée ici en compagnie d'un homme. Nous avons fouillé la tente où ils avaient été affectés sans rien trouvé. Les forces de l'ordre encore présentes nous ont dit que la majorité des émeutiers et de la population ont quitté le camp dés les premiers coups de feu. La panique fut générale et des soldats ont même déserté.
Loup-Alpha emmagasina toutes les informations reçues tout en lisant la liste des réfugiés.
Il trouva Lisa sur la troisième feuille et le nom de l'homme. Leurs options allaient être mince. Ils ne devaient pas avoir fuit bien loin. Tout n'était donc pas perdu même avec une avance d'au moins une journée.
Il s'éloigna du groupe et pris le téléphone satellite. Après quelques manipulations, la sonnerie retentis à l'autre bout.
─ Oui ?
─ Monsieur, on a retrouvé la trace de la fille.
─ Et celle du chef de l'équipe Alpha ?
─ Pas encore. J'ai une équipe au Creton. Si il va là bas, il serra intercepté.
─ Il faut les arrêter à tout prix. La suite des futures opérations en dépendent.
─ Oui, monsieur, cela sera fait.
Sa phrase ne fut pas terminé lorsqu'il entendit que son interlocuteur avait déjà raccroché.
─ Pauvre con, jura Loup-Alpha en rangeant l'appareil dans sa poche de gilet. Allez les gars, on repart. On retourne au camp Wolf-un pour le ravitaillement.
L'homme regardait encore le téléphone qui trônait sur le bureau à coté de la pile de dossiers. Ces imbéciles qui se disaient être les meilleurs de l'Armée n'avaient pas été foutus d'éliminer tous les témoins gênants. L'Opération « sommeil éternel » du plan « D » n'était pas un succés et risquait de lui revenir dans la gueule un jour ou l'autre si ces connards trainaient. il allait devoir continuer la procédure du plan « D » avec ces petites imperfections.
Quelqu'un frappa à la porte.
─ Oui, maugréa-t-il.
La porte s'ouvrit. Monsieur Sanders, son porte serviette, entra avec un bloc à la main.
─ Monsieur le Ministre, le Président vous attend pour la réunion journalière. Il semble que l'opération « D » a crée de nouvelles difficultés qui n'avaient pas été pris en compte.
─ Comment ça ?
─ Je n'ai pas encore toutes les informations mais, il semble qu'une des centrales nucléaires ait eu un problème à cause du manque d'effectif.
─ Bordel, manquait plus que ça, jura le ministre en se levant.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
Chapitre 30 Journal de Benjamin, Vipére Bleu, Spec ops Alpha
BUG + 7 jours :
La route pour le département du Creuton était devenue inaccessible depuis le début du Bug.
Dés que la population nationale avait appris que le département du Creuton n'avait subit aucun dégât et qu'elle hébergeait le Gouvernement, une partie de celle-ci avait tenté de rejoindre cette région. La majorité des voies d’accès était alors encombrée de véhicules abandonnés provenant des villes ou villages qui n'avaient pas subit les effets de l'impulsion électromagnétique.
Je réussis à me faufiler avec ma moto sur une dizaine de kilomètres de bouchon mais j'ai dû l'abandonner il y a quelques jours, après l'avoir camouflé dans un bosquet. Après une journée de marche, je rejoignis par la suite une colonne de réfugiés et restai avec elle durant quelques heures. J'appris alors que de nombreux campements organisés par l'État s'étaient insurgés et que la population avait soit rejoint leur maison soit les différentes colonnes de réfugiés migrants.
Le département du Creuton s'était fermé à tous les arrivants depuis la veille. Le Gouvernement avait fait bloquer les accès et repousser les réfugiés. Des frises de barbelés, des concertinas, des clôtures électrifiés étaient installées tout autour des grandes agglomérations du Creuton. Les réfugiés s'entassaient dans des camps de fortune à l'entrée des villes qui devenaient au fil des jours des bidonvilles. Le plan D ne se passait vraiment pas comme prévu. Mes pensées étaient sombres : je devais faire payer la mort de mes camarades de combat. Quelqu'un nous a piégé et cela n'allait pas rester impunis.
J'évitais des patrouilles et me retrouvai au bout de quelques jours non loin de la plus grande ville du Creuton. Exténué par la longue marche et le manque de sommeil, je pris une gorgée d'eau à la pipette de mon camelback, puis sortis mes jumelles. J'avais trouvé un abri dans un bosquet en hauteur.
Les réfugiés s'agglutinaient sous des cabanes composées de palettes en bois et de bâche. Un vrai bidonville africain ou favelas brésiliens.
Les cons, pensai-je. Ils auraient du rester dans les camps prévus par l'État. Ils auraient eu hygiène, lit et couvert. Là, ils n'avaient pas grand
chose. L'eau était acheminée via des lances à incendies et gardée par l'Armée ou du moins un mélange de militaires et de civils armés. La nourriture allait se faire rare, ce qui allait entraîner par la suite des pillages ou des violences contre les villages et les maisons isolées du département.
Le facteur humain avait une nouvelle fois fait chavirer un plan qui semblait bien conçu. Des véhicules blindés patrouillaient autour des campements. La loi martiale avait été appliquée dés le jour du Bug. Le gouvernement avait annoncé que toute personne découverte après le couvre-feu serait interpellée. Les premières manifestations avaient été réprimées rapidement par la force des armes.
Après avoir rangé mes jumelles, je pris ma dernière barre de céréales vitaminées. Il fallait que je m'infiltre dans cette ville où je pourrais rejoindre les quartiers des journalistes et y retrouver un contact. Cela n'était pas impossible mais allait me demander un peu de temps à appliquer.
Je jetais un dernier coup d'œil autour de moi. Personne ne m'avait repéré ou était dans les alentours.Je déballai toutes les affaires de mon sac et les étalai devant moi. Un netbook, une micro-carte Sd, un GPS, une pelle de tranchée,un poncho, un pistolet glock compact et deux chargeurs, un petit rouleau de scotch de type duct-tape, un sac étanche, un poignard et un leatherman.
J'allais devoir me débarrasser de pas mal de choses avant de pénétrer dans la ville.
J'allumai le netbook et y insérai la micro-carte Sd. Le transfert de données se fit en quelques minutes. Pendant ce temps là, je pris ma position GPS et mémorisai les coordonnées. Lorsque ce fut fait, l'ordinateur, le GPS, les jumelles et le sac à dos furent enfournés dans le sac étanche que je fermai hermétiquement. Creuser un trou et y enfourner le tout ne me prit pas une éternité. La micro-carte dans un emballage étanche fut caché intimement. Le poncho fut roulé autour de ma taille, le poignard se retrouva accroché à ma cheville. Le pistolet compact scotché à l'autre. Je vérifiai une dernière fois le bon fonctionnement du pistolet Glock qui était passé à ma ceinture sous ma chemise.
J'étais prêt à m'infiltrer dans la ville en espérant trouver mon contact.
BUG + 7 jours :
La route pour le département du Creuton était devenue inaccessible depuis le début du Bug.
Dés que la population nationale avait appris que le département du Creuton n'avait subit aucun dégât et qu'elle hébergeait le Gouvernement, une partie de celle-ci avait tenté de rejoindre cette région. La majorité des voies d’accès était alors encombrée de véhicules abandonnés provenant des villes ou villages qui n'avaient pas subit les effets de l'impulsion électromagnétique.
Je réussis à me faufiler avec ma moto sur une dizaine de kilomètres de bouchon mais j'ai dû l'abandonner il y a quelques jours, après l'avoir camouflé dans un bosquet. Après une journée de marche, je rejoignis par la suite une colonne de réfugiés et restai avec elle durant quelques heures. J'appris alors que de nombreux campements organisés par l'État s'étaient insurgés et que la population avait soit rejoint leur maison soit les différentes colonnes de réfugiés migrants.
Le département du Creuton s'était fermé à tous les arrivants depuis la veille. Le Gouvernement avait fait bloquer les accès et repousser les réfugiés. Des frises de barbelés, des concertinas, des clôtures électrifiés étaient installées tout autour des grandes agglomérations du Creuton. Les réfugiés s'entassaient dans des camps de fortune à l'entrée des villes qui devenaient au fil des jours des bidonvilles. Le plan D ne se passait vraiment pas comme prévu. Mes pensées étaient sombres : je devais faire payer la mort de mes camarades de combat. Quelqu'un nous a piégé et cela n'allait pas rester impunis.
J'évitais des patrouilles et me retrouvai au bout de quelques jours non loin de la plus grande ville du Creuton. Exténué par la longue marche et le manque de sommeil, je pris une gorgée d'eau à la pipette de mon camelback, puis sortis mes jumelles. J'avais trouvé un abri dans un bosquet en hauteur.
Les réfugiés s'agglutinaient sous des cabanes composées de palettes en bois et de bâche. Un vrai bidonville africain ou favelas brésiliens.
Les cons, pensai-je. Ils auraient du rester dans les camps prévus par l'État. Ils auraient eu hygiène, lit et couvert. Là, ils n'avaient pas grand
chose. L'eau était acheminée via des lances à incendies et gardée par l'Armée ou du moins un mélange de militaires et de civils armés. La nourriture allait se faire rare, ce qui allait entraîner par la suite des pillages ou des violences contre les villages et les maisons isolées du département.
Le facteur humain avait une nouvelle fois fait chavirer un plan qui semblait bien conçu. Des véhicules blindés patrouillaient autour des campements. La loi martiale avait été appliquée dés le jour du Bug. Le gouvernement avait annoncé que toute personne découverte après le couvre-feu serait interpellée. Les premières manifestations avaient été réprimées rapidement par la force des armes.
Après avoir rangé mes jumelles, je pris ma dernière barre de céréales vitaminées. Il fallait que je m'infiltre dans cette ville où je pourrais rejoindre les quartiers des journalistes et y retrouver un contact. Cela n'était pas impossible mais allait me demander un peu de temps à appliquer.
Je jetais un dernier coup d'œil autour de moi. Personne ne m'avait repéré ou était dans les alentours.Je déballai toutes les affaires de mon sac et les étalai devant moi. Un netbook, une micro-carte Sd, un GPS, une pelle de tranchée,un poncho, un pistolet glock compact et deux chargeurs, un petit rouleau de scotch de type duct-tape, un sac étanche, un poignard et un leatherman.
J'allais devoir me débarrasser de pas mal de choses avant de pénétrer dans la ville.
J'allumai le netbook et y insérai la micro-carte Sd. Le transfert de données se fit en quelques minutes. Pendant ce temps là, je pris ma position GPS et mémorisai les coordonnées. Lorsque ce fut fait, l'ordinateur, le GPS, les jumelles et le sac à dos furent enfournés dans le sac étanche que je fermai hermétiquement. Creuser un trou et y enfourner le tout ne me prit pas une éternité. La micro-carte dans un emballage étanche fut caché intimement. Le poncho fut roulé autour de ma taille, le poignard se retrouva accroché à ma cheville. Le pistolet compact scotché à l'autre. Je vérifiai une dernière fois le bon fonctionnement du pistolet Glock qui était passé à ma ceinture sous ma chemise.
J'étais prêt à m'infiltrer dans la ville en espérant trouver mon contact.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
31 - ubiquité
Les deux jours de délai étaient terminés, moment hors du temps normal divisés en : doute, espoir, doute, découragement... tic-tac surréaliste d'un esprit surchauffé.
J'avais passé au crible de ma logique les possibilités de Lisa. Sa cachette devait être à la fois déductible et incontournable, à la fois simple et évidente, elle devait répondre à d'autres impératifs et contraintes, comme être forcément trouvée... La nouvelle de Poe "La lettre volée" me revenait en tête, ça devait être là, juste là... mais où ?
Ces deux journées de recherches frénétiques avaient d'une certaine façon calmé le feu de mon esprit et c'est lors d'une courte sieste qu'en rêve je revis, pour la centième fois, Lisa me parler en silence. Mais cette fois, au lieu de me focaliser sur ses lèvres à décrypter syllabes et mots, je fis malgré moi plus attention au reste, et je vis bien sa main à l'index levé qui tournait devant ses yeux... c'est en sursaut que j'émergeai de ce sommeil superficiel. Je venais de me souvenir de l'indice manquant. La clef du puzzle. Restait à bien l'utiliser. A force d'épurer cette image, je me mis à moi même faire ce geste en regardant un interlocuteur imaginaire, et j'essayais, sans trop intellectualiser le geste, de prononcer à voix haute les paroles en rapport. Au bout de longues minutes et d'une bonne centaine d'inepties, j'avais eu deux déclics.
A mon compagnon invisible que je regardais fixement, je fis le geste et je prononçai les deux phrases :
- réfléchis, rappelle-toi
et :
- reviens en arrière, remonte le temps.. et là, bingo !
A peine le dernier mot prononcé, je sus que c'était la formule magique qui ouvrirai pour moi les portes de la salle des réponses. Le rituel et l'incantation ! Le geste et le verbe...
Lisa avait pris les trois-quart des vivres : normal, je dois retourner au camp, j'en retrouverai, je connais le chemin, elle pas vraiment, donc, il lui faut plus d'autonomie, donc de nourriture
Lisa m'avait montré le dossier et m'avait laissé les cartes, le treillis, l'arme, tout désignait le retour au camp. Je devais rapporter ces pièces au camp, avec moi.
C'était si évident, que je me traitai de tout, hurlant dans la grotte aux mille échos assourdis des mots que je n'aurais accepté de personne. La tension s'était enfin évanouie. J'avais un but qui suffisait désormais à éliminer l'hésitation et le doute, à chasser de mon esprit ces idées parasites qui diminuent l'acuité et minent la volonté : retrouver Lisa.
J'explorai la grotte à la frontale avec un regard neuf, sûr de ma nouvelle compétence, magnifique univers minéral, figé dans un mouvement venu du passé. Je trouvais de l'eau pure, d'un froid intense qui peuplée de sorte de crevettes translucides, preuve de sa pureté et potabilité, me donnerait une provision du précieux liquide, précieux et... vital. Je trouvais aussi, du matériel spéléo, laissé là depuis un temps impossible à mesurer tant ces univers intérieurs avaient leurs propres lois de corrosion et d'usure, le temps y passait suivant d'autres règles.
Rien de récupérable... pas d'autres indices. Il était temps de me préparer.
J'effaçai mes traces d'occupation, méticuleusement, comme certain désormais que tout devait être considéré comme potentiellement "à risque". Dans cet état de stress paranoïaque, je décidai de cacher mes papiers personnels dans une anfractuosité introuvable. Je les récupèrerai une fois ma visite au camp achevée avec succès, une fois Lisa retrouvée.
Je décidai de profiter de la grotte et de sa sécurité pour me reposer avant de repartir une fois la nuit tombée.
Au fond de moi, plus que tout, je n'avais qu'une seule idée en tête : retrouver Lisa.
La lune était à sa moitié et éclairait idéalement pour une marche rapide et discrète. Par acquis de conscience, je fis un détour et repassai sur le lieu de l'accident mais à ma grande surprise, il n'y avait plus aucun signe du drame qui s'était joué ici, seule une vague odeur de brûlé mêlée au parfum de la terre retournée de frais, exacerbée par l'humidité de la nuit avouait à ma mémoire de témoin que quelques jours auparavant un terrible accident suivi d'un incendie avaient bien eu lieu ici. Tout était nettoyé, plus un seul indice... deux hommes étaient pourtant morts ici...mais le chemin était là propre, normal mais pour qui savait, maquillé. J'eus, comme à la lecture des pages du dossier, un moment de stupéfaction, l'intime conviction que quelque chose de grand et de maléfique était ici à l'œuvre, que j'étais sans doute parmi ses jouets, ses pantins... Je devais au plus vite couper ces fils invisibles qui me transformaient en marionnette et retrouver Lisa.
Au petit matin, je fus poursuivi par des chiens, les clochettes et leurs voix rauques et sourdes me rassurèrent quant à l'identité de leurs propriétaire : des chasseurs. J'entendis des coups de feu graves et en doublé; au dessus de moi, des feuilles furent coupées sur le trajet des projectiles, je plongeai dans un buisson entre deux rochers et je repensai au culot de Lisa, j'eus alors l'idée de hurler avec autorité "civil cessez le feu, section en manœuvre", une voix proche me répondit assez sèchement :
- si vous ne les stoppez pas, c'est nous qui les tirerons, faite votre boulot bordel, on ne va pas se laisser piller sans rien faire, branleurs de merde ! faites votre taf !
Des sifflets rappelèrent les chiens dont les aboiements s'évanouirent dans la distance. Les insultes aussi disparurent sur un dernier "connard de planqués" lancé par dépit dans ma direction.
Je n'avais pas eu peur... je m'étonnais moi même ! J'étais quand même inquiet de n'avoir pas décelé les chasseurs en poste... je devais m'améliorer sur ce point.
Quand j'arrivai aux abords du camp après une progression paranoïaque, le jour pointait au dessus des collines.
Fidèle à ma récente recette de "survie", je décidai de surveiller de longues heures avant de décider quoi que ce soit. Je trouvai un buisson touffu masqué par un arbre dense au pied d'un rocher abrupt qui me fournirait un poste d'observation idéal, voir sans être vu.
Vers midi, usé par une surveillance stérile, je somnolai, le camp semblait complètement désert et une odeur parfois irritante venait me piquer les yeux... sans doute le reste des gaz lacrymo... j'en arrivai à la conclusion que le camp était réellement déserté.
J'y entrai avec la nuit. Lentement, comme une ombre je parcourus allées et espaces découverts, jonchés de débris fraîchement éparpillés. Tous mes sens en alerte, je fouillai les tentes encore debouts, les tentes déchirées, les brûlées, sans trouver quoi que ce soit... De Lisa, nulle trace. Je fouillai même des baraquements militaires saccagés, sans succès. Quand enfin, las, je fus contraint d'admettre que le camp était non seulement désert mais vide...aussi vide que mon sac à provisions. J'allais être en situation précaire sans nourriture. Mon temps d'efficacité était désormais compté. Deux, trois quatre jours ? j'avais de l'eau mais plus rien à manger et j'avais faim... et devais retrouver Lisa.
Je retrouvai le bloc A1-Vert et notre tente avec émotion, je me rappelais malgré moi ces moments de promiscuité, de complicité avec Elle... je m'imaginais même y sentir son parfum, était-elle passé là il y a peu ? J'étais subitement moins efficace, englué dans une sensation perverse de manque sans pouvoir le définir. Il me fallait plonger dans l'action, sauver mon esprit de cette régression suicidaire.
Je commençais à explorer méthodiquement nos anciennes places, tout ce qui aurait pu cacher quelque chose mis à mon intention. Mais là encore, rien... je fouillai les tentes voisines sans succès. Il ne restait plus comme possibilité que la tente médicale. Là encore, je fouillai comme un dément les vestiges du cabinet de consultation... tout était déjà éparpillé, écrasé, souillé, inutilisable... mais d'indices, de signes, aucun.
Ma tête était à nouveau prise dans un étau et je me sentais déconnecté de la réalité. La fatigue, la faim aussi sans doute... au milieu des décombres de l'ancienne tente médicale auxquels par mon état dégradé je devais maintenant ressembler sans le réaliser je m'étais endormi avec cette idée fixe : retrouver Lisa.
Mon réveil fut des plus insolites !
J'ouvris les yeux, lentement avec difficulté tant les néons m'aveuglaient... Je mis plusieurs minutes à remettre mes yeux en état de transmettre l'image à mon cerveau lui aussi hors service. Une jeune infirmière penchée au dessus de moi, parlait doucement, "ne vous inquiétez pas"... "prenez votre temps"... "pas trop vite"... "c'est normal"...."ne bougez pas vous êtes sous perfusion"... j'avais du mal à comprendre, où suis-je ?... encore dans un de ces rêves de fatigue... je dois retrouver Lisa.....
Je commençais à discerner d'autres présences dans cet espace blanc, des soldats en tenue de combat, des hommes en blouses... on parlait de moi, et on se dépêchait à mon chevet.
Un tête carrée, martiale se mit en face de moi et d'une voix autoritaire me demanda :
- Où est le capitaine Vincent Prontan ? de quoi vous souvenez-vous ? que vous est-il arrivé ? Deux jours sans aucun contacts, merde, qu'avez-vous foutu ?
Un homme, sans doute médecin, s'approcha et demanda au militaire de se calmer, il disait que ça ne servait à rien, que j'étais en état de choc, totalement incapable de répondre, état très préoccupant. Rêve débile... je dois retrouver Lisa...
Je ne pouvais prononcer un mot, j'étais à la fois terrorisé et désorienté. Mon présent n'était absolument pas en rapport avec mon dernier souvenir... l'exploration de la tente médicale du bloc A1 VERT. Parler était trop dangereux... et puis quoi dire, quoi cacher, où étais-je... ami ? ennemi ?... rêve stupide... j'ai du mal à penser clairement.
Tandis que l'infirmière nettoyait mes blessures au torse, je me rendis compte que j'"étais bardé d'électrodes, sur la poitrine et à chaque doigts dont les fils étaient reliés à un pc portable que scrutaient avec attention deux gradés à l'uniforme différent des autres, cela n'était pas normal. J'écoutais hagard les hommes derrière moi, j'entendais des mots décousus, "nénuphars"... "grand sommeil"... "farfadet"... "mimosa"... j'écoutais cet inventaire à la Prévert sans réagir, en proie au questionnement délirant, je dois rêver, ne pas glisser, ne pas oublier, me focaliser sur mon but : retrouver Lisa... fixant le sol pour contenir la douleur des désinfectants et des manipulations médicales, je commençais à douter de l'irréalité du moment.... Je jetai un regard étonné sur les parties de mon corps dénudé, j'étais couvert de griffures, coupures, ecchymoses et même brûlures.
- Pouvez-vous vous asseoir sur le bord du lit ? Je vais regarder votre blessure à la tête...
Péniblement, je posai les pieds à terre. J'avais encore mes chaussures mais mes pieds étaient entravés aux chevilles.
Sur un signe d'acquiescement des deux opérateurs militaires, l'infirmière visiblement rassurée m'enleva une bonne dizaine d'électrodes sur le front et stoppa le goute à goute de la perfusion, le flacon était vert kaki, je ne connaissais pas le nom du composant et comme en s'excusant, gênée elle enleva mon entrave. Je n'avais pas vraiment la force de réagir ni d'exprimer une émotion, juste mon idée refuge : retrouver Lisa.
Ce n'est que lorsque elle se mit à défaire mon bandage à la tête, enlevant doucement les unes après les autres les spires de gaze souillée que je vis un morceau de papier filigrané tomber devant mes yeux et se poser à côté de mon soulier droit... explosion nucléaire dans mon cerveau... Je venais de décrypter le geste de Lisa et comprendre que je ne rêvais pas... J'eus à peine le temps de poser mon pied sur le papier tombé au sol que celui qui semblait être le médecin en chef appelait "Lieutenant De Valdonielle", j'attendais que ce nouveau personnage arrive pour profiter de cette diversion inespérée et récupérer le morceau de papier, mais il se passait quelque chose d'anormal, personne ne venait, pire, les deux militaires étranges avaient fermé leur ordinateur, rangé les électrodes et étaient sortis sans autres mots que "pas de soucis, il est clair, stoppez définitivement le sérum" adressé au gradé dans l'ombre. L'infirmière m'enleva l'aiguille du bras, sans douleurs.
Tandis que le médecin réitérait son appel, "Lieutenant Antoine De Valdonielle"... je vis soudain les yeux de l'infirmière, intenses et en attente me fixer sans bouger... au bout de quelques secondes, elle se tourna et se dirigeant vers le bureau du chef médecin, j'entendis prononcer les mots, aphasie, amnésie, état de choc, infection d'une sale blessure au crâne, délire possible dans les heures à venir à cause du sérum... J'avais peur et je trouvais encore une fois refuge dans mon idée fixe : retrouver Lisa.
Je ne comprenais plus rien du tout à la situation et seule la certitude d'avoir la clef du mystère sous mon pied suffisait à relier ce présent incroyable à mon passé connu. Ma raison était intacte, juste ce coton entre la réalité et moi qui disparaissait peu à peu, comme un membre engourdi accueille le sang oxygéné : douleur et plaisir mêlés.
Un militaire, sorti d'un coin en retrait, manifestement un haut gradé, vint alors devant moi.
- Bonjour Lieutenant, Je suis le commandant Despretz, en charge de l'unité médicalisée que vous voyez ici ré-installée au camp numéro 1 du plateau d'Elbon. Vous êtes en état de choc, manifestement en état d'amnésie temporaire. Votre blessure à la tête est infectée et vous devez être hospitalisé.
Devant mon regard vide et incrédule, plus calmement, il reprit :
- Vous vous appelez Antoine de Valdonielle, vous êtes lieutenant dans une unité de SPR (Section de Projection et de Renseignement), unité à classification confidentielle N55, qui dépasse, et de loin, mon propre niveau d'accréditation. Vous êtes originaire du cru si je lis bien votre dossier et c'est votre connaissance des lieux qui vous a fait, entre autre... affecter ici au camp d'Elbon.
Avec un sourire mystérieux, il ajouta :
- Autant dire que vous en savez bien plus que moi !
Il se retourna et mit face à moi un ordinateur portable blindé qui affichait sur son écran, une fiche d'identification complète... celle du Lieutenant A. De Valdonielle.
- Autant dire qu'il est capital que vous retrouviez votre mémoire ! finit-il par dire en quittant la pièce. In petto, je transformais sa phrase en "... il est capital que vous retrouviez Lisa", cela m'aidait tant à affronter ce moment abominable.
Mon regard fut happé par l'écran et la photo que j'y vis... ce lieutenant, cet Antoine De Valquelquechose... j'eus des frissons tant la ressemblance était forte... des yeux au rictus... c'était "presque" moi. Incrédule, je ne pouvais plus feindre l'étonnement tant les évènements devenaient incroyables... j'étais réellement entré dans une réalité à cinq dimensions.
L'infirmière s'approcha de nouveau.
- Regardez, ce sont les affaires que vous aviez avec vous, c'est votre veste, enfin ce qu'il en reste dit-elle en me montrant la bande patronymique "Lt A. De Valdonielle"
- ...
- elle a bien brûlé... là, votre arme, regardez son numéro de série, c'est bien celle enregistrée à votre nom, vous vous souvenez ? regardez, tout est là... ne vous inquiétez pas, ça va vous revenir, il vous faut du repos.
L'étonnement venait de faire place à la peur... du tas de mes affaires, les cartes et le dossier avaient disparus. La seule chose qui encore plus puissamment qu'avant me reliait à ma réalité était sous mon pied ! J'avais l'identité d'un homme que j'avais vu mourir et brûler et pire, je lui ressemblais...
Une voix forte me fit tressaillir. A mon oreille, elle venait de prononcer "Murmure", je ne pus cacher ma réaction, le commandant fit un bond en avant et me demanda abruptement "quel est votre dernier souvenir ?" ses yeux étaient durs et persuasifs et sans me contrôler ni réfléchir, comme absent je prononçais tel un automate : " opération Murmure : retrouver Lisa... Lisa Montrouge"
Les deux jours de délai étaient terminés, moment hors du temps normal divisés en : doute, espoir, doute, découragement... tic-tac surréaliste d'un esprit surchauffé.
J'avais passé au crible de ma logique les possibilités de Lisa. Sa cachette devait être à la fois déductible et incontournable, à la fois simple et évidente, elle devait répondre à d'autres impératifs et contraintes, comme être forcément trouvée... La nouvelle de Poe "La lettre volée" me revenait en tête, ça devait être là, juste là... mais où ?
Ces deux journées de recherches frénétiques avaient d'une certaine façon calmé le feu de mon esprit et c'est lors d'une courte sieste qu'en rêve je revis, pour la centième fois, Lisa me parler en silence. Mais cette fois, au lieu de me focaliser sur ses lèvres à décrypter syllabes et mots, je fis malgré moi plus attention au reste, et je vis bien sa main à l'index levé qui tournait devant ses yeux... c'est en sursaut que j'émergeai de ce sommeil superficiel. Je venais de me souvenir de l'indice manquant. La clef du puzzle. Restait à bien l'utiliser. A force d'épurer cette image, je me mis à moi même faire ce geste en regardant un interlocuteur imaginaire, et j'essayais, sans trop intellectualiser le geste, de prononcer à voix haute les paroles en rapport. Au bout de longues minutes et d'une bonne centaine d'inepties, j'avais eu deux déclics.
A mon compagnon invisible que je regardais fixement, je fis le geste et je prononçai les deux phrases :
- réfléchis, rappelle-toi
et :
- reviens en arrière, remonte le temps.. et là, bingo !
A peine le dernier mot prononcé, je sus que c'était la formule magique qui ouvrirai pour moi les portes de la salle des réponses. Le rituel et l'incantation ! Le geste et le verbe...
Lisa avait pris les trois-quart des vivres : normal, je dois retourner au camp, j'en retrouverai, je connais le chemin, elle pas vraiment, donc, il lui faut plus d'autonomie, donc de nourriture
Lisa m'avait montré le dossier et m'avait laissé les cartes, le treillis, l'arme, tout désignait le retour au camp. Je devais rapporter ces pièces au camp, avec moi.
C'était si évident, que je me traitai de tout, hurlant dans la grotte aux mille échos assourdis des mots que je n'aurais accepté de personne. La tension s'était enfin évanouie. J'avais un but qui suffisait désormais à éliminer l'hésitation et le doute, à chasser de mon esprit ces idées parasites qui diminuent l'acuité et minent la volonté : retrouver Lisa.
J'explorai la grotte à la frontale avec un regard neuf, sûr de ma nouvelle compétence, magnifique univers minéral, figé dans un mouvement venu du passé. Je trouvais de l'eau pure, d'un froid intense qui peuplée de sorte de crevettes translucides, preuve de sa pureté et potabilité, me donnerait une provision du précieux liquide, précieux et... vital. Je trouvais aussi, du matériel spéléo, laissé là depuis un temps impossible à mesurer tant ces univers intérieurs avaient leurs propres lois de corrosion et d'usure, le temps y passait suivant d'autres règles.
Rien de récupérable... pas d'autres indices. Il était temps de me préparer.
J'effaçai mes traces d'occupation, méticuleusement, comme certain désormais que tout devait être considéré comme potentiellement "à risque". Dans cet état de stress paranoïaque, je décidai de cacher mes papiers personnels dans une anfractuosité introuvable. Je les récupèrerai une fois ma visite au camp achevée avec succès, une fois Lisa retrouvée.
Je décidai de profiter de la grotte et de sa sécurité pour me reposer avant de repartir une fois la nuit tombée.
