Outback: survie dans les Pyrénées
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Olduvaï :: Survie & premiers secours (réservé aux membres s'étant présentés) :: Les bases de la survie
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Outback: survie dans les Pyrénées
Tout d’abord je tiens à préciser que cette expérience-là,bien que s’étant déroulée il y a un moment maintenant, n’est en rien un exemple à suivre,du fait de l’illégalité de certaines actions(port d’une arme,pratique de pêche interdites,techniques de braconnages prohibées,port d’armes blanches et même utilisation du feu en milieu naturel…),c’était un choix personnel,j’étais parfaitement conscient des risques et j’assume totalement mes actes.
Voilà qui est dit je tenais à le préciser.
Tout cette histoire s’est déroulé à la fin de l’été 1999.Je ne m’attarderai pas sur les circonstances exactes qui m’ont poussé à me mettre au vert,mais disons que j’étais au chômage depuis peu,et que suite à un malentendu mes allocations ont été brutalement interrompues pendant une durée de deux mois ,alors que j’étais déjà dans le rouge.
A cette époque j’occupais un grand appart en ville qui appartenait à ma famille,avec tout le confort ,mais plus rien dans le frigo !
C’est une sensation,un sentiment unique,inoubliable,dérangeant et même traumatisant que d’être là,debout au milieu d’une grande pièce,et de savoir qu’on n’a plus rien à manger,et plus d’argent pour acheter quoi que ce soit.
Dans notre mode de vie moderne de consommateur compulsif,on n’est guère préparé à ça.
Passé un petit moment de panique,il fallait prendre une décision.
Avouer la situation à ma famille ou à mes amis était tout simplement inacceptable.Pour moi,qui m’étais toujours débrouillé seul,s’aurait été un insupportable aveux de faiblesse.
Tout autre solution,comme la soupe populaire ou les Restos,était bien évidemment inenvisageable.
J’ai donc fait ce que je savais faire le mieux,j’ai rassemblé tout mon matos,sorti ma tenue cam et mon fusil de chasse,et posé toutes mes cartes sur la table à la recherche d’un endroit dans la nature se prêtant le mieux à une campagne de survie de moyenne durée.
Plutôt que de survie d’ailleurs,il s’agissait pour moi au départ de partir dans la nature,pêcher,cueillir,piéger et dégager de l’excédent le plus vite possible afin de rester le moins possible sur place.
Mais bien sur,rien ne se passe jamais comme prévu.
J’ai passé deux jours à scruter mes cartes pour trouver le point de chute idéal, en respectant le cahier des charges suivant : lieu forestier, vaste, isolé, avec une rivière ou un lac, et suffisamment accidenté pour éviter les curieux (en basse ou moyenne montagne par exemple).
J’ai fini par trouver l’endroit parfait,une gorge encaissée couverte d’une forêt très dense,avec au fond une rivière menant à un petit lac sauvage, et le tout distant de dix kilomètres du premier village.
Ma décision prise, j’ai fait mon sac, pris une dernière douche chaude (coupe de cheveux et rasage complet du corps) et je suis parti dans la nuit.
Je suis arrivé au village le plus proche à l’aube, après plusieurs heures de route, et tout était désert.
J’ai rapidement trouvé un endroit discret pour y laisser ma voiture, j’ai débranché la batterie et je me suis mis en route rapidement (afin de ne pas attirer l’attention des locaux), la boussole à la main, la carte sous les yeux.
Une fois dans la verte, j’ai giclé le jean et la chemise sage pour une tenue plus adaptée, et je me suis enfoncé dans les bois.
Voilà pour l’introduction. C’est peut-être un peu long mais il me semblait essentiel d’expliquer le contexte dans lequel tout s’est passé.
Mon nouveau cadre de vie, je me souviens, était tout à fait conforme à ce que j’avais vu sur la carte. Accidenté, très boisé, presque inextricable, avec une rivière trépidante au milieu.
J’ai mis trois longues heures de marche pour arriver au point que je m’étais fixé, non loin du petit lac que j’avais repéré, et qui en fait était une sorte de retenue artificielle.
Artificielle, donc présence humaine. Bon de toute façon il était trop tard pour changer.
C’était la fin de la matinée, je me suis mis à la recherche d’un endroit ou monter mon bivouac. J’avais envie de trouver l’endroit parfait d’où je ne bougerai plus, mais le temps m’était compté.
J’ai donc jeté mon dévolu sur une butte couverte d’arbres et de ronces, que j’ai défriché à coups de machette. L’endroit était isolé de tout sentier, et entouré de grandes fougères.
De plus sa situation en légère élévation m’offrait une vue dégagée sur les alentours, la rivière et l’autre versant de la gorge.
Voir sans être vu.
Je n’avais pas de tente, mais un hamac-tente, un nouveau matériel qu’avait sortit à l’époque le fabriquant Paul Boyé et que j’avais commandé quelques semaines plus tôt.
Je connaissais les hamacs de jungle, et les trouvais assez peu pratiques (sauf les modèles brésiliens) en raison de leur toit solidaire du hamac qui a tendance à s’affaisser s’il n’est pas correctement fixé.
Celui que j’avais (et que j’ai toujours) possède une partie couchage avec moustiquaire et un toit séparé qui sert aussi de poncho. La moustiquaire étant de forme triangulaire, on jette le poncho ou la bâche dessus et avant pour une bonne nuit.
Je l’ai donc installé en hauteur, entre deux arbres, en y ajoutant ma bâche supplémentaire pour pouvoir ma dessaper au sec.
J’ai ensuite nettoyé le sol autour pour le feu et la cuisine.
En survie les priorités sont le bivouac, l’eau et la nourriture. Et il ne faut pas perdre de temps.
Chaque minute qui passe c’est autant de calories de perdues.
Pour l’eau je n’ai jamais eu de problèmes, la rivière n’était pas loin et j’avais un bon filtre à eau (la marque m’échappe, impossible de m’en rappeler). En cas de besoin j’avais aussi des pailles filtrantes courantes chez les commandos, que j’ai utilisé surtout lors de mes déplacements et qui m’ont permis de me désaltérer dans des trous d’eau ou de vieux troncs d’arbres.
Pour la nourriture ce fut une toute autre histoire.
En l’absence de réserves suffisantes, je ne pouvais pas prendre le temps de bien étudier mon environnement, j’ai immédiatement déployé tout l’éventail de techniques que je connaissais, quitte à faire quelques erreurs.
En survie la pêche est le meilleur moyen de subsister (longtemps). J’avais d’ailleurs emmené trois kilos de matos avec moi, le but étant au départ d’attraper un max de poissons puis de les faire sécher ou de les transformer en pemmican.
J’ai donc fabriqué une série de lignes dormantes que j’ai aussitôt posées.
En chemin j’ai prélevé quelques plantes, déterré quelques racines (au départ essentiellement de jeunes pousses de roseaux sauvages sur les rives et de fougères d’étang…) avant de finir la journée avec quelques pièges à insectes et la pose de collets.
Puis j’ai allumé mon feu contre un grand sapin préalablement élagué, afin que la fumée se dissipe dans les branchages et que je ne sois pas repérable.
Mon seul repas ce soir-là se composa de quelques feuilles crues, de racines bouillies et d’une infusion d’aiguilles de pins.
Ce qui est important à comprendre, c’est qu’il est illusoire dans la nature de vouloir conserver l’habitude (purement sociale) des trois repas par jours. En fait, en survie, il faut manger dés qu’ on peut, c’est-à-dire tout le temps. C’est ce que j’ai fait et finalement, on s’y fait vite.
Les autres jours furent plus fastes, même si les débuts sont toujours difficiles dans une telle situation il ne faut pas le cacher. Inutile d’espérer se taper la cloche jusqu’à l’excès comme au resto. C’est pas comme ça que ça se passe.
Fort heureusement à l’époque je sortais de l’armée, j’étais maigre et affûté, avec un estomac rétréci par des années d’entraînement et de crapahut.
Un rien suffisait à me nourrir...
...la suite demain
Voilà qui est dit je tenais à le préciser.
Tout cette histoire s’est déroulé à la fin de l’été 1999.Je ne m’attarderai pas sur les circonstances exactes qui m’ont poussé à me mettre au vert,mais disons que j’étais au chômage depuis peu,et que suite à un malentendu mes allocations ont été brutalement interrompues pendant une durée de deux mois ,alors que j’étais déjà dans le rouge.
A cette époque j’occupais un grand appart en ville qui appartenait à ma famille,avec tout le confort ,mais plus rien dans le frigo !
