Le prix d'une guerre régionale atomique évalué
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Le prix d'une guerre régionale atomique évalué
http://www.liberation.fr/actualite/sciences/238488.FR.php
Etude. Le prix d'une guerre régionale atomique évalué par des chercheurs américains.
Miniconflits nucléaires, maxidégâts
Par Sylvestre HUET
QUOTIDIEN : samedi 3 mars 2007
Après le grand hiver nucléaire, l'automne atomique. Et c'est pas gai. Dans la revue Science, une équipe de scientifiques américains, spécialistes en sciences de la Terre des universités de Boulder (Colorado), Los Angeles (Californie), Baltimore (Maryland) et Rutgers (Nouveau-Brunswick, Canada), livrent quelques calculs sur l'effet de miniconflits nucléaires (1). Un échange de missiles chargés en ogives entre puissances régionales, ou une salve entre Russes, Américains et un tiers. Les scientifiques ont pris un cas jugé «réaliste» : une centaine d'armes nucléaires d'environ 15 kilotonnes chacune. Autrement dit, des bombes plutôt petites à côté des superbombes qui dorment dans les arsenaux russes et américains. Et seulement 0,3 % du total actuel de l'arsenal nucléaire, équivalent à l'arsenal Pakistanais ou à la moitié de celui de la Chine. Bilan minimum : des millions de morts en quelques heures et un désastre environnemental mettant en cause la production agricole mondiale. De quoi réfléchir...
Cette étude sonne comme un remake. Dans les années 80, au plus fort de la tension Est-Ouest post-détente Nixon-Brejnev, les arsenaux nucléaires des deux géants avaient atteint un sommet. L'URSS avait dépassé les Etats-Unis en nombre de bombes et de vecteurs. Et le total des deux faisait frémir jusqu'à leurs responsables. Au pire moment, lorsque le va-t-en-guerre des étoiles Ronald Reagan et le kagébiste Andropov menaient la barque, des scientifiques américains et soviétiques, sous l'impulsion de l'astrophysicien Carl Sagan, s'étaient démenés pour prouver par l'absurde l'inanité de cette course folle à la puissance nucléaire. Au-delà même des capacités de destruction mutuelle des grandes agglomérations des deux pays ­ provoquant d'emblée plus de cent millions de morts ­, les scientifiques avaient utilisé les premiers modèles de circulation atmosphérique issus de la prévision météorologique et des supercalculateurs pour étudier les conséquences planétaires d'un tel conflit. Ils avaient montré que la gigantesque quantité de poussières et de particules projetées dans la stratosphère par l'explosion des bombes aurait donné naissance à un long «hiver nucléaire» sur l'ensemble de la Terre. Privées d'énergie solaire, les cultures et la flore sauvage auraient périclité, provoquant une famine généralisée sur l'ensemble du globe et la fin de la civilisation.
Boule de feu et rayons gamma. Aujourd'hui, les arsenaux russes et américains, malgré les destructions de vecteurs et le démantèlement de milliers d'armes, restent capables de provoquer un hiver nucléaire s'ils étaient utilisés en totalité. Mais quid d'une «petite» guerre nucléaire ? Question d'autant plus aiguë que des pays dotés de l'arme nucléaire ­ Inde, Pakistan, Chine, Israël ­ ou susceptibles de s'en équiper, comme l'Iran, sont impliqués dans des tensions régionales qui pourraient déboucher sur des conflits ouverts. Que se passerait-il si la Chine tirait sur l'Inde ou sur le Japon, Israël sur l'Egypte, l'Argentine sur le Brésil, la France sur la Russie ? Si les hypothèses semblent géopolitiquement plus ou moins réalistes, le résultat fait froid dans le dos.
Les scientifiques ont d'abord fait tourner les ordinateurs sur le début du conflit : le bombardement nucléaire des principales agglomérations. L'effet immédiat de la boule de feu, des rayons gamma et des neutrons durant les quelques minutes postexplosion provoquent la plupart des morts. Puis la destruction des infrastructures vitales et les effets des radiations sur les blessés interviennent. Un échange Israélo-Egyptien provoquerait ainsi plus de trois millions de morts en Israël et plus de quatre en Egypte. Entre Chine et Japon, plus de 16 millions de Chinois et près de 6 millions de Japonais. Entre France et Iran, plus de quatre millions de Français, plus de six millions d'Iraniens. Il suffit donc de trois ou quatre «miniguerres nucléaires» pour tuer autant d'êtres humains que tous les champs de bataille et bombardements de civils de la Seconde Guerre mondiale. Mais l'effet des armes nucléaires ne s'arrêterait pas là.
«Dégradation de l'agriculture». L'utilisation d'une centaine d'armes seulement, ont-ils calculé, propulserait de 1 à 5 millions de tonnes de particules carbonées dans l'atmosphère, jusque dans la stratosphère. Pour un effet au moins aussi important que les mégaéruptions volcaniques, comme celle du Tambora, en 1815, qui a provoqué de mauvaises récoltes et des pénuries de céréales jusqu'en Europe. Selon les simulations numériques réalisées par l'équipe de scientifiques, la circulation atmosphérique maintiendrait une part de ces particules durant une dizaine d'années dans le ciel. Résultat ? «Une dégradation de la productivité de l'agriculture à des niveaux comparables à celles qui ont provoqué des famines en Afrique, Inde et Japon après la mégaéruption du Laki, en Islande, en 1783-1784.»
Forts de ces calculs montrant l'intensité de la menace résultant d'un conflit régional et ne mettant en jeu qu'une très faible partie des arsenaux existants, les auteurs de l'étude soulignent la nécessité de conduire une politique active pour en réduire le risque. La surveillance accrue des arsenaux pour éviter tout accident ou utilisation non autorisée. La réduction de toutes les forces nucléaires. L'élimination des armes tactiques (de moindre puissance), les plus susceptibles d'être employées. La ratification du traité d'interdiction des essais. La sécurisation des stocks de matières fissiles de qualité militaire et la fourniture de combustibles pour les réacteurs civils de production d'électricité par des circuits sécurisés. Last but not least : les scientifiques, pas pessimistes pour un sou, recommandent surtout de «résoudre les confrontations régionales et les conflits qui peuvent surgir entre les nouvelles puissances nucléaires».
(1) Owen Toon et al., Science du 2 mars 2007.
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Aussi audacieux soit-il d'explorer l'inconnu, il l'est plus encore de remettre le connu en question ! (Kaspar) - In Shadow, A Modern Odyssey - Ozymandias - La grande implosion/Rapport sur l'effondrement de l'Occident (Pierre Thuillier) - Mon scénario - Echoes
Re: Le prix d'une guerre régionale atomique évalué
KrAvEuNn a écrit:
la circulation atmosphérique maintiendrait une part de ces particules durant une dizaine d'années dans le ciel.
Là, on est super mal!
10 ans de stock de bouffe, c'est impossible!
Petrus16
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