Au fond de moi, plus que tout, je n'avais qu'une seule idée en tête : retrouver Lisa.
La lune était à sa moitié et éclairait idéalement pour une marche rapide et discrète. Par acquis de conscience, je fis un détour et repassai sur le lieu de l'accident mais à ma grande surprise, il n'y avait plus aucun signe du drame qui s'était joué ici, seule une vague odeur de brûlé mêlée au parfum de la terre retournée de frais, exacerbée par l'humidité de la nuit avouait à ma mémoire de témoin que quelques jours auparavant un terrible accident suivi d'un incendie avaient bien eu lieu ici. Tout était nettoyé, plus un seul indice... deux hommes étaient pourtant morts ici...mais le chemin était là propre, normal mais pour qui savait, maquillé. J'eus, comme à la lecture des pages du dossier, un moment de stupéfaction, l'intime conviction que quelque chose de grand et de maléfique était ici à l'œuvre, que j'étais sans doute parmi ses jouets, ses pantins... Je devais au plus vite couper ces fils invisibles qui me transformaient en marionnette et retrouver Lisa.
Au petit matin, je fus poursuivi par des chiens, les clochettes et leurs voix rauques et sourdes me rassurèrent quant à l'identité de leurs propriétaire : des chasseurs. J'entendis des coups de feu graves et en doublé; au dessus de moi, des feuilles furent coupées sur le trajet des projectiles, je plongeai dans un buisson entre deux rochers et je repensai au culot de Lisa, j'eus alors l'idée de hurler avec autorité "civil cessez le feu, section en manœuvre", une voix proche me répondit assez sèchement :
- si vous ne les stoppez pas, c'est nous qui les tirerons, faite votre boulot bordel, on ne va pas se laisser piller sans rien faire, branleurs de merde ! faites votre taf !
Des sifflets rappelèrent les chiens dont les aboiements s'évanouirent dans la distance. Les insultes aussi disparurent sur un dernier "connard de planqués" lancé par dépit dans ma direction.
Je n'avais pas eu peur... je m'étonnais moi même ! J'étais quand même inquiet de n'avoir pas décelé les chasseurs en poste... je devais m'améliorer sur ce point.
Quand j'arrivai aux abords du camp après une progression paranoïaque, le jour pointait au dessus des collines.
Fidèle à ma récente recette de "survie", je décidai de surveiller de longues heures avant de décider quoi que ce soit. Je trouvai un buisson touffu masqué par un arbre dense au pied d'un rocher abrupt qui me fournirait un poste d'observation idéal, voir sans être vu.
Vers midi, usé par une surveillance stérile, je somnolai, le camp semblait complètement désert et une odeur parfois irritante venait me piquer les yeux... sans doute le reste des gaz lacrymo... j'en arrivai à la conclusion que le camp était réellement déserté.
J'y entrai avec la nuit. Lentement, comme une ombre je parcourus allées et espaces découverts, jonchés de débris fraîchement éparpillés. Tous mes sens en alerte, je fouillai les tentes encore debouts, les tentes déchirées, les brûlées, sans trouver quoi que ce soit... De Lisa, nulle trace. Je fouillai même des baraquements militaires saccagés, sans succès. Quand enfin, las, je fus contraint d'admettre que le camp était non seulement désert mais vide...aussi vide que mon sac à provisions. J'allais être en situation précaire sans nourriture. Mon temps d'efficacité était désormais compté. Deux, trois quatre jours ? j'avais de l'eau mais plus rien à manger et j'avais faim... et devais retrouver Lisa.
Je retrouvai le bloc A1-Vert et notre tente avec émotion, je me rappelais malgré moi ces moments de promiscuité, de complicité avec Elle... je m'imaginais même y sentir son parfum, était-elle passé là il y a peu ? J'étais subitement moins efficace, englué dans une sensation perverse de manque sans pouvoir le définir. Il me fallait plonger dans l'action, sauver mon esprit de cette régression suicidaire.
Je commençais à explorer méthodiquement nos anciennes places, tout ce qui aurait pu cacher quelque chose mis à mon intention. Mais là encore, rien... je fouillai les tentes voisines sans succès. Il ne restait plus comme possibilité que la tente médicale. Là encore, je fouillai comme un dément les vestiges du cabinet de consultation... tout était déjà éparpillé, écrasé, souillé, inutilisable... mais d'indices, de signes, aucun.
Ma tête était à nouveau prise dans un étau et je me sentais déconnecté de la réalité. La fatigue, la faim aussi sans doute... au milieu des décombres de l'ancienne tente médicale auxquels par mon état dégradé je devais maintenant ressembler sans le réaliser je m'étais endormi avec cette idée fixe : retrouver Lisa.
Mon réveil fut des plus insolites !
J'ouvris les yeux, lentement avec difficulté tant les néons m'aveuglaient... Je mis plusieurs minutes à remettre mes yeux en état de transmettre l'image à mon cerveau lui aussi hors service. Une jeune infirmière penchée au dessus de moi, parlait doucement, "ne vous inquiétez pas"... "prenez votre temps"... "pas trop vite"... "c'est normal"...."ne bougez pas vous êtes sous perfusion"... j'avais du mal à comprendre, où suis-je ?... encore dans un de ces rêves de fatigue... je dois retrouver Lisa.....
Je commençais à discerner d'autres présences dans cet espace blanc, des soldats en tenue de combat, des hommes en blouses... on parlait de moi, et on se dépêchait à mon chevet.
Un tête carrée, martiale se mit en face de moi et d'une voix autoritaire me demanda :
- Où est le capitaine Vincent Prontan ? de quoi vous souvenez-vous ? que vous est-il arrivé ? Deux jours sans aucun contacts, merde, qu'avez-vous foutu ?
Un homme, sans doute médecin, s'approcha et demanda au militaire de se calmer, il disait que ça ne servait à rien, que j'étais en état de choc, totalement incapable de répondre, état très préoccupant. Rêve débile... je dois retrouver Lisa...
Je ne pouvais prononcer un mot, j'étais à la fois terrorisé et désorienté. Mon présent n'était absolument pas en rapport avec mon dernier souvenir... l'exploration de la tente médicale du bloc A1 VERT. Parler était trop dangereux... et puis quoi dire, quoi cacher, où étais-je... ami ? ennemi ?... rêve stupide... j'ai du mal à penser clairement.
Tandis que l'infirmière nettoyait mes blessures au torse, je me rendis compte que j'"étais bardé d'électrodes, sur la poitrine et à chaque doigts dont les fils étaient reliés à un pc portable que scrutaient avec attention deux gradés à l'uniforme différent des autres, cela n'était pas normal. J'écoutais hagard les hommes derrière moi, j'entendais des mots décousus, "nénuphars"... "grand sommeil"... "farfadet"... "mimosa"... j'écoutais cet inventaire à la Prévert sans réagir, en proie au questionnement délirant, je dois rêver, ne pas glisser, ne pas oublier, me focaliser sur mon but : retrouver Lisa... fixant le sol pour contenir la douleur des désinfectants et des manipulations médicales, je commençais à douter de l'irréalité du moment.... Je jetai un regard étonné sur les parties de mon corps dénudé, j'étais couvert de griffures, coupures, ecchymoses et même brûlures.
- Pouvez-vous vous asseoir sur le bord du lit ? Je vais regarder votre blessure à la tête...
Péniblement, je posai les pieds à terre. J'avais encore mes chaussures mais mes pieds étaient entravés aux chevilles.
Sur un signe d'acquiescement des deux opérateurs militaires, l'infirmière visiblement rassurée m'enleva une bonne dizaine d'électrodes sur le front et stoppa le goute à goute de la perfusion, le flacon était vert kaki, je ne connaissais pas le nom du composant et comme en s'excusant, gênée elle enleva mon entrave. Je n'avais pas vraiment la force de réagir ni d'exprimer une émotion, juste mon idée refuge : retrouver Lisa.
Ce n'est que lorsque elle se mit à défaire mon bandage à la tête, enlevant doucement les unes après les autres les spires de gaze souillée que je vis un morceau de papier filigrané tomber devant mes yeux et se poser à côté de mon soulier droit... explosion nucléaire dans mon cerveau... Je venais de décrypter le geste de Lisa et comprendre que je ne rêvais pas... J'eus à peine le temps de poser mon pied sur le papier tombé au sol que celui qui semblait être le médecin en chef appelait "Lieutenant De Valdonielle", j'attendais que ce nouveau personnage arrive pour profiter de cette diversion inespérée et récupérer le morceau de papier, mais il se passait quelque chose d'anormal, personne ne venait, pire, les deux militaires étranges avaient fermé leur ordinateur, rangé les électrodes et étaient sortis sans autres mots que "pas de soucis, il est clair, stoppez définitivement le sérum" adressé au gradé dans l'ombre. L'infirmière m'enleva l'aiguille du bras, sans douleurs.
Tandis que le médecin réitérait son appel, "Lieutenant Antoine De Valdonielle"... je vis soudain les yeux de l'infirmière, intenses et en attente me fixer sans bouger... au bout de quelques secondes, elle se tourna et se dirigeant vers le bureau du chef médecin, j'entendis prononcer les mots, aphasie, amnésie, état de choc, infection d'une sale blessure au crâne, délire possible dans les heures à venir à cause du sérum... J'avais peur et je trouvais encore une fois refuge dans mon idée fixe : retrouver Lisa.
Je ne comprenais plus rien du tout à la situation et seule la certitude d'avoir la clef du mystère sous mon pied suffisait à relier ce présent incroyable à mon passé connu. Ma raison était intacte, juste ce coton entre la réalité et moi qui disparaissait peu à peu, comme un membre engourdi accueille le sang oxygéné : douleur et plaisir mêlés.
Un militaire, sorti d'un coin en retrait, manifestement un haut gradé, vint alors devant moi.
- Bonjour Lieutenant, Je suis le commandant Despretz, en charge de l'unité médicalisée que vous voyez ici ré-installée au camp numéro 1 du plateau d'Elbon. Vous êtes en état de choc, manifestement en état d'amnésie temporaire. Votre blessure à la tête est infectée et vous devez être hospitalisé.
Devant mon regard vide et incrédule, plus calmement, il reprit :
- Vous vous appelez Antoine de Valdonielle, vous êtes lieutenant dans une unité de SPR (Section de Projection et de Renseignement), unité à classification confidentielle N55, qui dépasse, et de loin, mon propre niveau d'accréditation. Vous êtes originaire du cru si je lis bien votre dossier et c'est votre connaissance des lieux qui vous a fait, entre autre... affecter ici au camp d'Elbon.
Avec un sourire mystérieux, il ajouta :
- Autant dire que vous en savez bien plus que moi !
Il se retourna et mit face à moi un ordinateur portable blindé qui affichait sur son écran, une fiche d'identification complète... celle du Lieutenant A. De Valdonielle.
- Autant dire qu'il est capital que vous retrouviez votre mémoire ! finit-il par dire en quittant la pièce. In petto, je transformais sa phrase en "... il est capital que vous retrouviez Lisa", cela m'aidait tant à affronter ce moment abominable.
Mon regard fut happé par l'écran et la photo que j'y vis... ce lieutenant, cet Antoine De Valquelquechose... j'eus des frissons tant la ressemblance était forte... des yeux au rictus... c'était "presque" moi. Incrédule, je ne pouvais plus feindre l'étonnement tant les évènements devenaient incroyables... j'étais réellement entré dans une réalité à cinq dimensions.
L'infirmière s'approcha de nouveau.
- Regardez, ce sont les affaires que vous aviez avec vous, c'est votre veste, enfin ce qu'il en reste dit-elle en me montrant la bande patronymique "Lt A. De Valdonielle"
- ...
- elle a bien brûlé... là, votre arme, regardez son numéro de série, c'est bien celle enregistrée à votre nom, vous vous souvenez ? regardez, tout est là... ne vous inquiétez pas, ça va vous revenir, il vous faut du repos.
L'étonnement venait de faire place à la peur... du tas de mes affaires, les cartes et le dossier avaient disparus. La seule chose qui encore plus puissamment qu'avant me reliait à ma réalité était sous mon pied ! J'avais l'identité d'un homme que j'avais vu mourir et brûler et pire, je lui ressemblais...
Une voix forte me fit tressaillir. A mon oreille, elle venait de prononcer "Murmure", je ne pus cacher ma réaction, le commandant fit un bond en avant et me demanda abruptement "quel est votre dernier souvenir ?" ses yeux étaient durs et persuasifs et sans me contrôler ni réfléchir, comme absent je prononçais tel un automate : " opération Murmure : retrouver Lisa... Lisa Montrouge"
Dernière édition par cerise le Jeu 12 Jan 2012 - 9:46, édité 4 fois (Raison : orthographe...)
________________________________________________________
"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
- Nombre de messages : 1570
Localisation : :noitasilacoL
Emploi : :iolpmE
Loisirs : :srisioL
Date d'inscription : 29/10/2010
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
32 - Thot
- Retrouver Lisa Montrouge?... elle est bien bonne celle-là... vous retardez mon ami, cela doit faire plus de trois jours que cette personne a quitté cette terre... reposez-vous, à ce que je vois, vous n'êtes pas conscient de votre état... reposez-vous et surtout, souvenez-vous !
Je restais interdit... encore une fois. Pris dans les rouages agressifs de ma logique, je me regardais y être déchiqueté. Décidément, rien ne m'apparaissait plus réel et j'en venais à douter de mes propres souvenirs. Je tentais de me recentrer. Il me fallait très vite décider de mon attitude visible.
Je réalisai soudain que j'étais seul dans cette pièce blanche, tout le monde était parti.
Seul ? ahah ! quelle blague... vu l'importance que semblait revêtir ma personne et plus précisément le tas de neurones malmenés dans ma tête douloureuse, je m'imaginais sous étroite et constante surveillance. Caméra, détecteurs, micros... les imbéciles !
Cette soudaine constatation sembla me débloquer. L'idée de lutter, de résister, mieux, de me battre me reconnectait doucement avec la vie.
Je repensai au message caché sous mon pied, pied qui me semblait peser mille tonnes, être fluo et équipé d'une sirène d'alarme assourdissante.
Lentement, je me baissais et de manière à ce que chacun de mes gestes soit lisible, je défis mes chaussures. Je laissai les semelles bien en contact avec le sol, y ôtai mes pieds et sans y prendre plus d'attention que cela, je les fis glisser sous le lit. Ni cachées, ni en évidence. Juste en retrait, comme rangées, mais à l'abris de tout choc ou contact qui aurait pu libérer et révéler le précieux messages à ces yeux ennemis.
Je décidais de jouer au demi amnésique, en avais-je seulement le choix ?
Mais pas n'importe comment. Amnésique de mes souvenirs, d'une partie de mon savoir, pas de mon conditionnement... enfin, de celui du lieutenant que désormais dans ce lieu j'incarnais. Je devais être carré, rigide, structuré, régulier... jouer l'habitude du militaire. Comment se comporter en militaire amnésique !
On tapait à la porte pourtant ouverte.
Je vis un jeune homme maigre, noyé dans un uniforme un peu trop grand. Il entra, prenant mon regard vide pour une autorisation. Il fit un "garde-à-vous" martial et enchaina :
- Mes respects mon lieutenant, comment allez-vous ? Je suis informé sur votre situation et j'avoue avoir du mal à vous reconnaître. Ça a dû être dur, vous êtes bien amoché !
Devant mon regard maintenu vide et abattu (grâce à une grande concentration) il se présenta.
- Je suis le sergent Bordaulin. Agent de liaison SPR entre agents projetés et le commandement central. Le temps presse "Thot" a été activé et vous imaginez bien la suite vu le contexte. Nous avons travaillé ensemble sur quelques affaires brûlantes ! Et vous témoigne, encore une fois, mon plus profond respect.
Il retourna fermer la porte et posa une demi-sphère métallique sur la table de nuit, l'ouvrit et actionna un interrupteur. Un sifflement strident se fit entendre vite transformé en un ronronnement plus supportable. Un maigre sourire ponctua un "nous voilà seuls, invisibles du monde pour quelques minutes"
Il sortit de son sac camouflé un ordinateur caparaçonné, l'ouvrit et me le tendit non sans impatience.
Je sentis la panique m'envahir quand je vis à l'écran le logo "DigiSecure" et à côté du clavier le lecteur d'empreinte digitale qui clignotait d'impatience.
- allez-y mon lieutenant, le temps presse... authentifiez-vous.
Je regardais l'homme, il n'était pas maigre, il était musclé sec. Ses yeux vifs ne mentaient pas sur ses capacités d'homme de section spéciale. Je vis malgré moi la crosse de son pistolet dépasser de son holster de poitrine. J'étais coincé...
Lentement, je levais mon bras et avançais ma main vers l'appareil, ce détecteur était la fin de mon aventure douloureuse...et je me mis à trembler quand j'entendis sa voix, étrangement froide murmurer :
- vous savez que ça ne marchera pas hein ?
j'eu peur... encore une nouvelle peur panique paralysante. Mêlée de honte, de lâcheté, de reproche. Je restais interdit, le bras en l'air... je ne réagit pas quand énergiquement, avec colère même, il me prit le poignet et le retourna brusquement.
- Regardez... regardez votre main, regardez vos doigts !
Je regardai, incrédule une main très sale aux multiples égratignures taches et croutes à demi séchées... je ne comprenais toujours pas.
- Vous êtes complètement hors-circuit mon lieutenant !
De rage il rejeta mon bras, comme il aurait rejeté un immondice.
- Ce système ne fonctionne pas avec cet état de crasse ! et quel état !
Sèchement il reprit l'appareil et s'y authentifia avec mauvaise grâce.
Il retourna l'écran et me parla comme à un subordonné fautif :
- Regardez bien, vous n'avez droit qu'à une seule possibilité vu que ces images sont classifiées N60 l'enregistrement sera automatiquement effacé une fois visionné. C'est un montage automatique de séquences numérisées depuis le système de surveillance du palais ministériel, la salle de gestion de crise. Ce que vous allez voir et entendre doit logiquement déboucher sur un ordre de votre part. Vu votre état, permettez-moi de douter de vos capacités, sans vous manquer de respect mon lieutenant. Mais le temps presse, nous n'avons pas le choix, ni vous, ni moi. Au diable !
Il tapa une longue série de codes sur le clavier mit plusieurs fois son doigt sur le lecteur d'empreinte digitale et enfin la séquence démarra.
L'image n'était pas de bonne qualité, les angles de prise de vue étaient étranges... forcément, des caméras de surveillance, sans doute dissimulées en plus.
Le sergent me donna les noms des personnes qui attablées vociféraient et sortaient frénétiquement des documents, la tension était plus que palpable.
Le Chef de l'Etat, le ministre de la sécurité intérieure, le délégué à la gestion de crise, le "patron" des services secrets militaires, le ministre du budget, le ministre délégué aux opérations de police spéciale, d'autres gratte-papiers et éminences grises en plein stress. Dans un brouhaha rendu aigu par l'enregistrement numérique je discernais quelques phrases :
- Messieurs, c'est une catastrophe nationale. Des rapports me parviennent chaque minute faisant état d'une destruction massive de nos infrastructures et ce sur les zones à forte population.
- Monsieur, nos services ne sont pas en cause, nous n'avons fait qu'exécuter les directives. Nous avons les documents classifiés et authentifiés. Cherchez les responsabilités ailleurs.
- Responsabilités ? qui peut se targuer d'être responsable d'avoir placé plus de 2500 BIEM-d3k sur tout le territoire ?
- Quoi ? foutaises, mensonges, à peine 250 BIEM et en version d500 en plus ! d'où sortez-vous ces informations ?
- Des relevés satellites, des bons de commandes, des rapports d'installations... voici tous les documents !
- Et voici les nôtres, commande de 250 BIEM-d500, carte des installations, zones neutralisées, évaluations des dommages collatéraux... rien vous m'entendez, rien de comparable avec ce que vous annoncez... voici les rapports de nos sections en charge des installations, fidèles aux directives !
- Au vu des rapports et de l'observation des dégâts, je vous confirme Monsieur le Président que nous avons bien déclenché non pas 2500 mais 1580 BIEM-d3k. Si ce qu'avance monsieur le secrétaire de la sécurité intérieure est exact...
- 2500 BIEM-d3K !!! pas 1580 !!! regardez les documents !!
- Mais qui a budgété cela ? vous rendez-vous compte des sommes titanesques ?
- Et vous, regardez les photos satellites, il y a bien 1580 explosions d'IEM !!! regardez les ravages et les zones d'actions de ces impulsions !!! plus de 10 fois celle des version d500 ! c'est un massacre !
- Cela est impossible ! jamais notre plan ne mentionnait ce matériel, ce nombre et cette localisation ! il ne devait y avoir qu'un nombre infime de victimes, tout était préparé depuis des mois...
- De plus nous avons perdu le contact avec certaines unités spéciales, qui semblent toujours agir sur ordre... mais de qui ?
- Monsieur, si vous n'êtes plus capable de tenir vos chiens de guerre, cela est trop facile de hurler à la rivalité inter-services...
- Silence !
Le Chef de l'Etat s'était levé et un silence brutal laissa soudain entendre le sifflement de l'enregistrement.
S'adressant à l'auditoire figé il reprit :
- Messieurs, devant l'ampleur de la catastrophe, je décrète à cette seconde l'état d'urgence niveau 1SI. La sécurité intérieure est compromise et chacuns de nos services compromis. Si j'ai bien entendu, il reste 920 BIEM-d3k placés sur notre territoire prêts à être activés... Dieu seul sait quand, où et par qui !
- Monsieur Le Président, le niveau 1SI c'est la dissolution de toutes les structures de sécurité et défense intérieure, l'activation des structures secondaires et le passage en régime semi-militaire...
- Oui messieurs, à partir de cette seconde, vous êtes tous démis de vos fonctions, vous perdez toute autorité, mais vous restez tous consignés au service de la réactivation des structures secondaires. Toutes les opérations spéciales codées N1 à N60 sont gelées. Rappel de tous les personnels de niveau N60 et neutralisation de toutes les opérations en cours de niveaux N50 et inférieurs. La procédure Thot est activée à cette seconde.
Le Président sortit un boitier qu'il posa sur son bureau. Tour à tour les ministres y tapèrent un code secret, le Président termina par apposer son doigt sur un lecteur d'empreinte digitale et l'image se figeât, l'écran devint noir puis un logo inconnu apparut - "S-I-S" ainsi qu'un compte à rebours.
J'étais médusé, le sergent à mes côtés, raide, livide, avait perdu son assurance.
Je ne compris pas plus de la moitié de ce que je venais d'entendre mais j'avais bien interprété. Et bizarrement, je commençais à y voir un peu plus clair, juste un peu. Les boules de cet abaque perdaient peu à peu de leur mystère. Trop lentement cependant. Après avoir entendu cela, il fallait que mon personnage agisse vite et sans attendre, je fis appel à ce "conditionnement" imaginaire pour y trouver la conduite à tenir.
- Sergent, apportez-moi une tenue propre, civile mais complète, vous me comprenez ! Je dois me préparer, le temps presse.
Je venais de prononcer ces mots avec une voix neutre et autoritaire et cela avait eu un effet instantané sur ce sergent qui en une seconde avait repris sa place dans la hiérarchie des grades militaires.
- À vos ordres mon lieutenant, rendez-vous dans trente minutes avec l'équipement et ravi de vous avoir à nouveau parmi nous !
Il remballa tout son matériel et sortit précipitamment.
Je disposais de trente minutes.
Je filai dans la salle de bain, petit local de plastique moulé et pris une douche chaude. Je n'aurai jamais pensé combien une douche chaude avec savon pouvait être douloureuse sur tant de plaies mais aussi bonne pour l'esprit et l'Âme. Je retrouvai chaleur intérieure, maîtrise, force, confiance, espoir... "juste" grâce à la magie de cette eau chaude. Les gouttes brulantes glissaient sur mon visage et sur mon corps. Je souriais, mon cerveau s'était remis à fonctionner correctement et je venais de trouver le moyen de lire le message de Lisa.
Je restais interdit... encore une fois. Pris dans les rouages agressifs de ma logique, je me regardais y être déchiqueté. Décidément, rien ne m'apparaissait plus réel et j'en venais à douter de mes propres souvenirs. Je tentais de me recentrer. Il me fallait très vite décider de mon attitude visible.
Je réalisai soudain que j'étais seul dans cette pièce blanche, tout le monde était parti.
Seul ? ahah ! quelle blague... vu l'importance que semblait revêtir ma personne et plus précisément le tas de neurones malmenés dans ma tête douloureuse, je m'imaginais sous étroite et constante surveillance. Caméra, détecteurs, micros... les imbéciles !
Cette soudaine constatation sembla me débloquer. L'idée de lutter, de résister, mieux, de me battre me reconnectait doucement avec la vie.
Je repensai au message caché sous mon pied, pied qui me semblait peser mille tonnes, être fluo et équipé d'une sirène d'alarme assourdissante.
Lentement, je me baissais et de manière à ce que chacun de mes gestes soit lisible, je défis mes chaussures. Je laissai les semelles bien en contact avec le sol, y ôtai mes pieds et sans y prendre plus d'attention que cela, je les fis glisser sous le lit. Ni cachées, ni en évidence. Juste en retrait, comme rangées, mais à l'abris de tout choc ou contact qui aurait pu libérer et révéler le précieux messages à ces yeux ennemis.
Je décidais de jouer au demi amnésique, en avais-je seulement le choix ?
Mais pas n'importe comment. Amnésique de mes souvenirs, d'une partie de mon savoir, pas de mon conditionnement... enfin, de celui du lieutenant que désormais dans ce lieu j'incarnais. Je devais être carré, rigide, structuré, régulier... jouer l'habitude du militaire. Comment se comporter en militaire amnésique !
On tapait à la porte pourtant ouverte.
Je vis un jeune homme maigre, noyé dans un uniforme un peu trop grand. Il entra, prenant mon regard vide pour une autorisation. Il fit un "garde-à-vous" martial et enchaina :
- Mes respects mon lieutenant, comment allez-vous ? Je suis informé sur votre situation et j'avoue avoir du mal à vous reconnaître. Ça a dû être dur, vous êtes bien amoché !
Devant mon regard maintenu vide et abattu (grâce à une grande concentration) il se présenta.
- Je suis le sergent Bordaulin. Agent de liaison SPR entre agents projetés et le commandement central. Le temps presse "Thot" a été activé et vous imaginez bien la suite vu le contexte. Nous avons travaillé ensemble sur quelques affaires brûlantes ! Et vous témoigne, encore une fois, mon plus profond respect.
Il retourna fermer la porte et posa une demi-sphère métallique sur la table de nuit, l'ouvrit et actionna un interrupteur. Un sifflement strident se fit entendre vite transformé en un ronronnement plus supportable. Un maigre sourire ponctua un "nous voilà seuls, invisibles du monde pour quelques minutes"
Il sortit de son sac camouflé un ordinateur caparaçonné, l'ouvrit et me le tendit non sans impatience.
Je sentis la panique m'envahir quand je vis à l'écran le logo "DigiSecure" et à côté du clavier le lecteur d'empreinte digitale qui clignotait d'impatience.
- allez-y mon lieutenant, le temps presse... authentifiez-vous.
Je regardais l'homme, il n'était pas maigre, il était musclé sec. Ses yeux vifs ne mentaient pas sur ses capacités d'homme de section spéciale. Je vis malgré moi la crosse de son pistolet dépasser de son holster de poitrine. J'étais coincé...
Lentement, je levais mon bras et avançais ma main vers l'appareil, ce détecteur était la fin de mon aventure douloureuse...et je me mis à trembler quand j'entendis sa voix, étrangement froide murmurer :
- vous savez que ça ne marchera pas hein ?
j'eu peur... encore une nouvelle peur panique paralysante. Mêlée de honte, de lâcheté, de reproche. Je restais interdit, le bras en l'air... je ne réagit pas quand énergiquement, avec colère même, il me prit le poignet et le retourna brusquement.
- Regardez... regardez votre main, regardez vos doigts !
Je regardai, incrédule une main très sale aux multiples égratignures taches et croutes à demi séchées... je ne comprenais toujours pas.
- Vous êtes complètement hors-circuit mon lieutenant !
De rage il rejeta mon bras, comme il aurait rejeté un immondice.
- Ce système ne fonctionne pas avec cet état de crasse ! et quel état !
Sèchement il reprit l'appareil et s'y authentifia avec mauvaise grâce.
Il retourna l'écran et me parla comme à un subordonné fautif :
- Regardez bien, vous n'avez droit qu'à une seule possibilité vu que ces images sont classifiées N60 l'enregistrement sera automatiquement effacé une fois visionné. C'est un montage automatique de séquences numérisées depuis le système de surveillance du palais ministériel, la salle de gestion de crise. Ce que vous allez voir et entendre doit logiquement déboucher sur un ordre de votre part. Vu votre état, permettez-moi de douter de vos capacités, sans vous manquer de respect mon lieutenant. Mais le temps presse, nous n'avons pas le choix, ni vous, ni moi. Au diable !
Il tapa une longue série de codes sur le clavier mit plusieurs fois son doigt sur le lecteur d'empreinte digitale et enfin la séquence démarra.
L'image n'était pas de bonne qualité, les angles de prise de vue étaient étranges... forcément, des caméras de surveillance, sans doute dissimulées en plus.
Le sergent me donna les noms des personnes qui attablées vociféraient et sortaient frénétiquement des documents, la tension était plus que palpable.
Le Chef de l'Etat, le ministre de la sécurité intérieure, le délégué à la gestion de crise, le "patron" des services secrets militaires, le ministre du budget, le ministre délégué aux opérations de police spéciale, d'autres gratte-papiers et éminences grises en plein stress. Dans un brouhaha rendu aigu par l'enregistrement numérique je discernais quelques phrases :
- Messieurs, c'est une catastrophe nationale. Des rapports me parviennent chaque minute faisant état d'une destruction massive de nos infrastructures et ce sur les zones à forte population.
- Monsieur, nos services ne sont pas en cause, nous n'avons fait qu'exécuter les directives. Nous avons les documents classifiés et authentifiés. Cherchez les responsabilités ailleurs.
- Responsabilités ? qui peut se targuer d'être responsable d'avoir placé plus de 2500 BIEM-d3k sur tout le territoire ?
- Quoi ? foutaises, mensonges, à peine 250 BIEM et en version d500 en plus ! d'où sortez-vous ces informations ?
- Des relevés satellites, des bons de commandes, des rapports d'installations... voici tous les documents !
- Et voici les nôtres, commande de 250 BIEM-d500, carte des installations, zones neutralisées, évaluations des dommages collatéraux... rien vous m'entendez, rien de comparable avec ce que vous annoncez... voici les rapports de nos sections en charge des installations, fidèles aux directives !