C’est une sensation,un sentiment unique,inoubliable,dérangeant et même traumatisant que d’être là,debout au milieu d’une grande pièce,et de savoir qu’on n’a plus rien à manger,et plus d’argent pour acheter quoi que ce soit.
Dans notre mode de vie moderne de consommateur compulsif,on n’est guère préparé à ça.
Passé un petit moment de panique,il fallait prendre une décision.
Avouer la situation à ma famille ou à mes amis était tout simplement inacceptable.Pour moi,qui m’étais toujours débrouillé seul,s’aurait été un insupportable aveux de faiblesse.
Tout autre solution,comme la soupe populaire ou les Restos,était bien évidemment inenvisageable.
J’ai donc fait ce que je savais faire le mieux,j’ai rassemblé tout mon matos,sorti ma tenue cam et mon fusil de chasse,et posé toutes mes cartes sur la table à la recherche d’un endroit dans la nature se prêtant le mieux à une campagne de survie de moyenne durée.
Plutôt que de survie d’ailleurs,il s’agissait pour moi au départ de partir dans la nature,pêcher,cueillir,piéger et dégager de l’excédent le plus vite possible afin de rester le moins possible sur place.
Mais bien sur,rien ne se passe jamais comme prévu.
J’ai passé deux jours à scruter mes cartes pour trouver le point de chute idéal, en respectant le cahier des charges suivant : lieu forestier, vaste, isolé, avec une rivière ou un lac, et suffisamment accidenté pour éviter les curieux (en basse ou moyenne montagne par exemple).
J’ai fini par trouver l’endroit parfait,une gorge encaissée couverte d’une forêt très dense,avec au fond une rivière menant à un petit lac sauvage, et le tout distant de dix kilomètres du premier village.
Ma décision prise, j’ai fait mon sac, pris une dernière douche chaude (coupe de cheveux et rasage complet du corps) et je suis parti dans la nuit.
Je suis arrivé au village le plus proche à l’aube, après plusieurs heures de route, et tout était désert.
J’ai rapidement trouvé un endroit discret pour y laisser ma voiture, j’ai débranché la batterie et je me suis mis en route rapidement (afin de ne pas attirer l’attention des locaux), la boussole à la main, la carte sous les yeux.
Une fois dans la verte, j’ai giclé le jean et la chemise sage pour une tenue plus adaptée, et je me suis enfoncé dans les bois.
Voilà pour l’introduction. C’est peut-être un peu long mais il me semblait essentiel d’expliquer le contexte dans lequel tout s’est passé.
Mon nouveau cadre de vie, je me souviens, était tout à fait conforme à ce que j’avais vu sur la carte. Accidenté, très boisé, presque inextricable, avec une rivière trépidante au milieu.
J’ai mis trois longues heures de marche pour arriver au point que je m’étais fixé, non loin du petit lac que j’avais repéré, et qui en fait était une sorte de retenue artificielle.
Artificielle, donc présence humaine. Bon de toute façon il était trop tard pour changer.
C’était la fin de la matinée, je me suis mis à la recherche d’un endroit ou monter mon bivouac. J’avais envie de trouver l’endroit parfait d’où je ne bougerai plus, mais le temps m’était compté.
J’ai donc jeté mon dévolu sur une butte couverte d’arbres et de ronces, que j’ai défriché à coups de machette. L’endroit était isolé de tout sentier, et entouré de grandes fougères.
De plus sa situation en légère élévation m’offrait une vue dégagée sur les alentours, la rivière et l’autre versant de la gorge.
Voir sans être vu.
Je n’avais pas de tente, mais un hamac-tente, un nouveau matériel qu’avait sortit à l’époque le fabriquant Paul Boyé et que j’avais commandé quelques semaines plus tôt.
Je connaissais les hamacs de jungle, et les trouvais assez peu pratiques (sauf les modèles brésiliens) en raison de leur toit solidaire du hamac qui a tendance à s’affaisser s’il n’est pas correctement fixé.
Celui que j’avais (et que j’ai toujours) possède une partie couchage avec moustiquaire et un toit séparé qui sert aussi de poncho. La moustiquaire étant de forme triangulaire, on jette le poncho ou la bâche dessus et avant pour une bonne nuit.
Je l’ai donc installé en hauteur, entre deux arbres, en y ajoutant ma bâche supplémentaire pour pouvoir ma dessaper au sec.
J’ai ensuite nettoyé le sol autour pour le feu et la cuisine.
En survie les priorités sont le bivouac, l’eau et la nourriture. Et il ne faut pas perdre de temps.
Chaque minute qui passe c’est autant de calories de perdues.
Pour l’eau je n’ai jamais eu de problèmes, la rivière n’était pas loin et j’avais un bon filtre à eau (la marque m’échappe, impossible de m’en rappeler). En cas de besoin j’avais aussi des pailles filtrantes courantes chez les commandos, que j’ai utilisé surtout lors de mes déplacements et qui m’ont permis de me désaltérer dans des trous d’eau ou de vieux troncs d’arbres.
Pour la nourriture ce fut une toute autre histoire.
En l’absence de réserves suffisantes, je ne pouvais pas prendre le temps de bien étudier mon environnement, j’ai immédiatement déployé tout l’éventail de techniques que je connaissais, quitte à faire quelques erreurs.
En survie la pêche est le meilleur moyen de subsister (longtemps). J’avais d’ailleurs emmené trois kilos de matos avec moi, le but étant au départ d’attraper un max de poissons puis de les faire sécher ou de les transformer en pemmican.
J’ai donc fabriqué une série de lignes dormantes que j’ai aussitôt posées.
En chemin j’ai prélevé quelques plantes, déterré quelques racines (au départ essentiellement de jeunes pousses de roseaux sauvages sur les rives et de fougères d’étang…) avant de finir la journée avec quelques pièges à insectes et la pose de collets.
Puis j’ai allumé mon feu contre un grand sapin préalablement élagué, afin que la fumée se dissipe dans les branchages et que je ne sois pas repérable.
Mon seul repas ce soir-là se composa de quelques feuilles crues, de racines bouillies et d’une infusion d’aiguilles de pins.
Ce qui est important à comprendre, c’est qu’il est illusoire dans la nature de vouloir conserver l’habitude (purement sociale) des trois repas par jours. En fait, en survie, il faut manger dés qu’ on peut, c’est-à-dire tout le temps. C’est ce que j’ai fait et finalement, on s’y fait vite.
Les autres jours furent plus fastes, même si les débuts sont toujours difficiles dans une telle situation il ne faut pas le cacher. Inutile d’espérer se taper la cloche jusqu’à l’excès comme au resto. C’est pas comme ça que ça se passe.
Fort heureusement à l’époque je sortais de l’armée, j’étais maigre et affûté, avec un estomac rétréci par des années d’entraînement et de crapahut.
Un rien suffisait à me nourrir...
...la suite demain
Outback- Membre
- Nombre de messages : 132
Age : 50
Localisation : Plein sud
Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Wahouuuu !!!!
ça commence comme un vrai roman d'aventure ton histoire !
On est pressé de savoir la suite....
ça commence comme un vrai roman d'aventure ton histoire !
On est pressé de savoir la suite....
Capausoleil- Membre Premium
- Nombre de messages : 866
Date d'inscription : 17/12/2006
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Vivement la suite.
Olcos- Membre Premium
- Nombre de messages : 394
Date d'inscription : 21/02/2007
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Je suis captivé par ton récit Outback! vivement demain.
________________________________________________________
En survie, il est parfois plus rentable de choisir une solution simplement « assez correcte » plutôt que de rechercher en y consacrant beaucoup d'énergie et de temps la meilleure solution.
Mariner- Membre Premium
- Nombre de messages : 483
Date d'inscription : 17/02/2007
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Super récit ! Vivement la suite !
Rammstein
Rammstein
Rammstein- Membre fondateur
- Nombre de messages : 8181
Localisation : Allemagne
Date d'inscription : 07/11/2006
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
...la suite
...J’ai commencé par attraper des petits poissons blancs, consommés entier en friture, puis au fur et à mesure que j’observais les habitudes de la faune aquatique, j’ai patiemment optimisé mes lignes, et j’ai pêché plus gros (carpes en majorité).
Niveau cueillette, inévitablement le fait de crapahuter plus souvent m’a fait découvrir de nouvelles sources d’appro, même si je me suis limité à ne cueillir que les plantes que je connaissais (aegopode, pissenlit, poireau sauvage etc…) . Idem pour les racines et tubercules.
J’ai aussi trouvé des baies sauvages, comme l’airelle, ou encore des framboises, des mûres ou du genévrier.
Au bout d’un moment, à la deuxième ou troisième semaine je crois, je suis tombé de l’autre côté de la vallée sur de petits champs sauvages de plantes à épis avec lesquelles je pu faire de la farine et donc une sorte de pain australien assez nourrissant, mais c’est une tache assez fastidieuse que je ne renouvela pas souvent.
L’avantage c’est qu’on peut adjoindre au pain des insectes ou des baies, et se confectionner ainsi des « en-cas » assez complets pour les journées à rallonge.
C’est ce que j’ai fait même si le goût est pas top.
Au sud-est de mon camp, alors que la rivière se transforme en rapides puis en une série de cascades, je me souviens avoir aussi trouvé des champignons comestibles dans des cavités toujours humides.
Mais cela nécessitait que je descende en rappel le long des parois, et donc que j’utilise ma corde à double qui me servait à monter dans mon arbre.
En outre c’était quand même assez loin, je n’ai donc répété l’opération que deux ou trois fois (un dévissage à la dernière récolte m’a définitivement dissuadé).
A mesure que ma ration calorique augmentait, j’ai pu expérimenter de nouvelles techniques de pêche comme des lignes dynamiques ou à auto-déclenchement par exemple. Munies d’hameçons à leurres passifs, j’ai commencé (après beaucoup d’échecs) à chopper des truites.
Dans un coin bien précis du lac, perché sur une branche basse au-dessus de l’eau, j’ai même pu harponner quelques spécimens à l’aide d’un roseau et d’un embout de harpon tahitien que j’ai toujours dans mon kit. A ce moment-là, une arbalète ou un arc aurait fait merveille.
Au niveau du piégeage, j’ai mis plus de temps pour avoir des résultats. D’abord par ce que mes collets comportaient encore trop d’odeur humaine je pense. Alors j’ai commencé par les « fumer » au feu de bois allumé au firesteel, et non au briquet, pour ensuite les frotter au charbon de bois.
Puis je les ai replacé. Là encore, c’est avant tout une question d’observation et de déduction.
Une fois placé, j’effaçais toute trace en frottant les alentours avec une jeune branche d’épinette ou un bouquet de plantes odoriférantes.
Par ce biais j’ai pu prélever régulièrement quelques lapins, proie bien pratique puisque un seul vous fait la journée sans avoir besoin de le préparer à la conservation, ce qui n’est pas le cas de proie plus grosse (nous verrons plus loin).
J’ai testé les pièges en 4, pas très pratiques surtout lorsque le bois se gorge d’humidité dans la nuit. De plus je n’ai attrapé avec ça que des mulots et autres petits curieux de la forêt, que je retrouvais (en général) a moitié dévorés le matin par les prédateurs de la nuit.
Je me suis aussi fabriqué des pièges-boites avec de l’écorce d’arbre, avec lesquels j’ai pu chopper quelques grives vivantes (donc qu’il faut tuer après). L’avantage est qu’on peut tenter de les conserver vivantes quelques jours au moins. N’étant pas fan des volatiles en particulier j’ai rapidement abandonné cette technique mais à mon avis, le piège-assomoir est plus efficace (en système passif j’entend).
Comme je l’ai écrit plus haut, en situation de survie il ne faut pas hésiter à se rabattre sur les insectes pour augmenter sa ration protéique. Ils sont nombreux, faciles à capturer et nourrissants. J’apprécie particulièrement les fourmis, j’en ai mangé souvent en stage commando, mélangées avec mes rations, mais le mieux reste de les griller telles quelles à la poêle pas trop chaude (afin de ne pas les brûler et de les cuire en douceur pour enlever l’acide formique).
Pour les autres insectes un peu plus gros et peu ragoûtant, comme les cloportes, criquets et scarabées je préférais leurs enlever les pattes, les écraser et les faire en ragoût avec d’autres aliments. Par cette méthode enseignée dans tous les cours de survie du monde, on franchit plus facilement la barrière culturelle.
Perso je consommais toujours ma ration de fourmis (ou d’abeilles) au petit dej’ ça me donnait un coup de fouet, et le goût de miel après la cuisson était fort agréable.
J’ai aussi essayé les papillons de nuit (capturés la nuit avec la méthode très efficace du drap et de la lampe) mais je n’ai pas aimé leur goût neutre voire amer.
Je n’ai pas chassé à proprement parler (malgré le fait que j’étais armé en permanence). Cela implique une trop grande dépense énergétique et une perte de temps inutile, à moins que l’on soit deux au minimum et donc qu’on ait les « moyens » de revenir bredouille. De plus mon souci de discrétion absolue m’imposait le moins de bruit possible, et donc le moins de coup de feu possible.
J’ai néanmoins abattu trois sangliers durant mon séjour, bien qu’au demeurant j’avais estimé n’avoir pas besoin de prélever de gros animaux pour moi seul. Mais bon, les occaz se sont présentées je les ai saisies. C’est ce que j’appelle de la chasse de « rencontre », pendant que je cherchais des plantes, des graines ou des insectes.
Zero dépense énergie et des milliers de kilo-calories en rab’.
Je me souviens en particulier du troisième sanglier, je l’ai shooté à 150 mètres en contrebas d’une colline avec du 12/76.
Je marchais le long d’une crête en revenant de la cueillette, et j’ai aperçu en contrebas, dans la brume du matin, un groupe de sangliers. Je me suis posté, j’ai bloqué mon fusil contre un arbre et j’en ai choisi un que j’ai supposé être un mâle. J’ai posé mon point rouge sur son dos, dans l’alignement du cœur et j’ai estimé la flèche de ma balle à cette distance. J’ai relevé mon point rouge au dessus du dos et j’ai tiré.
La détonation, dans le silence de l’aube, a résonné dans la vallée comme un coup de tonnerre.
L’animal a été foudroyé sur place et s’est effondré là où il était. La balle l’avait atteint en plein dans le cœur.
Ca m’a rappelé la fois où j’étais allé essayer mon arbalète de chasse avec mon père à un ancien ball-trap abandonné.
J’avais posé une flasque de whisky contre un billot de bois, à 50 mètres, et j’avais soigneusement visé en estimant la flèche de mon projectile avant d’appuyer sur la gâchette.
Le carreau avait décrit sa courbe dans les airs pendant un court instant qui m’a semblé une éternité, avant d’exploser la bouteille qui a éclaté comme sous l’effet d’un explosif et de se ficher profondément dans le bois jusqu’à l’empennage.
Mon père était resté médusé…mais revenons à mon sanglier.
Un tel animal est plutôt chiant à traiter en situation de survie. D’abord j’ai laissé reposer le corps en le surveillant de loin pour que sa température corporelle chute et que les éventuels parasites le quittent. Puis je l’ai dépecé et vidé sur place, avant de retirer les meilleurs morceaux et de les embarquer en enterrant la carcasse.
Même si on prend un maximum de viande, il en reste quand même pas mal surtout sur un gros mâle. C’est pourquoi je n’ai pas cherché à en chasser d’autres.
Une fois rentré au camp (ce qui implique d’abandonner l’activité que j’avais commencée initialement) il fallu à chaque fois préparer la viande en vue de sa conservation.
C’est pas mal de boulot, il faut la recouper en lamelles plus fines, construire rapidement le foyer de fumage qui va bien, allumer et entretenir un feu et boucaner la bidoche en faisant gaffe de ne pas la cramer. Le tout sans se faire repérer ni par la fumée ni par l’odeur.
Un « exploit » harassant et gourmand en énergie.
...à suivre
...J’ai commencé par attraper des petits poissons blancs, consommés entier en friture, puis au fur et à mesure que j’observais les habitudes de la faune aquatique, j’ai patiemment optimisé mes lignes, et j’ai pêché plus gros (carpes en majorité).
Niveau cueillette, inévitablement le fait de crapahuter plus souvent m’a fait découvrir de nouvelles sources d’appro, même si je me suis limité à ne cueillir que les plantes que je connaissais (aegopode, pissenlit, poireau sauvage etc…) . Idem pour les racines et tubercules.
J’ai aussi trouvé des baies sauvages, comme l’airelle, ou encore des framboises, des mûres ou du genévrier.
Au bout d’un moment, à la deuxième ou troisième semaine je crois, je suis tombé de l’autre côté de la vallée sur de petits champs sauvages de plantes à épis avec lesquelles je pu faire de la farine et donc une sorte de pain australien assez nourrissant, mais c’est une tache assez fastidieuse que je ne renouvela pas souvent.
L’avantage c’est qu’on peut adjoindre au pain des insectes ou des baies, et se confectionner ainsi des « en-cas » assez complets pour les journées à rallonge.
C’est ce que j’ai fait même si le goût est pas top.
Au sud-est de mon camp, alors que la rivière se transforme en rapides puis en une série de cascades, je me souviens avoir aussi trouvé des champignons comestibles dans des cavités toujours humides.