- Au vu des rapports et de l'observation des dégâts, je vous confirme Monsieur le Président que nous avons bien déclenché non pas 2500 mais 1580 BIEM-d3k. Si ce qu'avance monsieur le secrétaire de la sécurité intérieure est exact...
- 2500 BIEM-d3K !!! pas 1580 !!! regardez les documents !!
- Mais qui a budgété cela ? vous rendez-vous compte des sommes titanesques ?
- Et vous, regardez les photos satellites, il y a bien 1580 explosions d'IEM !!! regardez les ravages et les zones d'actions de ces impulsions !!! plus de 10 fois celle des version d500 ! c'est un massacre !
- Cela est impossible ! jamais notre plan ne mentionnait ce matériel, ce nombre et cette localisation ! il ne devait y avoir qu'un nombre infime de victimes, tout était préparé depuis des mois...
- De plus nous avons perdu le contact avec certaines unités spéciales, qui semblent toujours agir sur ordre... mais de qui ?
- Monsieur, si vous n'êtes plus capable de tenir vos chiens de guerre, cela est trop facile de hurler à la rivalité inter-services...
- Silence !
Le Chef de l'Etat s'était levé et un silence brutal laissa soudain entendre le sifflement de l'enregistrement.
S'adressant à l'auditoire figé il reprit :
- Messieurs, devant l'ampleur de la catastrophe, je décrète à cette seconde l'état d'urgence niveau 1SI. La sécurité intérieure est compromise et chacuns de nos services compromis. Si j'ai bien entendu, il reste 920 BIEM-d3k placés sur notre territoire prêts à être activés... Dieu seul sait quand, où et par qui !
- Monsieur Le Président, le niveau 1SI c'est la dissolution de toutes les structures de sécurité et défense intérieure, l'activation des structures secondaires et le passage en régime semi-militaire...
- Oui messieurs, à partir de cette seconde, vous êtes tous démis de vos fonctions, vous perdez toute autorité, mais vous restez tous consignés au service de la réactivation des structures secondaires. Toutes les opérations spéciales codées N1 à N60 sont gelées. Rappel de tous les personnels de niveau N60 et neutralisation de toutes les opérations en cours de niveaux N50 et inférieurs. La procédure Thot est activée à cette seconde.
Le Président sortit un boitier qu'il posa sur son bureau. Tour à tour les ministres y tapèrent un code secret, le Président termina par apposer son doigt sur un lecteur d'empreinte digitale et l'image se figeât, l'écran devint noir puis un logo inconnu apparut - "S-I-S" ainsi qu'un compte à rebours.
J'étais médusé, le sergent à mes côtés, raide, livide, avait perdu son assurance.
Je ne compris pas plus de la moitié de ce que je venais d'entendre mais j'avais bien interprété. Et bizarrement, je commençais à y voir un peu plus clair, juste un peu. Les boules de cet abaque perdaient peu à peu de leur mystère. Trop lentement cependant. Après avoir entendu cela, il fallait que mon personnage agisse vite et sans attendre, je fis appel à ce "conditionnement" imaginaire pour y trouver la conduite à tenir.
- Sergent, apportez-moi une tenue propre, civile mais complète, vous me comprenez ! Je dois me préparer, le temps presse.
Je venais de prononcer ces mots avec une voix neutre et autoritaire et cela avait eu un effet instantané sur ce sergent qui en une seconde avait repris sa place dans la hiérarchie des grades militaires.
- À vos ordres mon lieutenant, rendez-vous dans trente minutes avec l'équipement et ravi de vous avoir à nouveau parmi nous !
Il remballa tout son matériel et sortit précipitamment.
Je disposais de trente minutes.
Je filai dans la salle de bain, petit local de plastique moulé et pris une douche chaude. Je n'aurai jamais pensé combien une douche chaude avec savon pouvait être douloureuse sur tant de plaies mais aussi bonne pour l'esprit et l'Âme. Je retrouvai chaleur intérieure, maîtrise, force, confiance, espoir... "juste" grâce à la magie de cette eau chaude. Les gouttes brulantes glissaient sur mon visage et sur mon corps. Je souriais, mon cerveau s'était remis à fonctionner correctement et je venais de trouver le moyen de lire le message de Lisa.
________________________________________________________
"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
- Nombre de messages : 1570
Localisation : :noitasilacoL
Emploi : :iolpmE
Loisirs : :srisioL
Date d'inscription : 29/10/2010
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
33 : C'est l'Enfer en Ville.
-Qu'est ce qui se passe encore?
Diégo venait de se faire réveiller par son bras droit.Max en sueur était dans l'encadrement de la porte de la chambre plongée dans une semi pénombre. Les restes d'une bougie coincée dans le fond d'une boite de conserve diffusait une faible luminosité.
-On a un problème. La Citée du Nord vient...
Des tirs en rafales coupèrent Max dans sa phrase.
-Bordel !!! gueula Diégo en se levant et en prenant son fusil à la main.
-C'est ce que je voulais te dire ! Ils essayent de prendre d'assaut le bloc des lilas.
Les deux hommes sortirent de l'appartement en courant. Samir le Marocain les attendait devant. Des coups de feu retentissaient à intervalles réguliers.
Arrivés sur les toits, ils avaient une meilleur vue d'ensemble du quartier Sud. Il ne manquait plus que ça, pensa Diégo en prenant ses jumelles. Depuis le Black-out, les deux citées ne s'était plus affrontées, chacun avait
ses propres problèmes a régler et maintenant, ceux du Nord venaient les emmerder dans leur quartier. Ils n'allaient pas s'en tirer aussi facilement. Une de ses sentinelles étaient là et tiraient au fusil à lunette à intervalle régulier.
-Qu'est ce que ça dit exactement ? demanda Diégo se rapprochant de lui jumelles à la main.
-Une bande du Nord s'est infiltré jusqu'au Lilas, ils ont voulu prendre de la bouffe et ont tiré dans le tas en pensant pouvoir repartir. Quatre sont à terre. Cinq autre sont terrés derrière le bus. Ils ne peuvent pas
bouger de leur trou.
Il regarda en contre bas. La carcasse du transport en commun de la ville était illuminé lorsque les occupants
tiraient. Ils allaient les déloger rapidement.
-Samir, prends deux gars avec des cocktails et passez par le souterrain pour aller aux glaïeuls. De là, vous leur balancerez les engins sur leur sale gueule. On les coiffera dés leur sortie.
-C'est bon, on les a jeté dans le fleuve ! lui murmura Max à l'oreille tout en s'asseyant à ses cotés.
Diégo prit une gorgée du bouillon qu'on venait de lui servir, Mama San savait faire des bons potages avec ce qu'elle trouvait ou du moins ce que ses hommes trouvaient. Il ne fallait pas attendre que l'Etat fournisse de l'Aide. Cela faisait maintenant plus d'une semaine que le Blackout avait commencé et rien n'avait bougé.
Il avait bien vu les camps de réfugiés qui s'étaient révoltés contre les militaires qui les surveillaient. Bien qu'ils étaient là pour aider la population.
Mais que faisaient les autres pays?
Aucune aide alimentaire ou sanitaire n'arrivait. Lorsqu'il y avait eu les tsunamis en Asie ou les tremblements de terre en Amérique Centrale. Tout le monde se mobilisait, là, il n'y avait personne...
...Rien.
Il se rappelait avoir entendu avant le Blackout que la scène internationale était au plus mal à cause de la Grande Crise. Qu'avait-il bien pu se passer pour qu'il n'y ai aucun secours? Que faisait réellement l'État?
Toutes ces questions revenaient souvent dans son cerveau lors de moment de calme. Le Quartier lui avait donné le rôle de chef depuis le Blackout, depuis son retour du camp avec le reste du véhicule blindé et le départ des
militaires de la ville. Les jeunes s'étaient ralliés sous les ordres des hommes de son gang. Ceux-ci aidaient la population des blocs comme ils le pouvaient. Sans électricité, la vie était devenue beaucoup plus dure.
Tout avait été rassemblé pour la collectivité et mis sous protection dans les caves et tunnels creusés avant le Blackout.
Mama San avec plusieurs femmes des blocs s'étaient organisées pour la préparation des repas. La distribution rationnée se faisait en présence des hommes de Diégo mais l'eau et les vivres allaient manquer si ils ne faisaient rien. Il devait y avoir plus de cinq cent personnes dans le quartier. Beaucoup était revenu des camps et n'osaient pas repartir vers d'autres endroits, d'autres avaient tout de même franchi les portes du quartier pour chercher de l'aide ailleurs peut être dans les pays voisins.
Diégo avait fait piller les magasins alentours avant que ceux des quartiers nord ne le fassent avant. Il y avait bien quelques échauffourées laissant quelques morts de chaque coté. Les deux quartiers étaient disposées assez loin et maintenant cela pouvait devenir une vraie expédition d'aller se venger. Diégo avait préféré garder ses
hommes à la protection de son quartier et n'envoyait que quelques équipes de jeunes pour la récupération d'aliments et de vivre en dehors du quartier. Ils cambriolaient les maisons désertées ou non par la population lors du Blackout. Ils devaient éviter le plus possible les échauffourées avec ceux des quartiers Nord.
Mais cela n'avait pas empêché les nordistes de venir fouiner chez eux.
Il allait devoir se venger de cet affront et cela allait sûrement se terminer en d'inévitables affrontements.
-Qu'est ce qui se passe encore?
Diégo venait de se faire réveiller par son bras droit.Max en sueur était dans l'encadrement de la porte de la chambre plongée dans une semi pénombre. Les restes d'une bougie coincée dans le fond d'une boite de conserve diffusait une faible luminosité.
-On a un problème. La Citée du Nord vient...
Des tirs en rafales coupèrent Max dans sa phrase.
-Bordel !!! gueula Diégo en se levant et en prenant son fusil à la main.
-C'est ce que je voulais te dire ! Ils essayent de prendre d'assaut le bloc des lilas.
Les deux hommes sortirent de l'appartement en courant. Samir le Marocain les attendait devant. Des coups de feu retentissaient à intervalles réguliers.
Arrivés sur les toits, ils avaient une meilleur vue d'ensemble du quartier Sud. Il ne manquait plus que ça, pensa Diégo en prenant ses jumelles. Depuis le Black-out, les deux citées ne s'était plus affrontées, chacun avait
ses propres problèmes a régler et maintenant, ceux du Nord venaient les emmerder dans leur quartier. Ils n'allaient pas s'en tirer aussi facilement. Une de ses sentinelles étaient là et tiraient au fusil à lunette à intervalle régulier.
-Qu'est ce que ça dit exactement ? demanda Diégo se rapprochant de lui jumelles à la main.
-Une bande du Nord s'est infiltré jusqu'au Lilas, ils ont voulu prendre de la bouffe et ont tiré dans le tas en pensant pouvoir repartir. Quatre sont à terre. Cinq autre sont terrés derrière le bus. Ils ne peuvent pas
bouger de leur trou.
Il regarda en contre bas. La carcasse du transport en commun de la ville était illuminé lorsque les occupants
tiraient. Ils allaient les déloger rapidement.
-Samir, prends deux gars avec des cocktails et passez par le souterrain pour aller aux glaïeuls. De là, vous leur balancerez les engins sur leur sale gueule. On les coiffera dés leur sortie.
-C'est bon, on les a jeté dans le fleuve ! lui murmura Max à l'oreille tout en s'asseyant à ses cotés.
Diégo prit une gorgée du bouillon qu'on venait de lui servir, Mama San savait faire des bons potages avec ce qu'elle trouvait ou du moins ce que ses hommes trouvaient. Il ne fallait pas attendre que l'Etat fournisse de l'Aide. Cela faisait maintenant plus d'une semaine que le Blackout avait commencé et rien n'avait bougé.
Il avait bien vu les camps de réfugiés qui s'étaient révoltés contre les militaires qui les surveillaient. Bien qu'ils étaient là pour aider la population.
Mais que faisaient les autres pays?
Aucune aide alimentaire ou sanitaire n'arrivait. Lorsqu'il y avait eu les tsunamis en Asie ou les tremblements de terre en Amérique Centrale. Tout le monde se mobilisait, là, il n'y avait personne...
...Rien.
Il se rappelait avoir entendu avant le Blackout que la scène internationale était au plus mal à cause de la Grande Crise. Qu'avait-il bien pu se passer pour qu'il n'y ai aucun secours? Que faisait réellement l'État?
Toutes ces questions revenaient souvent dans son cerveau lors de moment de calme. Le Quartier lui avait donné le rôle de chef depuis le Blackout, depuis son retour du camp avec le reste du véhicule blindé et le départ des
militaires de la ville. Les jeunes s'étaient ralliés sous les ordres des hommes de son gang. Ceux-ci aidaient la population des blocs comme ils le pouvaient. Sans électricité, la vie était devenue beaucoup plus dure.
Tout avait été rassemblé pour la collectivité et mis sous protection dans les caves et tunnels creusés avant le Blackout.
Mama San avec plusieurs femmes des blocs s'étaient organisées pour la préparation des repas. La distribution rationnée se faisait en présence des hommes de Diégo mais l'eau et les vivres allaient manquer si ils ne faisaient rien. Il devait y avoir plus de cinq cent personnes dans le quartier. Beaucoup était revenu des camps et n'osaient pas repartir vers d'autres endroits, d'autres avaient tout de même franchi les portes du quartier pour chercher de l'aide ailleurs peut être dans les pays voisins.
Diégo avait fait piller les magasins alentours avant que ceux des quartiers nord ne le fassent avant. Il y avait bien quelques échauffourées laissant quelques morts de chaque coté. Les deux quartiers étaient disposées assez loin et maintenant cela pouvait devenir une vraie expédition d'aller se venger. Diégo avait préféré garder ses
hommes à la protection de son quartier et n'envoyait que quelques équipes de jeunes pour la récupération d'aliments et de vivre en dehors du quartier. Ils cambriolaient les maisons désertées ou non par la population lors du Blackout. Ils devaient éviter le plus possible les échauffourées avec ceux des quartiers Nord.
Mais cela n'avait pas empêché les nordistes de venir fouiner chez eux.
Il allait devoir se venger de cet affront et cela allait sûrement se terminer en d'inévitables affrontements.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
34 - Contact à Creuton
Journal de Benjamin, Vipère Bleue, Spec. ops. Alpha
Je pris le verre et bus une gorgée d'eau. Le liquide frais rafraichît ma gorge. J'aurais préféré boire une bière mais c'était une denrée qui était devenu rare dans le quartier.
–Ne me raconte pas comment tu as passé les lignes. Le principal c'est que tu sois là.
–J'aurais préféré un autre endroit tu sais, ici, je nous mets en grand danger. Je suis recherché et ils sont prêts à me tuer.
–Personne ne sait que tu es ici donc on ne risque rien.
–Tu sais très bien que l'on devient vite parano avec tout ça...
Je repris une autre gorgée d'eau et me servit de nouveau un verre. Je n'ai pas eu besoin de tuer qui que ce soit et j'étais passé à travers les défenses de la ville sans me faire voir. Un exploit même pour un gars
entrainé comme moi.
–Bon et maintenant ? demanda la jeune femme en face de moi.
–Il faut que je pénètre dans l'hôtel des journalistes et que je puisse envoyer les données à mon contact à l'étranger. Les informations que je possède doivent être diffusées pour que le monde sache ce qui s'est
passé ici.
–Tout ça... Et ben, t'es vraiment pas au courant des derniers événements internationaux ?
Je me grattai ma barbe de plusieurs jours et me calais dans le fauteuil.
–Non, rien du tout. Cela fait une semaine que j'essaye d'atteindre le Creuton et sa préfecture. Alors, que s'est il passé?
La femme prit une inspiration avant de commencer. Ce qu'elle avait à me dire semblait dur même pour un soldat qui en a vu beaucoup comme moi.
–Le moyen-orient est en guerre depuis deux jours. Tous les pays affrontent Israël. Il n'ont pu recevoir aucune aide extérieur comme les Etats-Unis car ceux-ci ont subi plusieurs attaques terroristes sur leur territoire.
Les USA et le Canada ont fermé leurs frontières. Et c'est pas mieux du coté de nos pays voisins. Les IEMs ont bousillés plusieurs structures vitales de nos voisins. Ils n'osent pas entrer sur notre territoire à cause des trois laboratoires de recherches médicales nationaux et des centrales nucléaires.
–Comment ça? Que c'est il passé?
–Les IEMs ont détruits les structures électriques de confinement de plusieurs laboratoires. Des virus se sont propagés dans plusieurs villes et les campagnes avoisinantes. L'information est vite remontée par les radios civiles qui avaient été hors de portée des attaques. Je ne sais pas comment le Gouvernement va gérer cette situation mais elle devient de plus en plus mauvaise. Pour le nucléaire, plusieurs centrales ont été
touché par les IEMs. Normalement leur confinement et leur structure les protègent de toutes agressions externes mais c'est le personnel qui a fait défaut rapidement et il y a eu de nombreux incidents internes.
L'une des centrales a surchauffé et a explosé. La population alentour n'a pas pu être évacué et nous n'avons pour l'heure aucun moyen de savoir ce qu'il en est sur place.
–Bordel ! Je suis responsable de toute cette merde!
–Tu as suivi des ordres comme moi même.
–Des ordres que j'aurais pu refuser.
–Quelqu'un d'autre l'aurai fait à ta place et toi, tu aurais été tué.
–C'est exact. D'ailleurs c'est ce qui a faillit se passer lors de la nuit du Bug.
–Comment ça ?
–J'ai perdu toute mon équipe la nuit du Bug. Les Loups étaient là pour nous éliminer.
–Les Loups ?
–L'équipe de Joseph Steiner, le Loup-Alpha de l'équipe Bravo. Ils effectuent en majorité que des opérations d'éliminations ou d'exfiltration.
–Je connais Jo. Il m'a exfiltré d'un pays d'Afrique où j'avais été faite prisonnière. Je ne comprends pas pourquoi ils avaient pour mission de vous éliminer.
–Il faut éliminer toutes les preuves qui mènent au gouvernement.
–Mais pourquoi tout ce bazar ?
–La délinquance en forte hausse, la crise, les différents problèmes à travers le pays. Je ne sais pas. Mon équipe a placé de nombreux IEM dans tout le pays mais j'ai vu du gaz sortir de camionnettes et endormir les
gens. Ce n'était pas mon équipe. J'ai côtoyé des personnes qui ont vu des jeunes des citées affronter l'armée. Elles m'ont dit que certaines villes n'étaient plus que des ruines fumantes.
–Que va donc faire le Gouvernement pour ça ? Que va t'il trouver à dire ?
–Il y a eu une réunion de crise dans la matinée et elle n'était pas fameuse.
–Comment ça?
–Il y a eu un nombre incroyable d'explosions IEM.
–250, complétais-je.
–Non Benjamin. Il y en a eu 1580.
–Quoi,
1580? nous en avons juste placé 250 sur tout le territoire. J'ai tout sur support informatique. Les emplacements exacts fournis dans le dossier mission. Des emplacements aux mètres près. Comment est il possible qu'il y ait eu autant d'IEM?
–Personne ne le sait encore. Cela a été un grand débat ce matin.
–Bon, ce ne sera plus mon problème quand j'aurais envoyé les informations à travers le monde. Ils auront encore plus de travail pour cacher tout ça.
Je me préparais à sortir lorsque la jeune femme posa sa douce main sur ma poitrine et dit :
–Benjamin, encore une chose. La procédure Thot a été mise en route.
Prêt à me lever, je pris le verre d'eau à coté de moi et le bus d'un trait.
–Et merde ! Je ne pensais pas qu'ils allaient en arriver là.
Mon plan venait de prendre un sérieux revers. Selon les premières mesures de la procédure Thot : toutes les installations télé et radio allaient être coupés dans moins de vingt quatre heures. Il ne me restais vraiment plus beaucoup de temps pour agir. Je me levais, pris le pistolet automatique Glock qui se trouvait sur la table. Après avoir vérifié le chargeur, je le mis sous ma nouvelle chemise. La carte d'accès fournie
par la jeune femme allait m'aider à passer les contrôles. Je me retournais une dernière fois avant de quitter la chambre d'hôtel.
–Au fait... avec ta nouvelle coupe de cheveux, tu ressembles beaucoup à ta petite sœur Lisa.
Journal de Benjamin, Vipère Bleue, Spec. ops. Alpha
Je pris le verre et bus une gorgée d'eau. Le liquide frais rafraichît ma gorge. J'aurais préféré boire une bière mais c'était une denrée qui était devenu rare dans le quartier.
–Ne me raconte pas comment tu as passé les lignes. Le principal c'est que tu sois là.
–J'aurais préféré un autre endroit tu sais, ici, je nous mets en grand danger. Je suis recherché et ils sont prêts à me tuer.
–Personne ne sait que tu es ici donc on ne risque rien.
–Tu sais très bien que l'on devient vite parano avec tout ça...
Je repris une autre gorgée d'eau et me servit de nouveau un verre. Je n'ai pas eu besoin de tuer qui que ce soit et j'étais passé à travers les défenses de la ville sans me faire voir. Un exploit même pour un gars
entrainé comme moi.
–Bon et maintenant ? demanda la jeune femme en face de moi.
–Il faut que je pénètre dans l'hôtel des journalistes et que je puisse envoyer les données à mon contact à l'étranger. Les informations que je possède doivent être diffusées pour que le monde sache ce qui s'est
passé ici.
–Tout ça... Et ben, t'es vraiment pas au courant des derniers événements internationaux ?
Je me grattai ma barbe de plusieurs jours et me calais dans le fauteuil.
–Non, rien du tout. Cela fait une semaine que j'essaye d'atteindre le Creuton et sa préfecture. Alors, que s'est il passé?
La femme prit une inspiration avant de commencer. Ce qu'elle avait à me dire semblait dur même pour un soldat qui en a vu beaucoup comme moi.
–Le moyen-orient est en guerre depuis deux jours. Tous les pays affrontent Israël. Il n'ont pu recevoir aucune aide extérieur comme les Etats-Unis car ceux-ci ont subi plusieurs attaques terroristes sur leur territoire.
Les USA et le Canada ont fermé leurs frontières. Et c'est pas mieux du coté de nos pays voisins. Les IEMs ont bousillés plusieurs structures vitales de nos voisins. Ils n'osent pas entrer sur notre territoire à cause des trois laboratoires de recherches médicales nationaux et des centrales nucléaires.
–Comment ça? Que c'est il passé?
–Les IEMs ont détruits les structures électriques de confinement de plusieurs laboratoires. Des virus se sont propagés dans plusieurs villes et les campagnes avoisinantes. L'information est vite remontée par les radios civiles qui avaient été hors de portée des attaques. Je ne sais pas comment le Gouvernement va gérer cette situation mais elle devient de plus en plus mauvaise. Pour le nucléaire, plusieurs centrales ont été
touché par les IEMs. Normalement leur confinement et leur structure les protègent de toutes agressions externes mais c'est le personnel qui a fait défaut rapidement et il y a eu de nombreux incidents internes.
L'une des centrales a surchauffé et a explosé. La population alentour n'a pas pu être évacué et nous n'avons pour l'heure aucun moyen de savoir ce qu'il en est sur place.
–Bordel ! Je suis responsable de toute cette merde!
–Tu as suivi des ordres comme moi même.
–Des ordres que j'aurais pu refuser.
–Quelqu'un d'autre l'aurai fait à ta place et toi, tu aurais été tué.
–C'est exact. D'ailleurs c'est ce qui a faillit se passer lors de la nuit du Bug.
–Comment ça ?
–J'ai perdu toute mon équipe la nuit du Bug. Les Loups étaient là pour nous éliminer.
–Les Loups ?
–L'équipe de Joseph Steiner, le Loup-Alpha de l'équipe Bravo. Ils effectuent en majorité que des opérations d'éliminations ou d'exfiltration.
–Je connais Jo. Il m'a exfiltré d'un pays d'Afrique où j'avais été faite prisonnière. Je ne comprends pas pourquoi ils avaient pour mission de vous éliminer.
–Il faut éliminer toutes les preuves qui mènent au gouvernement.
–Mais pourquoi tout ce bazar ?
–La délinquance en forte hausse, la crise, les différents problèmes à travers le pays. Je ne sais pas. Mon équipe a placé de nombreux IEM dans tout le pays mais j'ai vu du gaz sortir de camionnettes et endormir les
gens. Ce n'était pas mon équipe. J'ai côtoyé des personnes qui ont vu des jeunes des citées affronter l'armée. Elles m'ont dit que certaines villes n'étaient plus que des ruines fumantes.
–Que va donc faire le Gouvernement pour ça ? Que va t'il trouver à dire ?
–Il y a eu une réunion de crise dans la matinée et elle n'était pas fameuse.
–Comment ça?
–Il y a eu un nombre incroyable d'explosions IEM.
–250, complétais-je.
–Non Benjamin. Il y en a eu 1580.
–Quoi,
1580? nous en avons juste placé 250 sur tout le territoire. J'ai tout sur support informatique. Les emplacements exacts fournis dans le dossier mission. Des emplacements aux mètres près. Comment est il possible qu'il y ait eu autant d'IEM?
–Personne ne le sait encore. Cela a été un grand débat ce matin.
–Bon, ce ne sera plus mon problème quand j'aurais envoyé les informations à travers le monde. Ils auront encore plus de travail pour cacher tout ça.
Je me préparais à sortir lorsque la jeune femme posa sa douce main sur ma poitrine et dit :
–Benjamin, encore une chose. La procédure Thot a été mise en route.
Prêt à me lever, je pris le verre d'eau à coté de moi et le bus d'un trait.
–Et merde ! Je ne pensais pas qu'ils allaient en arriver là.
Mon plan venait de prendre un sérieux revers. Selon les premières mesures de la procédure Thot : toutes les installations télé et radio allaient être coupés dans moins de vingt quatre heures. Il ne me restais vraiment plus beaucoup de temps pour agir. Je me levais, pris le pistolet automatique Glock qui se trouvait sur la table. Après avoir vérifié le chargeur, je le mis sous ma nouvelle chemise. La carte d'accès fournie
par la jeune femme allait m'aider à passer les contrôles. Je me retournais une dernière fois avant de quitter la chambre d'hôtel.
–Au fait... avec ta nouvelle coupe de cheveux, tu ressembles beaucoup à ta petite sœur Lisa.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
35 - clepsydre
plic ploc...
plic ploc
Depuis mon nez vers le siphon, les gouttes tombaient comme les grains d'un sablier. La chaleur humide embuait tout, robinetterie, miroir, conscience. Chaque calorie absorbée me replongeait dans le passé, lentement malgré moi, j'oubliais mon proche présent. Tout devenait distant, ralenti, tout devenait neutre. Mon esprit et mon corps décompressaient en même temps que mon âme. Abandon au repos total, hors de l'univers du tangible. Je n'arrivais pas à me rassasier de cette chaleur fluide.
Toutes les douleurs niées, combattues, dominées revenaient maintenant victorieuses. Elles massacraient ma volonté sans pitié ni répit, elles me pliaient. Je me soumettais avec délice à la Loi de ma faiblesse, aux volutes vaporeuses du déni. A l'image de ma peau gonflée par l'eau, j'étais devenu mou, mou et lent. Ablutions d'une méduse narcissique, à peine plus dense que l'eau qui la porte.
Au travers de la brume chaude j'entendis une voix forte :
- Grouillez-vous mon lieutenant, les bérets gris arrivent plus tôt que prévu, ils ont du lourd, ça va merder, vos affaires sont sur le lit ainsi que les consignes que je devais vous transmettre, je file au point d'évacuation écho-2, magnez-vous, magnez-vous...
Il était aussitôt reparti et ses mots ne m'avaient pas éveillé. Je retournais m'abandonner à l'envoutement liquide, à l'unique préoccupation de moi-même.
Je coupai l'eau presque automatiquement en entendant les bruits claquants qui semblaient venir de l'extérieur. Je venais de reconnaître la rafale d'arme automatique. Les tirs étaient maintenant si proches que je pouvais discerner le bruit des dernières douilles éjectées tinter sur le sol dur... et j'étais nu, mouillé et encore si ramolli par cette ambiance tropicale que par réflexe enfantin, j'éteignis la lumière et m'enfermais dans cette minuscule pièce. Recroquevillé au sol, les mains sur les oreilles, les yeux appuyés sur mes genoux comme en position fœtale dans cette brume amniotique je niais la réalité de toute mes forces. Je tremblais, soudain glacé de terreur, caché par l'obscurité, la vapeur et le lavabo. Maléfique sauna qui ressuscitait mes peurs, la chance qui m'avait jusqu'alors accompagné venait de me lâcher pour aller s'occuper d'un autre. Je me forçais à réfléchir mais plus je forçais, plus je me tétanisais mentalement, plus je tournais en rond sans choisir de pensée constructive. Je me traitais de tous les noms et épithètes possibles, sans succès, pas de cravache pour relancer la course de mon esprit. J'avais bien résisté et combattu jusqu'alors, mais là, je repris avec tout le sens donné au mots, l'expression militaire : tout "merdait".
De nombreuses déflagrations s'ajoutaient maintenant aux coups de feu. Des bruits de courses, des chocs contre les murs, des rafales, des explosions... Il me semblait revivre en plus violent l'évacuation de mon immeuble, manquaient juste les cris et l'affolement, les militaires sont-ils donc aussi professionnels vis à vis de leur propre mort ? Je mesurai alors mon décalage d'avec ce monde là.
Mes yeux fortement appuyés sur mes genoux coloraient mon obscurité d'éclairs et de douleurs. Quand la porte de la chambre fut défoncée, que la flash grenade y fut lancée suivie par une rafale à hauteur d'homme, je n'avais pas bougé d'un millimètre, par chance protégé par ma position je fus bien moins incapacité par l'éclair et le bruit monstrueux de la détonation. La porte en tôle s'était enfoncée droit sur moi me coinçant contre les volets du bac à douche. Un morceau de quelque chose s'était planté dans mon bras et lorsque la douleur me fit ouvrir les yeux, je vis à travers la fumée irritante une lueur rouge qui s'infiltrait peu à peu dans chaque recoin de la pièce.
Je compris alors que je voyais un faisceau de torche précédé d'un point rouge laser. Dans le noir je ne voyais que l'étrange halo et parfois le point rouge qui dansait sur les surfaces alentours, j'étais caché et ne pouvais rien voir directement. Mais là, à quelque mètres, une arme cherchait sa cible de chair. L'obscurité revint d'un seul coup, le bruit de course dans le couloir si proche signifiait la fin de la chasse. J'avais encore eu de la chance !
Avec mille précautions, je commençais à bouger. L'air était de plus en plus suffocant et mes yeux brulaient terriblement. Merci à la serviette providentielle qui humidifiée m'aidait à flirter l'air corrosif.
Les bruits extérieurs s'éloignaient eux aussi et le feu commençait à ronronner pas très loin. Ses craquements de bête annonçaient sa puissance et son ambition. Déjà une lueur apportée par les multiples reflets de l'extérieur envahissait la pièce. Je marchais alors sur les gravats, sur des formes agressives, je me coupais. Je devinai le lit, renversé, les affaires sous le matelas et au milieu, rien ! Plus rien !
Je me jetais à genoux, explorant chaque centimètre carré, utilisant chaque lux, chaque contours deviné par mes doigts, à la recherche de mes chaussures et de leur secret. Je trouvais la chemise, le pantalon, la veste, je trouvais le pistolet dans son holster, la pochette avec les chargeurs, je trouvais la musette, je trouvais même les rangers neuves... je rencontrais tout ce qu'il y a peu vivait en hauteur, c'était là au sol, cassé comme vaincu, éparpillé dans toute la pièce. Mes chaussures n'étaient plus là. Mes anciens habits disparus eux aussi. Frénétiquement, je me mis à la recherche du bout de papier, renversant avec furie tout ce qui restait vertical, la vue brouillée par des larmes aux multiples causes. Comment le trouver dans ce sombre chaos, ce morceau de papier maudit.
Et le feu qui enflait aux portes du couloir, lançait son écharpe noire à l'assaut de mon oxygène. Je ne pouvais plus rester.
Lançant les pires anathèmes à la face du destin, je m'habillais rapidement avec ces habits propres dont je n'arrivais pas à voir la couleur. Les rangers neuves n'étaient pas à ma taille et malgré le choc causé par cette constatation, je ressentis une joie inexplicable, je venais de me retrouver Moi, grâce à mes grands pieds, preuve irréfutable de mon existence unique, inviolable. Le douloureux épisode de schizophrénie touchait à sa fin. Adieu lieutenant valmachinchose...
C'est avec des chaussures bien trop petites que je quittais en boitillant la chambre qui m'avait accueilli malgré moi. Je ne sais plus quel était le sentiment dominant tant tout était simultané. Remords, colère, frustration, peur, stress... Je venais encore une fois d'échapper à la mort et perdu dans mes pensées je ne le réalisais même pas, trop en rage contre la fatalité.
J'entendis alors le bruit d'hélicoptères. Ils arrivèrent et aussitôt repartirent après juste quelques secondes d'immobilité. Je n'oublierai jamais ce bruit aigu des turbines, du claquement sec des pales sur l'air. Attisé par cet apport providentiel de comburant, le feu se goinfrait sous mes yeux, tout passait pour son infernal repas. Et plus il mangeait, plus il avait faim. Ma progression dans ce carrousel de flammes, lueurs et fumées était laborieuse. Mes pieds déjà blessés devaient non seulement tolérer une compression douloureuse mais aussi se placer rapidement en équilibre sur des supports instables. Gravats, mobilier brisé, vitres, morceaux divers et variés, tous plus ou moins aigus, piquants, tranchants, géométrique filiation avec la violence du moment. Je finis par sortir à l'air libre, dans une demi clarté ou une demi pénombre, je ne me souviens plus. Ce moment est trop confus et le temps ne l'a pas décanté. Sans doute même ai-je mélangé certains faits...
Je me laissais tomber sur l'herbe, exténué aspirant l'air frais par goulées interminables. Malgré mes yeux irrités je me souviens avoir discerné des formes au sol, des corps dont les postures sans équivoques figeaient la mort et le combat. Sous cet éclairage étrange, les couleurs n'existaient plus. Dans ce Guernica réel à qui ne manquait que le taureau et le cheval, un visage familier se détachait. Son expression donnait l'illusion de la vie mais sa fixité, la certitude de la mort. Dans ma poitrine mon cœur battait si fort qu'il semblait m'assourdir, funèbre tocsin. Le sergent gisait là, à quelque mètres de moi. Il y a peu, il incarnait la force, la puissance du militaire. Cet homme qui avait cru reconnaître en moi un des siens m'avait donné quelque chose d'indéfinissable. Un mélange de confiance inébranlable, de respect, d'exigence, comme une communion des forces, une addition de pouvoirs, de possibilités. Je devais retrouver tout cela et m'en servir de carburant. Je réalisais maintenant qu'être seul était une faiblesse.
Moi, l'usurpateur sauvé au détriment du véritable... il était mort, je vivais. Mal à l'aise, je ne voulais pas "gagner" ma vie de la sorte. J'avais besoin de mettre de la distance entre l'horreur, le paradoxe et Moi. Je m'étais enfuis à quelques centaines de mètres de là, caché par la forêt... verte et pure alliée. Mes pieds ne pouvaient plus se tenir dans les rangers ouvertes et il était urgent de trouver une solution. Le feu désormais régnait sur les installations, maillage géométrique de préfabriqués carbonisés. Là-bas, rien ne serait récupérable. La rage au ventre je pensais au message de Lisa dont seules les flammes connaissaient maintenant le secret. J'avais tout perdu. Tout ? Il me restait l'arme et la musette. Elle était en piteux état. Seule une petite paire de jumelles et deux barres de céréales avaient pu être sauvées. Le reste, écrasé, cassé, je l'avais jeté en rageant. Au fond dans une poche à rabat, il y avait aussi un petit boitier métallique, sans doute électronique que je n'arrivais pas à ouvrir.
Je devais partir et quitter ce lieu par deux fois maudit avant qu'une autre calamité ne vienne y exercer sa folie. Une idée commençait à s'imposer à moi, je tentais bien de la repousser mais elle revenait plus fortement à chaque fois, je me voyais fouiller les cadavres, rechercher des chaussures et récupérer les objets utiles... cette idée je ne pouvais pas l'accepter si vite. Je devais affaiblir ma morale, relativiser besoin-moyen-survie, briser les tabous.
Je retournais vers le corps du sergent en espérant que sa pointure serait identique à la mienne. Je le connaissais et lui connaissait ce lieutenant... ce n'était pas vraiment voler, il n'y avait ni blasphème, ni profanation. Je m'en persuadais violemment. Mensonge à moi même, auto-fourberie.
Avec malaise, je touchais ce corps encore chaud et souple. Bouger un mort, un mort "frais" ce n'est pas comme toucher un homme qui dort, un homme évanoui. C'est vraiment ressentir quelque chose d'étrange et de terrifiant, cela bouge difficilement, tout semble plus lourd et encore habité... Avec un respect inattendu j'enlevais maladroitement une chaussure, je m'entendis lui parler, lui expliquer la raison de cet acte. Je me sentis mal quand mon pied la trouva à sa taille et tiède de la vie qui, encore il y a peu, l'occupait. Je me chaussais laborieusement. Sans pouvoir me lever et marcher, je ressentais mes pieds comme étrangers. Me fallait-il encore une fois pour survivre, mélanger mon identité à une autre ? ce coup-ci marcher dans d'autres pas ? ne serais-je donc jamais Moi-même, entier, autonome... suffisant ?
Je fis mouvement, comme ivre.
Je trouvais un couteau au milieu des cadavres, trouvaille importante qui me dispensait de fouiller les poches pourtant libérées de toute notion de propriété. Le sang partout présent me donnait envie de vomir, il me semblait le sentir, j'en avais la fadeur métallique à la bouche. Il me chassait de la scène comme un répulsif.
A l'écart, adossé à un arbre, au bord de la nausée, je tentais de reprendre mes esprits lorsque j'entendis un petit "bip" aigu. Il me semblait venir de la musette et je pensai instantanément à la petite boîte métallique. A la regarder de plus près, je vis un bouton sur un des côtés. J'appuyai. Un clapet s'ouvrit et je vis avec stupeur un lecteur d'empreintes digitales légèrement éclairé par une diode rouge. Encore... il me semblait revivre en boucle des bribes de cauchemars, tout revenait mais de façon différente, je vivais une pièce de théâtre moderne, caricature d'Arrabal, d'Artaud et Kafka.
Bien évidement, mon empreinte n'ouvrit pas la boîte.
Je me forçais à réfléchir...
Au bout de quelque temps, couvert de sueur et les muscles tendus à se rompre, je me levais péniblement, en proie au vertige. Ma tête tournait, mon esprit voulait se détourner.
Mais le couteau serré dans ma main tremblante, je retournais lentement vers le corps inerte.
plic ploc
Depuis mon nez vers le siphon, les gouttes tombaient comme les grains d'un sablier. La chaleur humide embuait tout, robinetterie, miroir, conscience. Chaque calorie absorbée me replongeait dans le passé, lentement malgré moi, j'oubliais mon proche présent. Tout devenait distant, ralenti, tout devenait neutre. Mon esprit et mon corps décompressaient en même temps que mon âme. Abandon au repos total, hors de l'univers du tangible. Je n'arrivais pas à me rassasier de cette chaleur fluide.
Toutes les douleurs niées, combattues, dominées revenaient maintenant victorieuses. Elles massacraient ma volonté sans pitié ni répit, elles me pliaient. Je me soumettais avec délice à la Loi de ma faiblesse, aux volutes vaporeuses du déni. A l'image de ma peau gonflée par l'eau, j'étais devenu mou, mou et lent. Ablutions d'une méduse narcissique, à peine plus dense que l'eau qui la porte.
Au travers de la brume chaude j'entendis une voix forte :
- Grouillez-vous mon lieutenant, les bérets gris arrivent plus tôt que prévu, ils ont du lourd, ça va merder, vos affaires sont sur le lit ainsi que les consignes que je devais vous transmettre, je file au point d'évacuation écho-2, magnez-vous, magnez-vous...
Il était aussitôt reparti et ses mots ne m'avaient pas éveillé. Je retournais m'abandonner à l'envoutement liquide, à l'unique préoccupation de moi-même.
Je coupai l'eau presque automatiquement en entendant les bruits claquants qui semblaient venir de l'extérieur. Je venais de reconnaître la rafale d'arme automatique. Les tirs étaient maintenant si proches que je pouvais discerner le bruit des dernières douilles éjectées tinter sur le sol dur... et j'étais nu, mouillé et encore si ramolli par cette ambiance tropicale que par réflexe enfantin, j'éteignis la lumière et m'enfermais dans cette minuscule pièce. Recroquevillé au sol, les mains sur les oreilles, les yeux appuyés sur mes genoux comme en position fœtale dans cette brume amniotique je niais la réalité de toute mes forces. Je tremblais, soudain glacé de terreur, caché par l'obscurité, la vapeur et le lavabo. Maléfique sauna qui ressuscitait mes peurs, la chance qui m'avait jusqu'alors accompagné venait de me lâcher pour aller s'occuper d'un autre. Je me forçais à réfléchir mais plus je forçais, plus je me tétanisais mentalement, plus je tournais en rond sans choisir de pensée constructive. Je me traitais de tous les noms et épithètes possibles, sans succès, pas de cravache pour relancer la course de mon esprit. J'avais bien résisté et combattu jusqu'alors, mais là, je repris avec tout le sens donné au mots, l'expression militaire : tout "merdait".
De nombreuses déflagrations s'ajoutaient maintenant aux coups de feu. Des bruits de courses, des chocs contre les murs, des rafales, des explosions... Il me semblait revivre en plus violent l'évacuation de mon immeuble, manquaient juste les cris et l'affolement, les militaires sont-ils donc aussi professionnels vis à vis de leur propre mort ? Je mesurai alors mon décalage d'avec ce monde là.
Mes yeux fortement appuyés sur mes genoux coloraient mon obscurité d'éclairs et de douleurs. Quand la porte de la chambre fut défoncée, que la flash grenade y fut lancée suivie par une rafale à hauteur d'homme, je n'avais pas bougé d'un millimètre, par chance protégé par ma position je fus bien moins incapacité par l'éclair et le bruit monstrueux de la détonation. La porte en tôle s'était enfoncée droit sur moi me coinçant contre les volets du bac à douche. Un morceau de quelque chose s'était planté dans mon bras et lorsque la douleur me fit ouvrir les yeux, je vis à travers la fumée irritante une lueur rouge qui s'infiltrait peu à peu dans chaque recoin de la pièce.
Je compris alors que je voyais un faisceau de torche précédé d'un point rouge laser. Dans le noir je ne voyais que l'étrange halo et parfois le point rouge qui dansait sur les surfaces alentours, j'étais caché et ne pouvais rien voir directement. Mais là, à quelque mètres, une arme cherchait sa cible de chair. L'obscurité revint d'un seul coup, le bruit de course dans le couloir si proche signifiait la fin de la chasse. J'avais encore eu de la chance !
Avec mille précautions, je commençais à bouger. L'air était de plus en plus suffocant et mes yeux brulaient terriblement. Merci à la serviette providentielle qui humidifiée m'aidait à flirter l'air corrosif.
Les bruits extérieurs s'éloignaient eux aussi et le feu commençait à ronronner pas très loin. Ses craquements de bête annonçaient sa puissance et son ambition. Déjà une lueur apportée par les multiples reflets de l'extérieur envahissait la pièce. Je marchais alors sur les gravats, sur des formes agressives, je me coupais. Je devinai le lit, renversé, les affaires sous le matelas et au milieu, rien ! Plus rien !
Je me jetais à genoux, explorant chaque centimètre carré, utilisant chaque lux, chaque contours deviné par mes doigts, à la recherche de mes chaussures et de leur secret. Je trouvais la chemise, le pantalon, la veste, je trouvais le pistolet dans son holster, la pochette avec les chargeurs, je trouvais la musette, je trouvais même les rangers neuves... je rencontrais tout ce qu'il y a peu vivait en hauteur, c'était là au sol, cassé comme vaincu, éparpillé dans toute la pièce. Mes chaussures n'étaient plus là. Mes anciens habits disparus eux aussi. Frénétiquement, je me mis à la recherche du bout de papier, renversant avec furie tout ce qui restait vertical, la vue brouillée par des larmes aux multiples causes. Comment le trouver dans ce sombre chaos, ce morceau de papier maudit.
Et le feu qui enflait aux portes du couloir, lançait son écharpe noire à l'assaut de mon oxygène. Je ne pouvais plus rester.
Lançant les pires anathèmes à la face du destin, je m'habillais rapidement avec ces habits propres dont je n'arrivais pas à voir la couleur. Les rangers neuves n'étaient pas à ma taille et malgré le choc causé par cette constatation, je ressentis une joie inexplicable, je venais de me retrouver Moi, grâce à mes grands pieds, preuve irréfutable de mon existence unique, inviolable. Le douloureux épisode de schizophrénie touchait à sa fin. Adieu lieutenant valmachinchose...
C'est avec des chaussures bien trop petites que je quittais en boitillant la chambre qui m'avait accueilli malgré moi. Je ne sais plus quel était le sentiment dominant tant tout était simultané. Remords, colère, frustration, peur, stress... Je venais encore une fois d'échapper à la mort et perdu dans mes pensées je ne le réalisais même pas, trop en rage contre la fatalité.
J'entendis alors le bruit d'hélicoptères. Ils arrivèrent et aussitôt repartirent après juste quelques secondes d'immobilité. Je n'oublierai jamais ce bruit aigu des turbines, du claquement sec des pales sur l'air. Attisé par cet apport providentiel de comburant, le feu se goinfrait sous mes yeux, tout passait pour son infernal repas. Et plus il mangeait, plus il avait faim. Ma progression dans ce carrousel de flammes, lueurs et fumées était laborieuse. Mes pieds déjà blessés devaient non seulement tolérer une compression douloureuse mais aussi se placer rapidement en équilibre sur des supports instables. Gravats, mobilier brisé, vitres, morceaux divers et variés, tous plus ou moins aigus, piquants, tranchants, géométrique filiation avec la violence du moment. Je finis par sortir à l'air libre, dans une demi clarté ou une demi pénombre, je ne me souviens plus. Ce moment est trop confus et le temps ne l'a pas décanté. Sans doute même ai-je mélangé certains faits...
Je me laissais tomber sur l'herbe, exténué aspirant l'air frais par goulées interminables. Malgré mes yeux irrités je me souviens avoir discerné des formes au sol, des corps dont les postures sans équivoques figeaient la mort et le combat. Sous cet éclairage étrange, les couleurs n'existaient plus. Dans ce Guernica réel à qui ne manquait que le taureau et le cheval, un visage familier se détachait. Son expression donnait l'illusion de la vie mais sa fixité, la certitude de la mort. Dans ma poitrine mon cœur battait si fort qu'il semblait m'assourdir, funèbre tocsin. Le sergent gisait là, à quelque mètres de moi. Il y a peu, il incarnait la force, la puissance du militaire. Cet homme qui avait cru reconnaître en moi un des siens m'avait donné quelque chose d'indéfinissable. Un mélange de confiance inébranlable, de respect, d'exigence, comme une communion des forces, une addition de pouvoirs, de possibilités. Je devais retrouver tout cela et m'en servir de carburant. Je réalisais maintenant qu'être seul était une faiblesse.
Moi, l'usurpateur sauvé au détriment du véritable... il était mort, je vivais. Mal à l'aise, je ne voulais pas "gagner" ma vie de la sorte. J'avais besoin de mettre de la distance entre l'horreur, le paradoxe et Moi. Je m'étais enfuis à quelques centaines de mètres de là, caché par la forêt... verte et pure alliée. Mes pieds ne pouvaient plus se tenir dans les rangers ouvertes et il était urgent de trouver une solution. Le feu désormais régnait sur les installations, maillage géométrique de préfabriqués carbonisés. Là-bas, rien ne serait récupérable. La rage au ventre je pensais au message de Lisa dont seules les flammes connaissaient maintenant le secret. J'avais tout perdu. Tout ? Il me restait l'arme et la musette. Elle était en piteux état. Seule une petite paire de jumelles et deux barres de céréales avaient pu être sauvées. Le reste, écrasé, cassé, je l'avais jeté en rageant. Au fond dans une poche à rabat, il y avait aussi un petit boitier métallique, sans doute électronique que je n'arrivais pas à ouvrir.
Je devais partir et quitter ce lieu par deux fois maudit avant qu'une autre calamité ne vienne y exercer sa folie. Une idée commençait à s'imposer à moi, je tentais bien de la repousser mais elle revenait plus fortement à chaque fois, je me voyais fouiller les cadavres, rechercher des chaussures et récupérer les objets utiles... cette idée je ne pouvais pas l'accepter si vite. Je devais affaiblir ma morale, relativiser besoin-moyen-survie, briser les tabous.
Je retournais vers le corps du sergent en espérant que sa pointure serait identique à la mienne. Je le connaissais et lui connaissait ce lieutenant... ce n'était pas vraiment voler, il n'y avait ni blasphème, ni profanation. Je m'en persuadais violemment. Mensonge à moi même, auto-fourberie.
Avec malaise, je touchais ce corps encore chaud et souple. Bouger un mort, un mort "frais" ce n'est pas comme toucher un homme qui dort, un homme évanoui. C'est vraiment ressentir quelque chose d'étrange et de terrifiant, cela bouge difficilement, tout semble plus lourd et encore habité... Avec un respect inattendu j'enlevais maladroitement une chaussure, je m'entendis lui parler, lui expliquer la raison de cet acte. Je me sentis mal quand mon pied la trouva à sa taille et tiède de la vie qui, encore il y a peu, l'occupait. Je me chaussais laborieusement. Sans pouvoir me lever et marcher, je ressentais mes pieds comme étrangers. Me fallait-il encore une fois pour survivre, mélanger mon identité à une autre ? ce coup-ci marcher dans d'autres pas ? ne serais-je donc jamais Moi-même, entier, autonome... suffisant ?
Je fis mouvement, comme ivre.
Je trouvais un couteau au milieu des cadavres, trouvaille importante qui me dispensait de fouiller les poches pourtant libérées de toute notion de propriété. Le sang partout présent me donnait envie de vomir, il me semblait le sentir, j'en avais la fadeur métallique à la bouche. Il me chassait de la scène comme un répulsif.
A l'écart, adossé à un arbre, au bord de la nausée, je tentais de reprendre mes esprits lorsque j'entendis un petit "bip" aigu. Il me semblait venir de la musette et je pensai instantanément à la petite boîte métallique. A la regarder de plus près, je vis un bouton sur un des côtés. J'appuyai. Un clapet s'ouvrit et je vis avec stupeur un lecteur d'empreintes digitales légèrement éclairé par une diode rouge. Encore... il me semblait revivre en boucle des bribes de cauchemars, tout revenait mais de façon différente, je vivais une pièce de théâtre moderne, caricature d'Arrabal, d'Artaud et Kafka.
Bien évidement, mon empreinte n'ouvrit pas la boîte.
Je me forçais à réfléchir...
Au bout de quelque temps, couvert de sueur et les muscles tendus à se rompre, je me levais péniblement, en proie au vertige. Ma tête tournait, mon esprit voulait se détourner.
Mais le couteau serré dans ma main tremblante, je retournais lentement vers le corps inerte.
________________________________________________________
"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
- Nombre de messages : 1570
Localisation : :noitasilacoL
Emploi : :iolpmE
Loisirs : :srisioL
Date d'inscription : 29/10/2010
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
36 - Illusions
Face à l'importance d'avoir ces informations, je me disais que ce n'était rien.
Bien pesé, le geste était somme toute ridicule. L'aspect moral de la chose pouvait finalement se contourner malgré mes difficultés et blocages psychologiques. Nécessité, ou pire, "frustration" fait Loi !
Mais l'acte en lui-même... Vaincre ma répulsion et dominer mon imaginaire, là était ma plus grande difficulté.
Je devais à tout prix m'éloigner de la réalité de ce que je m'apprêtais à accomplir : couper un doigt pour en récupérer l'empreinte digitale qui me permettrait, comme il y a peu, d'ouvrir le dispositif électronique sécurisé laissé par le sergent quelques instants avant sa mort.
Comme couper une branche.
J'envisageais d'entourer le doigt avec des feuilles épaisses de manière à tromper mes yeux et mon esprit. Je voulais éviter tout contact, autant visuel que tactile avec cette peau sans doute encore tiède, du moins, je l'espérais fortement.
Sur mon chemin vers l'amputation, je trouvai de belles feuilles, longues et épaisses, propices à la mystification. J'allai saisir le doigt verdi avec ma main gauche et le couper avec le couteau tenu par ma main droite; il me faudrait être le plus rapide et radical possible. Au plus près de la paume, un peu comme on doit récolter les salades... Couper au plus près de la terre.
Avec ce doigt, cette empreinte digitale, j'espérais être en mesure de déverrouiller le dispositif électronique et sans doute, espoir irréel et imbécile, avoir des informations sur Lisa. J'espérais pouvoir le faire de manière à exploiter pleinement les informations contenues dans le silicium polarisé, mon esprit enfin libéré des paradoxes récemment vécus et si polluants pour ma logique. Mais je ne savais pas de combien de temps je disposais. Il commençait à faire chaud, sans doute que les caractéristiques "digitales" allaient très vite s'altérer et encore une fois me priver des messages qui depuis le début du "grand noir" semblaient me frôler pour mieux me fuir ensuite. Combien de temps durerait la batterie interne du dispositif ? Et mon autonomie à moi ? Eau, nourriture...
Plusieurs comptes à rebours simultanés, infernales machineries d'une infernale cruauté.
Encore une fois je ne savais rien, seule l'expérience de ces derniers jours me dictait de faire au plus vite avec la plus grande précision et mémorisation possible.
Trouver un abri pour me "concentrer" autour du dispositif, sans stress supplémentaire. Pouvoir ne penser qu'à ça !
Oui, j'allais couper une tige, sans doute souple, molle au début et à la fin mais dure en son milieu. Cela allait être facile, j'avais la bonne image pour contrôler ma répulsion. Dieu sait combien de stratagèmes délirants avaient tour à tour été envisagés. Des plus simples aux plus tordus, juste pour pallier à cette faiblesse, ce dégoût congénital du sang doublé d'une sensibilité dont je ne m'étais pas cru doté. Méprisable et pesant fardeau...
Je n'en transpirais pas moins, une partie de moi n'était pas dupe. On peut s'imaginer l'eau de mer sucrée, on peut s'en persuader, mais au moment de la boire la vérité s'impose d'elle-même.
J'arrivai devant le corps que j'évitais de regarder en détail. Je m'agenouillai lentement, concentré sur l'image végétale à plaquer sur l'abominable ablation. Je remontai la manche pour mieux bloquer le poignet, je fus stoppé un instant par la vision d'une montre et de la course de sa trotteuse, comme un cœur mécanique encore vivant. La situation était insupportable pour un "sensible" comme moi. Etait-il vraiment mort ? Je n'osai m'en assurer. Ma faiblesse préférait les affres du doute à la confrontation de mes doigts et du pouls imaginaire. Mais s'il n'était qu'évanoui ? Que la douleur le ramène à la vie... Non, il doit être mort... Je ne veux pas le voir. Je dois couper, c'est mon unique but.
Allais-je voir du sang ? Allait-il couler sur mes mains ? Serait-il chaud encore ? Gluant ? Épais... Allait-il sentir ce parfum fade et pourtant pénétrant qui me pousserait à vomir ? Le doigt... La tige allait-elle couler sur mes doigts ? Comme un poison maudit, allait-elle ensuite suinter dans ma poche malgré son emballage végétal ? Ce sang, ces fluides, allaient-ils toucher ma peau et pervertir mon organisme, vengeance posthume d'un acte blasphématoire...
Je détournai le regard, laissant à mes mains seules, le soin de maquiller la scène. Après l'enroulement de plusieurs feuilles, j'appliquai la méthode choisie.
1/Je serrai le doigt et le tirai vers le haut avec ma main gauche
2/ Mon pied droit maintenait fermement le bras au sol, réduisant au silence la montre mécanique. Sans regarder, je posai la lame à l'endroit choisi. Je pris une profonde inspiration et de toutes mes forces...
3/ Je donnai de violents coups de couteau, d'avant en arrière.
Sans m'en rendre compte je me mis à hurler, je saturais mes sens, je m'empêchais de ressentir ce que la lame, par ses vibrations, racontait à ma main de sa sombre besogne. Mais ce n'était pas si facile et surtout pas aussi rapide qu'envisagé !
Je ne sais pas avec précision où l'acier avait attaqué la chair mais la rencontre de l'os fut brutale. Comme un cylindre qui roulait sous la lame pour en neutraliser le tranchant. Sans doute aussi que l'aiguisage n'était pas bon... La sensation ? Horrible !
J'avais l'impression de couper un cou de poulet à travers un torchon et non pas la tige végétale imaginée. J'y mis toutes mes forces, tirant, coupant en hurlant tout en regardant sans voir, au loin, ultime tentative d'évasion.
Cela lâcha brusquement et la tension de mon bras gauche était si forte que je fis presque un demi-tour. Par chance, j'avais correctement mis le pistolet dans mon holster de poitrine, sinon vue la violence du geste, je l'aurai perdu à ce moment là.
Je luttais contre un haut le cœur, contre les vertiges et la nausée. Je ne voulais pas ouvrir ma main gauche, malgré la furieuse envie de jeter au loin ce morceau de chair étrangère, comme contaminée, seule possibilité d'enlever la souillure. Je hurlais toujours. Je n'avais pas respiré depuis longtemps, l'apnée prolongée de l'effort ajoutait ses effets à ceux déjà nombreux de mon malaise. J'haletais bruyamment en retrouvant l'oxygène mélangé aux fumées agressives de l'incendie proche, toujours en cours de ravage. Sans me retourner, j'emballai frénétiquement la "chose" dans de nombreuses autres feuilles, j'attachai le tout, jusqu'à ce que la forme ne soit plus celle du contenu. Cette concentration intense me vidait de tout et je savais ne disposer que de peu de temps avant de m'effondrer moralement et sans doute vomir.
Je m'assurai que le tout résisterait à la longue marche à venir et sans me retourner, j'enjambai les corps inertes, et me dirigeai, nauséeux, vers la forêt.
Le couteau devait être quelque part, je l'avais éjecté sans m'en rendre compte et son existence était maintenant dans une autre réalité, celle du traumatisme inconscient et bientôt sans doute, de l'obsession nocturne : ne portait-il pas mes empreintes digitales et le sang du sergent ? Trop tard... Plus assez de forces pour cacher mes traces, il me fallait choisir où dépenser mes dernières capacités. Le monde vacillait.
Mon esprit totalement obnubilé par le contenu de ma poche gauche, je n'en ressentais pas moins une colère profonde et insupportable malgré un soulagement des plus ambigus !
Je n'assumais pas l'acte que je venais d'accomplir, l'horreur que l'on m'avait forcé à commettre (mais que paradoxalement j'avais réussi à faire) et ma fuite n'était qu'un piètre exutoire.
Après tout, depuis quelques jours, depuis le début de cette folie, je n'avais pas réellement fait de bilan, je ne m'étais pas replié sur moi- même, je n'avais pas nourri mon ego et toutes les conséquences sur mon futur, sur ma vie, commençaient à m'apparaître. Penser à Moi ? Je n'en avais pas eu le temps.
Tout cela semblait revenir en bloc, sans doute que d'autres émotions plus fortes avaient laissé la place vacante...
C'est au moment d'entrer dans la forêt que je vis la silhouette camouflée qui devant moi rampait laborieusement entre deux buissons. Je n'avais jamais vu cette tenue et c'est la présence d'un béret gris qui me fit perdre l'esprit. Sans aucune peur, instinctivement, en un éclair je me jetai sur le soldat et le retournai violemment. Bloquant ses bras avec mes genoux, je le frappai au visage, de toutes mes forces, lui, incarnation de mon malheur et de ma malédiction. Au fil des coups, j'arrachai des cris stridents, des supplications. Je pleurais de haine, des nerfs, je voulais lui faire mal, lui faire payer ce que je venais de faire, somme toute, me venger sur lui de tout ce que je venais de subir. Ma vue était troublée. Mais mon poing resta en l'air quand je compris enfin ce qu'une petite voix apeurée, entre deux sanglots et gémissements, prononçait avec peine :
- Arrêtez... Par pitié... Je ne suis pas soldat, je n'ai rien à voir avec le "coup de main"... Je n'ai pas d'arme...
Devant mon regard fou et mon immobilité soudaine, la voix continuait :
- Je ne suis pas soldat... Je n'ai pas d'arme... Je suis "RECOPI", juste pilote de drone de reconnaissance, je n'ai pas d'arme... S'il vous plait... arrêtez de taper...