Mais cela nécessitait que je descende en rappel le long des parois, et donc que j’utilise ma corde à double qui me servait à monter dans mon arbre.
En outre c’était quand même assez loin, je n’ai donc répété l’opération que deux ou trois fois (un dévissage à la dernière récolte m’a définitivement dissuadé).
A mesure que ma ration calorique augmentait, j’ai pu expérimenter de nouvelles techniques de pêche comme des lignes dynamiques ou à auto-déclenchement par exemple. Munies d’hameçons à leurres passifs, j’ai commencé (après beaucoup d’échecs) à chopper des truites.
Dans un coin bien précis du lac, perché sur une branche basse au-dessus de l’eau, j’ai même pu harponner quelques spécimens à l’aide d’un roseau et d’un embout de harpon tahitien que j’ai toujours dans mon kit. A ce moment-là, une arbalète ou un arc aurait fait merveille.
Au niveau du piégeage, j’ai mis plus de temps pour avoir des résultats. D’abord par ce que mes collets comportaient encore trop d’odeur humaine je pense. Alors j’ai commencé par les « fumer » au feu de bois allumé au firesteel, et non au briquet, pour ensuite les frotter au charbon de bois.
Puis je les ai replacé. Là encore, c’est avant tout une question d’observation et de déduction.
Une fois placé, j’effaçais toute trace en frottant les alentours avec une jeune branche d’épinette ou un bouquet de plantes odoriférantes.
Par ce biais j’ai pu prélever régulièrement quelques lapins, proie bien pratique puisque un seul vous fait la journée sans avoir besoin de le préparer à la conservation, ce qui n’est pas le cas de proie plus grosse (nous verrons plus loin).
J’ai testé les pièges en 4, pas très pratiques surtout lorsque le bois se gorge d’humidité dans la nuit. De plus je n’ai attrapé avec ça que des mulots et autres petits curieux de la forêt, que je retrouvais (en général) a moitié dévorés le matin par les prédateurs de la nuit.
Je me suis aussi fabriqué des pièges-boites avec de l’écorce d’arbre, avec lesquels j’ai pu chopper quelques grives vivantes (donc qu’il faut tuer après). L’avantage est qu’on peut tenter de les conserver vivantes quelques jours au moins. N’étant pas fan des volatiles en particulier j’ai rapidement abandonné cette technique mais à mon avis, le piège-assomoir est plus efficace (en système passif j’entend).
Comme je l’ai écrit plus haut, en situation de survie il ne faut pas hésiter à se rabattre sur les insectes pour augmenter sa ration protéique. Ils sont nombreux, faciles à capturer et nourrissants. J’apprécie particulièrement les fourmis, j’en ai mangé souvent en stage commando, mélangées avec mes rations, mais le mieux reste de les griller telles quelles à la poêle pas trop chaude (afin de ne pas les brûler et de les cuire en douceur pour enlever l’acide formique).
Pour les autres insectes un peu plus gros et peu ragoûtant, comme les cloportes, criquets et scarabées je préférais leurs enlever les pattes, les écraser et les faire en ragoût avec d’autres aliments. Par cette méthode enseignée dans tous les cours de survie du monde, on franchit plus facilement la barrière culturelle.
Perso je consommais toujours ma ration de fourmis (ou d’abeilles) au petit dej’ ça me donnait un coup de fouet, et le goût de miel après la cuisson était fort agréable.
J’ai aussi essayé les papillons de nuit (capturés la nuit avec la méthode très efficace du drap et de la lampe) mais je n’ai pas aimé leur goût neutre voire amer.
Je n’ai pas chassé à proprement parler (malgré le fait que j’étais armé en permanence). Cela implique une trop grande dépense énergétique et une perte de temps inutile, à moins que l’on soit deux au minimum et donc qu’on ait les « moyens » de revenir bredouille. De plus mon souci de discrétion absolue m’imposait le moins de bruit possible, et donc le moins de coup de feu possible.
J’ai néanmoins abattu trois sangliers durant mon séjour, bien qu’au demeurant j’avais estimé n’avoir pas besoin de prélever de gros animaux pour moi seul. Mais bon, les occaz se sont présentées je les ai saisies. C’est ce que j’appelle de la chasse de « rencontre », pendant que je cherchais des plantes, des graines ou des insectes.
Zero dépense énergie et des milliers de kilo-calories en rab’.
Je me souviens en particulier du troisième sanglier, je l’ai shooté à 150 mètres en contrebas d’une colline avec du 12/76.
Je marchais le long d’une crête en revenant de la cueillette, et j’ai aperçu en contrebas, dans la brume du matin, un groupe de sangliers. Je me suis posté, j’ai bloqué mon fusil contre un arbre et j’en ai choisi un que j’ai supposé être un mâle. J’ai posé mon point rouge sur son dos, dans l’alignement du cœur et j’ai estimé la flèche de ma balle à cette distance. J’ai relevé mon point rouge au dessus du dos et j’ai tiré.
La détonation, dans le silence de l’aube, a résonné dans la vallée comme un coup de tonnerre.
L’animal a été foudroyé sur place et s’est effondré là où il était. La balle l’avait atteint en plein dans le cœur.
Ca m’a rappelé la fois où j’étais allé essayer mon arbalète de chasse avec mon père à un ancien ball-trap abandonné.
J’avais posé une flasque de whisky contre un billot de bois, à 50 mètres, et j’avais soigneusement visé en estimant la flèche de mon projectile avant d’appuyer sur la gâchette.
Le carreau avait décrit sa courbe dans les airs pendant un court instant qui m’a semblé une éternité, avant d’exploser la bouteille qui a éclaté comme sous l’effet d’un explosif et de se ficher profondément dans le bois jusqu’à l’empennage.
Mon père était resté médusé…mais revenons à mon sanglier.
Un tel animal est plutôt chiant à traiter en situation de survie. D’abord j’ai laissé reposer le corps en le surveillant de loin pour que sa température corporelle chute et que les éventuels parasites le quittent. Puis je l’ai dépecé et vidé sur place, avant de retirer les meilleurs morceaux et de les embarquer en enterrant la carcasse.
Même si on prend un maximum de viande, il en reste quand même pas mal surtout sur un gros mâle. C’est pourquoi je n’ai pas cherché à en chasser d’autres.
Une fois rentré au camp (ce qui implique d’abandonner l’activité que j’avais commencée initialement) il fallu à chaque fois préparer la viande en vue de sa conservation.
C’est pas mal de boulot, il faut la recouper en lamelles plus fines, construire rapidement le foyer de fumage qui va bien, allumer et entretenir un feu et boucaner la bidoche en faisant gaffe de ne pas la cramer. Le tout sans se faire repérer ni par la fumée ni par l’odeur.
Un « exploit » harassant et gourmand en énergie.
...à suivre
Outback- Membre
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
...suite et fin
...Heureusement la viande de sanglier est très riche (et très forte), nourrissante au possible et dotée d’un aminogramme ultra-complet qui explique la rapide sensation de satiété après une modeste portion et l’effet coup de fouet juste après la digestion.
Par contre elle est également riche en toxine digestive et nécessite beaucoup d’eau (régulièrement) pour la digérer. De plus pour ceux qui connaissent un peu, il est assez difficile de la consommer comme un steak Charal dans sa barquette, c’est une viande dense et sauvage qui nécessite normalement des heures de préparation à grand coup de pinard et d’aromates afin de la « civiliser ». Le mieux en survie, AMHA, est de la couper en petits morceaux, la faire bouillir puis la faire mijoter en ragoût avec des plantes, des légumes ou des racines les plus aromatiques possible. Après vous pouvez expérimenter toutes les combinaisons possibles (évitez simplement d’y ajouter une autre source de protéines animales pour ne pas surcharger inutilement votre organisme).
Personnellement j’avais avec moi un stock de bouillons en cube qui s’avérèrent bien pratiques (un conseil d’un de mes instructeurs de survie).
Après un ragoût se conserve sans problème plusieurs jours si il ne fait pas trop chaud (à condition bien sur de bien fermer le récipient et de le conserver dans un endroit frais).
Mise à part les sangliers, je n’ai tiré sur rien d’autre, bien que j’en aie eu souvent l’occasion. Plus d’une fois, un lièvre ou un lapin m’a détalé dans les pattes, et j’ai quelquefois aperçu un ou deux chevreuils à l’aube, ce qui me faisait davantage penser aux chasseurs qui pouvaient éventuellement les suivre qu’à la masse de nourriture que ces animaux pouvaient constituer.