Je restai immobile, le poing serré toujours prêt à s'abattre avec force, j'entendais mais je ne comprenais plus rien, prenant mon attitude toujours immobile pour une question, la voix continua :
- J'ai perdu mon drone... en cherchant la localisation du camp mobile... J'ai intégré le commando pour le retrouver... pour récupérer la mémoire interne... Je ne suis pas soldat... Je ne suis pas soldat...
Lentement, je baissai mon bras. Je ne regardais pas vraiment ce visage, troublé que j'étais par son maquillage carmin, je ne regardais que mes mains, rougies de ce sang frais répandu par ma fureur... Je me levai et reculai doucement, à nouveau en proie à l'horreur et au dégoût, vers l'obscurité de la forêt. J'aurais aimé me venger, vider toutes mes émotions dans cette explosion de violence, me soulager dans le massacre douloureux et sanglant du "béret gris", mais voilà, pas sur ce visage, pas sur ce corps. Cela ne fonctionnait plus.
Frustré, encore j'abandonnais.
Au moment de disparaître, j'entendis sa voix :
- S'il vous plait... ne me laissez pas là... Je n'arrive pas à marcher...
- Je vous en prie... Ils... ils vont revenir nettoyer, ils... ne me laissez pas...
Je continuai ma marche mécanique vers la forêt. La voix reprit de plus belle avec le ton du désespoir sur un ultime appel...
- Je... je m'appelle Alex....
Et le bruit étouffé des sanglots résignés.
Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête ni ma logique à ce moment là, mais entendre son prénom fut comme une gifle, je fis demi-tour et je retournais vers "Alex". Encore maintenant, je ne comprends pas cette stupide décision.
Alex ne bougeait plus, son corps figé dans sa lamentable reptation. Je m'aperçus alors que son gilet pare-balles avait deux traces d'impacts. Comme un dément, je l'ouvris maladroitement... point de sang. Sans doute des ecchymoses ou pire des fêlures ou cassures mais pas de sang.
Alex me regardait avec terreur sans oser bouger, comme une proie paralysée. Je vis alors son visage, ses yeux. Deux grands yeux aux gris indéfinissables pris entre des chairs qui sous mes coups récents commençaient à se tuméfier salement. Son regard me perforait, j'y lu l'innocence, j'y lu tant de choses en si peu de temps...
J'ai ressenti alors une honte indéfinissable, indescriptible, sidérante... et encore une fois, je m'entendis prononcer avec une voix inconnue, étonnamment douce :
- Je suis désolé... je... je ne savais pas... je ne vais pas vous laisser là, je vais vous mettre à l'abri.
La seule solution rapide et viable était de mettre Alex sur mon dos et mes épaules façon califourchon, au moins pour parcourir plusieurs centaines de mètres et trouver sous les feuilles abri et cachette.
J'y arrivais péniblement car chaque tentative était accompagnée de plaintes et de cris de douleurs pourtant assourdis. Je ne savais pas comment m'y prendre mais au bout d'un moment, Alex qui m'aidait de son mieux, était enfin sur mon dos.
- Vite... vite... ils vont revenir nettoyer... maintenant...
Sa voix chuchotait et je sentais son souffle saccadé dans mon cou, j'y sentais aussi couler le sang de ma blessure à la tête, manifestement réouverte. Chacun de mes pas lui était douloureux et me coûtait mais nous avancions, c'était le principal.
Il n'avait pas fallu attendre longtemps pour qu'un bruit strident déchire le ciel, instantanément suivi d'une lueur intense et d'un de roulement de tonnerre assourdissant. Malgré la distance, la vague de chaleur nous avait enveloppés et le souffle, quasiment soulevé sur quelques mètres. Par bonheur, je n'étais pas tombé et nous avions échappé à ce qui derrière nous ressemblait maintenant à l'Enfer. Alex nous avait sauvé la vie.
Je marchais régulièrement malgré le poids d'Alex qui sans être lourd n'était quand même pas léger. Je ne voulais pas montrer que je souffrais car ma souffrance comparée à la sienne... Je repérai un point surélevé qui sans trop de végétation m'offrirait un bon point de vue pour m'orienter vers la proche vallée que je connaissais assez bien.
Nous devions avoir parcouru plusieurs kilomètres quand enfin, après avoir déposé Alex je grimpai à un arbre pour retrouver mes repères.
Stupéfaction !
Je ne reconnaissais rien, le plateau de Tonde n'était plus là, aucun des sommets alentours, aucune vallée connue... Je commençais réellement à douter de la réalité.
Comme fou, je sautai à terre et couru vers Alex.
- Où sommes-nous ? je ne reconnais rien, ou est le camp de réfugiés ?
Le visage d'Alex, de plus en plus déformé, trahissait l'affolement et la peur, son bras levé pensait à nouveau parer mes coups et des larmes coulaient sur son visage tuméfié. Je réalisai soudain que je devais être effrayant pour quelqu'un comme Alex. Dans sa situation, impossible de fuir, de se défendre, dépendant totalement de moi, comme à la merci de ma folie. La situation m'échappait et je dus faire de violents efforts pour me cadrer et trouver les bons mots pour clarifier la situation malgré mes forces qui m'abandonnaient.
- Du calme, je ne vais plus vous cogner, je suis désolé, je ne savais pas, vous êtes comme moi victime de cette folie, nous ne sommes pas ennemis, je ne suis pas soldat moi non plus. Ce serait trop long et surtout trop incroyable à raconter mais je vous en supplie, croyez-moi, je ne voulais pas vous faire de mal, j'étais affolé, aveuglé... J'ai vu votre béret gris, identique à ces assassins qui ont tenté de me tuer... Je ne peux pas vous raconter, pas encore. Je ne suis pas sûr d'avoir seulement compris. Je dois me reposer, ma tête va exploser...
Je fis deux pas de côté et dans l'herbe, je tombai, au ralenti, comme évanoui.
Une voix douce me réveilla.
Cette voix me suppliait de reprendre mes esprits, la voix déformée par mes coups était pourtant agréable, elle savait où nous étions, la voix racontait des choses, calmement, mais la voix souffrait. Je repris mes esprits très lentement. Il faisait nuit, il faisait froid, un vent glacial s'était levé.
Je tremblais et Alex tremblait aussi.
- On doit se serrer pour garder la chaleur dit Alex, puis-je venir contre vous ?
Je crois que j'aurais fait n'importe quoi pour me réchauffer. Je me retrouvais, très mal à l'aise contre Alex. Mais le mélange de nos chaleurs sous nos vestes en guise de couvertures eut raison de ma honte et de ma gène. Cette promiscuité était surréaliste. Alex semblait souffrir à chaque inspiration.
- Nous sommes proches de Saint-Martin-les-Eaux. Je suis pilote de drone, ma mission est de localiser tout regroupement militaire non répertorié depuis l'activation des infrastructures secondaires. Je suis comme vous, je ne sais pas ce qui se passe, sauf que c'est très grave, qu'il y a eu des milliers de morts... que le... que savez-vous... qui êtes-vous.. pourquoi...
Sa voix étrangement douce et apaisée me berçait, je n'écoutais plus et sombrai dans un profond sommeil.
C'est un rayon de soleil qui me réveilla doucement. La chaleur du jour nouveau me redonnait vie et douleurs. Je réalisai soudain que le poids que j'avais sur ma poitrine était une tête avec des cheveux blonds et fins. Je regardai horrifié ce visage qui encore dormait. Il était sale, très gonflé un œil était presque noir, la paumette gauche comme déchirée était enflée et violette, le nez comme entouré de sang séché, la lèvre supérieure fendue en de nombreux endroits n'était plus qu'une croute noire informe. Sous le soleil, je voyais les effets des coups que j'avais donnés. Et Alex dormait là, en toute confiance, sa tête posée sur ma poitrine.
Je me sentis mal, très mal... Une sensation insupportable, je me sentais comme un criminel que sa victime estropiée pourtant pardonne... Je ne comprenais pas qu'une telle chose soit possible.
Et ce visage me touchait, je le trouvais... comment dire... beau.
Je n'arrivais pas à reprendre mes esprits, à retrouver celui qui tout à sa quête de Lisa et des mystères tentait de se forger un caractère, celui qui avait un but et une volonté.
Non, je restais là, inconnu à moi même. Coupable car captivé par la beauté de ce visage que j'avais défiguré.
Je ne pouvais me retenir de pleurer, trop de tensions, de rebondissements, de fatigue, de douleurs... Mes nerfs lâchaient complètement et là, Alex... qui me troublait.
Je tentai de lutter et de me raisonner, de chasser au loin ce sentiment illogique, indécent et déplacé qui, je commençais à comprendre, ressemblait à de l'attirance... Je devenais fou. Alex, avec son visage d'ange... m'attirait !
Je tentais de contenir un flot de sentiments et de sensations contradictoires, insupportables, bien au-delà de ma morale, de mes croyances et de mes convictions. Le jour réveillait Alex. Un seul de ses yeux s'ouvrit lentement et me fixait. J'avais la sensation de me noyer dans cette pupille sombre, auréolée de multiples argents dans l'or magique de la lumière du matin. Je perdais l'esprit, ma tête résonnait comme une tôle sous la grêle...
Sans comprendre, je vis ma main se poser doucement sur ses blessures, suivre les contours harmonieux de ce visage.
Et le plus incroyable se produisit.
Sans comprendre, je prononçai un "je suis vraiment désolé" tout en m'approchant pour embrasser Alex... L'embrasser tendrement sur la bouche.
Face à l'importance d'avoir ces informations, je me disais que ce n'était rien.
Bien pesé, le geste était somme toute ridicule. L'aspect moral de la chose pouvait finalement se contourner malgré mes difficultés et blocages psychologiques. Nécessité, ou pire, "frustration" fait Loi !
Mais l'acte en lui-même... Vaincre ma répulsion et dominer mon imaginaire, là était ma plus grande difficulté.
Je devais à tout prix m'éloigner de la réalité de ce que je m'apprêtais à accomplir : couper un doigt pour en récupérer l'empreinte digitale qui me permettrait, comme il y a peu, d'ouvrir le dispositif électronique sécurisé laissé par le sergent quelques instants avant sa mort.
Comme couper une branche.
J'envisageais d'entourer le doigt avec des feuilles épaisses de manière à tromper mes yeux et mon esprit. Je voulais éviter tout contact, autant visuel que tactile avec cette peau sans doute encore tiède, du moins, je l'espérais fortement.
Sur mon chemin vers l'amputation, je trouvai de belles feuilles, longues et épaisses, propices à la mystification. J'allai saisir le doigt verdi avec ma main gauche et le couper avec le couteau tenu par ma main droite; il me faudrait être le plus rapide et radical possible. Au plus près de la paume, un peu comme on doit récolter les salades... Couper au plus près de la terre.
Avec ce doigt, cette empreinte digitale, j'espérais être en mesure de déverrouiller le dispositif électronique et sans doute, espoir irréel et imbécile, avoir des informations sur Lisa. J'espérais pouvoir le faire de manière à exploiter pleinement les informations contenues dans le silicium polarisé, mon esprit enfin libéré des paradoxes récemment vécus et si polluants pour ma logique. Mais je ne savais pas de combien de temps je disposais. Il commençait à faire chaud, sans doute que les caractéristiques "digitales" allaient très vite s'altérer et encore une fois me priver des messages qui depuis le début du "grand noir" semblaient me frôler pour mieux me fuir ensuite. Combien de temps durerait la batterie interne du dispositif ? Et mon autonomie à moi ? Eau, nourriture...
Plusieurs comptes à rebours simultanés, infernales machineries d'une infernale cruauté.
Encore une fois je ne savais rien, seule l'expérience de ces derniers jours me dictait de faire au plus vite avec la plus grande précision et mémorisation possible.
Trouver un abri pour me "concentrer" autour du dispositif, sans stress supplémentaire. Pouvoir ne penser qu'à ça !
Oui, j'allais couper une tige, sans doute souple, molle au début et à la fin mais dure en son milieu. Cela allait être facile, j'avais la bonne image pour contrôler ma répulsion. Dieu sait combien de stratagèmes délirants avaient tour à tour été envisagés. Des plus simples aux plus tordus, juste pour pallier à cette faiblesse, ce dégoût congénital du sang doublé d'une sensibilité dont je ne m'étais pas cru doté. Méprisable et pesant fardeau...
Je n'en transpirais pas moins, une partie de moi n'était pas dupe. On peut s'imaginer l'eau de mer sucrée, on peut s'en persuader, mais au moment de la boire la vérité s'impose d'elle-même.
J'arrivai devant le corps que j'évitais de regarder en détail. Je m'agenouillai lentement, concentré sur l'image végétale à plaquer sur l'abominable ablation. Je remontai la manche pour mieux bloquer le poignet, je fus stoppé un instant par la vision d'une montre et de la course de sa trotteuse, comme un cœur mécanique encore vivant. La situation était insupportable pour un "sensible" comme moi. Etait-il vraiment mort ? Je n'osai m'en assurer. Ma faiblesse préférait les affres du doute à la confrontation de mes doigts et du pouls imaginaire. Mais s'il n'était qu'évanoui ? Que la douleur le ramène à la vie... Non, il doit être mort... Je ne veux pas le voir. Je dois couper, c'est mon unique but.
Allais-je voir du sang ? Allait-il couler sur mes mains ? Serait-il chaud encore ? Gluant ? Épais... Allait-il sentir ce parfum fade et pourtant pénétrant qui me pousserait à vomir ? Le doigt... La tige allait-elle couler sur mes doigts ? Comme un poison maudit, allait-elle ensuite suinter dans ma poche malgré son emballage végétal ? Ce sang, ces fluides, allaient-ils toucher ma peau et pervertir mon organisme, vengeance posthume d'un acte blasphématoire...
Je détournai le regard, laissant à mes mains seules, le soin de maquiller la scène. Après l'enroulement de plusieurs feuilles, j'appliquai la méthode choisie.
1/Je serrai le doigt et le tirai vers le haut avec ma main gauche
2/ Mon pied droit maintenait fermement le bras au sol, réduisant au silence la montre mécanique. Sans regarder, je posai la lame à l'endroit choisi. Je pris une profonde inspiration et de toutes mes forces...
3/ Je donnai de violents coups de couteau, d'avant en arrière.
Sans m'en rendre compte je me mis à hurler, je saturais mes sens, je m'empêchais de ressentir ce que la lame, par ses vibrations, racontait à ma main de sa sombre besogne. Mais ce n'était pas si facile et surtout pas aussi rapide qu'envisagé !
Je ne sais pas avec précision où l'acier avait attaqué la chair mais la rencontre de l'os fut brutale. Comme un cylindre qui roulait sous la lame pour en neutraliser le tranchant. Sans doute aussi que l'aiguisage n'était pas bon... La sensation ? Horrible !
J'avais l'impression de couper un cou de poulet à travers un torchon et non pas la tige végétale imaginée. J'y mis toutes mes forces, tirant, coupant en hurlant tout en regardant sans voir, au loin, ultime tentative d'évasion.
Cela lâcha brusquement et la tension de mon bras gauche était si forte que je fis presque un demi-tour. Par chance, j'avais correctement mis le pistolet dans mon holster de poitrine, sinon vue la violence du geste, je l'aurai perdu à ce moment là.
Je luttais contre un haut le cœur, contre les vertiges et la nausée. Je ne voulais pas ouvrir ma main gauche, malgré la furieuse envie de jeter au loin ce morceau de chair étrangère, comme contaminée, seule possibilité d'enlever la souillure. Je hurlais toujours. Je n'avais pas respiré depuis longtemps, l'apnée prolongée de l'effort ajoutait ses effets à ceux déjà nombreux de mon malaise. J'haletais bruyamment en retrouvant l'oxygène mélangé aux fumées agressives de l'incendie proche, toujours en cours de ravage. Sans me retourner, j'emballai frénétiquement la "chose" dans de nombreuses autres feuilles, j'attachai le tout, jusqu'à ce que la forme ne soit plus celle du contenu. Cette concentration intense me vidait de tout et je savais ne disposer que de peu de temps avant de m'effondrer moralement et sans doute vomir.
Je m'assurai que le tout résisterait à la longue marche à venir et sans me retourner, j'enjambai les corps inertes, et me dirigeai, nauséeux, vers la forêt.
Le couteau devait être quelque part, je l'avais éjecté sans m'en rendre compte et son existence était maintenant dans une autre réalité, celle du traumatisme inconscient et bientôt sans doute, de l'obsession nocturne : ne portait-il pas mes empreintes digitales et le sang du sergent ? Trop tard... Plus assez de forces pour cacher mes traces, il me fallait choisir où dépenser mes dernières capacités. Le monde vacillait.
Mon esprit totalement obnubilé par le contenu de ma poche gauche, je n'en ressentais pas moins une colère profonde et insupportable malgré un soulagement des plus ambigus !
Je n'assumais pas l'acte que je venais d'accomplir, l'horreur que l'on m'avait forcé à commettre (mais que paradoxalement j'avais réussi à faire) et ma fuite n'était qu'un piètre exutoire.
Après tout, depuis quelques jours, depuis le début de cette folie, je n'avais pas réellement fait de bilan, je ne m'étais pas replié sur moi- même, je n'avais pas nourri mon ego et toutes les conséquences sur mon futur, sur ma vie, commençaient à m'apparaître. Penser à Moi ? Je n'en avais pas eu le temps.
Tout cela semblait revenir en bloc, sans doute que d'autres émotions plus fortes avaient laissé la place vacante...
C'est au moment d'entrer dans la forêt que je vis la silhouette camouflée qui devant moi rampait laborieusement entre deux buissons. Je n'avais jamais vu cette tenue et c'est la présence d'un béret gris qui me fit perdre l'esprit. Sans aucune peur, instinctivement, en un éclair je me jetai sur le soldat et le retournai violemment. Bloquant ses bras avec mes genoux, je le frappai au visage, de toutes mes forces, lui, incarnation de mon malheur et de ma malédiction. Au fil des coups, j'arrachai des cris stridents, des supplications. Je pleurais de haine, des nerfs, je voulais lui faire mal, lui faire payer ce que je venais de faire, somme toute, me venger sur lui de tout ce que je venais de subir. Ma vue était troublée. Mais mon poing resta en l'air quand je compris enfin ce qu'une petite voix apeurée, entre deux sanglots et gémissements, prononçait avec peine :
- Arrêtez... Par pitié... Je ne suis pas soldat, je n'ai rien à voir avec le "coup de main"... Je n'ai pas d'arme...
Devant mon regard fou et mon immobilité soudaine, la voix continuait :
- Je ne suis pas soldat... Je n'ai pas d'arme... Je suis "RECOPI", juste pilote de drone de reconnaissance, je n'ai pas d'arme... S'il vous plait... arrêtez de taper...
Je restai immobile, le poing serré toujours prêt à s'abattre avec force, j'entendais mais je ne comprenais plus rien, prenant mon attitude toujours immobile pour une question, la voix continua :
- J'ai perdu mon drone... en cherchant la localisation du camp mobile... J'ai intégré le commando pour le retrouver... pour récupérer la mémoire interne... Je ne suis pas soldat... Je ne suis pas soldat...
Lentement, je baissai mon bras. Je ne regardais pas vraiment ce visage, troublé que j'étais par son maquillage carmin, je ne regardais que mes mains, rougies de ce sang frais répandu par ma fureur... Je me levai et reculai doucement, à nouveau en proie à l'horreur et au dégoût, vers l'obscurité de la forêt. J'aurais aimé me venger, vider toutes mes émotions dans cette explosion de violence, me soulager dans le massacre douloureux et sanglant du "béret gris", mais voilà, pas sur ce visage, pas sur ce corps. Cela ne fonctionnait plus.
Frustré, encore j'abandonnais.
Au moment de disparaître, j'entendis sa voix :
- S'il vous plait... ne me laissez pas là... Je n'arrive pas à marcher...
- Je vous en prie... Ils... ils vont revenir nettoyer, ils... ne me laissez pas...
Je continuai ma marche mécanique vers la forêt. La voix reprit de plus belle avec le ton du désespoir sur un ultime appel...
- Je... je m'appelle Alex....
Et le bruit étouffé des sanglots résignés.
Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête ni ma logique à ce moment là, mais entendre son prénom fut comme une gifle, je fis demi-tour et je retournais vers "Alex". Encore maintenant, je ne comprends pas cette stupide décision.
Alex ne bougeait plus, son corps figé dans sa lamentable reptation. Je m'aperçus alors que son gilet pare-balles avait deux traces d'impacts. Comme un dément, je l'ouvris maladroitement... point de sang. Sans doute des ecchymoses ou pire des fêlures ou cassures mais pas de sang.
Alex me regardait avec terreur sans oser bouger, comme une proie paralysée. Je vis alors son visage, ses yeux. Deux grands yeux aux gris indéfinissables pris entre des chairs qui sous mes coups récents commençaient à se tuméfier salement. Son regard me perforait, j'y lu l'innocence, j'y lu tant de choses en si peu de temps...
J'ai ressenti alors une honte indéfinissable, indescriptible, sidérante... et encore une fois, je m'entendis prononcer avec une voix inconnue, étonnamment douce :
- Je suis désolé... je... je ne savais pas... je ne vais pas vous laisser là, je vais vous mettre à l'abri.
La seule solution rapide et viable était de mettre Alex sur mon dos et mes épaules façon califourchon, au moins pour parcourir plusieurs centaines de mètres et trouver sous les feuilles abri et cachette.
J'y arrivais péniblement car chaque tentative était accompagnée de plaintes et de cris de douleurs pourtant assourdis. Je ne savais pas comment m'y prendre mais au bout d'un moment, Alex qui m'aidait de son mieux, était enfin sur mon dos.
- Vite... vite... ils vont revenir nettoyer... maintenant...
Sa voix chuchotait et je sentais son souffle saccadé dans mon cou, j'y sentais aussi couler le sang de ma blessure à la tête, manifestement réouverte. Chacun de mes pas lui était douloureux et me coûtait mais nous avancions, c'était le principal.
Il n'avait pas fallu attendre longtemps pour qu'un bruit strident déchire le ciel, instantanément suivi d'une lueur intense et d'un de roulement de tonnerre assourdissant. Malgré la distance, la vague de chaleur nous avait enveloppés et le souffle, quasiment soulevé sur quelques mètres. Par bonheur, je n'étais pas tombé et nous avions échappé à ce qui derrière nous ressemblait maintenant à l'Enfer. Alex nous avait sauvé la vie.
Je marchais régulièrement malgré le poids d'Alex qui sans être lourd n'était quand même pas léger. Je ne voulais pas montrer que je souffrais car ma souffrance comparée à la sienne... Je repérai un point surélevé qui sans trop de végétation m'offrirait un bon point de vue pour m'orienter vers la proche vallée que je connaissais assez bien.
Nous devions avoir parcouru plusieurs kilomètres quand enfin, après avoir déposé Alex je grimpai à un arbre pour retrouver mes repères.
Stupéfaction !
Je ne reconnaissais rien, le plateau de Tonde n'était plus là, aucun des sommets alentours, aucune vallée connue... Je commençais réellement à douter de la réalité.
Comme fou, je sautai à terre et couru vers Alex.
- Où sommes-nous ? je ne reconnais rien, ou est le camp de réfugiés ?
Le visage d'Alex, de plus en plus déformé, trahissait l'affolement et la peur, son bras levé pensait à nouveau parer mes coups et des larmes coulaient sur son visage tuméfié. Je réalisai soudain que je devais être effrayant pour quelqu'un comme Alex. Dans sa situation, impossible de fuir, de se défendre, dépendant totalement de moi, comme à la merci de ma folie. La situation m'échappait et je dus faire de violents efforts pour me cadrer et trouver les bons mots pour clarifier la situation malgré mes forces qui m'abandonnaient.
- Du calme, je ne vais plus vous cogner, je suis désolé, je ne savais pas, vous êtes comme moi victime de cette folie, nous ne sommes pas ennemis, je ne suis pas soldat moi non plus. Ce serait trop long et surtout trop incroyable à raconter mais je vous en supplie, croyez-moi, je ne voulais pas vous faire de mal, j'étais affolé, aveuglé... J'ai vu votre béret gris, identique à ces assassins qui ont tenté de me tuer... Je ne peux pas vous raconter, pas encore. Je ne suis pas sûr d'avoir seulement compris. Je dois me reposer, ma tête va exploser...
Je fis deux pas de côté et dans l'herbe, je tombai, au ralenti, comme évanoui.
Une voix douce me réveilla.
Cette voix me suppliait de reprendre mes esprits, la voix déformée par mes coups était pourtant agréable, elle savait où nous étions, la voix racontait des choses, calmement, mais la voix souffrait. Je repris mes esprits très lentement. Il faisait nuit, il faisait froid, un vent glacial s'était levé.
Je tremblais et Alex tremblait aussi.
- On doit se serrer pour garder la chaleur dit Alex, puis-je venir contre vous ?
Je crois que j'aurais fait n'importe quoi pour me réchauffer. Je me retrouvais, très mal à l'aise contre Alex. Mais le mélange de nos chaleurs sous nos vestes en guise de couvertures eut raison de ma honte et de ma gène. Cette promiscuité était surréaliste. Alex semblait souffrir à chaque inspiration.
- Nous sommes proches de Saint-Martin-les-Eaux. Je suis pilote de drone, ma mission est de localiser tout regroupement militaire non répertorié depuis l'activation des infrastructures secondaires. Je suis comme vous, je ne sais pas ce qui se passe, sauf que c'est très grave, qu'il y a eu des milliers de morts... que le... que savez-vous... qui êtes-vous.. pourquoi...
Sa voix étrangement douce et apaisée me berçait, je n'écoutais plus et sombrai dans un profond sommeil.
C'est un rayon de soleil qui me réveilla doucement. La chaleur du jour nouveau me redonnait vie et douleurs. Je réalisai soudain que le poids que j'avais sur ma poitrine était une tête avec des cheveux blonds et fins. Je regardai horrifié ce visage qui encore dormait. Il était sale, très gonflé un œil était presque noir, la paumette gauche comme déchirée était enflée et violette, le nez comme entouré de sang séché, la lèvre supérieure fendue en de nombreux endroits n'était plus qu'une croute noire informe. Sous le soleil, je voyais les effets des coups que j'avais donnés. Et Alex dormait là, en toute confiance, sa tête posée sur ma poitrine.
Je me sentis mal, très mal... Une sensation insupportable, je me sentais comme un criminel que sa victime estropiée pourtant pardonne... Je ne comprenais pas qu'une telle chose soit possible.
Et ce visage me touchait, je le trouvais... comment dire... beau.
Je n'arrivais pas à reprendre mes esprits, à retrouver celui qui tout à sa quête de Lisa et des mystères tentait de se forger un caractère, celui qui avait un but et une volonté.
Non, je restais là, inconnu à moi même. Coupable car captivé par la beauté de ce visage que j'avais défiguré.
Je ne pouvais me retenir de pleurer, trop de tensions, de rebondissements, de fatigue, de douleurs... Mes nerfs lâchaient complètement et là, Alex... qui me troublait.
Je tentai de lutter et de me raisonner, de chasser au loin ce sentiment illogique, indécent et déplacé qui, je commençais à comprendre, ressemblait à de l'attirance... Je devenais fou. Alex, avec son visage d'ange... m'attirait !
Je tentais de contenir un flot de sentiments et de sensations contradictoires, insupportables, bien au-delà de ma morale, de mes croyances et de mes convictions. Le jour réveillait Alex. Un seul de ses yeux s'ouvrit lentement et me fixait. J'avais la sensation de me noyer dans cette pupille sombre, auréolée de multiples argents dans l'or magique de la lumière du matin. Je perdais l'esprit, ma tête résonnait comme une tôle sous la grêle...
Sans comprendre, je vis ma main se poser doucement sur ses blessures, suivre les contours harmonieux de ce visage.
Et le plus incroyable se produisit.
Sans comprendre, je prononçai un "je suis vraiment désolé" tout en m'approchant pour embrasser Alex... L'embrasser tendrement sur la bouche.
________________________________________________________
"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
- Nombre de messages : 1570
Localisation : :noitasilacoL
Emploi : :iolpmE
Loisirs : :srisioL
Date d'inscription : 29/10/2010
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
37 - Réalité
Je ne m'attendais à rien. Je voulais juste donner une preuve toute symbolique des sentiments indéchiffrables que je ressentais. Tout à mon émotion je fermais les yeux durant la trajectoire de mes lèvres vers ses lèvres, fussent-elles noires et dures comme les heures à peine écoulées.
Le contact fut froid, douloureux.
Mes lèvres restèrent dans le vide, mon élan stoppé. Une bouche froide, glacée et métallique, juste sous ma gorge répondait à la mienne vibrante, qui en mimant un baiser, dans l'air vidait son trop plein d'émotion.
La première image que je vis en ré-ouvrant les yeux fut celle de cet œil argenté... toujours aussi fascinant. Mais loin de toute douceur, l'œil était terrible. Il me brûlait de son intense fixité et sa pupille que je voyais naguère douce, était maintenant d'une dureté inhumaine, presque fendue comme, une fois son venin injecté, celle d'une vipère.
L'œil aspirait mon esprit et je le laissai faire sans réagir, tous mes sens paralysés par l'incompréhension.
- tu me touches, tu es mort !
Mon 9mm fortement appuyé sur ma gorge m'empêchait de parler, les sons bloqués sortaient en rauques exhalations. Alex s'était reculée et sans égard elle s'appuyait sur moi pour se lever. Debout, elle m'apparut plus grande, plus forte... impressionnante. Ma gorge libérée, sans doute voulu émettre un son, immédiatement couvert par la déflagration et les éclats qui à quelques centimètres seulement de ma figure venaient de s'incruster dans ma joue.
Malgré la surpression et l'intense sifflement dans mes oreilles, j'entendis parfaitement un :
- tu parles, tu bouges, tu es mort !
La peur me pétrifia soudain. Devenu minéral, j'en oubliais la honte, j'en oubliais ma vie, j'en oubliais tout. Ces paroles avaient percé mon esprit pour, comme le projectile récemment tiré, se ficher au cœur de ma compréhension. Pas d'efforts nécessaire quand c'est important... Quand on est dans la vérité des choses, dans la vérité...
Seul le rond brillant de MON pistolet devant l'œil d'Alex... lequel était le plus mortel ?
Alex, non plus ange mais archange venue laver, par le feu et la mort, cette terre de ma coupable stupidité.
Immobile, hors de mon contrôle mon corps m'échappait, j'urinais sans même le sentir tandis que mon esprit, refusant cette réalité semblait flotter, là, à quelque distance, comme détaché.
Les mots sont de précieux alliés pour tenter de décrire au plus précis les sentiments et les émotions, mais je suis incapable de traduire de façon compréhensible le vide cérébral qui succédait au chaos sensoriel de ces dernières secondes.