Je dois dire que je n’ai pas rencontré grand monde au cours du séjour ce qui était le but, mais j’ai quand même eu quelques alertes sérieuses, ce qui m’a permis de tester une nouvelle fois que le camouflage est moins une question de vêtements que d’attitude.
Pour ce qui est de la solitude, ça n’a jamais été un problème pour moi, j’ai le caractère fait pour et je la supporte très bien. Néanmoins je n’étais pas complètement coupé de la civilisation puisque j’avais un walkman (et des petits écouteurs) avec lequel je captais quelques radios nationales.
Mes journées en tout cas étaient bien remplies, levé à l’aube et couché en général au crépuscule, on se réadapte très vite à un rythme biologique naturel très sain. C’est l’inverse qui en comparaison a été plus difficile.
Je n’ai pas spécialement maigri durant le séjour (et encore moins affaibli), je dirais plutôt que je me suis affûté. Marcher, courir, escalader, grimper et même nager tous les jours, toute la journée vous garde en forme et vous fait prendre conscience de l’importance de garder une bonne condition physique.
L’hygiène aussi est très importante. A cet effet j’avais emmené une douche solaire portative et un paquet de savons de marseille brut, qui m’ont bien servi à la fois pour le corps et pour les vêtements.
Mais je me suis plus souvent lavé à la rivière, dans une zone pleine de galets, un vrai délice les premiers temps quand il faisait bien chaud.
La encore il faut être un champion de l’économie, et ne laver que ce qui est crucial, loin du gaspillage quotidien. On se sent propre et ça aide à garder le moral.
J’avais aussi emmené le stock de dentifrice qui va bien, l’hygiène des dents est primordiale en survie.
Quand j’étais gosse, on se lavait souvent les mains en pleine nature avec une plante dont je ne connais pas le nom en français, et qui possède des vertus antiseptiques et purifiante.
Je croyais qu’elle ne poussait qu’en plaine mais j’en ai trouvé là où j’étais. Je m’en suis servi pour nettoyer mes vêtements.
Finalement j’aurais pu me passer de savon.
Je ne me suis pas non plus blessé, à part bien sur les coupures et écorchures habituelles, à traiter simplement avec plus d’attention en milieu naturel. Une entorse, une luxation ou une fracture aurait été beaucoup plus grave.
J’y suis passé très prêt lors d’une descente en rappel. Mon pied a glissé sur la paroi humide, j’ai été emporté en arrière et j’ai dévissé. Je suis tombé comme une pierre dans la ravine quelques mètres plus bas, frôlant de peu les rochers, et j’ai été emporté par le courant dans un bruit de tonnerre. J’ai pu me rattraper une bonne centaine de mètres plus bas, non sans avoir « descendu quelques étages » on va dire.
Une belle frayeur et rien de cassé, une chance.
Finalement au terme de cette expédition je n’ai rien fait de ce que je voulais. J’étais parti pour trois semaines et pour ramener un max de poissons séchés. Je suis resté plus du double et je n’ai pratiquement rien ramené. Non pas que je n’ai rien pêché en plus, mais le séchoir à poissons que j’avais fabriqué n’a jamais bien fonctionné. Je pense que l’endroit n’était pas suffisamment ensoleillé pour ça.
Par contre j’en ai fumé quelques uns avec mon foyer de boucanage (élément actif), mais ça demandait trop d’entretien, contrairement à un séchoir (élément passif) que vous pouvez laisser faire son boulot en vous occupant d’autre chose.
De toute façon, la routine alimentaire étant établie, mieux valait rester et attendre patiemment.
Qui plus est, à cette saison ce n’était pas désagréable bien au contraire.
Au moment de partir, je dois dire que j’ai ressenti un petit pincement au cœur à laisser tout ça derrière moi, je m’y étais habitué. Mais il fallait bien rentrer.
Le retour fut en lui-même une épopée.
La voiture avait disparu. J’ai d’abord pensé aux gendarmes, je vous dis pas la décharge d’adrénaline à l’idée de devoir tout expliquer… J’ai mis la matinée à apprendre que c’était un paysan qui l’avait embarqué dans sa grange pour pièces, croyant le véhicule abandonné. Finalement j’ai pu la récupérer mais il avait vendu la batterie..etc… Bon j’arrête là vous avez compris…
Voilà comment j’ai vécu prés de huit semaines dans la nature. J’en oublie sûrement mais ça me fait bizarre de me remémorer tout ça et encore plus de l’écrire, l’exercice n’est pas aisé. Difficile d’être exhaustif, j’avais enfoui tout ça dans un coin de ma mémoire.
Il faut dire que je n’en ai jamais parlé à personne, peu de gens auraient été à même de comprendre et d’apprécier. J’espère que vous en serez.
...et si vous avez des questions et des commentaires n'hésitez pas à poster!
...Heureusement la viande de sanglier est très riche (et très forte), nourrissante au possible et dotée d’un aminogramme ultra-complet qui explique la rapide sensation de satiété après une modeste portion et l’effet coup de fouet juste après la digestion.
Par contre elle est également riche en toxine digestive et nécessite beaucoup d’eau (régulièrement) pour la digérer. De plus pour ceux qui connaissent un peu, il est assez difficile de la consommer comme un steak Charal dans sa barquette, c’est une viande dense et sauvage qui nécessite normalement des heures de préparation à grand coup de pinard et d’aromates afin de la « civiliser ». Le mieux en survie, AMHA, est de la couper en petits morceaux, la faire bouillir puis la faire mijoter en ragoût avec des plantes, des légumes ou des racines les plus aromatiques possible. Après vous pouvez expérimenter toutes les combinaisons possibles (évitez simplement d’y ajouter une autre source de protéines animales pour ne pas surcharger inutilement votre organisme).
Personnellement j’avais avec moi un stock de bouillons en cube qui s’avérèrent bien pratiques (un conseil d’un de mes instructeurs de survie).
Après un ragoût se conserve sans problème plusieurs jours si il ne fait pas trop chaud (à condition bien sur de bien fermer le récipient et de le conserver dans un endroit frais).
Mise à part les sangliers, je n’ai tiré sur rien d’autre, bien que j’en aie eu souvent l’occasion. Plus d’une fois, un lièvre ou un lapin m’a détalé dans les pattes, et j’ai quelquefois aperçu un ou deux chevreuils à l’aube, ce qui me faisait davantage penser aux chasseurs qui pouvaient éventuellement les suivre qu’à la masse de nourriture que ces animaux pouvaient constituer.
Je dois dire que je n’ai pas rencontré grand monde au cours du séjour ce qui était le but, mais j’ai quand même eu quelques alertes sérieuses, ce qui m’a permis de tester une nouvelle fois que le camouflage est moins une question de vêtements que d’attitude.
Pour ce qui est de la solitude, ça n’a jamais été un problème pour moi, j’ai le caractère fait pour et je la supporte très bien. Néanmoins je n’étais pas complètement coupé de la civilisation puisque j’avais un walkman (et des petits écouteurs) avec lequel je captais quelques radios nationales.
Mes journées en tout cas étaient bien remplies, levé à l’aube et couché en général au crépuscule, on se réadapte très vite à un rythme biologique naturel très sain. C’est l’inverse qui en comparaison a été plus difficile.
Je n’ai pas spécialement maigri durant le séjour (et encore moins affaibli), je dirais plutôt que je me suis affûté. Marcher, courir, escalader, grimper et même nager tous les jours, toute la journée vous garde en forme et vous fait prendre conscience de l’importance de garder une bonne condition physique.
L’hygiène aussi est très importante. A cet effet j’avais emmené une douche solaire portative et un paquet de savons de marseille brut, qui m’ont bien servi à la fois pour le corps et pour les vêtements.
Mais je me suis plus souvent lavé à la rivière, dans une zone pleine de galets, un vrai délice les premiers temps quand il faisait bien chaud.
La encore il faut être un champion de l’économie, et ne laver que ce qui est crucial, loin du gaspillage quotidien. On se sent propre et ça aide à garder le moral.
J’avais aussi emmené le stock de dentifrice qui va bien, l’hygiène des dents est primordiale en survie.
Quand j’étais gosse, on se lavait souvent les mains en pleine nature avec une plante dont je ne connais pas le nom en français, et qui possède des vertus antiseptiques et purifiante.
Je croyais qu’elle ne poussait qu’en plaine mais j’en ai trouvé là où j’étais. Je m’en suis servi pour nettoyer mes vêtements.
Finalement j’aurais pu me passer de savon.
Je ne me suis pas non plus blessé, à part bien sur les coupures et écorchures habituelles, à traiter simplement avec plus d’attention en milieu naturel. Une entorse, une luxation ou une fracture aurait été beaucoup plus grave.
J’y suis passé très prêt lors d’une descente en rappel. Mon pied a glissé sur la paroi humide, j’ai été emporté en arrière et j’ai dévissé. Je suis tombé comme une pierre dans la ravine quelques mètres plus bas, frôlant de peu les rochers, et j’ai été emporté par le courant dans un bruit de tonnerre. J’ai pu me rattraper une bonne centaine de mètres plus bas, non sans avoir « descendu quelques étages » on va dire.
Une belle frayeur et rien de cassé, une chance.
Finalement au terme de cette expédition je n’ai rien fait de ce que je voulais. J’étais parti pour trois semaines et pour ramener un max de poissons séchés. Je suis resté plus du double et je n’ai pratiquement rien ramené. Non pas que je n’ai rien pêché en plus, mais le séchoir à poissons que j’avais fabriqué n’a jamais bien fonctionné. Je pense que l’endroit n’était pas suffisamment ensoleillé pour ça.
Par contre j’en ai fumé quelques uns avec mon foyer de boucanage (élément actif), mais ça demandait trop d’entretien, contrairement à un séchoir (élément passif) que vous pouvez laisser faire son boulot en vous occupant d’autre chose.
De toute façon, la routine alimentaire étant établie, mieux valait rester et attendre patiemment.
Qui plus est, à cette saison ce n’était pas désagréable bien au contraire.
Au moment de partir, je dois dire que j’ai ressenti un petit pincement au cœur à laisser tout ça derrière moi, je m’y étais habitué. Mais il fallait bien rentrer.
Le retour fut en lui-même une épopée.
La voiture avait disparu. J’ai d’abord pensé aux gendarmes, je vous dis pas la décharge d’adrénaline à l’idée de devoir tout expliquer… J’ai mis la matinée à apprendre que c’était un paysan qui l’avait embarqué dans sa grange pour pièces, croyant le véhicule abandonné. Finalement j’ai pu la récupérer mais il avait vendu la batterie..etc… Bon j’arrête là vous avez compris…
Voilà comment j’ai vécu prés de huit semaines dans la nature. J’en oublie sûrement mais ça me fait bizarre de me remémorer tout ça et encore plus de l’écrire, l’exercice n’est pas aisé. Difficile d’être exhaustif, j’avais enfoui tout ça dans un coin de ma mémoire.
Il faut dire que je n’en ai jamais parlé à personne, peu de gens auraient été à même de comprendre et d’apprécier. J’espère que vous en serez.
...et si vous avez des questions et des commentaires n'hésitez pas à poster!
Outback- Membre
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
intéressant tout çà... merci.
quelques questions d'ordre pratique...
- quand tu dis avoir mangé des jeunes pousses de roseau sauvage çà consiste en quoi et t'as fait comment ?
- idem pour "fougères d'étang"
- racines et tubercules ? tu parles de quoi plus précisément (c'est intéressant d'avoir des précisions aucazou)
- plantes sauvages à épis ? as-tu une idée de ce que c'est plus précisément et comment t'y es-tu pris pour faire de la farine ?
- je serais intéressé de connaître la recette de ton "pain australien"... :-)
- ainsi que le plan de fabrication d'un piège à grive en écorce...
(peut-être kèkpart sur le net ?)
- comment as-tu supporté de te passer quasiment de glucides et de lipides et de ne manger apparemment que plein de protéines (viande et insectes) ?
- et enfin ... pourquoi ne pas avoir tiré un marcassin (chez moi on dit qu'un sanglier mâle çà se mange pas et personne n'en veut) et pourquoi avoir enterré sa carcasse plutôt que de la laisser aux prédateurs qui s'en chargent en quelques jours ? (les chasseurs font comme çà, parce que çà fait un sacré boulot d'enterre un gros sanglier !)
çà fait beaucoup de questions mais c'est ce que j'avais noté alors si jamais tu peux y répondre je suis tout ouïe...
merci... :-)
quelques questions d'ordre pratique...
- quand tu dis avoir mangé des jeunes pousses de roseau sauvage çà consiste en quoi et t'as fait comment ?
- idem pour "fougères d'étang"
- racines et tubercules ? tu parles de quoi plus précisément (c'est intéressant d'avoir des précisions aucazou)
- plantes sauvages à épis ? as-tu une idée de ce que c'est plus précisément et comment t'y es-tu pris pour faire de la farine ?
- je serais intéressé de connaître la recette de ton "pain australien"... :-)
- ainsi que le plan de fabrication d'un piège à grive en écorce...
(peut-être kèkpart sur le net ?)
- comment as-tu supporté de te passer quasiment de glucides et de lipides et de ne manger apparemment que plein de protéines (viande et insectes) ?
- et enfin ... pourquoi ne pas avoir tiré un marcassin (chez moi on dit qu'un sanglier mâle çà se mange pas et personne n'en veut) et pourquoi avoir enterré sa carcasse plutôt que de la laisser aux prédateurs qui s'en chargent en quelques jours ? (les chasseurs font comme çà, parce que çà fait un sacré boulot d'enterre un gros sanglier !)
çà fait beaucoup de questions mais c'est ce que j'avais noté alors si jamais tu peux y répondre je suis tout ouïe...
merci... :-)
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Salut Outback!
Je suis très admiratif de ce que tu as vécu et de la manière dont tu racontes ton retour d'expérience, bien écrit et très complet.
Trois questions:
-> pourquoi es-tu revenu à la civilisation?
-> dans quel état d'esprit tu étais au départ de cet aventure? plutot un ressourcement ou plutot une quête de nourriture?
-> finalement que retires-tu de cette histoire?
Je suis très admiratif de ce que tu as vécu et de la manière dont tu racontes ton retour d'expérience, bien écrit et très complet.
Trois questions:
-> pourquoi es-tu revenu à la civilisation?
-> dans quel état d'esprit tu étais au départ de cet aventure? plutot un ressourcement ou plutot une quête de nourriture?
-> finalement que retires-tu de cette histoire?
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En survie, il est parfois plus rentable de choisir une solution simplement « assez correcte » plutôt que de rechercher en y consacrant beaucoup d'énergie et de temps la meilleure solution.
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
quand tu dis avoir mangé des jeunes pousses de roseau sauvage çà consiste en quoi et t'as fait comment ?
J'ai appliqué ce qu'on m'a appris en survie. Il s'agit du rhizome immergé de la plante, je l'ai d'abord nettoyé, coupé en tranche fine et ensuite bouilli pour le finir à la broche sur un feu. Quand je crevait vraiment la dalle je le mangeais juste bouilli.
J'ai essayé aussi les racines de roseau plus agés mais j'ai compris pourquoi on nous enseigne de ne manger que les jeunes pousses, c'est un enfer pour les cuires et les ramollir.
idem pour "fougères d'étang"
Je connais pas le nom exact mais ça fait de grandes feuilles fines vertes, parfois entourées de jaunes) de plus d'un mètre de haut en buissons trés dense.
Là encore j'ai prélevé le rhizome immergé, je l'ai nettoyé, coupé en tranches plus fines que le roseau et je l'ai faire cuire à la poèle.
racines et tubercules ? tu parles de quoi plus précisément
Je me suis tenu uniquement à ce que je connaissais. Pissenlit, nénuphars, sagettes, poireaux sauvages, marron d'eau...
Il devait en exister bien d'autres là ou j'étais, mais je n'ai pas pris le risque. A l'avenir, acheter le bouquin de Couplan est une de mes priorités.
plantes sauvages à épis ? as-tu une idée de ce que c'est plus précisément et comment t'y es-tu pris pour faire de la farine ?
J'en ai pas la moindre idée! En les manipulant j'ai vu que l'épis, de couleur brune et duveteux, perdait plein de graines. Je les ai récolté dans un sac de mon brelage, puis je les ai " vannées" en les secouant dans ma bassine souple au campement. Ensuite je les ai écrasé pour faire une farine grossière...
C'est un sacré boulot pour un mec seul, je n'ai pas répété l'opération souvent.
je serais intéressé de connaître la recette de ton "pain australien"...
Ben on rajoute simplement de l'eau, on malaxe pour obtenir la pâte et on l'enroule autour d'un morceau de bois. Ensuite on fait cuire au dessus du feu... C'est un pain dit "australien" sans levain.
ainsi que le plan de fabrication d'un piège à grive en écorce...
Je crois que tous les gosses du monde ont fait ça...C'est le coup de la boite à chaussure avec du pain sec dedans, un petit baton et une ficelle, sauf que la ficelle est à l'interieur pour auto-déclencher.