Alexandra m'ordonnait de me lever... j'obéissais
Alexandra m'ordonnait de m'approcher lentement d'un tronc d'arbre lisse... j'obéissais
Alexandra m'ordonnait de croiser mes jambes d'une étrange manière autours de l'arbre... j'obéissais
Alexandra m'ordonna de m'asseoir sur mes jambes pliées... j'obéissais
Ce qu'elle voulait, je le savais et maintenant avant ses ordres j'obéissais...
Alexandra fut soudain comme libre. En un instant elle sembla oublier mon existence.
Comme captivé, mon esprit détruit trouvait presque du plaisir à la contenter, à la regarder évoluer sans m'accorder la moindre importance. Ma vie était liée à ma petitesse, à mon insignifiance. Je le savais et sans même le réaliser, je me coulais dans ce qu'Alexandra voulait que je sois, ou plutôt, dans ce qu'Alexandra attendait que je sois. Le comble de l'esclave... Être encore plus bas de sa propre volonté... plus bas encore que la place que son Maître lui prépare... Le faible devient répugnant quand il accepte sa faiblesse. Répugnant au monde et répugnant à ses yeux. Dés lors les châtiments du Maître sont mérités, presque souhaités... l'esclave devenant contre lui même plus dur que son Maître.
Alexandra sortit un couteau de sa ceinture... je ne l'avais pas vu.
Elle coupa des branches et en un tour de main se fit une attelle pour sa cheville cassée...que je ne avais pas vue.
Elle respirait avec peine mais sans entrave... je m'étais trompé.
Elle sortit de son sac à dos une radio... je ne l'avais pas fouillée.
Elle passa un message codé incompréhensible... je l'avait mal jugée.
Elle avait tout planifié, tout prévu... j'avais été aveugle.
Le temps passait... il me semblait me fondre dans l'arbre qui comme par magie, sans liens, me retenait prisonnier. Le temps est élastique quand les besoins sont annihilés. Secondes, heures, minutes, qui est qui ?
Un bruit de turbine ? je n'entends rien. Le vent gifle mon visage ? je ne ressens rien... Alexandra qui s'approche ? je ne vois rien.
- Hé, le bon scout, tu ne m'as jamais vue, je ne t'ai jamais vu - ta vie est à ce prix, ok ?
- Ok, ok.. ok......ok.... je réponds mais je ne parle pas.
Je vis cette Déesse, propriétaire de ma vie, saisir une échelle de corde et lentement s'élever dans les airs.
Archange dont l'implacable volonté avait cédé en me laissant vivre, vaincue par ma misérable humanité. Elle repartit là-haut, vers ce lieu où vivent les êtres supérieurs...
Je ne sais plus ce que mes yeux ont vu de la suite, mon esprit n'a rien enregistré.
Il me semble être resté immobile jusqu'à ce que la douleur de ma position surpasse ma sidération. Il me semble avoir tenté de libérer mes jambes de leur nœud incompréhensible... une éternité. Je ne sais pas comment j'arrivais à saisir le tronc et à enfin me dégager. Mes mains en sang n'avaient plus d'importance, ma répulsion disparue, ma fierté évaporée. Réduit à néant, je ne ressentais rien. Je n'avais aucun besoins.
Comme dans un jeu vidéo, j'attendais que mes jauges de force, vitalité et mana remontent lentement. Dans ces jeux qui avaient plus ou moins formaté une certaine jeunesse, on pouvait repartir. On pouvait recommencer. La mort électronique, comme une nouvelle virginité, permettait à nouveau tant de choses... La vraie vie, par contre, semblait n'être qu'une succession de cicatrices, boursoufflures à jamais réouvertes... aux violets répugnants, comme un goût ignoble qui s'ajouterait à l'odeur fétide de la spirale des échecs.
La larve meurt en chrysalide pour renaître en papillon et connaître la vie à nouveau... aura-t-il oublié ?
"Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance - Comme un divin remède à nos impuretés." Baudelaire.
Le contact fut froid, douloureux.
Mes lèvres restèrent dans le vide, mon élan stoppé. Une bouche froide, glacée et métallique, juste sous ma gorge répondait à la mienne vibrante, qui en mimant un baiser, dans l'air vidait son trop plein d'émotion.
La première image que je vis en ré-ouvrant les yeux fut celle de cet œil argenté... toujours aussi fascinant. Mais loin de toute douceur, l'œil était terrible. Il me brûlait de son intense fixité et sa pupille que je voyais naguère douce, était maintenant d'une dureté inhumaine, presque fendue comme, une fois son venin injecté, celle d'une vipère.
L'œil aspirait mon esprit et je le laissai faire sans réagir, tous mes sens paralysés par l'incompréhension.
- tu me touches, tu es mort !
Mon 9mm fortement appuyé sur ma gorge m'empêchait de parler, les sons bloqués sortaient en rauques exhalations. Alex s'était reculée et sans égard elle s'appuyait sur moi pour se lever. Debout, elle m'apparut plus grande, plus forte... impressionnante. Ma gorge libérée, sans doute voulu émettre un son, immédiatement couvert par la déflagration et les éclats qui à quelques centimètres seulement de ma figure venaient de s'incruster dans ma joue.
Malgré la surpression et l'intense sifflement dans mes oreilles, j'entendis parfaitement un :
- tu parles, tu bouges, tu es mort !
La peur me pétrifia soudain. Devenu minéral, j'en oubliais la honte, j'en oubliais ma vie, j'en oubliais tout. Ces paroles avaient percé mon esprit pour, comme le projectile récemment tiré, se ficher au cœur de ma compréhension. Pas d'efforts nécessaire quand c'est important... Quand on est dans la vérité des choses, dans la vérité...
Seul le rond brillant de MON pistolet devant l'œil d'Alex... lequel était le plus mortel ?
Alex, non plus ange mais archange venue laver, par le feu et la mort, cette terre de ma coupable stupidité.
Immobile, hors de mon contrôle mon corps m'échappait, j'urinais sans même le sentir tandis que mon esprit, refusant cette réalité semblait flotter, là, à quelque distance, comme détaché.
Les mots sont de précieux alliés pour tenter de décrire au plus précis les sentiments et les émotions, mais je suis incapable de traduire de façon compréhensible le vide cérébral qui succédait au chaos sensoriel de ces dernières secondes.
Alexandra m'ordonnait de me lever... j'obéissais
Alexandra m'ordonnait de m'approcher lentement d'un tronc d'arbre lisse... j'obéissais
Alexandra m'ordonnait de croiser mes jambes d'une étrange manière autours de l'arbre... j'obéissais
Alexandra m'ordonna de m'asseoir sur mes jambes pliées... j'obéissais
Ce qu'elle voulait, je le savais et maintenant avant ses ordres j'obéissais...
Alexandra fut soudain comme libre. En un instant elle sembla oublier mon existence.
Comme captivé, mon esprit détruit trouvait presque du plaisir à la contenter, à la regarder évoluer sans m'accorder la moindre importance. Ma vie était liée à ma petitesse, à mon insignifiance. Je le savais et sans même le réaliser, je me coulais dans ce qu'Alexandra voulait que je sois, ou plutôt, dans ce qu'Alexandra attendait que je sois. Le comble de l'esclave... Être encore plus bas de sa propre volonté... plus bas encore que la place que son Maître lui prépare... Le faible devient répugnant quand il accepte sa faiblesse. Répugnant au monde et répugnant à ses yeux. Dés lors les châtiments du Maître sont mérités, presque souhaités... l'esclave devenant contre lui même plus dur que son Maître.
Alexandra sortit un couteau de sa ceinture... je ne l'avais pas vu.
Elle coupa des branches et en un tour de main se fit une attelle pour sa cheville cassée...que je ne avais pas vue.
Elle respirait avec peine mais sans entrave... je m'étais trompé.
Elle sortit de son sac à dos une radio... je ne l'avais pas fouillée.
Elle passa un message codé incompréhensible... je l'avait mal jugée.
Elle avait tout planifié, tout prévu... j'avais été aveugle.
Le temps passait... il me semblait me fondre dans l'arbre qui comme par magie, sans liens, me retenait prisonnier. Le temps est élastique quand les besoins sont annihilés. Secondes, heures, minutes, qui est qui ?
Un bruit de turbine ? je n'entends rien. Le vent gifle mon visage ? je ne ressens rien... Alexandra qui s'approche ? je ne vois rien.
- Hé, le bon scout, tu ne m'as jamais vue, je ne t'ai jamais vu - ta vie est à ce prix, ok ?
- Ok, ok.. ok......ok.... je réponds mais je ne parle pas.
Je vis cette Déesse, propriétaire de ma vie, saisir une échelle de corde et lentement s'élever dans les airs.
Archange dont l'implacable volonté avait cédé en me laissant vivre, vaincue par ma misérable humanité. Elle repartit là-haut, vers ce lieu où vivent les êtres supérieurs...
Je ne sais plus ce que mes yeux ont vu de la suite, mon esprit n'a rien enregistré.
Il me semble être resté immobile jusqu'à ce que la douleur de ma position surpasse ma sidération. Il me semble avoir tenté de libérer mes jambes de leur nœud incompréhensible... une éternité. Je ne sais pas comment j'arrivais à saisir le tronc et à enfin me dégager. Mes mains en sang n'avaient plus d'importance, ma répulsion disparue, ma fierté évaporée. Réduit à néant, je ne ressentais rien. Je n'avais aucun besoins.
Comme dans un jeu vidéo, j'attendais que mes jauges de force, vitalité et mana remontent lentement. Dans ces jeux qui avaient plus ou moins formaté une certaine jeunesse, on pouvait repartir. On pouvait recommencer. La mort électronique, comme une nouvelle virginité, permettait à nouveau tant de choses... La vraie vie, par contre, semblait n'être qu'une succession de cicatrices, boursoufflures à jamais réouvertes... aux violets répugnants, comme un goût ignoble qui s'ajouterait à l'odeur fétide de la spirale des échecs.
La larve meurt en chrysalide pour renaître en papillon et connaître la vie à nouveau... aura-t-il oublié ?
"Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance - Comme un divin remède à nos impuretés." Baudelaire.
________________________________________________________
"Garde toi, je me garde"
MonteRosso- Animateur
- Nombre de messages : 1570
Localisation : :noitasilacoL
Emploi : :iolpmE
Loisirs : :srisioL
Date d'inscription : 29/10/2010
chapitre 38
chapitre 38 : Diego : guerre de gangs
Diégo leva son fusil d'assaut et tira. Des débris de bétons volèrent du coin du mur de la rue opposée.
Il n'avait jamais pensé que cela allait être une partie de plaisir d'aller dans le quartier nord. Les Nordistes avaient mis des sonnettes dans plusieurs rues et leur avait tendu un sacré de « Putain-de-piège ». De sa troupe d'une quinzaine de
personnes, ils n'étaient plus que trois.
Trois rescapés qui s'enfuyaient à travers le dédale de voitures abandonnées, d'appartements et de commerces pillés.
Mais avant de fuir, il avait beaucoup appris, beaucoup sur ce qui se passait de l'autre coté du fleuve.
Quelques heures plus tôt, Diègo et ses hommes avaient décidé de se venger de l'attaque orchestrée par les quartiers nord. Armés de fusil d'assaut et de plusieurs cocktails molotofs, après avoir passé le pont surplombant le fleuve qui coupait la ville en deux, ils s'étaient infiltrés rapidement à travers le centre ville, vidé de sa population deux semaines plus tôt.
Les boutiques avaient été pillées par ceux qui avaient pu rester sur place. Des traces d'impacts de balles et des
cadavres en putréfaction témoignaient des escarmouches entre militaires et pillards.
Diégo et ses hommes n'avaient rencontré personne dans le centre ville. Pas une âme qui vive. Ses éclaireurs n'étaient jamais venus par là. Ils s'étaient cantonnés à fouiller et piller toutes la zone Sud où se trouvait aussi la grande zone commerciale. La majorité des véhicules étaient carbonisés et quelques bâtiments avaient subis le même sort.
Ils longeaient les murs et se mettaient le plus souvent à couvert derrière les épaves ou dans les entrées d'immeubles.
De rares corbeaux se disputaient les restes de cadavre animal ou humain.
– Qu'est ce que c'est que ça ? Murmura Maximo le barbu près de Diégo.
Devant eux à une centaine de mètres, des gibets avaient été installés et plusieurs cadavres étaient pendus. Sous l'un d'eux, le corps sans vie d'une femme, la robe relevée sur le ventre et la gorge tranchée.
– Bordel ! Mais ceux sont des barbares.
–Au moins, on sait pourquoi on va en descendre quelques uns, grogna un des hommes en surveillant à la jumelle l'enfilade de rues qui menaient jusqu'aux quartiers Nord.
– On va attendre la nuit dans un de ces appartements et on les attaquera par la suite.
Tous furent d'accord.
Le groupe entra rapidement à l'intérieur d'un immeuble. Ils sentirent immédiatement les effluves de la mort et sa pourriture. Diégo ne se laissa pas désarçonner par la puanteur et gravit rapidement les marches. Les membres de son commando suivirent en grimaçant, se couvrant le visage de leur foulard. Ils entrèrent dans un appartement dont les fenêtres donnaient sur la rue. Ils mangèrent leurs provisions et attendirent en prenant chacun un tour de garde.La nuit vint et toute la rue fut plongée dans l'obscurité absolue. Amar le Pied-Noir réveilla Diégo et d'un signe de la main il lui demanda de s'approcher de la fenêtre. Dehors, il y avait du mouvement. Plusieurs personnes avançaient à la lueur de torche. L'une d'elle se débattait entre deux autres. Le groupe s'arrêta au niveau des gibets. Le prisonnier fut mis à genoux et maintenu au sol. Diégo et Amar regardaient la scène comme hypnotisés. Le prisonnier semblait être un
homme d'un certain âge. Les personnes qui l'entouraient, étaient des hommes. Ils portaient tous une arme à feu et un foulard ou un keffieh autour de leur bouche. Un des hommes s'avança vers le prisonnier. Il gueula quelque chose en tenant dans sa main un grand couteau et dans l'autre un livre.Diégo se détourna de la fenêtre lorsque l'homme se
pencha sur l'autre le couteau au niveau du cou. Les cris résonnèrent dans la nuit se répercutant sur les murs de la rue.
– Bande de sauvages, grogna Amar en se calant contre le bord de la fenêtre.
Les cris cessèrent rapidement mais ils resteraient gravés dans la mémoire de Diégo jusqu'à la fin de sa vie.Les autres membres du groupe se réveillèrent en sursaut mais furent rapidement calmés par Diégo et Amar. Ils ne savaient pas exactement combien il y avait de personnes en bas et ils ne pouvaient pas se permettre un affrontement direct. Lorsque le soleil pointa ses premiers rayons. Le petit groupe sortit enfin du bâtiment. La flaque sombre au milieu de la rue attira l'attention de Diégo. La tête de l'inconnu était planté sur un pieu non loin des gibets. Un écriteau en carton était accroché sur le bois. "Nazi" était inscrit dessus. Dans un coin, il y avait un mélange de vêtements, de viscères et de débris d'os. Le reste du corps était absent.
– Qu'est ce qu'ils ont foutu du corps, ces barbares, murmura Amar dans un reniflement.
Diégo pensait avoir une réponse mais s'abstient d'en parler. Il envoya deux hommes en éclaireur dans la rue. Ils s'avancèrent rapidement entre les épaves de voitures puis lorsqu'ils furent en place et qu'ils ne distinguèrent aucune menace, ils firent un signe au reste de la bande. Ils marchèrent lentement à travers les rues et ruelles. Une odeur de
décomposition se fit sentir au fur et à mesure qu'ils arrivaient dans les quartiers Nord. Ils découvrirent plusieurs ruines de bâtiments incendiés. Les combats contre l'armée avaient été plus durs que dans le sud. Les cadavres des soldats avaient été pendus à des lampadaires. Les corps avaient été malmenés. Ils virent enfin les barricades qui limitaient les quartiers Nord. C'était un amoncellement de sacs de sables, pavés et carcasses de voitures. Des drapeaux à la gloire de
groupe terroriste moyen-orientaux étaient érigés de par et d'autres. La couleur de l'endroit était donnée. À la jumelle, Diégo aperçu plusieurs sentinelles et une mitrailleuse.
– Bordel, mais ils sont équipés en lourd ici, annonça Maximo.
– On ne fera pas le poids contre eux, annonça Amar en reposant ses propres jumelles. Je comprends pourquoi ils ont cramé les bâtiments autour de leur quartier. On ne peut même pas passer par les toits.
– Nous en avons assez vu, murmura Diégo.
– Mais alors, pourquoi ils sont venus chez nous pour nous voler de la nourriture?
– Ils n'ont pas de grosses surfaces commerciales ici. Ils sont obligés de passer par notre quartier pour tenter de piller la zone commerciale du sud.
– Pour moi, ils ne doivent pas être tant que ça, déclara François, un des plus grand du groupe. Sinon ils seraient déjà venu nous taquiner avec leur grosse artillerie. On pourrait rebrousser chemin, attendre la nuit et leur tomber dessus en leur faisant un maximum de dégât avant de repartir aussitôt.
Diégo regarda le reste du groupe, chacun inclina la tête sur cette idée.
– Effectivement c'est une bonne idée.
Des cris d'une femme retentirent au loin. Ils virent deux hommes trainaient une jeune fille par les bras. Ils rejoignirent les sentinelles qui riaient aux éclats. L'un d'eux s'approcha et arracha les vêtements qui couvraient le corps de la femme. Lorsqu'elle fut nue, les hommes présents la violèrent les uns après les autres.
– ils vont payer leur geste, cracha Morgan en levant sa carabine. Il épaula, visa dans sa lunette et tira avant même que Diégo s'interpose.
La tête du violeur explosa dans une gerbe de sang, d'os et de cervelle couvrant la victime et ses camarades de viol. Il y eu un moment de surprise, un flottement dans le temps, comme si tout s'était mis au ralenti. Les violeurs cherchèrent d'où provenait le tir. Un autre coup de feu fut tiré et Morgan s'écroula avec un trou dans son propre crâne. Il n'agonisa pas. Il était déjà mort. Le suivant à s'effondrer fut le grand François. Le sang gicla sur Diégo et Amar qui hurla. Des esquilles d'os lui étaient entrés dans une de ses mains.
– Tireur embusqué, hurla Maximo le barbu qui tira une rafale de son HK volé quelques jours plus tôt sur le cadavre d'un gendarme.
– Repli, commanda Diégo en courant vers les ruines qui les entouraient.
Amar jeta un molotof en direction de la barricade avant de quitter les lieux. Deux autres membres de son groupe n'arrivèrent pas à le rejoindre.Des hommes du Nord commencèrent à arriver alertés par les sentinelles. Des tirs en rafales fusèrent. Des éclats de bétons et de plâtres plurent autour d'eux.
– Il faut passer tout droit à travers les ruines, et vite, ordonna Diégo. Si on reste ici, on va y passer.
Un petit groupe passa les barricades et avançaient lentement entre les carcasses de voitures. De temps en temps, ils lâchaient une rafale.
– Suivez moi, hurla Diégo en fonçant tête baissée derrière l'épave d'un camion.
Un projectile frôla sa chaussure. Amar visa un bref instant. Le coup partit et de l'autre coté de la rue, le sniper qui avait descendu ses camarades s'écroula.
– Je t'ai eu, sale fils ….
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, Maximo le barbu le tira par sa veste.
– Grouille toi si tu veux rester en vie.
Le groupe de Diégo, poursuivi par les Nordistes, se fraya un chemin à travers les ruines, puis les rues et bâtiments abandonnées. Des tireurs embusqués leur barrèrent souvent la route.
« Ils nous ont bien eu, songea Diégo. » Les Nordistes les avaient laissé avancer sur leur territoire attendant de connaître leur attention. Le tir de Morgan avait été le feu vert pour la chasse où ils étaient devenus des gibiers. Au vue de tous les gibets qui étaient à la vue du moindre visiteur, il ne donnait pas cher de leurs vies s'ils étaient capturés vivants.
Caché au coin d'une rue, Diégo lança une autre rafale avec son fusil d'assaut.Seul Amar et le Barbu étaient encore vivant. Des traces de chairs et d'os étaient collés à la barbe de Maximo. Les restes d'un Nordistes dont il avait éclaté la tête d'un tir lors d'un affrontement au corps à corps. Le pont qui séparait la ville en deux était en vue. Ils le traverseraient et ils seraient chez eux. Les bruits de combats avaient sûrement attiré l'attention des gars de sa bande. Il l'espérait beaucoup.
– Plus que deux cent mètres et on est chez nous. Prêt?
Les deux autres hommes lui firent un signe de la tête. Ils vérifièrent une dernière fois leur chargeur et se faufilèrent en direction des épaves de voitures. Une rafale les fit se coucher et en rampant ils atteignirent la rambarde du pont. Amar lâcha un tir sur leurs poursuivants. Maximo, pistolet au poing, fit un bond et roula sous un camion.
Des coups de feu retentirent de l'autre coté du pont. Un poursuivant tomba alors qu'il n'était qu'à dix mètres de Diégo.
Celui-ci zigzagua rapidement entre les voitures puis chuta sur le cadavre en décomposition d'une femme. Deux mains le tirèrent par les épaules et l'amenèrent au loin. Il vit défiler le sol rapidement. Maximo tira au jugé sans rien toucher.
Un hurlement retentit.
– Couchez-vous.
Le front de Diégo frappa durement le sol. Il compris pourquoi les militaires portent un casque. Une explosion souffla l'air autour de lui puis il sentit la chaleur le frôler puis une pluie de gravats de pierres et de métal tomba autour d'eux.
– Ouais, ça a marché, hurlèrent Samir et Max en Relevant leur chef.
En se retournant, Diégo vit les restes du pont. Une colonne de fumée montait vers le ciel nuageux. Les Nordistes étaient de l'autre coté. Les deux groupes se regardèrent un instant puis ils rebroussèrent chemin.
– Il faudra que tu m'explique ça, murmura Diégo à l'oreille de son bras droit.
Diégo leva son fusil d'assaut et tira. Des débris de bétons volèrent du coin du mur de la rue opposée.
Il n'avait jamais pensé que cela allait être une partie de plaisir d'aller dans le quartier nord. Les Nordistes avaient mis des sonnettes dans plusieurs rues et leur avait tendu un sacré de « Putain-de-piège ». De sa troupe d'une quinzaine de
personnes, ils n'étaient plus que trois.
Trois rescapés qui s'enfuyaient à travers le dédale de voitures abandonnées, d'appartements et de commerces pillés.
Mais avant de fuir, il avait beaucoup appris, beaucoup sur ce qui se passait de l'autre coté du fleuve.
Quelques heures plus tôt, Diègo et ses hommes avaient décidé de se venger de l'attaque orchestrée par les quartiers nord. Armés de fusil d'assaut et de plusieurs cocktails molotofs, après avoir passé le pont surplombant le fleuve qui coupait la ville en deux, ils s'étaient infiltrés rapidement à travers le centre ville, vidé de sa population deux semaines plus tôt.
Les boutiques avaient été pillées par ceux qui avaient pu rester sur place. Des traces d'impacts de balles et des
cadavres en putréfaction témoignaient des escarmouches entre militaires et pillards.
Diégo et ses hommes n'avaient rencontré personne dans le centre ville. Pas une âme qui vive. Ses éclaireurs n'étaient jamais venus par là. Ils s'étaient cantonnés à fouiller et piller toutes la zone Sud où se trouvait aussi la grande zone commerciale. La majorité des véhicules étaient carbonisés et quelques bâtiments avaient subis le même sort.
Ils longeaient les murs et se mettaient le plus souvent à couvert derrière les épaves ou dans les entrées d'immeubles.
De rares corbeaux se disputaient les restes de cadavre animal ou humain.
– Qu'est ce que c'est que ça ? Murmura Maximo le barbu près de Diégo.
Devant eux à une centaine de mètres, des gibets avaient été installés et plusieurs cadavres étaient pendus. Sous l'un d'eux, le corps sans vie d'une femme, la robe relevée sur le ventre et la gorge tranchée.
– Bordel ! Mais ceux sont des barbares.
–Au moins, on sait pourquoi on va en descendre quelques uns, grogna un des hommes en surveillant à la jumelle l'enfilade de rues qui menaient jusqu'aux quartiers Nord.
– On va attendre la nuit dans un de ces appartements et on les attaquera par la suite.
Tous furent d'accord.
Le groupe entra rapidement à l'intérieur d'un immeuble. Ils sentirent immédiatement les effluves de la mort et sa pourriture. Diégo ne se laissa pas désarçonner par la puanteur et gravit rapidement les marches. Les membres de son commando suivirent en grimaçant, se couvrant le visage de leur foulard. Ils entrèrent dans un appartement dont les fenêtres donnaient sur la rue. Ils mangèrent leurs provisions et attendirent en prenant chacun un tour de garde.La nuit vint et toute la rue fut plongée dans l'obscurité absolue. Amar le Pied-Noir réveilla Diégo et d'un signe de la main il lui demanda de s'approcher de la fenêtre. Dehors, il y avait du mouvement. Plusieurs personnes avançaient à la lueur de torche. L'une d'elle se débattait entre deux autres. Le groupe s'arrêta au niveau des gibets. Le prisonnier fut mis à genoux et maintenu au sol. Diégo et Amar regardaient la scène comme hypnotisés. Le prisonnier semblait être un
homme d'un certain âge. Les personnes qui l'entouraient, étaient des hommes. Ils portaient tous une arme à feu et un foulard ou un keffieh autour de leur bouche. Un des hommes s'avança vers le prisonnier. Il gueula quelque chose en tenant dans sa main un grand couteau et dans l'autre un livre.Diégo se détourna de la fenêtre lorsque l'homme se
pencha sur l'autre le couteau au niveau du cou. Les cris résonnèrent dans la nuit se répercutant sur les murs de la rue.
– Bande de sauvages, grogna Amar en se calant contre le bord de la fenêtre.
Les cris cessèrent rapidement mais ils resteraient gravés dans la mémoire de Diégo jusqu'à la fin de sa vie.Les autres membres du groupe se réveillèrent en sursaut mais furent rapidement calmés par Diégo et Amar. Ils ne savaient pas exactement combien il y avait de personnes en bas et ils ne pouvaient pas se permettre un affrontement direct. Lorsque le soleil pointa ses premiers rayons. Le petit groupe sortit enfin du bâtiment. La flaque sombre au milieu de la rue attira l'attention de Diégo. La tête de l'inconnu était planté sur un pieu non loin des gibets. Un écriteau en carton était accroché sur le bois. "Nazi" était inscrit dessus. Dans un coin, il y avait un mélange de vêtements, de viscères et de débris d'os. Le reste du corps était absent.
– Qu'est ce qu'ils ont foutu du corps, ces barbares, murmura Amar dans un reniflement.
Diégo pensait avoir une réponse mais s'abstient d'en parler. Il envoya deux hommes en éclaireur dans la rue. Ils s'avancèrent rapidement entre les épaves de voitures puis lorsqu'ils furent en place et qu'ils ne distinguèrent aucune menace, ils firent un signe au reste de la bande. Ils marchèrent lentement à travers les rues et ruelles. Une odeur de
décomposition se fit sentir au fur et à mesure qu'ils arrivaient dans les quartiers Nord. Ils découvrirent plusieurs ruines de bâtiments incendiés. Les combats contre l'armée avaient été plus durs que dans le sud. Les cadavres des soldats avaient été pendus à des lampadaires. Les corps avaient été malmenés. Ils virent enfin les barricades qui limitaient les quartiers Nord. C'était un amoncellement de sacs de sables, pavés et carcasses de voitures. Des drapeaux à la gloire de
groupe terroriste moyen-orientaux étaient érigés de par et d'autres. La couleur de l'endroit était donnée. À la jumelle, Diégo aperçu plusieurs sentinelles et une mitrailleuse.
– Bordel, mais ils sont équipés en lourd ici, annonça Maximo.
– On ne fera pas le poids contre eux, annonça Amar en reposant ses propres jumelles. Je comprends pourquoi ils ont cramé les bâtiments autour de leur quartier. On ne peut même pas passer par les toits.
– Nous en avons assez vu, murmura Diégo.
– Mais alors, pourquoi ils sont venus chez nous pour nous voler de la nourriture?
– Ils n'ont pas de grosses surfaces commerciales ici. Ils sont obligés de passer par notre quartier pour tenter de piller la zone commerciale du sud.
– Pour moi, ils ne doivent pas être tant que ça, déclara François, un des plus grand du groupe. Sinon ils seraient déjà venu nous taquiner avec leur grosse artillerie. On pourrait rebrousser chemin, attendre la nuit et leur tomber dessus en leur faisant un maximum de dégât avant de repartir aussitôt.
Diégo regarda le reste du groupe, chacun inclina la tête sur cette idée.
– Effectivement c'est une bonne idée.
Des cris d'une femme retentirent au loin. Ils virent deux hommes trainaient une jeune fille par les bras. Ils rejoignirent les sentinelles qui riaient aux éclats. L'un d'eux s'approcha et arracha les vêtements qui couvraient le corps de la femme. Lorsqu'elle fut nue, les hommes présents la violèrent les uns après les autres.
– ils vont payer leur geste, cracha Morgan en levant sa carabine. Il épaula, visa dans sa lunette et tira avant même que Diégo s'interpose.
La tête du violeur explosa dans une gerbe de sang, d'os et de cervelle couvrant la victime et ses camarades de viol. Il y eu un moment de surprise, un flottement dans le temps, comme si tout s'était mis au ralenti. Les violeurs cherchèrent d'où provenait le tir. Un autre coup de feu fut tiré et Morgan s'écroula avec un trou dans son propre crâne. Il n'agonisa pas. Il était déjà mort. Le suivant à s'effondrer fut le grand François. Le sang gicla sur Diégo et Amar qui hurla. Des esquilles d'os lui étaient entrés dans une de ses mains.
– Tireur embusqué, hurla Maximo le barbu qui tira une rafale de son HK volé quelques jours plus tôt sur le cadavre d'un gendarme.
– Repli, commanda Diégo en courant vers les ruines qui les entouraient.
Amar jeta un molotof en direction de la barricade avant de quitter les lieux. Deux autres membres de son groupe n'arrivèrent pas à le rejoindre.Des hommes du Nord commencèrent à arriver alertés par les sentinelles. Des tirs en rafales fusèrent. Des éclats de bétons et de plâtres plurent autour d'eux.
– Il faut passer tout droit à travers les ruines, et vite, ordonna Diégo. Si on reste ici, on va y passer.