Je dois avoir le plan quelque part sur un bouquin, mais je n'ai pas de scanner ni d'imprimante pour l'envoyer. C'est l'emmerdant avec nos générations notre enseignement vient des bouquins pas d'internet !
comment as-tu supporté de te passer quasiment de glucides et de lipides et de ne manger apparemment que plein de protéines (viande et insectes) ?
Je n'ai pas l'impression d'avoir souffert du manque de glucides (même si un bon gros plat de spaghettis emplissait mes rêves) mais je ne suis peut-être pas trés objectif sur ma forme du moment. Je devais faire peur à voir quand je suis rentré je sais pas... Ce que j'ai appris c'est qu'en cas de besoin physiologique le corps peut transformer les proteines en glucides (et non l'inverse).
Pour les lipides, la viande animale, les insectes apportent majoritairement des acides gras saturés (graisse animale), les plantes et racines des acides gras insaturés et poly-insaturés ( graisse et huile végétales).
...enfin ça c'est que je sais, maintenant je n'ai pas l'impression d'avoir eu de carence mais suis-je le meilleur juge?
pourquoi ne pas avoir tiré un marcassin (chez moi on dit qu'un sanglier mâle çà se mange pas et personne n'en veut) et pourquoi avoir enterré sa carcasse plutôt que de la laisser aux prédateurs qui s'en chargent en quelques jours ? (les chasseurs font comme çà, parce que çà fait un sacré boulot d'enterre un gros sanglier !)
Je suis loin d'être un chasseur émérite et ça me faisait ch... de tuer un petit marcassin. Je n'en ai eu qu'une fois l'occasion et c'est vrai que j'aurais du faire ça, la découpe et le traitement en aurait été facilités. Mais par chez moi on tue en priorité les mâles j'ai du être socialement influencé. En plus à une telle distance j'étais pas sur de l'avoir tandis que le gros mâle...
A courte distance je suis content de pas avoir rencontrer de marcassins je te laisse deviner pourquoi...
Quand à la carcasse je me serai bien passer de l'enterrer mais j'avais pas trop le choix il ne fallait pas que les locaux me repèrent.
comme disait Brassens " non les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux..."
Voilà en espérant avoir répondu à tes questions Geispe...
Outback- Membre
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
tout à fait... merci... !
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geispe- Membre Premium - Participe à rendre le contenu de nos forums plus pertinent & pragmatique
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Balboa a écrit:
Ben tout simplement parce-que prés de 2 mois s'étaient écoulés et que ma situation aux Assedic devait être régularisée et mon compte réapprovisionné, donc plus la peine de vivre dans la nature. je suppose que si j'étais resté plus longtemps, mes parents auraient averti la gendarmerie !
Clairement une recherche et collecte de nourriture, bref une vision utilitaire de la chose... Bon, aprés c'était l'occasion rêvée d'appliquer tout ce que j'avais appris...
Mais ne pas avoir le choix m'a mis la pression, donc dans un état d'esprit jusqu'au-boutiste "marche-ou-crève".
Ben beaucoup de choses... Pèle-mèle:
-contrairement à ce que je pensais, survivre correctement en France est extrêmement difficile. Les coins de nature (les vrais) fondent comme neige au soleil. Le gibier est moins prolifique qu'on le croit, et beaucoup sont malades. La main humaine est partout, détournement des cours d'eau naturels, extension de la propriété privée, modification artificielle de l'environnement naturel...etc...
-le cycle de saisons clairement définies dans nos régions tempérées est un vrai problème pour le survivant (nécessité de faire des provisions et donc de prélever davantage à un moment donné)...
-l'importance de l'équipement pour un homme moderne souhaitant vivre dans la nature (vestes solides, chaussures, gants = écorchures et blessures évitées...moustiquaire = piqures évitées...firesteel, briquet, allumettes = gain de temps et économie d'énergie...etc)
-l'espace nécessaire à un ou des survivants de type chasseur-cueilleur doit être trés étendu, plus que ce que je pensais en fait, et comporter une rivière ou un point d'eau sur et viable, d'où les inévitable risques de conflit de propriétés et de partage.
-au final, si un scénario-catastrophe de chaos ingérable nous pousse de force à survivre durablement dans la nature, deux régions du monde se détache à mes yeux: Le Canada ( la Colombie Britannique en particulier) et toute la ceinture inter-tropicale et équatoriale...
...la france 'faut oublier...
pourquoi es-tu revenu à la civilisation?
Ben tout simplement parce-que prés de 2 mois s'étaient écoulés et que ma situation aux Assedic devait être régularisée et mon compte réapprovisionné, donc plus la peine de vivre dans la nature. je suppose que si j'étais resté plus longtemps, mes parents auraient averti la gendarmerie !
dans quel état d'esprit tu étais au départ de cet aventure? plutot un ressourcement ou plutot une quête de nourriture?
Clairement une recherche et collecte de nourriture, bref une vision utilitaire de la chose... Bon, aprés c'était l'occasion rêvée d'appliquer tout ce que j'avais appris...
Mais ne pas avoir le choix m'a mis la pression, donc dans un état d'esprit jusqu'au-boutiste "marche-ou-crève".
finalement que retires-tu de cette histoire?
Ben beaucoup de choses... Pèle-mèle:
-contrairement à ce que je pensais, survivre correctement en France est extrêmement difficile. Les coins de nature (les vrais) fondent comme neige au soleil. Le gibier est moins prolifique qu'on le croit, et beaucoup sont malades. La main humaine est partout, détournement des cours d'eau naturels, extension de la propriété privée, modification artificielle de l'environnement naturel...etc...
-le cycle de saisons clairement définies dans nos régions tempérées est un vrai problème pour le survivant (nécessité de faire des provisions et donc de prélever davantage à un moment donné)...
-l'importance de l'équipement pour un homme moderne souhaitant vivre dans la nature (vestes solides, chaussures, gants = écorchures et blessures évitées...moustiquaire = piqures évitées...firesteel, briquet, allumettes = gain de temps et économie d'énergie...etc)
-l'espace nécessaire à un ou des survivants de type chasseur-cueilleur doit être trés étendu, plus que ce que je pensais en fait, et comporter une rivière ou un point d'eau sur et viable, d'où les inévitable risques de conflit de propriétés et de partage.
-au final, si un scénario-catastrophe de chaos ingérable nous pousse de force à survivre durablement dans la nature, deux régions du monde se détache à mes yeux: Le Canada ( la Colombie Britannique en particulier) et toute la ceinture inter-tropicale et équatoriale...
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Outback- Membre
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Est ce que tu avais du "temps libre"? Si oui, combien de temps par jour? Que faisais-tu pendant ces "périodes creuses"?
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Mariner- Membre Premium
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Le concept de "temps libre" n'a de sens que dans nos civilisations occidentales où il est indissociable du travail.
Dans la nature il n'a plus aucun sens.
Même quand tu ne fais rien, tu es toujours en activité, ton regard se promène, tu trouves de nouvelles source de nourriture, de nouvelles idées que tu appliques.
En fait tu n'as même plus envie de glander, et tu n'as pas
l'impression de travailler pour autant.
En ce sens le "travail" tel que nous le connaissons est une invention parfaitement anti-naturelle contraire aux principes biologiques de l'Homme...
Dans la nature il n'a plus aucun sens.
Même quand tu ne fais rien, tu es toujours en activité, ton regard se promène, tu trouves de nouvelles source de nourriture, de nouvelles idées que tu appliques.
En fait tu n'as même plus envie de glander, et tu n'as pas
l'impression de travailler pour autant.
En ce sens le "travail" tel que nous le connaissons est une invention parfaitement anti-naturelle contraire aux principes biologiques de l'Homme...
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
c'est aussi ce que je pense. Nous avions réfléchi à la répartition du temps dans un système nouveau et libre... et pensé qu'il fallait distinguer les moments de sommeil, les moments d'activités.
Les activités comportent les activités nécessaires (manger, se vêtir, se loger) et les activités facultatives : un peu ce que nous appelons loisirs. Mais dans ce système il ne faut pas se leurrer et les activités de loisirs sont encore à diviser en loisirs consistant en activités nécessaires (filage, tissage, vannerie), et en activités facultatives... (études, jeux, ou simplement rien, sachant que certaines activités sont des repos et productives quand même : on peut se reposer en jardinant, en sciant du bois, en faisant des cueillettes : si l'on distingue ces activités du "travail" bêcher un jardin p.ex.)
J'en étais venu à la conclusion qu'on ferait grosso modo les 3x8
en ce sens que çà donne 8H de sommeil, 8H de travail et 8H de loisirs :-)
(irrégulièrement répartis selon la saison bien entendu : on turbine en été et on hiverne en hiver... c'est un peu le contraire de ce qui se fait aujourd'hui).