Un petit groupe passa les barricades et avançaient lentement entre les carcasses de voitures. De temps en temps, ils lâchaient une rafale.
– Suivez moi, hurla Diégo en fonçant tête baissée derrière l'épave d'un camion.
Un projectile frôla sa chaussure. Amar visa un bref instant. Le coup partit et de l'autre coté de la rue, le sniper qui avait descendu ses camarades s'écroula.
– Je t'ai eu, sale fils ….
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, Maximo le barbu le tira par sa veste.
– Grouille toi si tu veux rester en vie.
Le groupe de Diégo, poursuivi par les Nordistes, se fraya un chemin à travers les ruines, puis les rues et bâtiments abandonnées. Des tireurs embusqués leur barrèrent souvent la route.
« Ils nous ont bien eu, songea Diégo. » Les Nordistes les avaient laissé avancer sur leur territoire attendant de connaître leur attention. Le tir de Morgan avait été le feu vert pour la chasse où ils étaient devenus des gibiers. Au vue de tous les gibets qui étaient à la vue du moindre visiteur, il ne donnait pas cher de leurs vies s'ils étaient capturés vivants.
Caché au coin d'une rue, Diégo lança une autre rafale avec son fusil d'assaut.Seul Amar et le Barbu étaient encore vivant. Des traces de chairs et d'os étaient collés à la barbe de Maximo. Les restes d'un Nordistes dont il avait éclaté la tête d'un tir lors d'un affrontement au corps à corps. Le pont qui séparait la ville en deux était en vue. Ils le traverseraient et ils seraient chez eux. Les bruits de combats avaient sûrement attiré l'attention des gars de sa bande. Il l'espérait beaucoup.
– Plus que deux cent mètres et on est chez nous. Prêt?
Les deux autres hommes lui firent un signe de la tête. Ils vérifièrent une dernière fois leur chargeur et se faufilèrent en direction des épaves de voitures. Une rafale les fit se coucher et en rampant ils atteignirent la rambarde du pont. Amar lâcha un tir sur leurs poursuivants. Maximo, pistolet au poing, fit un bond et roula sous un camion.
Des coups de feu retentirent de l'autre coté du pont. Un poursuivant tomba alors qu'il n'était qu'à dix mètres de Diégo.
Celui-ci zigzagua rapidement entre les voitures puis chuta sur le cadavre en décomposition d'une femme. Deux mains le tirèrent par les épaules et l'amenèrent au loin. Il vit défiler le sol rapidement. Maximo tira au jugé sans rien toucher.
Un hurlement retentit.
– Couchez-vous.
Le front de Diégo frappa durement le sol. Il compris pourquoi les militaires portent un casque. Une explosion souffla l'air autour de lui puis il sentit la chaleur le frôler puis une pluie de gravats de pierres et de métal tomba autour d'eux.
– Ouais, ça a marché, hurlèrent Samir et Max en Relevant leur chef.
En se retournant, Diégo vit les restes du pont. Une colonne de fumée montait vers le ciel nuageux. Les Nordistes étaient de l'autre coté. Les deux groupes se regardèrent un instant puis ils rebroussèrent chemin.
– Il faudra que tu m'explique ça, murmura Diégo à l'oreille de son bras droit.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Chapitre 39 : le Créton est en état de siège
CHAPITRE 39 : Le Creton est en état de siège
Il y avait beaucoup de monde dans les rues. Selon les autorités, la population avait été multipliée par cinq ou six et avait transformé la ville en un immense camp de réfugiés. Les anciennes murailles qui avaient été érigées plus de deux cents ans auparavant permettaient une meilleur surveillance des lieux par les forces de l'ordre. Les routes menant à l'extérieur étaient barrées par de nombreux check-points, barrières, fils de fers barbelés et autres structures bétonnées.
La soeur de Lisa m'avait indiqué le trajet le plus court pour rejoindre les services de presse. Sur place, j'allais pouvoir envoyer les informations concernant le Plan et ainsi faire connaître au monde entier l'implication du Gouvernement dans tout ce bazar.
Mais est ce que le reste du monde était prêt à recevoir ces informations?
Les nouvelles n'étaient pas très bonnes. Autour de moi, les gens parlaient de la chute du moyen-orient, la fermeture des frontières du pays par nos voisins, le black-out en Amérique du Nord. Le continent Africain était à feu et à sang. Certains parlaient même d'une guerre ouverte entre plusieurs pays orientaux. Chine contre Japon? Corée du Nord contre Sud?
Je ne le savais pas et pour l'instant cela n'était pas mon problème.
Des coups de feu retentirent au loin. Selon la sœur de Lisa, en ce moment, c'était assez fréquent. L'armée empêchait la population d'entrer dans la ville fortifiée.
Le gouvernement rationnait les denrées pour ceux qui étaient à l'intérieur et ne pouvait plus fournir ceux qui étaient à l'extérieur. Il avait annoncé attendre l'arrivé de convois de ravitaillement. Plus personnes ne pouvait pénétrer dans la ville et les réfugiés commençaient à sérieusement s'amasser devant les différentes entrées. Ils demandaient de la nourriture et de l'eau et pensait que dans la ville, on ne voulait pas leur en donner.
Je me demandais combien de temps encore cette situation allait encore durer.
A plusieurs reprises, je me retournais. J'avais l'impression d'être suivi. Joe avait du placer ses loups dans les lieux. Je devais être très prudent et faire très attention.
Toutes les boutiques étaient fermées. Des planches avaient été clouées sur les devantures pour empêcher toute intrusion et pillage.
Je me faufilais entre les tentes plantées par les familles chanceuses d'avoir pu pénétrer avant le blocage militaire. L'air était saturé des odeurs de sueurs, de cuisines, d'urines et de détritus divers.
Je passais mon premier check-point sans difficulté. Le militaire enregistra mon badge de reporter free-lance sur un calepin et m'indiqua avec celui-ci l'hôtel des journalistes.
Quatre soldats casqués montaient la garde devant les portes. Je leur montrais de nouveau mon laisser-passer et entrais sans difficulté dans l'hôtel grouillant d'activité.Des journalistes, caméramans, photographes, et toutes leur clique de techniciens courraient partout pour envoyer à leur patron les
dernières nouvelles. L'énergie électrique était fournie par quatre gros générateurs placés à l'extérieur du bâtiment. Selon la sœur de Lisa, mon contact se situait à l'étage dans la chambre 123.
Dans le grand hall, je croisais un soldat portant un béret gris sans insigne dessus. Quelque chose dans son comportement m'interpella. Je ne savais pas
quoi mais il y avait quelque chose. Je le suivis du regard. Il alla parler avec un des gardes près de l'entrée. Celui-ci hocha la tête et regarda sa montre. C'est alors que je remarquais qu'aucun dessoldats ne portaient de patch d'identifications indiquant de quel unité ils appartenaient. J'étais tellement obnubilé par l'envoi du fichier que je n'avais pas fais attention à cela.
Qui étaient-ils?
Je n'avais pas le temps de me renseigner et mon reste de paranoïa allait en rester là. Je montais rapidement les marches d'un large escalier et peu de temps plus tard, je me trouvais devant la chambre 123. Je toquais et un homme me demanda d'entrer.
D'une cinquantaine d'année, bruns grisonnants et plutôt bien bâti, je reconnus le contact que la sœur de Lisa m'avait montré en photo. Il rangeait frénétiquement des documents et son ordinateur portable dans une mallette tout en regardant l'heure à sa montre.
– Monsieur Lenivaski? Je suis envoyé par Yael.
L'homme arrêta ce qu'il faisait et me regarda des pieds à la tête.
– Yael? Je ne connais pas de Yael.
Je sortis la petite photo de ma poche de chemise. L'homme la regarda et souri.
– Je suis Lenivaski, enchanté?
– Benjamin, mon nom ne vous servira en rien.
– Si votre amie vous a donné le mot de passe et cette photo, c'estque vous devez avoir une grande raison de vouloir me rencontrer en ces temps troublés.
– Oui, une bonne. J'ai les informations sur le Plan qui a déclenché ce désastre. J'ai été un des outils de ce Plan et je dois faire savoir au monde qui en a donné l'Ordre.
– J'ai bien peur que vous arrivez trop tard. Il jeta un oeil à sa montre.
– Comment ça?
– Le monde tel nous le connaissons va à sa perte. Je savais qu'un Plan était en étude par le Gouvernement. Il était prévu pour arrêter la délinquance grandissante qui sévissait dans le pays.
– C'est ce qui était prévu.
– Je ne sais pas, jeune homme, comment vous êtes impliqué dans cette Armageddon, mais sachez que le monde est entrain de tomber. De nombreux pays se sont mis en guerre peu de temps après les explosions des bombes dans le notre. Je vais vous donner mes accès pour le réseau satellite et internet.
Il jeta un autre clin d'œil à sa montre puis passa derrière son bureau et tapota sur le clavier de son ordinateur.
– Veuillez prendre place, et faites ce que vous pouvez. Avez vous vu les soldats aux bérets gris?
– Oui, je n'ai pas pu identifier leur unité.
– Ils sont arrivés il y a peu de temps. Personne ne connait leur unité, dit-il en terminant de ranger ses affaires et enfila sa veste.
Je m'installais devant l'ordinateur.J'insérais ma clé USB dans le connecteur et lança la fenêtre internet. Je me connectais sur mon compte réseau, puis je lançais la procédure de copie sur internet. La connexion était lente et j'allais devoir attendre encore quatre ou cinq minutes.
– J'ai entendu une de leur conversation. Les réfugiés s'amassent devant les portes de la ville. Les bérets gris sont là poureffectuer l'extraction de plusieurs personnalités par hélicoptères.
– le Président fuit?
– Peut être. Je dois vous laisser. Je suis attendu en haut lieu.Au revoir.
Le bruit caractéristique d'une longue rafale de fusil d'assaut coupa la conversation.
- Bon dieu, que se passe t-il encore, jura Lenivaski en se rapprochant de la fenêtre.
De ma position, je ne voyais pas ce qui se passait dehors. Je dus me lever.
Le courant fut coupé net et mon transfert de fichier ne se fit pas.
– Merde, gueulais-je en prenant ma clé USB.
D'autres rafales se firent entendre plus proche, dans l'hôtel.
– Si vous voulez quitter la ville, il faut que vous rejoignez l'héliport, suggéra Lenivaski en prenant sa mallette et un petit sac à dos. Les routes ne sont plus sûr. Adieu.
Il sortit prestement du bureau avant même que je ne puisse lui demander où se trouvait l'héliport.Des cris provenaient de la rue. Ils furent couvert par le bruit de nombreux tirs. Ça chauffait dehors et je ne devais pas rester là. Dans le couloir, il y eu des bruits de course, des hurlements puis des tirs. Une balle traversa le mur en plâtre et explosa l'écran de l'ordinateur devant moi. Je me couchais rapidement derrière le bureau et sortit mon pistolet.
Je me rapprochais rapidement de la porte en restant dans l'angle mort. Celle-ci s'ouvrit brusquement. Un soldat, béret gris vissé sur la tête, entra son fusil d'assaut en joue. Je ne lui laissa pas le loisir de tourner la tête dans ma direction. L'arrière de son crâne explosa lorsque ma balle le traversa.
Je me relevais d'un bond, pistolet en avant. Aux différents étages de l'immeuble, il y avait des tirs de fusils d'assaut. Je rangeais mon pistolet dans son holster dans mon dos et m'emparais du fusil d'assaut de ma victime. En un clin d'oeil, je vérifiais qu'il y avait une cartouche engagée et toujours en pointant le canon dans la direction de la porte, je pris les trois chargeurs sur le gilet d'assaut du militaire.
En sortant dans le couloir, j'aperçus de nombreux cadavres. Des journalistes ou des employés que j'avais entraperçus en arrivant dans le bureau de Lenivaski. Certains étaient encore vivant mais allaient bientôt mourir de leurs blessures. Je n'avais aucunement le temps de les sortir de là. J'enjambais les corps en me rapprochant de l'escalier de sortie.
– Étage Clair, entendis-je gueuler au dessus de moi.
D'autres voix lui répondirent en descendant les étages supérieurs. Je ne devais pas rester là. Je courus dans le sens opposé. Le couloir se terminait par une baie vitrée.
– Là bas, entendis-je derrière moi en même temps que les détonations d'une rafale de fusil.
Les balles sifflèrent à mon oreille en même temps que je plongeais à travers les vitres. Je me retrouvais sur un grand balcon qui donnait sur les toits des habitations voisines. Je roulais sur le coté à l'abri du mur, me relevais en prenant ma visée. Un soldat apparu à la fenêtre.Mauvaise technique d'approche. J'appuyais sur la détente. Il s'effondra sur le balcon.
Je reculais vers le bord de celui-ci. Il n'y avait que quatre mètres de hauteur avec le toit d'un petit camion au dessous. Je bondis. Je n'allais pas attendre les renforts des bérets gris. Derrière moi, du béton vola en éclat sous les impacts de balles. Je tombais lourdement sur le toit du véhicule puis sur le sol où je fis une roulade comme je l'avais fais si souvent lors de mes entrainements militaires.
L'héliport. Il fallait que je le trouve rapidement.
Je longeais la façade de l'immeuble des journalistes en courant. Devant moi, un camion de transport blindé moteur tournant était surveillé par deux soldats. Ils ne me virent qu'au dernier moment. Je les avais déjà dans ma ligne de mire dans la lunette aimpoint du fusil. Deux courtes rafales plus tard, je montais dans le camion. J'écrasais l'accélérateur et percuta une jeep stationnée devant. Des balles percutèrent le flanc du véhicule. Les soldats à ma poursuite étaient descendus du balcon. Je bondis dans la première ruelle et tournais à droite à la première intersection.
Je ne sais pas si c'est la chance, le Destin ou quoi qui existe au dessus de nous, mais je trouvais une carte de la ville et des marqueurs des différents objectifs des bérets gris, sur la place passager.
La radio de communication hurlait qu'un camion avait été volé.Puis il y eu des ordres d'évacuation et qu'il ne restait qu'une dizaine de minutes avant la fin de l'opération de nettoyage.
Garé dans la cour d'un immeuble particulier, je m'arrêtais seulement une minute pour étudier la carte. Si je comprenais bien la situation et la carte, tous les soldats devaient évacuer par hélicoptères et non par la route. Des déflagrations me firent lever la tête. Des panaches de fumée noire s'élevaient au loin. Je sortis de la cour et m'engageais dans les rues de la ville. Partout, il y avait des cadavres. Des véhicules militaires circulaient dans tous les sens. L'anarchie était totale. Les check-points que j'avais passé à l'aller étaient maintenant vide.
Mon pare-brise vola en éclat et le siège passager fut déchiqueté par des impacts de balles. Je sentis une vive douleur au bras droit. Je poussais un cri de douleur mais je maintins mon cap. La balle avait effleuré mon biceps.
Deux pick-up militaires surgirent d'une ruelle et se mirent à ma poursuite. L'un d'eux passa sur ma droite, le passager dans la benne, n'était pas habillé en militaire mais beaucoup plus en mercenaire. Non, je reconnus l'homme. Ce n'était pas un mercenaire. C'était un membre des Loups. Il m'ajusta dans sa ligne de mire. Je freinais d'un coup et tournais dans une ruelle sur la gauche. Le pick-up continua sa course. Le second entra dans la ruelle derrière mon cul dans un dérapage et une gerbe de gravier et de poussière.
Trop près, songeais-je en freinant brutalement.
L'avant de la voiture percuta l'arrière de mon camion. Le choc me fit partir en avant mais je laissais mon poursuivant avec un moteur sur le bitume.
Une bordée de tirs s'écrasèrent sur l'arrière du camion. Le deuxième pick-up me rejoignis un peu plus loin. Je dus forcer la route dans des carcasses de voitures en feu. Au loin, je vis de nombreux hélicoptères s'envoler. Je n'étais plus très loin.
D'une rue, arriva une foule terrorisée. Je l'évitais en roulant sur le trottoir et en détruisant des tentes de réfugiés sous mes roues. Le quatre-quatre freina brusquement car il se retrouva face à la foule. Celle-ci était désorientée et apeurée. Des tirs provenaient de derrière eux et le tireur dans la benne tenta de les dispersé en tirant en l'air. Le troupeau humain se dispersa en tentant de se cacher dans les bâtiments aux alentours.
L'héliport était devant moi mais il était bloqué par une file de véhicules militaires abandonnés. J'arrêtais mon camion et bondit dehors mon arme à la main.
J'optimisais alors le précieux temps gagné sur les Loups en courant le plus vite possible. Je fus surpris par ce que je trouvais. En fait, l'héliport était le
parc de la ville aménagé par l'armée. Il restait encore quelques hélicoptères au sol. De lourds transporteurs de troupes et quelques aéronefs civils.
Le long d'un mur, je découvris plusieurs civils baignant dans leur sang. À leur tenue, je déduisis que c'était les pilotes des hélicoptères civils. Ceux qui promènent les journalistes et autres personnalités politiques. Des coups de feux partirent à l'autre bout de la piste. Les réacteurs des derniers aéronefs se mirent en route. Une pagaille sans nom se fit tout autour des hélicoptères. Je m'approchais rapidement des différents camions garés.
De nouveau le Destin fut avec moi.
Il m'accorda le passage d'un soldat portant un béret gris devant moi. Il n'eut pas le temps de me voir. Son corps sans vie et sans veste roula sous un des véhicules. Le béret vissé sur la tête, je bondis le plus rapidement possible dans la soute d'un des transporteurs avant que la porte ne se ferme.
Je gratifiais d'un signe de la main le mécanicien naviguant avant d'aller m'assoir au fond sur un strapontin. L'aéronef pris immédiatement son envol vers une destination inconnue.
Le mécano me gratifia d'un sourire avant de s'assoir non loin de moi.
– C'était moins une, mon gars. Je ne voudrais pas être à la place des bidasses qui vont rester ici.
Il portait les mêmes écussons que les soldats à bérets gris. Nous devions être de la même division même si je ne savais pas encore laquelle.
Il y avait beaucoup de monde dans les rues. Selon les autorités, la population avait été multipliée par cinq ou six et avait transformé la ville en un immense camp de réfugiés. Les anciennes murailles qui avaient été érigées plus de deux cents ans auparavant permettaient une meilleur surveillance des lieux par les forces de l'ordre. Les routes menant à l'extérieur étaient barrées par de nombreux check-points, barrières, fils de fers barbelés et autres structures bétonnées.
La soeur de Lisa m'avait indiqué le trajet le plus court pour rejoindre les services de presse. Sur place, j'allais pouvoir envoyer les informations concernant le Plan et ainsi faire connaître au monde entier l'implication du Gouvernement dans tout ce bazar.
Mais est ce que le reste du monde était prêt à recevoir ces informations?
Les nouvelles n'étaient pas très bonnes. Autour de moi, les gens parlaient de la chute du moyen-orient, la fermeture des frontières du pays par nos voisins, le black-out en Amérique du Nord. Le continent Africain était à feu et à sang. Certains parlaient même d'une guerre ouverte entre plusieurs pays orientaux. Chine contre Japon? Corée du Nord contre Sud?
Je ne le savais pas et pour l'instant cela n'était pas mon problème.
Des coups de feu retentirent au loin. Selon la sœur de Lisa, en ce moment, c'était assez fréquent. L'armée empêchait la population d'entrer dans la ville fortifiée.
Le gouvernement rationnait les denrées pour ceux qui étaient à l'intérieur et ne pouvait plus fournir ceux qui étaient à l'extérieur. Il avait annoncé attendre l'arrivé de convois de ravitaillement. Plus personnes ne pouvait pénétrer dans la ville et les réfugiés commençaient à sérieusement s'amasser devant les différentes entrées. Ils demandaient de la nourriture et de l'eau et pensait que dans la ville, on ne voulait pas leur en donner.
Je me demandais combien de temps encore cette situation allait encore durer.
A plusieurs reprises, je me retournais. J'avais l'impression d'être suivi. Joe avait du placer ses loups dans les lieux. Je devais être très prudent et faire très attention.
Toutes les boutiques étaient fermées. Des planches avaient été clouées sur les devantures pour empêcher toute intrusion et pillage.
Je me faufilais entre les tentes plantées par les familles chanceuses d'avoir pu pénétrer avant le blocage militaire. L'air était saturé des odeurs de sueurs, de cuisines, d'urines et de détritus divers.
Je passais mon premier check-point sans difficulté. Le militaire enregistra mon badge de reporter free-lance sur un calepin et m'indiqua avec celui-ci l'hôtel des journalistes.
Quatre soldats casqués montaient la garde devant les portes. Je leur montrais de nouveau mon laisser-passer et entrais sans difficulté dans l'hôtel grouillant d'activité.Des journalistes, caméramans, photographes, et toutes leur clique de techniciens courraient partout pour envoyer à leur patron les
dernières nouvelles. L'énergie électrique était fournie par quatre gros générateurs placés à l'extérieur du bâtiment. Selon la sœur de Lisa, mon contact se situait à l'étage dans la chambre 123.
Dans le grand hall, je croisais un soldat portant un béret gris sans insigne dessus. Quelque chose dans son comportement m'interpella. Je ne savais pas
quoi mais il y avait quelque chose. Je le suivis du regard. Il alla parler avec un des gardes près de l'entrée. Celui-ci hocha la tête et regarda sa montre. C'est alors que je remarquais qu'aucun dessoldats ne portaient de patch d'identifications indiquant de quel unité ils appartenaient. J'étais tellement obnubilé par l'envoi du fichier que je n'avais pas fais attention à cela.
Qui étaient-ils?
Je n'avais pas le temps de me renseigner et mon reste de paranoïa allait en rester là. Je montais rapidement les marches d'un large escalier et peu de temps plus tard, je me trouvais devant la chambre 123. Je toquais et un homme me demanda d'entrer.
D'une cinquantaine d'année, bruns grisonnants et plutôt bien bâti, je reconnus le contact que la sœur de Lisa m'avait montré en photo. Il rangeait frénétiquement des documents et son ordinateur portable dans une mallette tout en regardant l'heure à sa montre.
– Monsieur Lenivaski? Je suis envoyé par Yael.
L'homme arrêta ce qu'il faisait et me regarda des pieds à la tête.
– Yael? Je ne connais pas de Yael.
Je sortis la petite photo de ma poche de chemise. L'homme la regarda et souri.
– Je suis Lenivaski, enchanté?
– Benjamin, mon nom ne vous servira en rien.
– Si votre amie vous a donné le mot de passe et cette photo, c'estque vous devez avoir une grande raison de vouloir me rencontrer en ces temps troublés.
– Oui, une bonne. J'ai les informations sur le Plan qui a déclenché ce désastre. J'ai été un des outils de ce Plan et je dois faire savoir au monde qui en a donné l'Ordre.
– J'ai bien peur que vous arrivez trop tard. Il jeta un oeil à sa montre.
– Comment ça?
– Le monde tel nous le connaissons va à sa perte. Je savais qu'un Plan était en étude par le Gouvernement. Il était prévu pour arrêter la délinquance grandissante qui sévissait dans le pays.
– C'est ce qui était prévu.
– Je ne sais pas, jeune homme, comment vous êtes impliqué dans cette Armageddon, mais sachez que le monde est entrain de tomber. De nombreux pays se sont mis en guerre peu de temps après les explosions des bombes dans le notre. Je vais vous donner mes accès pour le réseau satellite et internet.
Il jeta un autre clin d'œil à sa montre puis passa derrière son bureau et tapota sur le clavier de son ordinateur.
– Veuillez prendre place, et faites ce que vous pouvez. Avez vous vu les soldats aux bérets gris?
– Oui, je n'ai pas pu identifier leur unité.
– Ils sont arrivés il y a peu de temps. Personne ne connait leur unité, dit-il en terminant de ranger ses affaires et enfila sa veste.
Je m'installais devant l'ordinateur.J'insérais ma clé USB dans le connecteur et lança la fenêtre internet. Je me connectais sur mon compte réseau, puis je lançais la procédure de copie sur internet. La connexion était lente et j'allais devoir attendre encore quatre ou cinq minutes.
– J'ai entendu une de leur conversation. Les réfugiés s'amassent devant les portes de la ville. Les bérets gris sont là poureffectuer l'extraction de plusieurs personnalités par hélicoptères.
– le Président fuit?
– Peut être. Je dois vous laisser. Je suis attendu en haut lieu.Au revoir.
Le bruit caractéristique d'une longue rafale de fusil d'assaut coupa la conversation.
- Bon dieu, que se passe t-il encore, jura Lenivaski en se rapprochant de la fenêtre.
De ma position, je ne voyais pas ce qui se passait dehors. Je dus me lever.
Le courant fut coupé net et mon transfert de fichier ne se fit pas.
– Merde, gueulais-je en prenant ma clé USB.
D'autres rafales se firent entendre plus proche, dans l'hôtel.
– Si vous voulez quitter la ville, il faut que vous rejoignez l'héliport, suggéra Lenivaski en prenant sa mallette et un petit sac à dos. Les routes ne sont plus sûr. Adieu.
Il sortit prestement du bureau avant même que je ne puisse lui demander où se trouvait l'héliport.Des cris provenaient de la rue. Ils furent couvert par le bruit de nombreux tirs. Ça chauffait dehors et je ne devais pas rester là. Dans le couloir, il y eu des bruits de course, des hurlements puis des tirs. Une balle traversa le mur en plâtre et explosa l'écran de l'ordinateur devant moi. Je me couchais rapidement derrière le bureau et sortit mon pistolet.
Je me rapprochais rapidement de la porte en restant dans l'angle mort. Celle-ci s'ouvrit brusquement. Un soldat, béret gris vissé sur la tête, entra son fusil d'assaut en joue. Je ne lui laissa pas le loisir de tourner la tête dans ma direction. L'arrière de son crâne explosa lorsque ma balle le traversa.
Je me relevais d'un bond, pistolet en avant. Aux différents étages de l'immeuble, il y avait des tirs de fusils d'assaut. Je rangeais mon pistolet dans son holster dans mon dos et m'emparais du fusil d'assaut de ma victime. En un clin d'oeil, je vérifiais qu'il y avait une cartouche engagée et toujours en pointant le canon dans la direction de la porte, je pris les trois chargeurs sur le gilet d'assaut du militaire.
En sortant dans le couloir, j'aperçus de nombreux cadavres. Des journalistes ou des employés que j'avais entraperçus en arrivant dans le bureau de Lenivaski. Certains étaient encore vivant mais allaient bientôt mourir de leurs blessures. Je n'avais aucunement le temps de les sortir de là. J'enjambais les corps en me rapprochant de l'escalier de sortie.
– Étage Clair, entendis-je gueuler au dessus de moi.
D'autres voix lui répondirent en descendant les étages supérieurs. Je ne devais pas rester là. Je courus dans le sens opposé. Le couloir se terminait par une baie vitrée.
– Là bas, entendis-je derrière moi en même temps que les détonations d'une rafale de fusil.
Les balles sifflèrent à mon oreille en même temps que je plongeais à travers les vitres. Je me retrouvais sur un grand balcon qui donnait sur les toits des habitations voisines. Je roulais sur le coté à l'abri du mur, me relevais en prenant ma visée. Un soldat apparu à la fenêtre.Mauvaise technique d'approche. J'appuyais sur la détente. Il s'effondra sur le balcon.
Je reculais vers le bord de celui-ci. Il n'y avait que quatre mètres de hauteur avec le toit d'un petit camion au dessous. Je bondis. Je n'allais pas attendre les renforts des bérets gris. Derrière moi, du béton vola en éclat sous les impacts de balles. Je tombais lourdement sur le toit du véhicule puis sur le sol où je fis une roulade comme je l'avais fais si souvent lors de mes entrainements militaires.
L'héliport. Il fallait que je le trouve rapidement.
Je longeais la façade de l'immeuble des journalistes en courant. Devant moi, un camion de transport blindé moteur tournant était surveillé par deux soldats. Ils ne me virent qu'au dernier moment. Je les avais déjà dans ma ligne de mire dans la lunette aimpoint du fusil. Deux courtes rafales plus tard, je montais dans le camion. J'écrasais l'accélérateur et percuta une jeep stationnée devant. Des balles percutèrent le flanc du véhicule. Les soldats à ma poursuite étaient descendus du balcon. Je bondis dans la première ruelle et tournais à droite à la première intersection.
Je ne sais pas si c'est la chance, le Destin ou quoi qui existe au dessus de nous, mais je trouvais une carte de la ville et des marqueurs des différents objectifs des bérets gris, sur la place passager.
La radio de communication hurlait qu'un camion avait été volé.Puis il y eu des ordres d'évacuation et qu'il ne restait qu'une dizaine de minutes avant la fin de l'opération de nettoyage.
Garé dans la cour d'un immeuble particulier, je m'arrêtais seulement une minute pour étudier la carte. Si je comprenais bien la situation et la carte, tous les soldats devaient évacuer par hélicoptères et non par la route. Des déflagrations me firent lever la tête. Des panaches de fumée noire s'élevaient au loin. Je sortis de la cour et m'engageais dans les rues de la ville. Partout, il y avait des cadavres. Des véhicules militaires circulaient dans tous les sens. L'anarchie était totale. Les check-points que j'avais passé à l'aller étaient maintenant vide.
Mon pare-brise vola en éclat et le siège passager fut déchiqueté par des impacts de balles. Je sentis une vive douleur au bras droit. Je poussais un cri de douleur mais je maintins mon cap. La balle avait effleuré mon biceps.
Deux pick-up militaires surgirent d'une ruelle et se mirent à ma poursuite. L'un d'eux passa sur ma droite, le passager dans la benne, n'était pas habillé en militaire mais beaucoup plus en mercenaire. Non, je reconnus l'homme. Ce n'était pas un mercenaire. C'était un membre des Loups. Il m'ajusta dans sa ligne de mire. Je freinais d'un coup et tournais dans une ruelle sur la gauche. Le pick-up continua sa course. Le second entra dans la ruelle derrière mon cul dans un dérapage et une gerbe de gravier et de poussière.
Trop près, songeais-je en freinant brutalement.
L'avant de la voiture percuta l'arrière de mon camion. Le choc me fit partir en avant mais je laissais mon poursuivant avec un moteur sur le bitume.
Une bordée de tirs s'écrasèrent sur l'arrière du camion. Le deuxième pick-up me rejoignis un peu plus loin. Je dus forcer la route dans des carcasses de voitures en feu. Au loin, je vis de nombreux hélicoptères s'envoler. Je n'étais plus très loin.