Les activités comportent les activités nécessaires (manger, se vêtir, se loger) et les activités facultatives : un peu ce que nous appelons loisirs. Mais dans ce système il ne faut pas se leurrer et les activités de loisirs sont encore à diviser en loisirs consistant en activités nécessaires (filage, tissage, vannerie), et en activités facultatives... (études, jeux, ou simplement rien, sachant que certaines activités sont des repos et productives quand même : on peut se reposer en jardinant, en sciant du bois, en faisant des cueillettes : si l'on distingue ces activités du "travail" bêcher un jardin p.ex.)
J'en étais venu à la conclusion qu'on ferait grosso modo les 3x8
en ce sens que çà donne 8H de sommeil, 8H de travail et 8H de loisirs :-)
(irrégulièrement répartis selon la saison bien entendu : on turbine en été et on hiverne en hiver... c'est un peu le contraire de ce qui se fait aujourd'hui).
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Ma question pouvait paraître naïve (très, très, très naïve!), mais j'étais à peu près sûr de la réponse, c'était juste pour confirmé.. après tout, on ne sait jamais, tu aurais pu trouver un hobbie ou une activité te permettant de te changer les idées..
Donc, pas de problème, je ne suis pas complétement débile.
Donc, pas de problème, je ne suis pas complétement débile.
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En survie, il est parfois plus rentable de choisir une solution simplement « assez correcte » plutôt que de rechercher en y consacrant beaucoup d'énergie et de temps la meilleure solution.
Mariner- Membre Premium
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Outback, tu ne souffrais jamais de la solitude?
Si tu étais resté plus longtemps, la solitude aurait-elle pu t'envahir?
Si tu étais resté plus longtemps, la solitude aurait-elle pu t'envahir?
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Mariner- Membre Premium
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Foncièrement je suis un solitaire... J'aime ça et en même temps j'ai pas trop de mal à me faire des amis où que j'aille.
C'est toute la complexité de l'être humain...
En même temps je sais pas pourquoi j'ai jamais eu l'impression d'être seul dans la nature, il y a les oiseaux, les animaux...
Tandis qu'en ville, là oui je me sens seul et oppressé...
Dans la verte je peux passer plusieurs jours sans prononcer un seul mot sans que ça me pose le moindre problème. J'en ressens pas le besoin.
Aprés je n'ai aucun mal à reprendre une conversation comme si de rien n'était.
C'est comme ça...
Sans doute au bout d'une trés longue période. Mais il faut rappeler que j'avais un walk-man, j'écoutais souvent la radio pendant que je pêchais, que je cueillais...
Je ne pense pas que l'homme soit fait pour vivre totalement seul tout le temps, ça n'est pas réaliste.
En même temps je ne suis pas de ceux qui ont en permanence le besoin d'être entouré.
...et je n'ai jamais ressenti le besoin d'avoir un "wilson" non-plus !!!
Qui plus est, où qu'on aille, il est bien difficile de ne pas trouver du contact humain, même si on ne le recherche pas...
C'est toute la complexité de l'être humain...
En même temps je sais pas pourquoi j'ai jamais eu l'impression d'être seul dans la nature, il y a les oiseaux, les animaux...
Tandis qu'en ville, là oui je me sens seul et oppressé...
Dans la verte je peux passer plusieurs jours sans prononcer un seul mot sans que ça me pose le moindre problème. J'en ressens pas le besoin.
Aprés je n'ai aucun mal à reprendre une conversation comme si de rien n'était.
C'est comme ça...
Si tu étais resté plus longtemps, la solitude aurait-elle pu t'envahir?
Sans doute au bout d'une trés longue période. Mais il faut rappeler que j'avais un walk-man, j'écoutais souvent la radio pendant que je pêchais, que je cueillais...
Je ne pense pas que l'homme soit fait pour vivre totalement seul tout le temps, ça n'est pas réaliste.
En même temps je ne suis pas de ceux qui ont en permanence le besoin d'être entouré.
...et je n'ai jamais ressenti le besoin d'avoir un "wilson" non-plus !!!
Qui plus est, où qu'on aille, il est bien difficile de ne pas trouver du contact humain, même si on ne le recherche pas...
Outback- Membre
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
J'ai un peu le même caractère que toi outback (solitaire mais sociable), toutefois, ta remarque à propos du walkman est importante ; faire l'expérience de la vrai solitude et donc sans contact extérieur aucun (radio, etc) est une autre paire de manche. On ne s'en rend pas bien compte parce que l'on baigne dedans, mais l'absence de média (musique, parole, etc) est assez "insupportable" pour nous, modernes et pour moi en particulier
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Aussi audacieux soit-il d'explorer l'inconnu, il l'est plus encore de remettre le connu en question ! (Kaspar) - In Shadow, A Modern Odyssey - Ozymandias - La grande implosion/Rapport sur l'effondrement de l'Occident (Pierre Thuillier) - Mon scénario - Echoes
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
çà l'est aussi pour moi, qui ai l'habitude de la radio (musique ou infos). Ma femme par contre a réussi son exercice au point que tout bruit la gêne (avion, voiture, radio, etc...) mais elle était toujours un peu comme çà par instinct, j'ai l'impression.
Du coup c'est pas évident faut faire des "plages" pour satisfaire tout le monde :-)
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
J'ai un peu le même caractère que toi outback (solitaire mais sociable), toutefois, ta remarque à propos du walkman est importante ; faire l'expérience de la vrai solitude et donc sans contact extérieur aucun (radio, etc) est une autre paire de manche. On ne s'en rend pas bien compte parce que l'on baigne dedans, mais l'absence de média (musique, parole, etc) est assez "insupportable" pour nous, modernes et pour moi en particulier
Absolument d'accord avec toi... La radio était ma boué de sauvetage, la corde qui me retenait au monde des humains.
Je n'ose imaginer ce que cela aurait été sans...
Si je sais ( Wilson!...WILSOOOON!...nooooon!...Pardonnes-moi Wilson!...tu es trop loin!...Wilson...)
ok ok je sors...
Outback- Membre
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Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Outback, je repense à ce sanglier que tu as abattu.
Qu'as tu ressenti en t'approchant de la bête?
Tu nous as essayé de prendre autre chose que de la viande?
Avec quoi as tu creusé pour l'enterrer?
Qu'as tu ressenti en t'approchant de la bête?
Tu nous as essayé de prendre autre chose que de la viande?
Avec quoi as tu creusé pour l'enterrer?
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En survie, il est parfois plus rentable de choisir une solution simplement « assez correcte » plutôt que de rechercher en y consacrant beaucoup d'énergie et de temps la meilleure solution.
Mariner- Membre Premium
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Date d'inscription : 17/02/2007
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Je ne pensais qu'à la viande et aux calories qu'elle allait m'apporter, la sensation de satiété qu'on ressens aprés un bon steack (surtout pendant un régime de plantes, de racines et de poissons...).
Mais j'étais trés partagé entre le désir d'utiliser mon arme et l'appréhension du bruit de la détonation dans le silence de la vallée.
Même si certain trouve ça superflu, j'emporte toujours une pelle US avec moi, accrochée à une bande alice de mon sac dans sa pochette rigide, c'est pour moi un outil primordial à l'instar du couteau, même si ça alourdit le paquo.
Une hachette est aussi trés utile quand il reste de la place.
Mais j'étais trés partagé entre le désir d'utiliser mon arme et l'appréhension du bruit de la détonation dans le silence de la vallée.
As-tu bien lu tout mon post ?... je comprend pas trop ta question là...Tu nous as essayé de prendre autre chose que de la viande?
Avec une pelle US pliable en alu aviation, dans un coin humide où la terre était malléable.Avec quoi as tu creusé pour l'enterrer?
Même si certain trouve ça superflu, j'emporte toujours une pelle US avec moi, accrochée à une bande alice de mon sac dans sa pochette rigide, c'est pour moi un outil primordial à l'instar du couteau, même si ça alourdit le paquo.
Une hachette est aussi trés utile quand il reste de la place.
Outback- Membre
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Localisation : Plein sud
Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Outback a écrit:
Si je sais ( Wilson!...WILSOOOON!...nooooon!...Pardonnes-moi Wilson!...tu es trop loin!...Wilson...)
ok ok je sors...
Depuis j'ai toujours un ballon de volley de survie sur moi. On n'est jamais trop prudent. :face:
Andros- Membre fondateur
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Date d'inscription : 12/12/2006
Re: Outback: survie dans les Pyrénées
Ha toi aussi ??...
... Au moins on crèvera fou mais pas seul !
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Outback- Membre
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Date d'inscription : 09/04/2007
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