D'une rue, arriva une foule terrorisée. Je l'évitais en roulant sur le trottoir et en détruisant des tentes de réfugiés sous mes roues. Le quatre-quatre freina brusquement car il se retrouva face à la foule. Celle-ci était désorientée et apeurée. Des tirs provenaient de derrière eux et le tireur dans la benne tenta de les dispersé en tirant en l'air. Le troupeau humain se dispersa en tentant de se cacher dans les bâtiments aux alentours.
L'héliport était devant moi mais il était bloqué par une file de véhicules militaires abandonnés. J'arrêtais mon camion et bondit dehors mon arme à la main.
J'optimisais alors le précieux temps gagné sur les Loups en courant le plus vite possible. Je fus surpris par ce que je trouvais. En fait, l'héliport était le
parc de la ville aménagé par l'armée. Il restait encore quelques hélicoptères au sol. De lourds transporteurs de troupes et quelques aéronefs civils.
Le long d'un mur, je découvris plusieurs civils baignant dans leur sang. À leur tenue, je déduisis que c'était les pilotes des hélicoptères civils. Ceux qui promènent les journalistes et autres personnalités politiques. Des coups de feux partirent à l'autre bout de la piste. Les réacteurs des derniers aéronefs se mirent en route. Une pagaille sans nom se fit tout autour des hélicoptères. Je m'approchais rapidement des différents camions garés.
De nouveau le Destin fut avec moi.
Il m'accorda le passage d'un soldat portant un béret gris devant moi. Il n'eut pas le temps de me voir. Son corps sans vie et sans veste roula sous un des véhicules. Le béret vissé sur la tête, je bondis le plus rapidement possible dans la soute d'un des transporteurs avant que la porte ne se ferme.
Je gratifiais d'un signe de la main le mécanicien naviguant avant d'aller m'assoir au fond sur un strapontin. L'aéronef pris immédiatement son envol vers une destination inconnue.
Le mécano me gratifia d'un sourire avant de s'assoir non loin de moi.
– C'était moins une, mon gars. Je ne voudrais pas être à la place des bidasses qui vont rester ici.
Il portait les mêmes écussons que les soldats à bérets gris. Nous devions être de la même division même si je ne savais pas encore laquelle.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Re: [Fiction] Journal de bord bug +145
Chapitre 40, Diégo... c'est la fin..
De chef de bande il était devenu chef de quartier. Il avait donné la sécurité aux familles qui étaient restées dans les barres d'immeuble. Tous les accès routiers étaient maintenant sécurisés par des barricades constituées d'épaves de véhicules et de gravats. Des sentinelles veillaient jour et nuit armés des fusils de contrebandes ou des mitraillettes capturés sur les militaires ou policiers morts dés le début du Bug ou bien de lances et autres machettes tranchantes fabriqués avec les moyens du bord.
La sécurité était là mais la nourriture l'était moins. Il avait fallut envoyer des équipes piller tous les commerces, maisons, immeubles, appartements autour du quartier et de jour en jour le cercle des pillages s'agrandissait, des affrontements avaient de plus en plus lieu avec les bandes rivales du Nord ou d'autres citoyens.
Sur le conseil des Vieux du quartier, Diégo avait fait retourner la terre des talus, des jardins et de toutes les parcelles d'herbes qu'ils y avait autour des immeubles. Des graines de légumes provenant des commerces avaient été plantées mais avant d'avoir les premiers plants comestibles, il fallait pouvoir nourrir tout le monde.
L'eau avait été le premier problème à régler, il y avait bien le fleuve non loin de là. Au début, l'eau y avait été puisée, transportée sur des chariots, à dos d'homme ou de femmes, puis filtrée, bouillie et distribuée. Mais ce n'était pas une mince et facile affaire de régler tous ces problèmes. Diégo était organisé, mais tenir un commerce de drogues avec sa bande n'était pas la même chose que de s'occuper de tout un quartier.
Il se rappelait des soirées entre certains camarades où ils se voyaient comme un grand parrain de la Mafia, roulant sur l'or, dans des grandes voitures, vivant dans une immense maison avec piscine et putes en maillot de bain dansant sur de la musique RAP, mais ces rêves ne pouvaient avoir lieu que si il y avait de la civilisation. Là, il était devenu un chef de Rien. Rien, pas de maison, pas de voiture qui roule, pas de putes en maillot prés d'une piscine, pas d'argent, pas d'or, même pas une chaîne hifi pour écouter sa collection de Cds.
Rien. La seule chose qu'il avait et qui le faisait rester là, c'était son quartier. Le quartier qui l'avait vu grandir, faire le mariole, devenir un dealer, un bandit, mais qui aidait les personnes âgées de sa tour car elles avaient été amies avec ses parents.
C'étaient la famille de ses amis. On respecte sa famille et celle de ses amis. C'était un enfant du quartier et il n'avait que ça : il ne partirait pas. D'ailleurs il était revenu pour le protéger. Ce qu'il avait toujours fait avant le Bug, lorsque des gamins ou des bandes d'autres quartiers étaient venus faire les malins.
Un gars avait été descendu. La police était descendue. Le quartier s'était enflammé durant quelques jours. La police avait reculé. Cela s'était passé deux semaines avant que tout tombe en rade et l'arrivée des militaires et tout ce foutoir.
Du haut de la plus grande tour du quartier, Diégo scrutait les environs. Deux autres gars étaient présents et effectuaient des rondes. Ils avaient une vue sur une grosse partie du quartier. Sur les autres immeubles, d'autres sonnettes cachaient sous des bâches, surveillaient les carrefours et autres recoins.
Longeant les plaques de récupération d'eau qui couvrait tout le toit de l'immeuble, Diégo pensait au système, un jeux de gouttières et de tuyaux en pvc, les eaux de pluies étaient récupérées, puis acheminées dans l'étage en dessous, où elles étaient stockées dans de nombreuses baignoires démontées dans l'immeuble et d'autres tonnes à eau volées dans une jardinerie quelques jours avant avant qu'elle ne prenne feu lors d'une fusillade.Dans les couloirs du bâtiment, Diégo ressentit l'humidité ambiante.Ils avaient de l'eau en quantité, de la nourriture rationnée pour l'instant et elle ne ferait plus défaut si les cultures donnaient comme prévu.Les appartements des étages sous les réserves d'eau avaient étaient consacrées à la culture de champignons et autres petits légumes comme les radis. Diégo se disait qu'il s'en sortait bien avec tout ça. Il tenait le quartier, et ses habitants étaient contents de la sécurité et de l'aide qu'il fournissait avec ses hommes.Un fumet appétissant provenait des cuisines. Plusieurs Mamas cuisinaient des plats créoles avec les aliments trouvés par les groupes de Diégo. Il avait accordé une journée par semaine pour qu'il y ait un bon repas pour tout le monde. C'est comme ça qu'il avait réussit à souder le quartier, tout le monde avait une place définie, une mission, un repas et des amis. Il n'y avait plus de place pour la fainéantise. Une chose qui n'était plus concevable maintenant. Étaient libre ceux qui ne voulaient rien faire, mais il n'avait alors aucun repas et risquait fortement d'être expulsé.
C'est en descendant les escaliers pour retrouver Max et Samir, qu'il entendit des grands cris provenant de l'extérieur.
- Qu'est ce qui se passe encore ? se demanda-t-il en dévalant quatre par quatre les marches.
Du haut de la barricade qui fermait les rues menant au Sud de la ville, Max invectivait un groupe de personne qui était de l'autre coté. Des gars de la bande les tenait en joue avec leurs armes à feu.En s'approchant, Diégo vit que ce n'était pas un groupe de quelques personnes mais une foule immense qui commençait à s’agglutiner devant les barrières.
Des réfugiés, des putains de réfugiés qui devaient venir des camps.
– Barrez vous ! hurlait Max du haut de la barricade. Vous ne pourrez pas rentrer ici. Vous ne trouverez pas d'aide, ici !
Les visages en face de lui était creux et livide. Beaucoup n'avaient pas du tout mangé depuis plusieurs jours et des femmes portaient leurs enfants à bout de bras, demandant que de la nourriture leur soit donner.
– On ne travaille pas pour l'état. Il n'y a rien pour vous ici !
La foule était à quelques mètres de la barricade, les gars armés de Samir ne baissaient pas leurs armes. La tension était très élevée. Diégo monta à coté de Max et regarda la foule de toute sa hauteur. Avec ses grosses paluches, il actionna la pompe de son fusil.
– Remontez l'avenue et quittez les lieux, allez vers le Nord, vous trouverez peut être quelque chose. Ici, il n'y a rien pour vous !
La foule hurlait qu'on les aide, qu'on leur donne à manger.
Des renforts arrivèrent rapidement, les snipers se mirent en position.
Ses propres cris n'étaient plus entendus par la foule. La situation allait merder, pensa Diégo en redescendant de la barricade. Dylan arriva avec le mégaphone que lui avait demandé Samir.
Diégo remonta sur la barrière.
– Quittez les lieux, ne restez pas là. Partez, on ne peut pas vous aider, partez !
La foule ne bougea pas d'un poil.
– J'ai l'impression qu'il y en a de plus en plus, soupira Max à ses cotés.
Ce qui n’arrangea pas les affaires de Diégo fut les odeurs de cuisines qui affluèrent grâce à une brise.
– On a des malades. Il faut les soigner.
– Allez vous faire foutre ! On n'a pas de médocs pour eux ! hurla Max de plus en plus irrité.
Des demandes fusaient sans arrêt mais personne ne voulait bouger. Dylan rejoignit Diégo et parvint a se faire entendre malgré les hurlements alentours.
– Il y a du monde vers les autres barrages !
– Bordel, mais on ne peut rien pour eux ! Ça va mal finir toutes ces conneries !
Certaines personnes commençaient à pénétrer dans les maisons situées le long de l'avenue mais celles-ci avaient depuis bien longtemps été pillées. Diégo remonta sur la barricade et gueula encore dans le mégaphone. C'est à ce moment là que tout parti en vrille.
Un coup de feu fut tiré.
Personne ne sut d'où et par qui, la foule hurla.
Max, au coté de Diégo s'agenouilla aussitôt et visa.
Un deuxième coup claqua. Une gerbe de sang éclaboussa Diégo. Max s'affala en avant. Son crâne présentait large trou sanguinolent. Tous les gars du quartier ouvrirent le feu. Des toits des bâtiments des cocktails Molotov tombèrent parmi les exilés. Sans distinctions de sexe, d'age ou de couleur de peau, les victimes prirent feu ou furent abattues.
Des armes à feu répliquèrent. Les impacts ricochèrent contre les restes de voitures calcinées de la barricade derrière laquelle Diégo s'était jeté. Il tentait d'apercevoir les tireurs adverses. La panique et le mouvement de foule fut tel qu'il ne pouvait rien voir. Des personnes fuyant l'affrontement passèrent par dessus la barricade et coururent en direction des immeubles.
Du haut de ceux-ci, des cocktails Molotov tombèrent et les incendièrent. Une fumée acre et noire commença à enveloppée les rues.
Un homme surgit un pistolet à la main. Diégo eu tout juste le temps de l'apercevoir. Les coups de feu claquèrent. Il ressentit une brûlure à l'oreille tandis qu'un point sanglant apparaissait sur le front de son adversaire qui s'écroula.
Il était en plein dedans. En pleine pagaille. En pleine Merde.
Tout autour de lui ce n'était que claquement de fusil, hurlements, agonie et mort.
Une pluie de pierre et de boulons s’abattit tout autour de lui et de ses hommes. Diégo hurla de décamper rapidement et de se regrouper dans les immeubles. Samuel ne fit pas un pas de plus. Son crâne éventré par un pavé laissait couler sa matière grise au sol. Diégo se retourna et tira au jugé. Il ne regarda pas s'il avait touché quelqu'un.
Samir bloqua l'entrée de l'immeuble dés que les derniers gars de la citée furent entrés. Une balle traversa la vitre et s’engouffra dans la gorge d'un jeune qui servait autrefois à faire le guet contre la police. Il chuta en arrière sans un cri et glissa contre le mur laissant une traînée rougeâtre sur la vieille peinture taguée.
Une fumée acre et noire envahissait les allées entre les immeubles. L'immense foule courrait dans tous les sens. Chaque personne essayait de fuir les combats. Des tirs fusaient des étages. Des tireurs répliquaient parmi la foule ou de l'autre coté des rues. Les cadavres tombaient de partout. Puis les coups de feu se firent de moins en moins nombreux. Les cartouches se faisaient rare. Ils n'avaient pas prévu d'une attaque de cette importance. Ils avaient perdu beaucoup de munitions entre les affrontements contre l'armée ou les escarmouches contre les bandes des quartiers Nord. C'est alors qu'un groupe de plusieurs individus s'avança en courant sous les tirs sporadiques des gars de Diégo. Des bouteilles enflammées vinrent s'écraser contre les façades des bâtiments.
– Et merde ! gueula Diégo. Les citernes, il faut dévier l'eau des citernes sur les murs. Vite !
Samir et trois autres personnes montèrent les escaliers aussi vite que possible.
Diégo tira les trois cartouches qui lui restait. Seul un individu tomba.
Un bâtiment était déjà entrain de prendre feu sur sa droite.
– On va se les farcir ! Il dégaina son long coutelas, imité par le reste de sa bande.
Diégo en tête chargea avec son groupe armée de différentes lames et objets pointus ou contondant, un pistolet cracha sa dernière cartouche sur un attaquant débraillé qui lâcha sa machette. Le choc fut brutal et sanglant. La grande stature de Diégo percuta deux personnes d'un coup qui chutèrent au sol. Il enfonça sa lame dans un des corps. Tout autour de lui ce fut un pugilat sans nom. Les habitants de la citée sortaient de leurs immeubles enflammés. Certains vinrent porter main forte à Diégo et son équipe. D'autres fuyaient loin des combats.
Samir parvint a libérer l'eau des cuves sur la façade mais cela ne suffit pas pour éteindre l'incendie qui pris dans un des appartements du rez de chaussée. Le bâtiment était condamné à brûler comme tous ceux qui étaient attaqués par les flammes.
Une fumée épaisse s'envola vers les cieux.
L'affrontement fut sauvage, violent, sanglant. Diégo frappait de gauche à droite avec son long coutelas. Une blessure à la cuisse le faisait boiter.
Samir et les trois personnes qui étaient avec lui sortirent en courant de l'immeuble en flamme. Il n'y avait plus rien à faire pour le sauver. Ils foncèrent tête baissé dans le combat. Diégo le vit frapper armé d'un pied de biche dans une main et d'un de ses couteaux dans l'autre. Ce moment d'inattention lui fut fatale. Il sentit comme une profonde brûlure lui traversé les reins et le ventre. Il vit une lame sanguinolente sortir de son abdomen. Il bascula en avant sur les genoux. Son meurtrier leva sa machette pour l'achever. Sa tête explosa sous le coup d'un piolet d'escalade. Omar le petit frère de Samir pensait lui avoir sauvé la vie. Diégo chuta au sol.
Tout autour de lui, ce n'était que carnage, sang. La fumée acre retombait sur les combattants au rythme des vents.
Il avait voulut sauver et protéger sa cité, et il y était presque arrivé. Il ne ressentait plus ses jambes. Il vit Samir prendre un violent coup au visage qui lui fit perdre un œil. Il le voyait hurler sans l'entendre. Les sons étaient de plus en plus atténués comme si il avait du coton dans les oreilles. La vie s'écoulait autour de lui comme bien d'autres sur le parking de la citée. Il comprit alors que le peu d'humanité qui restait encore dans ce quartier venait enfin de tomber. Elle s'écoulait des bâtiments pour fuir vers d'autres horizons. Elle partait en fumée comme le reste de la civilisation.
Malgré la douleur, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il en avait bien fait baver au gouvernement, il avait bien vécu. Maintenant, il n'en avait plus rien à foutre. Il vit Samir se penchait sur lui, une large balafre sanglante taillée du front au menton en passant par son œil droit. Il le voyait hurler. Il le voyait pleurer. Il voulut lui dire de ne pas s'inquiéter. Son dernier souffle sortit enfin entre ses lèvres en même temps que la nuit tombait sur ses yeux. Il ne ressentait plus la douleur.
De chef de bande il était devenu chef de quartier. Il avait donné la sécurité aux familles qui étaient restées dans les barres d'immeuble. Tous les accès routiers étaient maintenant sécurisés par des barricades constituées d'épaves de véhicules et de gravats. Des sentinelles veillaient jour et nuit armés des fusils de contrebandes ou des mitraillettes capturés sur les militaires ou policiers morts dés le début du Bug ou bien de lances et autres machettes tranchantes fabriqués avec les moyens du bord.
La sécurité était là mais la nourriture l'était moins. Il avait fallut envoyer des équipes piller tous les commerces, maisons, immeubles, appartements autour du quartier et de jour en jour le cercle des pillages s'agrandissait, des affrontements avaient de plus en plus lieu avec les bandes rivales du Nord ou d'autres citoyens.
Sur le conseil des Vieux du quartier, Diégo avait fait retourner la terre des talus, des jardins et de toutes les parcelles d'herbes qu'ils y avait autour des immeubles. Des graines de légumes provenant des commerces avaient été plantées mais avant d'avoir les premiers plants comestibles, il fallait pouvoir nourrir tout le monde.
L'eau avait été le premier problème à régler, il y avait bien le fleuve non loin de là. Au début, l'eau y avait été puisée, transportée sur des chariots, à dos d'homme ou de femmes, puis filtrée, bouillie et distribuée. Mais ce n'était pas une mince et facile affaire de régler tous ces problèmes. Diégo était organisé, mais tenir un commerce de drogues avec sa bande n'était pas la même chose que de s'occuper de tout un quartier.
Il se rappelait des soirées entre certains camarades où ils se voyaient comme un grand parrain de la Mafia, roulant sur l'or, dans des grandes voitures, vivant dans une immense maison avec piscine et putes en maillot de bain dansant sur de la musique RAP, mais ces rêves ne pouvaient avoir lieu que si il y avait de la civilisation. Là, il était devenu un chef de Rien. Rien, pas de maison, pas de voiture qui roule, pas de putes en maillot prés d'une piscine, pas d'argent, pas d'or, même pas une chaîne hifi pour écouter sa collection de Cds.
Rien. La seule chose qu'il avait et qui le faisait rester là, c'était son quartier. Le quartier qui l'avait vu grandir, faire le mariole, devenir un dealer, un bandit, mais qui aidait les personnes âgées de sa tour car elles avaient été amies avec ses parents.
C'étaient la famille de ses amis. On respecte sa famille et celle de ses amis. C'était un enfant du quartier et il n'avait que ça : il ne partirait pas. D'ailleurs il était revenu pour le protéger. Ce qu'il avait toujours fait avant le Bug, lorsque des gamins ou des bandes d'autres quartiers étaient venus faire les malins.
Un gars avait été descendu. La police était descendue. Le quartier s'était enflammé durant quelques jours. La police avait reculé. Cela s'était passé deux semaines avant que tout tombe en rade et l'arrivée des militaires et tout ce foutoir.
Du haut de la plus grande tour du quartier, Diégo scrutait les environs. Deux autres gars étaient présents et effectuaient des rondes. Ils avaient une vue sur une grosse partie du quartier. Sur les autres immeubles, d'autres sonnettes cachaient sous des bâches, surveillaient les carrefours et autres recoins.
Longeant les plaques de récupération d'eau qui couvrait tout le toit de l'immeuble, Diégo pensait au système, un jeux de gouttières et de tuyaux en pvc, les eaux de pluies étaient récupérées, puis acheminées dans l'étage en dessous, où elles étaient stockées dans de nombreuses baignoires démontées dans l'immeuble et d'autres tonnes à eau volées dans une jardinerie quelques jours avant avant qu'elle ne prenne feu lors d'une fusillade.Dans les couloirs du bâtiment, Diégo ressentit l'humidité ambiante.Ils avaient de l'eau en quantité, de la nourriture rationnée pour l'instant et elle ne ferait plus défaut si les cultures donnaient comme prévu.Les appartements des étages sous les réserves d'eau avaient étaient consacrées à la culture de champignons et autres petits légumes comme les radis. Diégo se disait qu'il s'en sortait bien avec tout ça. Il tenait le quartier, et ses habitants étaient contents de la sécurité et de l'aide qu'il fournissait avec ses hommes.Un fumet appétissant provenait des cuisines. Plusieurs Mamas cuisinaient des plats créoles avec les aliments trouvés par les groupes de Diégo. Il avait accordé une journée par semaine pour qu'il y ait un bon repas pour tout le monde. C'est comme ça qu'il avait réussit à souder le quartier, tout le monde avait une place définie, une mission, un repas et des amis. Il n'y avait plus de place pour la fainéantise. Une chose qui n'était plus concevable maintenant. Étaient libre ceux qui ne voulaient rien faire, mais il n'avait alors aucun repas et risquait fortement d'être expulsé.
C'est en descendant les escaliers pour retrouver Max et Samir, qu'il entendit des grands cris provenant de l'extérieur.
- Qu'est ce qui se passe encore ? se demanda-t-il en dévalant quatre par quatre les marches.
Du haut de la barricade qui fermait les rues menant au Sud de la ville, Max invectivait un groupe de personne qui était de l'autre coté. Des gars de la bande les tenait en joue avec leurs armes à feu.En s'approchant, Diégo vit que ce n'était pas un groupe de quelques personnes mais une foule immense qui commençait à s’agglutiner devant les barrières.
Des réfugiés, des putains de réfugiés qui devaient venir des camps.
– Barrez vous ! hurlait Max du haut de la barricade. Vous ne pourrez pas rentrer ici. Vous ne trouverez pas d'aide, ici !
Les visages en face de lui était creux et livide. Beaucoup n'avaient pas du tout mangé depuis plusieurs jours et des femmes portaient leurs enfants à bout de bras, demandant que de la nourriture leur soit donner.
– On ne travaille pas pour l'état. Il n'y a rien pour vous ici !
La foule était à quelques mètres de la barricade, les gars armés de Samir ne baissaient pas leurs armes. La tension était très élevée. Diégo monta à coté de Max et regarda la foule de toute sa hauteur. Avec ses grosses paluches, il actionna la pompe de son fusil.
– Remontez l'avenue et quittez les lieux, allez vers le Nord, vous trouverez peut être quelque chose. Ici, il n'y a rien pour vous !
La foule hurlait qu'on les aide, qu'on leur donne à manger.
Des renforts arrivèrent rapidement, les snipers se mirent en position.
Ses propres cris n'étaient plus entendus par la foule. La situation allait merder, pensa Diégo en redescendant de la barricade. Dylan arriva avec le mégaphone que lui avait demandé Samir.
Diégo remonta sur la barrière.
– Quittez les lieux, ne restez pas là. Partez, on ne peut pas vous aider, partez !
La foule ne bougea pas d'un poil.
– J'ai l'impression qu'il y en a de plus en plus, soupira Max à ses cotés.
Ce qui n’arrangea pas les affaires de Diégo fut les odeurs de cuisines qui affluèrent grâce à une brise.
– On a des malades. Il faut les soigner.
– Allez vous faire foutre ! On n'a pas de médocs pour eux ! hurla Max de plus en plus irrité.
Des demandes fusaient sans arrêt mais personne ne voulait bouger. Dylan rejoignit Diégo et parvint a se faire entendre malgré les hurlements alentours.
– Il y a du monde vers les autres barrages !
– Bordel, mais on ne peut rien pour eux ! Ça va mal finir toutes ces conneries !
Certaines personnes commençaient à pénétrer dans les maisons situées le long de l'avenue mais celles-ci avaient depuis bien longtemps été pillées. Diégo remonta sur la barricade et gueula encore dans le mégaphone. C'est à ce moment là que tout parti en vrille.
Un coup de feu fut tiré.
Personne ne sut d'où et par qui, la foule hurla.
Max, au coté de Diégo s'agenouilla aussitôt et visa.
Un deuxième coup claqua. Une gerbe de sang éclaboussa Diégo. Max s'affala en avant. Son crâne présentait large trou sanguinolent. Tous les gars du quartier ouvrirent le feu. Des toits des bâtiments des cocktails Molotov tombèrent parmi les exilés. Sans distinctions de sexe, d'age ou de couleur de peau, les victimes prirent feu ou furent abattues.
Des armes à feu répliquèrent. Les impacts ricochèrent contre les restes de voitures calcinées de la barricade derrière laquelle Diégo s'était jeté. Il tentait d'apercevoir les tireurs adverses. La panique et le mouvement de foule fut tel qu'il ne pouvait rien voir. Des personnes fuyant l'affrontement passèrent par dessus la barricade et coururent en direction des immeubles.
Du haut de ceux-ci, des cocktails Molotov tombèrent et les incendièrent. Une fumée acre et noire commença à enveloppée les rues.
Un homme surgit un pistolet à la main. Diégo eu tout juste le temps de l'apercevoir. Les coups de feu claquèrent. Il ressentit une brûlure à l'oreille tandis qu'un point sanglant apparaissait sur le front de son adversaire qui s'écroula.
Il était en plein dedans. En pleine pagaille. En pleine Merde.
Tout autour de lui ce n'était que claquement de fusil, hurlements, agonie et mort.
Une pluie de pierre et de boulons s’abattit tout autour de lui et de ses hommes. Diégo hurla de décamper rapidement et de se regrouper dans les immeubles. Samuel ne fit pas un pas de plus. Son crâne éventré par un pavé laissait couler sa matière grise au sol. Diégo se retourna et tira au jugé. Il ne regarda pas s'il avait touché quelqu'un.
Samir bloqua l'entrée de l'immeuble dés que les derniers gars de la citée furent entrés. Une balle traversa la vitre et s’engouffra dans la gorge d'un jeune qui servait autrefois à faire le guet contre la police. Il chuta en arrière sans un cri et glissa contre le mur laissant une traînée rougeâtre sur la vieille peinture taguée.
Une fumée acre et noire envahissait les allées entre les immeubles. L'immense foule courrait dans tous les sens. Chaque personne essayait de fuir les combats. Des tirs fusaient des étages. Des tireurs répliquaient parmi la foule ou de l'autre coté des rues. Les cadavres tombaient de partout. Puis les coups de feu se firent de moins en moins nombreux. Les cartouches se faisaient rare. Ils n'avaient pas prévu d'une attaque de cette importance. Ils avaient perdu beaucoup de munitions entre les affrontements contre l'armée ou les escarmouches contre les bandes des quartiers Nord. C'est alors qu'un groupe de plusieurs individus s'avança en courant sous les tirs sporadiques des gars de Diégo. Des bouteilles enflammées vinrent s'écraser contre les façades des bâtiments.
– Et merde ! gueula Diégo. Les citernes, il faut dévier l'eau des citernes sur les murs. Vite !
Samir et trois autres personnes montèrent les escaliers aussi vite que possible.
Diégo tira les trois cartouches qui lui restait. Seul un individu tomba.
Un bâtiment était déjà entrain de prendre feu sur sa droite.
– On va se les farcir ! Il dégaina son long coutelas, imité par le reste de sa bande.
Diégo en tête chargea avec son groupe armée de différentes lames et objets pointus ou contondant, un pistolet cracha sa dernière cartouche sur un attaquant débraillé qui lâcha sa machette. Le choc fut brutal et sanglant. La grande stature de Diégo percuta deux personnes d'un coup qui chutèrent au sol. Il enfonça sa lame dans un des corps. Tout autour de lui ce fut un pugilat sans nom. Les habitants de la citée sortaient de leurs immeubles enflammés. Certains vinrent porter main forte à Diégo et son équipe. D'autres fuyaient loin des combats.
Samir parvint a libérer l'eau des cuves sur la façade mais cela ne suffit pas pour éteindre l'incendie qui pris dans un des appartements du rez de chaussée. Le bâtiment était condamné à brûler comme tous ceux qui étaient attaqués par les flammes.
Une fumée épaisse s'envola vers les cieux.
L'affrontement fut sauvage, violent, sanglant. Diégo frappait de gauche à droite avec son long coutelas. Une blessure à la cuisse le faisait boiter.
Samir et les trois personnes qui étaient avec lui sortirent en courant de l'immeuble en flamme. Il n'y avait plus rien à faire pour le sauver. Ils foncèrent tête baissé dans le combat. Diégo le vit frapper armé d'un pied de biche dans une main et d'un de ses couteaux dans l'autre. Ce moment d'inattention lui fut fatale. Il sentit comme une profonde brûlure lui traversé les reins et le ventre. Il vit une lame sanguinolente sortir de son abdomen. Il bascula en avant sur les genoux. Son meurtrier leva sa machette pour l'achever. Sa tête explosa sous le coup d'un piolet d'escalade. Omar le petit frère de Samir pensait lui avoir sauvé la vie. Diégo chuta au sol.
Tout autour de lui, ce n'était que carnage, sang. La fumée acre retombait sur les combattants au rythme des vents.
Il avait voulut sauver et protéger sa cité, et il y était presque arrivé. Il ne ressentait plus ses jambes. Il vit Samir prendre un violent coup au visage qui lui fit perdre un œil. Il le voyait hurler sans l'entendre. Les sons étaient de plus en plus atténués comme si il avait du coton dans les oreilles. La vie s'écoulait autour de lui comme bien d'autres sur le parking de la citée. Il comprit alors que le peu d'humanité qui restait encore dans ce quartier venait enfin de tomber. Elle s'écoulait des bâtiments pour fuir vers d'autres horizons. Elle partait en fumée comme le reste de la civilisation.
Malgré la douleur, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il en avait bien fait baver au gouvernement, il avait bien vécu. Maintenant, il n'en avait plus rien à foutre. Il vit Samir se penchait sur lui, une large balafre sanglante taillée du front au menton en passant par son œil droit. Il le voyait hurler. Il le voyait pleurer. Il voulut lui dire de ne pas s'inquiéter. Son dernier souffle sortit enfin entre ses lèvres en même temps que la nuit tombait sur ses yeux. Il ne ressentait plus la douleur.
________________________________________________________
--Editions L'Antre du Khaos
--On pensait être prêt, mais ce qui se passa était pire que tout ce que l'on avait pu imaginer!!--(les Chroniques du Khaos)
--BP : Be Prepared (Baden Powell)
--Mon EDC
Page 2 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» [Commentaires] Journal de bord bug +145
» [Fiction] The Bug Out (traduction)
» [Fiction] The Bug Out : Epilogue
» [FICTION, Nouvelle] Désolation
» [Fiction] Survivors In France
» [Fiction] The Bug Out (traduction)
» [Fiction] The Bug Out : Epilogue
» [FICTION, Nouvelle] Désolation
» [Fiction] Survivors In France
Olduvaï :: Ateliers (réservé aux membres s'étant présentés) :: Ateliers d'écriture (affranchi de la règle 2 de la charte)
Page 2 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum